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  • TdF sommaire du mois de Novembre 2024 / N° 238

     

    TdF NOVEMBRE 24

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Image: G.AdC

    ♦ SOMMAIRE DU MOIS  DE NOVEMBRE 2024  ♦

     

    ♦ Cartouche du N°238 de Terres de femmes / novembre 2024 ♦

     

    Pascal Commère / Garder la terre en joie / Lecture de Gérard Cartier
    Christiane Veschambre / Là où je n'écris pas   
    Françoise Clédat / Le reflux lyrique
    Helen Hunt Jackson / Calendrier de sonnets et autres poèmes
    Erwann Rougé / Asile
    Sabine Dewulf / Où se cache la soif / Lecture d'Isabelle Lévesque
    Valérie Canat de Chizy / Après l'averse / Morgan Riet / Comme un lieu entre
    Kamel Daoud / Houris / Prix Goncourt 2024
    Aurélie Foglia / Green feelings
    Roselyne Sibille / Une libellule sur l'épaule

    Esther Tellermann / Selon les sources /Lecture de Michael Bishop

    Etel Adnan / Le dernier été / Éphéméride culturelle à rebours / Jean Frémon

    Luminitza C. Tigirlas / L'évidence de la paix nous enfante

    Jean-Christophe Bailly / Temps réel

    Patricia Cottron-Daubigné / Parure pour un sein absent

    Gérard Cartier / L'Oca nera / Lecture d'Angèle Paoli

    Nimrod / Anniversaires & Paquets Cadeaux
    Luigi Martellini / Polvere Di Mare (Poesie scelte 1964-1987)

    Katie Peterson / Douceur en plein visage
    Julia Peker / Marelle

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                    ♦ Tdf sommaire du mois d'octobre 2024 ( N°237)
                    ♦ Cartouche du sommaire du mois d' octobre  2024 ( N° 237)  

                          ♦  Voir le  →  répertoire chronologique de tous les numéros de Tdf
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  • Terres de femmes n° 238 ―Novembre 2024

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    du numéro du mois de novembre 2024
     
    TdF NOVEMBRE 24
     
     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Image: G.AdC

    Responsable de la rédaction :  Angèle Paoli
    Coordination éditoriale et mise en pages :  Yves Thomas  ( † 2021 ) 
    Direction artistique et  mise en images: Guidu Antonietti di Cinarca:  (G. AdC ) 
     
     
  • Aurélie Foglia / Green feelings / lecture de Michaël Bishop

    Aurélie Foglia, Green Feelings, Épousées par l’écorce, 2024.
    Photographies de Natacha Nikouline
    Lecture de Michael Bishop

     

     

    Le titre de ce nouveau long poème en révèle la dimension fondamentale : le propulsent des sentiments, un désir, c’est-à-dire un manque qui n’empêche ni ténacité, ni rêve, vision. Loin de toute idée d’argument, de persuasion, et pourtant, dans les coulisses, implicite, la conviction des « vérités » du vert, de la vivacité d’une terre que l’on oublie parfois d’honorer, d’aimer, tout comme on oublie les vérités de ce que l’on est soi-même.

    Le poème, largement composé de petites strophes de deux ou trois vers sans ponctuation, non rimés, courts, qui canalisent la lecture, l’aérant et l’intensifiant à la fois, s’accompagne des photographies de Natacha Nikouline où le vert rivalise avec le noir, y plongeant le corps lumineux de la femme, Aurélie Foglia poussant à in-distinguer, entretisser texte et image, tout comme la poète elle-même qui, d’ailleurs, semble procéder en partie de manière ekphrastique, heureuse sans doute de voir ce subtil et divinatoire blasonnement des éléments de son poème. Celui-ci déroule la lente danse de son imaginaire, élaborant les fragments d’une vertigineuse figuration de la fusion viscérale-ontique de l’humain et de la terre, de sa foisonnante et « verte » énergie originaire. S’y baigner devient l’acte hallucinatoire – mais poétiquement réalisé – d’une espèce de réincarnation, régénération, d’une juste et merveilleuse ré-imagination de l’être, de notre faire dans le lieu de l’ontos. « Je te vois », lit-on, « toi cultivant couvant / encore ce vieux rêve à voix humide / de se renaturer au sein / quand c’est le soir que s’abattent // sur nos vies brutes les barrières » (9). Si cette fusion peut frôler le terrifiant ensevelissement de ce que l’on est, c’est que le poème, provocateur à certains égards, envisage, est même, « un moment où le vert / est le véritable événement » ; une sorte de métempsycose ou trans-formatio (dirait Michel Deguy) audacieusement emblématique. S’immerger dans le vert, ce serait devenir radicalement autre, pénétrer dans l’Autre, dans ce dont nous dépendons, qui nous sous-tend, présumé à la fois « indifférent » dans son inimaginable inhérence (12) et exaltant dans l’extraordinaire pseudo-expérience de son outre-temporalité et de sa logique chimico-physique à peine concevable. « Une femme-forêt », dit le poème, son regard braqué sans doute sur l’image, « // fantôme de dos pelée / par son drap en plastique // sous couronne épineuse / caillassée par la pluie // laquelle sème non saigne / ses arômes sur ses traces // et toi tu la sens tu la sais / tu l’es tu la suis flairant // le long démembrement / et l’assassinat de saison » (16-17). La métamorphose fusionnante s’accomplirait au-delà de ce qui aurait pu sembler déranger, effrayer; « que me fait la terre sur ma tête » continue le poème, « // […] // que me fait pourrir si mes doigts / sont changés en mousse // à quoi bon promettre le ciel / au lieu d’un corps // que me fait l’arbre si je suis l’ombre » (19-20).

