Catégorie : Anthologie poétique « Poésie d’un jour »


  • e.e. Cummings | Beautiful

    «  Poésie d’un jour  »



    Image, G.AdC
    Theunmeaning                    41

                  Beautiful

                  is the
                  unmea
                  ning
                  of(sil

                  ently)fal

                  ling(e
                  ver
                  yw
                  here)s

                  Now





    e.e. Cummings, 41 : Beautiful, in 95 Poems, Complete Poems 1904-1962, edited by George J. Firmage, New York, Liveright Publishing Corporation, Centennial edition published, 1994, page 713.






                                             41

                                 Magnifique

                                 est l’in
                                 signif
                                 iance
                                 des(sil

                                 encieux)floc

                                 ons qui
                                 (part
                                 out
                                 ici)se

                                 Pres(s)ent





    e.e. Cummings, 41 : Magnifique, 95 poèmes [1958], Flammarion, 1983 ; Collection Poésie/Points, octobre 2006, page 73. Traduit de l’anglais et présenté par Jacques Demarcq.





    ■ e.e. Cummings
    sur Terres de femmes

    [goodby Betty, don’t remember me]
    Memorabilia
    [my lady is an ivory garden]



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site American Poems) une
    bio-bibliographie d’e.e. Cummings (+ un choix de 153 poèmes)
    → (sur scribd.com)
    l’intégralité des poèmes d’e.e. Cummings





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  • Raymond Carver/La Vitesse foudroyante du passé

    «  Poésie d’un jour  »


    Journée mondiale de la Poésie




    Jai_deja_reve_cela
    Ph, G.AdC





    La vitesse foudroyante du passé

    Le cadavre nourrit l’angoisse de      
    hommes qui croient      
    au Jugement dernier et de ceux qui n’y      
    croient pas.      

    ― André Malraux      


    Il enterra sa femme qui était morte dans
    la misère. Dans la misère, il
    gagna le porche, où il regarda
    le soleil se coucher et la lune se lever.
    Les jours semblaient ne passer que pour revenir
    encore. Comme un rêve dans lequel on pense,
    J’ai déjà rêvé cela.

    Rien de ce qui arrive ne demeurera.
    Avec son couteau il pela
    une pomme. La pulpe blanche, corps
    de la pomme, s’assombrit
    et vira au brun, puis au noir,
    sous ses yeux. Le visage usé de la mort !
    La vitesse foudroyante du passé.

    Raymond Carver, La Vitesse foudroyante du passé, Éditions de l’Olivier, Collection Poésie/Points, 2006, p. 95. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Emmanuel Moses.



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  • Sophie Loizeau | vendredi

    «  Poésie d’un jour  »



    Vendredi
    Ph., Estel







    VENDREDI



    vendredi : jour de lessive la bonne aubaine jeter le vent
    dans les draps pour le faire brailler on aime
    pendant les grâces quelqu’un lâche de noires sornettes on dit
    pis que pendre de la maison — on médit — dont le ventre est pourtant
    l’endroit le plus sûr de la terre    un craquement     le bois qui travaille
    chacun compte ses abattis pense à part soi voilà l’autre ongulé là-haut
    chargé de tous les péchés d’Israël descendu du grenier
                         et qu’on n’attendait pas




    Sophie Loizeau, Bergamonstres, poésie, Éditions L’Act Mem, Collection Passages à L’Act (dirigée par Henri Poncet), 2008, page 127*.




    * NOTE d’AP : l’ouvrage Bergamonstres (compilation de La Nue-bête et d’Environs du bouc) est aujourd’hui épuisé. Environs du bouc a été réédité aux éditions de L’Amandier en février 2012.





    SOPHIE LOIZEAU


    Sophie Loizeau
    Ph. © Adrienne Arth
    Source




    ■ Sophie Loizeau
    sur Terres de femmes

    Bergamonstres (note de lecture d’Angèle Paoli sur Bergamonstres, publiée dans la revue Europe d’août-septembre 2008)
    [L’œil persiste aux lisières] (extrait du Corps saisonnier)
    les rêves les mieux ouvrés (extrait de La Femme lit)
    caudal (extraits)
    [Moabi quand tout va bien] (extrait de Ma maîtresse forme)
    → (dans l’anthologie Terres de femmes)
    le bain de diane [extrait du roman de diane, paru en mai 2013 aux éditions Rehauts]



