Catégorie : Anthologie poétique « Poésie d’un jour »


  • Édouard Glissant | Versets


    Glissant versets
                                       Ph., G.AdC






    VERSETS



                                                               1

         Qui voit la mort, il ne sait pas les poivriers sertissant d’or
        Ce haut livre de cimes où prend le fleuve son étal, ni ô mystère
        Sur le sable les coqs, dormeurs inattendus.

        C’est le sable d’azur semé de sable noir, c’était la larme
        Qu’hier nous enterrions sur le rivage, près des voiles mortes.
        Et les gommiers, rêves du vent, de voiles vives,

        Ornent à peine la plaie muette des rochers ! C’est tout là-haut
        La solitude, puis un mouton que l’on égorge pour la fête,
        Tissant la lie de cette mort, quand vient le jour.



                                                               2

        Et le poète se connaît, pourtant s’adresse un plein d’autans,
        De tempêtes : c’est une mer qui se requiert, ne se trouvant.
        Comme une mer jalouse, elle-même amante, se déchire,
        Déchaînée ― jusqu’aux arbres, qu’elle ne peut atteindre.



                                                               3

        J’étreignais le sable, j’attendais entre les roches, j’embrassais
        L’eau puis le sable, les rochers — ce cœur des choses rêches, — puis un arbre ! M’écriant
        Que le langage se dénoue et que telle baigne, en ce lieu,
        Qui aurait allumé plus pur encore le mirage.
        ― Les trois orties de l’ignorance ont poussé devant ma porte !

        Quel est ce lieu, quel est cet arbre sur la falaise
        Et qui ne cesse de tomber ?



    Édouard Glissant, La Terre inquiète [éditions du Dragon, 1955] in Anthologie de la poésie française, Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 2000, pp. 324-325. Édition de Jean-Baptiste Para. Préface de Jorge Semprun.





    Glissant  La Terre inquiète
    ÉDOUARD  GLISSANT


    Glissant portrait
    Source




    ■ Édouard Glissant
    sur Terres de femmes


    Gabelles, V, VI, VII (poèmes extraits du Sel noir)




    ■ Voir aussi ▼

    le site du Centre international d’études Édouard Glissant






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  • Mathurin Régnier | Satyre XIV



    Diogene par geromeSource





    SATYRE XIV*


    J’ay pris cent et cent fois la lanterne en la main**,
    Cherchant en plain midy, parmy le genre humain,
    Un homme qui fust homme et de faict et de mine,
    Et qui peust des vertus passer par l’estamine.
    Il n’est coing et recoing que je n’aye tanté
    Depuis que la nature icy bas m’a planté :
    Mais tant plus je me lime et plus je me rabote,
    Je croy qu’à mon advis tout le monde radote,
    Qu’il a la teste vuide et sans dessus dessous,
    Ou qu’il faut qu’au rebours je sois l’un des plus fous.
        C’est de notre folie un plaisant stratagesme,
    Se flattant, de juger les autres par soy-mesme.
    Ceux qui pour voyager s’embarquent dessus l’eau
    Voyent aller la terre, et non pas leur vaisseau*** :
    Peut-estre ainsi trompé que faucement je juge ;
    Toutesfois, si les fous ont leur sens pour refuge,
    Je ne suis pas tenu de croire aux yeux d’autruy :
    Puis j’en scay pour le moins autant ou plus que luy.
        Voylà fort bien parlé, si l’on me vouloit croire.
    Sotte presomption, vous m’enyvrez sans boire !
    Mais après, en cherchant, avoir autant couru
    Qu’aux Avants de Noël fait le Moyne Bourru**** ,
    Pour retrouver un homme envers qui la Satyre
    Sans flater ne trouvast que mordre et que redire,
    Qui sçeust d’un chois prudent toute chose éplucher,
    Ma foy, si ce n’est vous, je n’en veux plus chercher.
    Or ce n’est point pour estre eslevé de fortune :
    Aux sages comme aux fous c’est chose assez commune ;
    Elle avance un chacun sans raison et sans chois :
    Les fous sont aux echets les plus proches des Roys. […]


    Mathurin Régnier, Satyre XIV (extrait), Œuvres Posthumes in Œuvres complètes, Éditions Fernand Roches, Collection Les Textes français, 1930, pp. 127-128. Texte établi et présenté par Jean Plattard.






    Mathurin regnier
    Source






    Notes d’A.P. :

    * Cette satire fut publiée pour la première fois en 1613. Elle fait l’éloge d’un homme d’État qui fut « cinquante ans aux honneurs eslevé. » Peut-être s’agit-il de Sully.
    ** Tel Diogène, le philosophe cynique.
    *** Idée et image empruntées aux Essais de Montaigne, II, 13.
    **** Dans les superstitions populaires, c’était une âme en peine, un fantôme qui courait les rues, maltraitant les passants.




