Catégorie : Anthologie poétique « Poésie d’un jour »


  • Edmond Jabès | [Dans le miroir de ma salle de bain]



    Claude Garache
    Claude Garache, gravure de l’édition originale
    de Edmond Jabès, Désir d’un commencement, Angoisse d’une seule fin,
    Fata Morgana, 1991.
    Source







    [DANS LE MIROIR DE MA SALLE DE BAIN]



    Dans le miroir de ma salle de bain, je vis apparaître un visage qui aurait pu être le mien mais dont il me semblait découvrir, pour la première fois, les traits.

    Visage d’un autre et, cependant, si familier.

    Groupant mes souvenirs, je retrouvais, à travers lui, l’homme avec lequel on me confond mais dont je suis seul à savoir que, de tout temps, il fut, pour moi, un étranger.

    Brusquement, le visage disparut et le miroir,
    ayant perdu sa raison d’être, ne refléta plus que le pan de mur, lisse et blanc, qui lui faisait face.

    Page de verre et page de pierre, dialoguant entre elles, solitaires et complices.

    Le livre n’a point d’origine.



    Jeune est le monde au regard de l’éternité et si vieux au regard de l’instant.



    Edmond Jabès, « Angoisse d’une seule fin » in Désir d’un commencement, Angoisse d’une seule fin, Fata Morgana, 1991, pp. 32-33. Eaux-fortes de Claude Garache.





    Edmond Jabès 2



    EDMOND JABÈS


    Edmond Jabès portrait
    Source




    ■ Edmond Jabès
    sur Terres de femmes


    La jeune fille qui marche (un poème extrait de Je bâtis ma demeure)
    La soif de la mer (autre poème extrait de Je bâtis ma demeure)




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur YouTube)
    Au seuil du livre d’Edmond Jabès, dit par Michel Bouquet et Roger Blin






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  • Marie Botturi | Printemps



    Jacques Saraben  Printemps
    Jacques Saraben, Printemps
    Dessin à l’encre de Chine, 2018
    in Haïkus le long de la Loire, page 11.
    Source









    PRINTEMPS
    (extrait)




    Tôt, dès ce matin,
    le fleuve lance ses feux,
    lumière sans nom.



    La beauté du ciel
    déploie son immense gloire,
    bondit sur la Loire.



    Des couleurs nouvelles,
    avril s’habille et se dore,
    et ces chemins d’herbes !



    Le long de la Loire
    j’interromps ma course à pied,
    la mésange chante.



    Entre les tilleuls
    l’eau miroitante palpite,
    lumière d’extase.



    Tantôt sur le sable,
    tantôt dans l’eau, jouent les chiens,
    pleins instants de paix.




    Marie Botturi, « Printemps », Haïkus le long de la Loire, Éditions Alcyone, Collection Surya, 2019, pp. 16-17. Dessins de Jacques Saraben.





    Marie Botturi  Haïkus





    MARIE BOTTURI


    Marie Botturi
    Source




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Alcyone)
    la fiche de l’éditeur sur Haïkus le long de la Loire
    le site de Marie Botturi
    le site de Jacques Saraben






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  • Kiki Dimoula | Autoconservation



    Autoconservation
    Source




    ΑΥΤΟΣΥΝΤΗΡΗΣΗ



    Θά πρέπει νά ῾ταν ἄνοιξη
    γιατί ἡ μνήμη αὐτή
    ὑπερπηδώντας παπαροῦνες ἔρχεται.
    Ἐκτός ἐάν ἡ νοσταλγία
    ἀπό πολύ βιασύνη,
    παραγνώρισ᾿ ἐνθυμούμενο.
    Μοιάζουνε τόσο μεταξύ τους ὅλα
    ὅταν τά πάρει ὁ χαμός.
    Ἀλλά μπορεῖ νά ῾ναι ξένο αὐτό τό φόντο,
    νά ῾ναι παπαροῦνες δανεισμένες
    ἀπό μιάν ἄλλην ἱστορία,
    δική μου ἢ ξένη.
    Τά κάνει κάτι τέτοια ἡ ἀναπόληση.
    Ἀπό φιλοκαλία κι ἔπαρση.

