Catégorie : Anthologie poétique « Poésie d’un jour »


  • Olav H. Hauge | Le pays bleu

    Topique : Bleu
    «  Poésie d’un jour  »



    Le_pays_bleu
    D.R. Ph. angèlepaoli






    LE PAYS BLEU


    Ici, je suis en sûreté ; ici les chênes encerclent les murs,
    ici, les passes scintillent au bas des montagnes
    usées par la mer. Si je suis devant la vitre,
    les grands chênes
    sont d’une profonde couleur d’huile
    comme une peinture ancienne.
    Dans l’émail bleu du ciel,
    des nuages oubliés
    viennent de la mer.

    Feuillage de chêne dans le soleil d’automne !
    Pays bleu, pays montagneux, pays de mer !
    qui vieillit à côté de moi,
    paré de couleurs lumineuses,
    éclatantes.

    Aujourd’hui, l’air est frais, des flocons de neige.
    Telles des griffes, les branches nues cherchent à saisir
    les dernières traces de chaleur et d’ozone.
    Je vais dans le pays bleu
    sous des blocs qui tombent.
    Un jour Yggdrasil sera nu.





    DET BLÅ LANDET


    Her er eg trygg, her er det eiker kring murane,
    her blenkjer sundi bak havslitne fjell.
    Stend eg innafor glaset,
    har dei veldige eikene
    ein djup oljetone
    som eit gamalt målarstykke,
    på den emaljeblå himmelen
    stend attgløymde skyer
    i jag fra havet.

    Eikelauv i haustsol !
    Blålandet, berglandet, havlandet
    og aldrar attum meg
    i tung fargebragd
    og gløding.

    I dag er det kjøld og snøflingror i lufti,
    dei nakne greinene grip som klør
    etter varme og siste oson.
    Eg gjeng i det blå landet
    under fallande blokkor.
    Og ein dag er Yggdrasil snaud.


    Olav H. Hauge, Cette nuit l’herbe est devenue verte (anthologie), Editions Rafael de Surtis, Collection Pour une Rivière de Vitrail, 81170 Cordes-sur-Ciel, 2007, pp. 34-35. Édition bilingue. Traduction du néo-norvégien par Eva Sauvegrain et Pierre Grouix. Préface de Régis Boyer.




        Le 10 octobre dernier, un hommage a été rendu à Olav H. Hauge (18 août 1908 – 23 mai 1994) au Festival du Livre de Pise (Pisa Book Festival) à l’occasion du centenaire de la naissance d’Olav H. Hauge. En présence de l’ambassadeur de Norvège en Italie et d’un des traducteurs du poète, Fulvio Ferrari. Ci-après, Le pays bleu, traduit en italien par Fulvio Ferrari :






    LA TERRA AZZURRA


    Qui sono al sicuro, qui ci sono querce intorno ai muri,
    qui scintilla lo stretto tra monti corrosi dal mare.
    Se me ne sto in piedi alla finestra
    le querce immense hanno
    una profonda tonalità oleosa
    come un dipinto antico,
    sul cielo di smalto azzurro
    nubi ritardatarie
    si rincorrono dal mare.

    Querce nel sole d’autunno!
    Terra azzurra, terra di monti, terra di mare
    ed ere alle mie spalle
    in una festa di colori
    e ardore.

    Oggi ci sono freddo e fiocchi di neve nell’aria,
    i rami nudi si protendono come artigli
    verso il caldo e l’ultimo ozono.
    Mi inoltro nella terra azzurra
    sotto le foglie che cadono.
    E un giorno sarà spoglio Yggdrasil.

    Traduzione di Fulvio Ferrari


    Olav H. Hauge, La terra azzurra, a cura di Fulvio Ferrari, Crocetti Editore, Milano, à paraître début décembre 2008. Introduzione di Idar Stegane.






    PAYS BLEU


        La Norvège d’Olav H. Hauge (1908-1994) est celle que l’on connaît le mieux à l’étranger, cette géographie spectaculaire de l’ouest du pays, dont les fjords sont l’image touristique obligée et bleue, la région aussi ― on le sait moins ― des grandes demeures tristes des drames réalistes ibséniens.
        Comme celle de tant de lyriques nordiques de son siècle, comme celle de Tor Jonsson à Lom ou de Knut Ødegard à Molde […], il s’agit d’une poésie ancrée (forankret), qui sonde un même lieu. De fait, Hauge a moins voyagé que Tarjei Vesaas hors du Telemark, et sa poésie tente, au fil des heures, des saisons et des ans, de rendre quelque chose d’un lieu aimé. Hauge est aussi un poète plus secret, moins connu. Il aura notamment fallu l’effort d’un autre norvégien, son cadet moderniste Jan Erik Vold, né en 1939, pour le faire connaître dans son propre pays.
        Les Anglo-Saxons ont de l’avance : dues à Robert Bly ou surtout à Robin Fulton, des anthologies de ses textes ont paru en anglais tandis que, à notre connaissance, il s’agit ici des premières traductions * dans notre langue des vers de Hauge, qui a par ailleurs écrit cinq gros volumes de son journal.
        Une nouvelle fois, à l’heure où l’on célèbre bien témérairement, et sans aucun recul, les vertus supposées du roman policier nordique, la poésie norvégienne ― de laquelle il faudra bien se résoudre, et pourquoi pas ici même, à publier une anthologie ― reste la fleur inconnue. Les vers de Hauge le disent à l’envi : c’est en poésie qu’un pays aussi poétique que la Norvège peut espérer être rendu. Dans sa vérité.


    Eva Sauvegrain et Pierre Grouix, postface (extrait), op. cit. supra.




    ________________________________________
    * NOTE d’AP : un autre recueil d’Olav H. Hauge vient de sortir ce mois-ci aux éditions Bleu autour dans la collection D’un lieu l’autre : Nord profond. Traduit du néo-norvégien par François Monnet. Photographies de François Monnet. Un poème extrait de ce recueil a été mis en ligne sur Terres de femmes en décembre 2008.






