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  • Terres de femmes n° 239 ―Décembre 2024

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    du numéro du mois de décembre 2024

    TDF DÉCEMBRE 2024

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    Image: G.AdC

    Responsable de la rédaction :  Angèle Paoli
    Coordination éditoriale et mise en pages :  Yves Thomas  ( † 2021 ) 
    Direction artistique et  mise en images: Guidu Antonietti di Cinarca:  ( G. AdC ) 

  • Rabia / … déplacer les seuils

    << Poésie d'un jour

     

    … ta maison pleine d’insomnies   t’empêche de tout déposer  dans
    un ordre chronologique. Tu veux vider la chambre,   comme après
    un décès, espérant libérer l’enfermement. En montant l’escalier du
    grenier sans murs,   efface les bruits de la ville,    ouvre la porte et
    souviens-toi. Ici c’est toujours au bord.

    … tu travailles à ouvrir l’ouest à l’angle d’une page froissée.
    Dedans, le mal endort l’astre solaire, la lune nage avec la peur de
    trouver la nuit. En même temps que les lucioles,  les traces de pas
    s’effacent dans le sable. Le silence s’impose.  Il reste pourtant les
    non-dits.

    … sous la peau, le silence est surhumain. La puissance de l’ombre
    revient s’appuyer sur tes paupières,  t’oblige    à baisser   le regard.
    Tu veux habiter nulle part mais au centre.    Si tu baisses le regard,
    tu achèves le lieu.

    … une image sépia, et le réel dégringole. Tu as coupé le son du
    monde pour mieux voir. Retiens ton souffle, ne contrarie pas le
    temps. Au fond d’un courant d’air, l’enfance exhumée.

    … épluchures de mots, gestes maladroits,    bout de cœur fossilisé,
    tu te regardes grandir. En filigrane, un jardin d’enfants brouille les
    pistes.    Au milieu des autres,   aucune joie-allumette,     secondes
    éparpillées. Dans la photo du cadre bien droit, personne n’entend ;
    de sa bouche  fissurée,   l’enfant demande :    « Qu’est-ce qu’il y a
    derrière le ciel ? » L’heure s’est arrêtée, le monde est devenu blanc.

    … passe de l’autre côté, rejoins l’innocence égarée, avant la peur
    du retour au « je ».   Approche cette dentelle   douce et    délicate.
    L’immensité la terrorise. Un souffle et tout bascule. Ajuste l’issue,
    lave sa peau. Doucement. Aide-la à relever la tête, à se réhydrater
    de ton encre. Sous le stylo, comme une voix sortie de toi, l’enfant
    de papier libère les fibres d’un murmure. À peine…

     

    dis-leur

     

    Rabia

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Rabia,déplacer les seuils, Poésie, Photographie©Marie-Pierre Forrat, ©Éditions Musimot 2024, pp.14, 15,16 ,17 ,18 ,19.

     

     

  • Marie-Hélène Prouteau / Paul Celan, Sauver La Clarté

      << Lecture

    Gansel

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    « Des hommes et des livres »

     

    Murs de Leyde, blancs comme les pages de La Rose de personne. Quelle est donc cette ville où les langues et les livres sont maîtres ? Où la parole poétique prend chair sur les murs de la ville ? Le geste du calligraphe laisse résonner quelque chose de la fidélité vigilante de la ville à son idéal de tolérance et de liberté. Aux temps terribles de guerres de religion où un tel idéal se payait cher, où les cercles de flammes cernaient la raison humaine.

    D’étape en étape, mon cheminement en écriture s’ouvre à une constellation de signes nouveaux. Les correspondances d’artistes et de poètes offrent parfois un réseau de notations qui laissent leur marque d’émotions. Ainsi en est-il de certaines lettres de Celan à son épouse et à son fils. Telle la carte postale à son fils écrite de Leyde lors d’un voyage en Hollande en 1964. La carte, une photographie de l’Université de Leyde, mentionne avec tendresse une écriture hors frontières : « nos âmes nomades se sont grandement éveillées. »

    Le secret de la photo de l’Université, je le découvre, tient à l’histoire de la plus ancienne université d’Europe. Reliant ainsi la petite prose au fils à un point cardinal d’exemplaire résistance. Car la construction de l’Université fut une récompense accordée à la ville, en remerciement de son combat contre les Espagnols. Une université que la ville a, chose admirable, préférée à des exonérations d’impôts. Ville symbole de toutes les libertés ! Pour les Juifs bannis du Portugal par l’Inquisition, accueillis en ces Provinces-Unies, comme la famille Spinoza. Pour les « Dissidents », protestants anglais persécutés et réfugiés à Leyde, futurs « Pilgrim Fathers » appareillant pour le Nouveau Monde. Ou pour Descartes expatrié en Hollande qui, voulant éviter à son Discours de la Méthode les démêlés de Galilée avec le Saint-Siège, préféra le confier à un de ces imprimeurs qui ont fait le succès de Leyde.

