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  • Anne-Lise Blanchard / Soliloque pour Elles

    <<Poésie d'un jour

     

     

    Elle dit je pleure comme le soleil en hiver

    Elle dit je trouvais ça triste mais je ne savais pas combien ça
    le deviendrait

    Elle dit je retrouve les petits cailloux de ma vie

    Elle dit je me berce dans mon lit

    Elle dit je peine à avoir chaud dans mes os

    Elle dit l’abondance me terrifie

    Elle dit le monde s’ouvre sous mes doigts

    Elle dit le sens est intrusif

    Elle dit les cigales grincent

    Elle dit ta voix est un nuage

    Elle dit ta peau est un nuage

    Elle dit ta peau annule mon enveloppe

    Elle dit tu es un crépuscule africain

    Elle dit je mâche mes pas à l’ombre de tes doutes

    Elle dit la marée flotte dans ta chevelure

    Elle dit les gris et les bruns se brouillent au ras de l’eau

    Elle dit c’est un jeu d’ombres belles d’ombrelle

    Elle dit de l’herbe est passée n’importe n’importe où

    Elle dit les dièses jouent dans l’osselet

    Elle dit là si profonde l’intensité

    Elle dit je veux changer de défauts

    Elle dit je lui ai adressé un voyage

    Elle dit la mort fait rebondir la vie

    Elle dit il neige trop de sel

    Elle dit l’œil est tué par ses périphériques

    Elle dit avoir mis la clef sous la peau

                                 Elle dit je pleure comme le soleil en hiver

     

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    She says I cry like the sun in winter

    She says I found it sad but I didn’t know how sad it would
    become

    She says I find the pebbles of my life

    She says I rock in my bed

    She says my bones ache for warmth

    She says abundance terrifies me

    She says the world opens beneath my fingers

    She says meaning is intrusive

    She said the cicadas creak

    She says your voice is a cloud

    She says your skin cancels my envelope

    She said you are an African twilight

    She said I prepare my steps in the shadow of your doubts

    She said the tide floats in your hair

    She said the greys and browns blur at the water’s edge

    She said it’s a game of shadows beautiful umbrellas

    She says grass has gone wherever

    She says there the intensity so deep

    She said I want to change defects

    She said I sent her a journey

    She said death makes life bounce back

    She said it nows too much salt

    She said the eye is killed by its peripherals

    She said she closed her skin down

                                   She said I cry like the sun in winter

     

     

    Blanchard couv'

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Anne-Lise Blanchard, Soliloque pour Elles, Dominique Deboffle/Estampes numériques, Patrick Williamson/Traduction, Éditions Unicité 2024, pp. 45, 46, 47, 48.

     

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    ANNE-LISE BLANCHARD

    ANNE-LISE BLANCHARD

    Source

    ■ Anne-Lise Blanchard ▼
    sur Terres de femmes

     

    « Le rire tressaille en chaque pas » in L’Horizon patient, Poésie, Ad Solem Poésie, 2022
    [La nuit vient en dormant] (extrait d’Épitomé du mort et du vif)
    → [Combien de joies vivons-nous en une vie ?] (extrait des Jours suffisent à son émerveillement)
    → Les jours suffisent à son émerveillement (lecture de Michel Ménaché)
    → Le Soleil s’est réfugié sous les cailloux (lecture d’AP)
    → [Hurlements sirènes] (extrait du Soleil s’est réfugié sous les cailloux)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmesElle est à marée

    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique de la Poéthèque sur Anne-Lise Blanchard

     

  • Pascal Commère / Garder la terre en joie

     <<Poésie d'un jour

     

     

     

                                                                                       

    Woman-old(1)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Photo :DR / Google image 

     

     

     

     

    Mère ! Petite mère !

    Comme elle est ingrate la mémoire, et sélective. De toi
    que reste -t-il, je m’en avise soudain, sinon ce fatras
    mais qu’en faire – sacs à main
    parapluies, presque autant de réveils, la plupart
    dans leur boîte, cadeaux
    de bienvenue dit-on ; firmes et labos
    ne lésinent pas, le Chinois
    travaille à bon compte. Et cette éphéméride
    en date du 5 novembre… (J’oubliais
    un pot rempli de stylos – en partie hors d’usage, et
    deux baguettes chinoises allez savoir pourquoi, jamais
    je ne m’attendais à un pareil héritage).

