Catégorie : Anthologie poétique « Poésie d’un jour »


  • Alessandro Ceni | Mattoni per l’altare del fuoco

    «  Poésie d’un jour  »


    Semplicemente, in una radura nel bosco
    Ph., G.AdC





    MATTONI PER L’ALTARE DEL FUOCO



    XI


    Tu che non sei di questo mondo e sei nella polvere
    e siedi alla parte breve del tavolo
    estrai dalla tasca il bosco e dal bosco te stesso,
    coi tuoi pensieri stesi ad asciugare sul greto
    del fiume essiccato come cordicelle annodate
    da un bambino estivo, che raso sull’erba
    scocchi festuche marine alla terra e
    al passo dei tordi proietti la prua di pigne
    del promontorio nel ceduo del mare aperto,
    dove al medesimo intento le cieche aringhe
    migrano e sprofondano.
    Semplicemente, in una radura nel bosco,
    cucita alla fronda più alta la civetta inchioda
    alle loro piume come a peccati falangi d’uccelli,
    schiere di alati perduti, cori di rimprovero e di pianto
    mentre tu avvicinandoti alla nave spaziale
    giunta infine a riprenderti fai il gesto
    di estrarre anche questa cosa dalla tasca.



    XVII


    Io guardo questi alberi un’ultima volta,
    come sempre si guardano le cose, per ultime volte,
    al di fuori dei campi coltivati e
    su un suolo che per tutti era santo:
    dove le bestie tenevano assemblee di fidanzamenti
    all’apparire e al ritrarsi degli animali ibernanti,
    lo sparviero mutato in colombo la volpe in donna,
    e le anime dei defunti che emergevano
    in cerca di uova sessuate sulla fragile costa di un fiume:
    le gazze, allora, i ciuffi di piantaggine, le
    cavallette tra le erbe, d’ogni regione astronomica
    i voli interrotti degli uccelli di passo e le meteore
    nel mucchio di sementi del letto domestico e
    accanto agli altari del suolo e delle messi,
    dove sempre ti sei rivolto ad antenati indistinti
    e hai creduto di sentire le anime dei morti
    fluttuare confusamente nell’angolo oscuro della casa.






    XXVI depuis la cime d'un cyprès mystique
    Ph., G.AdC





    XXVI


    “Presto sarà l’inverno
    e il male che ci donammo
    da lungo tempo non colto
    maturerà appieno nell’ospizio del gelo.
    Forse la funebre uccella siberiana,
    colei nel cui utero già si dibatte e ride
    l’orrendo e sacro implume,
    dalla vetta di una mistica cipressa
    chiamando a raccolta i suoi
    contro il marmo del cielo
    lascerà cadere dal becco anche te
    e in questa mezza luce,
    in questa sospensione o suono
    come di revocata incursione aerea
    darà inizio alla neve”.
    Quando così ti parlo e gli altri
    in un denso fumo si rialzano
    si guardano attorno e lasciano la sala,
    sull’orlo dei tuoi occhi compare
    un glutine di torpida inconsistenza spirituale;
    perdi conoscenza.
    Presto sarà l’inverno e
    tu ancora non capisci che la caduta è eterna.


    Alessandro Ceni, Tre “Passaggi” da Mattoni per l’altare del fuoco, Jaca Book, Milano, 2002, p. 24 (XI), p. 35 (XVII), p. 53 (XXVI).





    BRIQUES POUR L’AUTEL DU FEU


    XI


    Toi qui n’es plus de ce monde
    toi qui es dans la poussière
    toi qui sièges à l’étroit de la table
    tu tires de ta poche le bois et du bois c’est toi que tu extrais
    avec tes pensées étendues à sécher sur la rive
    du fleuve asséché comme cordelettes nouées
    par un gamin l’été, au ras de l’herbe
    tu décoches des fétus de mer à la terre et
    au passage des grives tu projettes la proue des pignes
    du promontoire jusque dans le taillis de la mer ouverte,
    où, dans le même mouvement, migrent et plongent
    les harengs aveugles.
    Simplement, dans une clairière du bois,
    cousue au plus haut du feuillage la chouette cloue
    à leurs plumes comme aux péchés une foule d’oiseaux,
    cohortes de volatiles perdus, chœurs de reproches et de pleurs
    tandis que toi qui te rapproches du vaisseau spatial
    enfin rejoint pour te reprendre tu fais le geste
    d’extraire aussi cette chose de ta poche.






