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  • 19 janvier 1839 | Naissance de Paul Cézanne

    Éphéméride Culturelle à rebours
    Naissance de Paul Cézanne
    Extraits choisis in Cézanne
    Charles Juliet, P.O.L 2023.

     

    Autoportrait de Paul Cezanne

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Autoportrait à la palette :  Source 

     

     

     

    Le 19 janvier 1839 naît à Aix-en-Provence le peintre Paul Cézanne.

     

    Paul Cézanne est le fils d’un chapelier d’Aix-en-Provence, devenu banquier. Très vite le fils se heurte à son père qui veut lui voir suivre la vie de réussite sociale qui est la sienne et à laquelle il aspire pour ce fils rebelle. Mais Paul ne se résout ni à la banque ni aux études de droit. Ce qu’il veut c’est peindre. S’engage dès lors et très tôt, un combat contre son père, mais aussi contre lui-même. Car l’artiste est torturé par le doute, l’insatisfaction, la quête permanent de ce qui l’obsède sans qu’il parvienne à le définir. Le combat ne s’apaisera que tard dans la vie de Cézanne, après la mort de son père et l’ancrage de son œuvre dans le succès.

     

    Charles Juliet, Cézanne, Extrait 1.

     

          « Il plante son chevalet devant le pin que ce jour-là il a choisi pour motif. Mais avant d’ébaucher sa toile, il observe longuement l’arbre et ce qui l’entoure. Ses yeux scrutent le tronc, l’écorce, les branches, la frondaison d’un vert bronze. Le regard se promène, s’arrête, interroge, fouille. Il voudrait pénétrer le sol, suivre les racines qui s’étendent dans l’obscur de la terre. Mais, constate- t-il, c’est terrible, mon œil se colle au tronc, à la motte. Je souffre à l’en arracher, tant quelque chose me retient. Parfois, l’effort qu’il fait pour absorber ce qui requiert son intérêt est tel qu’il croit que ses yeux vont se mettre à saigner.
               Face à ce pin, son regard note les formes, les volumes, les différents aspects, les lumières et les ombres, les plus fines nuances dans les couleurs. Tout ce qui est capté par l’œil imprègne la sensibilité, éveille des sensations. C’est après s’être identifié à ce tronc, à ces branches, à l’ocre de la terre, que Cézanne commence à peindre.
              Chaque toile exige plusieurs séances de travail, car chaque touche est précédée par de longues réflexions. Il faut réfléchir, affirme-t-il. L’œil ne suffit pas. L’œil et le cerveau, tous deux, doivent s’entraider.
           En peignant ce pin dont les branches et les frondaisons montrent qu’il a été violenté par le mistral, Cézanne donne à ressentir cette âpreté de la Provence dont il a parlé un jour… »

            Cézanne réalise l’essentiel de son œuvre dans le dernier tiers de son existence, et les toiles les plus importantes au cours de ses dernières années. Plus il avance en âge, et plus il se sent libre, assuré, audacieux. A force de travail, de connaissance de lui-même et de ses moyens d’expression, il œuvre avec plus d’aisance. Une spontanéité lui est venue et il n’a plus à méditer son geste. Celui-ci s’accomplit de lui -même, comme s’il n’avait plus à être pensé, comme si la main, d’instinct, trouvait sans hésitation ce qu’elle avait à exécuter. Le peintre d’expérience a tout naturellement accédé à ce que dans la Chine ancienne on appelait « l’art sans art ». Un art affranchi des règles – elles ont été intégrées puis transgressées -, affranchi des références, des intentions, de toute préméditation.
          Au cours des dix dernières années de sa vie, Cézanne est extrêmement productif. Il peint des Montagne Sainte-Victoire et aussi des Baigneurs et des Baigneuses, des toiles parfois de grand format et sur lesquelles il travaille pendant des mois.
          Les Montagne Sainte-Victoire ont une ampleur, une sérénité, un lyrisme auxquels il n’a encore jamais atteint. Dans ces toiles, le temps semble aboli, et en les contemplant l’impression nous vient qu’on touche à l’intemporel. Tous les éléments constituant la toile visent à établir un équilibre harmonieux, visant à créer cette paix que goûte l’être quand il glisse hors du temps et vit l’impérissable.
         Parallèlement, il traite un nouveau thème : celui des baigneurs et des baigneuses, des hommes et des femmes au corps nu, étendus ou debout, parfois adossés à des arbres. En abordant ces compositions, il se propose de relier les épaules des collines aux courbes des femmes, il cherche à mieux traduire combien la vie est une, combien lui, Cézanne, se sent intégré à la nature, à l’univers.

