Catégorie : Anthologie poétique « Poésie d’un jour »


  • Vivian Lamarque | [En dot je vous apporte]



    Un noble ciel plus les couleurs que vous voulez
    Diptyque photographique, G.AdC







    [IN DOTE LE PORTO]



    In dote Le porto
    foglioline di salvia
    e di rosmarino
    più mille poesie circa
    più quello stralunato ritrattino
    tutto qui ?
    no anche un fiore con dentro
    un’ape in velo da sposa
    più una goccia di miele
    più una spina di rosa
    tutto qui?
    no anche il resto del mondo
    più un cielo gentile
    più i colori che vuole
    più il doppio della metà
    di tutto il mio cuore.







    [EN DOT JE VOUS APPORTE]



    En dot je vous apporte
    de petites feuilles de sauge
    et de romarin
    plus mille poèmes environ
    plus ce petit portrait hagard
    et c’est tout ?
    non une fleur aussi avec à l’intérieur
    une abeille et son voile de mariée
    plus une goutte de miel
    plus une épine de rose
    et c’est tout ?
    non le reste aussi du monde
    plus un noble ciel
    plus les couleurs que vous voulez
    plus le double de la moitié
    de mon cœur tout entier.


    (1096)




    Vivian Lamarque, Poesie dando del Lei [« Poèmes qui disent vous »], Garzanti, 1989 (Premio Tropea) in Lingua, La Jeune Poésie italienne, éditions Le temps qu’il fait, 1995, pp. 172-173. Anthologie bilingue publiée sous la direction de Bernard Simeone. Traduction de Bernard Simeone.




    VIVIAN LAMARQUE


    Vivian Lamarque
    Source



    ■ Vivian Lamarque
    sur Terres de femmes

    Poésie illégitime



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur Italian Poetry)
    une page consacrée à Vivian Lamarque
    → (sur YouTube)
    Quattro Giorni con Vivian (extrait d’un portrait vidéo de Vivian Lamarque par Silvio Soldini, 2008) [documentaire de la collection Gente di Milano]
    → (sur Lyrikline)
    Vivian Lamarque disant dix de ses poèmes






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  • Pierre-Albert Jourdan | [Ceci est ma forêt]


    Leçon de piliers sans doute.
    Ph., G.AdC






    [CECI EST MA FORÊT]


    Ceci est ma forêt. J’entretiendrai cette exubérance de piliers, mais que pourraient-ils soutenir, ô maçons ! Et que l’on ait pris soin de balayer le sol quand le feu vient d’en haut, qu’il plonge sur ma forêt !
    Ceci est ma forêt. Est-ce ma maison ? Cela ne se règle pas par un jeu d’écriture. Et si c’est une maison, elle est ouverte. Non pas cette porte en face de moi, ces silhouettes. Ouverte à tout autre chose. À ce tout autre qui est là, que les piliers ne peuvent contenir. Ouverte, simplement ouverte comme une déchirure de lumière. Une déchirure, oui. Les piliers ne sont là, qui paraissent soudain s’épanouir, vivre, que pour m’épauler.
    « Suis-moi… » Je retrouve en moi ce début de phrase. Je m’arrête à ce début. Si encore je pouvais m’accomplir en tant qu’homme, me hausser un tout petit peu. Leçon de piliers sans doute. Si encore j’étais capable de me repêcher, n’est-ce pas ?

    (St Séverin)
    87a



    Pierre-Albert Jourdan, Ajouts pour une édition revue et augmentée de Fragments, Éditions Poliphile, Dijon, 2011, page 19. Un collage et deux gouaches de l’auteur.






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    PIERRE-ALBERT JOURDAN


    Jourdan portrait
    Ph. Gilles Jourdan
    Source





    ■ Pierre-Albert Jourdan
    sur Terres de femmes


    [L’inquiétude devant la mort] (extrait de L’Angle mort)
    La source (extrait du Bonjour et l’Adieu)
    Chute (extrait de L’Espace de la perte)
    Le Fil du courant
    L’Entrée dans le jardin
    Les nuages parfois s’enlisent
    3 février 1924 | Naissance de Pierre-Albert Jourdan (+ un extrait du Bonjour et l’Adieu)




