Catégorie : Anthologie poétique « Poésie d’un jour »


  • Jean-Louis Giovannoni | [Notre voix]



    Est-ce la voix des autres qui donne - ton silence un lieu
    Ph., G.AdC







    [NOTRE VOIX]



    Notre voix
    où trouve-t-elle son corps



    On parle
    on écrit
    pour que les autres
    oublient leurs corps
    pour qu’ils viennent habiter
    notre voix
    nos mots



    Est-ce la voix des autres
    qui donne à ton silence un lieu



    Et si tu n’étais présent
    en ce monde
    que pour donner naissance
    à cette forme invisible
    qui se tient dans ta voix

    Ce corps aérien



    Et si être présent dans les mots
    ne consistait qu’à disparaître en eux




    Jean-Louis Giovannoni, Ce lieu que les pierres regardent [Éditions Lettres vives, 1984] suivi de Variations, Pas japonais, L’Invention de l’espace, Éditions Lettres vives, Collection Terre de poésie, 20213 Castellare-di-Casinca, 2009, pp. 48-49. Préface de Gisèle Berkman.













        Originaire de Morosaglia et du hameau de Caroneo [u Carognu] sur la commune de Monte (près de Olmu, dans le Casacconi, Haute-Corse) par son père, et d’origine italienne par sa mère (Marie-Louise Chiabrandi), Jean-Louis Giovannoni est né le 7 janvier 1950 à Paris, où il réside aujourd’hui. Il a exercé jusqu’en 2012 la profession d’assistant de service social dans un hôpital psychiatrique de la région parisienne. Il a fondé et dirigé avec Raphaële George Les Cahiers du Double de 1977 à 1981. Membre du comité de rédaction du Nouveau Recueil de 2005 à 2007, il a publié dans de nombreuses revues : Exit, Sgraffite, Poésie I, L’Animal, Atelier Contemporain, Recueil, Le Nouveau Recueil, Mai hors saison, Inculte, Revue littéraire, Sud, L’Autre, Tout est suspect, Actions poétiques, L’Ire des vents,…, et a publié plus d’une vingtaine de recueils, dont le dernier, L’Échangeur souterrain de la gare Saint-Lazare, aux éditions Unes (août 2020).
        Jean-Louis Giovannoni a reçu en 2010 le prix Georges-Perros et a été président de la Maison des écrivains et de la littérature en 2011-2012.



    JEAN-LOUIS GIOVANNONI


    Giovannoni
    Ph. © Fabienne Vallin
    Source





    ■ Jean-Louis Giovannoni
    sur Terres de femmes


    [Ne me laisse pas ici parmi les ombres !] (extrait de L’air cicatrise vite)
    Ce que l’immobile tient pour geste (extrait de Pastor, Les Apparitions de la matière)
    Envisager (note de lecture de Tristan Hordé)
    [Aucune sortie possible] (extrait d’Envisager)
    L’Échangeur souterrain de la gare Saint-Lazare (lecture d’AP)
    [Vue imprenable] (extrait de L’Échangeur souterrain de la gare Saint-Lazare)
    Îles circulaires
    [Il faut si peu de chose]
    Issue de retour (lecture d’Isabelle Lévesque)
    Issue de retour (lecture d’AP)
    [Je ne sais pourquoi l’autruche me fascine autant] (extrait de Journal d’un veau)
    Mère
    [Nous venons d’un pays qu’on ne peut plus toucher] (extrait de On naît et disparaît à même l’espace)
    [Pourras-tu encore témoigner…] (extrait des Mots sont des vêtements endormis)
    Sous le seuil (note de lecture d’AP)
    [Le jour se lève] (extrait de Sous le seuil)
    [toujours cette envie de t’ouvrir]
    [Tout se cicatrise] (extrait de Garder le mort)
    Voyages à Saint-Maur (lecture d’AP)
    [Troisième voyage à Saint-Maur]
    [Huitième voyage à Saint-Maur]
    Jean-Louis Giovannoni | Stéphanie Ferrat, « Les Moches » (lecture d’AP)
    Jean-Louis Giovannoni | Marc Trivier, Ne bouge pas ! (lecture d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Terres de femmes)
    3 février 1984 | Lettre de Raphaële George à Jean-Louis Giovannoni (+ La Main de Raphaële George, par Jean-Louis Giovannoni)
    → (sur Secousse-08)
    un entretien de Jean-Louis Giovannoni avec Anne Segal & Gérard Cartier (novembre 2012)



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  • Antonella Anedda | Ritagliare

    «  Poésie d’un jour  »



    Il legno - segnato- vulnerabile- ustionato
    Ph., G.AdC






    RITAGLIARE

    25.