    Extrait 2

         Hier matin, par une douce journée d’arrière-saison à la lumière atténuée, j’ai flâné sur la route du Tholonet. J’ai bien sûr retrouvé touts ce dont je me souvenais : la succession des petites côtes et descentes, les virages, les talus, les troncs d’arbres, la terre ocre foncé, cet endroit sous les pins où mes petites camarades et moi passions mélancoliquement nos dimanches après-midi, puis à un certain moment l’apparition, entre le vert des frondaisons, du gris pâle de la Sainte-Victoire se détachant sur le bleu du ciel. Instant de forte émotion. Forcément, je pensais à vous, et je crois bien que ce que je voyais, je le voyais à travers vos yeux. A l’instar d’un photographe, je cadrais, et tout se convertissait en un Cézanne. Je me suis souvenu de cette boutade d’Oscar Wilde que la nature finissait par imiter l’art.
          J’avais en tête l’image du Grand Pin, cette toile qui se trouve au musée de Săo Paulo. Une bande de terre ocre, le tumulte vert de petits arbustes fouaillés par le vent, et s’élevant au-dessus d’eux, un pin au tronc non pas banalement vertical, mais légèrement incurvé, se perdant en fouillis de branches noueuses, tordues, enchevêtrées, des branches dont on sent qu’elles ont eu à lutter contre la fureur du mistral et la fournaise des étés, des branches qu’on croit entendre grincer, car plus haut, la masse échevelée des aiguilles aux mouvantes couleurs est prise dans une rafale qui la secoue, la violente, la projette sur le côté. Une vision où s’exprime toute l’âpreté de la Provence. En chaque parcelle de cette toile, la vie est là, frémissante, vibrante, parcourant les troncs, animant le vert des feuilles, exacerbant la violence de ce vent fou contre lequel le pin est comme arc-bouté. En me remémorant cette toile , j’ai alors découvert cette évidence : vous représentiez ce dont votre œil s’emparait, mais l’essentiel consistait à rendre vivante cette pâte colorée que vous étendiez sur la toile. A la réflexion, il paraît étrange qu’en fonction de la main qui la pose, une touche de couleur puisse demeurer morte ou diffuser de la vie…

     

    Césanne

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Charles Juliet, « Un chercheur d’absolu » et « Un grand vivant » in Cézanne, P.O.L 2023, pp. 14,1 5,16,24, 25,26 | 38,39,40.

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    C H A R L E S    J U L I E T

    Charles Juliet
    Source

    ■ Charles Juliet
    sur Terres de femmes ▼

    Pour plus de lumière, Anthologie personnelle 1990-2012, éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard n° 554, 2020
    → En surface
    → ma hâte
    → [Rien ne s’annonce]
    → Rencontre inédite autour de Charles Juliet
    → 25 octobre 1964 | Première rencontre Charles Juliet-Bram Van Velde
    → 22 décembre 1989 | Charles Juliet, L'Autre Faim, Journal V
    → 3 septembre 1990 | Charles Juliet, L'Autre Faim, Journal V
    → 15 septembre 1990 | Charles Juliet, L'Autre Faim, Journal V
    → 10 octobre 1996 | Charles Juliet, Lumières d'automne, Journal VI

    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site des éditions Gallimard) la fiche de l’éditeur sur Pour plus de lumière
    → (sur Dailymotion) Charles Juliet : L'exultation calme (vidéo)
    → Charles Juliet, attentivement (site dédié à l’œuvre de Charles Juliet)

     

  • Hilda Doolittle | Le Don

     Lecture | Sortie le 18 janvier

     

                                                                                                                                                                   

            Le don  

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

                                                                                                                                                  

