Catégorie : Anthologie poétique « Poésie d’un jour »


  • Joë Bousquet | Passer

    «  Poésie d’un jour  »



    C’est par ton charme qu’une fille D’un corps ébauché par les cieux A formé la larme des villes
    Ph., G.AdC







    PASSER


    Enfance qui fus dans l’espace
    Un vol poursuivi jusqu’au soir
    J’appelle ton ombre à voix basse
    Avec la peur de te revoir

    Sœur en deuil de tes robes claires
    Ta fuite est l’oiseau bleu des jours
    Que de son chant fait la lumière
    Des gestes rêvés par l’amour

    C’est par ton charme qu’une fille
    D’un corps ébauché par les cieux
    A formé la larme des villes
    Qui s’illuminent dans ses yeux

    Et ce fut ton âme de rendre
    Mon doute plus que moi vivant
    Passerose aux ailes de cendre
    Qui m’ouvrais ton cœur dans le vent



    Joë Bousquet, La Connaissance du soir, Éditions Gallimard, 1947 ; Collection Poésie, 1981, page 65.






    JOË BOUSQUET


    Joë Bousquet




    ■ Joë Bousquet
    sur Terres de femmes

    11 septembre 1937 | Lettre de Joë Bousquet à Poisson d’or
    Décembre 1938 | Lettre de Joë Bousquet à Poisson d’or
    Serge Bonnery et Alain Freixe, Les Blessures de Joë Bousquet (lecture d’AP)



    ■ Voir aussi ▼

    André Rougier | Midis





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  • Sara Ventroni, Nel Gasometro

    «  Poésie d’un jour  »



    Ritratto romano di Sara Ventroni
    Image, G.AdC






    VII. Tutto Nel Gasometro, niente fuori dal Gasometro. Ero nata nell’era del crollo dei gasometri.


    « Il Gasometro non è uguale a nient’altro, assomiglia solo a se stesso, anche se tutto può assomigliare a un gasometro. Chi è preda di un gasometro cerca di stabilire la natura, la forma e la finalità. Chi è preda di un gasometro si identifica totalmente con esso. Come Achab, come Ismael.

         Credo in un solo Gasometro,
         Unigenito figlio del Gasometro, nato dal Gasometro
         della stessa sostanza del Gasometro
         Il Gasometro quest’anno vince lo scudetto
         Mi piacciono solo i gasometri imparisillabi
         Nanni Balestrini è proprio un bel Gasometro
         La teoria del Gasometro ha cambiato la nostra epoca
         Ho la tessera del Gasometro
         Non ci sono più i gasometri di una volta
         Il Gasometro vero è quello che dura nel tempo
         Fedeli al Gasometro, nei secoli
         Al Gasometro Ignoto
         Hanno ucciso in nome del Gasometro
         Quando sei nato? Di che Gasometro sei?
         Quest’estate vado in vacanza nel Gasometro
         Sono Gasometro ascendente Gasometro
         Ha vinto l’Oscar come miglio Gasometro
         Spezziamo le reni al Gasometro
         Sono sceso in campo per salvare il Gasometro
         O con il Gasometro o contro il Gasometro
         Via del Gasometro, subito !
         Questa stanza puzz di Gasometro
         Un uomo che spara al Gasometro
         Si sono sposati in un bel Gasometro di campagna
         Fate l’amore con il Gasometro
         Ho paura di prendere il Gasometro
         Mi faccio un bel Gasometro caldo
         I ribelli si sono rifugiati nel Gasometro
         Il Gasometro confina con
         Mio figlio è un dottore in Gasometro
         Non mi vergogno del mio Gasometro
         Il Gasometro è vietato ai minori di dodici anni
         Oggi la maestra ha spiegato il Gasometro
         Per il Gasometro farei qualsiasi cosa
         Il Gasometro è moi e lo gestisco io
         Non sanno a che Gasometro appellarsi
         E’ entrato nel tunnel del Gasometro
         Gasometro sì, gasometro no
         Non ci sono molti gasometri in regola
         Hanno dato il Nobel al Gasometro
         Fai bene a non fidarti del Gasometro
         Il Gasometro è senza fine
         E finiamola con questo Gasometro »