    Ὅμως θά πρέπει νά ῾ταν ἄνοιξη
    γιατί καί μέλισσες βλέπω
    νά πετοῦν γύρω ἀπ᾿ αὐτή τή μνήμη,
    μέ περιπάθεια καί πίστη
    νά συνωστίζονται στόν καλύκά της.
    Ἐκτός ἂν εἶναι ὁ ὀργασμός
    νόμος τοῦ παρελθόντος,
    μηχανισμός τοῦ ἀνεπανάληπτου.
    Ἂν μένει πάντα κάποια γῦρις
    στά τελειωμένα πράγματα
    γιά τήν ἐπικονίαση
    τῆς ἐμπειρίας, τῆς λύπης
    καί τῆς ποίησης.




    Κική Δημουλά, Το λίγο του κόσμου, εκδόσεις Νεφέλη, Ἀθήνα, 1971, 1983 ; εκδόσεις Στιγμή, 1990.






    AUTOCONSERVATION



    Ce devait être le printemps,
    car cette mémoire
    arrive enjambant les coquelicots.
    À moins que la nostalgie
    dans sa hâte
    n’ait méconnu le souvenir.
    Tout se ressemble tant
    lorsque la perte s’en empare.
    Mais le souvenir peut être exact
    le fond étranger
    et les coquelicots empruntés
    à une autre histoire,
    mienne ou étrangère.
    La réminiscence en est bien capable
    par amour du beau et arrogance.

    Mais ce devait bien être le printemps
    car je vois des abeilles
    voler autour de cette mémoire,
    affectueuses et fidèles
    se presser sur son calice.
    À moins que ce ne soit l’orgasme
    loi du passé,
    mécanisme de l’irréitérable.
    Et qu’il reste toujours quelque pollen
    dans les choses finies
    pour la pollinisation
    de l’expérience, de la tristesse
    et de la poésie.




    Kiki Dimoula, Le peu du monde in Du peu du monde et autres poèmes, édition bilingue, La Différence, Collection Orphée dirigée par Claude Michel Cluny, 1995, pp. 28-31. Choix, traduction du grec et présentation par Martine Plateau-Zygounas.





    Kiki Dimoula  Du peu de différence





    ___________________
    Ci-dessous, une traduction du même poème par Michel Volkovitch :



    AUTOCONSERVATION



    Ce devait être le printemps
    car le souvenir qui arrive
    saute par-dessus les coquelicots.
    Sauf si la nostalgie
    dans sa hâte,
    a mal vu le souvenu.
    Tout se ressemble tant
    au moment de la perte.
    Mais la mémoire est peut-être exacte
    et ce fond étranger,
    et les coquelicots issus
    d’une autre histoire,
    mienne ou étrangère.
    La mémoire fait des coups pareils.
    Par amour du beau et par vanité.

    Pourtant ce devait être au printemps
    car je vois aussi des abeilles
    voler autour de ce souvenir,
    et s’entasser avec foi et passion
    dans son calice.
    Sauf si l’orgasme
    est une loi du passé,
    un mécanisme de l’unique.
    Et s’il reste toujours du pollen
    dans les choses achevées
    pour la fécondation
    de l’expérience, de la tristesse
    et du poème.




    Kiki Dimoula, Le Peu du monde [Το Λίγο του κόσμου, Ἀθήνα, 1971] in Le Peu du monde suivi de Je te salue Jamais, éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 2010, pp. 26-27. Traduit du grec par Michel Volkovitch.





    Kiki Dimoula  Le Peu du monde





    KIKI DIMOULA (1931-2020)


    Kiki_dimoula portrait
    Source





    ■ Kiki Dimoula
    sur Terres de femmes




    La pierre périphrase (autre poème extrait du Peu du monde)
    Temps allongé (poème extrait de Mon dernier corps)




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur le site de Michel Volkovitch)
    d’autres poèmes de Kiki Dimoula
    → (sur Poetry International)
    dix poèmes de Kiki Dimoula
    → (sur Lumière des jours, le blog de Jacques Ancet)
    un article de Jacques Ancet (« Tristesse de fond ») sur la poésie de Kiki Dimoula
    → (sur le site du Σπουδαστήριο Νέου Ελληνισμού/Center for Neo-Hellenic Studies)
    trois poèmes de Kiki Dimoula (dont Ο πληθυντικός αριθμός) dits par elle-même






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  • Angèle Paoli | L’Aviatrice, I & II


    L’AVIATRICE



    I

    .

