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du numéro du mois d'avril 2024
Image: G.AdC
Image: G.AdC
Portrait d’Arthur Rimbaud par sa sœur, Isabelle, 1893
© Musée Arthur Rimbaud
À ARTHUR RIMBAUD
sur un croquis de lui par sa sœur
Toi mort, mort, mort ! Mais mort du moins tel que tu veux,
En nègre blanc, en sauvage splendidement
Civilisé, civilisant négligemment…
Ah, mort ! Vivant plutôt en moi de mille feux
D’admiration sainte et de souvenirs feux
Mieux que tous les aspects vivants même comment
Grandioses ! de mille feux brûlant vraiment
De bonne foi dans l’amour chaste aux fiers aveux.
Poète qui mourus comme tu le voulais,
En dehors de ces Paris-Londres moins que laids,
Je t’admire en ces traits naïfs de ce croquis,
Don précieux à l’ultime postérité
Par une main dont l’art naïf nous est acquis,
Rimbaud ! pax tecum sit, Dominus sit cum te !
Paul Verlaine, « Dédicaces » in Poèmes choisis, Texte et notes établies par Yves-Gérard Le Dantec,
Éditions de Cluny, exemplaire n°116, 1947, p. 131.
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♦ BONUS ♦
Voir des portraits modernes et peu connus d’Arthur Rimbaud:
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Sources : Google images + Tdf
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<<Poésie d'un jour
Devant le fleuve
La vieille femme devant le fleuve elle prend tous les bateaux assise devant le fleuve
Vater Rhein tous les bateaux depuis qu’elle n’a plus d’âge tous les bateaux qui vont à la mer et les nuages
une vieille femme au bout du voyage continue de descendre le fleuve et sa tête inl-
sablement navigue de gauche à droite elle s’en va au fil de l’eau tenant sa vie rivée à la fenêtre le regard à la proue comme le fleuve passe vite
te souviens-tu fillette tu as vu la Queen c’était jour de fête sur la berge à Kaiserswerth jour où l’histoire passe à bord d’un bateau par le corps d’une femme chapeautée-gantée comme elle était belle l’histoire dans ce jour de mai sur le bateau d’une souveraine la Queen tu disais à la nonne enjuponnée qui te donnait le cours d’anglais tout heureuse elle aussi d’avoir sauté la clôture
comme ses petites élèves alignées le long du fleuve leurs mains de corolles déliées
dans la brise de mai agitant les fanions lion rouge qui darde sa langue au-dessus de
l’ancre bleue tenue fièrement entre ses pattes griffues emblème du duché de Berg
blasons enseignes me reviennent celles de Varus à Teutobourg l’histoire ici s’habille
des loques du désastre un piège referme sa mâchoire de traîtrise et d’acier sur trois légions combien d’hommes anéantis l’histoire se répète n’en finit pas d’aligner les
corps massacrés comme un charroi sillonnant les terres des empires morts et à venir
un fleuve de sang la Germanie n’était pas pacifiée le beau mot pour couvrir la
conquête se targuer d’apporter la paix en détruisant les récoltes en élevant des murs
tous les limes se ressemblent par leur laideur bande de Gaza ou d’ailleurs bande de
terre inféconde no man’s land rendu stérile sur trois générations
et le corps de la Queen intouchable d’une autre essence pour toi que le corps de la
nonne tout aussi intouchable mais humble et uni à tous ces corps en liesse avec la
même exaltation toujours qui saisit la foule quand saluer communier quand
pas encore une vieille aux doigts raides
la Queen elle aussi les doigts raides un jour plus loin dans le fleuve aura-t-elle emporté dans sa mémoire ce jour de mai où les jupes faisaient aux berges une écume de fillettes en fleur sur le Rhin…
Am Fluss
Die alte Frau am Fluss sie nimmt jedes Boot während sie am Fluss Vater Rhein sitzt jedes Boot seit sie kein Alter mehr hat jedes Boot das zum Meer fährt und die Wolken
eine alte Frau am Ende der Reise färhrt weiterhin flussabwärts und ihr Kopf segelt unermüdlich von links nach rechts sie geht mit dem Wasserlauf davon ihr Leben an das Fenster geheftet ihren Blick am Bug wie schnell Fluss vorbeifließt
