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du numéro du mois de juin 2024
Image: G.AdC
Image: G.AdC
<<Poésie d'un jour
Blessure narcissique, Photographie de → G.AdC
CHEMISE HAWAÏENNE
Je suis quelqu’un d’autre lorsque je porte ma chemise
hawaïenne. Quelqu’un de réfléchi, qui prend de la hauteur,
quoi qu’il advienne. On pourrait me dire que les troupes
russes ont envahi la capitale, cela ne me ferait rien. Je laisse
s’ouvrir sur ma toison pectorale de superbes fleurs exotiques.
Je me sens bien. Ma chemise hawaïenne et moi, nous ne
faisons pas de politique.
À LA RIVIERE
Vous ne savez rien de moi. Je ne vous ai pas tout dit. Ni
comment je tuais l’ours armé d’un couteau et d’une raga-
tina, ni comment je trainais sa fourrure sur plusieurs verstes
dans la neige, ni comment je caressais le saumon dont le
ventre se froissait comme de la soie grège. Mes yeux bleus
sont devenus gris avant de passer au beige. Voilà. Je suis
toujours le même. Je ne vous ai pas menti.
SAMEDI MATIN
Il n’est pas si grave de passer à côté des choses. La plupart
du temps, elles ne s’en aperçoivent pas. Sinon, elles ne nous
en tiennent pas rigueur. Notes pour un samedi matin : « Se
désintéresser un peu de soi. Ne pas poser la question du
bonheur. Apposer sur tout le bonjour et l’adieu d’un
regard. » Je garde toujours un morceau de pemmican sur
moi pour le grand jour du départ.
Guillaume Decourt, Un temps de fête – poésie –, Éditions La Table ronde, 2024, pp. 18, 40, 47.
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GUILLAUME DECOURT
■ Guillaume Decourt
sur Terres de femmes ▼
→ Les Heures grecques, L'île, Lanskine 2015,
→ Les Heures grecques, Lanskine 2015 (lecture de Sanda Voïca)
→ Le Cargo de Rébétika, Lanskine 2017 (lecture d’AP)
→ « L’endroit », extrait d’À 80 km de Monterey, Æthalidès, 2021
→ Le bonjour de Christopher Graham, Éditions Æthalidès, 2023 (Lecture d'AP)
→ Lundi propre– La table ronde, Poésie, 2023
→ Lundi propre – La Table ronde, 2023 (lecture de Gérard Cartier)
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site des éditions LansKine) la fiche de l'éditeur sur Les Heures grecques
→ (sur lelitteraire.com) un entretien avec Guillaume Decourt
→ (sur lelitteraire.com) une lecture des Heures grecques par Jean-Paul Gavard-Perret
→ (sur Recours au Poème) une notice bio-bibliographique sur Guillaume Decourt
→ (sur Recours au Poème) sept poèmes de Guillaume Decourt
→ (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature) une notice bio-bibliographique sur Guillaume Decourt
<< Poésie d'un jour
Dessin de Jean-Marc Brunet
Quelques fois elle s’endort
-chair solaire-
dans une chambre flottante
où l’on respire une odeur d’encre
et d’agneaux heureux
tombés d’une mémoire inconnaissable
Quelqu’un la pense et la revit
prenant mesure
de la lente respiration des années ultérieures
qui ordonneront le feu nourricier
invariable dans la balance du cœur.
Ainsi rejoindra-t-elle l’Étendue,
l’île lyrique où se creuse l’imaginaire.
*
Corps de femme
intrépide et vulnérable
annulé par la peur
en perpétuelle dissolution /défection
occupé à te défendre :
tu portes à ton cou l’effritement
collier de granit que nul poing
aucune lame ne pourrait rompre.
Hier tu avais mille ans de félicité
des enfants de velours venaient te rejoindre
en ton manoir de romances.
tu appartenais à toutes les soifs du monde
et tes sommeils se dilataient de plusieurs folies.
*
Femme : profil du temps amarré
à une barque en partance,
deux fleuves- clos/ouvert
traversent tes eaux
s’assèchent puis se renouvellent
le jour d’avant ta naissance.