    Terre ciel mer
    osmose aboutie
    de l’androgyne

    cosmos

    même fête même tempête
    mêmes voilures dans les airs

    embarquement vers ~~~




    II

    .

    Et le feu ?

    Il est forme dérobée

    brûlante passion qui pousse
    la voyageuse — Elle ? —
    au-delà des frontières
    des limites du vide
    d’un réel invisible
    expérimentation et
    découvertes

    louve de mer capitaine au long cours

    aviatrice nautonière

    « O Captain! My Captain! our fearful trip is done» *

    à quelles métamorphoses
    ton rêve de fusion convie-t-il ?




    _____________
    * in Walt Whitman, Leaves of grass


    [SUITE => III]






    AVIATRIX



    I

    .

    Earth sky sea
    utter osmosis
    of the androgynous

    universe

    same high days same tempests
    same sails catching the breeze

    setting out for ~~~




    II

    .

    And the flame?

    Its form hidden

    incandescent passion that spurs
    the voyager on her way – She? –
    leaping borders
    the frontiers of the void
    the invisible real
    experimentation and
    revelations

    she sea-wolf skipper for the long haul

    oceanic aviatrix

    O Captain! My Captain! Our fearful trip is done

    to what shape-shiftings
    does your dream of union invite us on?



    Translated by Martyn Crucefix


    [SUITE => III]



    Angèle Paoli, Rêve de Verre | Glass Dream, 2018 in Agenda, Anglo/French issue, vol. 53, Nos 1-3, Winter 2019/2020, Mayfield, East Sussex, pp. 14 & 17.





    Agenda 1





    AGENDA


    Agendas





    ■ Voir aussi ▼


    L’Aviatrice, III
    le site d’Agenda





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  • Arun Kolatkar | La Pause déjeuner de l’homme aux rats


    THE RAT-POISON MAN’S LUNCH POISON
    (extract)




    The woman pours some water from a mug
    for the man to wash his hands in the thali,

    which produces a passable drum solo,
    to act as a coda to one man’s lunch.

    They both get up; he says something to her,
    pats her affectionately on the bottom

    as she bends to pick up the sloppy thali
    and he turns away to reclaim his poster;

    and holding it before him like a shield,
    is ready, once again, to face the world,

    happy, once again, as wouldn’t be,
    with a singular truth to hide behind.








    LA PAUSE DÉJEUNER DE L’HOMME AUX RATS
    (extrait)




    La femme verse de l’eau au-dessus du thali*
    pour que l’homme se lave les mains

    et déclenche un solo de batterie passable
    qui clôt en fanfare le one-man-show.

    Ils se lèvent de concert, il lui dit quelques mots,
    lui donne une tape affectueuse sur le derrière

    alors qu’elle se baisse pour prendre le plat huileux,
    puis se détourne pour récupérer son affiche,

    la brandissant comme un bouclier
    et il se tient prêt, une fois encore, à affronter le monde,

    heureux, une fois de plus, on le serait tous à sa place,
    de s’abriter derrière une vérité unique.



    Arun Kolatkar, « La Pause déjeuner de l’homme aux rats », 6, Kala Ghoda. Poèmes de Bombay [Kala Ghoda Poems, 2004, 2006], édition bilingue, éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard (n° 487), 2013, pp. 294-295. Préface de Laetitia Zecchini. Traduction de l’anglais (Inde) par Pascal Aquien et Laetitia Zecchini.



    _____________________
    * thali : repas comprenant plusieurs plats servis sur un plateau en métal.





    Arun Kolatkar





    ARUN KOLATKAR


    Arun Kolatkar portrait
    Ph. Tous droits réservés
    Source





    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Gallimard)
    la fiche de l’éditeur sur Kala Ghoda. Poèmes de Bombay
    → (sur La République des livres)
    Du plaisir de traduire Arun Kolatkar, par Laetitia Zecchini





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  • Torquato Tasso | Tacciono i boschi e i fiumi



    Batista-Dossi-Allégorie-de-la-nuit
    Battista Dossi, Allégorie de la Nuit, vers 1543-1544
    Huile sur toile, 82 x 149,5 cm
    Dresde, Staatliche Kunstsammlungen, Gemäldegalerie








    TACCIONO I BOSCHI E I FIUMI



    Tacciono i boschi e i fiumi,
    E ’l mar senza onda giace,
    Ne le spelonche i venti han tregua e pace,
    E ne la notte bruna
    Alto silenzio fa la bianca luna ;
    E noi tegnamo ascose
    Le dolcezze amorose.
    Amor non parli o spiri,
    Sien muti i baci e muti i miei sospiri.