    ■ Voir aussi ▼


    le site d’Élodie Meunier consacré à Pierre-Albert Jourdan
    → (sur The Arts Fuse)
    Fuse Poetry Review: Pierre-Albert Jourdan — Writing that Wagers on Beauty (recension [en anglais] autour de la publication, en juillet 2011, de l’édition bilingue (anglais-français) de The Straw Sandals [Les Sandales de paille]: Selected Prose and Poetry by Pierre-Albert Jourdan. Edited, introduced, and translated by John Taylor. New York, Chelsea Editions)
    → (sur Imperfetta Ellisse)
    Pierre-Albert Jourdan poeta sconosciuto (+ plusieurs poèmes traduits en collaboration, du français vers l’italien, par Valérie Brantôme et Giacomo Cerrai)
    → (sur le site de Cerise Press)
    une note (en français) de John Taylor (le traducteur américain de Pierre-Albert Jourdan) sur Pierre-Albert Jourdan





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  • Anise Koltz | Je me transforme

    « Poésie d’un jour »

    Anise Koltz, Je renaîtrai
    Prix des Découvreurs de Poésie 2012


    J’envisage d’autres possibilités de vie
    Ph., G.AdC







    JE ME TRANSFORME



    Mon poème est une cabine
    dans laquelle je me déshabille
    un rideau épais me séparant du monde extérieur

    Confrontée à mon corps flétri
    j’envisage d’autres possibilités de vie
    je trace des cercles dans le ciel
    avec les éperviers
    je vois le monde d’en haut

    Puis je me transforme en désert
    là où vie et mort se mélangent
    et où un sable charitable
    finira par me recouvrir



    Anise Koltz, Je renaîtrai, Éditions Arfuyen, Collection Les Cahiers d’Arfuyen, 2011, page 113.




    _________________________________________
    NOTE d’AP : Je renaîtrai d’Anise Koltz a obtenu le prix des Découvreurs de Poésie 2012.

    Classement du Prix des Découvreurs de Poésie 2012 :

    1ère : Anise Koltz, Je renaîtrai, Arfuyen
    2e : Edith Azam, Du pop corn dans la tête, Atelier de l’agneau
    3e : François de Cornière, Ces moments-là, Le Castor Astral
    4e : Nimrod, Babel Babylone, Obsidiane
    5e : James Sacré, America Solitudes, André Dimanche
    6e : Anita J. Laulla, Cracheurs de feu, Les Arêtes
    7e : Olivier Apert, Upperground, La Rivière échappée
    8e : Sylvie Durbec, Prendre place, Collodion

    Ce prix sera remis à l’auteure le vendredi 18 mai 2012, à 16h00, à la Bibliothèque des Annonciades, place de la Résistance, à Boulogne-sur-Mer. Cette cérémonie sera précédée d’une rencontre avec l’auteure (le même jour à partir de 14h00).




    ANISE KOLTZ


    ANISE KOLTZ
    Source




    ■ Anise Koltz
    sur Terres de femmes


    L’Ailleurs des mots
    Automne (extrait du Cirque du soleil)
    Béni soit le serpent
    [Dans mes poèmes] (poèmes extraits d’Un monde de pierres)
    [Gémeau] (poème extrait de Soleils chauves)
    [Je suis l’impossible du possible] (poème extrait de Pressée de vivre)
    Ouverte (poème extrait de Je renaîtrai)
    [Qu’ai-je emprunté à la chair maternelle ?] (poème extrait de Galaxies intérieures)
    Les soleils se multiplient (poème extrait du Cri de l’épervier)




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur Les Carnets d’Eucharis)
    une note de lecture de Georges Guillain sur le recueil Je renaîtrai (+ extraits)
    → (sur Exigence : Littérature)
    une note de lecture de Françoise Urban-Menninger sur le recueil Je renaîtrai
    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    une page consacrée à Anise Koltz
    → (sur Lyrikline)
    dix poèmes extraits du Porteur d’ombre (2001), dits par Anise Koltz





    PRIX DES DÉCOUVREURS DE POÉSIE


        Fondé en 1997 par la ville de Boulogne-sur-Mer sur la proposition de Georges Guillain, poète et collaborateur de la Quinzaine Littéraire, ce prix est soutenu par la ville de Boulogne-sur-Mer, le ministère de l’Éducation Nationale et le ministère de la Culture, le Printemps des Poètes, la DAAC de Lille, le CRDP… Il est inscrit au Bulletin Officiel de l’Éducation Nationale du 27-08-2009. Le Prix des Découvreurs de Poésie est décerné par un jury national constitué de lycéens et de collégiens de classe de troisième. Près de 2 000 d’entre eux, répartis sur une cinquantaine d’établissements, ont participé, tout au long de l’année et dans toute la France, à l’édition 2011-2012.