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  • Andrée Chedid | La vieille mourante





    Andr-e Chedid Une main est pourtant l- Qui recouvre la tienne
    Image, G.AdC







    LA VIEILLE MOURANTE



    Coffrée dans ton lit-cage
    Livrée aux mécaniques
    Vieille       ô si vieille
    La mort hésite à t’accueillir

    Tête burlesque
    Sous les vrilles des cheveux blancs
    Un sirocco de rousseurs ensable ta peau
    Des rides rapiècent tes joues
    Ta bouche n’est qu’un puits

    Tu happes l’air
    Ton cœur perd substance
    Ton horizon se détisse
    Ta chair t’engloutit

    Vieille ô si vieille
    Où sont ceux qui t’aimaient ?
    Ta route fut trop longue
    La mort les a surpris
    La vie les a rongés

    Une main est pourtant là
    Qui recouvre la tienne
    Son toucher traverse
    Tes brumes d’agonie

    Une voix t’accompagne
    Vers le lieu sans âge
    Que le temps n’assiège plus
    Laisse tomber tes défroques
    Quitte en douceur l’enclos

    Va à perte de vue
    Rejoins l’ultime flotille
    Qui cingle vers l’inconnu.




    Andrée Chedid, Territoires du souffle, Éditions Flammarion, 1999, in Andrée Chedid, Au cœur du cœur, Poèmes choisis et préfacés par Matthieu Chedid et Jean-Pierre Siméon, Librio Poésie, 2009, pp. 90-91.





    ■ Andrée Chedid
    sur Terres de femmes


    La Table des poussières (poème extrait d’Épreuves du vivant)
    L’Autre
    Épreuves du langage
    L’île
    Les nuages
    L’Œil
    La source des mots
    « Les traversées poétiques d’Andrée Chedid »
    20 mars 1920 | Naissance d’Andrée Chedid (note de lecture sur Entre Nil et Seine)
    le portrait d’Andrée Chedid dans la galerie Visages de femmes (+ un poème extrait de Territoires du souffle)






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  • Katerina Anghelàki-Rooke | 18e jour ou l’ordre nouveau des choses

    « Poésie d’un jour »
    choisie par Myrto Gondicas



    Mosissure
    Ph., G.AdC






    18e JOUR OU L’ORDRE NOUVEAU DES CHOSES



    J’ai rêvé
    que j’étais dans l’ancien nid d’amour,
    mais tout avait changé.
    Des murs étaient tombés,
    des chambres nouvelles avaient surgi
    plus blanches que les lys
    avec des infirmières toutes blanches
    qui m’invitaient à y entrer.
    Et moi :
    « Je venais ici, vous savez, il y a des années… »
    comme si je m’excusais,
    tout en léchant des yeux le coin
    où se trouvait jadis le matelas.
    On aurait dit à présent une trace de gomme
    sur le cahier d’un écolier
    fourré dans une moisissure verte
    au-dessous d’une antique pierre.
    Il en émanait un parfum douceâtre,
    qui ne rappelait plus rien
    à celle qui anciennement s’y couchait.
    « L’ordre nouveau des choses »,
    ai-je dit à voix basse en m’éveillant.


    (D.R. Traduction inédite de Myrto Gondicas
    pour Terres de femmes)



    Katerina Anghelàki-Rooke, Nature vide (Άδεια φύση, éd. Kedros, Athènes, 1993, page 641).






    18η μέρα ή Η νέα τάξη πραγμάτων


    Ονειρεύτηκα
    πως βρέθηκα στην παλιά ερωτική φωλιά,
    μα όλα είχαν αλλάξει·
    τοίχοι είχαν γκρεμιστεί,
    υέα δωμάτια είχαν ξεπηδήσει
    πιο άσπρα κι απ’ τα κρίνα
    με νοσοκόμες ολόλευκες
    που με καλούσαν να περάσω μέσα.
    « Ξέρετε, ερχόμουν εδώ πριν χρόνια… »,
    έλεγα σαν να ζητούσα συγγνώμη,
    ενώ με τα μάτια έγλειφα τη γωνιά
    όπου ήταν κάποτε το στρώμα.
    Έμοιαζε τώρα με μουντζούρα από γομολάστιχα
    σε παιδικό τετράδιο
    ή με ρύγχος αγριοχοίρου
    χωμένο σε πράσινη μούχλα
    πάνω σ’ αρχαία πέτρα.
    Ένα άρωμα ανάβλυζε από κει γλυκούτσικο,
    που δε θύμιζε τίποτα πια
    στην παλιά ξαπλωμένη.
    « Η νέα τάξη πραγμάτων »,
    μουρμούρισα ξυπνώστας.