    Tombée petite mère tête en bas tombée !

    As-tu seulement gardé ton gilet, en novembre
    les carreaux de la cuisine sont froids – et tant pis si
                 une manche
    a un accroc au coude. Un gilet de semaine, rien de plus
    pour quand viendrait dimanche.

     

    J’ai sorti un biscuit, quelle drôle d’idée
    de n’en avoir qu’un seul sur soi et tout sec avec ça,
    suis-je parti trop vite, je ne pouvais pas savoir
    que tu t’inviterais à la dernière minute.
                                                             Le train roule,
    on ne se verra plus, certains mots plus que d’autres
    sont durs à avaler, plus qu’un biscuit rassis,
    je les garde pour moi sans même les avoir dits.

     

    Puisqu’il n’est de place qu’en seconde – les classes
    n’importent plus sur les lignes régionales ; au dehors
    nulle piste ou sentier, nulles traces, pas même l’empreinte
    d’un sabot dans la roche. Saint Martin
    ton manteau, troué de toutes parts.

     

    Commère

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pascal Commère, « Le voyage de la mère » in Garder la terre en joie, Aquarelles Djamel Meskache, Tarabuste Éditeur 2024, pp.75,76,77.

     


     
    PASCAL   COMMÈRE

    Commere

    source

     

    ■ Pascal Commère
    sur Terres de femmes ▼

    → [La courbe des fumées là-bas] (poème extrait de Territoire du Coyote)
    → [Blanche, la gelée aux quatre coins] (poème extrait de « Songe du petit cheval déplacé en terre franque »)
    → Mémoire, ce qui demeure (note de lecture d’AP)
    → Lettre de la mère (extrait de Mémoire, ce qui demeure)
    → Sur la poussière
    → [Crayonné paysage] (poème extrait de « Sur une ligne de crête en Toscane »)

    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur reflets de lumièreJoseph Beuys – Coyote
    → (sur Terre à cielune page consacrée à Pascal Commère (nombreux extraits + notice bibliographique)
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Pascal Commère
    → (sur le site de France Culture) Pascal Commère dans Ça rime à quoi de Sophie Nauleau (émission du 13 mai 2012)

     

     

  • Éric Sautou / Histoires qui n’ont pas pu

    <<Poésie d'un jour

     

     

     

     

     

    Bleue

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     " Tu penseras toujours à moi ?"
    Aquatinte de  → G.AdC 

     

     

     

     

                                             RENARD OU LAPEREAU

    Tout n’était que vent et verdure ce matin-là.

    Les bois n’avaient plus de saisons.

    Plus jamais soleil ni pluie n’y descendraient.

    Le cœur sombre des bois c’était le nôtre.

    L’haridelle des bois fleurit à la lisière.

    En voici de toutes sortes.

    Des bleues surtout mais non surtout des mauves.

     

    Qui dit haridelle des bois dit lumière du jour.

    Nous sortions enfin du bois.

    Soleil papillotant (fermer rouvrir les yeux).

     

     

                     MON PAPILLON N’EST PAS LE MÊME

         Parmi tous ceux qui sont là c’est le seul que je vois.

         Tous ceux qui sont là sont des papillons comme
    tous ceux qui sont là sont des papillons comme tous
    ceux qui sont là.

         Il n’y a pas plus papillon que ces papillons-là.

         Papillons d’ailes et de motifs comme nous en vîmes tant.

         À virevolter comme font les papillons – à se poser
    de même.

          Mon papillon à moi, même si de loin le même, vu
    de près n’est pas de ces papillons-là.

          Il se pose plus souvent qu’il ne s’envole – et quand
    il vole, vole comme jamais papillon ne vole ( en tout
    cas comme jamais avant lui je ne vis papillon voler).

          Mon papillon à moi ne papillonne pas.

