Catégorie : Anthologie poétique « Poésie d’un jour »


  • Sandra Moussempès | Penny Prose

    «  Poésie d’un jour  »



    Penny a l-air heureuse.
    Ph., G.AdC






    PENNY PROSE


    Elle portait mon manteau
    Mes colliers mes bas et mes chaussures.
    Elle ne s’apercevait de rien.
    Elle regardait sa montre dorée en jouant avec ses cheveux verts.
    Elle passa devant moi sans rien remarquer, en voyant mes chaussures à ses pieds je soupirai.
    La porte était close.
    Il fallait passer par le premier étage, grimper à une échelle.
    La fille qui portait mon manteau commanda une bière.
    Je pensais qu’elle irait vomir dans les toilettes et qu’elle salirait mon manteau mais elle est restée assise toute la journée, les yeux scintillants.

    Je suis devant la cheminée, je me regarde dans le miroir.
    De l’autre côté, Penny me sourit, elle me dit de venir la rejoindre.
    Ses lèvres articulent des mots inaudibles.
    Je dessine sur le miroir un cercle rouge, je pose mes mains sur les siennes.
    Nous glissons toutes les deux le long des parois de verre.

    De la lumière entre dans la chambre, je dois me hâter.
    Penny a l’air heureuse.
    Ses cheveux virevoltent en boucles rousses derrière le tain.
    Elle continue de remuer les lèvres:
    VIENS! TRAVERSE LE MIROIR ET VIENS ME REJOINDRE !
    Elle prend une voix fluette. Elle a besoin de moi.
    Je lui lance un regard, je veux l’embrasser.
    Petite Penny, seule au loin dans ma chambre.
    Je crie de toutes mes forces:
    « ICI LE MONDE EST ENVOÛTÉ ! »
    Le feu dans la cheminée s’éteint, je franchis la frontière.


    Sandra Moussempès, Vestiges de fillette, Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, 1997, pp. 169-170.




    NOTE d’AP : Biographie des idylles [et non pas Biographie des voix extérieures, comme il est parfois mentionné] de Sandra Moussempès (Éditions de l’Attente, 2008) est disponible chez les libraires depuis l’automne 2008. Richard Blin a consacré une note de lecture à ce recueil dans le N° 97 (octobre 2008) du Matricule des Anges. Le 23 septembre 2009 est paru le septième recueil de Sandra Moussempès : Photogénie des ombres peintes, chez Flammarion/Poésie. Il comprend les deux recueils parus aux Éditions de l’Attente (Le seul jardin japonais à portée de vue [2005] et Biographie des idylles) et de nombreux inédits.






    SANDRA MOUSSEMPÈS


    Portrait_de_sandra_moussemps_ter
    Image, G.AdC



    ■ Sandra Moussempès
    sur Terres de femmes

    Vestiges de fillette (poème Psaume X [Emily B. (Autour de « Wuthering Heights »)] issu du même recueil)
    Photogénie des ombres peintes (note de lecture)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Une histoire naturelle



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site du cipM), une
    fiche bio-bibliographique sur Sandra Moussempès
    → (sur le site de la Mél, Maison des écrivains et de la littérature) une
    fiche bio-bibliographique de Sandra Moussempès par elle-même
    → (sur le site du Matricule des anges) un
    article de Xavier Person sur Vestiges de fillette



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  • Juan Gelman | el ángel de la tarde

    «  Poésie d’un jour  »




    Que nous fait-elle plus mal cette beaut-
    Julio Romero de Torres, Carmen de Cordoba
    Source






    EL ÁNGEL DE LA TARDE



    el ángel de la tarde
    se arrancaba las plumas
    y padecía en la cocina

    era silencio como
    tu voz o como lo que
    vuela en tu voz

    había dos mitades
    imperferctas dulcísimas
    devorándose a solas
    a espaldas a sollozos

    qué más nos duele esta hermosura?







    L’ANGE DU SOIR



    l’ange du soir
    s’arrachait les plumes
    et souffrait dans la cuisine

    il était silence comme
    ta voix ou comme ce qui
    vole dans ta voix

    il y avait deux moitiés
    imparfaites si douces
    se dévorant toutes seules
    de dos de sanglots

    que nous fait-elle plus mal cette beauté ?




    Juan Gelman, Rostros, 1963, extrait du recueil Cólera buey in Confluences poétiques N° 3, décembre 2008, pp. 68-69. Traduit de l’espagnol (Argentine) par Jean Portante.