    Sara Ventroni, « Le premesse ― conte philosophique ― 1996-2006 » in Nel Gasometro, Casa Editrice Le Lettere, Collana Fuori Formato diretta da Andrea Cortellessa, 2006, pp. 119-120-121. Postfazione a cura di Aldo Nove





    Hanno dato il Nobel al Gasometro (Sara Ventroni)
    Image, G.AdC





    VII. Tout Dans Le Gazomètre, rien en dehors du Gazomètre. Je nacquis dans l’ère de l’effondrement des gazomètres.

    Le Gazomètre n’est égal à rien d’autre, il ressemble seulement à lui-même, même si tout peut ressembler à un gazomètre. Celui qui est la proie d’un gazomètre cherche à en établir la nature, la forme, la finalité. Celui qui est la proie d’un gazomètre s’identifie totalement à lui. Comme Achab, comme Ismaël.

         Je crois en un seul Gazomètre,
         Fils unique du Gazomètre, né du Gazomètre
         De la même substance que le Gazomètre
         Cette année le Gazomètre a remporté le championnat
         Je n’aime que les gazomètres imparisyllabiques
         Nanni Balestrini est vraiment un beau Gazomètre
         La théorie du Gazomètre a changé notre époque
         J’ai la carte du Gazomètre
         Les gazomètres d’avant n’existent plus
         Le vrai gazomètre est celui qui dure longtemps
         Fidèles au Gazomètre, dans les siècles des siècles
         Au Gazomètre Inconnu
         Ils ont tué au nom du Gazomètre
         Quand es-tu né ? De quel Gazomètre es-tu ?
         Cet été je vais en vacances dans le Gazomètre
         Je suis Gazomètre ascendant Gazomètre
         A remporté l’Oscar comme meilleur Gazomètre
         Brisons les reins du Gazomètre
         Je suis descendu sur le champ pour sauver le Gazomètre
         Ou bien avec le Gazomètre ou bien contre le Gazomètre
         Rue du Gazomètre, tout de suite !
         Cette pièce pue le Gazomètre
         Un homme qui tire au Gazomètre
         Ils se sont mariés dans un beau Gazomètre de campagne
         Faites l’amour avec le Gazomètre
         J’ai peur de prendre le Gazomètre
         Je me fais un beau Gazomètre chaud
         Les rebelles se sont réfugiés dans le Gazomètre
         Le Gazomètre confine avec
         Mon fils est docteur en Gazomètre
         Je n’ai pas honte de mon Gazomètre
         Le Gazomètre est interdit aux mineurs de moins de douze ans
         Aujourd’hui la maîtresse a expliqué le Gazomètre
         Pour le Gazomètre je ferais n’importe quoi
         Le Gazomètre est à moi et c’est moi qui le gère
         Ils ne savent pas à quel Gazomètre se vouer
         Il est entré dans le tunnel du Gazomètre
         Je paie la mutuelle du Gazomètre
         Oui au Gazomètre, non au Gazomètre
         Il n’y a pas beaucoup de gazomètres en règle
         Ils ont donné le Nobel au Gazomètre
         Tu fais bien de ne pas avoir confiance dans le Gazomètre
         Le Gazomètre est sans fin
         Et finissons-en avec le Gazomètre