    ■ Voir aussi ▼

    le site personnel de Sophie Loizeau
    → (dans Levure littéraire n° 7)
    un entretien de Sophie Loizeau avec Rodica Draghincescu
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique consacrée à Sophie Loizeau
    → (sur le site de l’écrivain Claude Ber)
    une bio-bibliographie de Sophie Loizeau
    → (sur le site des éditions L’Amandier)
    une bio-bibliographie de Sophie Loizeau





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  • Stefanu Cesari | Ti scrivaraghju in faccia

    «  Poésie d’un jour  »


    Stefanu_cesari
    Stefanu Cesari lisant un poème
    de son avant-dernier recueil Forme animale
    Canari (Haute-Corse)

    Ph., G.AdC





    J’ECRIRAI SUR TON VISAGE


    J’écrirai sur ton visage des mots qui ne servent à rien
    tu ne parleras dans le regard des autres
    qu’une langue incertaine
    aux mensonges forcés
    à même la peau

    l’inutile douleur du tatouage
    pour tout dire







    TI SCRIVARAGHJU IN FACCIA


    Ti scrivaraghju in faccia tanti paroli vani
    chi’n u sguardu di l’altri parlarani
    una fabeta di lingua
    a fior’ di visu una bucìa un calcosa
    o micca, a saparé tu
    calchì dulori ghjustu
    capaci à dì
    u guasgi tuttu





    Forme_animale_2
    Ph., G.AdC




    Stefanu Cesari, Forme animale, A Lingua lla bestia (édition bilingue corse-français), A Fior di Carta éditions, Collection Puesia, Barrettali (Haute-Corse), mars 2008, pp. 24-25. Prix des lecteurs de Corse 2009.







    Joute poétique
    Joute poétique sur la Terrasse au tilleul d’Angèle Paoli
    (Canari, 15 mars 2008)
    A gauche (prenant la parole), Yves Thomas, éditeur webmestre de TdF,
    au centre Angèle Paoli et Stefanu Cesari,
    sur le rocher à droite Hélène Sanguinetti

    Ph., G.AdC





    ■ Stefanu Cesari
    sur Terres de femmes


    Incù ciò chi tu m’ha’ lacatu (extrait de Genitori)
    [In un libru à a cuprendula russa] (extrait d’U Mìnimu Gestu)
    Bartolomeo in cristu (lecture d’AP)
    [Jeune […] autant que l’eau] (extrait de Bartolomeo in cristu)
    [Nivi, nò?] (autre extrait d’U Mìnimu Gestu)
    [On sent peser sur soi un vêtement immatériel] (extrait de Prighera par l’armenti)




    ■ Voir aussi ▼


    Gattivi Ochja, la revue de poésie en ligne de Stefanu Cesari
    → (sur Terre à ciel)
    un entretien de Françoise Delorme avec Stefanu Cesari





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  • Valérie Rouzeau | À me bercer

    «  Poésie d’un jour  »


    Je__maffuble__de__mes__folklores_bi
    Image, G.AdC







    À  me  bercer  les  pieds  gelés  à   me  rouler  sous  les
         couvrantes
    Pense à mon loup le rouge aux joues la vieille solitude
         qui chaperonne
    Je  m’affuble  de  mes  folklores  ça  coule  de  source  ne
         manque pas de sel
    La neige peut tomber ça ne prend plus les bras s’étirent
         sans épouvante sous le ciel vide où je lance tous les
         noms d’oiseaux
    Le cœur rallonge




    Valérie Rouzeau, Va où, Le temps qu’il fait, 2002, page 77.



    VALÉRIE ROUZEAU


    Rouzeau Durigneux
    D.R. Ph. Michel Durigneux
    Source






    ■ Valérie Rouzeau
    sur Terres de femmes


    [Anthologie du vers unique] (extrait d’Éphéméride)
    [Chez mes hôtes en pays gaga] (autre extrait d’Éphéméride)
    [J’aime aller dans la rue avec en tête un chant] (extrait de Sens averse)
    une fiche bio-bibliographique sur Valérie Rouzeau
    Nous nous serions perdus (poème de jeunesse)
    Oie rêve à l’azur (note de lecture sur Apothicaria)
    25 décembre | Valérie Rouzeau, Quand je me deux
    Quand je passerai
    Vrouz (lecture de Tristan Hordé)
    [Tout s’écaille] (extrait de Vrouz)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Dans le vent d’hiver
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le portrait de Valérie Rouzeau (+ un extrait de Va où)