    Le voyage en Hollande ? Léger tremblé du temps, je glisse mes pas dans ceux de Celan en train de lire le Guide bleu de Hollande, Gisèle à ses côtés. Le voyage à Amsterdam pour voir le Rembrandt et voir Leyde, la ville de naissance du peintre. Rembrandt, présence si essentielle au monde intérieur de Celan qui entretient depuis des années un lieu d’élection avec lui – inscrit dans les lettres à Gisèle ou à Nelly Sachs et dans les poèmes nés des souvenirs de musées. Dans les interstices de ma quête littéraire se mêlent passé et présent : j’imagine aussi bien Celan et son épouse sur les traces de la modernité. L’ombre de Piet Mondrian passe dans la ville hollandaise. Il est le grand initiateur, à Leyde, avec Théo van Doesburg, de la revue d’avant-garde De Stijl, Le Style, qui s’apprêta à lancer ses étranges kyrielles de cubes colorés. De quoi enchanter la graveuse, Gisèle Celan-Lestrange, qui, en cette année 1966, a beaucoup œuvré aux gravures du recueil de Celan, Cristal de souffle.

    Murs de Leyde, blancs comme les pages de La Rose de personne. Celan n’a pu connaître ces cent-vingt poèmes calligraphiés sur les murs de la ville. Muurgedichte, « Les poèmes de murs ». Nul doute qu’il en aurait été enchanté. N’est-ce pas l’esprit même du « méridien » qui souffle ici ? A la croisée de ces voix du monde, chaque poème, chaque langue se répond. Un poème en langue Creek, « Maskoke Okisce » échange son intense étrangeté avec un vers d’« Omeros » de Derek Walcott : « fleeter than his galleys in his skittering bliss ». « Was there a time », un quatrain du persan Omar Khayyam, sur un mur de l’Université, est en résonance avec « Feuille ouverte » de Pierre Reverdy. « La lueur vient de plus haut que la fenêtre / Il y a une main timide qui s’avance ». Un haïku de Bashô en idéogrammes tient dans le regard sa charge d’inconnu. Dans cette rumeur d’espaces vibrent les allitérations d’un sonnet de Shakespeare. « When to the sessons of sweet silent thought ». D’autres y répondent, andalouses, celles-là : « largos caminos rojos » du De Profondis de Federico Garcia Lorca.

    Passionnément attentif aux langues et à cette invention nommée poésie, Cela n’aurait pas manqué de se laisser capter par cette migration d’altitude des poèmes. Il l’aurait contemplée, longuement. Repérant les poèmes qu’il aime tant traduire, Shakespeare, Rimbaud, Apollianaire, Velimir Khlebnikov, Alexandre Blok et, bien sûr, Mandelstam. Avec l’attention toujours à l’affût dont il fait preuve. L’attention est la « prière naturelle de l’âme », dit-il dans Le Méridien, en reprenant à son compte cette idée de Nicolas Malebranche.

    Muurgedichte, murs-poèmes : la vaste scénographie poétique de Leyde entre en correspondance parfaite avec l’expérience du Méridien.

    Comment s’appelle-t-il ton pays
    il émigre partout comme la langue.

    Marie-Hélène Prouteau, « des hommes et des livres » in Paul Celan, Sauver La Clarté, Préface de Mireille Gansel, Éditions Unicités 2024, pp.40, 41, 42.

     

    Fond blanc                                               

     

     

     

     

          Gerrit RietveldChaise Rouge et bleue, 1917-1923. Voir =>  aussi 

    " …avec Théo van Doesburg, de la revue d’avant-garde –De Stijl, Le Style- ,
    qui s’apprêta à lancer ses étranges kyrielles de cubes colorés…"

     

     

     
     

     

  • Lectures / Récapitulatif Angèle Paoli 2024 /

     

                                                        ANGÈLE PAOLI                              

    Angèle Paoli  sur la toile en 2024   

    respectivement sur: 

     

    Terre à ciel :

    TERREÀ CIEL

     

     

     

     

    Au fil des jours /

    Lecture de Michaël Bishop

    Mont Ventoux, vues et variations, Caroline François-Rubino / Angèle Paoli /                 

              Lecture de Sabine Dewulf

    Lecture de Marie-Hélène Prouteau

     

    Terres de femmes :

      Tdf

     

    Mont Ventoux, vues et variations, Caroline François-Rubino / Angèle Paoli /               

    Lecture de Pierre Dhainaut

     

    Sitaudis :

    Logo-sitaudis-fcb

     

     

     

     

     

    Voix sous les voix -  Angèle Paoli / Peintures de Marie Hercberg /

    Lecture de Michaël Bishop

     

    La Cause Littéraire :