     

     

    (un temps)

    Tu es toujours là ?

    Je serai là-toujours.

    Tu penseras toujours à moi ?

    Je penserai toujours à toi.

    Tu n’oublieras pas mon visage ?

    Je l’ai déjà un peu oublié.

    Et ma voix ?

    Je l’entends mais c’est déjà une autre voix.

    Voix et visage alors s’en vont ?

    Voix et visage s’en vont.

     

    Sautou

     

     

     

     

     

     

     

     

    Éric Sautou, Histoires qui n’ont pas pu, Faï fioc 2024, pp.30, 38, 87.

     

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       É R I C   S A U T O U

    ERIC SAUTOU

    Ph. Sébastien Solidon
    Source

    ■ Éric Sautou
    sur Terres de femmes ▼

    Grand Saint Vincent, Éditions Unes 2023, lecture d’Olivier Vossot
    → Beaupré (lecture d’AP)
    → [c’était ça simplement ça] (extrait de Beaupré)
    → [Lire les poèmes] (extrait des Jours viendront)
    → La vie éternelle, I (extrait d’Une infinie précaution)
    → [comme le héron je descends de ma fenêtre] (extrait des Vacances)
    → La Véranda (lecture d’AP)
    → [assise et seule assise] (extrait de La Véranda)

    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Éric Sautou
    → (sur Terre à cielune page sur Éric Sautou

     

     

  • Guénane / Sourcellerie / Lecture de Marie-Hélène Prouteau

     

    Guénane, Sourcellerie, Éditions Rougerie 2024,
    Lecture de Marie-Hélène Prouteau   pour Terres de femmes

     

    La poète Guénane est aujourd’hui l’auteure d’une œuvre importante parue essentiellement aux éditions Rougerie qui, depuis cinquante-cinq ans, ont publié seize de ses recueils. D’autres recueils ont été publiés aux éditions La Porte, La Sirène étoilée, Les Éditions Sauvages, Travesías, Jean-Pierre Huguet.

    Sourcellerie offre une longue dérive méditative qui s’arrime à ce point d’ancrage où s’originent à la fois la vie et l’œuvre de Guénane : un triptyque éminemment fécond de ces nœuds de sens présents à chaque page du recueil que sont le fleuve, la mélancolie, la poésie. Ainsi, le fleuve, paysage primaire à l’aune du regard rétrospectif jeté sur sa vie par la poète, loin d’être circonstancié, demeure non nommé jusqu’à l’antépénultième ligne du recueil. Il nous projette dans une sorte de matrice indéterminée qui fait s’interroger chacun d’entre nous sur ses sources intimes.

    « Graffée par ces eaux fortes
    je laisse dériver le radeau des mots
    la poésie broie toutes les couleurs »

    Le recueil prend la forme d’une remontée pure vers la révélation originale des lointains de l’enfance. Tout ici est perçu dans l’aventure de ce regard empli de « l’idée de la fin », superbement ponctuée par deux vers de Ronsard vieillissant, adressés à son âme, « Passant, j’ay dit ; suy ta fortune/ Ne trouble mon repos, je dors ». Mais, comme toujours, la poète écrit sans pathos, en sourdine. Dans une poésie de la mise à distance où elle gomme les références réalistes évoquant le fleuve, sauf la présence de bizarres insectes filiformes. Telle est ce qui nous paraît constituer la remarquable abstraction paysagère de Sourcellerie :

    « Un fleuve
    vieux symbole de nos limons qui passent
    dans ma mélancolie coule de source »

    Comme si le Blavet, fleuve si présent dans d’autres recueils de Guénane devenait ici plus qu’un fleuve. Devenait ce qui a modelé la forme d’une vie, d’une sensibilité et d’une œuvre. Devenait dans sa généralité l’épure de la vie humaine, le modèle éternel du passage et de la vie comme voyage.

    « De tout son allant il court
    jette le reste à l’océan
    fidèle à son aimant
    il frémit se régénère ».