    Harold était là, il tenait la cuvette. Je n’arrivais pas à nettoyer le sang épais amassé dans la barbe de mon père. Les poils s’arrachaient comme les cheveux de ma poupée lorsqu’ils s’emmêlent. Avec de l’eau chaude, peut-être qu’on pourrait l’enlever. Je voulais de l’eau chaude, je voulais une autre serviette, mais si on allait chercher de l’eau, papa resterait seul. On ne peut pas le laisser seul, l’œil fixe.
    Il regardait fixement la bibliothèque qui contient Guerre et Paix, Les Misérables de Victor Hugo et des livres d’auteurs allemands en allemand. Ce sont, avec le Rome de Gibbon, ses livres de lecture (les autres occupent les rayonnages sur le mur situé de l’autre côté de la table). J’ai essayé de les parcourir parce qu’ils ont une reliure marbrée comme des billes, bleu foncé au dos, avec des triangles de la même couleur aux coins. Il disait que je pouvais les lire, mais je n’ai pas été très loin dans le Rome de Gibbon.
    Il fixe les vitres de la bibliothèque qui surmonte un bureau ancien, dans le bureau il y a un tiroir : c’est là qu’il garde son pistolet. » As-tu jamais tiré sur un homme ? » Il a répondu que non, pas qu’il sache, mais pour le moment quelqu’un ou quelque chose lui a tiré dessus ou lui a asséné un coup comme un Indien avec un tomahawk. On voyait bien qu’il avait reçu un coup. S’il continue à fixer les vitres de la bibliothèque, au-dessus du vieux bureau, il faudra que je tourne sa tête d’un autre côté, je ne peux pas supporter qu’il continue à fixer ainsi un seul objet. S’il fermait les yeux, ça irait mieux, ça irait encore mieux s’il tombait sauf qu’on ne serait pas capable de le relever : est-ce que les morts s’assoient dans des fauteuils ?
    Il s’est avancé dans la lumière vive que laissait passer la porte ouverte, j’ai crié : « Papa ! » et il ne répondait rien. D’habitude quand je dis « papa », il répond « mon petit » ou « Töchterlein », et quand je lui prends la main, elle se referme sur la mienne, il la tient parfois presque trop serrée et même il m’appelle sa fille.
    Puis Ida est arrivée, elle a demandé : « Qu’est-ce que c’est ? » Je l’ai vue debout sur le seuil, elle a demandé : « Comment ? Où ? » Elle est repartie. Ses cheveux étaient relevés, elle les maintient avec des épingles autour de sa tête, puis, le soir, elle les dénoue devant la petite glace de sa chambre pour en faire deux longues nattes, mais elle ne les avait pas encore dénoués. J’aurais pu penser qu’elle était au lit, mais à la vérité je n’avais pas pensé à elle. Maintenant elle était là. Elle est repartie. La porte de communication avec l’aile de la maison s’est ouverte, Éric et monsieur Evans étaient là eux aussi. Et j’ai compris pourquoi Gilbert avait disparu, il était allé les chercher. Ida est revenue, elle apportait des serviettes, elle m’a écartée en disant : « Allons, file » ; que voulait-elle dire ? Elle avait un bol à la main, c’était un des grands bols de porcelaine, il y en a toute une série, ils s’emboîtent les uns dans les autres. Elle apportait de l’eau dans le bol mais on avait déjà fait tout ça. Harold tenait toujours la cuvette. Elle a dit : » Pose-la, je vais m’occuper de ton père », comme s’il venait d’entrer pour prendre son café du soir, par exemple. Elle s’est mise devant moi, je ne voyais plus papa. Éric et monsieur Evans barraient le passage.
    J’ai voulu les contourner pour être à côté de papa, mais ils ont dit : « laisse, tout va bien. »
    Monsieur Evans a dit : « Allez-vous-en, les enfants. » Où devait-on s’en aller ? A présent maman se tenait sur le seuil. Elle a crié : « Charles. » Rien d’autre…

     

    Hilda Doolittle « L’événement » in Le Don, Traduit de l’anglais (États-Unis) par Claire Malroux,
    des femmes-Antoinette Fouque 2024, pp.127, 128, 129.

     

    Hilda-Doolittle-Portrait(1)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Hilda Doolittle  →  éditions des femmes – Antoinette Fouque 

     

  • Murièle Camac | Je lis des poèmes d’Emily Dickinson

                                                                                                                                                                            << Poésie d'un jour

     

     

    EMILY DICKINSON

                                                                                                                                                                          

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Portrait par →  G.AdC 

     

     

     

    La première fois que je lis Emily Dickinson, je suis sur une petite île
    au milieu d’une grande mer.
    Dans n pays très ancien.
    Dans une langue que je ne comprends pas.
    Les poèmes d’Emily Dickinson, c’est un peu pareil.

    Mais qu’est-ce que c’est que ça
    ces tirets partout
    on n’y comprend rien
    il manque la moitié des mots
    je ne peux pas lire ça
    il y a trop de majuscules

     

    *

     

    Emily Dickinson debout sans les lentisques
    soutient le regard implacable de la Méditerranée
    « J’ai trouvé – une Créature – à ma Hauteur »
    pense-t-elle
    et dans son visage de vieil Agamemnon
    ses yeux se plissent pleins de gaité

    Emily s’isole
    Emily est une île

    Pour arriver jusqu’à elle
    il faut apprendre à ramer
    elle est grosse comme un caillou
    on ne comprend pas d’où elle sort
    ce qu’elle fait là

    Elle sort d’un volcan

    Moi qui suis du continent
    je rejoins l’île d’Emily
    ça me muscle les bras

    Je débarque en pleine nuit

    Dans son obscurité je la parcours
    sous ses étoiles je la tâte du pied
    j’avance un peu à l’aveugle
    la pente est ardue
    mais les odeurs légères

    Je me déplace entre sol et ciel
    entre sens et silence
    je me débrouille

    Le caillou cachait une montagne
    on arrive haut mais on dirait
    jamais tout en haut
    chaque somment en cache un autre
    et soudain le soleil se lève

    On y est
    debout dans les nuages
    petite fille

    La mer paraît toute neuve

     

    Europe Dick

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Murièle Camac, « Je lis des poèmes d’Emily Dickinson »
    in Europe, revue littéraire mensuelle, Emily Dickinson, janvier-février 2024, pp.222, 223.