    (Άδεια φύση, 1993, page 641)







    Adeia Phusè







    NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE
    (établie par Myrto Gondicas)




         Katerina Anghelàki-Rooke (Κατερίνα Αγγελάκη-Ρουκ) (22 février 1939-21 janvier 2020) est née à Athènes en 1939, ce qui l’apparente à la première génération des poètes de l’après-guerre, dont on dit souvent qu’ils se sont éloignés de l’engagement politique pour explorer la nouveauté dans les formes ; de fait, son écriture est souple, inventive, créatrice d’images enracinées dans les réalités quotidiennes et, surtout, dans la vie du corps : écriture au plus haut degré sensuelle et souvent érotique. Comme souvent chez ses pairs, elle s’est beaucoup nourrie de littératures étrangères, traduisant de plusieurs langues de la poésie, des essais, des romans, du théâtre (du russe : Pouchkine, Lermontov, Maïakovski, Evguéni Schwartz ; de l’anglais : Beckett, Seamus Heaney, Sylvia Plath, Derek Walcott, Saul Bellow ; du français : Elsa Triolet, etc.). Ses poèmes ont été traduits en plus de dix langues (avec sa participation pour les versions anglaises).



    Bibliographie en français

    ― 7 poèmes in Anthologie de la poésie grecque, 1945-2000, choix, présentation, traduction de Michel Volkovitch, Paris, Poésie/Gallimard, 2000
    Poésie grecque contemporaine, Marseille, Autres Temps/Écrits des Forges, Collection Temps poétique, 2000, 170 p. Anthologie établie par Salima Aït Mohamed
    La Chair, beau désert, traduit par Michel Volkovitch, Paris, Desmos/Cahiers grecs, 2001
    Dans le ciel du néant, éditions Al Manar, Collection Voix vives de la Méditerranée, 2012. Traduit du grec par Michel Volkovitch
    La chair beau désert, éditions Le miel des anges, 2018. Traduit du grec par Michel Volkovitch




    Bibliographie sommaire en grec

    Loups et Nuages (Λύκοι και σύννεφα, 1963)
    Marie-Madeleine, grand mammifère (Μαγδαληνή, το μεγάλο θηλαστικό, éd. Ermis, 1974)
    Les papiers dispersés de Pénélope (Τα σκόρπια χαρτιά της Πηνελόπης, 1977)
    Le Triomphe de la perte constante (Ο θρίαμβος της σταθερής Απώλειας, éd. Kedros, 1978, 1987)
    Amour contraire (Ενάντιος Έρωτας, éd. Kedros, 1982)
    Les Prétendants (Οι Μνηστήρες, éd. Kedros, 1984) (2e Prix National 1985)
    Vent Epilogue (Επίλογος αέρας, éd. Kedros, 1990)
    Nature vide (Άδεια φύση, éd. Kedros, 1993)
    Lypiou (Λυπιού, éd. Neo Epipedo/Sheirokinito, 1995)
    La chair beau désert (Ωραία έρημος η σάρκα, éd. Kastaniotis, 1996)
    La matière seule (Η ύλη μόνη, éd. Kastaniotis, 2001)
    Traduire en Amour la fin de la vie (Μεταφράζοντας σε έρωτα της ζωής το τέλος, éd. Kastaniotis, 2003)
    Avec si peu au ciel du rien (Στον ουρανό τού τίποτα με ελάχιστα, éd. Kastaniotis, 2005)




    ΑΓΓΕΛΑΚΗ-ΡΟΥΚ ΚΑΤΕΡΙΝΑ (1939-2020)


    Angelaki NB
    Source




    ■ Katerina Anghelàki-Rooke
    sur Terres de femmes


    L’anorexie de l’existence
    L’autre Pénélope (extrait de Beau désert, la chair)




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur YouTube)
    Katerina Anghelàki-Rooke lit un poème extrait de son dernier recueil






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  • Claude Louis-Combet | Bethsabée à jamais




    Bethsabée
    Rembrandt Harmensz. Van Rijn, dit Rembrandt
    Bethsabée au bain tenant la lettre de David, 1654
    Huile sur toile, 142 x 142 cm
    Paris, Musée du Louvre
    Source







    Du vieil Rembrandt à sa belle Hendrickje



             Amour de moi, que restera-t-il bientôt de mon corps entré dans le reflux ?

    À saute-rides, sur mon visage, ta main cherche un souvenir de beauté.

    L’ombre a perdu la partie dans mon regard. Il s’incolore, il se noie dans la blancheur de ses eaux. Ce ne sont pas larmes retenues, c’est amnios résiduel, antérieur à toute vision, et débordant sans pudeur.

