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  • 25 décembre | Valérie Rouzeau, Quand je me deux

    Éphéméride culturelle à rebours


    Rouzeau 3







    25 DÉCEMBRE







    Les corbeaux font croix croix croix par-dessus tous
         mes vieux sillons
    Tous mes vieux cieux délit si eux ils clouent des vœux sans
         avenir
    Ça monte au-dessus du nuage le plus noir qu’on a jamais
         cru
    La ville est froide et le cœur nu
    Le sapin brille on l’enguirlande comme il faut une branche
         morte
    Sur la parabole quel oiseau

    Mes chemins boueux chemins profonds j’y enfonce un
         petit soulier
    Et il dure jusqu’au macadam où j’ai maintenant les deux
         pieds
    Quelque chose cloche ou boite à vide
    Manque la neige l’élément heureux sans paternel sempi-
         ternel
    La neige et puis ensuite le boueux l’avant printemps le
         presque bleu
    L’empreinte fauvette de joie peut-être
    La route du berceau à la tombe offre quelque méchants
         cailloux
    Des blessants cailloux par milliers
    Qui n’oublient pas nos petits souliers
    De la poussette au tumulus du joli lange au cumulus
    De la laine de mouton au marbre au dernier souffle
         évaporé
    Nous ne savons pas ce que c’est.




    Valérie Rouzeau, Quand je me deux, Le temps qu’il fait, 2009, pp. 47-48.



    VALÉRIE ROUZEAU


    Rouzeau Durigneux
    D.R. Ph. Michel Durigneux
    Source






    ■ Valérie Rouzeau
    sur Terres de femmes


    [Anthologie du vers unique] (extrait d’Éphéméride)
    [Chez mes hôtes en pays gaga] (autre extrait d’Éphéméride)
    [J’aime aller dans la rue avec en tête un chant] (extrait de Sens averse)
    une fiche bio-bibliographique sur Valérie Rouzeau
    À me bercer (extrait de Va où)
    Nous nous serions perdus (poème de jeunesse)
    Oie rêve à l’azur (note de lecture sur Apothicaria)
    Quand je passerai
    Vrouz (lecture de Tristan Hordé)
    [Tout s’écaille] (extrait de Vrouz)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Dans le vent d’hiver
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le portrait de Valérie Rouzeau (+ un extrait de Va où)



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur remue.net)
    un article de Jacques Josse sur Quand je me deux
    → (sur le tiers livre)
    un dossier de 34 pages sur Valérie Rouzeau, réalisé par l’équipe de la médiathèque municipale Jacques-Thyraud de Romorantin-Lanthenay [texte de présentation d’Angèle Paoli] (PDF)
    → (sur le site Lieux-dits)
    une page consacrée à Valérie Rouzeau (nombreuses photographies)
    → (sur le site des Découvreurs de poésie)
    un article de Thierry Guichard sur Pas revoir, paru dans Le Matricule des Anges (Numéro 027 – août-septembre 1999)
    → (sur le site de Libération)
    Valérie Rouzeau lisant des extraits de Pas Revoir



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  • Béatrice Machet/Un autre jour… la vie

    Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme »
    « « «  Anthologie poétique Terres de femmes (27)






    A Gris-bleue tirant vers le blanc
    Ph., G.AdC





    UN AUTRE JOUR … LA VIE




    Vapeur    Gris bleue tirant vers le blanc         Timide          Occupe la pièce

                                                                                                             À peine       L’aube            Un autre jour

    Que la fenêtre verse         La brume           Tiède

                                                                                              Respirer

    Ravissement

    accablement

    ravissement       accablement       ravissement-accablement-ravissement

                      Accablementravissementaccablemenravissemenaccablemenraviaccalble….…….