    Je regarde ces arbres une dernière fois
    Ph., G.AdC





    XVII


    Je regarde ces arbres une dernière fois,
    comme l’on regarde toujours les choses pour la dernière fois,
    par-delà les champs cultivés et
    sur un sol qui pour tous était sacré :
    où les bêtes tenaient leurs assemblées de fiançailles
    dans la venue et le repli des animaux hibernants,
    l’épervier changé en pigeon le renard en femme,
    où les âmes des défunts affleuraient
    à la recherche d’œufs sexués sur la fragile rive d’un fleuve :
    les pies alors, les touffes de plantain,
    les sauterelles dans l’herbe, de chaque région astronomique
    les vols interrompus des oiseaux de passage et les météores
    dans l’amas de semences du lit de la maison et
    à côté des autels du sol et des moissons,
    où tu t’es toujours tourné vers de vagues ancêtres
    et tu as cru sentir les âmes des morts
    flottant confusément dans l’angle sombre de la demeure.



    XXVI


    « Bientôt ce sera l’hiver
    et le mal que nous nous sommes faits
    de longue date laissé en friche
    mûrira pleinement dans l’asile du gel.
    Peut-être la funèbre oiselle sibérienne,
    ― dans son utérus déjà se débat et rit
    horrible et sacré l’oison déplumé ―
    depuis la cime d’un cyprès mystique
    battant le rappel des siens
    contre le marbre du ciel
    te laissera-t-elle tomber toi aussi de son bec
    et dans cette semi-lumière,
    dans ce suspens ou dans ce son
    semblable à un raid aérien annulé
    annoncera-t-elle le commencement de la neige. »
    Quand je te parle ainsi et que les autres
    dans un brouillard de fumée se lèvent
    regardent autour d’eux et quittent la salle,
    au bord de tes yeux apparaît
    un gluten de torpide inconsistance spirituelle ;
    tu perds connaissance.
    Bientôt ce sera l’hiver
    et toi tu ne comprends toujours pas que la chute est éternelle.


    Traduction inédite d’Angèle Paoli
    (gemellaggio poetico con l’Associazione Scriptorium di Marsiglia,
    Pistoia [Toscana], 24 aprile 2009)




    Note d’AP : la traduction que j’ai mise ci-dessus en ligne est celle que j’ai effectuée le vendredi 24 avril 2009 au cours d’un atelier interactif de traduction, dans la Salle Bigongiari de la Bibliothèque San Giorgio de Pistoia, à l’occasion d’un jumelage poétique entre la commune de Pistoia et le Scriptorium de Marseille. La traduction du premier fragment (XI) a été publiée dans Semicerchio, rivista di poesia comparata, XL, Casa editrice Le Lettere, Firenze, dicembre 2009, p. 32. D’autres extraits de Mattoni per l’altare del fuoco, traduits par Valérie Brantôme, ont été publiés dans la revue L’Arsenal, n° 5, mars 2011.






    ALESSANDRO CENI

    ALESSANDRO CENI


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Toscana oggi)
    une notice bio-bibliographique sur Alessandro Ceni
    → (sur Terres de femmes)
    Limon de haut vertige | Limo d’alta vertigine (un de mes poèmes traduit par Alessandro Ceni)


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  • Vivian Lofiego | Les arbres multiplient leurs branches…

    «  Poésie d’un jour  »



    Tu savais que les fleurs me font mal
    Ph., G.AdC





    LOS ÁRBOLES MULTIPLICAN SUS RAMAS


    Los árboles multiplican cada primavera sus ramas,
    hay flores de amenazante fragilidad
    ¿ Cuánto tiempo vive una amapola ?
    ¿ Y la margarita que me enseñaste a deshojar ?
    ¿ Y ya cuántos tréboles arrancaste
    para encontrar cuatro hojas y gritar que la suerte es para vos ?
    Sabías que a mí me duelen las flores,
    siento el ínfimo ruidito que hacen cuando alguien al descuido
    las arranca