    JUAN GELMAN


    Juan Gelman
    Source



    ■ Juan Gelman
    sur Terres de femmes

    Arte poética
    comentario XI (hadewijch)
    comentario XXXIII (san juan de la cruz)
    Vers le sud



    ■ Voir aussi ▼

    le blog de Juan Gelman






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  • Benoît Conort | De l’ombre et de sa nuit

    «  Poésie d’un jour  »




     la t-te pr-s du creux de l--paule -pouse sa forme.
    Aquatinte numérique originale, G.AdC







    DE L’OMBRE ET DE SA NUIT



    I


    il y a qui l’accompagne

    une ombre d’elle nue elle

    épouse sa forme toute sa forme

    une jambe jetée par-

    dessus le cœur

    et la tête

    près du creux

    de l’épaule épouse

    sa forme toute sa forme

    épouse une

    veine tressaille l’ombre son ob-

    jet aux mouvements liée

    aux mouvements                   l’ob-

    jet

    imperceptible                       &nbsp            de la phrase.




    Benoît Conort, De l’ombre et de sa nuit, Textes inédits, Revue Nu(e) 41, 2009, page 78.






    BENOÎT CONORT


    Benoît Conort
    Source




    ■ Benoît Conort
    sur Terres de femmes

    [sous une claie de roseaux] (extrait de Sortir)



    ■ Voir aussi ▼

    → (dans la poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Benoît Conort
    → (sur remue.net)
    La nuit du rhapsode : Benoît Conort





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  • Claude Esteban | Bleu, bleu surtout

    Topique : Bleu
    «  Poésie d’un jour  »


    Très loin dans mon souvenir- la trace des mots perdus . fen-tre- .bleu- bleu surtout.
    Ph., G.AdC







    BLEU, BLEU SURTOUT



    Ce matin, je ne voudrais écrire que la clarté du ciel et tous les mots qui me viennent en mémoire sont encore lourds de la nuit passée et me trahissent. On imagine les signes verbaux comme une sorte de réserve toujours disponible où l’on puise à son gré et qu’il ne reste donc qu’à les assembler avec plus ou moins de justesse, selon ses goûts et peut-être la force de son génie. Mais c’est ne rien savoir de la nature propre du langage, des énergies qui le traversent, de cette vie mystérieuse dont il est le réceptacle et qui ne s’accorde à nous que par instants. Car les mots, et les plus familiers, dès lors qu’on les sollicite à des fins précises, résistent et parfois se refusent. Ils ont mille façons surprises, et si nous feignons de l’ignorer et de poursuivre, ils nous entraînent alors dans leurs labyrinthes et nous abandonnent aux ports du silence. Je voulais dire seulement cette clarté du ciel, et, sans que je puisse en déterminer le motif, s’interpose, tel un écran, une myriade de notions noires. Et que brouillards, ténèbres, murailles, carapaces prennent le dessus, investissent mon esprit, paralysent mon désir d’écrire simplement la pure luminosité du ciel, et ce n’est que plus tard, quand j’aurai renoncé à ma tâche, que je discernerai, très loin dans mon souvenir, la trace des mots perdus : cristal, fenêtre, arbre, bruyère, bleu, bleu surtout.



    Claude Esteban, La Mort à distance, poèmes, Éditions Gallimard, Collection blanche, 2007, page 73.




    _____________________________________
    NOTE : ce 26 juillet est la date anniversaire de la naissance de Claude Esteban (mort à Paris le 10 avril 2006).






    CLAUDE ESTEBAN


    CLAUDE ESTEBAN



    ■ Claude Esteban
    sur Terres de femmes

    Les ronces m’ont déchiré
    un poème extrait du recueil La Mort à distance
    → (sur Semenoir)
    lire au soleil Claude Esteban…







    Yblue
    Source


    ■ Anthologie du bleu
    sur Terres de femmes


    Nicolas Charlet | La Trilogie du bleu
    Michèle Dujardin | Et bleu est je
    Claude Esteban | Bleu, bleu surtout
    Alain Freixe | Bleu plié au noir
    Olav H. Hauge | Le pays bleu
    Valère-Marie Marchand | Le Grand Bleu
    Jean-Michel Maulpoix, Une histoire de bleu
    Maddalena Rodriguez-Antoniotti, Bleu Conrad
    Dominique Sorrente | Je t’envoie ma chanson des jours bleus
    All blues
    → (Série Instables a cappella)
    Bleu plexiglas
    Bleu de Prusse
    → (Série Instables a cappella)
    Blues déjantés
    L’ombre portée du palmier bleu
    Plume de geai bleu
    → (Série Instables a cappella)
    Les sons cris du piano bleu
    2 janvier 1957 | Exposition Yves Klein à Milan