    OLAV H. HAUGE


    Olav_h_hauge
    Ph. Jan Kløvstad, Samlaget
    Source



    ■ Olav H. Hauge
    sur Terres de femmes

    Bashô
    Nous ne voguons pas sur la même mer (poème extrait de Bateau de papier)





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  • Joëlle Gardes | Et si la profondeur n’était que…

    «  Poésie d’un jour  »



    Lcorce_de_larbre
    Ph., G.AdC







    ET SI LA PROFONDEUR N’ÉTAIT QUE…


    Et si la profondeur n’était que la surface au bout des doigts et de la langue
    dans le contact de la main avec l’écorce de l’arbre et la peau qui se réchauffe contre le mur ?

    La voix intime n’est qu’un écho la phrase qui naît sur la page a pris sa source au loin et se gonfle de toutes les paroles du monde

    Ni souffle venu des abîmes du songe ou du divin
    ni envol sur les ailes du sublime
    mais le contact de la main avec le tronc rugueux et la chaleur de la pierre au soleil
    les livres appris par cœur les mots chuchotés

    La main attrape un papillon et se couvre de sa poussière dorée


    Joëlle Gardes, Dans le silence des mots, Éditions de l’Amandier, 2008, page 36.






    La_chaleur_de_la_pierre
    Ph., G.AdC






    JOËLLE GARDES


    Jolle_gardes_2
    Source



    ■ Joëlle Gardes
    sur Terres de femmes

    « Les arcanes subtils d’une relation triangulaire » (La Mort dans nos poumons) [note de lecture d’AP + bibliographie]
    Dans le silence des mots, poésie (note de lecture d’AP)
    Jardin sous le givre (note de lecture + extrait)
    L’Eau tremblante des saisons (lecture de Françoise Donadieu)
    Louise Colet Du sang, de la bile, de l’encre et du malheur (note de lecture d’AP)
    [Matinée de printemps précoce](extrait de L’Eau tremblante des saisons)
    [Le regard tourné vers l’intérieur ou l’ailleurs] (extrait de La Lumière la même)
    Méditations de lieux (note de lecture d’AP)
    Ostinato e chiaroscuro (Ruines) [note de lecture d’AP + extrait]
    Jardins de toute sorte (extrait de Sous le lichen du temps)
    [Tota mulier in utero] (extrait d’Histoires de Femmes)
    31 mai 1887 | Naissance de Saint-John Perse (Joëlle Gardes, Saint John-Perse, Les rivages de l’exil, biographie)
    Trentième anniversaire de la mort de Saint-John Perse/20 septembre 1975 (chronique de Joëlle Gardes)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Hôpital



    ■ Voir aussi ▼

    le site de Joëlle Gardes
    → (sur Terres de femmes)
    7 mai 1748 | Naissance d’Olympe de Gouges (note de lecture sur Joëlle Gardes, Olympe de Gouges, Une vie comme un roman)





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  • Mahmoud Darwich | Si le jeune homme était un arbre

    «  Poésie d’un jour  »





    Larbre_est_le_frre_de_larbre_ou_son
    Ph., G.AdC








    AH SI LE JEUNE HOMME ÉTAIT UN ARBRE



        L’arbre est le frère de l’arbre ou son bon voisin. Le grand se penche sur le petit et lui fournit l’ombre qui lui manque. Le grand se penche sur le petit et lui envoie un oiseau pour lui tenir compagnie la nuit. Aucun arbre ne met la main sur le fruit d’un autre ou ne se moque de lui s’il est stérile. Aucun arbre, imitant le bûcheron, ne tue un autre arbre. Devenu barque, l’arbre apprend à nager. Devenu porte, il protège en permanence les secrets. Devenu chaise, il n’oublie pas son ciel précédent. Devenu table, il enseigne au poète à ne pas devenir bûcheron. L’arbre est absolution et veille. Il ne dort ni ne rêve. Mais il garde les secrets des rêveurs. Nuit et jour debout par respect pour le ciel et les passants, l’arbre est une prière verticale. Il implore le ciel et, s’il plie dans la tempête, il s’incline avec la vénération d’une nonne, le regard vers le haut… le haut. Dans le passé, le poète a dit: « Ah si le jeune homme était une pierre ». Que n’a-t-il pas dit : « Ah si le jeune homme était un arbre ! »



    Mahmoud Darwich, Les derniers poèmes [inédits] in La Pensée de midi, Désirs de guerre Espoirs de paix, 2008, page 238.





    MAHMOUD DARWICH


    Mahmoud-Darwish




    ■ Mahmoud Darwich
    sur Terres de femmes

    Des vœux
    Je demeure vivant





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  • Jean-Pierre Chambon | Détour par la Chine intérieure

    «  Poésie d’un jour  »




    Chambon_imagePh., G.AdC







    DÉTOUR PAR LA CHINE INTÉRIEURE



    Sur la terrasse
    d’un pavillon cossu, j’essaie de lire
    par-dessus son épaule la lettre que le poète chinois
    compose d’un pinceau habile pour un ami lointain
    ou le mémoire qu’il rédige sur ce qu’il a noté
    au cours de ses voyages dans les contrées du sud.
    […]
    Lorsqu’il sort de son ermitage
    pour contempler au bord du ravin
    le clignement des lucioles, il me semble
    être là encore, dans la nuit infinie
    où sa méditation s’abîme, si proche que je crois
    distinguer l’éclat de ses yeux dans la lueur
    de la lune, entendre son raclement de gorge
    et les mots qu’il marmonne entre ses dents,
    là, à travers les âges incalculables superposés
    à ma vie et les espaces sans borne qui me séparent
    de lui et dont s’est merveilleusement abolie la distance.
    Je me sens alors englué à la poussière du monde
    et déjà picoté par le grain des mots à venir.
    Empli de forces et de visions, je remonte enfin
    chez moi : je vais écrire.




    Jean-Pierre Chambon, Détour par la Chine intérieure [extrait], Le Petit Livre amer, Voix d’Encre, 2008, s.f. Gouaches de Nadia Dib.