Quel prophète te retient
en ce jardin sans terre
que tu arpentes appuyée à la rampe de l’infini
survolée par des mouettes
plus prestes que maraudeurs de sommeils ?
Il n’est nul repos pour toi
femme aux mille bruits de papillon
lorsque tes rêveries abandonnent leurs rayons
sur les territoires de l’automne.
Nohad Salameh, « La dormeuse de plein jour » in Jardin sans terre, dessins de Jean-Marc Brunet, Al Manar 2024, pp.59, 63, 64.
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NOHAD SALAMEH
■ Nohad Salameh
sur Terres de femmes ▼
→ L’écoute intérieure
→ L’envol immobile
→ L’intervalle (+ notice bio-bibliographique)
→ Les nudités premières
→ Plus neuve que la mort (poème extrait du Livre de Lilith)
■ Voir aussi ▼
→ (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Nohad Salameh
→ (sur exhibitionsinternational.org) « Le féminin singulier », avant-propos de Marcheuses au bord du gouffre de Nohad Salameh [PDF]
<<Poésie d'un jour
Portrait de Marie Alloy par © Camille Moreau
Voir l'ouvrage → La ligne d'ombre
L’oiseau furtif vient-il de loin ?
Sous nos yeux soudain un visage
Le chemin monte un homme descend en courant
Nous longeons les murs des vieilles villas abandonnées
Le soleil fait briller la poussière des volets
Des herbes ont poussé sur le seuil
Les pierres dessinent encore un sentier
derrière les grilles
Le ciel est pur de souvenirs
Le fleuve poursuit le miroir des années
Des branches sont emportées
Le flux danse avec les feux du soir
La voûte des nuages retient son fardeau gris
Nous sommes dans l’ombre des rumeurs
un peu de nuit à l’entour de nos mots
une fumée dans la voix un poème funambule
le corps dansant face aux étoiles
d’une faim d’enfance
Marie Alloy, « IV, EN PARTANCE, Le temps du fleuve » in La Ligne d’ombre, Poèmes et peintures, Éditions Al Manar 2024, p.102
© Ph. JP Vidal
Source
■ Marie Alloy
sur Terres de femmes ▼
→ Cette lumière qui peint le monde (lecture d’Isabelle Lévesque)
→ le site de Marie Alloy
→ (sur le site de Marie Alloy) une page sur L’Empreinte du visible
Poésie d'un jour
Oakley où a vécu Audubon
Source : Fnac
À Frédéric Jacques Temple
Les oiseaux noirs tête grise, autour d’une charogne
Sur la route en allant
À la plantation Oakley où a vécu Audubon, quatre mois
Pas longtemps, mais le temps
De commencer à dessiner sa première série d’oiseaux
grandeur nature
32 tableaux je crois, un assistant
Faisait les fonds d’herbe ou de branchages
Et mettait la couleur sur les planches d’estampes.
Comment dessiner avec un poème
Ces mouvements d’arrachée forte qu’avaient le bec et le cou
De ces plusieurs oiseaux ce matin,
D’arrachée hardie et de méfiance et tardant à partir ?
Un poème, et quelqu’un d’autre viendrait dire par exemple
le nom de ces rapaces
Et celui des arbres et des buissons très poussant
Dans les couleurs de vert et d’eau pas loin, avec le ciel
Comme un bleu silencieux sous la torture du temps.
To Frédéric Jacques Temple
The black birds with gray heads, around a carcass
On the road going
From Oakley plantation where Audubon lived, four months
Not for a long time, but time
To begin drawing his first series of birds life-size
32 paintings I think, an assistant
Doing the background of grass or branches
And putting color on the printed plates.
How can I draw
Those strong ripping-out movements of the beak and neck
Of those several birds this morning
With a poem,
With bold rips distrustful and putting off going away ?
A poem, and someone else would come
and maybe tell the name of this birds oe prey
And the name of the trees and fast-growing shrubs
In the colors of green and of water nearby, with the sky
Like a silent blue under the torture of time.
James Sacré, « Va pas croire que le monde attendait tes mots » (America solitude, André Dimanche éditeur, 2010, traduction par David Ball, in Par des langues et des paysages (1965-2022) Poèmes, APIC Éditions, Alger 2024, Collection Poèmes du Monde, Sous la direction d’Habib Tengour, pp.33, 34.