        Ci-dessous, un entretien de Georges Guillain avec Odile Bonneel pour le magazine inter CDI N° 236 (mars-avril 2012) qui présente le Prix des Découvreurs de Poésie.



    1- Quels sont les enjeux du Prix des Découvreurs de Poésie pour les jeunes ?


    Chère Odile, d’abord merci pour ton intérêt. Les enjeux dont tu me parles sont multiples. Et pour une bonne part assez faciles à deviner. Pour ne parler que de l’essentiel qui est peut-être aussi le moins souvent souligné, je crois qu’avec le Prix des Découvreurs peut s’affirmer davantage cette école de l’ouverture à la différence ou à l’altérité que l’époque – tendant à une colonisation croissante des esprits au nom d’un rationalisme économique et technocratique morbides ― rend de plus en plus nécessaire… Pour ne pas parler des replis identitaires de tous bords ! Je reste intimement persuadé que l’aptitude à passer, par exemple, d’une poète arabe d’origine syrienne parlant de la condition des femmes dans notre pays, au travail d’une jeune poète performeuse exprimant dans le langage d’aujourd’hui, sur un mode apparemment déjanté, l’angoisse de ne pas être à la hauteur des attentes de la vie, en s’arrêtant sur le tête-à-tête avec le monde et le soin de sa propre mort d’une Luxembourgeoise de haute culture de près de 90 ans, ne peut qu’ouvrir l’intelligence sensible et profonde des jeunes en les détournant de ces fausses identités simplistes auxquelles on veut les ramener ou les contraindre.

    Sur un autre plan, saisir à quel point les écritures contemporaines peuvent être libres et diversifiées ne peut qu’autoriser chacun à s’inventer son écriture, son expression propres. À comprendre aussi que l’objectif d’un apprentissage n’est pas de se soumettre à un moule, de façon définitive, mais d’acquérir, au bout du compte, une plus grande liberté. C’est ce qui ressort la plupart du temps des rencontres avec les auteurs.



    2- Comment se fait la sélection des poètes ? Que donne-t-on à lire à nos ados ?


    Je suis toute l’année et presque chaque jour à l’écoute de ce qui se fait dans le milieu poétique avec lequel je suis en relation à travers des réseaux à la fois nombreux et variés. Ce qui me permet de proposer à la sélection des ouvrages très différents tant dans leurs formes, leurs contenus, leur degré de difficulté que par la personnalité de leurs auteurs. J’ai soin également de mettre en évidence la grande diversité éditoriale qui subsiste ― mais pour combien de temps encore ? ― aujourd’hui.

    La présélection à laquelle j’aboutis sera proposée cette année à la discussion d’un comité de sélection composé de professeurs inscrits dans l’opération depuis un certain temps, de quelques élèves volontaires amenés par eux ainsi que de représentants institutionnels tels qu’un représentant de la Municipalité de Boulogne-sur-Mer, de la Bibliothèque Municipale et de la DAAC (Délégation académique Arts et Culture) de Lille. Je m’entretiens aussi régulièrement de ces propositions avec le Printemps des Poètes qui est officiellement notre partenaire depuis l’origine ou presque.

    Ce qu’on donne à lire aux jeunes ce sont donc des textes adultes, extrêmement diversifiés, parfois déroutants – comme la vie – qui cassent un peu, beaucoup, passionnément… la représentation simpliste, caricaturale, souvent trop sentimentale, et comme le dirait Witold Gombrowicz, « cucullisante », qui domine le plus souvent dans les esprits. Nos jeunes auront à trouver parmi ces textes et en fonction de leur sensibilité propre celui qui leur parle le plus, entre le mieux en résonnance avec leur expérience particulière et retentit le plus profondément en eux. Ils n’ont pas à charge de tout lire. Et chacun de la même manière. Simplement d’aller chercher par des procédures nécessairement personnelles, intimes même, plus ou moins élaborées aussi, ce qui est de nature à nourrir leur imaginaire de vie.



    3- Peux-tu témoigner sur la dynamique de lecture avec les élèves ? Comment se sont-ils approprié le prix ?