    JEAN-PIERRE CHAMBON


    Jean-Pierre Chambon  en vignette





    ■ Jean-Pierre Chambon
    sur Terres de femmes


    [À partir de l’inaliénable singulier] (extrait de Tout venant)
    Des lecteurs (extrait)
    Des lecteurs (lecture d’AP)
    L’Écorce terrestre (lecture de Cécile A. Holdban)
    L’Écorce terrestre (lecture d’AP)
    [Je touche le grain du silence] (extrait de L’Écorce terrestre)
    [Fleurs dans la fleur]
    Noir de mouches (extrait)
    Le Petit Livre amer (note de lecture de Sylvie Fabre G.)
    Fragments d’un règne (poème extrait du Roi errant)
    [Sur le papier la lumière](extrait de Sur un poème d’André du Bouchet)
    Tout venant (lecture de Sylvie Fabre G.)
    Un écart de conscience, II (extrait)
    Zélia (lecture d’Isabelle Lévesque)
    L’invention de l’écriture (extrait de Zélia)
    Jean-Pierre Chambon | Michaël Glück, Une motte de terre (lecture de Sylvie Fabre G.)
    Jean-Pierre Chambon | Michaël Glück, Une motte de terre (extraits)
    Jean-Pierre Chambon | Marc Negri, Fleuve sans bords (note de lecture d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions L’Amourier)
    une bio-bibliographie de Jean-Pierre Chambon
    → (sur le site de l’éditeur Voix d’Encre)
    la page consacrée au Petit Livre amer





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  •     Rodica Draghincescu, Blé blanc (l’artdurien)


    «  Poésie d’un jour  »




    Depuis_mon_absence_je_mabsente_je_n
    Triptyque photographique, G.AdC






    BLÉ BLANC (L’ARTDURIEN) 1



    je ne vois rien quand je
    ne vois rien je ne vois rien c’est le
    rien qui me voit quand je
    ne vois rien je vois comment le
    rien me voit je
    suis « rienne » depuis
    mon absence je m’absente je ne ressens pas
    je suis plus que l’inexistence
    j’obéis au rien blanc et froid je suis un
    rien de neige je neige des petits riens de la mémoire
    sur les grands riens de l’oubli j’apprends l’oubli
    de l’où est-il ? de l’où est-elle?
    je n’oublie pas où je neige
    je suis le blé blanc du regard
    dans lequel il y a quelque chose là où il n’y a rien
    tout me suit partout nous nous suivons l’un l’autre
    on est des riens de deux genres : M et F
    (je neige de la direction F et lui de la direction M)
    nous nous neigeons nous neigeons
    ensemble autour du rien neigeant
    je n’ai rien à déclarer pas de corps pas de sang
    pas de nom je me nomme sans m’appeler
    je m’appelle « rienne » ou « rien-rien »
    autrement pas de nom pas de « pas » et pas de pas
    je ne viens pas je ne retourne pas je ne fais rien
    je fabrique des riens sans mérite
    je n’ai pas de nom ni de têtes pour des noms
    pas de tête pour la nommer tête
    rien à déclarer sauf ma tête absente
    (dans ma tête absente il y a
    de la neige ou du blé blanc
    et dans la neige des mots neigés
    âgés de tout ce qu’ils ne peuvent pas faire
    mais courageux de ne rien dire et fiers de leur blé blanc)
    enfin rien rien à déclarer
    excusez-moi


    Stuttgart, 5 janvier 2003


    Rodica Draghincescu, Blé blanc (l’artdurien), édition bilingue français-allemand, Éditions TranSignum, Paris, mars 2007. Livre d’artiste. Conception du livre : Wanda Mihuleac.






    GRANO BIANCO (L’ARTE DEL NULLA)



    io non vedo nulla quando non vedo nulla
    non vedo nulla è il
    nulla che mi vede quando io
    non vedo nulla e vedo come il
    nulla mi vede che sono il nulla
    dalla mia assenza
    io mi assento e non sento
    non sono che dell’inesistenza
    obbedisco al nulla bianco e freddo
    io sono un nulla di neve
    sono neve dei piccoli nulla della memoria
    sui grandi nulla dell’oblio
    io imparo l’oblio del dov’è lui?
    dov’è lei?
    io non dimentico o nevico
    sono grano bianco dello sguardo
    nel quale c’è qualcosa là dove non c’è niente
    tutto mi segue dappertutto noi ci seguiamo l’un l’altro
    siamo dei nulla di due generi : M e F
    (io nevico nella direzione F e lui nella direzione M)
    noi ci nevichiamo noi nevichiamo insieme
    attorno al nulla nevicante
    nulla da dichiarare né corpo né sangue
    né nome io mi nomino senza chiamarmi
    mi chiamo nulla o nullo-nullo
    altrimenti nessun nome nessun no e nessun né
    io non arrivo e non ritorno né faccio nulla
    fabbrico dei nonnulla senza materia
    nulla da dichiarare se non la mia testa assente
    (nella mia testa assente c’è
    della neve o del grano stinto
    secco per tutto ciò che non poterono fare
    ma orgoglioso di tacere e fiero del loro grano stinto)
    infine nulla di nulla da dichiarare
    scusatemi


    Traduit du français en italien par Andrea Galli.2






    WHITE WHEAT (ARTOFNOTHING)



    I see nothing when I see nothing
    I see nothing the
    nothing I see when I
    see nothing I see how the
    nothing sees me I am ‘no thing’
    since my absence I absent myself I am feeling nothing
    I am more than non-existence
    I obey the white, cold nothing I am a nothing of snow
    I snow little nothings from memory
    on big nothings of forgetting I am learning the forgetting of the where
    of the where is he? of the where is she?
    I do not forget where I snow or
    where I am the white wheat of gazing
    in which there is something there where there is nothing
    everything follows me everywhere we follow one another
    we are two-gender nothings: M and F
    (I snow in the F direction and he in the M direction)
    we snow on each other we
    snow together around the snowing nothing
    I have nothing to declare no body no blood
    no name I name myself without calling myself
    I am called ‘no thing’ or ‘nothing-nothing’
    otherwise no name, no not, no no
    I don’t come I don’t return I do nothing
    I made worthless nothings
    I have not name nor faces for names
    no face to name face
    nothing to declare except my absent face
    (in my absent face there is
    snow or white wheat
    and in the snow of snowed words
    aged with everything they cannot do
    but brave enough to say nothing and proud of their white wheat)
    finally nothing nothing to declare
    sorry