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J A M E S S A C R É
Ph. © olivier roller
Source
■ James Sacré
sur Terres de femmes ▼
→ Le paysage est sans légende (lecture de Tristan Hordé)
→ Dans le format de la page (extrait de Le paysage est sans légende)
→ Figure 42 (poème extrait de Figures qui bougent un peu)
→ Le désir échappe à mon poème
→ Une fin d’après-midi continuée, Trois livres « marocains », Postface de Serge Martin, Tarabuste Éditeur
→ Brouettes, Dessins d’Yvon Vey, Le Carré des lombes, Obsidiane, 2022.
→ Une brouette de mots, lecture d'Angèle Paoli
→ Des animaux sont avec toi, depuis toujours, Peintures de Guy Calamusa, Voix de chants, ÆNCRAGES&CO, 2023
→■ Voir aussi ▼
→ (sur remue.net) James Sacré/Un paradis de poussières (article de Jacques Josse)
→ (sur Loxias) une bio-bibliographie de James Sacré
→ (sur le site de Jean-Michel Maulpoix) un article de James Sacré (« Une boulange de lyrisme critique »), texte paru dans la revue Le Nouveau Recueil (éditions Champ Vallon)
→ (sur Terres de femmes) | rouge | (Angèle Paoli)
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Le 24 juin 1935, mort de Carlos Gardel (de son vrai nom Charles Gardes), près de Medellín (Colombie), dans un accident d’avion. D’après son [?] testament olographe *, il est né à Toulouse le 11 décembre 1890. Selon plusieurs sources, Carlos Gardel serait plutôt né à Tacuarembó (Uruguay), soit le 21 novembre 1881, soit le 11 décembre 1887.
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| ■ Pour écouter Carlos Gardel ▼ → dans Mano a mano, cliquer ICI pour voir une vidéo de Carlos Gardel chantant Mano a mano, court métrage filmé au début du parlant, en octobre/novembre 1930. Les guitaristes qui accompagnent Carlos Gardel sont Barbieri, Riverol et Aguilar (Source) → écouter aussi Carlos Gardel dans La Cumparsita (enregistrée à Barcelone le 17 décembre 1927) sur le site todotango. Consulter le répertoire alphabétique des chansons de Carlos Gardel [écoute en WMA]. ■ Voir aussi ▼ → (sur le site Tango libre) les pages Carlos Gardel → (sur le site Tacuarembó-Uruguay) les pages Carlos Gardel (une enquête autour de la véritable identité de Carlos Gardel) → (sur Nuevo Ciclo) l’hommage de Cátulo Castillo (un des plus grands poètes du tango) à Carlos Gardel : « Palabras para Carlos Gardel » → (sur Terres de femmes) Volver → (sur Terres de femmes) Horacio Ferrer | Je mourrai à Buenos-Aires |
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Mort à Rome, le 19 juin 1992, de Margherita Guidacci.