    Traduction inédite d’Angèle Paoli






    NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE


         Sara Ventroni est née le 18 décembre 1974 à Rome, où elle vit. Elle a publié dans de nombreuses revues et journaux (Sedici96, Nuovi argomenti, L’Immaginazione, Accattone, L’Apostrofo, Carta, Jazzit…) ; elle collabore aussi à Liberazione et à Foglio.
         En tant que performer, elle a participé aux plus grands festivals nationaux et internationaux de littérature et de jazz. Elle a remporté en 2001 le premier « Poetry Slam » italien et a collaboré avec des musiciens comme Alberto Mandarini, Canio Lo Guercio, Luigi Cinque, Paolo Fresu et Maria Pia De Vito.
         Ses textes (Clarissa e altre poesia, Nuovi Materiali, 1998 ; Diario di viaggio-Acquatica, Il Ponte Vecchio, 2000, …) ont été traduits en espagnol par Isabel Miguel, en anglais par Alistair Elliot, en français par Dominique Garand (revue Exit, n°40, Montréal, 2005) et le CIRCE, et en croate par Snježana Husič. Sara Ventroni a raconté (pour Rai Radio Tre) la vie de Jim Morrison et de David Bowie (Storyville), écrit (pour Rai Radio Due) le scénario Chi fa la spia (mise en scène de Gabriele Vacis). En 2005, elle a publié chez No Reply l’œuvre théâtrale Salomè.
        En 2006, la maison d’édition florentine Le Lettere a publié son dernier livre de poésie Nel Gasometro, finaliste du prix Antonio Delfini et, en 2007, du Prix Napoli, aux côtés d’Antonella Anedda [Dal balcone del corpo] et de Nico Naldini [I confini del paradiso].






    SARA VENTRONI


    Sara Ventroni
    Ph. © Dino Ignani – Tous droits réservés
    Source





    ■ Voir | écouter aussi ▼



    → (sur le site de Vertigine Edizioni)
    une interview (en italien) de Sara Ventroni par Rossano Astremo
    → (sur Lyrikline)
    onze poèmes de Sara Ventroni dits par elle-même






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  • Jean-Pierre Lemaire | Giotto

    «  Poésie d’un jour  »



    Giotto, Crucifixion,1303-1306, Fresque 200 x 185 cm, Chapelle Scrovegni, Eglise de l'Arena, Padoue
    Source







    GIOTTO



    Crucifié dans le bleu,
    cerné de douceur,
    source de douceur.

    Les bourreaux s’y baignent
    sans lever les yeux
    comme des étrangers.

    La mère douloureuse
    et les saintes femmes
    bouche ouverte, en défaillent.

    Les anges recueillent
    le sang de ses mains,
    le sang de son cœur.

    Marie-Madeleine
    lui baise les pieds
    et moi, plus bas encore,

    enterré sous la croix
    j’attends de renaître
    avec les os d’Adam.



    Jean-Pierre Lemaire, L’Intérieur du monde, Cheyne éditeur, 2002 ; rééd. 2007, pp. 50-51.






    Jean-Pierre Lemaire, L'Intérieur du monde






    JEAN-PIERRE LEMAIRE


    Jeanpierre-lemaire
    Source




    Jean-Pierre Lemaire est né le 18 août 1948 à Sallanches (Haute-Savoie). Il a été professeur de lettres en classes préparatoires au lycée Henri-IV (Paris) et au lycée Sainte-Marie-de-Neuilly. Depuis son premier livre, Les Marges du jour, publié chez La Dogana en 1981 (rééd. 2011 ; postface de Philippe Jaccottet), Jean-Pierre Lemaire a publié sept recueils chez Gallimard, dont L’Exode et la Nuée suivi de La Pierre à voix (1982), Visitation (prix Max-Jacob 1985), L’Annonciade (1997), Figure humaine (2008) et Faire place (2013), et un essai chez Bayard : Marcher dans la neige – Un parcours en poésie (2008). Il a reçu en 1994 le Grand Prix du Mont-Saint-Michel et, en 1999, le Grand Prix de poésie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. En juin 2015, la revue Nunc (n° 36) a consacré un important dossier à Jean-Pierre Lemaire. Vient de paraître (février 2016) : Le Pays derrière les larmes (poèmes choisis, collection Poésie/Gallimard).