    Je te souris dans la débâcle de mes dents.

    Mes lèvres buboniques ne t’effraient pas encore. Ta bouche vient s’y presser, comme ferait un enfant aveugle qui embrasserait  son chien.

    Mon souffle n’est plus ce qu’il était. Mes bras non plus. Ils sont chétifs dans l’étreinte et étroits dans la douleur.

    J’ai le ventre boudiné et la peau flasque. Encore un peu de lassitude, et j’accrocherai cette défroque au portemanteau.

    Ce n’est pas l’esprit qui souffle le plus. Entre organum et trompette, mon boyau lâche de l’air à tout venant. Musique pour l’oreille et pour le nez ; sans distinction. Aura de fétidité pour celui qui rêva d’être un saint.

    Ma peau a séché. La canicule a frappé le vieux crapaud sur le chemin désert. Il se plisse et s’écaille. Mais ce n’est pas une mue. Le terme seulement.

    Quand la blancheur de mon poil aura conquis mon pubis, alors, amour de moi, rends-moi à la terre qui me rendra la blancheur de mes os.

    Contemple mon phalle. Absenté des puissances du désir, il est comme s’il n’était pas. Rentré en lui-même, il a remonté son cours jusqu’aux lobes du cerveau, où il rêve. Dans le creux de ta main, il a consistance et somnolence de nourrisson. Agite-le tendrement, il régurgitera son lait.

    Mes ballottes  grelottent, maigries  et falottes. La braise est morte. Froids, les marrons. Vides, la gousse et le gousset.

    Un vieux prurit a fait de mon cul une nèfle parmi les ronces. Touche-moi. Touche le fond du sang, le bitume et la poix — dernier recours de ma palette.

    Amour de moi, la chair fut brève. J’ai fixé ta nudité dans la mémoire de mes toiles et sur le papier. Ainsi demeures-tu, tandis que je passe. Éternelle Bethsabée et courbure d’éternité. Éternelle toison d’or rescapée des vaisseaux du temps. David le périssable survivra-t-il dans le souvenir de ta beauté ?

    Ne cesse pas de croître cependant que je m’abîme en absence. Le passé a rattrapé mon corps. Bientôt il le dépassera. Déjà je ne suis que pour avoir été. Sur le chevalet noir, mon dernier portrait me dévisage. Il tient mon coeur dans l’angoisse de ses traits et ton amour dans la lumière de son front.




    Claude Louis-Combet, Bethsabée à jamais in Cantilène et fables pour les yeux ronds, José Corti, 2006, pp. 75-76-77.




    CLAUDE LOUIS-COMBET


    Louiscombet_1
    Source



    ■ Claude Louis-Combet
    sur Terres de femmes

    Celle par qui la ténèbre arrive (note de lecture d’AP)
    Depuis le temps que la chair s’épure
    Hiérophanie du sexe de la femme
    [Il y avait la main] (extrait de Dichotomies)
    Isula, insula
    « J’écris du désir comme du désert »
    Mala Lucina
    Noyau Central
    Le Nu au transept (note de lecture d’AP)
    Radeau de la première femme, III (extrait de Dérives)
    Résurgences
    Suzanne et les Croûtons (note de lecture d’AP)



    ■ Voir aussi ▼

    4 octobre 1669 | Mort de Rembrandt






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  • Ilana Shmueli | Éjouissement dans la neige fraîche




    De petits doigts brun vert dans l--corce rugueuse
    Ph., G.AdC





    TOLLEN IM NEUSCHNEE



    blendendes Weiß wie nie wieder
    und wie’s frostig im Kindermund schmilzt

    Flieder von damals
    und der Duft verborgener Veilchen

    Gras frisch gemäht
    glühende Sonne

    das Träumen im Nussbaum
    kleine grün-braune Finger auf rauher Rinde

    das alles — läßt sich’s noch schreiben?

    es zieht
    es zieht die gute Hand meiner Schwester
    die Hand
    die so früh wieder losließ




    Ilana Shmueli in Ein Kind aus guter Familie. Czernowitz 1924-1944, Rimbaud Verlag, Aachen, 2006.







    Shmueli 4






    WRESTLING IN FRESH SNOW



    blinding white as never again
    and the way it melts in a child’s mouth

    lilacs from those days
    the scent of hidden violets

    fresh-mown grass
    burning sunshine

    dreams in the walnut tree
    small green-brown fingers on rough bark

    all that — may we name it

    it tugs
    it tugs at the hand of my sister
    thet let go so early




    Ilana Shmueli, Let me walk across meadows, in Toward Babel, Poems and a Memoir, The Sheep Meadow Press, Rhinebeck, NY, 2013, p. 61. Translated by Susan H. Gillespie.