erinnerst du dich kleines Mädchen du hast die Queen gesehen es war ein Festtag am Ufer in Kaiserswerth der Tag an dem die Geschichte an Bord eines Schiffes vorbeizieht durch den Körper einer Frau mit Hut und Handschuhen welch eine schöne Geschichte an diesem Tag im Mai auf dem Schiff einer Königin die Queen sagtest du zu der Nonne in ihrem Gewand deiner Englishchlererin die sich ebenfalls freute über die Umzäunung gesprungen zu sei
wei ihre kleinen Schülerinnen am Fluss aufgereiht ihre Hände gleich losen Blütenkronen in der Maibrise Fähnchen schwenkend roter Löwe züngelnd über dem blauen Anker stolz zwischen seinen krallenbewehrten Pranken gehalten Emblem des Herzogtums von Berg
Wappen Schilder fallen mir ein jene von Varus in Teutoburg die Geschichte hier kleidet sich in die Lumpen der Katastrophe eine Falle schließt ihren Rachen aus Verrat und Stahl um drei Legionen wie viele Männer wurden vernichtet die Geschichte wiedernolt sich und hört nicht auf die abgeschlateten Körper aneinanderzureihen wie ein Leichenwagen der die Länder der toten und zukünftigen Reiche durchquert
ein Fluss aus Blaut Germanien war nicht pazifiziert solch schönes Wort um die Eroberung zu beschönigen sich rühmend zu bringen indem man die Ernten zerstört Mauern errichtet alle diese Limes ähneln sich in ihrer Hässlichkeit Gazastreifen oder anderswo unfruchtbarer Landstreifen no man’sland über drei Generationen hinweg unfruchtbar gemacht
und der Körper der unantastbaren Queen der eine andere Bedeutung für dich hat als der Körper der Nonne die ebenso unantastbar aber demütig ist und vereint mit all diesen jubelnden Körpern in immer demselben Hochgefühl das die Menge ergreift wenne sie grüßt wenn sie kommuniziert wenn nicht noch eine alte Frau mit steifen Fingern
wird die Queen mit ebenfalls steifen Fingern eines späteren Tages im Fluss diesen Tag im Mai in Erinnerung behalten haben als die R¨cke am Ufer Schaumkronen bildeten aus Blühenden Mädchen am Rhein…
Albertine Benedetto et Eva Maria Berg, Mémoires du Rhin I Der Rhein – Erinnerungen,
Présentation Gilles Desnots, Encres de Josette Digonnet photographiées par Marianne Digonnet-Mir,
Traduction d’Eva-Maria Berg, relecture d’Albertine Benedetto,
Éditions pourquoi viens-tu si tard ? 2024, pp.78, 79, 80, 81, 82, 83.
Albertine Benedetto → Ici
Aux abords du soleil
Hommage collectif à Marie-Ange Sebasti,
Poésie, La Cause des Causeuses,
Coordination Marie-Thérèse Peyrin,
Collection Vendanges Poétiques 2024.
Isabelle Françaix ©
Marie-Ange Sebasti ǀ Haute plage Gérard Bocholier
Le temps ne fait pas l’école buissonnière J’entendais couler l’eau du bief
Il assiste attentif à sa fuite Sans le voir dans la grande rase
accoudé tout le jour
Les saules penchés la cachaient au parapet de pierre Comme une plaie inguérissable
entre rive droite et rive gauche La plaie du temps qui ne s’arrête
Jamais d’irriguer sous les chairs
Les sombres racines de l’âme
Yves Bressandre
L’autre rive Sur la berge
est déjà fixée dans son regard assis
le chien patiente
Il m’a croisée sans voir le mien il sait
Il n’a pas remarqué
Silhouette floue sur l’autre rive
au milieu du pont banc de brume au ras de l’eau
l’homme immobile La barque
qui ne sait plus rêver d’aucune amarre elle
d’aucun delta encore à quai
attend
le passeur
viendra à son heure
entre deux…
l’oiseau blanc
destination inconnue
Isabelle Poncet-Rimaud
Au bord de l’embarcadère Au bord du monde,
quelqu’un se dispose poète aux yeux clairs,
à défrayer la mélancolie tu agites l’ombre blanche
de l’adieu
en lui proposant Tu as levé les amarres
un très long voyage et le vaisseau vibrant
vers d’autres amarres de ta parole
a pris longue route
pour ce très long voyage
qui ne laisse pour rivage
que l’empreinte profonde
de tes mots.
Aux abords du soleil, Hommage collectif à Marie-Ange Sebasti, Poésie, La Cause des Causeuses, Coordination Marie-Thérèse Peyrin,
Collection Vendanges Poétiques 2024, pp. 148,149,150,151.