         Il sole brucia il legno attraverso una lente. Lo scultore trova i suoi materiali sulle spiagge. Spesso in quelle dell’isola di Colonsay nelle Ebridi. Quello che sfugge all’acqua cade in potere della luce. Il legno è segnato, vulnerabile, ustionato. Ora che lo vedo dietro il vetro di un museo, ricordo la carcassa di una sedia vicino a quella di un cane. Ricordo qualcosa che non pensavo di ricordare. Il cuore mi batte piano. Il suo ticchettio non significa nulla. Assisto a ciò che ricordo, seguo le sequenze. Quando tutto è finito mi volto e ricomincio a dimenticare. Se guardi bene forse puoi condividere con me quello che sembra questo nuovo quadro : un viso di donna che dorme.


    Antonella Anedda, La vita dei dettagli, Scomporre quadri, immaginare mondi, Donzelli editore, Collana Saggine, settembre 2009, pagina 53.



         « Pensare attraverso i miei occhi » : la frase di Dedalus nell’Ulisse di Joyce è la stella polare di questo libro, che traccia une originalissima mappa fatta di dettagli di opere d’arte, di attraversamenti di luoghi, di ritratti e di meditazioni sulla pittura e sugli oggetti, su quell’accumulo di immagini che la memoria costruisce nella vita di ognuno di noi.
         Cosa ci affascina dei dettagli ? La loro arbitrarietà ? Cosa ci commuove ? Forse, l’oscurità da cui il nostro sguardo li salva, la luce da cui si dirama una potenzialità di mondi…


    Antonella Anedda, id., rabat de la première de couverture.







         Le soleil brûle le bois à travers une loupe. Le sculpteur trouve son matériau sur les plages. Souvent sur celles de l’île de Colonsay dans les Hébrides. Ce que l’eau efface tombe dans le pouvoir de la lumière. Le bois est marqué, vulnérable, calciné. À présent que je le vois derrière la vitre d’un musée, me revient en mémoire la carcasse d’une chaise à proximité de celle d’un chien. Je me souviens de quelque chose dont je ne pensais pas me souvenir. Mon cœur bat doucement. Son tic-tac ne signifie rien. J’assiste à ce dont je me souviens, j’en suis les séquences. Quand tout est fini je me retourne et je recommence à oublier. Si tu regardes bien, peut-être peux-tu partager avec moi ce que semble être ce nouveau tableau : un visage de femme qui dort.



         « Penser à travers mes yeux » : la phrase de Dedalus dans l’Ulysse de Joyce est l’étoile polaire de ce livre, qui trace une carte très originale faite de détails d’œuvres d’art, de traversées de lieux, de portraits et de méditations sur la peinture et sur les objets, sur cette accumulation d’images que la mémoire construit dans la vie de chacun de nous.
         Qu’est-ce qui nous fascine dans les détails ? Leur arbitraire ? Qu’est-ce qui nous émeut ? Sans doute, l’obscurité dont notre regard les sauve, la lumière dont se diffuse une potentialité de mondes…


    D.R. Traduction inédite d’Angèle Paoli





    Anedda couv







    ANTONELLA ANEDDA


    Antonella_anedda
    Source



    ■ Antonella Anedda
    sur Terres de femmes

    février, nuit
    mars, nuit
    mai, nuit
    octobre, nuit
    novembre, nuit
    13 décembre **** | Fête de sainte Lucie (décembre, nuit)
    Archipel
    Avant l’heure du dîner (+ notice bio-bibliographique)
    Le dit de l’abandon
    Frontières (extrait d’Historiae)
    Per un nuovo inverno
    S
    11 septembre 2001
    10 février 2013 | Antonella Anedda, Senza nome. Sartiglia (extrait de Salva con nome)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Salva con nome
    → (dans la Galerie « Visages de femmes ») le portrait d’
    Antonella Anedda (+ deux poèmes extraits de Nomi distanti et de Notti di pace occidentale)



    ■ Voir aussi ▼

    → les pages que le site Italian Poetry a consacrées à
    Antonella Anedda
    → (sur Poetry International Web) un dossier
    Antonella Anedda
    → (sur Niederngasse 16, janvier-mars 2006) un entretien (en italien) avec Antonella Anedda
    → (sur Her circle ezine)
    Antonella Anedda: Encounters with Silence, the Page, and the World (7 mars 2008)
    → (sur La dimora del tempo sospeso) de longs extraits (en italien) des différents recueils d’
    Antonella Anedda
    → (sur books.google.com) d’autres larges extraits de
    Notti di pace occidentale
    → (sur Progetto Babele) une interview (en italien) d’
    Antonella Anedda par Pietro Pancamo