    Si Green Feelings est l’acte et le lieu d’une énorme fantaisie que l’art sait projeter sur le monde grâce aux beautés et vérités qu’il entraîne et héberge sous le couvert de la profonde métaphoricité de son imaginaire, le poème n’hésite pas à parler de ce qui le menace. « Guerrière fragile aiguillée / par les pins » (22), la femme des photos et le corps de la poésie apprécient pleinement l’impossible qu’entreprennent ensemble les deux arts. Le vert « n’es[t] plus ce que tu étais // […] // tu recules et tu doutes », lit-on (38); le « pauvre poème [est] chargé / de faire l’inventaire » de la dissolution-disparition, de la « désunion de] l’univers » (40); « le tout ne fait plus / une totalité » (42). Le sentiment du beau, du (sur)vivant du vert cède la place à une impuissance, un inaccomplissement; les peut-être, les ô, les « métamots-images » en deviennent les signes qui effacent l’assertivité, expriment le doute, le soupir, l’à-côté, le non-coïncident du métaphorique. Et pourtant, comme insisterait Jean-Paul Michel, l’art ne cesse jamais de répondre à ce que l’on a si souvent nommé l’impossible; c’est son devoir; ses modes essentiels sont la métamorphose, la multiplication, précisément, des métamots-images, l’audace, la résistance, l’imaginaire, écartant « l’absurde » (34), l’acquiescement, l’abandon. Denis Roche disait que la poésie était « inadmissible », mais ajoutait qu’elle était surtout et fatalement « combative ». Green Feelings met entre nos mains la vive et émouvante preuve de deux grandes artistes relevant le défi du poïein, se réjouissant de ses visions comme de ses apories qui restent à transcender, ironiquement et superbement.

    Michaël Bishop

     

  • Pascal Commère / Garder la terre en joie / Lecture de Gérard Cartier

    Pascal Commère, Garder la terre en joie
    Tarabuste, 2024, Aquarelle Djamel Meskache, Tarabuste Éditeur 2024
    Lecture de Gérard Cartier

     

     

     

    9782845876491

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pas d’autre temps
    (pas d’autre monde)

    De Pascal Commère, on a l’image d’un poète enraciné dans son terroir. Elle n’est pas fausse, comme le montre un texte récent sur l’animal fabuleux qu’est la vache (« …les apprentis sorciers de l'INRA, traficotant leurs gènes, les font naître tête nue, ce qui est bien dommage. On ne touche pas à l'intégrité de la Vache sans bousculer un peu l'ordre du monde… », in Cornes et mamelles, Obsidiane, 2024), mais elle est réductrice. Elle occulte, en particulier, le pan de son œuvre consacré aux voyages, parfois très lointains – ainsi de Tashuur. Un anneau de poussière (Obsidiane, 2012), rapporté de Mongolie.

    De cette veine vagabonde, témoigne son dernier recueil ; on pourrait même prétendre, avec un peu de hardiesse, qu’il épuise la notion de voyage, que ce soit de corps, à l’étranger (Stockholm, Venise, l’Allemagne) ou dans la campagne bourguignonne (qui lui fournit ce titre à la longue résonnance : « Garder la terre en joie »), par le regard (la contemplation d’un jardin) ou par le seul moyen de l’esprit, emporté dans le temps, vers le passé (le « Voyage de la mère », remémorée après sa mort) ou vers l’avenir (« Un rêve prémonitoire »).

    La géographie sollicite Commère, mais ne le retient pas. Bien qu’ancrés dans un paysage fermement dessiné, ses poèmes s’en échappent assez souvent pour embrasser d’autres réalités. Révélateur, à cet égard, est la longue section qu’il consacre à sa mère. Embarqué dans un train régional, distrait par les minuscules péripéties du trajet ou par son livre (Cendrars, bien sûr, et la Prose du transsibérien ), il est insensiblement happé par le souvenir de sa « Petite mère ». Les vers qu’il lui voue, faits de la seule réalité concrète, des choses nues et banales qui subsistent d’un être après qu’il a disparu, sont magnifiques. L’émotion naît de la grande retenue avec laquelle il dit l’absence et le regret : « certains mots plus que d’autres / sont durs à avaler… ». Pour en donner ici une idée, il faut faufiler bord à bord quelques-unes des strophes qui, dans le poème, sont égrenées au fil des pages :

    Je n’ai de maison qu’un grand vide, pure
    Portion d’espace. Mère est morte,
    Rendue à la poussière, ses os
    Bientôt mêlés à ceux qui les ont précédés
    En ces étranges noces de cendres et de riz noir.