    ÉJOUISSEMENT DANS LA NEIGE FRAÎCHE



    blanc aveuglant comme jamais plus
    et comme gel il fond dans la bouche de l’enfant

    lilas de jadis
    et le parfum de la violette secrète

    gazon fraîchement tondu
    soleil brûlant

    le rêve dans le noisetier
    de petits doigts brun vert dans l’écorce rugueuse

    tout cela — peut-on le nommer encore ?

    il tire
    il tire la bonne main de ma sœur
    la main
    qui si tôt a lâché




    Ilana Shmueli in Poèmes de Czernovitz, Douze poètes juifs de langue allemande traduits de l’allemand et présentés par François Mathieu, Éditions Laurence Teper, 2008, page 193.






    Laurence-teper






        Ci-après une autre traduction (Lyrikline, 2009) de François Mathieu du poème ci-dessus :




    FOL AMUSEMENT DANS LA NEIGE FRAÎCHE



    un blanc aveuglant comme jamais plus
    et comme il fond glacé dans la bouche des enfants

    lilas d’autrefois
    et le parfum des violettes secrètes

    herbe fraîchement tondue
    soleil brûlant

    les rêves dans le coudrier
    de petits doigts brun-verts sur l’écorce râpeuse

    tout cela – ai-je encore le droit de l’écrire ?

    tire
    tire la bonne main de ma sœur
    la main
    qui si tôt encore a lâché






    Ilana Shmueli (née Liane Schindler) est née à Czernovitz (aujourd’hui Tchernovtsy en Ukraine) le 7 mars 1924. Elle est morte à Jérusalem le 11 novembre 2011. Elle a raconté ses vingt premières années dans un ouvrage paru en 2006, Une enfant de bonne famille. Czernovitz 1924-1944 (Ein Kind aus guter Familie. Czernowitz 1924-1944, Rimbaud Verlag, Aachen), et notamment la période de guerre où (ayant échappé au “transfert” par l’occupant soviétique de plusieurs milliers d’habitants de Czernovitz vers la Sibérie), elle fréquenta Paul Antschel (Paul Celan) et Rose Ausländer, un « monde parallèle magique » où l’on étudiait Spinoza, Nietzsche, Rilke, Trakl, George, Kraus, et, avec Paul Antschel, « qui savait si excellemment le français », lisait Villon, Verlaine, Baudelaire et Rimbaud.

    Ilana Shmueli est venue tardivement à l’écriture :

    « Étrangère inquiète entre l’allemand et l’hébreu — j’ai commencé sur le tard à écrire des poèmes, en allemand et en hébreu ; des poèmes qui ont presque attendu toute une vie pour finalement prendre la parole », écrit-elle dans la préface à son unique recueil de poèmes en allemand (Zwischen dem Jetzt und dem Jetzt. Gedichte [Entre l’à-présent et l’à-présent. Poèmes]. Rimbaud Verlag, Aachen, 2007, page 5).

    « Ma rencontre avec Paul Celan m’a fait énormément comprendre sa poésie, devenue au cours des années une partie essentielle de ma pensée et de ma sensibilité. J’ai essayé de traduire quelques-uns de ses derniers poèmes en hébreu [Sag, daß Jerusalem ist. Über Paul Celan. Oktober 1969 – April 1970, * Isele, 2001 ; reed. Rimbaud Verlag, 2010]. En dépit de mes incertitudes, de mes doutes, d’une profonde appréhension, je me suis mise moi-même à écrire. Dans mon dialogue avec la poésie de Celan, son influence s’exprime souvent clairement et consciemment. En revanche, parfois, sa voix sonne fortuitement, très inconsciemment dans mon écriture. Mais mes poèmes ont suivi leur propre chemin, un étroit chemin. » (Zwischen dem Jetzt und dem Jetzt, id.). Poèmes aussi lapidaires que les derniers poèmes de Paul Celan.

    Une édition française de la Correspondance 1965-1970 Paul Celan | Ilana Shmueli (Paul Celan | Ilana Shmueli Briefwechsel, Suhrkamp Verlag KG, Frankfurt am Main, 2004, édition établie par Ilana Shmueli et Thomas Sparr) a été publiée aux éditions du Seuil (Collection La Librairie du XXIe siècle) en 2006, dans une traduction de Bertrand Badiou (avec le concours de Martin Ziegler pour la traduction des poèmes inclus dans cette correspondance). L’édition américaine de cette correspondance, établie par Norman Manea (The Sheep Meadow Press, Riverdale, NY), est disponible depuis le 15 février 2011.

    Une édition américaine des poèmes d’Ilana Shmueli (Toward Babel. Poems and a Memoir) a paru en décembre 2013 dans une traduction de Susan H. Gillespie (The Sheep Meadow Press, Rhinebeck, NY 12572).