    ■ Jean-Pierre Lemaire
    sur Terres de femmes

    [La terre est invisible] (autre poème extrait de L’Intérieur du monde)
    [Pendant la tempête](poème extrait des Marges du jour)
    [Ne te hâte pas de regagner la surface] (poème extrait de Visitation)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Recours au Poème)
    cinq poèmes de Jean-Pierre Lemaire
    → (sur e-litterature.net)
    une lecture de L’Intérieur du monde par Françoise Urban-Menninger






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  • Álvaro Mutis | Sonate (2)

    «  Poésie d’un jour  »


    SONATA (2)


    Por los árboles quemados después de la tormenta.
    Por las lodosas aguas del delta.
    Por lo que hay de persistente en cada día.
    Por el alba de las oraciones.
    Por lo que tienen ciertas hojas
    en sus venas color de agua
    profunda y en sombra.
    Por el recuerdo de esa breve felicidad
    ya olvidada
    y que fuera alimento de tantos años sin nombre.
    Por tu voz de ronca madreperla.
    Por tus noches por las que pasa la vida
    en un galope de sangre y sueño
    Por lo que eres ahora para mí.
    Por lo que serás en el desorden de la muerte.
    Por eso te guardo a mi lado
    como la sombra de una ilusoria esperanza.


    Álvaro Mutis, Los trabajos perdidos, Era, Mexico, 1965.






    Pour cela je te garde à mon côté comme l'ombre d'un illusoire espoir.
    Ph., G.AdC







    SONATE (2)


    Pour les arbres brûlés après la tourmente.
    Pour les eaux boueuses du delta.
    Pour ce qui demeure de chaque jour.
    Pour le petit matin des prières.
    Pour ce que recèlent certaines feuilles
    dans leurs veines couleur d’eau
    profonde et sombre.
    Pour le souvenir de ce bonheur bref
    et déjà oublié
    qui fut mon aliment de tant d’années sans nom.
    Pour ta voix de nacre rauque.
    Pour tes nuits où transite la vie
    en un galop de sang et de rêve.
    Pour ce que tu es aujourd’hui pour moi.
    Pour ce que tu seras dans le tumulte de la mort.
    Pour cela je te garde à mon côté
    comme l’ombre d’un illusoire espoir.


    Álvaro Mutis, Les Travaux perdus in Et comme disait Maqroll el Gaviero, Éditions Gallimard, Collection Poésie, 2008, page 118. Traduction de François Maspero.






    ÁLVARO MUTIS


    Álvaro Mutis
    Source



    ■ Álvaro Mutis
    sur Terres de femmes

    25 août 1923 | Naissance d’Álvaro Mutis



    ■ Voir/écouter aussi ▼

    → (sur Palabra Virtual)
    Álvaro Mutis disant à voix haute la troisième « Sonate » du recueil Les Travaux perdus (op. cit. supra, pp. 120-121) : « Sais-tu ce qui t’attendait après ces trois arpèges de la harpe qui t’appelaient d’un autre temps et d’autres jours ? […] »
    → (sur A media voz)
    d’autres poèmes d’Álvaro Mutis dont la Sonate [1] dite par Álvaro Mutis => ICI : « Cette fois encore le temps t’a ramenée/dans mes rêves funèbres. […] » (op. cit. ibid., page 113)
    → (sur books.google.com)
    Summa de Maqroll el Gaviero (1948-1970)
    → (sur ClubCultura.com)
    une page (en espagnol) sur Álvaro Mutis





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  • Anouk Guiné, Voz nuda

    «  Poésie d’un jour  »




    A Coruňa,
    Desperté con el alma
    surcada di te

    Agua dulce de mar
    acristalada en la piel

    Quiero bocas marinas que formen
    el istmo donde te espero



    À Coruňa,
    Je me suis réveillée
    l’âme sillonnée de toi

    Eau douce de mer
    cristalline dans la peau

    Je veux des bouches marines
    pour former l’isthme où je t’attends



                                                                      À Anne Sexton






    Anne Sexton






    Vena de dulces tinieblas
    donde el ojo perdido
    en el génesis del alba
    vistio de nostalgia
    la clavicula del deseo



    Veine de douces ténèbres
    où l’œil perdu
    dans la genèse de l’aube
    a vêtu de nostalgie
    la clavicule du désir





                                                    (Recorrí albas de papel
                                                    sun línea donde
                                                    acostarte en mí)



                                                    (J’ai parcouru des aubes de papier
                                                    sans savoir où
                                                    t’allonger en moi)






    Seguí tu sentir
    hasta la vena más insolente
    de un cuerpo desarmado
    que nos hizo
    flor de miel



    J’ai suivi ton sentiment
    jusqu’à la veine insolente
    d’un corps désarmé
    qui fit de nous
    la fleur de miel





    Pizarnik






    No es más que la vida
    llevándote desnuda
    por el silencio
    de ojos solos

    Fragmentos de mí
    al alba



    Ce n’est que la vie
    te transportant nue
    vers le silence
    de regards solitaires

    Fragments de mon être
    à l’aube


                                                          À A. Pizarnik



    Anouk Guiné, Voz nuda/Voix nue (édition bilingue), Editorial El Propio Bolsillo, Collection El Tambor Arlequín, Medellín, Colombie, 2004, pp. 32-33-34-35.






    NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE


        Née le 23 mai 1967 à Biarritz (Pays Basque), Anouk Guiné est pianiste de formation. Elle a suivi des études anglophones à Paris, a vécu trois ans à Trieste (Italie) et a enseigné plusieurs langues étrangères en Amérique Latine (Pérou, Brésil) pendant cinq ans. Formée en « Genre et Développement » au département de sociologie de l’Université Catholique du Pérou (Lima), elle a travaillé dans plusieurs ONGs de ce pays dans les années 1990.

        Ses études doctorales ont eu lieu à l’Université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand où, en 2005, elle a soutenu une thèse en Études de Genre et Études Britanniques (Multiculturalisms and Women’s Rights: Female Genital Mutilation in Great Britain).

        En 2006, elle a enseigné au département de Sciences Politiques de la New School for Social Research (NYC, USA), puis en 2007, à l’Université Pour la Paix (Nations Unies), Costa Rica. Depuis 2009, elle est Maître de Conférences à la Faculté des Affaires Internationales de l’Université du Havre, ainsi que chercheuse associée à l’INED (Paris). Anouk Guiné est aussi consultante en Genre et Développement auprès d’organismes internationaux.

        Voix nue/Voz Nuda est son premier ouvrage de poésie. Son deuxième livre, La Chair de ton ombre/La piel de tu sombra, sera publié prochainement. Elle a également publié des poèmes, textes en prose et critiques littéraires dans les revues Poésie 1 (Paris), La Otra Ribera (Paris), Universo Latino (Paris), Sieteculebras (Cuzco), et Oficial El Peruano (Lima).





    ■ Voir aussi ▼

    le site personnel d’Anouk Guiné
    → (sur le site de Letralia, Tierra de Letras, la revue des écrivains hispano-américains)
    un article (en espagnol) de Mario Wong sur Voz nuda
    → (sur Terres de femmes)
    Alejandra Pizarnik | Œuvre poétique
    → (sur Terres de femmes)
    Anne Sexton | Elisa Biagini | Due mani… Due voci



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  • André Velter | Sur un thème de Walt Whitman

    «  Poésie d’un jour  »



    Je suis dans l'éternelle errance avec ce qui restera toujours de lumière
    Image, G.AdC







    SUR UN THÈME DE WALT WHITMAN (EXTRAIT)

    À François Chaumette



         J’avance au-dedans de moi et me voilà très au-delà,
         déjà largué plus loin que la mémoire, plus loin que ce que je vois
         comme un amnésique aux yeux éblouis qui filerait droit en dansant
         sur la ligne d’infini où la peau et les os s’accordent un vrai baiser de sable.

         Ce n’est pas rien d’être ce mouvement violent aux lèvres du néant,
         pas rien de changer le requiem de l’âme en murmure d’or et de poussière,
         en facéties d’atomes, en feulement d’herbes, de flammes ou de pierres,
         pas rien d’échapper au corps du grand repos.

         (Tout est ici maintenant et dans la suite des âges intensité de cri naissant,
         ferveur et étreinte, ciel et fusion, tension d’amant, partage secret de l’impossible…
         Tout est cette mort qui s’efface
         quand vient un amour face à face.)

         Je suis dans l’éternelle errance avec ce qui restera toujours de lumière,
         de source de feu toujours
         et de fille cavalière.
         Je suis dans l’éternel présent, dans l’offrande du sol, des nerfs, des caresses,
         dans l’éloge des visages égarés, transparents,
         dans le rire à pleines dents d’une vertu cannibale bien plus que cardinale,
         dans la beauté du réel absolu qui fut soif des songes
         et dans le midi du monde.

         Je me trouve quand je me perds,
         quand je vis sur le départ, l’arête vive du premier pas, l’envol de l’éphémère.
         Je ne balance pas, je bascule,
         je plonge dans le lait de l’aube, sous les braises du soir, avec la même impatience de jour ou de nuit.

         (Tout m’est éclat et éclair, archipel et steppe immense, bris de clôture, bris d’épaves, bris de brisures…
         J’assemble ce qui me disperse, je sème ce qui ne donnera pas de fruit,
         je veux jouir d’une eau aride, d’une terre sans freins ni frontières
         jouer de la vitesse de mes visions
         en connaissant l’extase douce
         d’un cavalier qui ralentit l’allure
         à mesure que monte le soleil face à face.) […]


    André Velter, Du Gange à Zanzibar, Gallimard, 1993, in Anthologie de la poésie française du XXe siècle, tome II, Gallimard, Collection Poésie, 2000, pp. 608-609.





    NOTE : le Prix des Découvreurs 2008 vient d’être attribué à André Velter pour L’Amour extrême. Poèmes pour Chantal Mauduit, Gallimard, Collection blanche, 2000 (Gallimard, Collection Poésie, février 2007). Ce prix, décerné cette année encore par un jury de plusieurs centaines de lycéens répartis dans toute la France, bénéficie du soutien officiel de l’Éducation nationale, du ministère de la Culture et de l’association du Printemps des Poètes. Il a été fondé en 1995, à la demande de la ville de Boulogne-sur-Mer, à partir d’une proposition de Georges Guillain, poète et collaborateur de La Quinzaine littéraire.
        La remise officielle du prix se fera à Boulogne-sur-Mer le 6 février prochain à 17h00, à la Bibliothèque Municipale, dans le cadre des Journées de la Critique.
        Pour en savoir plus, consultez le site officiel du Prix.





    ANDRÉ VELTER


    André Velter


    ■ André Velter
    sur Terres de femmes

    Comment jeter un regard neuf
    Nocturne (poème extrait des Solitudes)
    Quelque tendresse que


    ■ Voir aussi ▼

    le site personnel d’André Velter
    → (sur Terres de femmes)
    Walt Whitman | Fureur amoureuse
    Rubén Darío | Walt Whitman



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  • Octavio Paz | Certitude

    «  Poésie d’un jour  »



    D'un mot à l'autre ce que je dis s'évanouit.
    Ph., G.AdC






    CERTEZA


    Si es real la luz blanca
    de esta lámpara, real
    la mano que escribe, ¿son reales
    los ojos que miran lo escrito?

    De una palabra a la otra
    lo que digo se desvanece.
    Yo sé que estoy vivo
    entre dos paréntesis.






    CERTITUDE


    Si réelle est la blanche lumière
    de cette lampe, réelle
    la main qui écrit, sont-ils réels
    les yeux qui regardent ce qui est écrit ?

    D’un mot à l’autre
    ce que je dis s’évanouit.
    Je sais que je suis vivant
    entre deux parenthèses.


    Octavio Paz, Jours ouvrables [Días hábiles] (1958-1961), Œuvres, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2008, page 209. Traduction par Yesé Amory et Jean-Claude Masson.






    OCTAVIO PAZ

    Octavio Paz
    Source



    ■ Octavio Paz
    sur Terres de femmes

    Árbol adentro
    31 mars 1914 | Naissance d’Octavio Paz



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur books.google.com)
    The Collected Poems of Octavio Paz, edited by Eliot Weinberger



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  • James Sacré | Je t’aime. On n’entend rien

    «  Poésie d’un jour  »


    Par le chas du temps ?
    Ph., G.AdC





    Geste parlé
    Je t’aime. On n’entend rien




    Parfois le mot aimer convient,
    On le sait sans pouvoir se l’expliquer.
    Il semble que cela emporte où c’est comme plus rien
    Comme plus rien mais pourtant
    Le plus solide contentement.
    Ni désastre ni parousie, on ne saurait pas dire
    Ni rien ni tout ni l’insignifiance,
    On n’a que deux mots donnés tout entiers : je t’aime ;
    Ou des formules qui sont
    Des forces de ruine et d’enchantement
    Qu’on s’imagine être des poèmes.

    Dire « je t’aime » tout bêtement s’allonge.
    Mais ça qui encombre fait aussi du bien.

    Je t’aime dit tout le présent que voilà :
    Juste un vers pour commencer un poème
    Qui va d’un instant l’autre. S’il vraiment passe
    (On voit mal comment)
    Par le chas du temps ?

    Le présent décousu, rien : je t’aime.




    James Sacré, Un paradis de poussières, André Dimanche Éditeur, 2007, pp. 113-115.






    JAMES SACRÉ


    James Sacré par le photographe Olivier Roller
    Ph. © olivier roller
    Source





    ■ James Sacré
    sur Terres de femmes

    [Dans la pointe exiguë d’un pays qui est de la campagne] (extrait d’Écrire pour t’aimer)
    [Il y a le menhir] (extrait d’Et parier que dedans se donne aussi la beauté)
    Le paysage est sans légende (lecture de Tristan Hordé)
    Dans le format de la page (extrait de Le paysage est sans légende)
    Figure 42 (poème extrait de Figures qui bougent un peu)
    Le désir échappe à mon poème
    Parfois
    James Sacré, Lorand Gaspar | Dans les yeux d’une femme bédouine qui regarde



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur remue.net)
    James Sacré/Un paradis de poussières (article de Jacques Josse)
    → (sur le site de Jean-Michel Maulpoix)
    un article de James Sacré (« Une boulange de lyrisme critique »), texte paru dans la revue Le Nouveau Recueil (éditions Champ Vallon)
    → (sur Terres de femmes)
    | rouge | (Angèle Paoli)





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  • Béatrice Bonhomme | Sauvages

    «  Poésie d’un jour  »



    ma délicate éparpillée secrète dans l’éclatement bleu foncé d’une jouissance
    Aquatinte numérique originale, G.AdC






    SAUVAGES


    Tu demeures sur les ailes blondies
    de la mer, ma délicate, dont
    l’humble jouissance éparpille
    les étoiles
    mendiant d’amour posé sur le
    cœur gros des tournesols
    le visage écarté en cœur de soleil ou de chagrin
    tu ouvres la bouche la mer
    sur ta secrète jouissance

    Tu demeures posée sur les contreforts du rêve
    j’ai longtemps attendu ton espace
    l’espace de ton corps qui emplit
    le silence,
    un plein dans un creux
    un en-creux
    Tu reposes désormais sur les
    tombes des contreforts
    ma délicate éparpillée secrète dans
    l’éclatement bleu foncé d’une jouissance […]

    je n’ai jamais pleuré ta mort
    qu’aujourd’hui le temps des larmes,
    allongée sur la tombe de ton enfance
    tu reposes
    à la fenêtre ouvre les bras
    ma tendre, ma délicate
    ma jouissance éparpillée sur les
    tombes de ton silence



    Béatrice Bonhomme, I. L’Embellie. Sauvages (1996), éd. Moires, 1997, in Poumon d’oiseau éphémère, Poèmes 1996-2001, Melis Editions, 2004, pp. 14-18. Poème sélectionné par le Calendrier de la poésie francophone 2008 (anthologie. Choix de Shafiq Naz), Alhambra Publishing, 2007, page 254.