    La cause litteraire

     

     

     

     

    Voix sous les voix -  Angèle Paoli / Peintures de Marie Hercberg  /

      Lecture de Philippe Leuckx 

     

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    Titre_39485738

                     Et également avec G.AdC sur  la revue  ROBBA

     

  • Erwann Rougé / Asile / Lecture d’Angèle Paoli

    Erwann Rougé, Asile,
    Éditions Unes 2024
    Lecture d’Angèle Paoli

     

     

    MIRO

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L’Oiseau Solaire de Joan Miro  (1968)
    Photo  =>   G.dC 
    (Fondation Miro de  Barcelone) 2005

     

     

     

     

     

    « entre l’air et l’oiseau
    le cœur ne meurt jamais
    à l’autre mort »

    Asile. Asylum. Lointain est le temps où l’asile virgilien était un refuge, sacré et inviolable. L’Asile du poète Erwann Rougé est un lieu d’internement pour accueillir, cela est vrai, mettre à l’abri, cela est sans doute vrai aussi, les êtres atteints de déficience mentale, autrement dit : les aliénés. Mais peut-être faut-il voir dans cet asile indéterminé, toute forme spatiale susceptible d’interner quiconque dans sa vie comme dans son être.

    Chez le poète, le lieu où est sis cet « asile » n’est pas nommé. D’ailleurs, hormis dans le titre, le terme même d’asile n’apparaît pas. Pourtant c’est bien d’enfermement et de folie qu’il s’agit dans ce recueil. Lieu d’un « ailleurs » où se retrouvent sans vraiment se rencontrer les « solitudes ». Asiles du monde circonscrits dans une temporalité qui participe de cet enfermement, à la fois inaudible et omniprésent.
    Il est cependant possible de situer cet « asile » près de la mer, peut-être en Bretagne. En tous cas, hors du monde. Coupé de lui. Dans le recueil, le lieu apparaît sous la forme adverbiale « Ici », déterminé par des caractéristiques qui lui sont propres : couloirs, portes, murs derrière lesquels se trouvent les chambres, murs qui encloisonnent les patients. Frontière du dehors / frontière du dedans. Cet « Ici » désigne aussi un espace incertain, en équilibre instable, constamment menacé de chute. Mise à mal, la verticalité devient figure de la perte et de l’effondrement, à quoi sont associés le sale, le sang, les mauvaises odeurs, la dégradation mentale et physique de l’être humain, menacé dans son équilibre précaire et sa santé.

    « Ici    parle à travers
    les pores de la peau

    Ici       le sale revient toujours »

    « Ici » est un lieu dégradé où s’élabore à petit feu la désintégration de tout l’être. « Un espace sans rien / absolument rien / rien qu’une lenteur obscène »
    Cet « Ici » constitue avec « Elle » et « Doc », un trio autour duquel s’articulent les poèmes. Tous trois sont inclus dans leurs solitudes et leur ailleurs, tous trois désignés par une majuscule et séparés de l’énoncé par un blanc ou un alinéa. Le blanc de la respiration qui se cherche ou celui du silence peut-être. Le blanc qui baigne de sa pâleur la craie et le temps, les draps et les yeux, le sommeil.  Les strophes qui composent le poème sont brèves ; sans aucune ponctuation. Les vers souvent regroupés deux-à-deux. Erwann Rougé est un poète de la concision. Mais un poète aux images troublantes. Le théâtre dans lequel nous sommes convoqués est un lieu inhospitalier ; une scène de théâtre inquiétante où les êtres (les acteurs ?) – désignés par des pronoms indéfinis (chacun / ceux / certains) – se livrent à des gestes absurdes d’automates toujours recommencés, de balancements qui échappent à la compréhension et aux règles, établis par un ordre autre. Peut-être le poète a-t-il assisté à une pièce de théâtre contemporain dont le sujet était la folie. C’est la citation qui accompagne le premier poème qui m’y fait penser, dont je n’ai pas tout à fait réussi à identifier l’auteur ou l’autrice :

    « à l’infini de l’enfermement

    "n’ai -je été ce corps
    nourri de plaies… "

    Dominique Hardy »

    Il arrive que le poème principal soit accompagné par un autre texte en italiques, parfois sur la même page, parfois isolé sur une autre. Des sortes de didascalies, peut-être. Mais ce n’est pas tout à fait satisfaisant. Un texte en miroir, plutôt, qui fait écho, par les choix des mots et des images au texte en caractères romains.