    Translated from French by Howard Scott, Montreal






    BLEDO BLANCO (EL ARTENADA)



    no veo nada cuando no veo nada
    no veo nada la
    nada me ve cuando no
    veo nada veo como la
    nada me ve soy nada
    desde mi ausencia me ausento no siento nada
    ya no soy una existencia
    obedezco a la nada blanca y fría soy una nada de nieve
    nievo pequeñas nadas de memoria
    en las grandes nadas del olvido aprendo el olvido del donde
    del donde está el ? del donde está ella ?
    no olvido donde nievo o/
    donde soy el bledo blanco de la mirada
    en el que hay algo donde no hay nada
    todo me sigue nos siguemos
    somos nadas de los dos géneros ; H y V
    (nievo en la dirección H y el en la dirección V)
    nos nevamos nosotros
    nevamos juntos alrededor de la nada nevando
    no tengo nada que declarar nada de cuerpo nada de sangre
    ni de nombre me llamo sin llamarme
    me llamo nada o nada-nada
    sino nada de nombre nada de no
    no vengo no miro atrás no hago nada
    fabrico nadas sin mérito
    no tengo nombre ni cabezas para nombres
    nada de cabeza para nombrar la cabeza
    nada que declarar salvo mi cabeza ausente
    (en mi cabeza ausente hay
    nieve y bledo blanco
    y en la nieve palabras nevadas
    anciana por todo lo que no pueden hacer
    pero bravos de no decir nada y fieles de su bledo blanco)
    en fin nada nada que declarar
    lo siento


    Traduit du français en espagnol par Patrick Cintas.




    ________________________________
    1. Ce poème a été interprété le 22 octobre 2008 par Hélène Martin au cours d’une soirée culturelle LE VERBE VOIX organisée par le Théâtre du Saulcy à Metz (en coréalisation avec le Théâtre Universitaire) autour d’Hélène Martin et de Rodica Draghincescu.
    2. Ce poème fait partie du recueil Rodica Draghincescu, Spine. Parole d’amore, Palomar, Bari. Préface de Fabio Franzin (à paraître en 2009).





    RODICA DRAGHINCESCU


    Rodica_draghincescu



    ■ Rodica Draghincescu
    sur Terres de femmes

    Rienne (lecture d’AP)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    EX(o)ilium
    → Interview de Cécile Oumhani par
    Rodica Draghincescu



    ■ Voir aussi ▼

    le site de Rodica Draghincescu
    l’e-magazine trimestriel Levure littéraire (édité par Rodica Draghincescu)






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  • Sandro Boccardi/Les Tempora

    «  Poésie d’un jour  »




    Dans_lincertaine_attente_de_ladoles
    Ph., G.AdC




                               II

    Estate, verdi ramarri al sole,
    trapunta di ricordi come d’erba i prati,
    il fieno sente i rebbi della forca,
    viene l’odore buono del rigoglio
    (erba salina bisiàda dal biss
    che la Madonna la benediss)
    *
    polvere e rovi e sul brusio dei gelsi
    smangiati dai bachi sulle stuoie
    il primo rintronare da levante.
    Anima nostra tessuta come il solco
    da grumi di radici nell’incerto
    aspettare dell’adolescenza…
    ma rimuovendo la pàtina del tempo
    velo di fiato sullo specchio, il morso
    le cicatrici dell’amore ancora
    gridano te.


    * erba salina bisiàda dal biss… : citation extraite d’une comptine à réciter pour conjurer le mauvais sort avant de mâcher les brins d’une herbe appelée salina, au goût acidulé.




                               II

    Été de verts lézards au soleil,
    piqueté de souvenirs comme d’herbe les prés,
    le foin sent les pointes de la fourche,
    flotte un parfum d’herbe fraîche
    (erba salina bisiàda dal biss
    che la Madonna la benediss)

    poussière et ronces, et dans le bruissement des mûriers
    mangés sur les claies par les vers à soie
    le premier tonnerre au levant.
    Notre âme tissée comme le sillon
    par les racines enchevêtrées, dans l’incertaine
    attente de l’adolescence…
    mais en ôtant la patine du temps
    qui embue le miroir, la morsure,
    les cicatrices de l’amour crient encore
    toi.

    Sandro Boccardi, Les Tempora (1978) in À l’heure des cendres, Poèmes 1978-2008, Cahiers de l’Hôtel de Galliffet, collection de littérature italienne dirigée par Paolo Grossi et Pérette-Cécile Buffaria, Edizioni dell’Istituto Italiano di Cultura, Paris, 2008, pp. 16-17. Traduit de l’italien par Marguerite Pozzoli.




    Boccardi





    NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE

         Né le 5 mars 1932 à Villanova Sillaro dans la province de Lodi, Sandro Boccardi vit à Milan. Passionné de musique, il a conçu et dirigé pendant trente ans, de 1976 à 2006, le festival international de musique ancienne et de poésie de Milan, « Musica e Poesia a San Maurizio ».
        Sandro Boccardi est l’auteur de plusieurs recueils poétiques :
        A dispetto delle sentinelle (1963), La città (1965) qu’accompagne une lettre de Carlo Bo, Durezze e ligature (1967), Ricercari (1973), Le Tempora (1978), Sonetti per gioco e rancore (2006). Il est également l’auteur de publications musicales, parmi lesquelles La musica antica (1994), Il concerto degli Angeli, Gaudenzio Ferrari e la cupola del Santuario di Saronno (1990) dont le texte a été repris sous le titre Celesti armonie par les éditions FMR.



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  • Tarjei Vesaas, Lisières du givre

    «  Poésie d’un jour  »



    Et_lbas_2
    Ph., G.AdC






    Qui veut attendre un perdant ?


    Encore une fois, là-bas,
    quelqu’un doit m’attendre.
    J’ai une moitié de cœur
    et dois avancer.

    Et là-bas,
    il y a bien une main.
    Quelque chose à tenir.
    Et qui est urgent. Urgent.