    ■ Voir | écouter ▼

    → (sur le site de la Bibliothèque municipale de Lyon)
    conférence autour d’Antonella Anedda, Entre racine et lame, organisée dans le cadre du Printemps des poètes 2010, animée par Angèle Paoli et Marc Porcu
    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes extraits de Residenze invernali, de Notti di pace occidentale et de Salva con nome, dits par Antonella Anedda



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  • Cécile Oumhani, Temps solaire, III

    «  Poésie d’un jour  »



         Encre sombre en eau claire
          Ph., G.AdC





                TEMPS SOLAIRE, III       (extrait)



          Nous avions taillé
          Des chemins de silex
          Ouvert des bouquets de pin
          Au mépris de la cendre
          Serré entre nos doigts
          Le viatique des cimes
          Offrande d’herbes sèches
          À la certitude du jour
          Nous allions
          Impatients de l’échappée
          Et de l’oubli des sources


          À nos yeux pensifs
          Intense en sa couleur
          La mer était
          Contrée de flammes
          Adonnée à un temps de miroirs


          Le jardin
          Blancheur de cendres
          À nos pas égarés
          Puis l’étreinte
          Grâce de la cascade
          À nos corps défaits
          Et ce murmure de l’eau
          Contour au visage des choses


          Le fil de notre marche
          Se disperse
          Encre sombre en eau claire
          Et ce nous-mêmes
          Rendu trop fluide
          À l’aspérité du jour
          Restent quelques objets
          Et tremblée
          L’esquisse à peine rêvée


    Cécile Oumhani, Temps solaire, III, Voix d’encre, octobre 2009, s.f. Gravures de Myoung-Nam Kim.






    CÉCILE OUMHANI


    Cecile_oumhani



    ■ Cécile Oumhani
    sur Terres de femmes

    Interview de Cécile Oumhani par Rodica Draghincescu
    (+ Bio-bibliographie)

    Aux prémices du sable
    [Dès l’aube ils s’interpellent]
    Éclats de rêves
    Le Café d’Yllka (note de lecture)
    [j’ai marché dans l’ignorance] (poème extrait de La Nudité des pierres)
    Ne craignons pas la nuit
    La Nudité des pierres (lecture d’Isabelle Lévesque)
    Rêves de draps (extrait de Mémoires inconnues)
    Touching land (poème extrait de Passeurs de rives)
    [S’abandonner au sommeil] (extrait de Tunisie, Carnets d’incertitude)
    Avant-propos de Lalla ou le chant des sables d’Angèle Paoli
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Manhattan redux
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    Cécile Oumhani, « Seuils possibles », Revue Confluences Méditerranée n° 22, été 1997



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site Babelmed)
    « Cécile Oumhani, à la croisée des mots et des imaginaires »
    → (sur le site Babelmed)
    “Plus loin que la nuit”, entretien de Cécile Oumhani avec Nathalie Galesne (2 décembre 2007)
    → (sur le site Babelmed)
    Méditerranée / Panorama de la littérature tunisienne de langue française, par Jalel El Gharbi
    → (sur Encres vagabondes)
    un entretien de Cécile Oumhani avec Brigitte Aubonnet (novembre 2007)
    → (sur le site de Rafik Darragi)
    Nocturnes (la nuit dans l’œuvre de Cécile Oumhani)
    → (dans la Poéthèque du Printemps des poètes) une
    fiche bio-bibliographique sur Cécile Oumhani
    → (sur Levure Littéraire n° 7)
    Sous le « bleuté des plis de la nappe », d’admirables ciselures (note de lecture d’AP sur L’Atelier des Strésor de Cécile Oumhani)



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  • Joël Bastard | Le visage de Mah

    «  Poésie d’un jour  »


    Derri-re nous s--teint le monde.
    Source






    Derrière nous s’éteint le monde. À la pointe du pied se fait le nouveau. À nouveau l’étincelle. La disparition est en marche, chargée d’images inertes. Algazelles et autres espérances animalières portées à bout de bras comme des linges abandonnés, tombants, nuques lâches ! À la pointe du verbe se fait la phrase qui s’avance. À la pointe du corps pour l’au-delà du corps. Derrière nous s’éteint le monde. S’éteint le verbe et s’éteignent les corps.