    La qualité d’une présence quand elle pèse son poids d’absence

                                              La qualité d’une absence quand elle pèse             son poids de présence

    Ravissement

    Le silence

    Intensité dans l’oscillation génère la chaleur

                                                                                                          Accablement ravi sementacca blemenra

    Vie dilatée la qualité

    Se gorge se gonfle se vague s’enfle se

    Prépare à l’hibernation






    B Gris-bleue tirant vers le mauve
    Ph., G.AdC






    Gris-bleue tirant vers le mauve

    Radiance          Un autre jour

    Il n’y a plus de pièce plus de place plus

    Le silence           sa qualité           vie dilatée           Et puis           l’hiver           Timide

                                                                              À peine              À venir un autre jour              Le silence


    Je descends avec la rosée         dans la nuit       déposée là _________________

    Je suis la vie mon nom               est je-suis-la-vie

    personne répondait Ulysse                                           Vie lui répliquerais-je vie

    Pouvoir                                         au-delà de personne

    Grande magie grande                         médecine

                                                                                                 C’est le nom que souffle le vent c’est le nom

    Que chante la rivière je suis                                La vie


    Je monte avec le soleil qui salue mon courage

    En plein jour vie

    Je suis là

    Déposée

    La terre est mon voyage pour la vie

    Mes pieds au-delà des empreintes qu’ils ont laissées          Dansent des pas sur la voie

    Red road             voie lactée de la vie             Avec la rosée

    Dans la nuit le jour se dépose

                                                                                                                            Je suis la vie tel est mon nom

    Nommons nommez mais non mais si mais vie je suis

    Descend monte et tourne et roule et roue de la vie

    Grande joie             la vie             Personne comme tout le monde





    Béatrice Machet
    le 11 décembre 2009
    depuis Nashville
    pour Angèle et toutes les femmes

    D.R. Texte inédit
    Béatrice Machet/Terres de femmes






    BÉATRICE MACHET

    Beatrice-Machet-
    Source


    Voir aussi :

    – (dans Les Carnets d’Eucharis de Nathalie Riera)
    Béatrice Machet/à la manière des « porteurs de feu » (+ notice bio-bibliographique sur Béatrice Machet) ;
    – (sur le site de L’Amourier éditions)
    une autre notice bio-bibliographique ;
    – (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique (+ un extrait de poème) ;
    – (sur le site du Scriptorium)
    « Pour renverser le mouvement de l’entropie » (extraits de DER de DRE, publié en 2008 chez VOIX éditions, dans la collection Vents contraires animée par Alain Helissen ;
    – (sur le site du Scriptorium)
    un article de Béatrice Machet : « Rétrospective Danse ImproÉsie » (18 septembre 2009).

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  • Marielle Anselmo, Jardins

    Marielle Anselmo, Jardins,
    Tarabuste, Collection DOUTE B.A.T.,
    décembre 2009.


    L-oil -coute.
    Ph., G.AdC







    « DANS L’INFINI BLEU », DIT LE POÈME.



        La traversée des Jardins de Marielle Anselmo est une invite au presque silence. À l’effacement du souffle et de soi. Passer d’« Un Jardin » à « Une Nuit », du « Feu » aux « Îles » (I, II) se fait sur la pointe des pieds, dans la plus grande retenue d’une caresse qui s’ébauche. L’œil écoute. Ce peu de mots qui mène à la rencontre.

        Peu de mots, comme des grains semés sur la page ; des poèmes brefs, ponctués de blancs. Espaces de respiration, de légèreté. Sans rupture ni ponctuation, sans majuscules. Chaque texte ajoute, d’une page à l’autre, sa résonance propre. Peu à peu, la situation s’inverse, et les jardins habitent la promeneuse, diffusent au plus profond des fibres, lumière et beauté. C’est qu’en dépit de l’économie du dire, les mots posés sur la page continuent de murmurer leur chant de douceur et de paix.

        Composé de quatre sections, le recueil Jardins est la quête ― modeste mais essentielle ― d’une histoire perdue, terre et enfance, frère et amour, en même temps que l’attente d’une écriture.

                « au bord
                de ma propre histoire
                perdue »


        Tels sont les mots de l’ouverture du premier recueil.

        « cherchant la forme du poème » est la phrase-clé, isolée sur la page, qui clôt le dernier recueil.