    Vide est ma vie.
    À moitié vide est ma vie.
    Vite passe ma vie.

    Laisse-moi arriver
    auprès de quelqu’un qui attend quelque chose,
    même d’à moitié vide comme moi.
    Quelqu’un doit m’attendre,
    dès ce soir.


    Tarjei Vesaas, Lisières du givre, Éditions Grèges, Montpellier, 2007, p. 119. Traduit du néo-norvégien par Eva Sauvegrain et Pierre Grouix.




    __________________________________________
    D’APRÈS LA NOTE DE L’ÉDITEUR : Lisières du givre est une anthologie composée à partir des onze recueils de poésie publiés par l’écrivain norvégien Tarjei Vesaas (1887-1970), recueils tous inédits en français. Mais sont également inclus des poèmes de jeunesse et des poèmes posthumes. Cette anthologie reprend les textes majeurs de l’œuvre de Vesaas. Textes qui, pour certains d’entre eux, ont délibérément valeur d’art poétique. Dans la composition du recueil, l’éditeur s’est en outre efforcé de bien représenter les différents genres pratiqués par l’auteur (de la suite au poème bref, en passant par le poème en prose), et de rendre justice à la palette tonale de son écriture, ainsi qu’à l’amplitude des registres sollicités.





    TARJEI VESAAS


    Tarjei_vesaas
    Source



    ■ Tarjei Vesaas
    sur Terres de femmes

    Tarjei Vesaas, La Barque le soir (extrait + notice bio-bibliographique)





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  • Amelia Rosselli | Adolescenza

    «  Poésie d’un jour  »



        Terres de femmes propose ci-dessous deux poèmes écrits en français par Amelia Rosselli et traduits en italien par Giacomo Cerrai. Ces poèmes, extraits d’« Adolescence » (Esercizi poetici 1954-1961, in A.R., le poesie, Garzanti, 2007) ont été initialement publiés dans le recueil Primi scritti 1952-1963 (Guanda, 1980).





    Retrouvemoi_sous_les_pieds_des_ga_2
    Ph., G.AdC







                                                       I


    Que c’est drôle je parle et je parle avec le moi-même
    en me disant que c’est beau le ventre le bras nu
    d’une femme même d’un homme
    et les énormes arbres du quartier gras.
    Gentiment gentiment pousse-t’il la bicyclette
    muette. Sa femme cherche une pharmacie elle est de très mauvaise
    humeur il pousse la bicyclette-bonheur ;
    bonheur bonheur retrouve-moi sous les pieds des géantes
    marines aux pieds des géantes
    femmes aux bras tendus flaccides
    du quartier gros, promène-toi à la table avec la bouteille de bière
    en face, brune.


    (1954)



    Che buffo io parlo e parlo con me stessa
    dicendomi che bello il ventre il braccio nudo
    d’una donna così come d’un uomo
    e gli enormi alberi del quartiere grasso.
    Gentilmente gentilmente spingi la bicicletta
    muta. Sua moglie cerca una farmacia è d’un cattivo
    umore lui spinge la bicicletta-felicità;
    felicità felicità ritrovami sotto i piedi dei giganti
    marine ai piedi dei giganti
    donne dalle flaccide braccia tese
    del quartiere grosso, vai a spasso alla tavola con la bottiglia di birra
    in faccia, bruna.



    Traduction inédite de Giacomo Cerrai.





                                                 II


    maintenant tu t’en vas de la table de l’hôte
    ça ne finira jamais cette promenade
    poétique et les grandes palmes qui te regardent
    de derrière un mur bas. La palme est haute
    la maison-bureau plus haute encore elle sert de fond
    puis les frondaisons lui piquent le toit et ensuite
    le ciel qui ne dit jamais rien de superflu
    car il parle par allusions. Les oiseaux pointus
    montent la garde en couples sont appelés en mission
    de quartier en quartier. Moi je tombe de sommeil
    ne résiste plus m’en vais. Comment faire
    sinon vivre jusqu’à en mourir jeune ?


    (1954)



    ora te ne vai dalla tavola dell’ospite
    questo non finirà mai questa passeggiata
    poetica e le grandi palme che ti guardano
    da dietro un basso muro. La palma è alta
    la casa-ufficio ancor più alta essa serve da sfondo
    poi il fogliame le punge il tetto e ancora
    il cielo che non dice mai niente di superfluo
    perchè parla per allusioni. Gli uccelli puntuti
    montano la guardia a coppie sono chiamati in missione
    di quartiere in quartiere. E io casco dal sonno
    non resisto più me ne vado. Come fare
    se non vivere fino a morirne giovane?



    Traduction inédite de Giacomo Cerrai.



    Amelia Rosselli, Adolescenza, Esercizi poetici 1954-1961, Primi Scritti, Guanda, 1980 in Amelia Rosselli, Le poesie, Garzanti, 1997 ; ried. collana Gli Elefanti, 2007, pp. 35-36. A cura di Emmanuela Tandello. Prefazione di Giovanni Giudici.







    Amelia_rosselli
    Ph. © Dino Ignani – Tous droits réservés
    Source







    BIO-BIBLIOGRAPHIE


    Biographie


    Née à Paris le 28 mars 1930 d’une mère d’origine anglaise (Marion Cave) et d’un leader antifasciste italien exilé en France (Carlo Rosselli, fils de l’écrivaine et dramaturge vénitienne Amelia Pincherle Moravia et fondateur du mouvement Giustizia e libertà), Amelia Rosselli assiste au double homicide de son père Carlo et de son oncle (Nello Rosselli). Le 9 juin 1937 à Bagnoles-de-l’Orne (Normandie). Un assassinat commandité par Galeazzo Ciano et Benito Mussolini, et perpétré par un commando de neuf cagoulards (miliciens fascistes). Traumatisée par ces morts violentes, Amelia Rosselli reste psychiquement marquée à vie. Régulièrement accueillie dans des hôpitaux psychiatriques pour dépression nerveuse, Amelia Rosselli se dit aussi atteinte, à partir de 1969, de la maladie de Parkinson.