                                  ***

    Je n’ai pas d’autre temps que ce temps où je vais
    Sans but ni plus de raisons. Vides
    Les placards, le pain dans les coffres bleuit. Les fourmis
    S’en sont pris au sucre, elles accaparent
    Les gestes que tu ne feras plus.

                                   ***

    J’ai retrouvé dans ton fourbi une valise – à quoi
    Peut bien servir pareil bagage lorsqu’on ne s’en va pas,
    valise en carton bouilli, de celles
    qu’on portait à la main – aujourd’hui on les roule,
    cela change-t-il quelque chose à l’heure du grand départ ?

     

    Des trois voyages à l’étranger, si divers de thèmes et d’atmosphères¬, le plus éloquent est « Berlinoises » – qui devrait d’ailleurs être titré Allemandes, Berlin n’étant qu’un des lieux visités. Pour en connaître la langue et y avoir fréquemment séjourné, l’auteur a une grande familiarité intellectuelle et sentimentale avec ce pays qui est sans doute, pour la plupart d’entre nous, le plus étranger de tous nos voisins. Presque toutes les pages de cet ensemble seraient à citer. Plutôt que les souvenirs d’école, occasions de quelques poèmes malicieux, ou que les scènes tirées de vieux carnets retrouvés dans une boîte à chaussure, j’ai choisi un poème qui inscrit l’Allemagne dans l’Histoire et, ce dont on sait gré à Commère, donne corps à la tragédie qu’elle a engendrée :

    Ce qu’aucune mémoire ne peut malgré tout
    oublier, les images moins encore (déferlement
    de chars, sirènes, bombardements – où
    se réfugier, ciel lacéré, façades &
    toitures éventrées, est-ce
    que les rats aussi dans les abris…) Tout cela
    si présent encore et que tout rappelle à l’instant, listes
    interminables et des nombres. Des nombres
    à n’en plus savoir – le malheur et des nombres, par dizaines
    de millions acheminés vers la mort
    gazés, brûlés, ô barbarie – quelle chienne enragée
    nourrit de son lait aigre la folie humaine ?

    Si le mot n’avait pas perdu son aura, on pourrait dire Commère matérialiste. Tous ses poèmes naissent et sont tissés du monde sensible, de la réalité la plus concrète (j’ouvre le recueil au hasard : un mille-pattes dans un abricot, des tags sur un mur, les poteaux de bois d’une ligne électrique…), et on le sent peu enclin aux vieilles transcendances. Ici et là, pourtant, une inquiétude sourde trouble le poème. Ce n’est qu’un sentiment flottant, une présence ou une absence d’on ne sait quoi (« …attendre / quoi dans le soir vide… ») qui pince un peu le cœur, presque rien, mais qui semble mettre en jeu la vie entière, sentiment qui n’est pas neuf chez lui, mais qui m’a paru plus insistant que dans les recueils précédents. Et, qu’on soit dans la campagne bourguignonne ou au bord de la lagune, en hiver, c’est la vertu du poème que d’aider à l’affronter : « la parole, entée dans l’indicible, / est la seule arme contre le froid, le vide. »

    Hormis un rêve en prose et la longue coulée d’ « Une halte à Stockholm » (de longs vers enchaînés qui, pour peu qu’on les dise à voix haute, comme il convient, emportent le lecteur dans une sorte de vertige, comme la pluie qui en est le principal motif), tous les poèmes de ce recueil sont faits de strophes assez brèves, fortement ponctuées (virgules, parenthèses, quadratins, points, rejets), mais aux liaisons thématiques assez lâches, aux phrases parfois même inachevées, laissant la pensée en suspens (« Ou parce que le soleil à cet instant… »), que le lecteur fait sienne à sa guise – l’indicible aussi peut-être éloquent.