    * Une traduction en français de cet ouvrage (dans une traduction de Martin Ziegler) a bien été annoncée en 2006 par les éditions Galaade, mais il ne semble pas que l’éditeur ait donné suite à son projet.





    Correspondance Celan Shmueli





    ■ Ilana Shmueli
    sur Terres de femmes

    [Écoute et regarde]
    Incline-toi sur tes morts
    Jeudi 11 décembre 1969 | Lettre de Paul Celan à Ilana Shmueli



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes d’Ilana Shmueli (dont le poème ci-dessus) dits par l’auteure
    → (sur Agonia.net)
    un entretien d’Ilana Shmueli avec Marlena Braester (Source : revue Continuum, Revue des écrivains israéliens de langue française, No. 6, « Hommage à Paul Celan »)
    → (sur Wikipedia.de)
    une notice sur Ilana Shmueli
    → (sur Ritesinstitutes.org)
    un entretien (en allemand) avec Ilana Shmueli au lendemain de la remise du Prix Theodor Kramer (2009)
    → (sur remue.net)
    32. La nuit sous les ordres du sable, un article de Jean-Marie Barnaud (30 novembre 2006) sur la Correspondance (1965-1970) de Paul Celan et Ilana Shmueli
    → (sur érudit)
    « Presque une prière muette », un article de Ginette Michaud sur la Correspondance (1965-1970) de Paul Celan et Ilana Shmueli






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  • Luisa Pianzola | Salva la notte




    Pour voir ce qu-il y a derri-re tout -a
    Ph., G.AdC





    1. (DEMOLIZIONI), II


    Dice voglio diventare vecchissima, voglio essere vecchissima decrepita senza più desideri, oltre la tensione visibile, un liquame adagiato su vicende private, un dirupo vergognoso che mi crolla ancora addosso. Dice voglio arrivare a essere vecchissima, senza più giovani intorno, ornata solo di sabbie armate immobili per vedere cosa c’è dietro tutto questo, cosa c’era dietro tutto questo. Incappucciata in una storia risibile, ormai non più vista né osservata, vedere come intruglio maleodorante il vero motivo di tutto questo il vero (…)



    Elle dit je veux devenir très vieille, je veux être une très vieille décrépite sans plus aucun désir, hormis la tension visible, une eau de purin répandue sur les petits événements de la vie, un escarpement honteux qui me croule encore sur le dos. Elle dit je veux arriver à être très vieille, sans plus aucun jeune autour, parée seulement de sables bétonnés immobiles pour voir ce qu’il y a derrière tout ça, ce qu’il y avait derrière tout ça. Encapuchonnée dans une histoire risible, désormais ni vue ni observée, voir comme mixture nauséabonde la vraie raison de tout ça le vrai (…)

    Traduction inédite d’Angèle Paoli






    Nous faisons des projets d-avenir
    Ph., G.AdC





    2. (TEMPESTA,TEMPESTA FORTE,TEMPESTA DURA)


    Quando la velocità è molto alta si parla di tempesta di vento. Gli uragani e i tornadi, anche se correlati alla velocità del vento…

    Dio dei terremotati e dei dispersi, che cosa si è abbattuto su di noi ? Un vento forza dieci ci ha scaraventato contro un ’ansa appena sporgente — negli istanti che il ciclone ci concede progettiamo il futuro, un destino di germogli — Dio dei terremotati e dei dispersi, che cosa si è abbattuto su di noi ?



    Quand la vitesse est très élevée on parle de tempête de vent. Les ouragans et les tornades, même s’ils sont liés à la vitesse du vent…

    Dieu des victimes de tremblements de terre et des disparus, qu’est-ce qui s’est abattu sur nous ? Un vent de force dix nous a précipités contre une anse à peine saillante — dans les moments de répit que nous accorde le cyclone nous faisons des projets d’avenir, un destin de gemmules — Dieu des victimes de tremblements de terre et des disparus, qu’est-ce qui s’est abattu sur nous ?

    Traduction inédite d’Angèle Paoli






    Dessiner encore et encore le psaume urbain
    Ph., G.AdC





    3. (IL TEMPO DELLE COSE), IV


    E adesso aspetto il silenzio. Di calce e mattoni, al tatto ruvido, spennellato di un liquido inodore. Con un silenzio tutt’altro che vago s’affannano architetti a disegnare ancora e ancora il salmo urbano, la fenice che non risorge.



    Et maintenant j’attends le silence. De chaux et de briques, au toucher rêche, badigeonné d’un liquide inodore. Dans un silence tout autre que plaisant, les architectes s’escriment à dessiner encore et encore le psaume urbain, le phénix qui ne ressuscite pas.