    À la pointe de l’encre,  du papier.  Une disparition chargée d’images inertes. Écrire encore. À la pointe. Être au temps de la pointe. Dans sa durée.




    Joël Bastard, Le visage de Mah in Bakofè, Al Manar, Collection Poésie, 2009, page 41.





    Joelbastard




    ■ Joël Bastard
    sur Terres de femmes

    [Assis à côté, à la proue d’un navire] (extrait d’Une cuisine en Bretagne)
    Une cuisine en Bretagne (lecture d’AP)
    Bakofé
    Casaluna
    Chasseur de primes (lecture de Paul de Brancion)



    ■ Voir aussi ▼

    → le
    blog de Joël Bastard



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  • Nezend Begîxanî | Ici moi ailleurs

    «  Poésie d’un jour  »



    Dancing Peacock by Sadiq Toma
    Source






    ICI MOI AILLEURS


    Ombre blanche
    Entre ici et ailleurs

    Mon passé
    Installé
    Vers l’orient

    À l’aube
    Ma mère la recouvrait d’un voile de soleil
    Elle et les soufis méditaient
    Et les mollahs la craignaient

    À la nuit
    Melik Tawus*
    Glorieusement la tirait par la main
    Vers le dôme de la connaissance
    Et au matin les hommes
    S’inclinaient devant ses tresses

    Elle
    Comme Inanna**
    Dans le temple de la pureté
    Elle attendait Dumuzid***

    Mon présent
    Dans la gorge des soirées de paris
    Pâles
    S’égare
    Derrière le diamant de la logique
    Dans une nuit de solitude
    Et menace la mort
    Et s’accouple avec l’éternité

    Mon futur
    S’endort
    Entre ici et ailleurs
    Il rêve l’un et l’autre



    Nezend Begîxanî, in Dix poètes kurdes, Action Poétique, N° 197, septembre 2009, page 33.




    * « Ange-paon », ange suprême chez les Yezidis, communauté kurde non-musulmane, pratiquant une religion indo-iranienne très ancienne.
    ** Inanna, plus tard Ishtar, déesse de l’amour, de la fertilité et de la guerre chez les Sumériens.
    *** Dans la mythologie sumérienne, Dumuzid, le berger-roi, consort d’Inanna.





    DIX POETES KURDES




         Née en 1966, à Koysenceq, Nezend Begîxanî a fait une partie de ses études à l’Université de Paris-IV Sorbonne. Militante féministe, elle vit actuellement à Londres. Elle a publié deux livres de poèmes.






    ■ Voir aussi ▼

    → (sur YouTube)
    Nezend Begîxanî lisant certains de ses poèmes

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  • James Sacré | Le désir échappe à mon poème

    «  Poésie d’un jour  »


    Le desert ...
    Ph., G.AdC






    LE DÉSIR ÉCHAPPE À MON POÈME



    Le désir échappe à mon poème


    En repassant par des paysages déjà parcourus
    À cause que de la lumière manque, temps gris,
    L’éclat de pierres noires sur les pentes pétries de chaleur
    N’est plus rien qu’une étendue de caillasse terne.
    Entre Alnif et Tazzarine
    Dans le piedmont sud du djebel Sarho.

    Sijilmassa aussi a quasiment disparu
    On n’entend plus que des mots.
    Il y a des formes qui s’enferment dans les sables.

    Ce désir est un désert.




    James Sacré, Le désir échappe à mon poème, Al Manar, Collection Méditerranées, octobre 2009, page 32. Dessins de Mohamed Kacimi.






    JAMES SACRÉ


    James Sacré par le photographe Olivier Roller
    Ph. © olivier roller
    Source




    James Sacré
    sur Terres de femmes

    James Sacré, Le paysage est sans légende (lecture de Tristan Hordé)
    Dans le format de la page (poème extrait du Paysage est sans légende)
    Figure 42 (poème extrait de Figures qui bougent un peu)
    Je t’aime. On n’entend rien (poème extrait d’Un paradis de poussières)
    Parfois (poème extrait d’Un paradis de poussières)
    James Sacré, Lorand Gaspar | Dans les yeux d’une femme bédouine qui regarde



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur remue.net)
    James Sacré/Un paradis de poussières (article de Jacques Josse)
    → (sur Loxias) une
    bio-bibliographie de James Sacré
    → (sur le site de Jean-Michel Maulpoix)
    un article de James Sacré (« Une boulange de lyrisme critique »), texte paru dans la revue Le Nouveau Recueil (éditions Champ Vallon)
    → (sur Terres de femmes)
    | rouge | (Angèle Paoli)



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  • Sylvie Durbec | Déjanire