    Je pourrais, Odile, t’apporter de multiples témoignages, le prix existant depuis une quinzaine d’années. Prenons les tout derniers qui me restent en tête : je rencontrais hier un professeur de mon ancien lycée qui me disait à quel point ses élèves de premières s’étaient montrés intimidés, presque angoissés au moment d’entrer dans l’opération. C’est que, pour une des rares fois de leur vie scolaire, ils passaient de la position de « sujets » soumis à l’autorité, à celle de « Sujets » disposant officiellement du pouvoir de juger. Cette expérience n’est pas anodine. Et peut se montrer, à qui sait bien la gérer dans sa classe, particulièrement dynamisante.

    Je me rappellerai toujours aussi ces élèves d’une première d’adaptation du lycée Ribot de Saint-Omer qui avaient eu la chance de rencontrer le lauréat de l’année, Ludovic Janvier, une première fois dans leur établissement, une seconde à Boulogne-sur-Mer le jour de la remise du prix et qui, interrogés à l’oral du Bac sur la poésie et sur certains textes de la sélection, s’étaient retrouvés avec des notes fantastiquement élevées parce qu’ils avaient eu cette fois l’occasion de faire découvrir à leur examinateur « des choses qu’il ne connaissait pas ».

    L’inventivité des professeurs donne à la participation de leurs élèves toutes sortes de prolongements.

    Au collège Verlaine de Lille, et ce n’est qu’un exemple, les deux professeurs qui ont lancé leurs classes dans l’opération en profitent pour faire réaliser par leurs élèves de petites chroniques radio diffusées régulièrement sur le net grâce à la plateforme toutenson [http://goo.gl/lbk7N].

    Ce qui s’est passé l’année dernière dans la classe de 3e5 du collège du Bras d’or d’Écuires, près de Montreuil, me semble particulièrement révélateur. Voici des élèves catalogués faibles ou en difficulté qui, grâce encore au dynamisme et à la confiance de leur professeur, franchissent le pas, se mettent à lire, à choisir, puis à écrire. Ils constituent de petits cahiers de poésie, rencontrent avec moi Maram al-Masri, lisent avec elle ses textes, puis les leurs, et viennent finalement à la remise du Prix où ils seront les seuls à lire leurs propres créations devant plus d’une centaine de leurs camarades lycéens. Deux d’entre eux continuent d’ailleurs à correspondre par mail avec Maram. Deux élèves adorables aux vies malheureusement abimées.

    Et dans la foulée, tu vois, la classe a remporté un prix au concours annuel de la Ligue des Droits de l’Homme !



    4- Un ou deux souvenirs marquants, emblématiques, émouvants sur les différentes éditions du prix…


    Pour ce qui est de l’émouvant, l’exemple précédent n’en est pas dépourvu. Comme l’est pour moi le fait de constater que la plupart des participants restent fidèles à l’opération. Qu’ils l’attendent chaque année pour y lancer de nouveaux élèves. Ce qui me touche particulièrement, ce sont toutes ces rencontres où l’intervention de l’écrivain, du poète ont libéré un peu de la vie comprimée trop souvent par les rigidités scolaires. Beau de voir un regard s’allumer. De sentir des présences s’éveiller. De recueillir parfois des confidences. Et, c’est un peu l’idéale visée qui est la mienne, assumées jusqu’au bout toutes les différences d’âge, de sexe, de conditions et bien entendu d’expressions : savoir entrer à travers la chaleur et le pouvoir des mots, dans une relation confiante d’humain à humain singuliers. De vrais humains vivants.





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  • Paul Louis Rossi | Le geste



    L’art et la dissociation. Jusqu’à la chirurgie.
    Ph., G.AdC






    LE GESTE



    Il faudrait tenter l’expérience d’inciser un texte banal. Et jauger sans préjugés la transformation de l’objet et le contenu final de l’expérience.


    Inventer un art de la segmentation. Un peu comme on taille les arbres en automne. Comme on pratique l’art de la greffe.


    J’ai inventé que Fra Angelico novice au couvent des Dominicains de Fiesole prenait conseil du jardinier ― frère convers ― pour la taille des branches et des boutures.


    Il distinguait les branches à fruits ― les branches gourmandes ― les branches de faux bois ― les branches chiffonnes.


    Et le nom des cires à greffer ― la poix de Sienne ― la poix noire ― la résine ― la cire jaune ― le suif de mouton.






    De cent membres et visages qu’a chaque chose, j’en prend un tanstost à lécher        
    seulement, tantost à effleurer, et par fois à pincer jusqu’à l’os.                                    

    Michel de Montaigne




    Si je choisis un fragment de texte ― dans Montaigne ― par exemple ― pourquoi prend-il un relief soudain qui change sa nature. C’est que le sens tourne sur lui-même autour de l’objet comme une toupie.