    Après avoir effectué de nombreux déplacements entre l’Europe et les États-Unis, Amelia Rosselli s’installe en Italie en 1948. À Florence d’abord, puis à Rome. Elle partage son temps entre les études ― littérature, philosophie, mathématiques ― , la recherche musicale (à Darmstadt, elle côtoie John Cage dont elle devient l’amie) et la traduction. Elle traduit notamment les œuvres d’Emily Dickinson et de Sylvia Plath. Dans le même temps, elle se lie d’amitié avec Rocco Scotellaro (qui l’introduit dans le milieu littéraire romain), Carlo Levi, Niccolò Gallo, Renato Guttuso.

    À la fois musicienne et poète, Amelia Rosselli commence à écrire en 1950. Elle poursuit l’objectif de « faire du poème une pièce poétique ». Dans son essai Spazi metrici (1962, publié dans Variazioni belliche, 1964), Amelia Rosselli déclare n’avoir jamais dissocié, dans son travail sur la langue, problématique musicale et forme poétique. La recherche d’un langage universel qui coïnciderait avec la libération immédiate, à l’intérieur de la langue, des mécanismes psychiques profonds présidant à sa formation, aboutit à une sorte « d’esperanto émotif », à peine contrôlé par la conscience.

    Le poème « La libellula », écrit en 1958 (publié en 1969 dans le recueil Serie ospedaliera, puis en 1985 chez Sellerio), rend compte de l’originalité de « l’expérience associative » à laquelle Amelia Rosselli est attachée. L’expérience privée d’un plurilinguisme « apatride », associée à des lectures personnelles très poussées, contribuent à l’élaboration d’une écriture poétique très particulière, qu’Elio Vittorini sera l’un des premiers à reconnaître, et Pasolini à définir ; la qualifiant d’« écriture de lapsus » dans l’avant-propos de la publication de vingt-quatre des poèmes d’Amelia Rosselli (revue littéraire Il Menabò 6, Giulio Einaudi Editore, Torino, 1963). Lapsus comme « erreur créatrice » ou révolution sémantique, cette poésie écrite-parlée rend compte, à la manière d’un décalque, du désarroi métaphysique qui conduira Amelia Rosselli au suicide, dans l’après-midi du dimanche 11 février 1996, du haut d’une mansarde de la via Del Corallo à Rome. Trente-trois ans, jour pour jour, après celui de Sylvia Plath (11 février 1963).




    Bibliographie


    Les œuvres d’Amelia Rosselli ont d’abord été publiées dans des revues. Puis rassemblées dans différents recueils. Variazioni belliche* voit le jour chez Garzanti en 1964 (avec une postface de Pier Paolo Pasolini). Viennent ensuite :
    Serie ospedaliera [comprenant le poemetto « La Libellule »] (Il Saggiatore-Alberto Mondadori, Milano, 1969) ;
    Documento 1966-1973 (Garzanti, 1976) ;
    Primi scritti 1952-1963 (Guanda, Parma, 1980) ;
    Impromptu (Edizioni San Marco dei Giustiniani, Genova, 1981, rééd. 2003** ; trad. fr. Éd. Les feuillets de Babel, 1987. Traduction de Jean-Charles Vegliante) ;
    Appunti sparsi e persi 1966-1977 (Cooperativa Editoriale Ælia Lælia, Parma, 1983 ; Edizioni Empirìa, collana Sassifraga, Roma, 1997) ;
    La libellula (Sellerio Editore, Milano, 1985 ; ried. 1996 ; trad. fr. Ypsilon Éditeur, 2014. Traduction et postface de Marie Fabre) ;
    Antologia poetica (Garzanti, 1987. Édition établie par Giacinto Spagnoletti. Préface de Giovanni Giudici) ;
    Sleep. Poesie in inglese [1953-1966]*** (Rossi & Spera, Roma, 1989 ; Garzanti, 1992. Traduites en italien par Antonio Porta et Emmanuela Tandello sous la supervision de l’auteure ; Sonno-Sleep, Edizioni San Marco dei Giustiniani, Collana Quaderni del tempo, Genova, 2003. Préface de Nino Lorenzini) ;
    Diario ottuso 1954-1968 [unique livre de prose publié par Amelia Rosselli] (IBN [Istituto Bibliografico Napoleone] Éditions, collana La ruota, Roma, 1990. Préface d’Alfonso Berardinelli ; Edizioni Empirìa, collana Euforbia, Roma, 1996) ;
    Le poesie (Garzanti, 1997 ; ried. collana Gli Elefanti, 2007. Préface de Giovanni Giudici. Édition établie par Emmanuela Tandello) ;
    Una scrittura plurale. Saggi e interventi critici (Interlinea, collana Biblioteca di Autografo, Novara, 2004. Édition établie par Francesco Caputo) ;
    La furia dei venti contrari, Variazioni Amelia Rosselli. Con testi inediti e dispersi dell’autrice (Le Lettere, Collana Fuori Formato, Firenze, 2007. Édition établie par Andrea Cortellessa) ;
    Lettere a Pasolini, 1962-1969 (Edizioni San Marco dei Giustiniani, collana Quaderni del tempo, Genova, 2008. Édition établie par Stefano Giovannuzzi).


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli




    * Une traduction française de Variazioni belliche est disponible depuis le 3 mai 2012 : Amelia Rosselli, Variations de guerre (+ 14 photos), Ypsilon Éditeur, 2012. Traduit de l’italien par Marie Fabre | Préface de Jean-Baptiste Para | « Note sur Amelia Rosselli » par Pier Paolo Pasolini. ISBN 978-2-35654-020-1.
    ** Cette réédition est accompagnée d’un CD audio où l’on peut entendre la voix d’Amelia Rosselli lisant l’intégralité de ce poemetto.
    *** Un des poèmes (non inclus dans l’édition italienne) a été traduit en français par Jean-Charles Vegliante pour Le Nouveau Recueil n° 87, octobre 2008. On ne peut que regretter que ne nous soient pas communiqués en regard l’original en anglais et la traduction en italien qu’en avait faite Amelia Rosselli elle-même (une question de droits probablement…). Les privilégiés pourront cependant les retrouver dans l’Italian Poetry Review, 2007, N°2, pp. 40-45, publiée par la SEF (Società Editrice Fiorentina).





