Françoise Ascal | [je vous devine]

« Poésie d’un jour


[JE VOUS DEVINE]




je vous devine enveloppé dans l’un de ces grands manteaux
que vous avez peints tant de fois dont vous avez observé les
drapés les retombées les plissements

dans leurs circonvolutions vous dissimulez des formes végétales organiques charnelles vous êtes le peintre du caché du secret du crypté vous déployez un filet d’analogies lamelles de champignons chevelures ruisselantes d’eau vive pouces et index en forme de verges coquillages fendus comme sexes féminins mains feuilles écorces visages veines animaux pierres failles variations d’une même entité

tous les linéaments du monde se rejoignent
Paracelse le médecin philosophe théologien l’avait déjà
exprimé
pas de rupture entre corps et paysages
les lignes se poursuivent s’interpénètrent
le monde est un vaste réseau d’une seule étoffe
régi par un ordre secret que votre œil ne cesse de traquer

pas de rupture non plus
avec la trame sonore
que libèrent
panneau après panneau
vos couleurs

entendez-vous

cris sanglots gémissements litanies murmures
violes de gambe violes de bras polyphonies

du concert des anges
aux chants funèbres
de la mélopée des paroles accordées
au tintamarre des démons
vibre dans l’air
une partition secrète

au pied de la croix
sous la terre muette
germent de futures leçons de ténèbres…




Françoise Ascal, « III – L’homme ordinaire », Grünewald, le temps déchiré, éditions L’herbe qui tremble, 2021, pp. 42,44. Dessins de Gérard Titus-Carmel.





Ascal-grunewald




FRANÇOISE ASCAL


Francoise Ascal par Michel Durigneux
Ph. © Michel Durigneux




■ Françoise Ascal
sur Terres de femmes


Des voix dans l’obscur (lecture d’AP)
[tu aurais voulu l’oublier] (extrait de Des voix dans l’obscur)
[longtemps j’ai mâché | vos grains de grès](extrait d’Entre chair et terre)
[Carnet, 2004] (extrait d’Un bleu d’octobre)
[Carnet, 2011] (autre extrait d’Un bleu d’octobre)
Levée des ombres (lecture d’AP)
Lignées (lecture d’AP)
[Je ferme les yeux et laisse le mot venir] (extrait de Lignées)
Noir-racine précédé de Le Fil de l’oubli (lecture d’Isabelle Lévesque)
Mille étangs
L’Obstination du perce-neige et Variations-prairie (lectures d’AP)
Rouge Rothko
16 juillet 1796 | Françoise Ascal, La Barque de l’aube | Camille Corot
5-10 août 2017 | Françoise Ascal, L’Obstination du perce-neige




■ Voir aussi ▼


→ (sur le site des éditions L’herbe qui tremble)
la page consacrée à Grünewald, le temps déchiré






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