    L’art et la dissociation. Jusqu’à la chirurgie. Cependant la sensation qu’il faut savoir coudre. Trouver une méthode idéale de reconstitution.


    À la vérité le fragment nous introduit à l’angoisse de l’incomplétude et de la destruction.


    C’est pourquoi Fra Angelico s’intéressait à la colle avec du fromage ― colla di cacio ― que l’on ajoutait à la peinture. On fabriquait aussi une colle spéciale avec des museaux de chèvres, des tendons de moutons et des pieds de bouquetins.



    Paul-Louis Rossi, L’Usure et le Temps (Fragment) in Action Poétique 207-208-209-210, L’intégrale, Dernier numéro, 2012 , pp. 250-251.





    PAUL LOUIS ROSSI


    Paul Louis Rossi
    Source




    ■ Paul Louis Rossi
    sur Terres de femmes

    Mémoire du temps (extrait de Visage des nuits)
    26 août 1995 | Paul Louis Rossi, Le Cahier rouge (autre extrait de Visage des nuits)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la Mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Paul Louis Rossi





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  • Jean-Théodore Moulin | [Mais qui pleure là]


    La douleur d’exister seul face à la nuit sans recel
    Ph., G.AdC







    [MAIS QUI PLEURE LÀ]



    Mais qui pleure là au cœur noir de l’orchestre sinon
    La voix simple à souffle suspendu parmi la forêt
    De cactées géantes de Judée dans une hyperbole
    De vert ma mue comme traîne abandonnée à la ruse
    Du chasseur aveugle courant la Bête dans les champs
    D’asphodèles.
                             Ô couleuvres de ma voix enroulant
    Les anneaux d’une absence consentie de ma chair ! E
    Den dénaturé ! brisure spontanée de mes os
    Sur la scène ce jardin soit la clairière de mon corps !
    Je meurs d’un songe interrompu par un éclat de voix
    Tombé des combles du Théâtre : Ils ont rompu les vol
    Iges du toit… brisé mes membres… compté tous mes os…
    Dès lors dépisté par l’ardeur de mes chiens Cerf, oublie
    La douleur d’exister seul face à la nuit sans recel.




    Jean-Théodore Moulin, « Machines à détraquer le temps », Bestes & Panneaux, Obsidiane, Collection Les Solitudes, 2012, page 39.





    _____________
    NOTE : second opus de Jean-Théodore Moulin aux éditions Obsidiane (après Glaucos en 2006), ce recueil (que l’auteur place sous les signes de Maurice Scève, de Jean de Sponde et de Gerard Manley Hopkins) explore le thème de la chasse mystique dans la forêt des symboles (épervier, cerf…). Quête forcément déceptive de l’objet depuis toujours perdu : « Quand la chose est perdue qui me dira ce que je cherche ? » (Bestes & Panneaux, p. 57). Jean-Théodore Moulin structure subtilement ce livre autour de formes fixes, d’une métrique très particulière et d’un parti pris anti-musical qui honore pourtant la Voix (d’après le Prière d’insérer de l’éditeur).




    JEAN-THÉODORE MOULIN


    Moulin
    Source


    Jean-Théodore Moulin vit à Paris. Outre Bestes & Panneaux, il a publié plusieurs autres recueils de poèmes : La Bataille de Dunkerque (Le Capucin, 2002), S’éveiller fatigue (Le Capucin, 2005), Glaucos (Obsidiane, 2006) et Change est mon paradis (Obsidiane, 2020).




    ■ Jean-Théodore Moulin
    sur Terres de femmes


    Change est mon paradis



    ■ Voir aussi ▼


    → (dans la revue numérique de littérature Secousse, Troisième Secousse)
    plusieurs poèmes de Jean-Théodore Moulin [PDF]





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  • Corse_3 Jean-François Agostini |
    [Un bruit de chaîne court sur la mer]




    L'intrus
    Ph., G.AdC





      [UN BRUIT DE CHAÎNE COURT SUR LA MER]


    15:39

    Agostini2



    Jean-François Agostini, « En déplaçant l’échelle », in Généalogie de l’algue, Éditions Jacques Brémond, 2011, page 57. Prix de la Ville de Béziers 2010.