     

    Camac

     

     Murièle Camac est née en 1971. Elle a notamment publié
    La mer devrait suffire (Éditions Henry, 2014),
    Regarder vivre (N&B, 2016),
    En direction de l’ouest (Le Citron Gare, 2019)
    et Une femme c’est un Indien (Exopotamie, 2022) 

     

     

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    Emily Dickinson sur → Tdf 

     

     

     

     

  • Denise Le Dantec | La poésie est sur la table

         << Poésie d'un jour

     

     

                                                                                                                                                     

    DENISE

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Photo de Denise Le Dantec 

     

     

     

    Mon père chante dans le jardin
    je donne des noms aux fleurs
    l’après-midi est une tulipe blanche
    une fille à robe noire criblée d’étoiles
    descend de l’autobus
    Rien d’étonnant à ce que la poésie, comme toutes les belles, soit
    entourée d’eunuques
    je marche trois fois dans la ville
    l’espace n’est pas plus grand que nécessaire
    les oiseaux chantent fort
    les roses sont plus que rouges
    sa robe est couverte de paillettes
    (les parenthèses soutiennent le souffle)
    (les phrases respirent)
    je mange un matafan
    je bois un vin tranquille
    la fille à robe noire
    s’assoit près de moi
    il ne m’est pas possible
    de dire ce qui a suivi
    les phrases sont broussailleuses
    les filles nues s’embrassent dans les fossés
    un caddie flotte sur l’étang
    les lièvres marchent sur l’eau
    le bonheur est de sucer le miel
    et de manger des fleurs
    à odeur de sperme
    quelle est la dernière chose
    que tu as dite à ta mère ?

    LE DANTEC LA POÉSIE EST SUR LA TABLE

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Denise Le Dantec, La poésie est sur la table, poésie, éditions unicité, Collection « Brumes & Lanternes », pp. 90, 91.

     

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    DENISE   LE DANTEC

    Denise Le Dantec
    Image, G.AdC

    ■ Denise Le Dantec
    sur Terres de femmes ▼

    → 29 avril | Denise Le Dantec, L’Estran
    → [« ceci est l’espace de la transparence »](poème extrait d’et je t’embrasse)
    → Mémoire des dunes
    → Mémoire des dunes (extrait de 7 Soleils & autres poèmes)
    → La Seconde augmentée (lecture d’AP)
    → [La Seine est verte] (extrait de La Seconde augmentée)
    → [J’ai pris la perspective du rossignol](extrait de La Strophe d’après)
    → Guillevic | À Denise Le Dantec
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) Où quand
    → (dans la Galerie Visages de femmesle Portrait de Denise Le Dantec (+ un extrait de l’Encyclopédie poétique et raisonnée des herbes)

    ■ Voir aussi ▼

    → (sur lelitteraire.com) une lecture d'Enheduanna de Denise Le Dantec, par Jean-Paul Gavard-Perret
    → (sur le site de L’Atelier de l’agneau) la fiche de l’éditeur sur Enheduanna

  • Jérôme Sueur | Histoire naturelle du silence

            <<Lecture

     

     

     

     

    Ecouter                                                                                                                                                                                                                  

     

     

     

     

     

     

    Source 

    Comment pouvons-nous écouter le son animal, nous qui sommes aussi des animaux, avec nos propres capacités auditives, nos corps, nos expériences de vie, nos sensibilités ? Deux fromes d’écoute des sons de la nature, non opposables, coexistent : une écoute esthétique où les sensations priment et une écoute analytique où le questionnement et la connaissance prennent le pas. On peut écouter un concerto ou une symphonie sans les comprendre et on peut les déchiffrer, les analyser, les commenter selon les règles de la musicologie. Il en est de même pour les sons de la nature : se laisser emporter par le son d’une forêt sans rien comprendre, puis tout décortiquer pour l’appréhender au mieux.