    LES ARBRES MULTIPLIENT LEURS BRANCHES


    Les arbres multiplient leurs branches chaque printemps,
    il y a des fleurs d’une fragilité menaçante
    Combien de temps vit un coquelicot ?
    Et la marguerite que tu m’as appris à effeuiller ?
    Combien de trèfles as-tu cueillis jusque-là
    pour trouver quatre feuilles et crier que la chance est avec toi ?
    Tu savais que les fleurs me font mal,
    j’entends l’infime petit bruit qu’elles font quand quelqu’un les arrache
    sans faire attention


    Vivian Lofiego, Desde el bosque in Cinq femmes poètes d’Amérique latine aujourd’hui, édition bilingue, poèmes choisis et présentés par Adélaïde de Chatellus, Le Temps des Cerises, 2009, pp. 64-65. Traduit de l’espagnol dans l’atelier de traduction des universités de Rouen, La Sorbonne et Lausanne. Avec la participation de Claude Couffon.





    L’ARBURI MULTIPLICHEGHJANU I SO RAMI


    L’arburi multiplicheghjanu i so rami ogni veranu,
    ci sò i fiori di una fragilità minacciosa
    Quantu tempu campa un pampasgiolu ?
    È a pratellina ch’è tù mi insignasti à sfuglià ?
    Quanti trifogli cuglisti sin’ad avà
    per truvà quattru foglie è mughjà chì a furtuna hè toia ?
    Sapii ch’elli mi facenu sente i fiori,
    sentu u stridarellu infimu ch’elli facenu quandu omu i sradicheghja
    senza fà casu.


    Traduction inédite en corse de Francesca Graziani






    VIVIAN LOFIEGO

    Vivian Lofiego
    Image, G.AdC


    Voir aussi :

    – (sur Terres de femmes)
    Vivian Lofiego/Elle portait une blessure au front ;
    – (sur Terres de femmes) Vivian Lofiego/
    De l’autre côté du rituel (poème extrait d’Obsidiennes de la nuit + bio-bibliographie) ;
    – (sur Terres de femmes)
    Vivian Lofiego/Un temps que les femmes filent ;
    – (sur Terres de femmes) le
    portrait de Vivian Lofiego dans la galerie Visages de femmes.


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  • Benjamin Fondane | Ulysse – XXIII

    «  Poésie d’un jour  »


    Indiens Anachroniques .jpg
    Diego Rivera
    Le Porteur de fleurs, 1935
    Huile sur toile
    Musée d’art moderne de San Francisco






    ULYSSE – XXIII


    AMÉRIQUE, AMÉRIQUE…


    à Victoria Ocampo



    Amérique, Amérique, merveille noire et rouge,
    que de fois j’ai rêvé de tes chevaux sauvages
    que de fois l’œil plus clair d’être ouvert en dedans
    tes fleuves m’ont porté, humide, dans tes flancs,
    ô vierge, encore nue depuis ta découverte !
    ― Puissé-je être celui qui causera ta perte !
    Puisses-tu arrêter de ne pas finir !
    Que n’y-a-t-il encore un monde à découvrir
    maille après maille !

    Amérique du Sud ouverte en éventail
    dans la paume fermée de la Terre de Feu
    (il suffit d’un regard amoureux sur la mappe)
    j’aime tes plaines pacifiques
    tes nappes inhumaines
    tes grands ports où l’on dort le regard sous l’eau
    tes Indiens anachroniques
    ramant sans bruit le long de tes méditations
    tes plantations où l’homme s’enfonce jusqu’au cou
    tes émeutes soudaines
    tes matinées paresseuses et ta lumière trouble
    tes nuages énormes et tes ombú géants
    ta pampa infinie,
    tes longs serpents mûris par leur venin de mort…
    ― Dans tes ports j’ai flâné longtemps, le rêve au ventre…
    Marchand, marchand qui n’avait rien à vendre
    je trafiquais la destruction,
    je te voyais de loin le visage tranquille,
    tes jeunes seins de vieille fille,
    Amérique du Sud entourée de mers
    continent sans mémoire
    ouvrage improvisé par des soldats cruels
    l’œil fier sur un cheval de pierre dans tes villes ―