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M A R I E - A N G E S E B A S T I
■ Marie-Ange Sebasti
sur Terres de femmes ▼
→ une fiche bio-bibliographique [BIO-BIBLIO] sur Marie-Ange Sebasti
→ une petite anthologie poétique de Marie-Ange Sebasti
→ Cette parcelle inépuisable (note de lecture d’AP)
→ Demain (extrait de Marges arides)
→ « Notre héritage n’est pas forteresse »
→ [On voudrait partager sans parole] (extrait de La Connivence du marchand de couleurs)
→ Parlemente (extrait de La Porte des lagunes)
→ Plage d’encre (extrait de Haute plage)
→ Quand les îles pouffent de rire (extrait de Presque une île)
→ [Un chemin de silence a gonflé ton chargement de mots] (extrait de Cette parcelle inépuisable)
→ Une petite vieille en noir (extrait de Paroles pour une île)
→ (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) Ils étaient partis
→ (dans la galerie Visages de femmes) le Portrait de Marie-Ange Sebasti (+ un extrait de Paroles pour une île et de Corse, dans le chalut des jours)
→ (avec Monique Pietri) Bastia à fleur d’eau
→ (avec Monique Pietri) Villes éphémères (note de lecture d’AP)
→ (avec Monique Pietri) Garder infatigablement les yeux ouverts (extrait de Villes éphémères)
Gérard Cartier, Le voyage intérieur
Flammarion poésie, 2024
Lecture d’Angèle Paoli
Gérard Cartier / photo Alain Barbero: source
ADIEU. « adieu à Booz » et « aux amies du CocciMarket »
Voyage intérieur, voyage de la mémoire. De toutes les mémoires enregistrées par le poète. Archéologie d’un savoir qui s’organise dans le temps à travers un espace intérieur qui est celui du poème. Le poème, comme lieu où viennent s’ancrer tous les repères d’un passé qui n’est plus mais qui se faufile à travers liasses et carnets à moleskine, griffonnés à la hâte, repris oubliés retrouvés, rassemblés dans une somme de 497 pages, qui peut se lire dans l’ordre que le lecteur choisit de prendre, ordre ou désordre, région après région, régions de prédilections peut-être en premier puis se perdre en des lieux inconnus, dont seuls émergent les noms et dont persistent en chacun le souvenir lointain des géantes murales, les cartes des écoles de la République, signées du nom du cartographe qui les a inventées. Mais ce nom-là, V.L, qui s’impose à moi, n’est pas cité par le poète.
Cet extraordinaire Voyage intérieur, qui est un long périple à travers la France et son vaste puzzle de régions, se prend au fil de l’écriture, en suivant des chemins de halages ou des chemins de fer, en emboitant les rêveries du poète. Ses traversées de pensée. Il est l’œuvre de Gérard Cartier, rassemblée par ses soins de 2017 à 2021. Et couvre donc les années de la pandémie. Le vagabond attentif l’ingénieur passionné de machines d’inventions de haute technicité le linguiste qui ne méprise ni le latin ni l’arpitan (langue romane distincte du groupe linguistique gallo-romain, dite aussi francoprovençal) le géographe et l’érudit se dévoilent au fur et à mesure de ses traversées infatigables et l’on saisit ici, entre haltes pour reprendre haleine et rêveries qui prolongent les paysages, les paysages et leur histoire, les paysages dans l’Histoire, couleurs du temps et silences, toutes les nuances d’une personnalité riche et émouvante. Car « tout paysage est palimpseste tout regard recréation ». Et le pays, dans sa variété et dans sa richesse, a façonné l’homme qui se fait biographe (de manière disséminée mais sensible) de ses propres centres d’intérêt et de sa sensibilité. Et avouant dans le « Post-scriptum » quasi final :
« croyant faire le portrait de la France
n’ai-je fait que le mien ajoutant
tête folle un livre à la Babel des livres
sans peut-être avoir écrit un seul poème
nécessaire… »
Cet aveu serait-il fausse modestie ? face à laquelle la lectrice de s’insurger : Mais non, mais non, cher Gérard, la poésie est là, bel et bien ! Et puis, ce questionnement n’est-il pas celui de tout poète, pour qui écrire est une nécessité incontournable ?
Ainsi, tout pour le poète est-il motif à fourbir sa plume et à cribler de « bribes confuses » « le poème griffonné sous l’auvent ». À noircir la page « d’un herbier / de sensations ». Ou aussi bien à la crypter de signes indéchiffrables, de mystérieux abraxas, voire de langage braille. Sans oublier les poèmes en langue étrangère dont la traduction française est donnée à la fin du recueil. À chaque jour répond sa méthode : « le matin un poème/ paresseusement la nuit un livre ancien. ». Mais quoi qu’il en soit, le moindre détail retient l’attention. Le poète fait feu de tout bois. Tout est matière à noter sur le vif et à réorganiser ensuite sur la page. Oiseau ou plante, objet disparu ou épisode de l’histoire, personnes d’un autre temps, surprises dans leurs gestes coutumiers, occupées à remplir leurs taches. Usages que l’on croyait éternels et qui se sont dissous avec l’époque à laquelle ils appartenaient. Ici, « non le théâtre du sublime / mais de minces vertus ménagères. » Rien n’est étranger au poète de ce qui touche à l’humain et au monde dans lequel il vit. Rien ne résiste à son insatiable curiosité. Une curiosité d’humaniste. À l’hommage constant qu’il rend à la nature – notamment dans les poèmes annoncés par un intitulé commun « Histoire naturelle » (6 au total) – s’oppose la dénonciation des outrages commis par d’autres hommes. Ainsi le nom de la collaboratrice française Mireille Provence – l’espionne du Vercors – revient-il à plusieurs reprises (sans compter les deux poèmes qui lui sont explicitement consacrés) – « Hôtel du Lion d’or » à Magescq « grise et chafouine après ses prisons/ accoudée au comptoir dans le fumet / d’un poulet basquaise » et en amont, en Dauphiné, dans le « canto nazairien » que le poète écrit pour Saint-Nazaire-en Royans, à la « mémoire des condamnés pelle et pioche à l’épaule… ».