    JEAN-FRANÇOIS AGOSTINI


    Vignette JF. Agostini




    ■ Jean-François Agostini
    sur Terres de femmes

    [Décembre]
    Face au mur
    JFA | Haïku
    Nager… (+ notice bio-bibliographique)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site Poésie française)
    quelques poèmes de Jean-François Agostini
    → (sur le site de la Revue d’art et de littérature, musique, Numéro 45 – décembre 2008)
    d’autres poèmes de Jean-François Agostini
    → (sur Levure littéraire n° 1)
    plusieurs poèmes de Jean-François Agostini
    → (sur la revue numérique de littérature Secousse, Cinquième Secousse, Éditions Obsidiane, octobre 2011)
    En déplaçant l’échelle (quatre poèmes de Jean-François Agostini)
    → (sur Gattivi Ochja)
    plusieurs poèmes de Jean-François Agostini traduits en corse par Stefanu Cesari





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  • Amelia Rosselli |
    T’aimer et ne rien pouvoir faire d’autre que t’aimer



    L’affairement de mes horloges mentales
    Ph., G.AdC





    DIALOGO CON I POETI (brano)


    Amarti e non poter far altro che amarti, inconvenienza
    di cui soffrii una volta e poi non più, per
    poi ricadere. Soffrendoti invitavi: parlare
    più chiaro, lacerare l’aria di piccoli gridi
    ottusi, poi disinfettare l’aria stessa, e
    chiamarla amore anch’essa, che tanto ti divideva
    dalle mie braccia fuse d’invidia, dai miei
    tantrums segreti, dalla tua faccia proclive
    che non biasimava se non quasi, il moi affacendare
    gli orologi della mente intorno al tuo corpo.

    Amare malgrado ottusità, disprezzi
    nati e morti, amare per tutta la lunga via
    che portava al campo dove tu solerte risparmiavi
    le monete gialle, che parlavano d’altri bisticci
    d’altre usure, d’altri incantamenti tutti
    trapiantati in un unico essere se stessi arrampicati
    per un albero. E tenace invitavi: e tenace
    respingevo; la danza dagli orli trapuntati
    il ricamo sì meraviglioso che era non per
    noi che lo sgualcivamo con le nostre tenerezze
    di bassa leva. Non era per noi scendere ai
    patti, non era per voi decidere se quel fil
    di lana portava davvero a quella capanna.

    Vi è solo ombra attorno alla capanna, solo
    monti morti e vuoti attorno al mio segreto
    solo tu con il tuo sguardo puoi prevedere
    questa solitudine che si quesita per tornare
    ancòra, morta sulla preda.



    Amelia Rosselli, “Dialogo con i Poeti”, Serie Ospedaliera 1963-1965, in Le poesie, Garzanti, 1997 ; ried. collana Gli Elefanti, 2007, p. 400. A cura di Emmanuela Tandello. Prefazione di Giovanni Giudici.






    DIALOGUE AVEC LES POÈTES (extrait)


    T’aimer et ne rien pouvoir faire d’autre que t’aimer, inconvénient
    dont je souffris une fois et puis plus du tout, pour
    retomber ensuite. Dans la souffrance de toi tu invitais : parler
    plus clair, lacérer l’air de petits cris
    obtus, puis désinfecter l’air lui-même, et
    l’appeler amour à son tour, lui qui tant te séparait
    de mes bras fondus d’envie, de mes
    tantrums* secrets, de ton visage penché
    qui ne blâmait pas ou presque, l’affairement
    de mes horloges mentales autour de ton corps.

    Aimer malgré les étroitesses d’esprit, les mépris
    nés et morts, aimer durant toute la longue route
    qui mène au champ où empressé tu épargnais
    des pièces jaunes, qui parlaient d’autres fâcheries
    d’autres usures, d’autres enchantements tous
    transplantés en un unique être nous-mêmes
    grimpés sur un arbre. Et tenace tu invitais : et tenace
    je repoussais ; la danse aux ourlets piqués
    la broderie si merveilleuse qui n’était pas pour
    nous qui la froissions avec nos tendresses
    de bas étage. Accepter le compromis n’était
    pas notre affaire, décider si ce fil de laine menait
    vraiment à cette cabane n’était pas votre affaire.

    Il n’y a que l’ombre autour de la cabane, que
    des monts morts et vides autour de mon secret
    il n’y a qu’avec ton regard que tu puisses prévoir
    cette solitude qui se questionne pour revenir
    encore, morte sur sa proie.



    Amelia Rosselli, « Dialogue avec les poètes », in « Dossier Amelia Rosselli, Une brève anthologie », Revue littéraire Europe, n° 996, avril 2012, pp. 215-216. Traduction de Marie Fabre.