    J’ai baisé ton ennui aux cils de tes bordels,
    j’ai partagé vos lourdes tristesses, sang-mêlé,
    et ce mal du pays des gens qui n’en ont plus.
    J’ai foulé tes pavés, j’ai rêvé dans tes rues,
    tes hommes longuement m’émeuvent…
    Que ne puis-je rester un instant sur tes rives,
    enfoncer mes racines dans une terre neuve,
    naviguer tout au long des côtes du connu,
    me lier d’amitié avec ta terre épaisse,
    couvert de tes moutons qui ont la laine lasse.
    ― Amérique, ta terre est vaste !
    Aie pitié de ces pauvres et sales émigrants
    qui se déplacent, lents, avec leurs dieux anciens !
    Je suis un étranger, je le sais.
    Je n’ai pas de patrie collée à mes souliers,
    plus rien qui me retienne à quelque quai du vide…
    Puisses-tu me mener en laisse par la main !
    puisses-tu apaiser mon pauvre cœur d’Asie !
    N’es-tu pas une terre absurde, une oasis,
    un pays de chevaux libres de toute bride ?

    …oubli de tout, de rien… Nuages d’Amérique !



    Benjamin Fondane, Ulysse XXIII, Le Mal des fantômes, Éditions Verdier, Verdier Poche, 2006, pp. 54-55. Liminaire d’Henri Meschonnic.




    ____________________________________
    Note d’AP : j’ai choisi ce poème après la lecture de très belles gnoses inédites (« merveilles noires et rouges ») d’André Jean Nestor.






    BENJAMIN FONDANE



    ■ Voir aussi ▼

    le site de la Société d’études Benjamin Fondane
    → (sur le site des éditions Verdier)
    une chronologie consacrée à Benjamin Fondane
    → (sur Esprits nomades)
    Benjamin Fondane et la révolte existentielle, par Olivier Salazar-Ferrer




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  • Lorand Gaspar | Voici des mains

    «  Poésie d’un jour  »



    Le destin des couleurs en l-absence des yeux.
    Ph., G.AdC







    VOICI DES MAINS



    Voici des mains
    Pose-les dans une brève secousse de ton corps
    avec un pot de basilic
    et l’espace fouillé des oiseaux,
    quand l’aube sur nos corps mouillés
    les doigts sentent encore l’origan.

    Dans ma bouche les mots crèvent de froid
    Dans les grandes chambres inhabitées de ma voix
    Le blond friable des collines
    Personne ne sait
    Le destin des couleurs en l’absence des yeux.

    Tout s’arrête
    décembre désert
    les bras lourds.
    La lumière se cherche sur nos mains
    Et soudain tout est plume
    On s’envole comme une neige à l’envers.

    Je tiens ma vie comme
    Un morceau de pain
    Très fort
    Les cent grammes du prisonnier de guerre
    Et souvent j’ai si faim
    Qu’à peine il en reste
    Et les choses se colorent
    De peurs merveilleuses.







    Ἰδoύ τά χέρια



    δoύ τά χέρια
    Βάλε τα σ’ἓνα σύντομο τράνταγμα τοῦ κορμιοῦ σου
    μέ μιά γλάστρα βασιλικό
    καί τό διάστημα πού σκάβουν τά πουλιά,
    ὅταν αὐγή στά νοτισμένα σώματα μας
    τά δάχτυλα κρατοῦν άκόμη μυρωδιά ρίγανης.

    Στό στόμα μου τά λόγια πεθαίνουν ἀπ’τό κρύο
    Στίς μεγάλες κάμαρες τῆς φωνῆς μου τίς ἀκατοίκητες
    Тό ψαφαρό ξανθό τῶν λόφων
    Κανείς δέν ξέρει
    Τή μοίρα τῶν χρωμάτων ὃταν λείπουν τά μάτια.

    Ὃλα σταματοῦν
    ἔρημος Δεκέμβρης
    βαριά τά μπράτσα.
    Τό φῶς πάνω στά χερια μας ἀπόζητά τόν έαμυτό του
    Καί ξαφνιχά τά πάντα εῖναι φτερό
    Пετάει χανείς άνάστροφα σάν τό χιόνι.

    Κρατῶ τή ζωή μου ὠσαν
    ἓνα χομμάτι ψωμί
    Πολύ δυνατά
    Τά ἑκατό γραμμαρια τοῦ αἰχμαλωτου
    Συγνά τόσο πεινῶ
    Пού μόλις ἓνα ψύχουλο ἀπομένει
    Кαί τά πράγματα χρωματίζουναι
    Ἀπό φόβους ἐξαίσιους.



