Bleu de Prusse / Angèle Paoli

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Bleu de Prusse

Ph., G.AdC

BLEU DE PRUSSE

Le ciel par-dessus les toits s’étire
pourpoint doré de Magellan     du haut de Sirius
Il contemple son visage halé de comète     source claire
son corps délié qui sinue sous les vents tièdes d’Orient
sa traîne     filante     mille éclats     qui draine son incandescence

Il est temps, dit-il, de restaurer le printemps
de réinventer les dunes célestes
de chanter l’énigme des attentes éperdues
de rendre à leur légèreté initiale les mots
de tisser l’instant des épousailles sous la lune

le soleil     incertain     ose quelques rires sur ces impromptus
mais rôdé à ces battements de cœurs
il sourit à ces fantaisies d’un mode mineur
d’un temps autre     d’une autre ronde sidérale

dédaigneuse     elle lance son désir au firmament
poursuit ses chimères folles
devine la soif des hydres insatiables
devance en jubilatoires inventions
les divinités lasses

et lui     pourpoint doré de Magellan
il proclame la guerre aux sentiments informes
s’abreuve aux rêves insulaires
pourfend ses inconséquences
récuse l’inaccessible     divague au-delà
des formes du plausible et des appels
de l’infini

hors d’haleine     ils s’arrêtent

aux abords du fleuve séculaire
une hermine furtive dépose sa trace
dans les méandres de silice
une fouine pas feutrés
se faufile dans leurs hésitations

officiants silencieux     ils présentent leur offrande à l’étoile

une majuscule pour ornementer chaque vers
un soupir posé entre deux notes
un respir pour alléger la phrase
une larme salée     lune fertile
pour enluminer la page
d’eau pure

bleu de Prusse

Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli

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