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  • Cole Swensen | Une expérience simple…

    «  Poésie d’un jour  »



    Le cours du temps diff-re d-une pi-ce - l-autre.
    Diptyque photographique, G.AdC







    UNE EXPÉRIENCE SIMPLE POUR VOIR
        SI QUELQUE CHOSE N’EST PLUS




    Si, là, maintenant, tu voulais l’atteindre,
    le pourrais-tu ? Le cours du temps diffère
    d’une pièce à l’autre.
    L’objet est là
    ou bien n’est pas
    tributaire de la lumière disponible.
    Aujourd’hui ne fait que répéter la forme.
    Dans le creux calme et chaud de l’heure
    le soir, en parachute ascensionnel.
    Quoiqu’ils disent,
    si seulement tu pressais les mains
    assez fort l’une contre l’autre
    les doigts reliés
    à un point précis du cerveau.




    Cole Swensen, in 49+I Nouveaux poètes américains, Un bureau sur l’Atlantique et Éditions Royaumont, 1991, page 260. Poèmes choisis par Emmanuel Hocquard et Claude Royet-Journoud. Traduction de Françoise de Laroque.






        Née en 1955 à Kentfield, près de San Francisco (Californie), Cole Swensen s’attache, dans son travail de création poétique, à « créer des ambiguités qui compromettent et/ou transgressent les limites de la signification des mots, du langage et du corps. Ces deux objectifs peuvent fusionner en dissolvant simultanément leurs limites, ouvrant et multipliant ainsi les capacités respectives de sens. »






    COLE SWENSEN


    Portrait de Cole Swensen
    Image, G.AdC




    ■ Cole Swensen
    sur Terres de femmes

    17 août 1427 | Cole Swensen, Première mention des Bohémiens en Europe
    12 octobre 1492 | Cole Swensen, Mort de Piero della Francesca
    L’acte du verre
    Le nôtre (lecture d’AP)
    If a garden of Numbers (extrait de Le nôtre)
    Une trilogie française (lecture de Nicolas Pesquès)



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes inédits de Cole Swensen dits par l’auteure
    → (sur Poezibao)
    une notice bio-bibliographique sur Cole Swensen ;
    → (sur en.Wikipedia)
    une notice sur Cole Swensen ;
    → (sur poets.org)
    plusieurs poèmes de Cole Swensen dits par l’auteure ;
    → (sur le site de Poetry Foundation)
    plusieurs poèmes de Cole Swensen dits par l’auteure ;
    → (sur YouTube)
    Cole Swensen : interview in The Continental Review





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  • Luis Mizón | L’exil

    «  Poésie d’un jour  »



    Je suis un murmure de la lumi-re
    Ph., G.AdC






    L’EXIL


    IV


    Je dissimule mon existence
    sous la forme timide du lichen
    de la méduse
    de ce qui pourrait être
    un regret vivant ou son contraire

    je nage dans l’eau profonde d’une grotte
    je suis un battement rouge dans le ciel
    la grossière lumière de l’aube
    me montre les sabres
    d’un tigre d’écume
    je nage dans la mer jusqu’à l’horizon

    je suis un murmure de la lumière
    je le sais
    un tremblement des mots
    une pierre vivante
    un œil à l’affût je le sais

    notre exil
    n’est point différent
    de celui des étoiles
    la parole qui nous sauve tombe
    toujours dans nos mains
    comme une pièce d’argent
    dans la main de l’enfant plongeur
    notre exil se referme
    comme les doigts de ma main sur la tienne.






    Sono  .la grossolana luce dell-alba
    Ph., G.AdC






    L’ESILIO


    IV


    Dissimulo la mia esistenza
    sotto la forma timida del lichene
    della medusa
    di ciò che potrebbe essere
    un rimpianto vivente o il suo contrario

    nuoto nell’ acqua profonda di una grotta
    sono un battito rosso nel cielo
    la grossolana luce dell’alba
    mi mostra le sciabole
    di una tigre di schiuma
    nuoto nel mare fino all’orizzonte

    sono un mormorio di luce
    lo so
    un tremito di parole
    una pietra vivente
    un occhio in agguato lo so

    il nostro esilio
    non è affatto diverso
    da quello delle stelle
    la parola che ci salva cade
    sempre nelle nostre mani
    come una moneta d’argento
    nella mano del bimbo tuffatore
    il nostro esilio si chiude
    come le dita della mano sulla tua.