        Entre ces deux temps d’arrimage aux poèmes, d’autres images surgissent, toute une végétation de plantes luxuriantes, fleurs et terres insulaires, odorantes, activités anciennes des pêcheurs, gestes séculaires et bientôt oubliés, sables et lumière, lumière et langue. Et toujours ce qui se dit dans une extrême douceur, un effleurement à peine, c’est la perte. Perte de la « promesse » et perte du visage aimé, perte du frère et perte de soi. Au-delà, perte de l’enfance et du monde qui en constituait la beauté, la confiance, l’éclat. Séparations, disparitions. Jusqu’au constat douloureux :

                « tous les mots de la langue
                sont perdus »


        Mais c’est à peine si, sous les mots, sourdent une plainte, une larme, des pleurs. De peu de durée, de peu de poids. L’amour survient qui fait irruption dans « Feu », léger, lyrique, enjoué, mystérieux. Et avec lui, une langue autre, « étrangère ».

        La langue est sans doute le mot qui revient le plus souvent. Un galet roulé par la vague. D’une section à l’autre du recueil, la langue sème ses ancrages, à travers les poèmes. Une musique court, tantôt légère, tantôt nue, « langue de pures larmes ». Langue de riche et langue de pauvre.

        Le jardin livrera-t-il l’ombre de son secret ?

                « où est le jardin
                et dans le jardin
                l’ombre du figuier

                où est le repos ? »


        « Dans l’infini bleu », dit le poème.


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    MARIELLE ANSELMO


    ■ Marielle Anselmo
    sur Terres de femmes

    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Marielle Anselmo | Les îles
    → (dans la Galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Marielle Anselmo par Guidu Antonietti di Cinarca (+ un extrait de Voir le jour, Revue NU(e), N° 42)



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  • il gattopardo

    Le billet de Nestor

    Le billet hebdomadaire de Nestor (11)


    Luchino visconti
    Image, G.AdC







    IL GATTOPARDO
    (« siamo vecchi, molto vecchi… »)


    Aux ombres de Luchino Visconti




        Nous survécûmes à tous les étonnements, sans lambeaux, sans liens, sans harnais…
        Tentation de l’enfantement, la pire de toutes. Plus de prochaine fois, nous ne sortirons plus. Nous ne nous échangerons pas contre la promesse du jour. Notre sagesse toute fraîche ne s’en ira pas de sitôt.
        L’arrêt autour, sans bleu ni cuivres. L’arrêt comme si vous y étiez. Rien de bien connu. Des étendues bonnes à dire.



        Accéder, détourner : seules traces de ce lointain qui porte en lui nos vœux et marges…


        Ensemble, en terre, en fumée, en poussière, en ombre, en rien…



        Que craignez-vous en ces fêtes sordides où le lierre s’épanche, à l’heure où les feux
        tirent au noir, au plus sourd des nœuds, du demi-sommeil rassasié, des faux éveils
        nourris de mimes et de gloses, faiblement embuant le bassin ébréché, l’envol de la
        guêpe, la chair enchâssée en sa louche coquille qu’étrangle la perle dès longtemps
        nommée et caressée, naissant cristal vous dépeçant dans une odeur de volutes, de chasses
        opaques cambrées à tout rompre…



    Ne rien quérir, ni la visée, ni l’épreuve, ni la séparation qui en viendra à saper leur prolifération, leur écartèlement…



        Rien racheté, pourtant, rien effacé de cette libre durée où à votre insu nous glissions de sommeil incurvé en cascade, humions les lames de demain, et les trêves dans la grêle, sur les nuques et les cruches assouvies, simplement, pour l’anéantie à venir…
        Fuite qui n’entame ni sépare cette lumière délinquante, de quel côté qu’on la brise, aux retours.