« Mireille rendue à ses vices et l’ober/ leutnant évanoui/ dans les décombres du IIIe Reich… ».
Ou encore, au début du voyage, en Lorraine où se profile « dans les soubresauts de la Libération » l’« ombre familière… de « l’espionne ». C’est du reste en Lorraine, dans le poème d’ouverture – « Porte de France » – que
« Tout commence »
Et l’on croise au passage, sur chaque page où se dessine le poème du lieu –
« Je ferais mon poème au besoin du voyage / en latin comme un clerc hodie Ambariacum » – une connaissance, un vers connu et oublié ou une phrase ritournelle, de lointaine mémoire, le nom d’un poète ou d’un ami, des réminiscences d’un autre temps que l’on croyait disparues pour toujours mais qui nous sont communes. Parfois de manière indirecte, à peine ébauchée. Ainsi de l’incipit du Mystère de la chambre jaune (non cité ni son auteur, Gaston Leroux ), modifié au fil des poèmes, qui continue de sinuer entre les vers et d’y répandre son effluve :
« Le presbytère n’a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat » ;
« Nicolas-de-Tolentin de Brou / emporté à travers la banlieue/ n’a rien perdu de sa tristesse… » Ou encore : « La vie/ n’y a rien perdu de sa violence et la géographie / de son mystère » in « Ateliers d’artistes » (Montreuil) ». Plus explicite encore ce vers :
« la campagne n’avait rien perdu de son charme ni
la nature de son éclat » in « La campagne » (Saint -Marcellin)
Ailleurs s’invite le professeur Lidenbrock, le fameux géologue du Voyage au centre de la terre de Jules Verne ; ou le nom de Tolentino, lié pour le poète à l’église de Bourg-en-Bresse et à son saint et pour moi à un autre Niccolo’ da Tolentino, tout aussi médiéval et originaire de la même cité des Marches, lié à La Bataille de San Romano et à la célèbre toile de Carpaccio.
Tandis que le poète s’émeut au passage de la noirceur d’une époque, traversant avec le même intérêt les faits divers et les guerres conflits destructions engrenages de la violence révoltes rébellions urbaines, quartiers déshérités et ronds-points, qu'il rend hommage aux patriotes exécutés en 44 par les Allemands, la lectrice, de son côté, se délecte des nombreuses retrouvailles et réminiscences qui l’incitent à tant de recherches et se ravit de tant de rencontres inattendues. La Chanson de Roland, à plusieurs reprises. L’Heptaméron de Marguerite de Navarre. La Phèdre de Racine. Mais aussi bien les noms actuels de Muriel Pic, de Valérie Rouzeau, de Marie-Claire Bancquart ; ou Fabienne Raphoz, lorsqu’il s’agit de pie-grièche.
Et de tant d’autres, ses maîtres et cicérones en poésie.
Chemin faisant, le poète qui dit s’être librement inspiré de deux auteurs et deux livres – G-Bruno et Jean-Christophe Bailly − Le Tour de la France par deux enfants et Dépaysement, sème les rencontres imprévues qui se nourrissent de lectures de souvenirs de découvertes et de ce plaisir savouré mêlé du souci constant de sauver de l’oubli ces riens qui furent tout et qui ont façonné nombre de générations forgées par le XXe siècle. Dont la mienne, omniprésente dans cette somme poétique. Il arrive parfois que le « carnet étanche de naturaliste » se fasse muet, reste coi sur la visite d’un camp de la mort du pays Béarn, oublieux de ce qu’il fut.
Chemin faisant aussi, guidée par le poète, lui-même guidé dans son entreprise par sa « cicérone » Augustine Feuillée, rédactrice du Tour de France par deux enfants, la lectrice découvre que derrière G. Bruno, pseudonyme masculin de toujours, se cache une Augustine Feuillée inconnue d’elle, laquelle se cache elle-même sous le nom d’emprunt de Giordano Bruno, fameux dominicain brûlé vif en 1600 Campo’dei Fiori à Rome pour avoir démenti par ses recherches la théorie de l’Héliocentrisme. Et par là-même remis en question la place de l’homme dans l’univers. Et l’on découvre par ce choix les visées de l’audacieuse Augustine Feuillée qui dénonce l’air de rien, les outrages de l’Inquisition. Et au-delà encore les aspirations du poète qui inscrit son écriture dans les sillons ouverts par les deux orphelins André et Julien, sur lesquels s’ouvre le récit de G. Bruno. Deux orphelins à la Hector Malot, munis d’un « léger ballot de voyageur ». Qui se lancent à la découverte de ce « pays inconnu » que l’on nomme France. Il n’y a qu’à suivre les nuages pour se mettre en route :
« nuages sans attache qui sont la France aussi
les mêmes qu’au-delà du trait des frontières
mais ici poignants indiciblement nôtres
montant des collines oubliées de l’enfance
je ne les voyais plus le bonheur est là
ah laissez le vieil homme se reprendre laissez
moi rêver »
Le poète est bien là, lyrique, qui évoque à la fois un passé antérieur auquel il est resté très attaché, le regret de ce qu’il n’est plus, la vieillesse obsédante et la nécessité absolue du rêve (la poésie ?) pour combattre les données inéluctables de son humaine conditions.