    AMELIA ROSSELLI


    Amelia_rosselli
    Ph. © Dino Ignani – Tous droits réservés
    Source



    ■ Amelia Rosselli
    sur Terres de femmes

    [Filtre entre moi et toi dans la sous-marine une clarté] (poème extrait de La libellula dans une traduction française de Marie Fabre)
    [La tua debolezza è la mia vittoria] (poème extrait de Variazioni Belliche + traduction française par Marie Fabre)
    T’aimer et ne rien pouvoir faire d’autre que t’aimer (poème extrait de “Dialogo con i Poeti”, Serie Ospedaliera 1963-1965)
    11 février 1996 | Mort d’Amelia Rosselli (article de Marie Fabre + extraits de Variazioni Belliche, dans une traduction de Marie Fabre)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur YouTube)
    Amelia Rosselli lisant en français trois des neuf poèmes d’Adolescence, dont les deux poèmes ci-dessus (lecture du 13 avril 1987)
    → (sur le site des éditions Ypsilon)
    un extrait du Dossier Amelia Rosselli de la Revue Europe (n° 996, avril 2012, pp. 197-201)[PDF]
    → (sur Imperfetta Ellisse)
    les deux poèmes d’Amelia Rosselli ci-dessus, traduits en corse par Nurbertu Paganelli
    → (sur Rai-TV Radioscrigno)
    d’exceptionnelles archives sonores, dont l’étonnante lecture d’un extrait de Sleep par Amelia Rosselli
    → (dans l’anthologie permanente de Poezibao)
    un extrait de Documento 1966-1973 d’Amelia Rosselli (traduction inédite d’Angèle Paoli)
    → (sur le site de l’Unità)
    « Amelia Rosselli, rivoluzionaria della poesia » par Lello Voce
    → (sur trickster)
    « La traduction chez Amelia Rosselli | Entre désappropriation et appropriation linguistique », par Sarah Ventimiglia





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  • Mercedes Roffé | Paysage

    «  Poésie d’un jour
    choisie par Cécile Oumhani
     »



    Composition_3
    Composition, G.AdC






    PAYSAGE


    Composition (à prédominance) naturelle
    avec une certaine intention ou (coïncidence) esthétique
    harmonique ou naïve, romantique ou sinistre
    vivace ou spectrale
    bigarrée ou dégagée
    ― où le ou n’exclut pas : il accumule ―
    de toute façon
    pampa avec arbre
    mer dans la tempête
    terrain d’irrigation suisse avec tracteur au fond
    muraille crénelée et en biais, en carré ogive
    champ vert ondoyant et hameau
    roche rouge
    terre de houille noire
    fer
    autoroute goudronnée
    olivaie d’un vert intense / troncs d’un marron calciné
    vache
    coucher de soleil
    ― peut-être en surimpression
    un peu trop rapproché mon visage
    de la vitre ―
    nuages, nuages
    troupeau retardataire dans la plaine bleue
    et en bas
    telle une toile marquée par un tailleur
    ― au point floche ―
    trapèzes de terre labourée
    d’un jaune paille
    terre cuite
    gris
    asphalte
    Un peu plus : granit

    […]


    Mercedes Roffé, Définitions mayas, Montréal, Éditions du Noroît, 2004, pp. 32-33. Édition bilingue espagnol-français. Traduit de l’espagnol (Argentine) par Nelly Roffé. Préface de Hélène Dorion.






    Dfinitions_mayas_3






    PAISAJE


    Composición (predominantemente) natural
    con cierta intención o co(i)nci(d)encia estética
    armónica o naïve, romántica o siniestra
    vivida o espectral
    o bigarrada o escueta
    ― donde la o no excluye: acumula ―
    en todo caso
    pampa con árbol
    mar en tempestad
    regadio suizo con tractor al fondo
    muralla almenada y en sesgo, en ojival recuadro
    campo verde ondulado y caserio
    roca roja
    tierra negra de hulla
    hierro
    alquitranada autopista
    verde olivar intenso / troncos de un marrón calcinado
    vaca
    puesta del sol
    ― sobreimpresa quizás
    un poco demasiado cerca mi cara
    en el cristal ―
    nubes, nubes
    manada morosa por el llano azul
    y abajo
    como una tela marcada por un sastre
    ― punto flojo ―
    trapecios de tierra arada
    amarillo reseco
    terracota
    gris
    asfalto
    un poco más : granito

    […]


    Mercedes Roffé, Definiciones mayas, New York, Pen Press – Plaquettes de Poesía, 1999.






    Roff_like_the_rains_come_2





    LANDSCAPE


    (Predominantly) natural composition
    with certain aesthetic co(i)nci(d)ence or intent
    either harmonious or naïve, romantic or uncanny
    vivid or spectral
    crowded or succinct
    ― where the “or” doesn’t exclude; it adds
    at any rate
    pampa with tree
    tempest in the ocean
    Swiss farm with tractor in the background
    crenelated wall and slanted, in a Gothic frame
    green and undulating field and hamlet
    red rock
    coal-blackened soil
    iron
    tarred highway
    dark-green olive grove / charred-brown logs
    cow
    sunset
    ― and somehow overprinted
    may be too close my face
    in the crystal ―
    clouds, clouds
    sluggish herd through the blue prairie
    and below
    like a piece of cloth sewn by a tailor
    ― basting thread ―
    trapezes of plowed soil
    dried-up yellow
    clay
    charcoal
    asphalt
    even more : granite

    […]


    Mercedes Roffé, Like the Rains Come, Exeter, UK, Shearsman Books, 2008. Translated by Janet Greenberg.






    BIO-BIBLIOGRAPHIE (établie par Cécile Oumhani)


         Née à Buenos Aires en 1954, Mercedes Roffé vit depuis 1995 à New York où elle a fondé en 1999 sa propre maison d’édition, Pen Press, dédiée à la publication de poètes contemporains de langue espagnole, ou de poètes étrangers traduits en espagnol.