    Nous ne savons que ce dont nous nous souvenons, l’acquiescement qui va du nombre au chant…


        Lune paludiquement dépliée, halètement, souffles usés, l’ombre si peu foulée qui fit trembler herbes et feuilles, ce fleuve qui ne croit désormais qu’en ce qu’il croise…



        Incurables automnes ne valant que par l’ombre panique de l’entre-deux, de nos
        marges, des doubles de soi que sont ces dieux qui ne nous ont jamais rien promis, ni le
        meilleur, ni le pire…



    Tranchant arrachant les bourreaux à leur hébétude, clairière du noyé fouillant le reflet dans l’onde qui juge, pénétrant ce qu’elle a elle-même engendré, renvoyant à l’ébauche de son absolution…


    Ô feux qui font mûrir en jouant, qui cernent le lieu, aplatissent la durée, qui voient, mais ne se laissent pas voir…



        Peur des rives et des failles, du oui comme du non, de rester, de détacher, peur de faiblir ou de recueillir, de ce qui entoure, de ce qui rompt, des présences et des recels, de vider et de dire…



    Ô miel des fins, des impasses, déchirant l’édit de la foi en l’Autre comme au Même, ces chimères…


    Miroir taillé par les jeunes mains, jadis, heurts, legs, sortilèges, aplomb de ce que jour offre et nuit reprend, le bond lézardé, le feu irréfléchi…



        Le long des routes désertes que le vent dissèque, tisonne et momifie, seules tournent nos
        lanternes magiques, fuite des reîtres, arbres de blasphème, fracas,
        replis gorgés d’ombre…
            Mûre blondeur d’avoine, rousseur de pain, houle blanc et or en ces
        futaies que l’image se garde de troubler, semis, terres tassées, cadrans aux heures
        mortes, verdure ourlée de roux, prophètes roublards, sentiers aux aisselles pâles… Tenez-vous prêts aux jours raturés, aux fêtes de l’aveugle enceinte, aux heures crépitant de
        fables, de faucilles domptées, de ces chants que tisse l’aiguille que ni l’exil des
        feux, ni le cliquetis des brindilles, ni l’approche du lieu cousu de malignes charrues et des promesses de la chiourme jamais ne firent presser le pas…



    Guérison dévoyée à moins tard, mordillant la claire douceur qui jamais ne se remit à un futur du temps…


    Secret du passage, dépossédant sans rien cacher…



        Les foudres blondes nous coucheront en plein essor. Ainsi irons-nous, couverts de fardeaux paisibles, vers la plaine ouverte et la rade attentive, vers cette blancheur prisonnière des sentiers divergents. L’heure renversée à dessein ne repoussera pas. Tout sera conquis en pure perte.



    Singulière pudeur que de se refuser de partager avec d’autres les mystères qui les ordonnent…


    Réalité rendue et subvertie, s’en allant avec chaque mort…



        Prunelles éclairant les haches levées, les neuf cieux caducs où l’on contemple
              notre image, carrefours du lisse, puis de l’aveugle, piétinant l’heure, cinglant les liens
        du regard, terreaux fumés de sang, embrasés comme l’ouverte pivoine guettant les
              sourdes volières des reines…



    Tout revient, tout reviendra, tout déjà et de toujours revenu pour peu que ça ne soit, n’ait jamais été le présent, cette imposture, l’issue sournoisement dérobée que tous, pourtant, peuvent rejoindre pour frôler le lieu sans confins dont elle dénoue l’approche en en mimant l’interdit…



        Tu nous revois, le masque repeint, penchés sur la moindre falaise.
        Enfants criblés de recels, régnant sur les creux et le sel de la place, sous la grande rumeur de fortune.
        Il pleuvait, de partout. Mais pas sur la terrasse où nous circulions, affublés du versant inouï, au dernier son des tambours.
        Imagine-nous, enfin – loin des fournées publiques – comme du temps où nous nous embarrassions de l’apparence des noces.


        Mieux vaut mourir entier que s’éprouver prophète.