    Gérard Cartier 

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    P A S C A L   C O M M È R E

    Commere

    source

    ■ Pascal Commère
    sur Terres de femmes ▼

    Garder la terre en joie, Aquarelles de Djamel Meskache, Tarabuste Éditeur, 2024
    → [La courbe des fumées là-bas] (poème extrait de Territoire du Coyote)
    Territoire du Coyote (note de lecture d'AP)
    → [Blanche, la gelée aux quatre coins] (poème extrait de « Songe du petit cheval déplacé en terre franque »)
    Mémoire, ce qui demeure (note de lecture d’AP)
    Lettre de la mère (extrait de Mémoire, ce qui demeure)
    Sur la poussière
    → [Crayonné paysage] (poème extrait de « Sur une ligne de crête en Toscane »)

     

    ■ Voir | écouter aussi ▼
    → (sur reflets de lumière) Joseph Beuys – Coyote
    → (sur Terre à ciel) une page consacrée à Pascal Commère (nombreux extraits + notice bibliographique)
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Pascal Commère
    → (sur le site de France Culture) Pascal Commère dans Ça rime à quoi de Sophie Nauleau (émission du 13 mai 2012)

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    PORTRAIT DE GERARD CARTIER
    Image, G.AdC

    ■ Gérard Cartier
    sur Terres de femmes ▼

    L’Oca Nera, La Thébaïde, Collection roman, 2019, (lecture d'Angèle Paoli)
    → « Les Docks » & « Les Hautes Terres » in Le Méridien de Greenwich, Éditions Obsidiane, 2000.
    La duplicité. (poème extrait des Métamorphoses)
    → Les Métamorphoses (lecture de Maëlle Levacher)
    → Tristran (lecture de Nathalie Riera)
    → Le philtre (extrait de Tristran)
    → Le Voyage de Bougainville (lecture de Marie-Claire Bancquart)
     Le Voyage de Bougainville (lecture d’AP)
    → EX MACHINA, Journal de L’OIE, La Thébaïde, Collection Roman, 2022.
    → Gérard Cartier / Le Voyage intérieur
    → Gérard Cartier, Le voyage intérieur, Flammarion poésie, 2024 (Lecture d’Angèle Paoli)
    → « I, Les enfances de Mara » in Le Roman de Mara, Tarabuste éditeur, 2024
    → « Terra nullius », Mers Boréales .87., in L’Ultime Thulé  Jeu de l’oie, Éditions Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, 2018 


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Flammarion) d’autres extraits de L’Ultime Thulé [PDF]
    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature) une fiche bio-bibliographique sur Gérard Cartier

     

     

  • Christiane Veschambre / Là où je n’écris pas

    <<Poésie d'un jour

     

     

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    Ph: G.AdC 

    il reste
    le vide

     

     

    Là où je n’écris pas

    écrire

    était une maison

    un temps il en est resté
    au plus haut étage d’un immeuble
    une petite pièce
    nue

    dedans
    une petite table
    qu’on voit du dehors
    par une fenêtre
    en avançant pas après pas
    sur une planche
    longeant l’immeuble
    au-dessus du vide

    dépassé
    la petite table
    aperçue
    du dehors funambule
    on arrive
    au bout de la planche
    il reste
    le vide

    on disait :
    écrire sauve
    là où in n’écrit pas
    on est perdu
    condamné

    mais écrire ne sert (à) rien
    de rien n’est le serviteur
    (l’instrument)

    ne se met pas à votre écoute
    est toujours là
    où on n’écrit pas

    on pourrait écrire
    là où on n’écrit pas
    si on savait
    cette vive
    fugitive
    vérité

     

    Ciontre allées

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Christiane Veschambre in Contre-Allées,
    revue de poésie contemporaine, Automne 2024, pp.2, 3.

     

    CHRISTIANE  VESCHAMBRE

    Christiane Veschambre 2
    Ph. Olivier Roller
    Source

    ■ Christiane Veschambre
    sur Terres de femmes ▼

    Julien le rêveur, Éditions] Isabelle Sauvage, 2022,
    → dit la femme dit l’enfant (lecture d’AP)
    → Basse langue (lecture d’AP)
    → Une Hôtesse minuscule (extrait de Basse langue)
    → [Cela s’est passé lundi] (extrait d’Ils dorment)
    → Écrire Un caractère (lecture d’AP)
    → [Écrire n’a pas d’objet] (extrait d’Écrire Un caractère)

    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature) une fiche bio-bibliographique sur Christiane Veschambre
    → (sur En attendant Nadeauun entretien avec Christiane Veschambre, par Gérard Noiret
    → (sur le site des éditions Isabelle Sauvage) la page de l’éditeur sur dit la femme dit l’enfant

     

  • Françoise Clédat / Le reflux lyrique

    <<Poésie d'un jour

     

     

     

    J’aurai-réappris-le-vide

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Ph / G.AdC 

     

     

    Étrangeté de sur-
    Vivre

    Une vie subie

    Un soi
    Que soi n’a pas choisi

    Et que ce soit
    Être soi

    Et que ce soit
    Vivre

     

    Je voudrais me réconcilier
    Cesser de désirer ce que je ne peux plus
    Ne plus souffrir de ne plus pouvoir
    Adhérer
    à la présence de chaque et du moindre être-là
    d’une présence égale à l’égale présence des
    feuillages
    qu’agite le vent
    Être leur croulement vert
    dressé comme un éboulement de sensualité
    vertes rotondités de chair
    dont chaque grappe est nécessaire
    chaque grain à chaque grappe comme à la peau
    la retombée du drap que balance le vent qu’il
    lui ouvre les doigts
    pour qu’entre doigts ouverts cela circule
    qu’ils ressentent le passage
    mais ne le retiennent pas
    Je voudrais être peau de ces doigts limbe de ces
    feuilles
    pour ressentir entre moi et moi
    le passage du don