    Le naturaliste et philosophe nord-américain Henry David Thoreau jalouse la naïveté de l’oreille des enfants qui savent aimer un son pour ce qu’il est, pour sa valeur intrinsèque. Il faut être sensible au son seul, nu, sans aucun artifice de mise en musique ou d’orchestration, comme le chuintement de la neige écrasée, le bruissement des feuilles d’un peuplier blanc, et le déchirement d’un éclair. Avant tout aimer le son pour le son, quel qu’il soit. Aimer le son pour sa forme, son contour, son relief, son épaisseur, sa finesse, sa puissance, sa discrétion et enfin accepter son aspérité, parfois sa rugosité. Aimer le son pour ses dérives, ses rebondissements, ses battements, ses changements d’humeur et ses surprises. Ça grince, ça siffle, ça craque, ça tambourine, c’est mélodique, c’est rythmé, c’est flûté. Prendre le son en pleine face, dressé, les poumons gonflés, sur la crête de la montagne ou dans le lit de la rivière. Recevoir pour jouir du son total et englobant qui émane de tout un paysage. Aller chercher les détails, les éléments finis. Profiter des galopades, des trilles, des vibrations, des glissandi, des pointes ou des duvets sonores. Écouter le tout et chercher les sons individuels, se baisser pour cueillir les petits sons de la litière et se dresser pour toucher les sons de la frondaison. Écouter le son ainsi, c’est appliquer le principe de l’écoute réduite de Pierre Schaeffer, c’est oublier les raisons du son et se concentrer sur son unique apparence.

    Et puis on peut écouter en fronçant les sourcils, en tournant la tête, en créant des paraboles avec les mains autour des oreilles, en utilisant des équipements sophistiqués et onéreux. Ecouter pour aller plus loin, pour pêcher le son dans l’arbre ou les fougères. Être attentifs, alerte, ne pas se laisser emmener dans un flot sonore, ne pas croire que le son est uniforme, aller chercher ses variations en temps, amplitude, fréquence. Écouter pour démêler et tenter de comprendre. Développer une écoute analytique, décompositionnelle, pour assouvir sa curiosité, sa soif de connaissances…

     

     

    Sueur

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Jérôme Sueur, « L’Essence du son » in Histoire naturelle du silence, Préface de Gilles Bœuf, Mondes sauvages,
    Pour une nouvelle alliance, Actes Sud 2023, pp.31,32.

    – Une forêt sur écoute – :  Jérôme Sueur  → sur Philosophie Magazine 

     

     

  • Gabriel Zimmermann / Contre-Allées

      << Poésie d'un jour

     

     

     

    Ginkgo2

     

     

     

     

     

     

     

    Source 

                                                                                                                                                                                             

     

     

    Connaissez-vous la légende de l’orphelin
    Qui s’endort en serrant une feuille de Ginko
    Et se réveille avec un coquillage dans le poing ?

    J’ignore son sens mais autrefois, l’institutrice
    Disait qu’elle contient une leçon riche
    Sur le temps, que nous la comprendrions
    Etant grands et pensifs sur l’abandon

    Trente ans ont passé et sa clef préserve sa brume

    Signifie-t-elle que le sommeil alourdit,
    Que nos songes parfois se matérialisent
    Ou est-elle une comptine, rien qu’une comptine
    Récitée à la veilleuse
    Pour exhorter les enfants sans parent
    Á rêver beaucoup ?

     

    CONTRE-ALLÉES

    Gabriel Zimmermann in « Contre-Allées », revue de poésie contemporaine, Automne 2023, p.30.

    GABRIEL ZIMMERMANN

    Voir  → Sur Terres de Femmes  : « Itinérances accompagnées de prières » in Lapidaires, Tarabuste Éditeur, 2020

                                            Voir  → le blog de  →   Gabriel Zimmerman

     

  • Jean-Charles Vegliante | Sidérations

                                                                                                                                                                             << Poésie d'un jour ( Poème inédit)

     

     

     

     

     

     

     

              Ukraine

     

     

     

     

     

    Ukraine, France Bleu 

     

     

    Sidérations

     

    … révolte de l’être tout entier qui, en se
    révoltant contre ce qui ne peut pas cesser de
    se produire, s’anéantit.
    Neige Sinno, Triste tigre,
    P.O.L 2023 (p. 141)

     

     

     