        Le désert ayant défenestré ses ajoncs, l’écluse n’émancipant plus, sinon ces transhumances voûtées, cribles blancs des routes, la détonation hissant ses couleurs jusqu’au sommeil des langues, on nous dira que la violence est partout…
         Allons, messieurs, du calme ! Ce paysage n’est pas de fantaisie. La glaciation n’est pas une vue de l’esprit. Flèche ou enclume, le choix n’est pas si aisé qu’on l’eût cru. Dilapidez, dilapidez, même de haut, même de loin, il en restera toujours quelque chose. Mais voilà, le cancer effrange ses griffes, l’étau se cabre, l’esquisse de cercle dilate ses derniers guetteurs, les mains disparates rendent presque insoutenable la marge…
        Elle ne sert plus à rien, à RIEN, l’étrave repue, compagnons d’hier, et posthumes, puisque demain frileusement se dérobe. Nous ferions comme si vous nous aviez compris, insensibles à la défaite comme à son épilogue, n’ayant pas plus à dire qu’à faire, sachant peu, mais fort, comme l’urgence de cette heure où nos sangs, bonds et entames désertés, se coucheront joyeusement sous les sabots.
        Au havre des pas amarrer l’habitude. L’avenir nous appartient. L’extinction des feux se fera dans la dignité qui convient, le fracas est une denrée périssable, le scalpel jamais ne surgira d’entre les lignes. Au réveil, pour mémoire, il était à peu près midi.



    André Rougier
    D.R. Texte André Rougier






    IL GATTOPARDO


    Gattopardo3
    Site Visconti


    Voir/écouter aussi :

    – (sur Terres de femmes)
    23 mai 1963/Palme d’or pour Le Guépard de Luchino Visconti ;
    – (dans les archives de Rai.it)
    une interview radiophonique (en italien) de Luchino Visconti à propos du Gattopardo ;
    – (sur le site de la Cinémathèque française)
    fiche bio-filmographique sur Luchino Visconti, dont une fiche sur Le Guépard ;
    – (sur le site Visconti)
    la fiche du film Il Gattopardo.



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  • Béatrice Libert | Attente

    Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme »
    « « «  Anthologie poétique Terres de femmes (26)


    J-ai tranch- leur silence  avec le couteau de la gourmandise
    Ph., G.AdC





    ATTENTE



    En attendant que tu reviennes
    j’ai découpé quelques fruits
    dans un plat en faïence
    J’ai tranché leur silence
    avec le couteau de la gourmandise
    Posés côte à côte
    ils parlaient la langue de l’été

    Il y avait ce plein dans le léger
    que l’on appelle le don
    Et je songeais que notre vie
    n’a pas son pareil
    pour donner plus de fruits
    qu’un verger au soleil



    Béatrice Libert
    D.R. Texte inédit pour Terres de femmes
    © Béatrice Libert






    BÉATRICE LIBERT


    Beatrice Libert
    Source



    ■ Béatrice Libert
    sur Terres de femmes

    Nous traversons l’abîme (+ bio-bibliographie de Béatrice Libert)
    [Les pierres et les mots] (extrait de Battre l’immense)
    Très souvent
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    un Portrait de Béatrice Libert (+ un extrait d’Être au monde



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  • 19 décembre 1851 | Mort de William Turner

    Éphéméride culturelle à rebours

    Invitée du jour : Fabian Gastellier



         Le 19 décembre 1851 meurt à Chelsea le peintre et graveur britannique Joseph Mallord William Turner. Il s’éteint en murmurant : « Le soleil est Dieu. »






    Turner
    Joseph Mallord William Turner,
    Autoportrait, vers 1799
    Huile sur toile, 58 × 72,5 cm
    Londres, Tate Britain






    « Turner naquit académicien et mourut impressionniste » (Émile Verhaeren)


         Fils d’un modeste barbier, Joseph Mallord William Turner, né à Covent Garden le 23 avril 1775, n’a pas dix ans lorsqu’il exécute ses premiers dessins dans le Kent, aux alentours de Margate où la mer habite l’espace.

         Le 11 décembre 1789, Turner, âgé de quatorze ans, intègre l’école de la Royal Academy of Arts qu’il fréquente jusqu’en 1793. Il perfectionne son trait, étudie la perspective, s’initie à la gravure et s’ouvre à la couleur. Sa première palette distille des tons froids, dans la tradition des paysagistes anglais, Paul Sandby ou Richard Wilson. Elle va se réchauffer au contact des maîtres hollandais ou à travers l’étude des œuvres de Watteau ou du Titien. Mais c’est auprès de Nicolas Poussin ― dont il analysera l’arithmétique des couleurs ― et de Claude Gellée ― dit Le Lorrain ―, que Turner puisera l’essentiel de son travail de réflexion. Si Turner sait apprendre des Anciens, son ambition et son cheminement vont le pousser à chercher bien au-delà, en dépassant cadres, codes et conventions.