    Traduit en grec par Georges Séféris



    Lorand Gaspar, Le Quatrième État de la matière (extraits), in Lorand Gaspar, éditions Le Temps qu’il fait, Cahier seize, sous la direction de Daniel Lançon, avril 2004, pp. 72-73.





    LORAND GASPAR


    Lorand Gaspar
    Ph. Lorand Gaspar. Editions Jean-Michel Place
    Source






    ■ Lorand Gaspar
    sur Terres de femmes


    [Le jour enflé de fatigue cherche nos failles] (extrait de Sol absolu)
    Linaria
    Lorand Gaspar| Depuis tant d’années…
    James Sacré, Lorand Gaspar | Dans les yeux d’une femme bédouine qui regarde




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de l’IMEC)
    une notice bio-bibliographique sur Lorand Gaspar



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  • Guy Goffette | Ainsi nos pas

    «  Poésie d’un jour  »



    Trouver l'or vif sous les paupières basses de l'horizon
    Ph., G.AdC






    AINSI NOS PAS


    Ainsi nos pas se sont portés longtemps à l’avant des navires
    plus pour le combat des vagues la déchirure des eaux
    que pour l’aventureuse saison des îles
    ― nos pas imaginaires
    mais toujours le poids de la terre nous ramenait
    dans l’île intérieure où piétinent les chevaux du sang
    et la tartine prise à la sauvette
    et la bise au front du paternel bleui, adieu
    adieu père mère famille encalminée, la voile est tendue
    et la mer au fond du potager va larguer nos amarres.
    Les toits déjà les toits encore tournent leur échine
    pour nous barrer la route
    comme ces pauvres requins
    qu’un rien jette au tourment de la chair
    et les vieilles pareillement qui brûlent sous ces toits
    de ne plus brûler
    tandis que nous, amiraux sans terre ni bateaux
    nous coupions tous les ponts
    avec ce monde utile et méprisable
    sûrs comme les grues à la ruée d’automne
    de trouver l’or vif sous les paupières basses de l’horizon.



    Guy Goffette, « Des fenêtres d’abois, 2. Enfances », Éloge pour une cuisine de province, Gallimard, Collection Poésie, 2000, page 65 ; in revue Décharge n° 143, « Dossier Guy Goffette », septembre 2009, page 13.





    GUY GOFFETTE


    Goffette_1
    Ph. D.R. Source



    Voir aussi :

    – (sur Poezibao)
    une fiche bio-bibliographique sur Guy Goffette ;
    – (sur Terres de femmes)
    Guy Goffette/Et si… ;
    – (sur Terres de femmes)
    Guy Goffette/Jalousie;
    – (sur Terres de femmes)
    Guy Goffette/Je me disais aussi… ;
    – (sur Terres de femmes)
    Guy Goffette/L’attente.

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  • Samira Negrouche | Tes vagues

    «  Poésie d’un jour  »



    Tes vagues
    Ph., G.AdC







    TES VAGUES



    Tes vagues
    voudront-elles de moi
    lorsque mes larmes
                                                   dociles
    s’offriront                             à la mer

    Ton horizon
    s’ouvrira-t-il                         à mon regard
    comme à ta lumière
                                                   mes mains.




    Samira Negrouche, Iridienne, Éditions Color Gang, Collection Luminaires, Lyon, 2005, page 59. Gravures sur calque d’Yves Olry.






    NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE


        Samira Negrouche est née le 13 septembre 1980 à Alger, où elle vit. Médecin, poète et traductrice de poésie arabe, Samira Negrouche préside, à Alger, l’association culturelle Cadmos, créée en septembre 1999, qui travaille autour du patrimoine culturel méditerranéen et de la poésie moderne par l’organisation de divers événements littéraires nationaux et internationaux, dans une optique d’édition et de traduction.