    SE TAISENT BOIS ET FLEUVES



    Se taisent bois et fleuves,
    Et la mer sans vague repose ;
    Dans leurs grottes, les vents connaissent paix et trêve
    Et dans la nuit brune,
    La lune blanche répand son grand silence ;
    Et nous deux tenons secrètes
    Nos cajoleries amoureuses :
    Qu’Amour ne parle ni ne souffle,
    Muets soient nos baisers et muets mes soupirs.




    Torquato Tasso, Rimes, in Anthologie de la poésie italienne, édition établie par Danielle Boillet, Éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1994, pp. 788-789. D’après une traduction d’André Rochon.




    TORQUATO  TASSO


    Alessandro Allori   Portrait of Torquato Tasso 1585-90
    Alessandro Allori (1535-1607),
    Portrait de Torquato Tasso, 1585-90
    Huile sur toile,
    Galleria degli Uffizi, Florence





    ■ Torquato Tasso
    sur Terres de femmes


    Comment l’amour vient aux bergers et bergères
    Di nettare amoroso




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    15 mai 1567 | Naissance de Claudio Monteverdi (+ « Ecco mormomar l’onde » de Torquato Tasso)
    → (sur YouTube)
    « Tacciono i boschi e i fiumi » de Torquato Tasso dit par Sergio Carlacchiani





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  • Giuseppe Conte | Alle origini


    Boubat 2
    « Riaverti così, sentire
    in me che tu sei simile
    al vento e agli anemoni.
    Alle origini. »

    Édouard Boubat (1923-1999)
    Lella, Bretagne, 1947

    Source







    ALLE ORIGINI



    Riaverti così, sentire
    in me che tu sei simile
    al vento e agli anemoni.
    Alle origini. Riaverti
    dopo il tempo dell’abbandono
    dopo gli oltraggi e l’odio
    senza pentimenti, senza perdono.

    Sono stato lontano da te
    per anni come uno che
    vuole essere solo, più
    solo di un muro diroccato
    più immobile di un sasso
    che non lambisce il mare.
    Poi abbiamo incominciato a viaggiare.
    Dove ci siamo incontrati,
    anima? In che piazza di
    città, in che prato,
    in riva a che torrente?

    E ora sei qui, da sempre
    simile al vento, ai fiori, ai vulcani.
    Alle origini.



    Giuseppe Conte, Dialogo del poeta e del messaggero [Arnoldo Mondadori Editore, “Il Nuovo Specchio”, Milano, 1992], in Giuseppe Conte, Poesie 1983-2015, Oscar Mondadori, Oscar Poesia, Milano, 2015, pagina 167.





    Giuseppe Conte  Dialogo del poeta 3










    AUX ORIGINES



    Te retrouver ainsi, sentir
    en moi que tu es pareille
    au vent et aux anémones.
    Aux origines. Te retrouver
    après le temps de l’abandon
    après les outrages et la haine
    sans repentir, sans pardon.

    Comme un homme qui veut être seul
    je me suis tenu loin de toi
    pendant des années, plus seul
    qu’un mur effondré
    plus atone qu’une pierre
    que la mer n’asperge pas.
    Puis vint le temps du voyage.
    Où nous sommes-nous rencontrés,
    Âme ? Sur quelle place
    de nos villes, en quelle prairie,
    au bord de quel torrent ?

    Maintenant tu es là, depuis toujours
    semblable au vent, aux fleurs, aux volcans.
    Aux origines.




    Giuseppe Conte, « Aux origines », Dialogue du poète et du messager in Villa Hanbury & autres poèmes (anthologie), éditions L’Escampette, 2002, page 87. Traduit de l’italien par Jean-Baptiste Para. Préface de Jean-Baptiste Para.