    Luis Mizón, L’esilio, La casa del respiro [La Maison du souffle], Poesie, La Vita Felice, Milano, 2008, pp. 30-31-32. Traduzione dal francese di Mia Lecomte. Introduzione di Tahar Ben Jelloun.





    LUIS MIZÓN


    Luis Mizón
    Source



    ■ Luis Mizón
    sur Terres de femmes

    [Derrière la garde-robe]
    La Maison du souffle
    Un troupeau de vaguelettes



    ■ Voir aussi ▼

    → (dans la poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Luis Mizón





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  • Margherita Guidacci | Cumana

    «  Poésie d’un jour  »



    Michelangelo, La Sibilla Cumana
    Michelangelo Buonarroti, La Sibilla Cumana
    fresque, 375 x 380 cm
    Chapelle Sixtine, Rome
    Source






    CUMANA


    I


    (Deìfobe, si de stessa)
    Del vaticinare con le foglie



           Io nullo scrivo sulle foglie. Vi leggo
          quel che le foglie recano già scritto
          in sé, nelle intricate nervature
          simili a vene sul dorso della mano
          o linee incise nel palmo. Il mio sguardo,
          che segue il biforcarsi di vie segrete,
          coglie ad incroci turgidi di linfa
          i nodi del signifcato. Così
          si fa più chiaro il messaggio.
          Ma quella che tu chiedi, e che tu chiami
          la mia risposta, non è mia, e neppure
          è una risposta. È la vita che parla
          in ogni cosa viva, mentre passa
          verso la morte. Vi pongo di mio
          soltanto un giusto angolo di sguardo.
          E il calmo gesto con cui, dopo averle
          lungamente scrutate, affido al vento
          queste mie foglie, e il vento se le porta,
          esso solo compiendo
          per un diritto immemorabile
          il sussurrante vaticinio.




    Margherita Guidacci, Sibyllae, in Il buio e lo splendore, Milano, Garzanti, 1989; Le poesie, Le Lettere, Firenze, 1999, p. 422. A cura di Maura Del Serra.





    CUMAINE


    I


    De la divination par les feuilles



           Je n’écris rien sur les feuilles. Je lis
          ce qu’en elles déjà elles portent,
          en ces nervures embrouillées pareilles
          aux veines sur le dos de la main
          ou aux lignes gravées dans la paume. Mon regard
          qui suit la fourche de voies secrètes
          saisit aux intersections gonflées de sève
          les nœuds du sens. Ainsi
          le message se fait plus clair.
          Mais ce que tu attends de moi, et que tu nommes
          ma réponse, n’est pas à moi, et pas même
          une réponse. C’est la vie qui parle
          en chaque chose vivante cependant qu’elle s’avance
          vers la mort. De moi je n’y mets
          que l’angle juste du regard.
          Et, quand longuement j’ai scruté ces feuilles,
          le calme geste par lequel je les confie
          au vent, et le vent les emporte,
          lui seul proférant
          par un droit immémorial
          le souffle de la prophétie.




    Margherita Guidacci, Sibylles, suivi de Comment j’ai écrit Sibylles, Arfuyen, 1992, pp. 42-43. Traduit de l’italien par Gérard Pfister.






        ■ Margherita Guidacci
        sur Terres de femmes

    À l’hypothétique lecteur
    In corsa
    Tentation de saint Antoine
    19 juin 1992 | Mort de Margherita Guidacci (notice bio-bibliographique)
    → (dans la galerie Visages de femmes) le Portrait de Margherita Guidacci (+ un extrait de Neurosuite)






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  • Myriam Montoya | Je reviens au jardin de l’enfance

    «  Poésie d’un jour  »



    À son cadavre de tulle de danseuse épuisée
    Ph., G.AdC






    VUELVO AL JARDÍN DE LA INFANCIA



    Vuelvo al jardín de la infancia
    Al sexo de las flores

    A sus cavidades y filamentos
    A los secretos adentros
    que exploramos

    La persecución de una luna
    demasiado plena
    sitiaba nuestros pasos

    En la corola abrupta de la flor
    el ojo desmesurado
    capta el vértigo

    Vuelvo a la flor impúdica
    A su parpadear de mariposa
    Al líquido azúcar de su sépalo
    A su cadáver de tul
    de bailarina exhausta