         Samira Negrouche a publié plusieurs recueils de poésie, dont :

    Faiblesse n’est pas de dire, éditions Barzakh, Alger, mars 2001 ;
    L’Opéra cosmique, Éditions El Ikhtilef, mars 2003 ; rééd. Éditions des Lettres Char-nues, Blida, octobre 2003 ;
    À l’ombre de Grenade, Éditions A.P l’étoile, Toulouse, novembre 2003 ; rééd. éditions des Lettres Char-nues, Blida, avril 2006 ;
    Iridienne, Color Gang Édition, Collection Luminaires, Lyon, 2005 ;
    Cabinet secret, livre d’artiste avec Enan Burgos, Color Gang Édition, Lyon, 2007 ;
    À chacun sa révolution, édition bilingue français/italien, traduction de Giuseppe Napolitano, édition la stanza del poeta, Naples, 2007 ;
    Le Dernier Diabolo, éditions Chèvre Feuille Étoilée, Montpellier, 2010 ;
    Le Jazz des oliviers, éditions du Tell, Blida, 2010. Illustrations d’Yves Olry ;
    Six arbres de fortune autour de ma baignoire, éditions Mazette, 2017 ;
    Quai 2|1, Partition à trois axes, I, éditions Mazette, 2019 ;
    Alba Rosa, éditions Color Gang, 2019 ;
    Traces, Fidel Anthelme X, Collection “La Motesta”, Marseille, 2021. Photographies de Nathalie Postic.




    SAMIRA NEGROUCHE


    Samira Negrouche Guidu
    Image, G.AdC




    ■ Samira Negrouche
    sur Terres de femmes


    [Des sillons se creusent](extrait du Jazz des oliviers)
    [J’aborde la plus haute rive](extrait de Quai 2 | 1)
    Six arbres de fortune autour de ma baignoire (lecture d’AP)
    [Tu ne te résignes pas] (extrait de Six arbres de fortune autour de ma baignoire)
    [Un doigt réaligne les fils] (extrait de Traces)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Il se peut




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur Artpoésie)
    une sélection de poèmes extraits du recueil À l’ombre de Grenade
    → (sur YouTube)
    Samira Negrouche – Portrait d’une poétesse (Voix de la Méditerranée, Lodève, juillet 2011. Réalisation de Sonia Viel. Propos recueillis par Thierry Renard)



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  • Gérald Neveu | Rite

    «  Poésie d’un jour  »



    POUR G-rald Neveu
    Ph., G.AdC







    RITE



    Le blanc c’est la mer
    la mer velue qui dénombre ses
    cariatides mouvantes

    On a beau crier par-dessus
    l’écho renvoie toujours un coquillage
    rêveur
    légèrement fossilisé

    il faut maintenant passer à l’action
    empêcher à tout prix ce vent de s’incurver
    tendre les draps de lit
    contre ses muqueuses bleuâtres
    le mâter
    et puis d’un geste rayonnant
    extraire de sa pulpe une grande
    et belle porcelaine
    que l’on jettera aux orties.




    Gérald Neveu, Fournaise obscure, Pierre Jean Oswald, Collection « L’aube dissout les monstres », Honfleur, 1967, in Gérald Neveu par Jean Malrieu, Éditions Seghers, Collection Poètes d’aujourd’hui, 1974, page 116.



    GÉRALD NEVEU



    ■ Gérald Neveu
    sur Terres de femmes

    3 mai 1948 | Gérald Neveu, Du même côté



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Esprits nomades)
    Gérald Neveu, une fournaise obscure
    → (sur enjambées fauves)
    Quelques pas encore (poème extrait d’Une solitude essentielle)



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  • Antonella Anedda | 11 septembre 2001

    «  Poésie d’un jour  »



    Seguo la scia di luce
    Ph., G.AdC





    11 SETTEMBRE, 2001


    Seguo la scia di luce dentro i mesi, nella cripta autunnale
    ascolto la prima pioggia ampia sulle grondaie.
    Settembre ― dice il calendario a metà consumato con figure
    d’insetti sopra i fogli. Quasi ottobre anticipano i gusci di
    lumaca uno per ogni giorno a disdire con la lentezza la paura.

    Loda queste creature di terra, il volo breve, la mano paziente
    che disegna. Contro il fuoco, il cielo celeste della fede.

    In basso, nell’orto, la raggiante architettura dei lombrichi, un
    velo di formiche sotto il melo. Mi inchino al fango, ai moscerini
    alla lumaca, alla fatica con cui mi sale sulle dita.


    Antonella Anedda, Il catalogo della gioia, Donzelli Poesia, 2003, page 86.