    Giuseppe Conte  Villa Hanbury 2




    « Dialogue du poète et du messager (1992) est [le livre] d’une dépression, d’une crise. Le poète est la proie de la stupeur, du vide, du manque de substance. Il se sent plus seul/qu’un mur effondré/plus atone qu’une pierre. Il a tenté de se fuir, de se perdre. Tout sauf moi-même, voilà/ce que je voudrais être. Quand Psyché descend dans les mondes infernaux, il nous semble que notre âme nous quitte, que la vie même nous abandonne. Elle devient aride, souffrante, déserte. Le Dialogue du poète et du messager forme dans l’œuvre de Giuseppe Conte un pli synclinal. C’est un livre qui signe l’authenticité du parcours. Dans le mouvement du poème, le retour de l’âme messagère coïncide avec l’acceptation de la finitude, désormais reconnue comme le socle nécessaire de l’aspiration à l’infini. »

    Jean-Baptiste Para, préface de Villa Hanbury & autres poèmes, L’Escampette, 2002, pp. 9-10.




    GIUSEPPE  CONTE


    Giuseppe_conte
    Source




    ■ Giuseppe Conte
    sur Terres de femmes


    [La beauté est le polythéisme] (extrait du Manuscrit de Saint-Nazaire)
    Mer qui chante comme les cigales (poème extrait de Non finirò di scrivere sul mare)
    [Archéologue de mes jours] (poème extrait de L’Océan et l’Enfant)
    Je retourne où déjà j’ai été (autre poème extrait de L’Océan et l’Enfant)
    [Sur les coquelicots] (autre poème extrait de L’Océan et l’Enfant)
    Il poeta [poème extrait des Saisons] (+ notice bio-bibliographique)
    Proserpine (autre poème extrait des Saisons)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Pangea, rivista avventuriera di cultura & idee)
    Giuseppe Conte, il Walt Whitman della nostra letteratura (marzo 25, 2020)





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  • Carino Bucciarelli | Couleurs inouïes


    COULEURS INOUÏES
    (extrait)








    COULEURS INOUÏES
    Aquatinte numérique, G.AdC









    Le bus de minuit devait nous ramasser tous
    il ne vint jamais
    nous attendîmes donc un siècle
    puis un autre
    et un siècle encore

    Nous offrait-on l’éternité ?

    Jamais nous ne pourrions atteindre nos foyers
    ni l’heure de notre mort

    La cohabitation s’avérait difficile
    nous n’osions parler
    pour nous entretenir d’une possible rédemption
    car seuls des inconnus se croisent aux arrêts de bus
    et chacun ici avait de l’éducation

    Notre culpabilité – c’était indéniable –
    était à la source de notre attente

    Aucun crime ne pouvait nous être attribué
    nous attendions alors notre délivrance
    le visage tourné au loin vers le bout de la route




    Carino Bucciarelli, « Couleurs inouïes (janvier 2019) », Singularités, éditions L’herbe qui tremble, Collection « D’autre part » dirigée par Thierry Horguelin, 2020, page 116.






    Carino Bucciarelli  Singularités 2






    CARINO BUCCIARELLI


    Carino Bucciarelli
    Source





    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de L’association des écrivains belges de langue française)
    une notice bio-bibliographique sur Carino Bucciarelli
    → (sur le site des éditions L’herbe qui tremble)
    la fiche de l’éditeur sur Singularités





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  • Christian Bachelin | Testament quotidien


    TESTAMENT QUOTIDIEN






    Enfant instantané de l’ombre et du soleil
    Ph., G.AdC






    Je raconte une gare un fleuve une guitare
    Une mansarde vague un arbre un matin nu
    Haute mélancolie de la pluie sur la mer
    Une seconde à peine de conscience ardente

    Je raconte à voix ivre le rouge et le noir
    Fenêtre délirante ouverte sur le large
    Ô mon identité soumise aux quatre vents
    Cortège quotidien dont retombe la cendre

    Je vous dirai un pan de mur un gazomètre
    Un cheval maigre une lessive sur un fil
    Et comment s’acheva le voyage d’Ulysse
    Sur une île perdue dans la fumée d’hiver

    Je vous dirai encore une hirondelle morte
    Un crime en banlieue nord le bleu d’une anémone
    Je vous dirai encor une aube d’amour triste
    Et le jour fermera ses volets de nuages