    Guénane, dans une tonalité grave parfois ironique, nous offre ici une belle leçon d’attention fervente au monde et d’exemplaire liberté. « Pars », lance le fleuve dans un rythme impératif comme les aime la poète – pensons à l’audacieux « désemmuraillez-moi ! ». Telle est la force de la voix du fleuve tutélaire. Ainsi cette saisie d’un élément premier suscitant une « hypnose d’enfance » selon la belle formule de Guénane, se hisse-t-elle quasiment à la hauteur d’un mythe. Le fleuve « m’aura enseigné le large » confie la poète dans un des poèmes. « Large », qu’il faut entendre chez elle dans tous les sens du mot. La transgression des cadres, des frontières, l’écart. Autant dire la richesse singulière de son regard poétique qui n’est jamais exempt d’un questionnement de haute intensité : « où est le sens ? ». Ou bien dans cet autre poème non sans quelque humour : « Un sourire de Christ /ça existe […] à quelle sève se vouer »

    Rilke écrit que tout ce qui a été véritablement regardé doit devenir un jour poème. Chez Guénane, cette première expérience du regard de la petite fille, mystérieusement mutique, « les poches pleines de peurs » a partie liée avec la mélancolie. D’une tonalité douce-amère de tristesse vague, sans objet précis, cet état mental indéfini proche de la « saudade » a été exploré par Guénane en ses années au Brésil. Elle se fait musique du cœur, accordée à la mystérieuse illumination d’une « lune noire ».
    L’antique thème héraclitéen du fleuve se trouve ainsi vivement renouvelé : « le fleuve abreuve l’enfance de poésie ». Avec l’image d’un « alphabet liquide » tout se passe comme si le poème et le fleuve échangeaient leurs attributs. Le recueil s’élargit à une tonalité plus inquiète qui a le souci de la planète fragilisée sous toutes les latitudes : « la terre se lézarde […] Et ce monde qui chavire ». Tout entre dans la poésie de Guénane, y compris « les ombres errantes / des machines prêtes à nous avaler ».
    Le très beau final du recueil éclaire les évidences secrètes de la poésie de Sourcellerie : « nous sommes en terres celtes […] route de sorcellerie, d’enclos paroissiaux ». Et l’on découvre dans cette matière de légendes et de mythes revisités ce qu’elle nomme « la source sorcière » de sa mélancolie.
    Ce jeu d’assonances malicieuses entre les mots sourcellerie / sorcellerie ouvre ici une magnifique vision libératoire, à l’image de tout le recueil. La mélancolie, devenue alors personnage à part entière, se fait figure humaine dans la puissance d’apparition liée à l’imaginaire de la sorcellerie. Elle fait surgir la magie rebelle, libre, hors la loi des sorcières, qui est un peu celle de Guénane. Laissons-nous porter par cette « poésie sorcière » de Guénane pour opérer, chacun, notre remontée de fleuve et de ses révélations existentielles.

     

    G U É N A N E

    SOURCELLERIE

     

    Guénane photo

     

     

     

     

     

     

     

     

                                   Source

    ♦ Plus sur → le recueil ♦

    ■ Voir | écouter ▼

    → le site de Guénane
    → (sur YouTube) des extraits d’Atacama de Guénane, choisis et lus par Cathy Garcia Canalès
    → (sur Recours au Poème) une page sur Guénane
    → le site des éditions La Sirène étoilée

     ♦ Sur Terres de femmes ♦

    Guénane, « Ta fleur de l’âge », Éditions Rougerie 2019 in Marie-Hélène Prouteau, 12 poètes contemporaines de Bretagne,
    Les Éditions Sauvages 2023

     

     

  • Ron Rash / Réveiller les morts

                                                                             <<Poésie  d'un jour

     

     

    Neige blanche

     

     

     

     

     

     

     

    Photo:DR 

     

     

     

     

    The Ascent

     

    Some thought she had slipped, the plank
    glazed slick with ice, or maybe
    already cold beyond care,
    drowsy and weary, bare feet
    tempting a creekbed's promise
    of sleep, though she struggled out,
    her trail a handprint of stars
    rising toward a dazzle of white
    where sun and snow met. They found
    her homespun dress, underclothes,
    before they found her, her eyes
    open as the sky, as cold,
    as far away. Her father
    climbed the nearest tree, brought down
    green sprigs, berries bright as blood,
    weaved a garland for her brow,
    and that was how they left her,
    wearing a crown, unburied,
    knowing they'd never hunt here
    or build a cabin where she
    undressed, left their world as death
    closed around her like a room
    and she lay dying on the snow,
    a bride awaiting her groom.