    Vuelvo al celo de la flor
    Al batir de alas de la avispa
    A su veneno inyectado
    en el cerrojo de mi sangre







    JE REVIENS AU JARDIN DE L’ENFANCE



    Je reviens au jardin de l’enfance
    Au sexe des fleurs

    À leurs cavités leurs filaments
    Aux secrets du dedans
    que nous avons explorés

    La persécution d’une lune
    trop pleine
    assiégeait nos pas

    Dans la corolle abrupte de la fleur
    démesuré l’œil
    capte le vertige

    Je reviens à la fleur impudique
    À son clignement de papillon
    Au sucre liquide de son épaule
    À son cadavre de tulle
    de danseuse épuisée

    Je reviens au rut de la fleur
    Au frémissement de la guêpe
    Au venin qu’elle injecte
    dans le verrou de mon sang




    Myriam Montoya, Fleur de refus, Éditions des Forges/Éditions Phi, 2009, pp. 66-67. Traduit de l’espagnol (Colombie) par Stéphane Chaumet.





    MYRIAM MONTOYA

    MYRIAM Montoya
    D.R. Stéphane Chaumet
    Source



    ■ Myriam Montoya
    sur Terres de femmes

    Myriam Montoya/Bachue (+ notice bio-bibliographique)
    J’irai encore
    Sara
    → (dans la Galerie Visages de femmes) un
    Portrait de Myriam Montoya (+ un autre extrait du recueil Flor de rechazo/Fleur de refus)


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site du Festival Internacional de Poesía de Medellín) une
    note bio-bibliographique sur Myriam Montoya




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  • Judith Chavanne | Un rire quelque part

    «  Poésie d’un jour  »


    Ou dans un arbre
    Ph., G.AdC






    UN RIRE QUELQUE PART…


    Un rire quelque part à l’étage dans l’une des chambres,
    quelque chose de très doux
    comme un oiseau parfois roucoule dans la proximité.
    Plus terne même que la voix d’un oiseau
    logé sous le toit ou dans un arbre, et faible modulation ;
    comme l’écume d’une présence :
    un enfant lit seul dans le silence de l’hiver et d’une maison.
    Ou est-ce l’écume d’une relation ?
    Comme ces rires aussi, menus, échappés au sommeil
    — ainsi la résurgence à la profonde terre —,
    formés en cet autre espace qu’offre le rêve
    à qui peut nouer ici, renouer d’invisibles liens.


    Judith Chavanne, Un seul bruissement suivi de Les aînés, ceux qui les suivent, Le bois d’Orion, 2009, page 68.





    JUDITH CHAVANNE



    ■ Judith Chavanne
    sur Terres de femmes

    L’enfant était à venir
    Une goutte de vie



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Poésie maintenant)
    un autre poème de Judith Chavanne extrait d’Un seul bruissement
    → (sur Poezibao)
    une fiche bio-bibliographique






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  • Livane Pinet | Traces

    «  Poésie d’un jour  »



    Longtemps Pinet
    Ph., G.AdC







    TRACES



    Comme rêver se déchire
    vivre se déchire
    cabri des neiges
    laissant les traces de ses sabots nocturnes
    sous la voûte de la mémoire

    dans la paille plus faible
    le souffle plus court
    l’animal que rongent les vers
    fixe son œil à l’ampoule son étoile

    longtemps je tiens son nom
    de pierre dans mon poing serré

    longtemps
    le givre sur mon cœur
    noircit le jour

    j’attends un signe venu de la terre
    la verte marée du printemps
    pour — dans l’herbe et la lumière —
    laver mes mains — mes yeux — mes pieds —




    Livane Pinet, La Part d’ombre, La Dame d’Onze Heures, Isabelle Raviolo Éditions, 2009, page 41. Encres d’Isabelle Raviolo.



    LIVANE  PINET


    Livane Pinet
    Source




    ■ Livane Pinet
    sur Terres de femmes


    [Le soleil se rapprochait](extrait des Pierres filantes)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Poezibao)
    La Part d’ombre, de Livane Pinet (lecture de Sylvie Fabre G.)






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