    * Tantrum : mot anglais signifiant crise (de colère), accès de rage.

    NOTE d’AP : ancienne élève de l’École normale supérieure (Lettres et Sciences humaines), Marie Fabre est agrégée d’italien. Après un « master 2 » à l’université de Bologne sur Italo Calvino et Elio Vittorini, elle a soutenu en décembre 2012 (sous la direction de Christophe Mileschi, à l’Université Stendhal – Grenoble 3) une thèse de doctorat sur les rapports entre utopie et littérature chez ces mêmes auteurs. Elle a aussi traduit en français les Variazioni belliche d’Amelia Rosselli pour Ypsilon Éditeur, traduction disponible depuis le 3 mai 2012.






    AMELIA ROSSELLI


    Amelia_rosselli
    Ph. © Dino Ignani – Tous droits réservés
    Source




    ■ Amelia Rosselli
    sur Terres de femmes

    11 février 1996 | Mort d’Amelia Rosselli (article de Marie Fabre + extraits de Variazioni Belliche, dans une traduction inédite de Marie Fabre)
    Amelia Rosselli | Adolescenza (+ notice bio-bibliographique)
    [Filtre entre moi et toi dans la sous-marine une clarté] (poème extrait de La libellula)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de Ypsilon Éditeur)
    un extrait du Dossier Amelia Rosselli de la Revue Europe (n° 996, avril 2012, pp. 197-201)[PDF]
    → (sur Imperfetta Ellisse)
    la traduction partielle (en italien) de l’article de Marie Fabre paru sur Terres de femmes, traduction accompagnée des poèmes de Variazioni belliche
    → (sur Littérature de partout, le blog de Tristan Hordé)
    un autre poème extrait de « Dialogue avec les poètes » d’Amelia Rosselli, issu du « Dossier Amelia Rosselli », de la Revue littéraire Europe (avril 2012, n° 996)
    → (sur Poezibao)
    un poème d’Amelia Rosselli (extrait de Documento 1966-1973) traduit par AP
    → (sur Les Carnets d’Eucharis)
    un poème d’Amelia Rosselli traduit par Nathalie Riera
    → (sur Fine Stagione)
    Via del corallo (un article de Bernard Simeone sur Amelia Rosselli + plusieurs poèmes)
    → (sur Terres de femmes)
    Sandro Penna | Un’estate (+ Lettre d’Amelia Rosselli à Pier Paolo Pasolini à propos des écrits de Sandro Penna)





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  • Joëlle Gardes | [Matinée de printemps précoce]



    - Un banc de mouettes traverse le ciel-  dessin de Hugo Pratt
    Dessin de Hugo Pratt






    [MATINÉE DE PRINTEMPS PRÉCOCE]



    Matinée de printemps précoce
    Îles bleutées estompées dans la brume
    Sous l’aplomb du soleil déjà chaud la mer frémit
    en plis d’argent
    Un banc de mouettes traverse le ciel


    Si je ferme à demi les paupières le contour des
    îles s’atténuera encore et le bleu m’absorbera
    Je flotterai sur la transparence de l’air les angles
    vifs des êtres et des choses ne me blesseront plus
    je rejoindrai les mouettes criardes
    les plis d’argent
    les îles douces


    J’oublierai mon nom et mon visage dans le temps
    d’avant la naissance




    Joëlle Gardes, « Saisons », L’Eau tremblante des saisons, Éditions de l’Amandier, Collection Accents graves-accents aigus, 2012, page 65.






    JOËLLE GARDES


    Jolle_gardes_2
    Source



    ■ Joëlle Gardes
    sur Terres de femmes

    L’Eau tremblante des saisons (lecture de Françoise Donadieu)
    « Les arcanes subtils d’une relation triangulaire » (La Mort dans nos poumons) [note de lecture + bibliographie]
    Dans le silence des mots, poésie (note de lecture)
    Et si la profondeur n’était que… (extrait de Dans le silence des mots)
    Jardin sous le givre (note de lecture + extrait)
    [Le regard tourné vers l’intérieur ou l’ailleurs] (extrait de La Lumière la même)
    Méditations de lieux (note de lecture)
    Ostinato e chiaroscuro (Ruines) [note de lecture + extrait]
    Jardins de toute sorte (extrait de Sous le lichen du temps)
    [Tota mulier in utero] (extrait d’Histoires de Femmes)
    31 mai 1887 | Naissance de Saint-John Perse (Joëlle Gardes, Saint John-Perse, Les rivages de l’exil, biographie)[note de lecture]
    Trentième anniversaire de la mort de Saint-John Perse | 20 septembre 1975 (chronique de Joëlle Gardes)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Hôpital