    « Elle » apparaît régulièrement, c’est d’elle qu’il s’agit tout au long des poèmes et jusqu’à la fin du recueil, en dialogue parfois avec Doc. Mais s’agit-il vraiment d’un dialogue ? Disons qu’il leur arrive d’être mis en présence, le soignant et son aiguille, la malade et son appréhension :

    « Doc chuchote
    que c’est obligé cette chose
    folle dans le bras

    pour " affranchir le trou" »

    D’« Elle », nous apprenons qu’elle est la patiente de la « chambre 4 », qu’elle occupe son temps à le tuer, que le temps fait partie intégrante de sa personne mutilée, enfermée, assujettie à la répétitivité des gestes. Elle n’attend rien ni personne. Sinon la mer :

    « Elle
                  toujours l’attente
    d’un bruit de mer houleuse

    comme  couverture. »

    « Elle » ne désire pas les visites. Au contraire, elle les rejette. Avec l’irruption des vivants – famille amis, un « nous » / un « ils », porteurs de reproches, de formules creuses conçues pour combler le vide, survient aussi, de manière implicite dans la bouche des visiteurs, l’image du sang associée à la salissure et porteuse de la dégradation de l’image de soi :

    « qu’ils ne reviennent surtout pas
    me dire
                   que le sang salit »

    Le temps berce ses jours, l’enferme un peu plus en elle-même, comme le vent devant la mer devant la mort. Il est associé au gris du galet, mélange de blanc et de noir qui baigne le monde d’ « Elle » d’une couleur de cendre. Le temps est aussi associé à l’« Ici » :

    « Ici     le temps circule
    dans les lits sous les draps
    on ne dort jamais vraiment … »

    « Il n’y a pas d’heure dans la nuit »

    Il se peut que la folie d’ « Elle prenne » sa source dans l’enfance. Mais tous les indices qui pourraient éclairer raisonnablement l’histoire d’ « Elle » sont suggérés, à peine. Le poète n’insiste pas. Il a sa manière à lui de dire les choses, par touches discrètes :

    « le silence par la mère
                 le corbeau par le père »

    Et un peu plus bas :

    « "la langue de la mère
    dans la tête
                n’existe pas "

    le père a des yeux qui tuent »

    Il se peut aussi que son histoire ait été aggravée par une souffrance violente, un viol peut-être :

    « je suis encore vivante
    dans une pierre et un amour »

    ou un amour malheureux :

    « un désamour
    qu’elle cache entre les genoux »

    Le rouge du sang est allié au noir de la mort. Le noir de la mort se combine avec le blanc de la neige ou du lait pour ne former qu’un :

    « Elle      rêve un lait noir constellé
    à longueur une et infinie »

    Le monde d’ « Elle » associe les contraires, combine le haut et le bas dans un perpétuel mouvement où s’affrontent les équilibres. La nature elle-même est prise de folie qui met à mal dans la violence le ciel et le vent. C’est un hors-temps en chute libre qui agresse.
    Comme dans ces trois vers :

                                        « nouvelle alerte
                       les nuages montent au noir
             les oiseaux ivres tombent du ciel »

    La nature d’ailleurs est partie prenante des obsessions d’« Elle ». Elle agit à sa guise, s’anime comme prise par une sorte de prosopopée ambiante :

    « même les arbres avaient peur » ou « la lumière est moins bruyante » ou encore, saisissantes, ces images qui forme un couple – l’aveugle et l’amnésique :

    « le braille des pierres
    dit            l’oubli des roses »

    Ainsi les abstractions entrent-elles en action et irradient-elles sur la nature :

    « le calme craint de ne pas venir
    ne tient que par tremblement » …

    … « de branche en branche
    une lumière allonge le bras »

    De la nature, ciel nuages vagues galets algues, « Elle » se sent proche et s’il y a les corbeaux et corneilles maléfiques, annonciateurs de désastres, il y a aussi l’oiseau, les fous de Bassan dont « Elle » observe les « piqués » et les « courlis/ bordés de bleu coquille » dont elle suit le « tilt tilt ». Les oiseaux la définissent dans une sorte de lallation qui la berce :

    « je suis la folle qui va et qui va
    enveloppée d’oiseaux »

    jusqu’à la disparition pressentie, et annoncée de longue date –

    «la main se tend
    pour ne plus être seule quand elle dort

    dit « à tant aimer les oiseaux
    un jour je m’élancerai »

    – sur laquelle se clôt le recueil :

    « Elle     regarde la corneille
    la corneille la regarde
    entend qu’elle n’écoute plus

    Elle      ira voir la mer »

    Il reste beaucoup à explorer et à dire de ce texte musical, envoûtant, d’une infinie richesse. Les lectrices et les lecteurs y retrouveront la même texture et les mêmes images que celles qui constituent Paul les oiseaux. La même fibre émotionnelle, retenue jusqu’à l’os mais tout aussi vibrante dans la retenue qui est celle du poète. Ici, au cœur même de la folie d’« Elle », c’est la poésie qui l’emporte. Et son mystère :

    « entre l’air et l’oiseau
    le cœur ne meurt jamais
                           à l’autre mort »

     