« ah, donnez-moi seulement l’élixir / de jouvence. Ne saurais-je pas réveiller le passé ? » « LIP » (Besançon).
Ce lyrisme, on le retrouve dans nombre de poèmes, marqué par la présence de « o »exclamatifs. Ainsi des « Jardins suspendus de Miolans » :
« glycyrrhiza glabra réglisse officinale douce aux guerriers
sauge blanche fumigène à méditation o Sophie Loizeau
artemisa lanata plaisir de l’œil et du doigt » –
Poésie polymorphe, où alternent Anciens et Modernes, poèmes en prose et alexandrins, tout à la fois visuelle et sonore, la poésie chez Gérard Cartier est indissociable du goût des mots, puisés à la source de tous les registres de langue, dans les domaines très diversifiés liés à ses centres d’intérêt ainsi qu’à ses découvertes régionales : sidérurgie géologie astronomie horlogerie sériculture vin moutarde chemins de fer… et musées… Son recueil se parcourt de l’intérieur, comme un véritable cabinet de curiosités, caverne d’Ali Baba néanmoins très structurée. Outre les poèmes annoncés sous l’intitulé « Histoire naturelle », de même facture, l’on découvre d’autres poèmes, d’une tout autre écriture, annoncés par « L’invention de », suivie du nom d’une ville : Lyon, Bordeaux, Brest, Rouen, Lille.
« tout le roman / instantané de la géographie » se déroule et se vit en poésie.
Mais il en est de même pour tout autre domaine. Il est ainsi possible d’adopter tout autre forme de lecture et de sélectionner d’autres entrées.
Sensible aux associations d’images et de sonorités, le poète a le souci de la forme et le sens du rythme. Un art complet à l’image de la somme qu’il a conduite de bout en bout, région après région. Mise à part l’île de Beauté. Ce qui n’empêche nullement le poète de réserver un poème peu amène au « fastueux / bric-à-brac impérial » et aux « 2 Napoléon » qui n’ont pas l’heur de trouver grâce à ses yeux.
« Carnet de terrain » où s’invente le « naguèréotype », ses blasons de fleurs et de fruits, ses évocations nostalgiques, Le Voyage intérieur peut se lire comme un projet philanthropique où les listes et énumérations sont autant d’archives de la planète France et à un adieu à ce qui fut notre époque.
« Adieu à Booz aux chars à foin branlants aux oncles
apoplectiques trafiquants d’alambic aux saintes
en tablier chargées d’herbe à lapin aux banquets
kolkhoziens des longs soirs de moisson adieu »
Adieu aussi à ses « Mirages ». « adieu aux enfants de Tout l’univers. à ceux de World
of Warcraft. aux apprentis nageurs. aux amants dans les caves. aux vendeurs de L’Huma au porte-à-porte. aux amies du CocciMarket.
aux camarades de bistrot à l’angle de Saint-Just et de Spinoza. aux
vieilles dérangées sous leurs dentelles.
CIEL. plus rien. Vide.
« (48°48’43,5’’ N- 2°23’33’’E).
Reste le recueil et son extraordinaire richesse. Reste le voyage vers l'intime. Magnifique et bouleversant voyage.
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Angèle Paoli / D.R. Texte angelepaoli
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GÉRARD CARTIER
■ Gérard Cartier
sur Terres de femmes ▼
→ La duplicité. (poème extrait des Métamorphoses)
→ Les Métamorphoses (lecture de Maëlle Levacher)
→ Tristran (lecture de Nathalie Riera)
→ Le philtre (extrait de Tristran)
→ Le Voyage de Bougainville (lecture de Marie-Claire Bancquart)
→ Le Voyage de Bougainville (lecture d’AP)
→EX MACHINA, Journal de L’OIE, La Thébaïde, Collection Roman, 2022.