    Lucetta Frisa | Deianira

    «  Poésie d’un jour  »





    poignées d-olives mises à sécher au soleil
    Ph., G.AdC






    DÉJANIRE



    déjà des mains maladroites ou au contraire très habiles ont
    attrapé la tunique
    l’ont plongée dans une décoction d’amère solitude
    et l’ont mise à sécher sur les oliviers

    plus tard une jeune fille au regard comme la colère est
    venue la chercher
    sa plainte a grandi sous ses doigts noircis de haine et de
    jalousie bleutée

    ses mains ont glissé sur le tissu si doux des regards de
    laine et de soie
    quand l’homme-héros reviendra
    la tunique l’embrasera ce sera sa fin
    et mon commencement

    que deviendrai-je ensuite vent ? nuage ? ou encore océan
    d’ires et de larmes ?
    poignées d’olives mises à sécher au soleil ?


    Sylvie Durbec, 3, édition bilingue, éditions Cousu Main, 84200 Carpentras, 2006.






    Fiamma crepita nascosta agli angoli
    Ph., G.AdC






    DEIANIRA


    Minima fiamma
    crepita nascosta agli angoli
    ancora domabile
    si allarga si gonfia serpeggia
    sulle pareti incupiti gli inermi tendaggi
    si schianta
    tra scale frenetiche
    sotto il silenzio feroce dei soffiti.

    Io che non so le quiete ragioni
    dell’acqua, le miti attese e il sonno,
    con mani arroventate preparo
    la veste del tuo ritorno ― chiara e casta.
    Dentro già sento il tuo corpo
    agitarsi.
    Le mie carezze
    infuriano sulla tua carne.


    Lucetta Frisa, 3, édition bilingue, éditions Cousu Main, 84200 Carpentras, 2006.





    NOTE D’AP :

         Née à Gênes (où elle réside), traductrice et poète, lauréate du Prix Lerici 2005, Lucetta Frisa est l’auteur d’une œuvre poétique importante. Elle a notamment publié La follia dei morti (Campanotto, 1993), Notte Alta (Book, 1997), L’altra (Manni, 2001), Siamo appena figure (GED, 2003) et Se fossimo immortali (Joker, 2006).
         Dans le recueil poétique réalisé par Caroline Leboucq pour les éditions Cousu Main, Lucetta Frisa se livre à une interprétation personnelle des poèmes de Sylvie Durbec. Tandis que Susanna Lehtinen, plasticienne et illustratrice finlandaise, ponctue les évocations des trois héroïnes antiques de ses propres incantations. Trait et couleur. Quatre femmes, quatre passions pour rendre à Alceste, Cassandre et Déjanire une part de leur visage.



    SYLVIE DURBEC


    PORTRAIT DE SYLVIE DURBEC
    Image, G.AdC




    ■ Sylvie Durbec
    sur Terres de femmes


    Carré music (extrait de Carrés)
    Conte oriental
    Marseille, Éclats & quartiers (lecture d’AP)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Pour García Lorca, te quiero verde
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    un court extrait de Marseille, Éclats & quartiers




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une notice bio-bibliographique sur Sylvie Durbec



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  • Jacques Dupin | Les graines brûlent sans souffrir

    «  Poésie d’un jour  »



    Mutisme et corde
    Image, G.AdC







    LES GRAINES BRÛLENT SANS SOUFFRIR



        Les graines brûlent sans souffrir : lecture
    par la montagne qui avance vers nous, qui s’éteint,
    disparaît ― et son contrechant dans la gorge,
    sur l’abîme, par la cendre, l’air allégé…

    par la montagne, la trace effacée :
    mutisme et corde, ― corde dont l’effilochement
    va céder, ― et qui tient…


         la montagne où le jour pénètre, nous enrôle,
    poitrine contre poitrine,

    et son souffle accroissant le souffle, sa clarté
    se logeant à l’intérieur des os…

         plénitude, inaction : les gestes et l’immobilité
    de l’amour, la complicité de la cassure…

    l’eau glacée au pied de l’avalanche inonde
    les fibres du corps innommé, du corps écrivant…




    Jacques Dupin, « Bleu et sans nom », Contumace [P.O.L., 1986] in Ballast, Gallimard, Collection Poésie, 2009, page 100.