    Ron Rash in PoemHunter

     

    L’Ascension

    Certains pensaient qu’elle avait glissé sur la plaque
    de givre, ou peut-être était-elle
    déjà transie au point de ne plus s’en soucier,
    somnolente et lasse, ses pieds nus
    tentés par la promesse de sommeil d’un lit de ruisseau,
    elle s’était pourtant débattue pour en sortir,
    laissant une empreinte de main en étoile
    s’élevant vers un éblouissement de blanc
    où le soleil et la neige se rencontrent. Ils ont trouvé
    une simple robe, ses sous-vêtements,
    avant de la trouver, elle, ses yeux
    ouverts comme le ciel, aussi froids,
    aussi lointains. Son père
    a grimpé dans l’arbre le plus proche, a ramené
    des branches vertes, des baies aussi brillantes que le sang,
    a tressé une guirlande pour son front,
    et c’est ainsi qu’ils l’ont laissée,
    portant couronne, sans sépulture,
    sachant qu’ils ne chasseraient jamais ici
    ne construiraient jamais une ferme là où elle
    s’était déshabillée, avait quitté leur monde tandis que la mort
    se refermait sur elle comme une alcôve ;
    elle repose sur la neige,
    une mariée attendant son époux.

     

     

     

    Reveiller-les-morts-Ron-Rash

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ron Rash, « Parmi les croyants » in Réveiller les morts, Poèmes traduits de l’anglais (E.U) par Gaëlle Fonlupt,
    En couverture Jocassee, dessin de Valentine Flork, Agence A&Livres, Revue La Forge Ι Éditions de Corlevour 2024, p.73

     

     

  • France Burghelle Rey / Les Promesses du chant

                                                                            <<Poésie d'un jour

     

     

     

    BLESSURE

     

     

     

     

     

     

     

     " miracle de la pluie "
    Photo: G.AdC 

     

    comme ma vie qui penche
    le papier s’est ridé
    vieille mémoire d’un passé
    peint sur des murs
    qui tombent
    j’aime quand
    autrefois me parle
    me donne ses images
    et quand a chu
    malgré moi
    mais doucement
    le jour
    c’est à la nuit
    que je redonne un trône

    de cycle en cycle
    se vit
    cette blessure
    ce manque
    ce vide
    que le poème
    panse
    comble
    et remplit
    à l’aurore
    je dirai
    la pluie
    les roses
    peut-être une prière

    seul compte
    le chemin
    je veux bien être
    ce pèlerin
    qui marche
    vers la lumière
    promesse de vie
    miracle de la pluie
    quand brûle
    le corps
    de ses malheurs
    mais un jour
    viendra
    l’ici

     

    Les_promesses_du_chant_burghelle_rey_france_cover

     

     

     

     

     

     

    France Burghelle Rey, Les Promesses du chant, septembre 2020-octobre 2021, La rumeur libre éditions, 2023, pp. 50, 51, 52.

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    FRANCE  BURGHELLE REY 


    France Burghelle Rey NB

    ■ France Burghelle Rey
    sur Terres de femmes ▼

    → Après la foudre (lecture de Philippe Leuckx)
    → Trop (extrait du Bûcher du phénix)
    → Les Tesselles du jour (extraits)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) Lumière du poème

    ■ Voir aussi ▼

    → le blog de France Burghelle Rey
    → (sur le site des éditions Unicité) 
    la fiche de l'éditeur sur Lieu en trois temps de France Burghelle Rey

     

     

  • Guénane / Sourcellerie

                                                               << Poésie d'un jour    

     

      Poème choisi par Marie-Hélène  Prouteau                                                              

     

     