→Gérard Cartier / Le Voyage intérieur
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site des éditions Flammarion) d’autres extraits de L’Ultime Thulé [PDF]
→ (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature) une fiche bio-bibliographique sur Gérard Cartier
Merci aux horizons lointains, aux horizons à la maison, aux
horizons entre les lignes, merci aux hésitations, aux hérissons, aux
hirondelles pas qu’au printemps, aux hôtels sans trop d’étoiles, à
l’humilité des grands sages, à l’habileté des magiciens, aux hamacs
jaunes, aux harmoniques, merci aux hémisphères, aux herboristes,
aux heures heureuses, aux hibiscus, aux hululements des hiboux,
aux himalayennes montagnes, aux histoires à dormir debout, aux
horloges solaires, aux hôpitaux publics
Merci aux insomnies inspirées, aux images d’Épinal, à ici
exactement, à l’invisible, infini et intérieur, à l’infini, intérieur et
invisible, à l’intérieur, invisible et infini, merci aux imaginaires
débridés, à l’inflexion chantante des voix du sud, aux interruptions
momentanées, aux indisciplinés, aux interprètes, aux introuvables,
merci aux intestins, aux interprètes, aux interphones, aux
interlignes, aux instrumentistes, aux inoffensifs, à l’infinité des
solutions
Merci aux jardins suspendus, aux jardins potagers, aux jardins
créatifs, fleuris, botaniques, merci aux jungiens, aux jupitériens, au
jus de tomate, au jus de citron, aux jurys bienveillants, aux juristes
épicuriens, aux jouets usés, aux jeux de quilles, aux jachères, aux
jongleurs de mots, aux jupes légères, aux joueurs de flûtes
…
Merci aux zèbres noirs et blancs, merci aux zèbres blancs et noirs,
aux zézettes, aux zizis, au zen, au zazen, au zéphyr, aux
zeugmas, aux zigzags, aux zygomatiques, au zéro pesticide, au
zodiaque, merci aux zones libres, aux zones libérées, aux zones
vertes, aux zones ouvertes.
Albane Gellé, Abécédaire de vive gratitude, Alain Pouillet, hermine blanche 2020 (détail)
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36
Merci aux ombres légères
sous les fleurs.
Merci au temps
d’avoir conçu les fleurs.
Merci aux ombres
d’autoriser le temps.
Merci aux fleurs
d’accepter les témoins.
35
Merci aux étoiles
de ne pas faire trop de bruit.
Merci à la nuit
de fabriquer des silences
avec mille petits bruits.
Merci aux constellations
qui racontent ce que l’on veut
qu’elles racontent.
34
Merci à l’univers
qui autorise tous les possibles
& même un au-delà des possibles.
Merci aux diverses espèces animales
qui sortent la nuit plus que le jour.
merci à l’existence même si elle ne demande rien
& sort par tous les temps.
…
0
Merci à ceux
qui sont venus ce soir
& et grand merci symétrique
à la foule de ceux qui ont préféré
rester chez eux & dormir
ou écrire des poèmes.
Patrick Dubost, 36 mercis (+ 1) comme 36 chandelles (+1) sous un ciel étoilé, Alain Pouillet, Marcassin (2020), Éditions Lanskine 2024.
♦ ALBANE GELLÉ sur →Tdf
♦ PATRICK DUBOST sur →Tdf
<<Poésie d'un jour
" …au seuil du Temple…"
Voici des arbres, voici des fruits
Avant la morsure du monde
Vivre dans cette ombre
Où germent nos murmures.
Vois-tu,
Vois-tu ce très haut ?
Il n’y a qu’ici, peut-être,
Où nous pourrons vivre.
Renaître, toujours, ni solitaire.
Longeons la rivière.
N’est-ce pas ici, ami, que tu me conduisais ?
Ombre merveilleuse,
ombre de lumière,
ressaisis nos corps,
Splendides et vieillissants.
Au moment où je retrouve le rivage,
cet arbre
à l’ombre franche…
Sur cette misère de la pierre
Je rebâtirai
l’atelier du poème
comme au seuil du Temple
un nouveau jour …
Le poète est l’araignée miraculeuse :
Sa toile abrite les éclats du soleil,
L’aurore y a élu séjour
Et le crépuscule y jette ses derniers rayons,
Chaque fil est une corde de la lyre
Où les dieux éternels ébauchent une harmonie,
Et les mouches du désespoir tournoient
Puis finissent par mourir étouffées par la soie
De la toile tissée si finement
Qu’on dirait d’une reine Grecque l’immortel ouvrage.
Guillaume Dreidemie, « Retour » in Le matin des pierres, La rumeur libre 2023, pp.70, 71, 72, 73, 74.