    Traduction inédite d’Angèle Paoli



    Luisa Pianzola, Salva la notte, La Vita Felice, Milano, 2010, pagine 17, 29, 49.





    Salva la notte







    Luisa pianzola



    NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE


        Née le 13 juin 1960 à Tortona, Luisa Pianzola est journaliste et poète. Après des études supérieures de peinture et d’architecture, elle obtient un diplôme d’Histoire d’art contemporain (Lettres Modernes) à l’université de Gênes, puis de visual design à l’École Polytechnique de Design de Milan. Auteure d’essais sur l’architecte Alberto Sartoris (Alberto Sartoris, da Torino all’Europa, Licosia, Milano, 1990 ; Alberto Sartoris, da Torino all’Europa. La formazione torinese e il problema dell’integrazione delle arti nell’architettura, Greco Alberto Editore, Milano, 1990 ; Prima del Progetto, disegni della formazione di Alberto Sartoris, Sapiens, Milano, 1993), elle a travaillé dans une galerie d’art milanaise, dans une agence de communication, et a enseigné dix ans durant dans une école d’art graphique. Depuis le début des années 1990, elle travaille dans la presse et collabore à plusieurs revues d’architecture et de communication.
        Elle a aussi publié, outre Salva la notte (2010), plusieurs recueils de poésie : Sul Caramba (Sapiens, Milano, 1992), Corpo di G. (LietoColle, Faloppio, 2003), La scena era questa (LietoColle, 2006). Publiée dans diverses revues et sur la Toile, elle est aussi présente dans les anthologies et essais Senza Riparo. Poesia e Finitezza (Stefano Guglielmin, La Vita Felice, Milano, 2009), Leggere variazioni di rotta (Le voci della luna, Sasso Marconi, 2008) et La nebbia non si mangia. Dodici poeti alessandrini (Manufattura Torino Poesia, à paraître en 2011).
        Luisa Pianzola est aussi rédactrice dans les revues de poésie La Mosca di Milano et Pagine.



    ■ Luisa Pianzola
    sur Terres de femmes

    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Luisa Pianzola (+ un extrait de La scena era questa, LietoColle, 2006)


    ■ Voir aussi ▼

    le site de Luisa Pianzola
    → (sur blanc de ta nuque)
    une note de lecture (en italien) sur Salva la notte (+ d’autres extraits de ce recueil)





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  • Bernard Simeone | Encre d’une disparue




    D-s ce jour o- elle n-est plus
    Ph., G.AdC





    ENCRE D’UNE DISPARUE



    II


    que fallait-il, que notre
    cœur a perdu ? — la minute
    ouverte comme un regard,
    je serrais trop fort
    sa main… — peut-être
    en elle, en moi, longtemps
    l’effroi, l’écoute un peu
    moins vaine : après d’infinies
    confidences une autre
    mort, qui ne dérobe
    rien…


    ni son pas qui répète
    ni l’éprouvant soleil,
    ou des deux la traque
    aveuglante, ne donnèrent,
    marquant son visage, visage
    à son amour

    et non plus l’éclair,
    l’enclume ou le sureau

    mais des mots
    l’emportement,
    presque un mensonge
    insoucieux d’elle


    à la santé de la nuit
    que déjà l’aube persuade,
    un toast :
                      mon bras
    levé à contre-jour
    quand le jour se lève
    et, rien ne venant,
    devenu jour lui-même
    en son geste


    la buée des chambres : nos larmes contenues
    l’eau première de l’éveil : un ordre de vivants

    dès ce jour où elle n’est
    plus, sinon trace
    d’escargot sur la pierre,
    une coulée de pluie et d’air,
    infime, retient l’orage
    dans la vitre




    Bernard Simeone, Encre d’une disparue, La Cécilia, 37700 Saint-Pierre-des-Corps, 1990, pp. 11-12-13-14. Collection dirigée par Tristan Hordé.





    BERNARD SIMEONE


    Bernard Simeone
    Portrait de Bernard Simeone
    © Josette Vial
    Source






    ■ Bernard Simeone
    sur Terres de femmes


    Madonna del Parto (extrait d’Acqua fondata)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Verdier)
    plusieurs pages consacrées à Bernard Simeone






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  • Nimrod | Sous les étoiles



    écrin
    Ph., G.AdC









    SOUS LES ÉTOILES



    Arrête la lumière en souffrance sur la colline.
    Abrège cette forme de faim qui murit au reflet d’or
    Des épis de maïs. L’espoir paraît un doux cimetière.


    Tu regardes, rendu à l’évidence de cette chose
    Jusqu’alors méconnue, entre l’ouïe et le regard,
    L’écrin d’une nuit brûlante.