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur le tiers livre)
    un dossier de 34 pages sur Valérie Rouzeau, réalisé par l’équipe de la médiathèque municipale Jacques-Thyraud de Romorantin-Lanthenay [texte de présentation d’Angèle Paoli] (PDF)
    → (sur le site de Libération)
    Valérie Rouzeau lisant des extraits de Pas Revoir





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  • Sandra Moussempès | Vestiges de fillette

    «  Poésie d’un jour  »



    Le_silence_des_vpres
    Ph., G.AdC





    VESTIGES DE FILLETTE


    Elle écoute la voix de l’homme en elle.
    Elle accomplit le dernier rêve : le silence des vêpres.
    Elle porte une cape de laine brune autour de ses épaules meurtries.
    La peau si fine et désirable, une boucle dans la nuque de lait.
    Elle marche sous la grêle, une âme captive s’ignore.
    Elle respire la saveur de la steppe.
    Fraîcheur du ciel au-dessus des herbes rêches.
    L’homme lui dicte les maux fous du soupir.
    Une alliance indéfinie, jeune fille écartelée, carcan de glaise.
    Son pas rapide confère à ses yeux l’étrangeté du serment.


    Sandra Moussempès, Psaume X, in Emily B. (Autour de « Wuthering Heights »), Vestiges de fillette, Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, 1997, page 52.





    NOTES d’AP :

    1. Emily B. (Autour de « Wuthering Heights ») est une série de onze variations (Psaume I à Psaume XI) autour de l’ouvrage Wuthering Heights d’Emily Brontë, « une forme d’infiltration décalée autour du lyrisme de la romancière anglaise » (Sandra Moussempès).
    2. Biographie des idylles [et non pas Biographie des voix extérieures, comme il est parfois mentionné] de Sandra Moussempès (Éditions de l’Attente, 2008) est disponible depuis l’automne 2008 chez les libraires. Richard Blin a consacré une note de lecture à ce recueil dans le N° 97 (octobre 2008) du Matricule des Anges. En septembre 2009 est paru le septième recueil de Sandra Moussempès : Photogénie des ombres peintes, chez Flammarion/Poésie. Il comprend les deux recueils parus aux Éditions de l’Attente (Le seul jardin japonais à portée de vue [2005] et Biographie des idylles) et de nombreux inédits.





    SANDRA MOUSSEMPÈS

    Portrait_de_sandra_moussemps_ter
    Ph., G.AdC


    ■ Sandra Moussempès
    sur Terres de femmes


    Penny Prose (un poème issu du même recueil)
    Photogénie des ombres peintes (note de lecture)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Une histoire naturelle


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site du cipM) une
    fiche bio-bibliographique sur Sandra Moussempès (une belle occasion de découvrir le nouveau catalogue informatisé de la Bibliothèque du cipM, mis tout récemment en ligne sur le site du cipM)
    → (sur le site de la Mél, Maison des écrivains et de la littérature) une
    fiche bio-bibliographique de Sandra Moussempès par elle-même
    → (sur le site du Matricule des anges) un
    article de Xavier Person sur Vestiges de fillette
    → (dans Le Nouveau Recueil N° 48, septembre-novembre 1998)
    une note de lecture de Philippe Delaveau sur Vestiges de fillette



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  • Carlo Bordini, Polvere

    «  Poésie d’un jour  »







    La_poussire_nest_pas_dcombres_dsorm
    Ph., G.AdC







    SARÒ UN PO’ MENO DI QUELLO CHE SONO



    Sarò un po’ meno di quello che sono,
    e anzi, molto meno. Polvere. Ho perso molto.
    Ciò che si perde è irrecuperabile, e se lo si recupera esso
    è ormai disperso, non rientra più nell’ordine prestabilito
    delle cose. Sono contento
    se di me non rimane che un lieve
    involucro. Ho perso
    molto. In questa levità,
    ciò che più importa è l’essenza di acuti,
    che tutto sia tondo e raccolto. Basta
    questo. Tutto ciò che è devastato può divenire rotondo,
    ancora rotondo. Come un vaso. E’ ancora possibile.
    La polvere può essere recuperata. La polvere era una volta
    detriti. Ora la polvere non è detriti,
    è lenta friabile. La polvere
    è un pò meno, ma può essere
    tenuta insieme. Le ferite
    possono diventare polvere, raccolta
    e conchiusa. Sono contento
    di non capire le cose. La loro
    ragione. Vi sono cose che ignoro, e sono
    contento. Appaiono come misteri,
    tranquille. Ad esempio,
    la ragazza che incontro sempre, mi ama
    o no ? Non lo so. Sono contento
    di non saperlo. Sono contento di non sapere
    se l’amo, o meglio, so che non l’amo, che potrei
    amarla ; sono contento
    di non sapere se avrei potuto amarla. Questo mistero
    mi rassicura più del suo amore.
    E’ bello non sapere. Non sapere, ad esempio,
    quanto vivrò,
    o quanto vivrà la terra.
    Questa sospenzione
    sostituisce l’eternità.