    ANGELE NB

     Angèle Paoli / D.R. Texte angelepaoli

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    Voir aussi sur => TdF 

     

     

     

     

  • Camille Loivier / Nature en décomposition

        <<Poésie d'un jour

     

     

     

    Carré_noir_(MNAM)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    " cette petite nuit sans envergure "


    Carré noir de  Kasimir Malevitch   Source

     

     

     

    la terre n’est pas ce que l’on croit
    de la terre
    quand on la retourne

    motte des trois règnes
    caillou blanc ombilic racines
    entortillent le tout
    inséparablement

    et là-dedans moi
    un paquet de quoi
    de quoi suis-je inséparable

    (partir au loin)
    des morceaux de corps partout
    dans le chignon serré de radicelles
    où est l’animal et la pierre où est-elle

    respir

    un petit coup de bêche
    soulève le crapaud
    le cœur sous la peau blanche du printemps
    accéléré

    sa tendre peur, ô
    la sentir glacée et sombre
    -je n’ai pas voulu
    ce que je crois d’elle retourne à la terre

     

    ce n’est qu’un jardin d’herbes couchées
    mouches et taons se reposent

    pondre des milliers d’œufs
    (perdre espoir)

    des orties à taille humaine
    dépassent le portique de cette mer vert clair

    sentir que l’on ne fait plus partie du monde
    juste une pierre souffrante

    une pierre incarnée
    si dure, elle ne s’arrête pas de frapper

    (le merle poursuit la hulotte à midi)
    vie pour vie

    n’être qu’un corps flottant dans les herbes dures
    on efface la violence d’un trait
    barrée

    (elle-même se soustrait)

    amoindrie
    plus proche d’une branche de février
    du houpier d’un aulne
    que d’un être humain

     

    un cadavre d’oiseau desséché
    brun foncé, les pattes raides
    sous le chêne, derrière une touffe d’herbes

    puis un autre, un autre encore
    merle ou grive, étourneau peut-être

    le pré sec, la terre dure, des oiseaux partout au sol
    et seulement des femelles

    des oiselles jonchent le sol

    cadavres secs, tombés
    des nuées de mouches au-dessus

    c’est ce que je vois

    mon œil placé entre le champ d’oiselles
    et la nuée de mouches s’élevant à mon passage

    par terre, les pieds
    aplatissent les restes
    ce que je vois, crois voir
    d’un sort jeté

     

    en même temps que la stridulation du grillon
    le serein, la fraîcheur du serein
    quelques notes à peine
    les pieds dans l’herbe mouillée

    entrés dans la maison, si on renverse
    la boîte, ils seront mille à se faufiler
    grignoter les miettes de corps

    cette petite nuit sans envergure

    le double menton d’un ange froid dans le ciel

    une enfance sans bord

    grillon
    une herbe dans le trou
    qui t’affole

     

    Loivier

     

     

     

     

     

     

     

     

    Camille Loivier, « cycle de la terre » in Nature en décomposition, Backland éditions 2024,pp.72,73,74,75.

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      CAMILLE LOIVIER 

    CAMILLE LOIVIER

    © Michel Durigneux
    Source 

    Voir aussi sur :

    →   II. « La langue des swifts » in Swifts, Éditions] Isabelle Sauvage 2021
    →  Terres de femmes
    →  France Culture
    →  la MÉL
    →  la Semaine de la poésie 

     

     

     

     

     

  • Patrick Argenté / Noctambules et journaliers

    <<Poésie d'un jour

     

     

     

     

    LA NUIT

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Photo: G.AdC 

     

     

    La nuit est le jour

    ce moment suspendu où pas encore
    ne s’éveille le chant mais
    va venir

    la nuit est jour et l’on entend déjà
    la mésange et les camions-
    poubelles

    la nuit est le jour il n’y a pas
    de frontières le noir
    est blanc

    le bleuté vire au
    rouge la couleur est
    chant

    la nuit ma chambre est
    éventrée grande ouverte sur
    le ciel.

     

    La nuit n’est pas la nuit
    les morts ne sont pas morts

    ce sont des lançons blancs
    dans la lumière de la lune

    c’est la rangée de réverbères absents
    sur les bords de la digue

    et le bac qu’ils ont pris
    avec leurs bicyclettes leurs outils

    leurs sacoches leur regard leur
    peu de volonté leur façon de traverser

    vers une rive tout aussi
    misérable que leurs mains

    les morts ne sont pas morts ils
    sont à l’intérieur la nuit

    n’est pas la nuit.

    La nuit avec cette
    façon douce

    de s’insinuer en nous
    par le fond de la baie.

     

    ARGENTÉ

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Patrick Argenté, Noctambules et journaliers, Cahiers du Loup bleu, dessin, Sylvie Durbec, Les Lieux-Dits 2024, pp.27,28,29.