    Au fond interminable de corridors
    où tremblent des fils, des infiltrations brunes
    parcourues de petits animaux mutants,
    d’éclairs bleus si vite disparus qu’on croit
    avoir rêvé, dans son rêve elle n’est plus
    jamais perdue, jamais née, jamais au froid
    d’une mère-numéro, ombre d’un nombre
    (ce n’est qu’un mot) et elle file sur rails
    au-dehors, joue parmi les prés un soleil
    de rêve (ils avaient dit “Rêve générale”),
    un vrai train sous très petits nuages blancs.
                                                      Et pourtant…
    C’est peut-être la locomotive ? elle a
    fait “T’es où”… en dormant comme au bout du fil
    “T’es où”, elle appelle n’importe au hasard
    n’importe qui, “Veux-tu être mon ami(e)”,
    sur l’affichage où veux-tu te raconter,
    ce qui passe par ta tête c’est bien tard
    veux-tu tout ça, tout ce qui tombe et nous tue,
    veux-tu “Tchou-tchou” petit train dans le soleil.
    Pourquoi pas la rencontre en ton virtuel.
    On est moins seul parce qu’on mime le laid
    de chacun son statut à défaut de gloire,
                                                  elle est tue…
    Ruines fumantes le monde que tu lègues
    suspendu au-dessus du temps inversé
    dévorateur des souvenirs et bascule
    derrière l’horizon bleuté de l’atome
    et dans un long grincement l’air se referme,
    les portes de l’Eden un instant visibles
    disparaissent sous le couvercle inversé
    du ciel, boîte opaque et plomb-désespérance,
    fin de la consommation fin de la danse.
    Du fond d’un brouillard “T’es où” toujours plus dense
    qu’est-ce qui menace ton nid de pixels,
    ton chaud lumineux gulf-stream de web-ami(e)s,
    il suffit d’un coup de vent plus fort, d’un verre
    qui vibre étrangement dans le climat mort
    pour que perdu “T’es où” chacun s’humilie.
                                                            Et se plie :
    Comme un vieil homme accroupi réduit à tendre
    la main. Comme la voix de fausset criant
    son texte entre deux stations hurlantes. Comme
    vous réticent, sœurs voilées sous la férule
    du groupe. Cette vive écharde plantée
    dans les chairs. Personne “T’es où” pour aider,
    comme on ferait si un fugitif, un simple
    apeuré demandait un regard humain,
    comme au bord de la route une douceur d’eau.
    Une bonne odeur que l’on donne à quiconque
    comme fait la fleur unique jourî rouge.
    Les cendres deuils trempées comme nous d’averses.
                                                          Et caresse…
    Tendresse perdue dans la brise du soir
    pollué, poussières plus près du sol, dures
    aux bambins dans leur MacLaren carrossée
    comme autant de petits cercueils à roulettes,
    et remords tardifs des parents forcément
    impeccables “T’es où” plaintif, misérable,
    “On avait tout donné”. Trop peu : Personne a
    vu venir. – Pourtant si, Monsanto savait ;
    de savants calculs peuvent tout effacer ;
    et bien d’autres probabilités (infimes) :
    ne pas tenir compte, ne pas laisser voir
    les rats de l’échantillon minoritaire !
    Réservé ! Restez dans vos réserves d’air
    conditionné. Pleurez sur Gaza. Voyages
    remis à après-demain. 934
    morts, “T’es où, j’arrive plus à suivre, plus
    de mille”. Au moins 1300. Arrive à battre
    en tout cas la rose mystique de Sion,
    le lait consolant des prairies sous l’étoile,
    les lys odorants de votre bien-aimée :
    qu’on n’attende plus rien d’aucun israël !
                                                          Elle a mal
    à ses rêves, elle est perdue à nouveau
    parmi des gravats qui encombrent sa gorge,
    qui obstruent le flux des déclarations-spam
    d’amour, le long du petit train de son sang
    essuyé au soleil, on voit la marque, ocre,
    les gens l’enjambent un peu gênés, attention
    au pas en sortant de voiture. Ceux qui
    ont eu des
    ancêtres gazés dans la vieille