     

    Tisser la ténuité multiple et foisonnante de la présence
    À l’invisibilité d’une absence
    Dont nul ne pourra dire qu’elle fut mienne

    Dans quelle mesure – jour, lieu, temps –
    La stabilité du monde telle
    Que mes sens encore l’appréhendent
    Est-elle affectée par
    Le tremblement de la terre
    En Turquie en Syrie
    De quelle absence la creuse
    Celle dénombrée de 23000 disparus

    Que vieillir ne soit pas
    Exploration solipsiste
    Que la perte de l’Eros partenaire
    Ne soit perte d’aimer mais
    Devienne
    Adhésion sans pourquoi
    À l’immédiateté du don

                                                                                                                                                              

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    Françoise Clédat, « Passage du don » in Le reflux lyrique, Tarabuste Éditeur, 2024, pp. 56, 57, 58.

     

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    FRANÇOISE   CLÉDAT

    Françoise Clédat

    ■ Françoise Clédat
    sur Terres de femmes ▼

    "V, la parole même (2)" in EtnaXios, L’Amourier 2008
     Les Parentés inhumaines, Et in Arcadia ego, Fugue,1.
    → Ils s’avancèrent vers les villes (lecture d'AP)
    → Mi(ni)stère des suffocations (lecture d’AP)
    → L’Adresse de Françoise Clédat / Portrait d’Iseut en survivante [lecture de Marie Fabre]
    → Quoi de toi mort quand mort ? (extrait de L'Adresse)
    → La nuit de l’ange (lecture d’AP sur L’Ange Hypnovel)
    → L'Ange Hypnovel (extrait)
    → A ore, Oradour (lecture d’Isabelle Lévesque)
    → EtnaXios, autour de l’oiseau-fauve-vautour [lecture d’AP sur EtnaXios]
    → (où le chant sans l’organe) (extrait d’EtnaXios + notice bio-bibliographique)
    → Gemelle [extrait d’Ils s’avancèrent vers les villes]
    → Ils s’avancèrent vers les villes (lecture d'AP)
    → [Disparition] (extrait de Petits déportements du moi)
    → Rivière et Alaskas (lecture d’AP)
    → Une baie au loin (Turnermonpère) [lecture d'AP sur Une baie au loin (Turnermonpère)]
    → (maintenant je git)[extrait d'Une baie au loin (Turnermonpère)
    → Du jour à personne
    → (dans l’anthologie Terres de femmes) Je vis une histoire d’amour
    → (dans la galerie Visages de femmes de Terres de femmesle Portrait de Françoise Clédat  par G.AdC (+ un extrait d’EtnaXios)

  • Helen Hunt Jackson / Calendrier de sonnets et autres poèmes

    << Poésie d'un jour

     

     

     

     

     

    Cheyenne-mountain-colorado-springs-photochrom-circa-1900-war-is-hell-store

     

     

     

     

     

     

     

     

                             Cheyenne Mountain – Colorado Springs –
                             Photochrom Circa 1900 is a photograph by War Is Hell Store
                             which was uploaded on May 11th, 2020.

    Source : Google images 

     

     

    Cheyenne Mountain

    By easy slope to west as if it had
           No thought, when first its soaring was begun,
          Except to look devoutly to the sun,
    It rises, and has risen, untill, glad,
    With light as with a garment, it is clad,
           Each dawn, before the hardy plains have won
          One ray ; and after day has long been done
    For us, the light doth cling reluctant, sad
    To leave its brow.
                                   Beloved moutain, I
    Thy worshipper, as thou the sun’s, each morn,
          My dawn , before the dawn, receive from thee ;
          And think, as thy rose-timed peaks I see,
    That thou wert great when Homer was not born,
    And ere thou change all human song shall die !

     

    Montagne Cheyenne

    Par la pente aisée vers l’ouest comme si elle ne pensait
          À rien, quand elle commença son ascension,
          Sauf à contempler dévotement le soleil,
    Elle se lève, et elle s’est élevée jusqu’à ce que, heureuse,
    Elle s’habille d’un vêtement de lumière,
          Chaque aube, avant que les plaines tardives n’aient
          Conquis
          Un rayon ; et après que le jour s’est fini depuis longtemps
    Pour nous, la lumière se cramponne à contrecœur, triste
    De quitter son front.
                                        Montagne bien-aimée, moi
    Ton adoratrice, comme tu l’es du soleil, chaque matin,
          Je reçois de toi, avant l’aube, mon aube ;
         Et je songe, voyant tes cimes teintées de rose,
    Que tu étais déjà grande quand Homère n’était pas né,
    Et qu’avant de changer, tout humain mourra !