<<Poésie d'un jour
Je voudrais
te recommencer
t’inventer
des passions des rébellions
des colères des effusions
reconstruire ta vie
avec mes mots
Des coups d’éclat
à la hauteur de tes rêves
de tes renoncements
des emportements du cœur
et de l’esprit qui feraient dire
au monde entier
que tu es tout
sauf effacée
que tu fais tout
sauf disparaître
Mais
je pense à ton corps
ton corps d’où je sors
ton corps presque
mort
Je ne veux pas
ces images de toi
Je veux garder
Chanel n° 5
talons hauts
dans la maison
fenêtres ouvertes
sur les oiseaux
les draps frais repassés
tes cheveux coiffés
ta peau douce parfumée
nos vêtements échangés
tes yeux complices
secrets gardés
Je ne veux pas
des images
d’aujourd’hui
Je veux
oublier tout
ce qui n’est
pas toi
Estelle Fenzy, N’oublie pas, Photos de l’artiste Aurélia Frey, Collection Grand ours, L’Ail des ours/ n°23, 2024,pp.45, 46, 47, 48
<<Poésie d'un jour
"…nous habitions loin des fenêtres éclairées…"
Aquatinte numérique de → G.AdC
une intensité sidérante la ronde
d’un String Quartet de Bartok
les bras bleuis de larmes lentes
non. le siècle n’est pas mort
nous habitions là
sous les poutres peintes derrière
les volets clos sur l’aube gelée
dans une certaine raison de vivre en cercle un
besoin d’aide
soleil blême nous habitions
au centre des clartés sans que rien
de l’écho parce qu’il trouvait ça
formidable et plein de sève
nous habitions loin des falaises des
ciels crayeux tamponnés loin de toutes les
possibilités porteuses pour
absolument et absorber et nous courions
derrière et la nuit même la cime la crête
qui vaille le déclic sauvage des
trotteuses venaient en azur de toi
en usure des toits roses – roses n’épuisant
jamais la pureté la
voix chaude, la poudre
la vaillance ni repentance
à la veille d’un hiver absolu
n’existant seulement et l’onglée
coopérative itérative du cœur
nous habitions loin des fenêtres éclairées
sous les danses et les passes et toi
parmi les pensionnaires aux
cadences assurées puisque tu es l’une
d’elles puisqu’elles sont parmi le
premier signe jet impétueux énorme
à ta robe carmin à ta robe corail
ta floraison ta solitude refusant
supplications et masques pour
entrer dans la transe chaque jour chaque
chose épelée chaque épicentre déplié
chaque crochet dans la langue toutes
ses charges et j’attendais
les ordres n’est pas en fuite de
toi n’est pas d’amour auquel on pense
avec ferveur et pitié
Électrocutée à la pliure de la page
Anne Calas, « Un monceau de neuf » in Une pente très douce, Poésie Flammarion, Couverture Florian Brennemann, Éditions Flammarion 2024, pp.93, 94, 95, 96.
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A N N E C A L A S
■ Anne Calas
sur Terres de femmes ▼
→ Val cosmique (autre poème extrait de Déesses de corrida)
→ [Ni princesse, ni d’hier ni d’aujourd’hui] (extrait d’Honneur aux serrures)
→ Honneur aux serrures (lecture d’AP)
→ Littoral 12 (lecture d’AP)
→ Yves di Manno | Anne Calas | [par transparence d’une vitre] (extrait d’Une, traversée)
■ Voir aussi ▼
→ le site personnel d’Anne Calas
→ (sur le site personnel d’Anne Calas) une lecture de Déesses de corrida par Jean-Paul Auxeméry [PDF]
→ (sur le site des éditions Flammarion) la page de l’éditeur sur Déesses de corrida
Éphéméride culturelle à rebours
Le 19 avril 2001 meurt à Crest, dans la Drôme, le poète André du Bouchet.
Á travers un verger de cognassiers (extrait).
Nous en sommes restés à une rencontre ; la seconde, qui était déjà convenue, a été empêchée par la mort d’André du Bouchet le 19 avril 2001. Avant et après cette unique rencontre : des lettres, des conversations téléphoniques, deux livres désormais qui sont pour nous plus que des livres. Et le souvenir inoubliable d’un après-midi lumineux, d’un homme d’une profonde et calme cordialité, d’un lieu qui en un jour est devenu aussi pour nous quelque chose comme un des lieux de la poésie.
Longtemps il n’y avait eu que le poète, quasiment inconnu en Allemagne (et lorsque quelqu’un le connaissait, c’était à travers Paul Celan qui a traduit de lui, en 1968 un unique recueil : Dans la chaleur vacante). Peu savaient qu’inversement, il avait pour sa part traduit Paul Celan en français, ainsi qu’en 1967 les grands hymnes de Hölderlin pour l’édition publiée sous la direction de Philippe Jaccottet dans la Pléiade. Malgré l’initiative de Celan, André du Bouchet restait n poète énigmatique, avec ses textes fragmentaires, où les mots roulent sur la page blanche comme des cailloux sur la pente abrupte du mont Ventoux.
La montagne,
la terre bue par le jour, sans
que le mur bouge.
La montagne
comme une faille dans le souffle
le corps du glacier.
Les nuées volant bas, au ras de la route,
illuminant le papier.
