Raphaëlle George / En écrivant la vie me quitte

                                                                                                                                                          << Poésie d'un jour

 

 

 

 

Exil

 

 

 

 

 

 

 

 

"Patience qui délivre les objets de nos hypothèses."

Photo: G.AdC 

 

 

 

 

 

J’appartiens sans le savoir
aux ombres de la nuit

                *

Ne pas rester muets
ce vers quoi nous tendons
à vouloir trop dire.

                *

Nuit ce livre des ombres
d’où la parole est née.

                *

Se protéger du vent,
de l’air de peur qu’il ne nous désintègre.

                *

C’était un paysage sans population,
un homme dépourvu de mots
erre en son ombre
contraint à se dépayser par le regard seul.

                *

Repousser ce moment de glaciation
où viennent des mots
dont je ne suis plus certaine
qu’ils soient miens.

               *

Cette force à être inanimés
préfigurant ma mort
et faisant de nos visages
d’inutiles figures.

                *

Il y a bien dans mes yeux
une tristesse qui remue
mais personne pour garder le miroir.

                *

Patience qui délivre les objets de nos hypothèses.

               *

Car toute vue s’obscurcit dès qu’elle commence à naître.

              *

Condition nécessaire à l’absence.
Nécessaire au drap.

              *

Nuits par où se multiplient des paysages sans mémoire
cet art à n’être plus seuls dans l’absence.

 

 

IMG_1764

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Raphaëlle George, En écrivant la vie me quitte, Carnet, La vignette de couverture est de Vincent Verdeguer. Éditions Unes, 2025, pp. 20, 21, 22, 23.

 

 

_________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

 

RAPHAËLE   GEORGE

Raphaële George

■ Raphaële George
sur Terres de femmes ▼


Journal in Psaume de silence suivi de Journal, Éditions Lettres Vives, Collection Terre de poésie, 1986
→ Double intérieur (lecture d’Isabelle Lévesque)
→ Feu noir sur feu blanc, ou comment lire Raphaële George ? (chronique de Gisèle Berkman)
→ Ghislaine Amon (Raphaële George) | [Ne parle pas, ne dis rien] (extrait du Petit Vélo beige)
→ [Amour] (extrait des Nuits échangées in Éloge de la fatigue)
→ [On ne devrait jamais arrêter d’écrire, ce qui est poésie surtout] (extrait de Je suis le monde qui me blesse)
→ Suaires (extrait de Double intérieur)
→ 2 avril 1951 | Naissance de Raphaële George (+ extrait de Double intérieur)
→ 22 août 1978 | Raphaële George, feuilles éparses
→ 7 juin 1982 | Raphaële George, Journal
→ 3 février 1984 | Lettre de Raphaële George à Jean-Louis Giovannoni (+ La Main de Raphaële George, par Jean-Louis Giovannoni)

■ Voir aussi ▼

→ le site Raphaële George, créé par Jean-Louis Giovannoni

 

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *