Catégorie : Anthologie poétique « Poésie d’un jour »


  • Martin Ziegler | moments

    «  Poésie d’un jour  »



    Sans énigme où aller
    Aquatinte numérique, G.AdC





    moments
                 dont le silence
                 sécrète
    d’obscur
    seulement des lèvres
    de terre

    sans énigme où aller
    et nulle herbe

    ni lueur dans les creux
    où sur les pentes par la neige
    se reflèterait le ciel
                 où brisé
    par ce qu’elle recouvre

    ni par la grive appelée
    vers la lumière
    du soir
    par l’obscur




    Martin Ziegler, Chemins à fleur autrement blancs, Éditions L. Mauguin, 2000, s.f.





    ■ Martin Ziegler
    sur Terres de femmes

    écrire la mère vide (extrait de Foery)
    depuis seul
    Notes Laura Fiori de Martin Ziegler, par Déborah Heissler
    Pan de route rompue (extrait de Notes Laura Fiori)
    Ô ter abcède de Martin Ziegler, par Déborah Heissler


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Terres de femmes)
    Laurence Mauguin | Libre parole
    → (sur Espaces Libres)
    Impressions après lecture, par Xavier Jardin
    → (sur Gattivi Ochja, le blog de Stefanu Cesari) un
    autre poème de Martin Ziegler, extrait du recueil Chemins à fleur autrement blancs [ce poème est aussi traduit en corse par Stefanu Cesari]



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  • Antonella Anedda | novembre, notte

    «  Poésie d’un jour  »



    Due diversi bagliori senza luce
    Ph., G.AdC







    NOVEMBRE, NOTTE


    « Perfino adesso vedo un gesto nuziale
    dopo l’immensa distanza di questa estate lenta
    nelle’arco dei suoi steli amari
    dopo gli anni che in avanti
    hanno sbarrato l’amore perché non si perdesse
    fino a perderlo attutito contro l’erba.

    Oggi è una notte di pioggia.
    Possiamo traversarla in due diversi bagliori senza luce
    dire, toccando il gelido bordo di un bicchiere
    che tanta lontananza non è stata un errore
    se ha cinto e sciolto segretamente
    ogni irreale desiderio. »


    Antonella Anedda, Notturni, Notti di pace occidentale, Donzelli Poesia, 2001, pagina 59.






    NOVEMBRE, NUIT


    « Même maintenant je vois un geste nuptial
    après l’immense distance de cet été lent
    dans la courbe de ses tiges amères
    après les années qui au-devant d’elles
    ont barré l’amour pour qu’il ne se perde
    jusqu’à le perdre assourdi contre l’herbe.

    Aujourd’hui c’est une nuit de pluie.
    Nous pouvons la traverser selon deux lueurs diverses sans lumière
    dire, en touchant le bord gelé d’un verre
    que tant d’éloignement n’a pas été une erreur
    s’il a ceint et dissipé secrètement
    tout désir irréel. »


    Antonella Anedda, Nocturnes, Nuits de paix occidentale, in Les Cahiers de poésie-rencontres, « Écritures de femmes », n° 49-50, page 23. Traduction de Marcu Porcu.







    NUITS DE PAIX OCCIDENTALE


        « La force d’un livre comme Nuits de paix occidentale semble tenir à une tension toujours renouvelée entre un souci de réserve pudique, de loyale retenue, où le chant révèle sa part d’ombre et de silence, et un élan profond, une ardeur immédiate dans le don de soi, dans l’incandescente offrande de parole. Si les poèmes d’Antonella Anedda font penser à un tissu sans couture, mais brûlé ou lacéré par endroits, c’est qu’ils font place à la fois à la scène de l’intime et à la scène de l’Histoire, à l’élégie et à la tragédie, à la force nue de l’amour et aux forces armées de la violence. Leur modulation, idéalement continue et pérenne, n’en est pas moins soumise à d’implacables déchirures par la contingence ou les terribles lois de nécessité. »


    Jean-Baptiste Para, « Basse Lumière », avant-propos de Antonella Anedda, Nuits de paix occidentale, L’Escampette Editions Poésie, 2008, page 5.






    ANTONELLA ANEDDA


    Antonella_anedda
    Source



    ■ Antonella Anedda
    sur Terres de femmes

    février, nuit
    mars, nuit
    mai, nuit
    octobre, nuit
    13 décembre **** | Fête de sainte Lucie (décembre, nuit)
    Archipel
    Avant l’heure du dîner (+ notice bio-bibliographique)
    Le dit de l’abandon
    Frontières (extrait d’Historiae)
    Per un nuovo inverno
    Ritagliare
    S
    11 septembre 2001
    10 février 2013 | Antonella Anedda, Senza nome. Sartiglia (extrait de Salva con nome)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Salva con nome
    → (dans la Galerie « Visages de femmes ») le portrait d’
    Antonella Anedda (+ deux poèmes extraits de Nomi distanti et de Notti di pace occidentale)



    ■ Voir aussi ▼

    → les pages que le site Italian Poetry a consacrées à
    Antonella Anedda
    → (sur Poetry International Web) un dossier
    Antonella Anedda
    → (sur Niederngasse 16, janvier-mars 2006) un entretien (en italien) avec Antonella Anedda
    → (sur Her circle ezine)
    Antonella Anedda: Encounters with Silence, the Page, and the World (7 mars 2008)
    → (sur La dimora del tempo sospeso) de longs extraits (en italien) des différents recueils d’
    Antonella Anedda
    → (sur books.google.com) d’autres larges extraits de
    Notti di pace occidentale
    → (sur Progetto Babele) une interview (en italien) d’
    Antonella Anedda par Pietro Pancamo



    ■ Voir | écouter ▼

    → (sur le site de la Bibliothèque municipale de Lyon)
    conférence autour d’Antonella Anedda, Entre racine et lame, organisée dans le cadre du Printemps des poètes 2010, animée par Angèle Paoli et Marc Porcu
    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes extraits de Residenze invernali, de Notti di pace occidentale et de Salva con nome, dits par Antonella Anedda





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  • Christian Gabriel/le Guez Ricord |
    J’aurais vécu en est le nom

    «  Poésie d’un jour  »


    Or vois les salles d'ombre, le gréement disparu, le guet des parélies perdues
    Triptyque photographique, G.AdC







    Je n’ai plus connaissance sinon du seul silence qui là-bas m’a reconnu
    J’aurais vécu en est le nom car je sais les noms de cette nuit qui est l’épair
    Du ciel ici quand je te parle de guérir comme l’on meurt dans la mort de l’autre
    Qui était l’étendue, le nom même des choses que l’on n’a pas connues
    Or vois les salles d’ombre, le gréement disparu, le guet des parélies perdues,
    Ô maitresse d’armes, je te dirai le cœur et le doute du cœur, d’autres preuves,
    L’ancienneté du cœur, le miroir sur la table, le vin servi pour ce temps mort,
    Et la grève de laves qui portera ton nom, ce qui est là, hasards, chimères,
    Pour la mort que nous sommes à ce miroir, et l’orbe blanche où tu m’attends très blanche
    Sous la lampe de fièvre parmi les autres qui te nient alors que tu n’es pas,
    Or vois la courbure que le rêve anime dans le gel et le bleu des ogives
    Et tout ce tremblement de l’âge qui nous guette, que je dois à ce qui sera
    Puisque l’ailleurs n’est plus que l’immobile, l’attente de ce qui est, cette mise,
    La forêt de jadis, de jamais plus, la manne de lèvres qui ont murmuré :
    Est-ce ici que le rêve s’achève ? Que s’altèrent les îles de nos deux corps ?




    Christian Gabriel/le Guez Ricord, Le Cantique qui est à Gabriel/le [1968-1988], Le bois d’Orion, L’Isle-sur-la-Sorgue, 2005, page 42. Édition établie par Bernar Mialet.







    Cantique







    NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE



        Né à Marseille le 9 janvier 1948, Christian Gabriel/le Guez Ricord reçoit le prix Paul Valéry à l’âge de seize ans. Il publie ses premiers textes, dessine et peint, puis, en 1973, devient pensionnaire à la Villa Médicis, à Rome ; son séjour s’achève par une hospitalisation pour des troubles psychiques dont il souffrira de façon croissante.
        Lié à Yves Bonnefoy, Michel Deguy, Pierre Oster, Dominique Sorrente, André Ughetto…, Christian Gabriel/le Guez Ricord a notamment publié La Monnaie des morts (Fata Morgana, Montpellier, 1979), Maison-Dieu I, L’Ave [Le Cantique qui est à Gabriel/le, I/VI](Granit, Paris, 1982), L’Annoncée (Spectres familiers, Le Revest-les-Eaux, 1983).
        Le 7 juin 1988, Christian Gabriel/le Guez Ricord est retrouvé mort dans son appartement marseillais, des suites d’une surdose médicamenteuse.





    ____________________________
    Note : le jeudi 20 novembre 2008 a eu lieu, en présence d’un public très nombreux, la soutenance de thèse de doctorat d’Ana-Maria Gîrleanu-Guichard : Négation et transcendance dans l’œuvre de Christian Gabrielle Guez Ricord (École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris).

        Jury :

    Michel DEGUY
    Jean-Pierre DUBOST
    Jean-Yves MASSON
    Jean-Michel MAULPOIX
    Michel MURAT (directeur de thèse)





    CHRISTIAN GABRIEL/LE GUEZ RICORD


    Guez Ricord 2
    Source




    ■ Christian Gabriel/le Guez Ricord
    sur Terres de femmes


    [À nouveau seul]




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur le site du Matricule des Anges)
    un article de Richard Blin sur Le Cantique qui est à Gabriel/le
    → (dans Lettre de la Magdelaine)
    Christian Gabriel/le Guez Ricord : le « grand testament », par Ronald Klapka
    → (sur le site du cipM)
    une notice bio-bibliographique sur Christian Gabrielle Guez Ricord
    → (sur Wikipedia)
    une belle bio-bibliographie de Christian Gabriel/le Guez Ricord
    → (sur Terres de femmes)
    Dominique Sorrente | Le temps sans rideaux
    → (sur YouTube)
    Gabriel/le GUEZ RICORD – À la croisée mystique de la folie et de la mort (émission « Surpris par la Nuit », par Catherine Couillard, diffusée le 5 avril 2001 sur France Culture)





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  • Dominique Sorrente | Le temps sans rideaux

    «  Poésie d’un jour  »







    à la voix aimée
    de Christian Gabrielle Guez Ricord
    (1948-1988)




    LE TEMPS SANS RIDEAUX



    1


    Il savoure un café. Il peut tout aussi bien allumer une harpe, libérer de leur écrin les nerfs où la ville a ses armes souterraines. Une nuit, pareille à d’autres nuits, il laisse sans ressource la fleur rêvée.

    Et ainsi le reproche qui monte de nos vies nous fait tourner autour des portes d’or dont la maison reste à prédire.






    2


    Seul par le lait et le sang, il consacre sa mort. Dans la chambre, un reste d’être, une licorne qui ressemble à la peine d’aimer. Une étrange monnaie jetée soudain au milieu de nous.


    3


    De cette main qui est la neige aimante et qui suffit.

    Il y eut une traversée, une lampe hors des yeux et la surabondance par les larmes. L’ange qui boîte s’en est allé vers son séjour de sel.


    4


    Cela vient comme une étoile serrée ou la maigreur du pain, une insistance à donner le change à ceux qui continuent d’inscrire au sol leurs arcs-en-ciel.


    5


    Pour le nom d’une femme, son seul bien, qui fut une et multiple, dans le croissant des mondes éprouvés, invente à nouveau ce visage qui est le sien. Il nous bénit et il a soif.

    Frère consterné.



    6


    Le mot de charité parlera doucement sous les arbres.

    Il passe maître dans l’art de raviver les gestes, une seconde fois.

    Devant la pierre insoulevable, il revient tendre sa voix qui tremble.







    7


    Un nouveau soir de juin, les promesses piétinent la terre.



    Dominique Sorrente, La Terre accoisée, Cheyne éditeur, 1998, pp. 17-18-19.





    DOMINIQUE SORRENTE

    Domnique_sorrente
    Source


    ■ Dominique Sorrente
    sur Terres de femmes

    [À défaut de livre, au moins cette promesse de poème] (poème extrait d’Il y a de l’innocence dans l’air)
    C’est bien ici la terre (note de lecture de Laurence Verrey)
    C’est la terre
    Écueils
    J’écris comme on décide par fragments
    [je suis celle qui se voue à la flamme]
    Je t’envoie ma chanson des jours bleus
    [L’humeur est passe-partout] (extrait de Tu dis : rejoindre le fleuve)
    Pays sous les continents
    [Les rideaux] (extrait des Gens comme ça va)
    Le Scriptorium/Portrait de groupe en poésie



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Publie.net)
    Dominique Sorrente | Pays sous les continents
    → (sur Poezibao)
    un autoportrait de Dominique Sorrente
    → (sur le site du cipM)
    une notice bio-bibliographique (non mise à jour)
    → (sur le site du Scriptorium de Marseille)
    un Portrait de Dominique Sorrente
    → (sur Terres de femmes)
    Christian Gabriel/le Guez Ricord/J’aurais vécu en est le nom
    → (sur le site du cipM)
    une notice bio-bibliographique sur Christian Gabrielle Guez Ricord
    → (sur Wikipedia)
    une belle bio-bibliographie de Christian Gabrielle Guez Ricord






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  • Sandro Penna | L’automne me parle déjà

    «  Poésie d’un jour  »


    Un_autre_garcon
    D.R. Ph.







    GIÀ MI PARLA L’AUTUNNO



    Già mi parla l’autunno. Al davanzale
    buio, tacendo, ascolto i miei pensieri
    piegarsi sotto il vento occidentale
    che scroscia sulle foglie dei miei neri
    alberi solo vivi nella notte.
    Poi mi chiudo nel letto. E mi saluta
    il canto di un ragazzo che la notte,
    immite, alleva : la vita non muta.



    Sandro Penna, Poesie [1927-1938], in Poesie, Garzanti Editore, Collana Gli Elefanti, febbraio 2000 (settima edizione, marzo 2006), p. 34. Prefazione di Cesare Garboli.






    L’automne me parle déjà. À la fenêtre
    sombre j’écoute dans le silence mes pensées
    fléchir sous le vent d’ouest
    qui ruisselle sur les feuilles de mes arbres
    noires présences seules vivantes dans la nuit.
    Puis je m’enferme dans mon lit. Salué
    par le chant d’un garçon que la nuit,
    violente, amplifie : la vie ne change pas.



    Sandro Penna, Poésies, Éditions Grasset, Les Cahiers rouges, 1999, page 29. Traduit de l’italien par Dominique Fernandez.






    LA SEMPLICE POESIA FORSE DISCENDE



    La semplice poesia forse discende
    distratta come cala al viaggiatore
    entro l’arida folla di un convoglio
    la mano sulla spalla di un ragazzo.



    Sandro Penna, Poesie inedite (1927-1955), op. cit., p. 125.






    La simple poésie glisse peut-être
    aussi distraite que la main d’un voyageur
    quand dans l’aride cohue d’un tram
    elle se coule sur l’épaule d’un garçon.



    Sandro Penna, op. cit., page 29. Traduit de l’italien par Dominique Fernandez.






    Penna Garboli




    SANDRO PENNA


    Sandro_Penna 3
    Source




    ■ Sandro Penna
    sur Terres de femmes


    Chroniques de printemps (+ notice bio-bibliographique)
    [Nuit : rêve de fenêtres] (poème extrait de Croix et délice)
    [La vie… c’est se souvenir d’un réveil]
    Un’estate




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur italialibri)
    une bio-bibliographie (en italien) sur Sandro Penna
    → (sur Imperfetta Ellisse)
    une note très pertinente (en italien) de Giacomo Cerrai à propos du centenaire de la naissance de Sandro Penna





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  • Claude Ber | Sinon la transparence

    «  Poésie d’un jour  »


    Mer_cnotaphe_et_nos_prisons_de_plex
    Ph. angèlepaoli







    Recensement 4 (État des mers)


    La mer parle. Et se tait. Dans le silence de la mer des bavards révèlent ce qui n’existe à haute voix qu’aux époques de grand courage. Papotis de surface et clabaudements. 11 août dix heures trente une mer chaude soulève son pelage. Elle dodeline des replis de toison. La mer respire dans le poil sombre de la mer, roulant son ventre contre ses fonds. 5 septembre dix-sept heures une mer végétale couche son herbe sous la pluie, mer forestière à longue branches de mélèze coupé. Elle torsade son lierre et pose sur la plage ses pales pattues de nénuphar. 21 janvier trois heures : une mer bise râpe son dos de pierre ponce. Mer anthracite coulée à pic en dedans de la mer. 18 mai douze heures dix la mer éponge dans ses pores. C’est une mer muqueuse qui se pourlèche à coups de vagues charnues. La mer lampe la mer comme un biscuit trempé et clapote dans sa bouche. 13 juillet n’importe quelle heure : mer lisse et plate et simplement relayée de traits. Elle se lave d’oubli ou de mémoire. Mer cénotaphe et nos prisons de plexiglas.



    Claude Ber, Sinon la transparence, éditions de l’Amandier, 2008, page 106.




    CLAUDE BER


    Claude-BER  ©-Adrienne-Arth NB
    Ph.© Adrienne Arth
    Source




    ■ Claude Ber
    sur Terres de femmes


    Épître Langue Louve (note de lecture d’AP)
    Il y a des choses que non (note de lecture d’AP)
    In memoriam (extrait d’Épître Langue Louve)
    La mort n’est jamais comme (note de lecture d’AP)
    Je dis mer (extrait de La mort n’est jamais comme)
    [Toujours la langue veut dire] (extrait du recueil Il y a des choses que non)
    Vues de vaches (note de lecture d’AP)
    Claude Ber, Pierre Dubrunquez, L’Inachevé de soi (note de lecture d’AP)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    le miel à la bouche




    ■ Voir aussi ▼


    le site de l’écrivain Claude Ber





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  • Amina Saïd | alors au pied d’un arbre

    «  Poésie d’un jour  »
    choisie par
    Cécile Oumhani




    La_fluidit_mlancolique_de_son_ryt_2
    Ph., G.AdC







    ALORS AU PIED D’UN ARBRE



    alors au pied d’un arbre pareil à un monde dont les feuilles
    déployées sur l’écran du ciel frémissaient comme des ailes
    nous vîmes la terre ouverte en sept endroits
    laisser sourdre en une effusion continue une source
    d’eau filtrée dont le flot amoureux était caresse humide
    et qui dans la fluidité mélancolique de son rythme
    murmurait un langage tout de notes liquides
    auquel nous ne pouvions donner de traduction humaine
    paisible et grave était ce sourire né de la terre maternelle
    chaque goutte tremblante recelait d’infinis océans
    la douceur de l’eau rêvait dans nos yeux



    Amina Saïd, Tombeau pour sept frères, éditions Al Manar, octobre 2008, page 16. Calligraphies de Hassan Massoudy.






        Avec Tombeau pour sept frères, Amina Saïd rend hommage aux Sept Dormants avec une forme qui prend ici un écho tout particulier. Si le tombeau poétique est un hommage traversé par une dialectique de l’absence et de la présence, destiner un tombeau aux Sept Dormants emmurés dans leur caverne, c’est aussi transmuer le lieu de leur réclusion en poème. Loin de la clameur d’un monde voué à la finitude, elle restitue la trajectoire d’une quête symbolique et interpelle les habitants de la cité terrestre d’aujourd’hui, les invitant à interroger en eux l’énigme de toute chose.
        La caverne est ainsi érigée en lieu poétique, en refuge pour la méditation. Le poème devient la caverne des Sept Dormants, incarnant le lieu de leur parole. « une nuit nous nous glissâmes hors de la cité terrestre / fuyant la persécution la mort et l’étroite prison du temps » Et le lecteur de fuir lui aussi avec ce premier dit de Masilya sa prison moderne vers une autre perception du monde et des choses en découvrant les huit voix qui se succèdent dans ce livre. Car huit voix parlent les unes après les autres, usant toutes d’un même pluriel, scandant un « nous » empreint d’une universalité qui transcende temps et espace.


    Cécile Oumhani, extrait de l’article paru le 27 octobre 2008 dans La Presse de Tunisie.




    AMINA SAÏD


    Amina Saïd
    Ph. Michel Durigneux
    Source





    ■ Amina Saïd
    sur Terres de femmes


    amour notre parole (extrait de De décembre à la mer)
    [de ce côté-ci du monde ou de l’autre](extrait de Clairvoyante dans la ville des aveugles)
    Du Vieillard de la mer et de la Source de vie (extrait du Corps noir du soleil)
    [écrire] (extrait de Dernier visage avant le noir)
    enfant moi seule (extrait d’Au présent du monde)
    Jusqu’aux lendemains de la vie (extrait de L’Absence l’inachevé)
    l’élan le souffle le silence (extrait de La Douleur des seuils) [+ une notice bio-bibliographique]
    Les Saisons d’Aden (note de lecture d’AP)
    [si long fut l’exil du jour](extrait de Chronique des matins hantés)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait d’Amina Saïd (+ deux poèmes d’Amina Saïd)






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  • Antonella Anedda | Per un nuovo inverno

    «  Poésie d’un jour  »



    Le_portail_de_la_maison
    Ph., G.AdC







    PER UN NUOVO INVERNO


    Se non fosse che questo : giungere a un luogo
    esattamente pronunciarne il nome, essere a casa.

    Felice inverno adesso che il nuovo inverno è passato
    da un inizio per noi ancora senza nome
    non diverso dal varco estivo di reti
    forse, un cerchio debole di lumi.

    Intorno solo piante
    che non avresti fatto in tempo a scansare
    acqua soffiata sulle pietre ― grandine
    che mai sapremo se è arrivata col suono
    che faceva sui tetti là nel tuo tempo
    nella bianca, umana pulizia dei bagni.
    Finora solo passi recisi
    che forse ascolti con ardente silenzio
    e aria tra gli aranci mossi piano dai vivi.

    Vedi qui nulla per la prima volta si perde.
    Stamattina hanno buttato la terra
    fredda ― colma della gioia dell’acqua
    ha dimenticato per te
    la sbarra della sedia, la nuca rovesciata
    il vento del cortile.
    Così felice notte ora che di nuovo è notte
    e non è vero che il gelo resti
    e abbassi piano il pensiero
    forse uno scatto invece schiude qualcosa in alto
    molto in alto ―
    una nota
    oltre il becco oltre gli occhi lucenti di un uccello
    una scheggia di collina ― quella laggiù
    serrata al tetto verde-bronzo della chiesa.
    Felice notte a te
    per sempre priva di abisso, una steppa dell’anima-sommessa
    dove l’ulivo si piega senza suono
    Gerusalemme della quiete
    della quiete e del tronco che cerchia e incide la morte
    che la succhia nel vuoto e nel vuoto la getta
    e la macera piano.

    Non ho voce, né canto
    ma una lingua intrecciata di paglia
    una lingua di corda e sale chiusa nel pugno
    e fitto in ogni fessura
    nel cancello di casa che batte sul tumulo duro dell’alba
    dal buio al buio
    per chi resta
    per chi ruota.


    Antonella Anedda, Per un nuovo inverno, Notti di pace occidentale, Donzelli Editore, Roma, 1999, pp. 65-66.






    POUR UN NOUVEL HIVER


    S’il suffisait de ceci : arriver quelque part
    en prononcer parfaitement le nom, être à la maison.

    Heureux hiver quand le nouvel hiver est passé
    d’un début qui pour nous est encore sans nom
    proche du chemin des filets, l’été
    peut-être, un faible cercle de lueurs.
    Autour, des plantes seules
    que tu n’aurais pas eu le temps de déplacer
    de l’eau sur les pierres soufflée ― la grêle
    nous ne saurons jamais si elle est arrivée au bruit
    qu’elle faisait sur les toits, là à ton époque
    dans la propreté blanche et humaine des sanitaires.
    Jusque là, juste des pas nets
    que tu écoutes peut-être avec un ardent silence
    et l’air entre les orangers agités lentement par la main des vivants.

    Tu vois, ici pour la première fois, rien ne se perd.
    Ce matin, ils ont battu la terre
    froide ― comblée par la joie des eaux
    le vent dans la cour
    a oublié pour toi
    la barre de la chaise, la nuque renversée.
    Bonne nuit maintenant qu’il fait nuit à nouveau
    et il est faux que le gel durera
    et doucement tu abaisses la pensée
    peut-être un déclic déclenche-t-il quelque chose en hauteur
    très haut ―
    une note
    au-delà du bec, au-delà des yeux brillants d’un oiseau
    un éclair de colline ― celle-là en bas
    collée au toit vert bronze de l’église.
    Bonne nuit à toi
    à jamais privée d’abîme une steppe de l’âme étouffée
    où l’olivier se plie sans un bruit
    Jérusalem de la quiétude
    de la quiétude et du tronc qui encercle et inscrit la mort
    qui l’aspire dans le vide et dans le vide la jette
    et la mâche lentement.

    Je n’ai ni voix ni chant
    mais une langue tressée de paille
    une langue de corde et du sel dans mon poing
    plein pour chaque fissure
    dans le portail de la maison qui frappe sur le tombeau dur de l’aube
    de l’obscurité à l’obscurité,
    pour qui reste
    pour qui tourne.


    Antonella Anedda, Pour un nouvel hiver, in Nuits de paix occidentale ; 30 ans de poésie italienne, Po&sie 110, 1975-2004, Éditions Belin, 2005, pp. 399-400. Traduction de Martin Rueff.



    ________________
        Dédié à Amelia Rosselli, Per un nuovo inverno a été écrit en mars 1996, un mois après le suicide de la grande poète italienne (survenu à Rome le 11 février 1996), et publié une première fois sous le titre Per un felice inverno, dans un plaquette imprimée à la main (90 exemplaires) par Meri Gorni (En Plein, Milano, 1997). « Les vers d’Antonella Anedda transforment le gel d’un adieu en un dialogue affectueux au-delà de la mort ».







    BIO-BIBLIOGRAPHIE


        D’origine sarde et corse (par sa grand-mère), Antonella Anedda (Antonella, Amelia, Ester, Maria, Roberta Anedda-Angioy) est née le 22 décembre 1955 à Rome où elle a suivi des études d’histoire de l’art. Elle partage son temps entre la « Ville éternelle », Lugano, la Corse* et l’île sarde de La Maddalena, « un’isola nell’isola », « île d’une pensée » selon les termes d’Antonella Anedda, allégorisation d’une nécessaire condition poétique de solitude et d’insularité dont l’écho se retrouve dans le vers de Celan : « Niergends fragt es nach dir » [In nessun luogo si chiede di te].

    « Scrivo con pazienza
    all’eternità non credo
    la lentezza mi viene dal silenzio
    e da una libertà ― invisibile ―
    che il Continente non conosce
    l’isola di un pensiero che mi spinge
    a restringere il tempo
    a dargli spazio
    inventando per quella lingua il suo deserto. »
    (Notti di pace occidentale, op.cit., p. 14)

    « J’écris avec patience
    je ne crois pas à l’éternité
    la lenteur me vient du silence
    et d’une liberté ― invisible ―
    que ne connaît pas le Continent
    l’île d’une pensée qui me pousse
    à resserrer le temps
    à lui donner de l’espace
    en inventant pour cette langue son désert. »

        Antonella Anedda a enseigné le français à la Faculté des lettres et de philosophie de l’Université de Sienne/Arezzo, avant de travailler pour l’Istituto di studi italiani (ISI) de Lugano (Università della Svizzera italiana) et d’occuper la chaire d’anglistique de l’université de Rome. Elle écrit dans de nombreux périodiques et revues : Il Manifesto, Legendaria, Linea d’ombra, MicroMega, Nuovi Argomenti (éditions Mondadori), Poesia (éditions Crocetti).

        Antonella Anedda est l’auteure de cinq recueils de poésie :

    Residenze Invernali (Crocetti, Milan, 1992, préface d’Arnaldo Colasanti), pour lequel elle a reçu le prix Sinisgalli, le prix Diego Valeri et le Tratti Poetry Prize ;
    Notti di pace occidentale (Donzelli, Rome, septembre 1999). Prix Montale 2000 ;
    Il catalogo della gioia (Donzelli, Rome, 2003) ;
    Dal balcone del corpo (Mondadori, Collection Lo specchio, Milan, juin 2007). Prix Napoli 2007. Prix Giuseppe Dessì 2008 ;
    Salva con nome (Mondadori, Collection Lo specchio, Milan, mars 2012).

        Elle a également publié plusieurs essais et recueils de nouvelles, dont :

    Cosa sono gli anni (Fazi Editore, Rome, 1997) ;
    La luce delle cose (Feltrinelli, Milan, 2000) ;
    Tre stazioni (LietoColle, Faloppio, 2003) ;
    La vita degli dettagli (Donzelli, collana Saggine, Rome, 2009) ;
    Isolatria. Viaggio nell’arcipelago della Maddalena (Laterza, Collana Contromano, 2013).

        En tant que traductrice, elle a aussi dirigé l’édition de deux ouvrages de Philippe Jaccottet : Appunti per una semina : poesie e prose 1954-1994, anthologie de poèmes (Fondazione Piazzolla, Rome, 1994), et l’édition italienne de La parola russia (Donzelli editore, 2004 ; éd. fr. : À partir du mot Russie, Fata Morgana, 2003). Elle a en outre publié un recueil de variations poétiques et de poésies étrangères intitulé Nomi Distanti (Empiria, Rome, 1998). Elle a aussi traduit Les Tristes d’Ovide, et, plus récemment, Ann Carson et Jamie Mckendrick, et s’apprête à publier un ouvrage consacré à l’art contemporain (et notamment à Bill Viola).

        Tenue pour l’une des voix les plus originales de la poésie italienne contemporaine, Antonella Anedda est présente dans de très nombreuses anthologies italiennes et étrangères. Une traduction partielle de Notti di pace occidentale (Nuits de paix occidentale & autres poèmes) est parue en 2008 aux éditions bordelaises L’Escampette (traduction de Jean-Baptiste Para, directeur de la revue Europe)**. Certains des poèmes traduits dans ce recueil ont déjà paru dans le n° 1 de la revue Confluences poétiques (Mercure de France, mars 2006), dans le n° 132 (décembre 2006) de la revue Décharge, dans le n° 20 (automne-hiver 2007) de la revue Rehauts, et dans la revue Europe (novembre 2007).


    _______________
    * « Le rectangle de ces feuilles est l’enclos qui redouble la solitude de cette île : la Corse ― ni italienne, ni étrangère ― où j’ai cherché à résister au vide qui croissait autour de tout ce que j’aimais et qui était devenu invincible, pour moi, à Rome, sur le Continent » (Antonella Anedda in « Basse Lumière », avant-propos de Nuits de paix occidentale, L’Escampette Editions Poésie, 2008, page 7).

    ** Ce volume est une anthologie qui rassemble plusieurs séquences de l’œuvre d’Antonella Anedda, issues de Notti di pace occidentale, de Nomi distanti, d’Il catalogo della gioia, de Dal balcone del corpo et de La luce delle cose. Le texte ci-dessus (Per un nuovo inverno) n’en fait pas partie, ni les Notturni (que l’on retrouvera par ailleurs dans Terres de femmes).






    NUITS DE PAIX OCCIDENTALE


        « La force d’un livre comme Nuits de paix occidentale semble tenir à une tension toujours renouvelée entre un souci de réserve pudique, de loyale retenue, où le chant révèle sa part d’ombre et de silence, et un élan profond, une ardeur immédiate dans le don de soi, dans l’incandescente offrande de parole. Si les poèmes d’Antonella Anedda font penser à un tissu sans couture, mais brûlé ou lacéré par endroits, c’est qu’ils font place à la fois à la scène de l’intime et à la scène de l’Histoire, à l’élégie et à la tragédie, à la force nue de l’amour et aux forces armées de la violence. Leur modulation, idéalement continue et pérenne, n’en est pas moins soumise à d’implacables déchirures par la contingence ou les terribles lois de nécessité. »


    Jean Baptiste Para, « Basse Lumière », avant-propos de Nuits de paix occidentale, L’Escampette Editions Poésie, 2008, page 5.





    UNE POÉSIE INSULAIRE


        « Si l’insularité est moins une donnée géographique que la perception constante des bords, des découpages, des rivages exondés et des jeux de lumière, alors il n’est sans doute pas exagéré d’affirmer que la poésie d’Antonella Anedda est bien une poésie insulaire. Aussi bien, quand la poète déclare rêver d’un langage capable de dire le moi sans céder à l’invasion du moi […] Un moi capable d’écoute, mais porteur d’un regard et d’une oreille personnels et d’une voix singulière autant qu’impérieuse, mis de côté, il apparaît clairement que l’enjeu de sa poétique est la fondation d’un lyrisme de l’hospitalité qui sache limiter l’effusion du monde par un travail de bordage. On comprend mieux que les poètes avec lesquels elle entend dialoguer aient pour nom Mandelstam, Celan, Marina Tsvetaeva ou Kafka et Beckett, ces écrivains des limites. »


    Martin Rueff, 30 ans de poésie italienne, Po&sie 110, op. cit. supra, page 399.






    ANTONELLA ANEDDA


    Antonella Anedda
    Source



    ■ Antonella Anedda
    sur Terres de femmes

    février, nuit
    mars, nuit
    mai, nuit
    octobre, nuit
    novembre, nuit
    13 décembre **** | Fête de sainte Lucie (décembre, nuit)
    Archipel
    Avant l’heure du dîner (+ notice bio-bibliographique)
    Le dit de l’abandon
    Frontières (extrait d’Historiae)
    Ritagliare
    S
    11 septembre 2001
    10 février 2013 | Antonella Anedda, Senza nome. Sartiglia (extrait de Salva con nome)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Salva con nome
    → (dans la Galerie « Visages de femmes ») le portrait d’
    Antonella Anedda (+ deux poèmes extraits de Nomi distanti et de Notti di pace occidentale)



    ■ Voir aussi ▼

    → les pages que le site Italian Poetry a consacrées à
    Antonella Anedda
    → (sur Poetry International Web) un dossier
    Antonella Anedda
    → (sur Niederngasse 16, janvier-mars 2006) un entretien (en italien) avec Antonella Anedda
    → (sur Her circle ezine)
    Antonella Anedda: Encounters with Silence, the Page, and the World (7 mars 2008)
    → (sur La dimora del tempo sospeso)
    de longs extraits (en italien) des différents recueils d’Antonella Anedda
    → (sur books.google.com) d’autres larges extraits de
    Notti di pace occidentale
    → (sur Progetto Babele) une interview (en italien) d’
    Antonella Anedda par Pietro Pancamo



    ■ Voir | écouter ▼

    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes extraits de Residenze invernali, de Notti di pace occidentale et de Salva con nome, dits par Antonella Anedda





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  • Danielle Fournier | Le chaos des flammes

    «  Poésie d’un jour  »


    Chainbridge_budapest_2
    Source Ph. Pont des Chaînes, Budapest





    tu pleurais au bout du fil
    tu oubliais mon nom dans tes sanglots
    tu pleurais le Danube
    au-dessus du ciel
    les mains sur des paumes chaudes
    tu pleurais tes yeux endormis
    dans un matin de novembre
    avant la tombée de la nuit
    attirée par l’oubli
    déjà une absence sans nom

    tu pleurais l’infini au ventre
    cette unique ville d’eaux
    où tu déposes ton monde
    entre des rives
    où l’île seule
    te regarde à travers des fenêtres embuées



    il me semble que je suis née par inadvertance. Non que je n’aie pas été désirée, mais je suis issue d’un accident sans habitude du monde.

    découverte là, au centre de la terre, au milieu de toi, offerte, femme, homme, enfant. Je m’écarte avec tes mains, me laisse prendre, enfouie dans ta langue. Je me coule et me défais. De tous les mots, seuls les nôtres existent : je me perds enroulée à une histoire qui ni me commence ni me termine. Ainsi je goûte aux fruits exclus des corps, aux fruits portés en d’autres lieux, pendant ces brefs moments où l’écriture

    c’est-à-dire que tu me laisses tomber. Je m’envole à toute allure pendant que ta joie me tient chaud et m’enroule autour de toi afin de ne pas être déchirée. Le vacarme ne cessera jamais. Tout est pourtant à sa place, comme tu l’exiges.
    Tu te gonfles et je me mets à trembler

        tu me reprends sur le rebord arrondi du fauteuil


    ce qu’on souhaite : que cela ne vienne pas autrement ou sous une autre forme que celle d’une caresse longue et humide, comme une langue qui va au sexe ou à la bouche en répétant ces mots maintes fois dits, mais dits encore et encore, dans le demi-jour de notre vérité. Qu’ils ne reviennent pas, ces fantômes et ces cadavres, ces autres spectres qui hantent les maisons et les corps

    tu me possèdes, moi, terre ou peau, moi magnifiquement ouverte, tovább, a másik oldalon. Complices, nous transformerons l’espace. Et, toi, merveilleusement grand, je te convie à moi


    Danielle Fournier, Le chaos des flammes in Poèmes perdus en Hongrie, VLB éditeur, Collection Poésie, dirigée par Simone Sauren, Montréal, 2002, pp. 115-116-117. Prix Alain-Grandbois.





    DANIELLE FOURNIER


    Danielle_fournier
    Ph. © Josée Lambert
    Source




    ■ Danielle Fournier
    sur Terres de femmes

    toi
    ton prénom
    Danielle Fournier | Luce Guilbaud, Iris (extrait)
    Danielle Fournier | Luce Guilbaud [Dis-moi plutôt ce qui nous réunit](autre extrait d’Iris)
    Danielle Fournier | Luce Guilbaud, Iris (note de lecture d’AP)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Pas de mots dans les mots
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    un Portrait de Danielle Fournier (+ un poème extrait du recueil Il n’y a rien d’intact dans ma chair)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur L’île, l’infocentre littéraire des écrivains québécois) une
    notice bio-bibliographique sur Danielle Fournier
    → (sur remue.net)
    Rencontre avec Danielle Fournier (soirée enregistrée le 4 décembre 2012 à la Mairie du 2e arrondissement, Paris)





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  • Lorand Gaspar | Depuis tant d’années…

    «  Poésie d’un jour  »
    choisie par Christiane Parrat


    Ciel_et_mer
    Ph., G.AdC






    DEPUIS TANT D’ANNÉES…


                                                                      pour Arpád Szénes


    Depuis tant d’années je lave mon regard
    dans une fenêtre où ciel et mer
    depuis toujours sont sans s’interrompre
    où leurs vies sont un, sont innombrables
    sont une fois encore dans mon âme
    un champ magnétique d’épousailles
    une goutte de lumière-oiseau.

    Depuis tant d’années je lave mon regard
    à la première couleur si fraîche
    sur les lèvres humides de nuit
    d’être la peau et d’être la pierre
    où mes doigts rencontrent le secret,
    ce savoir qu’ils sont et celui qui est
    des tonnes infinies de lumière.
    Du plus pâle au tranchant du plus sombre
    sans s’interrompre entre sang et pensée
    entre feuille pinceau étendue
    corps de liquide musique à jamais ―


    Lorand Gaspar, Cahier Lorand Gaspar, éditions Le Temps qu’il fait, Cahier Seize, sous la direction de Daniel Lançon, avril 2004, page 71.*




    ______________________________
    NOTE d’AP : ce poème a été publié en 2001 dans la collection Poésie/Gallimard : Lorand Gaspar, Sidi-Bou-Saïd, Patmos et autres poèmes, p. 43.






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    CAHIER LORAND GASPAR ― QUATRIÈME DE COUVERTURE


        « À la fin des années soixante, en pleine émergence des littératures contemporaines, un homme qui écrivait en hongrois dès l’âge de onze ans, décide, une dizaine d’années après l’achèvement de ses études de médecine en France, de rédiger ses réflexions de chirurgien et ses premiers poèmes en français. Des pages du futur Quatrième état de la matière paraissent à Londres et à Bruxelles et l’auteur est bientôt révélé à Paris. Depuis, les reconnaissances culturelles n’ont pas manqué, lui donnant rendez-vous avec l’histoire des Lettres françaises, et avec de nombreux lecteurs.
        Ce volume se voudrait l’illustration du parcours de ce Magyar vivant dans le monde arabe et en France, ayant porté très haut la relativité culturelle heureuse tout en étant resté constamment fidèle à ce qu’il y a de plus optimiste dans la relation de la francité à l’universalité possible. Lorand Gaspar attire dans la langue française le poème hongrois, grec, allemand ou anglais, la réflexion italienne, de même ses traducteurs l’introduisent-ils dans leurs nations littéraires. À rebours d’un cosmopolitisme fruit d’éclectismes qui ne sont bien souvent que des positions de confort socio-intellectuel, l’auteur maintient l’exigence d’un chant du monde en des lieux de souffrance, quotidienne, privée ou collective, position que l’on sait si difficile à tenir. »






    LORAND GASPAR


    Lorand_gaspar_portrait




    ■ Lorand Gaspar
    sur Terres de femmes


    [Le jour enflé de fatigue cherche nos failles] (extrait de Sol absolu)
    Linaria
    Voici des mains
    James Sacré, Lorand Gaspar | Dans les yeux d’une femme bédouine qui regarde




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de l’IMEC)
    une notice bio-bibliographique sur Lorand Gaspar





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