    JE SERAI TOUJOURS UN PEU MOINS QUE CELUI QUE JE SUIS



    Je serai toujours un peu moins que celui que je suis,
    et même, beaucoup moins. Poussière. J’ai beaucoup perdu.
    Ce que l’on perd est irrécupérable, et si on le récupère il
    est désormais dispersé, il ne rentre plus dans l’ordre préétabli
    des choses. Je suis content
    s’il ne reste de moi qu’une légère
    enveloppe. J’ai perdu
    beaucoup. Dans cette légèreté,
    ce qui importe le plus est l’absence des aigus,
    que tout soit rond et recueilli. Cela
    suffit. Tout ce qui est dévasté peut devenir rond,
    rond encore. Comme un vase. C’est encore possible.
    La poussière peut être récupérée. La poussière était autrefois
    décombres. La poussière n’est pas décombres désormais,
    elle est lente friable. La poussière
    est un peu moins, mais elle peut être
    rassemblée. Les blessures peuvent devenir poussière, recueillie
    et ramassée sur elle-même. Je suis content
    de ne pas comprendre les choses. Leur
    raison. Il y a des choses que j’ignore, et je suis
    content. Elles apparaissent comme des mystères,
    tranquilles. Par exemple,
    la jeune femme que je vois toujours, m’aime-t-elle
    ou non ? Je ne le sais pas. Je suis content
    de ne pas le savoir. Je suis content de ne pas savoir
    si je l’aime, ou mieux, je sais que je ne l’aime pas, que je pourrais
    l’aimer ; je suis content
    de ne pas savoir si j’aurais pu l’aimer. Ce mystère
    me rassure plus que son amour.
    Il est beau de ne pas savoir. Ne pas savoir, par exemple,
    combien je vivrai,
    ou combien vivra la terre.
    Cette suspension
    remplace l’éternité.



    Carlo Bordini, Incipit de Poussière/Polvere [Empirìa, Roma, 1999], Alidades bilingues, 74500 Évian-les-Bains, 2008, pp. 6-9. Traduit de l’italien par Olivier Favier.






    Carlo Bordini  Poussière





    CARLO BORDINI (1938-2020)


    Carlo Bordini 2
    Source




    ■ Voir |aussi ▼


    → (sur On ne dormira jamais, le site d’Olivier Favier) une
    esquisse bio-bibliographique de Carlo Bordini





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  • Tristan Tzara/Quelle est la belle au cœur d’eau

    «  Poésie d’un jour  »




    Lombre_refoule_en_dautres_vies_me_p
    Ph, G.AdC




                                     XIV

    quelle est la belle au cœur d’eau
    au cœur de l’eau changeant de peines
    à peine marchant de chanson en chanson
    dévisagée le long des yeux

    déraisonnée au long des îles
    se vident dans le sommeil les vérités à peine pensantes
    mourir dans l’eau veuve de désirs
    où se dérèglent les rides

    vie sauvage fleurs aux temps
    sommeil mordu au flanc des furies
    l’ombre refoulée en d’autres vies me porte
    ombre désormais secret sans vie

    sans amis et sans figure
    je t’ai vue dans la prairie
    pareille aux autres couronnée par mon soleil
    unique changeant de femme en femme

    comme le rire comme la nuit
    sans passion ni retour
    déchirée en son or
    morte au sommeil des antres

    Tristan Tzara, La Fonte des ans in Morceaux choisis, Bordas, 1947, page 150. Préface de Jean Cassou.