         Parallèlement aux grandes toiles, Turner multiplie les aquarelles, ce travail du papier où le pinceau semble toujours effleurer une surface fragile qu’il portera jusqu’à l’excellence. Dès 1796, Turner expose à la Royal Academy Pêcheurs en mer, peinture à l’huile qui enthousiasme la critique. Turner va vivre son art dans une relative aisance: reconnu et à l’abri de tout problème financier, même si l’homme est bien plus complexe qu’il n’y paraît.

         Insatiable spectateur de la nature, Turner parcourt son île du sud au nord, livre des croquis de Bristol, Barth, Hammersmith… Devenu Académicien en 1802, il voyage alors en Écosse, dans le pays de Galles, le Devonshire, en Suisse, en Belgique et en France où il admire « les grands horizons baignés d’une douce lumière » qui ont séduit Claude Lorrain. Si, dans ses œuvres de jeunesse, les formes sont précisément et solidement tracées, l’artiste s’enhardit très vite et se libère des servitudes étroites du dessin. Sous l’assaut d’un bleu, d’un vert, d’un rouge ou d’un jaune, la description picturale s’effrite. Par un jeu savant d’ombres légères, de tons purs ordonnés en minces couches, de subtils contrastes, il parvient à restituer l’éclat d’un soleil ou d’un ciel comme la pâleur d’un rayon de lune ou encore les sensations de pluie communes aux orages et aux tempêtes… Fin lettré, Turner puise souvent chez les poètes le commentaire accompagnant ses toiles. Ainsi, pour Matin sur la montagne de Coniston, Cumberland, de 1798, choisit-il quelques vers de Milton qui semblent écrits pour son univers pictural :


              « Vous, brouillards et exhalaisons qui maintenant vous élevez,
             Gris ou sombres, de la colline ou du lac ondulant,
             Jusqu’à ce que le soleil peigne d’or vos franges laineuses,
             Levez-vous en l’honneur du grand Créateur du monde.»

             (John Milton, Le Paradis perdu)



    « Le peintre avait su habituer les yeux à ne pas reconnaître de frontière fixe » (Marcel Proust)


         En 1818, sa rencontre avec Venise marque un tournant radical. L’aspect narratif est évacué. La réalité figurative se dissout en vapeurs irréelles, en danses, en buées, en impressions. Tout échappe pour renaître en flux ininterrompu d’ondes diaprées. Les couleurs fondent aussi pour n’être plus qu’une célébration de la couleur d’où surgit la lumière : ainsi naît une vision subjective, entre mémoire d’un site, imagination et rêve.

         Au fil des ans, l’artiste offre une clarté de plus en plus éblouissante. L’œil est happé par un halo où les ors, les crème et les blancs se brisent en mille nuances. Turner est arrivé à un stade où il peint une vision lumineuse d’un lieu, ne s’attachant pas seulement à la représentation de la lumière naturelle qui baignerait un paysage, mais faisant de la couleur et de la lumière les structures mêmes du tableau ou de l’aquarelle. Il n’est, hélas, guère compris et le critique William Hazlitt dira de ces toiles qu’elles sont « des portraits de rien, mais très ressemblants. »

         « Seul un nouveau Turner peut comprendre Turner », soupirait John Ruskin, son plus ardent défenseur et collectionneur. Pourtant, avec cet univers du trouble, du vague et du flou nimbés d’éclats, Turner est parvenu à sublimer le Romantisme et à inventer un nouveau langage pictural qui allait trouver son écho un quart de siècle plus tard.



    « Ces tableaux paraissent peints, non avec de vulgaires pâtes, mais avec des couleurs immatérielles » (Paul Signac)


         En 1846, Turner rompt avec le monde pour s’isoler dans sa demeure de Chelsea sous le nom d’Admiral Booth (patronyme de sa dernière compagne) pour y mourir le 19 décembre 1851. N’ayant pas d’héritier, tous ses tableaux reviennent à la Couronne, soit un legs de plus de trois cents huiles et vingt-mille ébauches : l’intégralité du fonds de son atelier.