    L’herbe des pensées, épi du soir tard venu,
    Qu’attends-tu alors pour disparaître ?
    Derrière ton ombre, la violette incarne ce vœu.


    Allongé dans l’herbe, j’aspire la nuit. La graine vive des étoiles dépose en moi la semence du verbe être avec des convictions qui donnent grand-faim et grand-soif. C’est une sensation que personne n’a encore su nommer.


    Telle solitude m’est amie : je me suis gardé d’en faire l’aveu. Je me fie aux syllabes qui l’irradient. J’attends. Qu’importe si un secret m’habite à mon insu. Je sais compter avec le temps — ni fort, ni faible, ni impatient. Certitudes, incertitudes.





    Nimrod, « Sous les étoiles », « Revue de littérature » Agotem, n° 2, Éditions Obsidiane, février 2005, in L’Année poétique 2005, Anthologie Seghers, 2006, pp. 142-143. Anthologie présentée par Patrice Delbourg et Jean-Luc Maxence.




    NIMROD


    Nimrod
    Source




    ■ Nimrod
    sur Terres de femmes


    Des « paroles plus précieuses que l’or » (chronique d’AP)
    L’enfant n’est pas mort (lecture d’AP)
    Gens de brume (lecture d’AP)
    [J’ai aimé ma mère] (poème extrait de Sur les berges du Chari, district nord de la beauté)
    [je suis la dernière figure de l’homme] (poème extrait de Babel, Babylone)
    L’herbe (poème extrait d’En Saison)
    Sur les berges du Chari (lecture d’AP)
    [Tu poseras ton faix] (poème extrait de J’aurais un royaume en bois flottés)
    Le roman s’achève (poème extrait de Petit Éloge de la lumière Nature)
    Le Temps liquide (lecture d’AP)
    En remontant le Lac Tchad (extrait du Temps liquide)
    La Traversée de Montparnasse (lecture d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur e-littérature.net)
    une fiche bio-bibliographique et de nombreux articles d’Alice Granger sur les ouvrages de Nimrod
    → (sur fr.wikipedia)
    une fiche bio-bibliographique sur Nimrod
    → (sur Mediapart)
    une note de lecture de Bernard Demandre sur Babel, Babylone, paru aux Éditions Obsidiane en 2010
    → (sur le site de la revue Project-îles)
    une rencontre avec Nimrod (24 novembre 2020)






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  • Elizabeth Barrett Browning | I think of thee




    Portrait de Elisabeth Barrett Browning
    Image, G.AdC





    XXIX



    I think of thee!—my thoughts do twine & bud
    About thee, as wild vines about a tree,
    Put out broad leaves,.. and soon there’s nought to see,
    Except the straggling green which hides the wood.
    Yet, O my palm-tree, be it understood
    I will not have my thoughts instead of thee
    Who art dearer, better! Rather, instantly
    Renew thy presence ! — as a strong tree should,
    Rustle thy boughs, and set thy trunk all bare,
    And let these bands of greenery which insphere thee,
    Drop heavily down, — burst, shattered, everywhere! —
    Because, in this deep joy to see & hear thee
    And breathe within thy shadow a new air,
    I do not think of thee… I am too near thee ! —






    La vigne sauvage (1)
    Ph., G.AdC






    XXIX



    Je pense à toi ! — mes pensées s’enroulent, éclosent
    Autour de toi, comme un arbre la vigne sauvage, —
    Déplient de larges feuilles… et bientôt l’on ne voit
    Plus rien que ce vert épars qui cache le tronc.
    Pourtant, ô mon palmier, qu’il soit bien clair
    Que mes pensées ne prendront pas ta place, à toi
    Qui es plus cher, meilleur ! — À l’instant, plutôt,
    Renouvelle ta présence ! — Tel un arbre robuste,
    Fais bruire tes branches, rends au tronc sa nudité,
    Et laisse ces liens de verdure qui t’enclosent
    Tomber lentement…brisés, partout éparpillés ! —
    Car dans ma joie profonde de te voir, de t’entendre
    Et de respirer dans ton ombre un air nouveau,
    Je ne pense pas à toi… de toi, je suis trop proche ! —




    Elizabeth Barrett Browning, Sonnets portugais [Sonnets from the Portuguese], Le Bruit du temps, 2009, pp. 78-79. Traduction de l’anglais et présentation par Claire Malroux.





    ELIZABETH BARRETT BROWNING


    Elizabeth-barrett-browning




    ■ Elizabeth Barrett Browning
    sur Terres de femmes

    6 mars 1806 | Naissance d’Elizabeth Barrett Browning


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Rick’s website)
    le texte intégral des Sonnets portugais
    → (sur le site de l’éditeur Le Bruit du temps)
    une page consacrée aux Sonnets portugais (revue de presse)





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