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  • Fabienne Courtade | suffoquer prendre cette douleur

    «  Poésie d’un jour  »


    Nous_sommes_dos__dos
    Image, G.AdC







    suffoquer prendre cette douleur




    suffoquer prendre cette douleur
    délicieuse    douceur attendre
    regarde passer

    je voulais t’avaler, je te regarde, je       
    n’en reviens pas j’y reviens pourtant je

    viens
    regarde

    avale
    perds
    un peu de sueur      bord
    des lèvres     si douces évidentes s’y
    noyer
    avec
    champ de bataille     même
    sous
    dessous moins que
    rien au-dessous de
    moins que rien
    fermer avec mots inscrits sur papier : mots d’amour ― écrit-il
    / sans /
    ce sont mots derniers, sur billet de banque combien
    je      coûte      (rien je
    ne
    coûte      rien

    le corps est de dos
    nous sommes dos à dos


    j’avance




    Fabienne Courtade, Table des bouchers, éditions Flammarion, Collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves di Manno, 2008, pp. 151-152.






    Fabienne Courtade  Table des bouchers





    FABIENNE COURTADE






    ■ Fabienne Courtade
    sur Terres de femmes


    Table des bouchers, poésie (note de lecture d’AP)
    19 août 2004 | Fabienne Courtade, le cœur bat très vite (extrait de Table des bouchers)
    Rien ne nous précède (extrait de Ciel inversé)
    [le fleuve s’entend au loin] (extrait de Corps tranquille étendu)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    poème inédit [sans titre]





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  • Corse_3 Joël Bastard, Casaluna

    «  Poésie d’un jour  »



    La_riviere_3
    Ph., G.AdC





    Se tenir là. Sur cette rive. Pieds nus dans le silence des éboulis. Le long du lit mobile. La pente se tenant elle aussi sur la rivière. Se dressant dans le bleu excédé. Se retenant dans la chute  à  sa  propre disparition. Elle finira par se  laver de sa verticalité légendaire. Dans le mélange des chemins. Le retournement des fon-
    dations confidentielles. Les portes désolées. Elle finira dans le ventre éviscéré des truites noires. Dans l’accourse de cette langue glacée.


    Joël Bastard, Casaluna, poème, Éditions Gallimard, Collection blanche, 2007, page 18.







    Casaluna


    CASALUNA


    La rivière Casaluna prend naissance dans le flanc ouest du San Petrone en Corse et se jette vingt-sept kilomètres plus loin dans le Golo pour y rejoindre la mer.

    « J’ai longtemps cru que cette rivière était la mienne. J’aurais pu m’arrêter d’écrire là » (Joël Bastard).

    Pendant les deux mois qu’il a passé au Mali, au bord du fleuve, le poète Joël Bastard n’a cessé de penser à la Corse, à l’eau de la rivière et à l’eau du lavoir. Des images anciennes refluent, durablement inscrites dans la mémoire. Et qui jaillissent dans le poème comme des instantanés, à la manière des Chjami è rispondi de l’enfance. Seul le rythme change, qui est celui de l’alexandrin. La rivière, fil rouge qui conduit le poète, le guide, pendant deux années, dans une écriture chronologique et physiologique :

    « J’évolue avec ce que je suis en train d’écrire, j’avance, je marche avec mon écriture », déclare modestement Joël Bastard.

    A Ségou, les bibliothèques n’existent pas. Le poète écrit en marchant, page blanche et encre noire très concentrée. Il faut que le mot soit épais. Le livre s’écrit dans le flux de la lumière. Et la marche induit des manières différentes de penser et d’écrire. Poème creusé par l’absence, Casaluna est le « tombeau de la mère ». Mais au-delà de la part autobiographique, par son langage, Casaluna rejoint l’universel.





    Joel_bastard




    _____________________________
    [Notes prises le 14 décembre 2007, à la Bibliothèque Patrimoniale de Bastia, où Joël Bastard était venu présenter Casaluna. Invité par Jean-François Agostini, Joël Bastard avait retracé pour nous, en présence de Jacques Fusina, l’histoire de Casaluna. Une lecture dédiée à sa mère, Madeleine Emmanuelli, à la Castagniccia, au village de Corsoli, à la Corse. Et à Casaluna, la rivière de son enfance. A.P.]






    Joelbastard




    ■ Joël Bastard
    sur Terres de femmes

    [Assis à côté, à la proue d’un navire] (extrait d’Une cuisine en Bretagne)
    Bakofé
    Chasseur de primes (lecture de Paul de Brancion)
    Une cuisine en Bretagne (lecture d’AP)
    Le visage de Mah



    ■ Voir aussi ▼

    → le
    blog de Joël Bastard





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