    JACQUES DUPIN


    Dupin
    Source




    ■ Jacques Dupin
    sur Terres de femmes

    Jacques Dupin à Privas (+ notice bio-bibliographique)
    La mèche
    Pierre de soleil
    Tendre est la sonorité
    4 mars 1927 | Naissance de Jacques Dupin
    22 janvier 1948 | Jacques Dupin, Lettre à René Char



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur YouTube)
    Jacques Dupin lit des fragments de Fragmes, in Echancré (éditions P.O.L), le 21 avril 2010, lors d’un entretien avec Jean-Michel Maulpoix
    → (sur P/oésie, le blog d’Alain Freixe)
    Entretien avec Jacques Dupin, « sourcier de l’ordinaire éclat »



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  • Charles Olson | Maximus, to himself

    Traductions croisées Danièle Robert/Angèle Paoli/Auxeméry

    «  Poésie d’un jour  »



             Portrait de  Charles Olson  en 1932
             Image, G.AdC





             Maximus, to himself


             I have had to learn the simplest things
             last. Which made for difficulties.
             Even at sea I was slow, to get the hand out, or to cross
             a wet deck.
                                     The sea was not, finally, my trade.
             But even my trade, at it, I stood estranged
             from that which was most familiar. Was delayed,
             and not content with the man’s argument
             that such postponement
             is now the nature of
             obedience,
                                     that we are all late
                                     in a slow time,
                                     that we grow up many
                                     And the single
                                     is not easily
                                     known
             It could be, though the sharpness (the achiote)
             I note in others,
             makes more sense
             than my own distances. The agilities

                                     they show daily
                                     who do the world’s
                                     businesses
                                     And who do nature’s
                                     as I have no sense
                                     I have done either
                                     I have made dialogues,
                                     have discussed ancient texts,
                                     have thrown what light I could, offered
                                     what pleasures
                                     doceat allows

                                                             But the known?
                                     This, I have had to be given,
                                     a life, love, and from one man
                                     the world.
                                                             Tokens.
                                                             But sitting here
                                                             I look out as a wind
                                                             and water man, testing
                                                             And missing
                                                             some proof

                                     I know the quarters
                                     of the weather, where it comes from,
                                     where it goes. But the stem of me,
                                     this I took from their welcome,
                                     or their rejection, of me

                                                             And my arrogance
                                                             was neither diminished
                                                             nor increased,
                                                             by the communication


             2

             It is undone business
             I speak of, this morning,
             with the sea
             stretching out
             from my feet



    Charles Olson, The Maximus Poems, in Charles Olson, Selected Poems, edited by Robert Creeley, University of California Press, 1997, pp. 101-102-103.





    Olson Selected Poems





    TRADUCTIONS CROISÉES DANIÈLE ROBERT/ANGÈLE PAOLI



             Maximus, à lui même


             J’ai dû apprendre les choses les plus simples
             en dernier. Ce qui a créé des difficultés.
             Même en mer j’étais lent, pour passer la main, ou franchir
             un pont mouillé.
                                     La mer n’était pas, finalement, mon métier.
             Mais même à mon métier, même là, je restais détaché
             de ce qui était le plus familier. Entravé,
             et réfractaire à l’idée
             qu’un tel atermoiement
             est à présent le propre de
             l’obéissance,
                                     que nous sommes tous en retard
                                     dans la lenteur du temps,
                                     que nous grandissons pluriels
                                     Et que l’unicité
                                     n’est pas facile
                                     à connaître
             C’est bien possible, bien que l’acuité (l’achiote)
             que je relève chez d’autres,
             fasse plus sens
             que mes propres écarts. Les qualités physiques

                                     qu’ils manifestent tous les jours
                                     ceux qui s’occupent du monde
                                     Et ceux qui s’occupent de la nature
                                     comme je n’en ai aucune idée
                                     j’ai fait une chose ou l’autre
                                     j’ai construit des dialogues,
                                     ai examiné les textes anciens,
                                     ai jeté tel éclairage possible, offert
                                     tels plaisirs
                                     que permet le doceat

                                                             Mais le connu ?
                                     Cela, il a fallu qu’on me le donne,
                                     une vie, l’amour, et de la part d’un homme
                                     le monde.
                                                             Marques.
                                                             Mais assis là
                                                             J’observe comme un homme
                                                             de vent et d’eau, qui tente
                                                             et rate
                                                             une épreuve

                                     Je connais les points cardinaux
                                     du temps, d’où il vient,
                                     où il va. Mais la proue de moi,
                                     cela je l’ai pris de leur accueil,
                                     ou de leur rejet, de moi

                                                             Et mon arrogance
                                                             n’a été ni diminuée
                                                             ni accrue
                                                             par la communication


             2

             C’est d’une affaire non réglée
             que je parle, ce matin,
             avec la mer
             qui se retire
             à mes pieds