     

    Argente

     

     

     

     

     

     

     

     

    À propos de la collection des   – Cahiers du loup bleu –

     

  • Christiane Veschambre / là ou je n’écris pas

    <<Poésie d'un jour

     

     

     Coffret Clarice Lispector

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Coffret  =>  Clarice Lispector

     

     

     

    « j’ai besoin d’être rencontrée dans la rue »
    écrit Clarice Lispector

    le corps un instant
    se dépose

    ainsi on apprend
    qu’il se tenait
    toutes forces épuisées
    tendues
    au-dessus
    du territoire irradié

     

    chaque jour
    on fait la lecture
    à voix haute
    (des pages que Clarice Lispector
    écrivit
    en guise de (déguisées en)
    chroniques)

    chaque jour
    à voix basse
    naît l’eau des larmes
    et s’étend une faiblesse
    qu’il nous faut apprendre

     

    la petite barre verticale
    clignote au haut de la page
    vide
    signe raide impérieux
    (on écrit ceci pour le faire taire)

    l’ordre est numérique

    on s’exécute

     

    « la poésie est une langue handicapée »
    expliquais-je à ceux qui m’écoutaient

    réveillée
    j’ai su ce que je disais
    inadaptée
    par son handicap
    à l’usage courant normal
    elle est sans rampe d’accès
    n’est pas plus

    mais
    manque
    née avec

    chaque poète ajoute sa langue handicapée
    aux langues vivantes

     

    (à ceux qui m’écoutaient dans le rêve je disais la nappe d’eau
    lumineuse parcourue d’un vol d’oiseaux que je voyais plus loin
    derrière eux)

     

     

    l’étrange
    étranger
    infuse à présent
    les lumières
    sur les chemins

    infuse
    le rêve
    il y faut se laisser basculer
    jusqu’à faire tête première
    une complète révolution

    on n’y arrive pas tout de suite
    on y perd
    le petit sac
    des identités

    et l’on craint pour
    les cerises fragiles

     

    Veschambre_couv-laou_24

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Christiane Veschambre, là où je n’écris pas, collection présent (im)parfait, éditions]isabelle sauvage 2024, pp.40, 41, 42, 43, 44, 45.

     

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    CHRISTIANE   VESCHAMBRE

    Christiane Veschambre 2
    Ph. Olivier Roller
    Source

    ■ Christiane Veschambre
    sur Terres de femmes ▼

    Là où je n'écris pas, Contre-Allées 2024.
    Julien le rêveur, Éditions] Isabelle Sauvage, 2022,
    → dit la femme dit l’enfant (lecture d’AP)
    → Basse langue (lecture d’AP)
    → Une Hôtesse minuscule (extrait de Basse langue)
    → [Cela s’est passé lundi] (extrait d’Ils dorment)
    → Écrire Un caractère (lecture d’AP)
    → [Écrire n’a pas d’objet] (extrait d’Écrire Un caractère)

    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature) une fiche bio-bibliographique sur Christiane Veschambre
    → (sur En attendant Nadeauun entretien avec Christiane Veschambre, par Gérard Noiret
    → (sur le site des éditions Isabelle Sauvage) la page de l’éditeur sur dit la femme dit l’enfant

  • Rosalind Brackenbury / Sestina pour Marie-Claire

    <<Poésie d'un jour

     

     

     

    TRIPORTEUR(2)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Photocollage de G.AdC 

     

     

    [SESTINA FOR MARIE-CLAIRE ]

    We met on those evenings at Louie’s backyard
    To perch on the deck and drink our chardonnay
    Looking out on thr burnished water at sunset
    Both of us free and easy, come on bicycles –
    I’d met you at Key West’s public library
    Wearing – you saw – my grandmother’s fur coat.

    We laughed, remembering that old fur coat
    You thought me a bourgeoise in spite of my bicycle –
    Nothing to drink there, not a drop of chardonnay
    So – meet me, you said, at Louie’s soon at sunset.
    The books we talked of would have filled a library
    As the bar held all the world in its backyard.

    You wrote as if the universe were your backyard,
    The streets you rode at night, fast on your bicycle
    Wearing denim, leather, never a proper coat,
    Sitting in bars to sip your glass of chardonnay
    Listening to strangers’tales, long after sunset
    Finding the stories for your future library.

    In your house that last afternoon, before sunset
    You sat with sleepy cats in your own library
    I came to you by trike, no longer bicycle
    We didn’t drink, not one drop of chardonnay
    But talked soberly of writing, the lifelong coat
    About to drop from you, as dusk came to your backyard.

    And I didn’t know itw as the last time, your life’s sunset
    About to become night, your star to blaze in my backyard
    As I raise a glass to you, a taste of chardonnay
    And watch the moon rise, bright wheel of your bicycle,
    The planets your celestial library
    As I stand in the dark alone without a coat.