              

    ESTUAIRE

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Estuaire, Peinture de  Laure Ferrando

     

     

     

      

    L’océan impulsif entaille l’estuaire
    sale à sa guise
    se retire

    Le fleuve s’ouvre
    s’allège de son épaisseur
    se donne sans retour

    Le fleuve est le fil de ma source
    l’océan est un sorcier
    sur cette histoire je n’ai aucun pouvoir
    ni oreille ni alphabet pour saisir traduire
    ce qu’ils filigranent se disent
    sous la vase soyeuse où tout chemin s’efface

    Électrolyse
    l’eau douce et le sel s’emmêlent
    rongent les chaines sans mordre les miennes

     

    SOURCELLERIE

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Guénane, Sourcellerie, Rougerie 2024, p. 21

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    G U É N A N E

    Guenane 2
    Source

    ■ Voir | écouter ▼

    → le site de Guénane
    → (sur YouTube) des extraits d’Atacama de Guénane, choisis et lus par Cathy Garcia Canalès
    → (sur Recours au Poèmeune page sur Guénane
    → le site des éditions La Sirène étoilée

    ♦ Plus sur → le recueil

                       ♦ Sur Terres de femmes ♦

    Guénane, « Ta fleur de l’âge », Éditions Rougerie 2019 in Marie-Hélène Prouteau, 12 poètes contemporaines de Bretagne, Les Éditions Sauvages 2023

     

     

  • Laurine Rousselet / Danser dans l’immensité

     

    Laurine Rousselet / Présentation de Danser dans l'immensité

     

     

     

     

     

    Collage

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Laurine Rousselet      et        Marie-Claude Pietragalla
    Photos DR/Pascal Elliot

     

     

     

     

     

     

    Dans cet ouvrage, Laurine Rousselet n’écrit pas sur la danse mais elle écrit-
    danse, réussissant à mettre en mots un art qui passe par le mouvement et
    non par les mots. Le texte se compose de neuf vues qui s’ouvrent sur un
    échange entre ELLE et LUI – la femme qui danse et l’homme qui danse – et se
    ferment sur des pages où l’on entend le son d’une seule voix, le chant des deux
    à l’unisson. Les timbres de leurs voix se mélangeant dans un sensuel pas
    de deux. Les deux corps, reliés l’un à l’autre, dialoguent par le mouvement
    de la parole qui réduit la distance physique qui les sépare et les retient
    dans une étreinte qui s’ouvre et se referme à la vitesse de la respiration.
    Danser dans l’immensité nous ouvre à l’espace immense d’un échange tissé
    de mots prononcés
    dans l’instant où l’énergie de deux corps proches est tantôt libérée, tantôt retenue — jusqu’au — final qui est écrit-dansé ensemble.

                                                           

                                                                 ***

    Laurine Rousselet ouvre le dispositif de la page à la vitesse de la danse,
    au voyage des corps aimantés. Dans ce chant d’ivresse qui ricoche d’Elle
    à Lui – « Elle, la femme qui danse, Lui, l’homme qui danse » –, l’écriture
    entre en titubation, réduit la distance entre les corps, entre les archipels
    du temps.
    Une formule troue l’espace où les mots se bandent comme des amants :
    « L’amour est la seule forme possible de l’expression ». Inspiré par
    Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault, Danser dans l’immensité
    fait monter la danse au creux des reins des lecteurs, s’aventure dans le
    sans entraves, dans l’intempestif, dans le ventre de la passion. Dans les
    grondements des intensités silencieuses, le verbe puise dans l’énergie de la
    danse la vie sensuelle des désirs.
    Un chant où la chair et la beauté s’enlacent. Où la nuit entrouvre ses
    paupières et colle sa bouche aux troncs des arbres.
    Laurine Rousselet écrit dans l’illimitation du sauvage et l’écoute de
    l’échevelé.

    Véronique Bergen

     

                                               À Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault,

     

    Septième vue, Extrait

     

    À CHAQUE INSTANT
    ABSORBER NAISSANCE
    AU SEIN VÉGÉTAL DU
    VIVANT

     

     

    LUI. — Voir, vivre, danser, crier !
    S’éveiller ! Jaillir ! Fondre !