Je ne parle pas avant le ciel,
la déchirure,
comme
une maison rendue au souffle.
J’ai vu le jour ébranlé sans que le mur bouge.
« Une montagne nous sépare », tel est le titre de l’essai de Philippe Jaccottet a consacré en 1983 à André du Bouchet et à son œuvre. Cette montagne, la Lance, est un massif étendu dont les pentes dentelées qui vont s’adoucissant ferment l’horizon. Elle s’offre à la vue le matin devant la petite terrasse de la maison dans laquelle nous logeons depuis quelques années au printemps, quand nous rendons visite à Philippe et à Anne-Marie Jaccottet. C’est le vendredi 21 avril 2000, et il nous apparaît seulement maintenant, en consultant un vieux carnet, que le hasard a choisi une date qu’on serait tenté de prendre pour un choix symbolique de celui qui écrit. Non, c’est vraiment le 21 avril, une journée de printemps fraîche et lumineuse. Trois jours plus tôt on pouvait voir le matin, après la pluie tombée la nuit, là-bas sur le sommet de la Lance, une couche étincelante, mais le soleil l’a pratiquement fait fondre en quelques heures.
Cette fois-ci, la visite régulière à Grignan était particulière. D’une part, ce printemps et cet été-là, nous nous étions de nouveau attelés à la traduction d’un volume de prose et de poèmes de Philippe Jaccottet, Cahier de verdure, et il restait des questions dont nous préférions discuter dans son bureau plutôt que dans une lettre. Il y avait d’autre part un nouvel élément : la traduction d’un poète dont il fallait accompagner la publication. Quelques années auparavant à Paris, Sander Ort avait commencé à traduire en allemand une sélection de poèmes tirés de l’œuvre complète d’André du Bouchet, en collaboration avec l’auteur. La petite maison d’édition du Lyrik Kabinett à Muniche avait tout de suite accepté la proposition et prévoyait de faire entrer le volume dans sa collection. Mais depuis un certain temps, l’entreprise était à l’arrêt, du Bouchet gravement malade ; la traduction posait des difficultés considérables.
Qui connaît l’œuvre d’André du Bouchet imagine à quels obstacles est confronté le traducteur. Sander Ort le savait aussi bien que l’éditeur, et il y avait donc eu durant quelques années un échange de manuscrits et de lettres entre Paris et Munich, constitué de critiques, de propositions, de réponses et de nouvelles versions. Toute une série de questions difficiles demeurait toutefois en suspens, et même du Bouchet ne parvenait pas, de loin, à apporter des éclaircissements. Le 11 février 2000, il avait encore écrit dans une lettre postée à Paris : [il s’agit de] « poèmes dont je n’ignore pas qu’ils passent avec beaucoup de difficultés dans une autre langue – et c’est là peut-être leur faiblesse. » Cela peut-il vraiment être une faiblesse pour un poème que de pousser sa propre langue et ses possibilités à leurs limites, au point qu’il soit difficile de trouver un équivalent dans une autre ? À cet égard, mais à cet égard seulement, la poésie de du Bouchet rappelle sans cesse celle, par ailleurs si différente, de Paul Celan (et Celan n’avait pas seulement été le premier traducteur d’André du Bouchet, mais aussi un ami proche).
Le désir d’une rencontre, d’une conversation en tête à tête, devenait de plus en plus fort. Deux années auparavant, le rendez-vous avait dû être annulé ; les mois suivants, on avait reçu de Paris la nouvelle d’une évolution très préoccupante de la maladie, on s’attendait chaque jour au pire. C’est alors que contre toute attente il y eut un revirement. L’inespéré se produisit, un nouveau traitement apporta une amélioration, et quelques semaines plus tard on recevait un coup de téléphone : André du Bouchet revenait à Truinas. On reprit contact et l’on convint d’une visite en avril. »
Wolfgang Matz, « À travers un verger de cognassiers. André du Bouchet » in Du bonheur de la vie poétique,
En pensant à André du Bouchet, Yves Bonnefoy et Philippe Jaccottet, Traduit de l’allemand par Rosine Inspektor,
Le Bruit du Temps 2024 pour la traduction française et la présente édition, pp. 9, 10, 11, 12, 13.
A N D R É D U B O U C H E T
André du Bouchet par Jean-François Bauret, 1977
Source
■ André du Bouchet
sur Terres de femmes ▼
→ En pleine terre
→ Le moteur blanc
→ sur la terre immobile
■ Voir | écouter aussi ▼
→ (sur Terres de femmes) 20 avril 2001 | Philippe Jaccottet, Truinas
→ (sur Terres de femmes) Isabelle Baladine Howald, La Douleur du retour (note de lecture)
→ (sur Terres de femmes) Paule du Bouchet | Point final
→ (sur le site de Radio Télévision suisse) Présence d’André du Bouchet (Entre les lignes, émission du 14 janvier 2013)