    Helen Hunt Jackson, « Autres poèmes » in Calendrier de sonnets et autres poèmes, Présenté et traduit par Lydia Padellec,

    Éditions La Part Commune 2024, pp. 42,43.

                                                                                                                                                                

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    Helen Hunt Jackson, 1877, par George H. Hastings

           Amie d’Emily Dickinson, née comme elle en 1830 à Amherst dans le Massachussetts, Helen Hunt Jackson était considérée par Emerson comme « la plus grande poète américaine du XIXe siècle ». Ce n’est pourtant qu’à l’âge de 35 ans, après la mort prématurée de son dernier fils Rennie, qu’elle commença à écrire. Son succès fut immédiat après la publication de son premier recueil Verses en 1870. Ses poèmes d’une facture classique, mettent à l’honneur le sonnet comme dans Calendrier de sonnets qui évoque les mois et les saisons à travers de belles descriptions de la nature. Helen Hunt Jackson dévoile aussi ses combats dans des poèmes tels que « Deux récoltes », « Une quête Arctique » ou encore « Liberté » qui dénonce l’esclavage.

    Écrivain engagé, journaliste, militante, elle contribua jusqu’à sa mort en 1885, à travers ses œuvres, à dénoncer les conditions de vie des Amérindiens. Célèbre pour son plaidoyer Un Siècle de Déshonneur (1881) et surtout pour son roman Ramona (1884), Helen Hunt Jackson a écrit des centaines de poèmes qui n’avaient jamais, jusqu’ici, été traduits en français.

     

     

  • Erwann Rougé / Asile

    <<Poésie d'un jour

     

     

     

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    Ici
    personne ne regarde personne
               le couloir se déplace
    la porte reste toujours fermée

    le sol si dur       vacille
    on marche avec les mains

    Ici        les cris les cris
    s’entrechoquent comme des silex
    on marche
                sur la pointe des pieds

              ils savent comme je suis nue

    on peut laisser à mourir
    les yeux         à l’étale de la houle

    n’aime pas
    que leurs mains resserrent la peau

    partout où ils mettent leurs doigts
    leurs ongles gémissent

    Doc
    « j’arrive en corneille »
                je peste pour voir
    me cache dans les roncières

    sur la falaise
    « je sors en aigle de mer »
                descends les champs

    garde le leurre          l’eau brûlée
    pour la mort vraie

    cela rôde        cela veille
    l’oubli m’attend

     

    Elle
                et le tilt tilt des courlis
    brodés de bleu coquille

    leur bec trouble par tous les trous

    il y a des jours où la roche
    accuse la violence des vagues

    … « là où il n’y a plus rien »

    Elle       jettera les pétales
    d’un merisier mêlés à la cendre

    c’est dense pas dans les mains
    mais dans les mares
                et la claque des pieds

    la joie comme pour un meurtre
    c’est de là qu’Elle                  parle

    sans peur       parle d’une grâce
    comme de l’absurde

    c’est peut-être ce qu’elle cherche

     

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    Erwann Rougé, Asile, La vignette de couverture est de Herbert Hundrich, Éditions Unes 2024, pp.55, 56, 57, 58,59,60.

     

    E R W A N N     R O U G É

    Erwann Rougé
    Ph. Michel Durigneux
    Source

    ■ Erwann Rougé
    sur Terres de femmes ▼

    Paul les oiseaux ( Lecture d'A.P)
    Paul les oiseaux (portrait), en couverture dessin d’Ena Lindenbaur, éditions isabelle     sauvage 2024
    Proëlla (lecture d'AP)
    → [la brûlure a une odeur de fleuve] (extrait de L’Enclos du vent)
    → [on ne fait qu’écrire] (extrait de Voa, Voa)
    → Passerelle, Carnet de mer (lecture de Sylvie Fabre G.)
    → [quand le ciel est ainsi] (extrait d'Étais de Jean-François Agostini)

    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Isabelle Sauvage) la fiche de l’éditeur sur Proëlla d’Erwann Rougé
    → (dans la poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Erwann Rougé

     

     

  • Sabine Dewulf / Où se cache la soif / Lecture d’Isabelle Lévesque

    Sabine Dewulf, Où se cache la soif
    Peintures de Caroline François-Rubino
    Postface de Pierre Dhainaut
    Collection Coquelicot
    Éditions L’Ail des ours, Juin 2024
    Lecture d’Isabelle Lévesque

     

     

     

     

     

    Où se cache la soif - Sabine Dewulf et Caroline François-Rubino - couverture

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le titre du dernier livre de Sabine Dewulf, « où se cache la soif », interroge. On peut le lire comme l’expression d’un manque dont on ne sait rien encore sur le seuil du poème. Cela pourrait aussi inviter à poursuivre la quête de quelque chose qui serait perdu : les aquarelles de Caroline François-Rubino, toutes en horizontalité pour ce livre, peuvent aussi être traversées de lignes verticales ou griffures qui se reproduisent jusqu’à écrire l’infini de points, de végétaux. Pas d’oblique dans cette représentation, une géométrie qui s’ouvre au bleu des significations.