    ELLE. — Saisir la limpidité sans se défendre du risque !
    LUI. — La clarté se précipite sur nous, sur nos corps que la
    beauté libère !
    Lorsque la nuit descend, j’ouvre encore les yeux. Et je
    découvre une sorte d’enlèvement, inséparable de cette beauté.
    ELLE. — Traverser demande une conscience élargie…
    Un indiscutable envol. Une apesanteur.

    LUI. — De notre temps, mon amour, surgit chaque
    interrogation…

    Danse, danse, danse, sans renoncer au vertige de la légèreté.

    Révélation. Simplicité. Le vide s’extériorise…

     

    SENTIR TON CORPS DYNAMIQUE
    DANS L’ÉPURE
    LA SOUDAINETÉ AMARRÉE À LA
    DISTANCE COMPRISE
    LUMIÈRE VITALE
    ÉTREIGNANT LIMITES

     

     

    Laurinerousseletdanserdanslimmensite_f

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    LAURINE  ROUSSELET

    Laurine Rousselet par Hubert Haddad
    Hubert Haddad,
    Portrait de Laurine Rousselet, 2006


    ■ Laurine Rousselet
    sur Terres de femmes ▼

    Laurine Rousselet | Nuno Júdice, Réponses à la lumière I et II, Dessins de Bernard Morinot,
         Traduction de Catherine Dumas, Éditions de l’Aigrette 2023,
    → [le concret s’avance au creux de la main] (extrait de Nuit témoin)
    → [la débâcle vient du réel] (extrait de Journal de l’attente)
    → [en haut du temple] (autre extrait de Journal de l’attente)
    → Nuit témoin (lecture d’AP)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes[illisibilité afflux soulèvement]
    Laurine Rousselet / Nuno Júdice, Réponses à la lumière, Éditions de l'Aigrette 2024

    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature) une fiche bio-bibliographique sur Laurine Rousselet
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) une lecture de Ruine balance
    → (sur lelitteraire.com) une lecture de Ruine balance par Jean-Paul Gavard-Perret
    → (sur le site des éditions Isabelle Sauvage) la page de l’éditeur sur Ruine balance de Laurine Rousselet
    → (sur Levure littéraire 12) Laurine Rousselet, Syrie, ce proche ailleurs (lecture d’AP)

  • Claudine Bohi / Je cherche un enfant

                                                            <<Poésie d'un jour

     

     

     

     

    je marche dans la neige et je cherche un enfant

    est-ce vous est-ce moi est-ce quelqu’un de plus

    et quelqu’un d’autre encore ?

    je cherche un enfant

    je cherche toujours un enfant

    cet étranger en moi plus intime que moi

    est-ce ma part de neige ?

    est-ce le cœur de l’enfance

    cette tombée de blanc

    tout cet effacement ?

    dans nos désastres partout et qui se multiplient

     

    Roesz

     

     

     

     

     

     

     

    je vous rejoins sans vous connaître

    je vous connais sans vous rejoindre

    le vertige me prend qui balance vos ombres

    qui balance vos noms

    la neige se referme comme un secret

    sur ce qui tremble

     

    Je cherche un enfant claudine bohi

     

     

     

     

     

     

     

    Claudine Bohi, Je cherche un enfant, Peintures de germain Roesz, Collection Bas de page, Les Lieux-Dits, 2024.

     