    We miss you, friend, about town on your bicycle
    Your voice low and plangent as the taste of chardonnay
    Your presence for Saturday pizza in our backyard –
    You who gave the world a new library
    Who wore fame light as a thin leather coat
    Who left on November’s last day, before sunset.

    Alone in my backyard I pour a glass to you of French chardonnay
    In my attic library your books fill my shelves, as
    On your bicycle, you still go out waving, smiling, without a coat.

     

     

    [SESTINA POUR MARIE-CLAIRE ] 

    Nous nous retrouvions ces soirs-là dans la cour de Louie
    Pour nous installer en terrasse, boire notre chardonnay
    Tout en regardant l’eau s’assombrir au soleil couchant
    Toutes deux libres et décontractées, nous venions à vélo –
    Je t’avais rencontrée à la bibliothèque de Key West
    Alors que je portais – tu l’avais remarqué – le manteau de fourrure de ma grand-mère.

    Nous avons ri, nous souvenant de ce vieux manteau
    Tu m’as prise pour une bourgeoise malgré ma bicyclette –
    Rien à boire là-bas, pas une goutte de chardonnay
    Alors tu m’a dit, rejoins-moi vite chez Louie en fin de journée.
    Les livres dont nous avons parlé auraient rempli une bibliothèque
    Comme le bar contenait le monde entier dans son arrière-cour.

    Tu écrivais comme si l’univers était ton jardin,
    Les rues que tu parcourais la nuit, à toute vitesse sur ton vélo
    Vêtue de jean, de cuir, jamais de vrai manteau,
    T’asseyant dans les bars pour siroter ton verre de chardonnay
    Écoutant les étrangers raconter des histoires, longtemps après le coucher du soleil
    Découvrant des sujets pour ta future bibliothèque.

    Dans ta maison, ce dernier après-midi, avant que le soleil ne se couche
    Tu t’es assise dans ton bureau avec des chats endormis
    Je suis venue te retrouver en triporteur, et non plus en bicyclette
    Nous n’avons pas bu, pas une goutte de chardonnay
    Mais nous avons parlé sobrement d’écriture, ce vêtement de toute une vie
    Sur le point de tomber de tes épaules, alors que la nuit s’installait dans ton jardin.

    Et je ne savais pas que c’était la dernière fois, le crépuscule de ta vie
    Tout proche de devenir nuit, ton étoile pour incendier mon jardin
    Alors que je lève mon verre vers toi, un goût de chardonnay
    Et regarde la lune se lever, roue lumineuse de ta bicyclette,
    Les planètes, ta bibliothèque céleste
    Alors que je me tiens dans le noir, seule, sans manteau.

    Tu nous manques, amie, en ville sur ton vélo
    Ta voix grave et sonore comme le goût du chardonnay
    Ta présence dans notre jardin pour la pizza du samedi –
    Toi qui as donné au monde une nouvelle bibliothèque
    Qui portais la célébrité légère comme un fin manteau de cuir
    Qui es partie le denier jour de novembre, avant le coucher du soleil.

    Seule dans mon jardin, je te verse un verre de chardonnay français
    Dans ma bibliothèque au grenier, tes livres remplissent mes étagères, alors que
    Sur ton vélo, tu continues à rouler en saluant, souriante, sans manteau.

     

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    Rosalind Brackenbury, Choix de poèmes, Traduit de l’américain par Geneviève Liautard in Les Carnets d’Eucharis, 2024, pp.129, 130, 131.

     

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    ROSALIND   BRACKENBURY

     

    Rosalind

     

     

     

     

     

     

     

     

    Image G.AdC

    ■ Rosalind Brackenbury
    sur Terres de femmes ▼

    Jaune balançoire | Yellow Swing (Lecture d’Angèle Paoli)
    → Artists in studios (poème extrait de Jaune balançoire)
    → (dans la galerie Visages de femmesle poème Yellow Swing (extrait du même recueil)

    ■ Voir aussi ▼

    → le site de Rosalind Brackenbury
    → (sur le site France Culture) Rosalind Brackenbury dans Le Temps des femmes de Sylvie Andreu (émission du 18 août 2011)
    → (sur le site de John Daniel & Company) une fiche de l'éditeur américain sur Yellow Swing, publié aux États-Unis en 2004
    → (sur Terres de femmes) Le Scriptorium de Marseille fête ses dix ans

     

     

  • Patricia Cottron-Daubigné / Parure pour un sein absent / Lecture de Marie-Hélène Prouteau

    Patricia Cottron-Daubigné, Parure pour un sein absent,
    Les Lieux-Dits, 2024
    Lecture de Marie-Hélène Prouteau

     

     

    Lili Sohn

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Illustration de => Lili Sohn 

     

     

     

     

    Le titre, à lui seul, laisse entrevoir l’inscription poétique d’une épreuve intime, hautement sensible, l’ablation d’un sein après un cancer, restituée par Patricia Cottron-Daubigné. Dans le droit fil de ses recueils antérieurs, elle écrit à sa façon, rebelle, ironique, irrespectueuse, transgressive. Toujours touchante mais jamais dans le pathos. Car, au-delà de la souffrance et de l’angoisse du cancer, il faut traverser cette expérience d’étrangeté qu’est la perte d’un sein. Éros et thanatos intimement mêlés.