    Europe se sentent mal, Jérusalem
    céleste ne servira plus d’alibi,
    certains demandent qu’on leur donne l’oubli,
    que leurs cendres soient noyées dans les rivières
    réchappées, autour des rives se feront
    pour une gorgée d’eau polluée dernière
    (ceux qui nous tuent tirent du sable les fruits)
    demain les nouvelles plus féroces guerres.
                                                           Elle-amère.
    Combien y a-t-il de mots, de lieux, d’images
    qui affleurent plus vite au bord de l’alarme,
    dont il ne faut pas se souvenir : “T’es où”,
    c’est d'abord pour soi, éparpillé en ondes
    fusant vers les écrans, sous le paysage
    des rails, des croupes de papier, dans les casques,
    l’omniprésente pub pensée pour les faibles,
    l’astucieuse ombre de consommation libre,
    par les trop nombreux cerveaux qu’on vous assène,
                                                          et la haine…
    Nul ne sait plus pourquoi cela commençait
    toujours de la même façon, jusqu’au jour
    où l’on n’avait plus rien en commun, plus rien
    pour s’en amuser ensemble, alors la haine
    est l’ultime raison, personne ne peut
    renoncer à sa bonne raison, vouloir
    disparaître tout dans la disparition,
    comme une bête renonce avant le coup,
    vide tout-à-coup de ce qui la tient, rien
    qui rattache à un tout, à un flot vivant.
    Petite flamme, pupille, tu dis non.
    D’un coup ses forces la quittent. Plus de jambes
    et comme un vide nauséeux dans le fond
    du ventre, des bras, de la nuque trop blanche.
    Qu’on en finisse, qu’il obtienne sa proie
    C’est pourtant la majorité des films vus.
    Et la connivence après coup : Mort aux porcs.
    Le long tranchant de l’ombre elle suit le mur,
    personne ne la touchera plus jamais.
                                                         Elle obscure…
    Douce de nuit refermée sur le désastre,
    tombe du corps, on ne sent plus rien au rien
    du cœur, et profonde au-dedans elle dort
    enfin sans soi, elle écarte les eaux mortes
    où flottent des restes de sa vie future,
    enfin sans la peur de devoir revenir
    au monde où elle n’a jamais voulu être,
    quand elle maudissait la pitié des mères.
    Sans rêve, qui supportera le désert…
    les yeux sous une coque durcie ouverts…
    Qui se souvient de cela, de cette course
    et des gémissements des foules pour vivre,
    de la pluie de soufre lente sur les villes ?
    Des tireurs systématiques dans les stades ?
    Des tapis de bombes sur ceux qui persistent ?
    Tout au fond des tunnels se perdent des êtres
    étranges survécus “T’es où” de plus en
    plus faible, mains en porte-voix, flux de sang.
                                                           Rémanences :
    elle ferme les yeux ou ce qu’il en reste…
    (Ces bleues et vertes, ces palissades cachent
    leurs difformes non désirs, leur désespoir
    qui tombe sur le ballast inutile – ombre
    de quelque guerre passée, d’antiques gloires
                                                          nuée noire
    à partir de ça

     

     

     

                                                       [Une première version de ce texte, intitulée
                                                        Tombeau métro, en 2019, évoquait les morts de Gaza
                                                        entre 2014 (2329) et décembre 2018 (plus de 300) : des
                                                        chiffres qui paraissent aujourd’hui bien dérisoires.]

     

     

     

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    JEAN-CHARLES   VEGLIANTE

    Jean-Charles Vegliante portrait
    Source

    ■ Jean-Charles Vegliante
    sur Terres de femmes ▼

    → [Un petit garçon passe] (extrait de Fragments de la chasse au trésor)
    → Celle qui dort… (extrait des Oublies)
    → Fenêtre (extrait de Trois cahiers avec une chanson)
    → [Au fond de moi est un animal sauvage] (extrait d’Où nul ne veut se tenir)
    → Où nul ne veut se tenir (lecture de Joëlle Gardes )
    Pascoli in memoriam Y.T.
    Fragments de la chasse au trésor, Tarabuste éditeur, 20210
    Eugenio De Signoribus | Pour Rocco Scotellaro | Traduction de Jean-Charles Vegliante (inédit)

    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Recours au Poèmeune notice bio-bibliographique sur Jean-Charles Vegliante (+ 6 poèmes choisis)

    ■ Voir encore ▼

    → le site Les Carnets d’Eucharis

     

     

  • Sabine Péglion | Cet au-delà de l’ombre

    <<Poésie d'un jour

     

     

     

     

    Là où bascule l’horizon(1)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     " La mer frémit sous ces flammes" 

    Photo de G.AdC   = ( La Corse vue de Nice par temps clair ) 

     

     

     

     

     

    S’attacher à transcrire
    ce qu’on ne sait retenir

    un espace de ciel bleu
    une lueur pérenne
    dissimulée soustraite
    sous les nuages noirs

    Comment encore y croire

    Attendre pourtant
    Sans se lasser
    attendre

    Noire la nuit s’échappe
    Elle se fond se dilue
    là où bascule l’horizon

    lueur grisâtre où
    s’inscrit le silence

    Dans la baie
    les bateaux à l’ancre
    tournent sur leurs cordages

    mer minérale figée
    nul sillage à espérer
    pour désigner le large

    Mais l’ombre se détache
    aussitôt que l’on guette
    cette aube à l’arête

    des vagues ce trait
    divisant l’horizon

    Soudain il s’écarlate
    et la ligne se brise

    Fuseaux de feu
    Jaillissant d’un puits de lumière

    La mer frémit sous ces flammes

     

    SABINE PÉGLION(1)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Sabine Péglion, Cet au-delà de l’ombre, Œuvres de l’artiste Sabine Péglion, Collection Grand Ours, L’Ail des ours / n°21

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    S A B I N E     P É G L I O N