    11 SEPTEMBRE 2001


    Je suis le sillage de la lumière à l’intérieur des mois, dans la crypte automnale
    j’écoute la première pluie, ample, sur la gouttière.
    Septembre ― dit le calendrier à moitié consommé avec ses figures
    d’insectes sur les feuilles. Presque octobre en avance les coquilles
    d’escargots une pour chaque jour comme pour réfuter la peur avec la lenteur.

    Loue ces créatures de la terre, leur vol bref, la main patiente qui dessine.
    Contre le feu, le ciel céleste de la foi.

    En bas, dans le jardin, l’architecture rayonnante des lombrics, un
    voile de fourmis sous le pommier. Je m’incline devant la boue, devant les moucherons
    devant l’escargot, devant la fatigue avec laquelle il grimpe sur mon doigt.


    Antonella Anedda, Il catalogo della gioia, in Po&sie, 1975-2004, numéro 110, « Trente ans de poésie italienne », II, Éditions Belin, 2005, page 402. Traduction de Martin Rueff.






    ANTONELLA ANEDDA


    Antonella_anedda
    Source



    ■ Antonella Anedda
    sur Terres de femmes

    février, nuit
    mars, nuit
    mai, nuit
    octobre, nuit
    novembre, nuit
    13 décembre **** | Fête de sainte Lucie (décembre, nuit)
    Archipel
    Avant l’heure du dîner (+ notice bio-bibliographique)
    Le dit de l’abandon
    Frontières (extrait d’Historiae)
    Per un nuovo inverno
    Ritagliare
    S
    10 février 2013 | Antonella Anedda, Senza nome. Sartiglia (extrait de Salva con nome)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Salva con nome
    → (dans la Galerie « Visages de femmes ») le portrait d’
    Antonella Anedda (+ deux poèmes extraits de Nomi distanti et de Notti di pace occidentale)



    ■ Voir aussi ▼

    → les pages que le site Italian Poetry a consacrées à
    Antonella Anedda
    → (sur Poetry International Web) un dossier
    Antonella Anedda
    → (sur Niederngasse 16, janvier-mars 2006) un entretien (en italien) avec Antonella Anedda
    → (sur Her circle ezine)
    Antonella Anedda: Encounters with Silence, the Page, and the World (7 mars 2008)
    → (sur La dimora del tempo sospeso) de longs extraits (en italien) des différents recueils d’
    Antonella Anedda
    → (sur books.google.com) d’autres larges extraits de
    Notti di pace occidentale
    → (sur Progetto Babele) une interview (en italien) d’
    Antonella Anedda par Pietro Pancamo



    ■ Voir | écouter ▼

    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes extraits de Residenze invernali, de Notti di pace occidentale et de Salva con nome, dits par Antonella Anedda



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  • Sophie Loizeau | les rêves les mieux ouvrés

    «  Poésie d’un jour  »



    Ses ch-taigneraies agrandies - leur fonction fictive
    Ph., G.AdC






    LES RÊVES LES MIEUX OUVRÉS



    les rêves les mieux ouvrés ceux en lisière ― orées
    elle se manifeste sous la forme approfondie de l’écriture

    mon existence en retour tourmente et éblouit l’arbre, le ciel, l’herbe ;
    les a frappées

    les vieilles voix sont aux sens des hommes, le soir*

    par devers elle (recèle
    à la nuit qui tombe toujours, ses châtaigneraies agrandies à leur
    fonction fictive
    en fin d’après-midi
    je retourne avant la nuit adorant la basse lumière d’automne
    maintenue à ce niveau

    avancée dans mon dos de diane forme chinoise

    rêver lire écrire, me souvenir, imaginer     le tout vient se lier en un corps
    rarement diane dressée frisa la représentation phallique et banda l’arc
    le plus souvent elle se nymphose au sol dans un cocon léger le faisant
    ce qu’elle apporte au centre phosphorescent du mythe par son
    activité intime




    Sophie Loizeau, La Femme lit, Éditions Flammarion, Collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves di Manno, 2009, page 90.