         Vingt-huit ans après l’exposition d’une de ses toiles majeures Pluie, vapeur et vitesse : le Great Western Railway, 1844, Claude Monet accroche dans l’atelier du photographe Nadar son Impression soleil levant. L’Impressionnisme est né. Si Turner, par son invention de la couleur et de la lumière comme mode de récit pictural, en est sans doute aucun le véritable précurseur, on peut s’autoriser à penser que, par ses confrontations de couleurs d’où tout support descriptif est absent, il est aussi l’annonciateur de l’abstraction.

    « Turner, devait dire Debussy, est le plus grand créateur de mystère en tout art. »


    Fabian Gastellier
    D.R. Texte Fabian Gastellier
    pour Terres de femmes.






    Turner 1
    William Turner
    Confluent de la Severn et de la Wye
    ou Paysage avec une rivière et une baie au loin, 1845
    Huile sur toile, 93,4 x 123,5 cm
    Paris, Musée du Louvre.





    « Paysage avec une rivière et une baie au loin »


         « On se trouve en face d’un brouillis de rose et de terre de sienne brûlée, de bleu et de blanc, frottés avec un chiffon, tantôt en tournant en rond, tantôt en filant en droite ligne ou en bifurquant en de longs zigzags. On dirait d’une estampe balayée avec de la mie de pain ou d’un amas de couleurs tendres étendues à l’eau dans une feuille de papier qu’on referme, puis qu’on rabote à tour de bras, avec une brosse ; cela sème des jeux de nuances étonnantes surtout si l’on éparpille, avant de refermer la feuille, quelques points de blanc de gouache.
         C’est cela, vu de très près, et, à distance, … tout s’équilibre. Devant les yeux dissuadés, surgit un merveilleux paysage, un site féerique, un fleuve irradié coulant sous un soleil dont les rayons s’irisent. Un pâle firmament fuit à perte de vue, se noie dans un horizon de nacre, se réverbère et marche dans une eau qui chatoie, comme savonneuse, avec la couleur du spectre coloré des bulles. Où, dans quel pays, dans quel Eldorado, dans quel Eden flamboient ces folies de clarté, ces torrents de jour réfractés par des nuages laiteux, tachés de rouge feu et sillés de violet, tels que des fonds précieux d’opale ? Et ces sites sont réels pourtant ; ce sont des paysages d’automne, des bois rouillés, des eaux courantes, des futaies qui se déchevèlent, mais ce sont aussi des paysages volatilisés, des aubes de plein ciel ; ce sont des fêtes, célestes et fluviales, d’une nature sublimée, décortiquée, rendue complètement fluide, par un grand poète. »


    Joris-Karl Huysmans, Certains [1889] in Écrits sur l’art : L’Art moderne ; Certains ; Trois Primitifs, Éditions Flammarion, Collection GF, 2008, pp. 201 sqq.

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  • 17 décembre 1934 |
    Salomé dans L’Âge d’homme de Michel Leiris

    Éphéméride culturelle à rebours




    Salomé
    Lucas Cranach l’Aîné
    Salomé, vers 1530
    Huile sur panneau de bois, 87 x 58 cm
    Museum of Fine Arts, Budapest






    SALOMÉ




    J’ai eu entre les mains plusieurs photos de tante Lise dans le rôle de la Salomé de Richard Strauss. J’étais totalement bouleversé au spectacle de sa forte poitrine retenue par deux plaques de métal ouvragé, sur sa chair nue ou sur un maillot rose et il me semblait respirer son odeur.

    Ce drame qui se déroule tout entier sur la terrasse du tétrarque Hérode, au bord de la mer Morte encore tout imprégnée de la pluie de soufre et de feu qui anéantit Sodome et Gomorrhe, villes marquées par le courroux de Dieu, m’a toujours donné, aussi bien par la musique de Strauss que par le texte d’Oscar Wilde, une impression de cauchemar, d’érotisme angoissant. Le tétrarque peureux qui redoute les mauvais présages (« Ha ! J’ai glissé dans le sang ! ») et cherche la débauche comme un refuge, d’autre part Salomé écrasée
    ― par ordre du tétrarque doublement incestueux
    ― sous des boucliers (après avoir joué avec une tête que, sur sa demande, le tétrarque a fait couper) sont des éléments tout à fait hallucinants. Je me suis souvent identifié plus ou moins à ce tétrarque lâche et cruel qui se roule ivre aux pieds de Salomé.