        Mercedes Roffé est l’auteure de nombreux recueils de poèmes marqués à la fois par l’héritage latino-américain et par la quête de formes nouvelles. Traversés par l’interculturalité, ses poèmes témoignent d’une exigence formelle qui laisse aussi place à l’émotion.

         Ses poèmes ont été traduits et publiés dans de nombreuses revues expérimentales (Chain, Seneca Review, Prairie Schooner, The Literary Review, A’Bacus et Exact Change Yearbook) et elle est fréquemment invitée à des Festivals internationaux (Colombie, Argentine, Espagne, Roumanie, USA,…). Elle a aussi reçu une Bourse de la Fondation John Simon Guggenheim en 2001. Une anthologie de ses poèmes est parue en italien (L’algebra oscura, Bari, Quaderni della Valle, 2004. Traduzione di Emilio Coco), en Espagne (Tenerife, Colección Atlántica de Poesía, 2006), en Roumanie (Teoria culorilor, Bucaresti, Editura Academiei Internationale Orient-Occident, 2006), et la toute dernière au Royaume Uni en 2008 (Like the Rains Come. Selected Poems 1987-2006, Shearsman Books).

         Mercedes Roffé a également traduit en espagnol un grand nombre de poètes nord-américains, dont Erín Moure, Adrienne Rich, Jerome Rothenberg et Anne Waldman, mais aussi le Français Lorand Gaspar.

        Dans la préface de la traduction française de Définitions mayas, Hélène Dorion écrit :

         « L’esprit donc. Mais aussi la chair. Aussi l’âme. Et le cœur. La poésie, pour Mercedes Roffé, est tout cela. Elle est ce flot de conscience qui englobe l’être entier, l’histoire, la culture. Surtout, elle est un processus permanent de lecture du monde. »



    Bibliographie :

        En espagnol :

    Poemas, Madrid, Síntesis, 1977 ;
    El tapiz, bajo el heterónimo Ferdinand Oziel, Buenos Aires, Tierra Baldía, 1983 ;
    Cámara baja, Buenos Aires, Último Reino, 1987 ; Santiago de Chile, Cuarto Propio, 1996 ;
    La noche y las palabras, Buenos Aires, Bajo la luna llena, 1996; Santiago de Chile, Cuarto Propio, 1998 ;
    Definiciones Mayas, New York, Pen Press, 1999 ;
    Antología poética, Caracas, Pequeña Venecia, 2000 ;
    Canto errante, Buenos Aires, tsé-tsé, 2002 ;
    Memorial de agravios, Córdoba, Alción, 2002 ;
    La ópera fantasma, Buenos Aires, Bajo la luna, 2005 ;
    Milenios caen de su vuelo, anthologie, Tenerife, Colección Atlántica de Poesía, 2005 ;
    Las linternas flotantes, Buenos Aires, Bajo la luna, 2009.

        En français et en anglais :

    Définitions mayas et autres poèmes, en édition bilingue espagnol-français, Montréal, Éditions du Noroît, 2004. Traduction de Nelly Roffé.
    Like the Rains Come, Selected Poems 1987-2006, Exeter, UK, Shearsman Books, 2008. Traduction de Janet Greenberg.
    Rapprochements de la bouche du roi, en édition bilingue espagnol-français, Montréal, Éditions du Noroît, 2009. Traduction de Nelly Roffé.
    Les Lanternes flottantes, en édition bilingue espagnol-français, Montréal, Éditions du Noroît, 2013. Traduction de Nelly Roffé.





    MERCEDES ROFFÉ


    Mercedes_ter
    Source



    ■ Mercedes Roffé
    sur Terres de femmes

    [De muy lejos venimos] (extrait des Lanternes flottantes)
    Naître à nouveau
    → (dans l’anthologie Terres de femmes)
    Les Lanternes flottantes, VII



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site Las Afinidades electivas)
    plusieurs poèmes (en espagnol) de Mercedes Roffé issus de Definiciones mayas



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    une interview (en anglais) [27min57] de Mercedes Roffé par le poète Leonard Schwartz (l’on y entend Mercedes Roffé dire en espagnol deux de ses poèmes)





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  • Pierre Reverdy | Les Ardoises du toit

    «  Poésie d’un jour  »



    Poeme_ardoise_jetee_pierre_reverdy
    Image, G.AdC





    Sur chaque ardoise

                                  qui glissait du toit

                                                on

                                          avait écrit

                                                             un poème


    La gouttière est bordée de diamants

                                                  les oiseaux les boivent



    Pierre Reverdy, Les Ardoises du toit, 1918, in Plupart du temps, I, 1915-1922, Gallimard, Collection Poésie, 1969, page 163.






                                 LA JETÉE

                                           

                    Les étoiles sont derrière le mur

    Dedans saute un cœur qui voudrait sortir

    Aime le moment qui passe

                           À force ta mémoire est lasse

    D’écouter des cadavres de bruits

    Dans le silence

                          Rien ne vit

    Au fond de l’eau l’image s’emprisonne

    Au bord du ciel une cloche qui sonne

    La voile est un morceau du port qui se détache


    Tu restes là

                           Tu regardes ce qui s’en va

    Quelqu’un chante et tu ne comprends pas

    La voix vient de plus haut

                                      L’homme vient de plus loin

                           Tu voudrais respirer à peine

    Et l’autre aspirerait le ciel tout d’une haleine



    Pierre Reverdy, Les Ardoises du toit, 1918, in Plupart du temps, I, 1915-1922, Gallimard, Collection Poésie, 1969, page 196.





    ■ Pierre Reverdy
    sur Terres de femmes

    Le bonheur des mots
    Ciel étoilé (poème extrait des Ardoises du toit)
    Heure
    Sur la mer le lever du jour (poème extrait de Sources du vent)
    11 septembre 1889 | Naissance de Pierre Reverdy (poème + notice bio-bibliographique)
    15 mars 1918 | Pierre Reverdy, Les Ardoises du toit
    17 juin 1960 | Mort de Pierre Reverdy


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site du cipM, centre international de poésie Marseille) la
    fiche bio-bibliographique consacrée à Pierre Reverdy
    → la page Pierre Reverdy du blog
    La Lucarne



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