    Sabine Péglion portrait
    Source

    ■ Sabine Péglion
    sur Terres de femmes ▼

    → Sabine Péglion | Jacques Bret, Australie, notes croisées (note de lecture de Cécile Oumhani)
    → [La glace dans les verres] (extrait de Derrière la vitre)
    → [L’eau s’écarte] (extrait de Faire un trou à la nuit)
    → [Ombre noire] (extrait du Nid)
    → Prendre le temps (extrait de Traversée nomade)
    → Que sais-tu
    → [Tu sais il n’est de lieu] (extrait d'Écrire à Yaoundé)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de Femmes) Malhabile

    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions La tête à l’envers) la fiche de l’éditeur sur Ces mots si clairsemés

     

     

  • Pasquale Ottavi | Incrinature-Fêlures

    <<Poésie d'un jour

     

     

     

    Visage de pierre

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    "dès qu’une nouvelle fois vous vous serez pétrifiées… "

    Photo →  G.AdC

     

     

     

     

    Tramachju

     

    Ingutuppatu
    da a neve
    u me paese
    tramachju
    incertu
    di vita
    arrappacatu
    à a muntagna
    disvitata

     

    Vapeur

    Emmitouflé
    sous la neige
    mon village
    vapeur
    de vie
    incertaine
    accrochée
    à la montagne
    exsangue

     

    Monti

    Fragati
    da tempi
    e timpurali
    anticogni
    guasgi
    quant’ed elli
    brumulu
    à limbu
    vi ne currite
    fà è fà
    da u scioglie
    à u sminticà
    è puru
    fà è fà
    accastillati
    turrarete
    un ghjornu po
    tamantu scherzu
    par ogni
    durghjulatura
    prumessavi
    tempu
    stantarati
    un’antra volta

     

    Montagnes

    Rongées
    par des siècles
    et des tempêtes
    presque
    aussi vieilles
    qu’elles
    grain
    à grain
    vous courez
    à votre perte
    tenacement
    depuis l’effritement
    jusqu’à l’oubli
    et pourtant
    tenacement
    un jour
    de nouveau
    vous vous dresserez
    fantastique camouflet
    pour chaque
    fonte
    promise
    dès qu’une
    nouvelle fois
    vous vous serez pétrifiées

     

    Montagnes-couv-web.md

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pasquale Ottavi, Incrinature| Fêlures, Traduit du corse par François-Michel Durazzo en collaboration avec l'auteur,
    in Montagnes, Chemin d’écriture, Une anthologie conçue par Jean-Pierre Chambon, Voix d’Encre 2023, pp.128, 129.

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    PASQUALE  OTTAVI 

    OTTAVI

     

     

     

     

     

     

    Source 

    Bibliographie   → ICI 

     

     

  • Éliane Vernay| Isabelle Palenc | et tourne et roule et boule

    << Poésie d'un jour

     

     

     

     

    IMG_9740

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pastel d’Isabelle Palenc 

     

     

     

    Remonter sans boussole
    à cru,

    vers là où ça s’est rompu ?

    vers ces océans de mémoire
    d’avant l’enfance
    quand des regards debout ensemble et tout l’espace
    rassemblé dans les bras ?

    dedans et dehors prés d’herbe ?

    et qu’alors ensemble naître
    c’est

     

     

    où c’est tombé s’est déchiré, par où
    ça ne parle pas encore

    ou parle
    autrement

     

    quand sans bruit
    remuent les lèvres ?

     

     

    Ce serait dire
    une absence qui se partage dedans doucement
    en forme d’arbre ou d’oiseau
    un visage à embrasser tout le long des veines
    et d’un seul même élan jaillissant pareil
    du vent-velours qui jamais ne s’interrompt
    s’étonnant parfois de trouver un lieu
    comme ça
    sans savoir
    au hasard d’une fleur
    sans question
    qui ferait le tour du monde
    celui du jour celui des épaules
    au bord comme un instant

    un lieu un chemin
    tel un nid
    entre mer et ciel ?

     

    Vernay 1

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Éliane Vernay| Isabelle Palenc, … et tourne et roule et boule, Pastels d’Isabelle Palenc, Voix d’Encre 2023.

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     ÉLIANE  VERNAY 

    Eliane Vernay

    Source


    ■ Sur Terres de femmes

    La rive s’éloigne…, Éditions La tête à l’envers, Encres de Liliane-Ève Brendel.
    Errer pauvre, Peintures de Jérôme Delépine, L’Herbe qui tremble 2023


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions La tête à l’envers) la page de l’éditeur sur La rive s’éloigne…
    → (sur La Cause Littéraireune lecture de La rive s’éloigne… par Philippe Leuckx