    * René Ghil, Finale





    SOPHIE LOIZEAU


    Sophie Loizeau
    Ph. © Adrienne Arth
    Source




    ■ Sophie Loizeau
    sur Terres de femmes

    Bergamonstres (note de lecture d’Angèle Paoli sur Bergamonstres, publiée dans la revue Europe d’août-septembre 2008)
    [L’œil persiste aux lisières] (extrait du Corps saisonnier)
    vendredi (extrait de Bergamonstres)
    caudal (extraits)
    [Moabi quand tout va bien] (extrait de Ma maîtresse forme)
    → (dans l’anthologie Terres de femmes)
    le bain de diane [extrait du roman de diane, paru en mai 2013 aux éditions Rehauts]



    ■ Voir aussi ▼

    le site personnel de Sophie Loizeau
    → (dans Levure littéraire n° 7)
    un entretien de Sophie Loizeau avec Rodica Draghincescu
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique consacrée à Sophie Loizeau
    → (sur le site de l’écrivain Claude Ber)
    une bio-bibliographie de Sophie Loizeau
    → (sur le site des éditions L’Amandier)
    une bio-bibliographie de Sophie Loizeau



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  • Maria Luisa Spaziani | Notte marina

    «  Poésie d’un jour  »



    Maria Luisa Spaziani G
    Image, G.AdC







    NOTTE MARINA



    La mano, quella vergine radice.
    L’innocenza del graffio felino.

    Mezzaluna di zucchero dei denti
    nel rito di una notte senza luna.

    Quell’anca, conca di ciliegi in fiore.
    Il vento un secco brivido.

    Il buio capelvenere, lunetta
    sul bianco di una pagina sognata.
    (Verso che mi verrà.)

    Quel respiro, risacca dell’oceano.
    Il mio pietrisco umido scintilla.

    Sprofondare da immani scogliere
    Sbocciare in zone altissime.

    Fulminarsi toccando le stelle


    Maria Luisa Spaziani, Geometria del disordine, 1981, in Poesie 1954-2006, Arnoldo Mondadori editore, edizione Oscar Poesia del Novecento, dicembre 2010, pp. 217-218.








    NUIT MARINE


    La main, cette racine vierge.
    L’innocence d’une féline égratignure.

    Demi-lune de sucre des dents
    dans le rite d’une nuit sans lune.

    Cette hanche, ce val de cerisiers en fleurs.
    Le vent un bref frisson.

    L’obscur chèvrefeuille, petite lune
    sur le banc d’une page rêvée.
    (Un vers qui me viendra.)

    Cette respiration, ressac océanique.
    Mon lit de menus cailloux humide étincelle.

    Se précipiter de gigantesques rochers.
    Ressurgir en de très hautes régions.

    Se sentir foudroyé au toucher des étoiles.


    Maria Luisa Spaziani, « Geometria del disordine », in Promenades en poésie italienne contemporaine en 33 auteurs, anthologie établie par Hughes Labrusse, Renzo Milani, André Ughetto, Sud Domaine étranger, Marseille, 1984, page 218. Traduction d’André Ughetto.






    NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE


    Née le 7 décembre 1922 à Turin, Maria Luisa Spaziani a vécu à Rome et a été professeur de langue et de littérature allemande, puis de littérature française à l’Université de Messine. Présidente du Prix Montale et fondatrice en 2005 de l’Universitas Montaliana di Poesia, Maria Luisa Spaziani a publié de nombreux recueils de poésie : Le acque del sabato (1954), Il gong (1962), Utilità della memoria (1966), L’occhio del ciclone (1970), Transito con catene (1977), Geometria del disordine (1981, Prix Viareggio), La stella del libero arbitrio (1986), I fasti dell’ortica (1996), La traversata dell’oasi (2002), La luna è già alta (2006).

    Auteure du poème-roman Giovanna d’Arco (1990), Maria Luisa Spaziani fut également critique littéraire et traductrice. Parmi ses auteurs de prédilection figurent Ronsard, Racine, Goethe, Shakespeare, Marguerite Yourcenar, Michel Tournier.

    Maria Luisa Spaziani est morte à Rome le 30 juin 2014.







    MARIA LUISA SPAZIANI


    Maria-Luisa-Spaziani
    Source



    ■ Maria Luisa Spaziani
    sur Terres de femmes

    Parapsicologia (poème extrait de Transito con catene)



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur repubblica.it)
    une notice nécrologique sur Maria Luisa Spaziani
    → (sur rainews.it)
    une interview (en italien) de Maria Luisa Spaziani par Luigia Sorrentino (mai 2011)





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