    Traduction inédite de Danièle Robert





             Maximus, à lui même


             J’ai dû apprendre les choses les plus simples
             tardivement. Ce qui m’a donné du mal.
             Même en mer j’étais lent, pour passer la main, ou franchir
             un pont mouillé.
                                     La mer n’était pas, finalement, mon affaire.
             Mais même à mon affaire, même là, je me sentais détaché
             de ce qui était le plus familier. Me sentais en retard,
             et suis contrarié que l’on prétende
             qu’un tel décalage
             est la nature de
             l’obéissance,
                                     que nous sommes tous en retard
                                     au ralenti,
                                     que nous grandissons multiples
                                     Et que la singularité
                                     n’est pas facile
                                     à connaître
             Ça se pourrait bien, quoique l’acuité (l’achiote)
             que je constate chez les autres,
             offre davantage de sens
             que mes propres dissemblances. Les ingéniosités

                                     dont ils font preuve chaque jour
                                     ceux qui s’occupent des affaires du monde
                                     Et ceux qui s’occupent de celles de la nature
                                     comme je ne m’y connais pas
                                     je me suis appliqué aux unes et aux autres
                                     j’ai construit des dialogues,
                                     ai examiné les textes anciens,
                                     ai jeté l’éclairage que j’ai pu, me suis offert
                                     les plaisirs
                                     qu’autorise le doceat

                                                             Mais le connu ?
                                     Cela, il a fallu que ça me soit donné,
                                     une vie, l’amour, et de la part d’un homme
                                     le monde.
                                                             Signes.
                                                             Mais assis là
                                                             J’observe comme un homme
                                                             de vent et d’eau, qui s’essaie
                                                             à quelque épreuve
                                                             et échoue

                                     Je connais les quartiers
                                     du temps, d’où il vient,
                                     où il va. Mais l’armature de moi,
                                     je l’ai prise de leur accueil,
                                     ou de leur rejet, de moi

                                                             Et mon arrogance
                                                             n’a été ni amoindrie
                                                             ni accrue
                                                             par la communication


             2

             C’est d’une affaire inaccomplie
             que je parle, ce matin,
             avec la mer
             qui reflue
             à mes pieds



    Traduction inédite d’Angèle Paoli





         Note d’AP : deux mois après l’établissement de cette traduction croisée a paru la traduction d’Auxeméry. Voici, ci-dessous, l’extrait correspondant à celui que Danièle Robert et moi-même avions choisi :





             Maximus, à lui même


             Il m’a fallu apprendre les choses les plus simples
             en dernier. D’où bon nombre d’ennuis.
             Même en mer, j’étais lent, à m’y mettre, à traverser
             un pont mouillé.
                                     La mer, finalement, n’était pas tâche à ma main.
             Et même la main à la tâche, oui, je restais étranger
             à ce qui allait pourtant de soi. Lambinais,
             et pas content quand on me disait
             que de nos jours l’obéissance
             consiste à remettre les choses
             au lendemain,
                                     que nous sommes tous en retard
                                     dans une époque de laisser-aller,
                                     qu’on nous élève en masse
                                     Et on ne connaît pas
                                     facilement ce qu’est
                                     la simplicité

             Possible – encore que l’acuité (l’achiote)
             je le note chez d’autres,
             fait plus sens
             que mes distances à moi. Les agilités

                                     dont ils font preuve tous les jours
                                     ceux qui font marcher les affaires
                                     du monde
                                     Et marcher celles de la nature
                                     alors que moi j’ai le sentiment de
                                    n’avoir fait marcher ni ci ni ça

             J’ai composé des dialogues,
             ai commenté d’anciens textes,
             ai offert les lumières que je pouvais, procuré
             les plaisirs que
             permet le doceat

                                                             Mais le connu ?
             Cela on a dû m’en faire don,
             une vie, l’amour, et d’un homme, un,
             le monde.

                                                             Signes.
                                                             Établi là cependant,
                                                             je veille au large, homme de vent
                                                             et d’eau, je cherche
                                                             Toujours en manque
                                                             de preuve

             Je sais les quarts d’aire
             du temps, d’où vient le vent,
             où il va. Mais la souche d’où je viens,
             ça, je le vois au bon accueil,
             ou la grise mine, qu’on me fait

                                                             Et mon arrogance
                                                             n’en a pas été diminuée
                                                             ni augmentée,
                                                             par la communication

             2

             C’est de la matière inachevée
             dont je parle, ce matin,
             avec la mer
             qui s’étend
             à mes pieds



    Charles Olson, Les Poèmes de Maximus, Libraire éditeur La Nerthe, 2009, pp. 56-57. Traduction d’Auxeméry.