    Pour présenter ses poèmes composés à partir de lithographies de Zao Wou-Ki, Henri Michaux affirmait :

    « Les livres sont ennuyeux à lire. Pas de libre circulation. On est invité à suivre. Le chemin est tracé, unique. / Tout différent le tableau : Immédiat, total. À gauche, aussi, à droite, en profondeur, à volonté. / Pas de trajet, mille trajets, et les pauses ne sont pas indiquées. Dès qu’on le désire, le tableau à nouveau, entier. Dans un instant, tout est là. / Tout, mais rien n’est connu encore. C’est ici qu’il faut vraiment commencer à LIRE.1 »

    Et lire, ici, pour Michaux, c’est aussi écrire. Lire le tableau comme le paysage permet de réinventer une écriture en partant d’éléments essentiels, des couleurs et des rythmes, pour composer à son tour un espace dans lequel le lecteur du poème pourra tracer ses propres trajets. Devant les peintures de Caroline François-Rubino, Sabine Dewulf s’immerge dans l’élémentaire : l’eau qui peut être matricielle ou funeste.

    La soif et l’enfance, associées dès le premier poème, trouvent dans la ritournelle la douceur propice à un commencement qui ne doute pas du passé. La restauration possible d’une sensation liée au temps révolu est ouverte. C’est l’une des particularités de la poésie de Sabine Dewulf. Toujours, elle nous laisse, nous lègue l’outil d’une guérison. La soif, la blessure ne sont pas niées, elles suscitent un autre espace dans la vie (dans le poème) pour le rétablissement d’une perspective. À l’infinitif, ces alliés ne demandent qu’à intervenir :

    Ne garder en mémoire
    que les ailes.

    Dans le paysage de Caroline François-Rubino et celui de Sabine Dewulf, quelque chose « attend », Pierre Dhainaut le souligne en postface. L’eau se décline en mare, marais, lac, étang, canal, ce sont eaux dormantes, dites parfois stagnantes, en opposition aux eaux dites vives, ou courantes. « [Y] a-t-il une eau qui puisse être morte ? » interroge Pierre Dhainaut en épigraphe. L’eau de la mare est pleinement vivante, sur place, sans se perdre. Les déplacements y sont toujours verticaux, les bulles qui éclatent à la surface témoignent de vies invisibles. La mare est habitée.

    Au centre les têtards : l’esquisse d’une vie
    depuis la turbulence

    L’image est forte qui annonce les métamorphoses nées du trouble, de l’obscur, des profonds remuements.
    Le mouvement vertical peut également être descendant, la pensée alors s’enfonce dans cette eau composée aussi de terre, de plus en plus de terre jusqu’au fond qui aspire avant d’absorber.

    La nappe souterraine
    se blottit, solitude,

    un marais que rumine
    l’humiliée.

    La mare est aussi ce marasme intérieur qui parfois s’étend, prend son temps pour cultiver et développer l’exil intime, la perte de l’espérance.

    Aux marges le tourment, revenu s’abreuver.

    S’abîme au fond le rêve
    invisible, acharné, d’une fille de pierre,

    un bouillon de neurones
    dans l’arène illusoire,

    loin du feu de la terre.

    Le constat inquiète pour la « fille de pierre » : « Ce qui descend demeure. »
    Mais les mains à tâtons, comme les mots, touchent une réalité sensible, garante d’une permanence. C’est comme si l’instant de l’incarnation livrait un secret du temps : le passage, autrement perçu, n’est pas écoulement vain. De la poésie de Sabine Dewulf émane une confiance. De menus êtres, têtards, peuple des eaux, témoignent d’une vie foisonnante dont nous nous sentons solidaires. Or des énoncés courts affirment des lois immuables qui semblent nées de ces constats de vie observée aux abords de l’eau. « Nos pieds d’enfants tracent des courbes ». Le passé n'est pas révolu. L’enfant vit en l’adulte par ses rêves et ses gestes.
    Les mouvements de l’eau, proches de gestes, se montrent féconds :

    Ici bouillonne, ondule,
    frémit la plénitude.

    Ils portent les lettres et les sons qui entrent dans le poème. Soif et présence de l’eau vivante se répondent comme question et réponse se complètent. Une quête est comblée.
    Des infinitifs portent des constats puis des vœux ou des conseils :

    Il n’y a rien à voir, seulement à espérer.
    Se laisser chantonner,
    s’en tenir à la source.