    Que devient-on, en effet, quand votre corps de femme se voit amputé d’un petit bout de chair d’une telle portée érotique ? Quand l’épreuve se centre sur « le corps en déroute », quand la lutte et l’énergie dépensée pour simplement réagir suscitent un questionnement sur l’image de soi. Et sur l’identité intime de son être. Quand, fait peu glorieux, l’autre, le compagnon aimant qu’on pouvait espérer solidaire, « est parti voir ailleurs sous des cieux plus profonds » ?

    C’est dans une écriture de l’incarnation que la poète a choisi de loger son poème. Sur le mode quelque peu ironique du blason, ce genre poétique de la Renaissance, consacré à telle partie du corps féminin. Elle reconfigure à sa manière le « blason du beau tétin » de Clément Marot autour du sein absent. La poète décline ainsi une quarantaine de poèmes-blasons qu’elle détourne par antiphrase. Au sentiment de la perte se mêlent la peur, la colère, le sentiment du « désamour » dans le couple qui n’a pas résisté à une telle expérience.

    La poète déploie un foisonnement d’images, de références empruntées l’une à Proust avec le « petit pan de mur jaune », l’autre à Mallarmé avec « l’absente de tout bouquet », à Brassens et Margot, à Homère pour un « Buste cyclope/au sein seul ». Ou bien à Beckett avec son « cap au pire », pour ne citer que quelques-unes des vingt-cinq poètes, peintres ou chanteurs présents ici. Le recueil prend ainsi la forme d’une sorte de rhapsodie poétique où Nougaro côtoie Vermeer ou Magritte et « La trahison des images » dans le vers « ceci est un sein ». Il s’agit de cerner au plus près, de montrer ce « sein qu’on ne saurait voir », de nommer ce sein malade, « corps qui s’en va déchet poubelle/ écartelé écorché », de retrouver l’image du « nénuphar » de L’Écume des jours. L’art de la poète-rhapsode est bien de coudre, recoudre les mots, comme le fit la main gantée « qui a cousu ma peau/le sein absent ». Là est le « toucher » du poème, tout de tendresse et de délicatesse.

    Véritable mise à nu, expeausition, pourrait-on dire, de l’écriture, qui rend possible le dépassement du vécu douloureux. Mais il ne faut pas se fier à l’apparente légèreté de ton. Derrière celle-ci, il y a un travail subtil de décalage, d’écart, propre à l’écriture de la poète qui affectionne les vers brefs, heurtés, à la scansion inattendue. Et cultive les remuements et déplacements multiples et flottants du sens. C’est au cœur de ce travail sur la disparition/reconstruction que se source l’écriture qui va de l’inscription corporelle, charnelle à l’inscription textuelle :

    je l’ai écrit
    sur la chemise
    bleue
    matériaux pour le sein
    les mots
    pour reconstruire

     

    Il y a dans cette Parure pour un sein absent un clin d’œil à la Pavane pour une infante défunte, présente à la fin du recueil. Superbement associée par la poète à l’océan, à un air de jazz qui fait à nouveau danser la vie. Voilà qui laisse entrevoir dans la dernière partie, « Femme dans le paysage », une portée de sublimation consolante que vient renforcer l’hommage poignant à ces anonymes qui l’ont soignée :

     

    je m’incline devant vous
    qui m’avez soignée
    devant vous
    qui m’avez protégée
    j’abandonne le mot « défaite »
    je vous offre ce matin
    ma joie
    forte et simple.

     

    Le titre du dernier poème, « Réconciliation », marque le point d’orgue d’une renaissance au monde. Dans la joie et à la hauteur de l’humanité généreuse, bienveillante de la poète qui traverse ses recueils, tel Ceux du lointain qui revisite les errances des migrants à partir de l’Énéide.

     

    Patricia_Cottron_Daubigne-2

    ■ Patricia Cottron-Daubigné
    sur Terres de femmes ▼

    Parure pour un sein absent, Les parallèles croisées, Les Lieux-Dits, 2024,
    Femme broussaille, la très vivante, Les Lieux Dits éditions, Collection 2Rives, 2020,  Dessins de Mélissa Fries. Lecture de Gérard Cartier) 
    → Ceux du lointain (lecture d’AP)
    → [Je marche seul avec mon fils](extrait de Ceux du lointain)
    → Visage roman (lecture de Sylvie Fabre G.)