    BÉATRICE  BONHOMME


    Béatrice Bonhomme
    D.R. Ph. Laurent Bourdelas




    ■ Béatrice Bonhomme
    sur Terres de femmes

    Tharros (extrait des Boxeurs de l’absurde)
    Mutilation d’arbre (lecture d’AP)
    Le pacte des mots
    Passage du passereau
    [Les petits chevaux de Tarquinia]
    Poumon d’oiseau éphémère
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Béatrice Bonhomme-Villani par Guidu Antonietti di Cinarca, un poème extrait de Poumon d’oiseau éphémère et l’excipit de Mutilation d’arbre
    T’écrire adolescent
    La terre rouge
    Tes nuits sont devenues mes jours
    Variations du visage & de la rose (lecture de France Burghelle Rey)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Un lacis de sang et d’ombre



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Terres de femmes)
    Kaléidoscope d’Enfances
    → (sur Wikipedia)
    une belle bio-bibliographie de Béatrice Bonhomme
    → (sur Terres de femmes)
    La rencontre Hölderlin-Jouve-Klossowski par Béatrice Bonhomme et Jean-Paul Louis-Lambert
    → (sur le site de la Revue d’art et de littérature, musique)
    un entretien de Rodica Draghincescu avec Béatrice Bonhomme (Numéro 45 – décembre 2008)
    → (sur Gattivi ochja)
    un poème de Béatrice Bonhomme (également extrait de Poumon d’oiseau éphémère) traduit en corse par Stefanu Cesari





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  • Corse_3 Jean-François Agostini | Di visu à u muru

    «  Poésie d’un jour  »


    Périmètre instable
    Ph., G.AdC





    FACE AU MUR


    Face au mur
                           Délogé le tableau thaumaturge
    reste visible             par la trace de son cadre
    (graphisme ingénu     de ce périmètre instable
                       s’y insinue la possibilité d’un lien)
    Une araignée pendule  au bout de son fil rouge
    Le dessein de sa toile    des pattes de mouche
    De cimaise à plancher
                                         les chimères du clou



    Jean-François Agostini, Era ora, éditions Les Presses Littéraires, 66240 Saint-Estève, 2008, s.f. Illustré par Gérôme Fricker.






    I sonnia di u chjodu
    Ph., G.AdC





    DI VISU À U MURU


    Di visu à u muru
                                       Dilughjata a pintura maga
    si pò sempri veda       par a vistica di u so quadru
    (grafismu svisceratu         d’issu cuntornu instabili)
                              s’intruduci u mezu d’un vinculu)
    Un ragnu pinghjulieghja   in punta à u so filu rossu
    U prughjettu di a so tela                    macacciona
    Di cimarri à sulaghja
                                               i sonnia di u chjodu



    Traduction en corse inédite de Nurbertu Paganelli


    Note d’Angèle. Ghjennaghju 2009 : Nurbertu Paganelli hà vintu u primu premiu di u cuncorsu di puisii « Lungoni » in Santa Teresa di Gallura (sessioni lingua corsa).





    ■ Jean-François Agostini
    sur Terres de femmes

    JFA | Haïku
    Nager… (+ notice bio-bibliographique)
    [Décembre]
    [Un bruit de chaîne court sur la mer]



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site Poésie française)
    quelques poèmes de Jean-François Agostini
    → (sur le site de la Revue d’art et de littérature, musique, Numéro 45 – décembre 2008)
    d’autres poèmes de Jean-François Agostini
    → (sur Levure littéraire n° 1)
    plusieurs poèmes de Jean-François Agostini
    → (sur la revue numérique de littérature Secousse, Cinquième Secousse, Éditions Obsidiane, octobre 2011)
    En déplaçant l’échelle (quatre poèmes de Jean-François Agostini)
    → (sur Terres de femmes)
    Angèle Paoli | À l’aplomb du mur blanc





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