GUADO L’anno contiene quest’unico guado verso di te. Ogni volta lo trovo un poco più sommerso, l’onda più gonfia, la corrente più minacciosa. Eppure io t’ho raggiunto ancora, ed ogni breve istante che trascorro accanto a te diviene un » sempre » e se ne nutrirà anche il tempo deserto. Se una dura legge c’imporrà un » mai « , noi condannati ed immobili sulle opposte rive intrecceremo tuttavia i richiami di un desiderio tramutato in splendore. Così la Tessitrice ed il Pastore si rispondono: Vega ed Altair tra cui si snoda l’alto stellato fiume. Margherita Guidacci, Anelli del tempo, Edizioni Città di Vita, Firenze, 1993 ; Le poesie, Le Lettere, Firenze, 1999, p. 476. A cura di Maura Del Serra. GUÉ L’an ne contient qu’un seul gué qui me conduit vers toi. À chaque fois je le retrouve submergé davantage, les eaux plus gonflées, le courant plus menaçant. Et pourtant pourtant je t’ai rejoint encore, et le moindre instant passé à tes côtés devient un « pour toujours ». Le temps désert en fera son aliment. Et si une dure loi nous imposait un « jamais », à nous condamnés immobiles sur des rives opposées, nous croiserons toutefois les échos d’un désir transmué en splendeur. Ainsi la Tisseuse et le Pâtre se répondent : Vega et Altair entre eux se dénoue haut perché le fleuve des étoiles. Margherita Guidacci, Les Anneaux du temps, in Po&sie, numéro 109, Trente ans de poésie italienne, I, Belin, 2004, page 138. Traduction de Martin Rueff. BIO-BIBLIOGRAPHIE Fille unique du célèbre avocat Antonio Leone Guidacci (mort en 1931) et de Nella Cartacci, originaires de Scarperia (près de Florence), Margherita Guidacci est née le 25 avril 1921 à Florence, dans la vieille maison souvent évoquée de Santa Reparata. Enfant solitaire, elle grandit parmi les livres. Imprégnée dès son plus jeune âge des classiques grecs et latins (une formation à laquelle contribue pour beaucoup son cousin, l’écrivain Nicola Lisi), elle construit sa vie de femme loin des modes et des mondanités. Et conduit une triple carrière d’universitaire (thèse de doctorat sur Ungaretti, sous la direction de Giuseppe De Robertis, soutenue en décembre 1943 ; professeur d’université à Macerata [1975-1981], puis à SS. Maria Assunta du Vatican), de traductrice et de poète. Son écriture rigoureuse et sensible est empreinte de mysticisme et d’intériorité. Ses travaux de traductrice la conduisent vers la littérature anglo-saxonne, notamment vers John Donne et T.S. Eliot pour la prose et Emily Dickinson et Elizabeth Bishop pour la poésie. Frappée d’hémiplégie en 1990 au retour d’un voyage à Paris, Margherita Guidacci compose son dernier recueil, Anelli del tempo (publication posthume, 1993), dans la plus grande solitude et meurt dans sa maison romaine (21, via Picco dei Tre Signori) le 19 juin 1992 *. Elle repose aux côtés des siens dans le petit cimetière de Scarperia. Les poésies de Margherita Guidacci ont été rassemblées par Maura del Serra dans le recueil Le poesie (Firenze, Le Lettere, 1999 ; ristampa 2010).
________________________________________ * NOTE d’AP : c’est à tort que, sur la Toile, certaines biographies font mourir Margherita Guidacci en décembre 1992. Pour ma part, je me fonde sur la notice de Martin Rueff et sur les travaux de recherche de mon amie Maura del Serra (professeur de littérature comparée à l’Université de Florence, qui a coordonné l’édition de l’œuvre poétique complète [1999] de Margherita Guidacci pour la maison d’édition florentine Le Lettere, et a publié en 2005 l’essai Le foglie della Sibilla. Scritti su Margherita Guidacci, Edizioni Studium, Roma, 2005). BIBLIOGRAPHIE EN FRANCAIS : – Neurosuite [Neurosuite, Venezia, Neri Pozza, 1970. Premio Il Ceppo 1971], Arfuyen, 1977, réédité en 1989, traduction de Gérard Pfister. – Le Vide et les formes [extrait de Neurosuite, 1970 et de Il vuoto e le forme, 1977], Arfuyen, 1979, traduction de Gérard Pfister. – Le Sable et l’ange [extrait de La sabbia e l’angelo, 1946], Obsidiane, 1986. Traduction de Bernard Simeone. – Le Retable d’Issenheim [L’altare di Isenheim, 1980], Textes italiens n° 28, Arfuyen, 1987. Traduction de Gérard Pfister. – Sibylles [extrait de Il buio e lo splendore, Garzanti, 1989], suivi de Comment j’ai écrit Sibylles, Textes italiens n° 77, Arfuyen, 1992. Traduction de Gérard Pfister. – L’Horloge de Bologne [L’orologio di Bologna, Città di Vita, Firenze, 1981], Arfuyen, 2000, traduction de Gérard Pfister. |
■ Margherita Guidacci sur Terres de femmes ▼ → À l’hypothétique lecteur → Cumana → In corsa → Tentation de saint Antoine → (dans la galerie Visages de femmes) le Portrait de Margherita Guidacci (+ un extrait de Neurosuite) |
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