    C
    Source





    CHARLES OLSON : NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE


         Né à Worcester dans le Massachusetts le 27 décembre 1910, Charles John Olson, poète et essayiste américain, est encore peu connu en France. Après ses études supérieures dans les universités de Yale et Harvard, Charles Olson entreprend une carrière dans l’enseignement. Sa fréquentation ― de 1948 à 1956 ― du Black Mountain College (Caroline du Nord), haut lieu d’expérimentation artistique, conduit Olson à en devenir le recteur de 1951 à 1956. Dans le même temps, il se consacre à l’écriture d’avant-garde, fondée sur le recours à une poésie orale tournée vers la cinétique.

         Après un premier ouvrage consacré à Herman Melville, Call Me Ishmael (Appelez-moi Ishmael, 1947), Charles Olson devient le porte-parole de toute une génération de poètes avec la parution, en 1950, de son essai intitulé Projective verse (« Le vers projectif »). Un texte théorique bref dans lequel le poète expose les principes dont les plus féconds sont la primauté accordée à la voix – l’écriture devant être motivée de l’intérieur par le mouvement de la parole — et la « Composition by field », « composition par champ » qui prône le regroupement d’unités de sens et la circulation de l’une à l’autre pour composer une poème.

         Publié en 1983, l’ensemble intitulé The Maximus Poems s’inscrit dans la tradition épique héritée de Pound et de Williams, de Whitman et de Dos Passos. Intitulée en français Maximus amant du monde, cette somme poétique met en scène un héros fictif, inspiré au poète par Maxime de Tyr, philosophe et rhéteur du second siècle avant J.-C. Pour autant, Maximus, alter ego du poète, n’en est pas moins ancré dans la société américaine de son temps, confronté avec son créateur à une aventure poétique aux ramifications multiples, tous deux en prise avec les concepts théoriques énoncés dans Projective verse.

         The Maximus Poems se présente comme une suite continue de poèmes, assemblés à la manière de tesserae, selon le terme latin emprunté par Olson (terme qui renvoie à la fois aux dés à jouer de l’Antiquité et aux tesselles utilisées dans les mosaïques). Maximus en est le sujet parlant, l’homme orchestre par qui passent la narration, les dialogues, les questionnements, les apartés. Autant de variations, de rythmes, d’accents et de tonalités qui font du poème de Maximus un champ d’exploration ouvert sur des formes multiples. Tout un réseau de correspondances de sons et de sens animé par un souffle qui dépasse le personnel pour rejoindre l’universel.

         Influencé par la voix de ses aînés ― les Cantos d’Ezra Pound et le Paterson de William Carlos Williams ―, Charles Olson, considéré comme contestataire et iconoclaste, trouve en Robert Creeley ― qui dirigea la Black Mountain Review ― son plus fervent défenseur, ouvre des voies nouvelles de pensée et d’écriture. C’est au poète et ami Robert Creeley que Charles Olson fait allusion dans le poème « Maximus, to himself » : il est l’homme qui lui a donné « le monde ». Charles Olson meurt à New York le 10 janvier 1970.

    Angèle Paoli

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  • Edmond Jabès | La jeune fille qui marche

    «  Poésie d’un jour  »


    Moi
    Ph., G.AdC








    LA JEUNE FILLE QUI MARCHE



         La jeune fille qui marche dans les yeux des cailloux, refuse à l’arbre sa ceinture pour ne pas créer de précédent. Toute branche est avare. Les fruits saignent autour de l’oiseau abattu. De la lune, on peut brûler la langue qui nous lèche indifféremment. On peut colorer ses cendres, on peut aussi les jeter au vent. Ce n’est pas moi qui me vengerai de la lune. Dans la mer, je trie ses rayons. J’élève ailleurs l’ombre au rang de sorcière.



    Edmond Jabès, « Trois filles de mon quartier » (1947-1948), Je bâtis ma demeure [1943-1957], Le Seuil, Le Sable, Poésies complètes 1943-1988, Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 2001, page 91.





    Edmond Jabès poésie gallimard



    EDMOND JABÈS


    Edmond Jabès portrait
    Source




    ■ Edmond Jabès
    sur Terres de femmes


    La soif de la mer (autre poème extrait de Je bâtis ma demeure)
    [Dans le miroir de ma salle de bain] (poème extrait d’Angoisse d’une seule fin)



    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Wikipedia)
    un bel article sur Edmond Jabès




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