    ■ Voir aussi ▼

    le site de Joëlle Gardes
    → (sur Terres de femmes)
    7 mai 1748 | Naissance d’Olympe de Gouges (note de lecture sur Joëlle Gardes, Olympe de Gouges, Une vie comme un roman)






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  • Jacques Estager | [il y a des ombres…]



    Il y a de nouvelles disparitions de nous dans la porte
    Ph., G.AdC






    [IL Y A DES OMBRES]



    il y a des ombres dans la porte refermée, il y a
    de nouvelles disparitions de nous dans la porte
    laissée fermée ; à la place du soleil au-dessus
    de la terre lumineuse il y a le soleil au-dessus
    de la terre sans jour, sans ciel et sans nuit et
    restée fermée ; dans un jour et dans le passé il
    y a des ombres qui attendent autour, dehors sur
    les seuils de la terre ; elles sont dans la lumière
    autour et la terre est dans une lumière sur la terre
    brune, transparente, mate et couverte, personne
    silencieuse, attendant une venue, qui j’attends
    moi aussi, sous le ciel de la terre seule, qui
    suis absent de l’au-delà ; je suis de ceux qui
    s’éloignent, qui restent alors.




    Jacques Estager, « Les ombres et le ciel » in Deux silhouettes, Cité des Fleurs, Éditions Lanskine, 2012, page 22.






    JACQUES ESTAGER


    Estager (1)
    © Jacques Estager
    Source :
    Les Carnets d’Eucharis
    de Nathalie Riera




    ■ Jacques Estager
    sur Terres de femmes

    Douceur (lecture de Muriel Stuckel)
    c’est re-moi (poème extrait de Je ne suis plus l’absente)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Lanskine)
    une page sur Deux silhouettes, Cité des fleurs





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  • Rubén Darío | Walt Whitman



    Rubén Dario Guidu
    Image, G.AdC






    WALT WHITMAN


    En su país de hierro vive el gran viejo,
    bello como un patriarca, sereno y santo.
    Tiene en la arruga olímpica de su entrecejo
    algo que impera y vence con noble encanto.

    Su alma del infinito parece espejo;
    son sus cansados hombros dignos del manto;
    y con arpa labrada de un roble añejo,
    como un profeta nuevo canta su canto.

    Sacerdote que alienta soplo divino,
    anuncia en el futuro tiempo mejor.
    Dice al águila: «¡Vuela!»; «¡Boga!», al marino,

    y «¡Trabaja!», al robusto trabajador.
    ¡Así va ese poeta por su camino,
    con su soberbio rostro de emperador!




    Rubén Darío, “Medallones”, III, in Azul [1888], Biblioteca Edaf 276, Madrid, 2003, pp. 199-200. Edición de Juan Antonio Bueno Álvarez.






    WALT WHITMAN


    Dans son pays de fer vit le grand vieillard,
    beau comme un patriarche, saint et serein.
    Il y a dans la ride olympique de sa gabelle
    quelque chose de noble, de conquérant et d’enchanteur.

    Son âme est comme le miroir de l’infini ;
    ses épaules éreintées sont dignes de la mante ;
    et d’une harpe ouvrée dans du chêne vieilli
    tel un nouveau prophète il chante son chant.

    Aruspice soufflant un souffle divin,
    il annonce pour l’avenir un temps meilleur.
    Il dit à l’aigle ; « Vole ! » ; « Vogue ! » au marin,

    et « travaille ! », au robuste travailleur.
    Ainsi va ce poète sur son chemin
    avec son visage superbe d’empereur !




    Rubén Darío, « Médaillons », III, Azul, suivi d’un choix de textes, Éditions José Corti, 2012, pp. 117-118. Traduit de l’espagnol (Nicaragua) par Jean-luc Lacarrière.





    Rubén Dario Corti




    RUBÉN DARÍO




    ■ Rubén Darío
    sur Terres de femmes


    Melancolía (poème extrait de Cantos de vida y esperanza)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions José Corti)
    une fiche de Philippe Ollé-Laprune sur Rubén Darío




    ■ Voir encore ▼


    → (sur Terres de femmes)
    Walt Whitman | Fureur amoureuse
    → (sur Terres de femmes)
    André Velter | Sur un thème de Walt Whitman





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