    En vain je traduirai le cri du mâchefer
    Le spasme du poisson qu’on jette sur l’évier
    En vain le bruissement de l’herbe après la pluie
    La parole s’envole et l’angoisse demeure

    Enfant instantané de l’ombre et du soleil
    N’ai-je vécu en tout que ce peu de clarté
    Une seconde à peine de mémoire ardente
    Toute une éternité de légende inavouable







    EVERYDAY TESTAMENT




    I write about a station or a river a guitar
    A hazy attic room a tree a naked morning
    The melancholy sweep of raina cross the sea
    Scarcely a second’s burning consciousness

    In a drunken voice I tell about the red and black
    The raving window open to the waves
    Oh my identity that’s buffeted this way and that
    The daily slow procession’s falling ash

    I’ll give you a gasometer a norrow width of wall
    A skinny horse a wash hung out to dry
    The ending of the travels of Odysseus
    On a far island lost in winter smoke

    I’ll tell you also of a swallow’s death
    The blue of an anemone a crime in suburbs to the north
    And the I’ll tell you a sad dawn of love
    And day will close its shutters made of cloud

    In vain I shall translate the cinders’rasp
    The writhing fish that’s slapped across the sink
    In vain convey the rustling of the grasses after rain
    Words fly off anguish stays

    Snapshot child of sun and shadow
    Is all l’ve lived this little pool of light
    Scarcely a burning second to look back
    A whole immortal legend that I can’t admit.


    Translated by Susan Wicks



    Christian Bachelin [Neige exterminatrice : poèmes 1967-2003, éditions Le Temps qu’il fait, 33210 Mazères, 2004. Préface de Valérie Rouzeau*] in Agenda, Anglo/French Issue, Vol. 53, Nos 1-3, Winter 2019/2020, pp. 20-21 ; in Valérie Rouzeau, Éphéméride, éditions La Table Ronde, 2020, pp. 18-19.


    __________________
    * « Remarquablement méconnu du plus grand nombre, Christian Bachelin n’est pas un poète d’aujourd’hui, c’est un poète de toujours, on devrait s’en réjouir beaucoup dès maintenant. » (Valérie Rouzeau : Préface de Neige exterminatrice)






    Christian Bachelin  Neige exterminatrice






    CHRISTIAN BACHELIN


    Christian Bachelin 4
    Source




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Terre à ciel)
    une lecture de Neige exterminatrice par Sophie G. Lucas (+ une bibliographie)
    → (sur Les Hommes sans Épaules)
    une notice bio-bibliographique sur Christian Bachelin, par Paul Farellier
    → (sur L’Alamblog)
    une notice sur Christian Bachelin





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  • Florence Noël | Sarabande


    SARABANDE
    (extrait)




    c’est là : le bougé du sujet, le flouté du dire que peint la feuille parmi ses sœurs et chacune liée à la souplesse de la branche, chacune et toutes ensemble dessinant le verbe, et sa gésine dans le désir d’un moineau pour l’envol, toutes en chacune s’animent,

    c’est là : dans le bougé des sèves, poussée organiste, ligneuse impatience – infléchie d’un soubresaut – dans le bougé des lèvres gonflées et si tendues dans le vouloir te dire,

    c’est là : l’à peine relié au trop, le fleuve ancré dans le filé du ciel, bougé d’un regard perdu de cible éperdu et perdant, le regard qu’on ne peut, le regard entier, et si osé le regard qui nous cloue nu et pantelant,



    Florence Noël, « Deuxième mouvement : Sarabande », Branche d’acacia brassée par le vent, Huit mouvements sur des photographies de Pierre Gaudu, Le Chat polaire, 1348 Louvain-la-Neuve (Belgique), 2020, page 19.






    Florence N 1






    FLORENCE NOËL


    Florence Noël






    ■ Florence Noël
    sur Terres de femmes


    un entretien avec Florence Noël
    Solombre (lecture d’AP)
    [tu dis c’est l’heure jaune] (extrait de Solombre)
    L’Étrangère (lecture d’AP)
    [parler de soi] (poème extrait de L’Étrangère)
    Initiation au crépuscule
    [Donnez-nous des pierres] (Vases communicants)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    autant revivre en mon jardin




    ■ Voir aussi ▼


    le site de Pierre Gaudu
    panta rei, les dits de la clepsydre de Florence Noël






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