    Se laisser porter (par l’ondulation) permet d’accéder à ce que l’on espère, une forme de révélation atténuée, humble, nécessaire. Les poèmes représentent ce chemin, ce lit. Les verbes pronominaux placent l’être au cœur d’un processus consenti, « au moindre sort s’abandonner ». Ce processus suppose une acceptation a priori de la durée longue: 

    J’honore la lenteur qui nous permet de croître.

    Appel d’allitérations (« fluide »/ « fugitive ») nourri d’assonances : la fluidité se partage dans les vers aussi. Dans cette écriture du secret, le lecteur accepte de se trouver démuni. Ruisseler s’avère salvateur, il ne s’agit pas seulement de rythme, on peut s’immerger, « fille de pierre », et s’abandonner, « [s]e fondre au clapotis. »
    De la mare ou de l’étang naît alors le poème :

    Puiser en eau secrète un alphabet mobile,
    grouillement dénoué à l’assaut des virages,

    nos provisions de trouble.

    Les « ailes » qui apparaissent dans plusieurs fragments ne sont-elles pas d’abord ces lettres l l l l l formées par les ajoncs sur l’étang. Reste à déchiffrer ce que nous dit le lieu par ses « hiéroglyphes ». Travail de poète :

    Il reste à griffonner des ratures allègres :

    dressées, obliques,
    nous changent en pays,
    ensemencent la page.

    Des mots prennent figure
    géomantique sur la rive

    tout en s’écarquillant.

    La poète, comme la peintre, semblent emprunter la « voie des rythmes » pratiquée par Henri Michaux. Le poème et la peinture doivent accepter de prendre le temps, lettres, traits ou couleurs naissent sur la feuille. « Jardin de l’errance » ou de l’enfance, ce qui surgit à la surface peut faire réapparaître des « nœuds inavouables », une mémoire « étranglée », car « [b]ien sûr au cœur une eau / croupit encore, / ferment de cris, d’éclairs. » Mais l’écriture et la peinture permettent d’opposer « la joie des herbes » au « paysage en larmes ».

    Papier griffé,
    tourbillons de biffures
    font palper la blancheur,
    entrer en mouvement.

    Le mouvement du poète ou du peintre est rendu possible par une force intérieure, un soulèvement qui tend à « [é]largir, aérer », à faire « ruisseler [l]’eau de roche. » L’ambition est forte quand il s’agit, « au plus bleu du désir », de « reconstruire le corps, / chaque étage de l’être, / avec les os des mots ».

    Où se cache la soif offre une succession d’« instant[s] infiniment comblé[s] », qui, comme le montre Pierre Dhainaut, dans sa postface éclairante, permettent de « participer à sa propre naissance, recréer l’enfance ». Dans ces eaux dormantes, que Gaston Bachelard associe à la mort et au désespoir, la soif ressurgit par le poème.

    Isabelle Lévesque

     

     

     

    Où se cache la soif - Caroline François-Rubino - peinture - 2024

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Peinture de Caroline François-Rubino

     

    ♦  Voir sur Terres de Femmes:

    Isabelle Lévesque:

    Sabine Dewulf

    Pierre Dhainaut

    Caroline François-Rubino

     

     

     

  • Valérie Canat de Chizy / Après l’averse / Morgan Riet / Comme un lieu entre

    << Poésie d'un jour

     

     

    une nuée d’oiseaux

    moineaux sur le bord

    d’un banc

     

    dans le sillage d’une péniche

    la rouge nommée nid d’amour

    la bleue et ses lauriers – roses

     

    je passe devant

    le matin sur les berges

    du Rhône

     

    la surface de l’eau pétille

    de toutes ces bulles

    que font les poissons

    à sa surface

     

    je n’ai qu’à être là

    simplement là

     

     

     

    partir quitter la ville

    marcher dans des paysages

    à couper le souffle

     

    se désencombrer

    de toutes ses pensées

     

    faire le vide

     

    chemins escarpés

    les genêts d’or

     

    je retrouve un souffle

    neuf

     

    vivifiant

    VALERIE

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Valérie Canat de Chizy, Après l’averse, Collection DUO L, La lune bleue – Trouées poétiques, 2024, pp. 13 &15.

     

     

     

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    Four

    Ça brûle,
    ça brille
    de mille feux.

    D’un air mi-figue, mi-raisin,
    je lève un verre, en même
    temps que les yeux au ciel
    et sa drôle de fête…

    Dans la touffeur, en ce moment
    précis –
    outre, en effet, un son de cloche –
    il me semblerait presque entendre,

    pour peu que je m’attarde,
    pour peu que je me penche,
    au passage du vent,

    les craquements
    et les ultimes cris
    de ces milliers d’arbres, là-bas,

    tandis que sur mes lèvres sèche
    comme un avant-goût du désert.

     

    MORGAN RIET

     

     

     

     

     

     

     

     

    Morgan Riet, Comme un lieu entre, Collection DUO L, La lune bleue – Trouées poétiques 2024,p.8.