    CLAUDINE   BOHI

    Claudine Bohi 2
    Source

    ■ Claudine Bohi
    sur Terres de femmes ▼

    → [brouillard n’est pas absence] (poème extrait d’Éloge du brouillard)
    → Secret de la neige (poème extrait de L’Enfant de neige)
    → [Duels de lumière] (poème extrait de La plus mendiante)
    → Le funambule sans son fil (poème extrait de Même pas)
    → Mère la seule (lecture d’Isabelle Lévesque)
    → [je laisse tomber le mot maman] (poème extrait de Mère la seule)
    → L’invisible (poème extrait de Mettre au monde)
    → Naître c’est longtemps (lecture d’AP)
    → Naître c’est longtemps (lecture de Philippe Leuckx)
    → Corps levé (poème extrait de Naître c’est longtemps)
    → [L’eau son puits étrange] (poème extrait d’On serre les mots)
    → [à force de mots sur la peau] (poème extrait de Parler c’est caresser un corps)
    → [La raison sort toujours de l’irrationnel] (poème extrait de Rêver réel)
    → Une lumière de terre (poème extrait d’Une saison de neige avec thé)
    → Claudine Bohi | Philippe Bouret, Cet enfant sans mot qui te commence (lecture d'AP)
    → Claudine Bohi | Olivier Gouéry [Voici donc le matin]
    → (dans l’anthologie Terres de femmes) si ce n’est pas trembler


    ■ Voir aussi ▼

    → (dans la poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Claudine Bohi

     

     

    Germain-roesz 2
    Source

    ■ Germain Roesz
    sur Terres de femmes ▼

     

    → « III, Elle pousse la mort au-dehors » in Un silence dans le ventre, Illustrations de Germain Roesz, L’Atelier du Grand Tétras 2024
    → (sur le site de L’Atelier du Grand Tétras) la page de l'éditeur sur La Part de la lumière

    → Germain Roesz Peintre

     

     

  • Philippe Leuckx / Ce fragile chemin des choses

                                                                                <<Poésie  d'un jour

     

     

     

     

    LES BERGES DU LIVRE

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     " sur les berges du livre"

    Aquatinte de →  G.AdC 

     

     

     

     

    Le poème peut porter
    à plus de clarté
    le cœur
    s’il cède un peu

    J’ai attendu longtemps
    avant de poser des mots
    sur les berges du livre
    comme une main attentive
    à ne pas bousculer
    l’ordre des choses
    le temps de la lumière
    la vie des souffles
    Je venais de boire
    à la source
    la beauté
    les ombres du recours

     

    La brume énonce le jour.
    Le ciel s’évince sans un cri.
    Parfois la peur gomme la parole.
    On se retient à une rambarde.
    On se fait plus petit que la lumière.

     

    Leuckx

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Philippe Leuckx, Ce fragile chemin des choses, Dessin©Philippe Colmant, Bleu d’encre 2024, pp.83, 84, 85.

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    PHILIPPE  LEUCKX

    Vignette PHILIPPE LEUCKX
    Ph. Christelle Dossche

    ■ Philippe Leuckx
    sur Terres de femmes 

    → Une rampe de lumière, Oxybia éditions, 2023
    → Philippe Leuckx, Prendre mot, éditions Dancot-Pinchart, 2021
    → Ce long sillage du cœur (lecture d’AP)
    → D’obscures rumeurs (lecture d’AP)
    → [Il reste au-dessus du jour quelque vœu d’enfance](poème extrait de D’obscures rumeurs)
    → [Laisse la nuit s’éclairer sous tes yeux](poème extrait de Doigts tachés d’ombre)
    → [On a vécu sous le verre] (poème extrait de L’imparfait nous mène)
    → [On ose à peine la lumière](poème extrait de L’Effeuillement des choses vers les confins)
    → [J’assume mes greniers d’enfance](poème extrait de Maisons habitées)
    → Le Mendiant sans tain (extraits)
    → Nuit close (extraits)
    → Poèmes du chagrin (lecture d’AP)
    → [Tu marches dans ta ville] (poème extrait de Poèmes du chagrin)
    → Piéton de Rome, 13 (poème extrait de Rome rumeurs nomades)
    → [Parfois il est bon de s’égarer](poème extrait des Ruelles montent vers la nuit)

    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions La tête à l’envers) la fiche de l’éditeur sur Ce long sillage du cœur
    → (sur La Cause Littéraireune lecture de Ce long sillage du cœur par Patrick Devaux
    → (sur le site de la revue Textureune lecture de Ce long sillage du cœur par Jacques Morin
    → (sur le site de la revue Textureune lecture de Ce long sillage du cœur par Michel Baglin