    Enfant, j’ai vu la Salomé de Strauss deux fois, à l’Opéra. La première fois, avec la cantatrice italienne Gemma Bellincioni, qui en dégageait assez bien le côté morbide ; la seconde fois avec le soprano écossais Mary G…*, alors très belle fille. À diverses reprises, je stimulai mon imagination à l’aide d’une photographie de la prestigieuse Écossaise, où elle était représentée en une longue tunique pailletée lui moulant tout le corps, y compris le mont de Vénus, et lui laissant un bras, une épaule et une aisselle entièrement dénudée.

    Plus récemment, j’ai vu la Salomé de Wilde chez Georges Pitoëff, qui jouait lui-même le rôle d’Hérode, ayant pour partenaire sa femme en Salomé. C’était vers la fin d’une liaison dont je parlerai plus loin, et j’éprouvais une terrible tristesse à voir cette pièce en compagnie d’une amie que déjà je n’aimais plus. Au cours de cette même liaison, et peut-être vers la même époque, sentant mon amour diminuer et voulant m’en punir, je m’étais mis nu dans ma salle de bains et m’étais griffé le corps entier à coups de ciseaux, avec une sorte d’enragée et voluptueuse application.

    Enfin, le 17 décembre 1934 au soir, j’ai revu Salomé à l’Opéra, où il y avait bien longtemps que je n’étais pas allé. Une cantatrice anglaise ** incarnait la fillette vicieuse, un ténor wagnérien à vastes ventre et pectoraux chantait le rôle d’Hérode, un baryton australien à mine d’Hercule de foire celui du squelettique Yokanaan. Je ne me rappelais tout de même pas que l’orchestre de Strauss fût si extraordinairement et constamment véhément. L’Anglaise chantait assez bien mais manquait de plastique, d’ailleurs trop habillée, trop caparaçonnée d’étoffes raidies et lourdes ; ses contorsions n’avaient rien d’excitant ; en fait de dévêtement en progression savante, sa danse des sept voiles était une escroquerie. Ainsi qu’il est de règle à l’Opéra, les acteurs paraissaient minuscules (coincés entre la scène immense d’où souffle un vent glacé et la fosse orchestrale bouillonnante de plastrons blanchâtres et de chefs chenus) et l’on ne comprenait autant dire rien de ce qu’ils prononçaient. Mais la frénésie du tétrarque (un peu grotesque au demeurant, outrée et conventionnelle, dans le style mélodrame) situait l’œuvre sur ce qui reste, pour moi, son juste plan : l’histoire d’un monarque érotomane et obsédé, qui voit la mort partout et se convulse devant la Femme, tremblant aux paroles du prophète qui clame du fond de son puits comme une voix montant, en dehors de l’espace et des siècles, de la noirceur de l’utérus ; quand il voit à la fin que la marche du monde, décidément, lui échappe, il ordonne le meurtre de la femme, en trépignant comme un enfant que ses jouets ne veulent pas écouter.

    Il y aurait beaucoup à dire sur ce drame, et sur Salomé elle-même, fille implacable et châtreuse (puisqu’elle fait trancher la tête du prophète bien qu’elle l’aime, et qu’un autre homme, presque dès le début, s’est ouvert le ventre pour elle), châtiée finalement par Hérode, père incestueux et terrifié. Du lever au baisser du rideau, tout se meut sur le mode orageux du sacré, sans relâche, parmi les relents de bazar mêlés au ferraillement d’automates à quelques sous.



    Michel Leiris, L’Âge d’homme, Éditions Gallimard, 1939 ; Collection folio, 1973, pp. 93-94-95-96.




    _________________________________
    Note d’AP :
    * Mary Garden
    ** Très probablement Marjorie Lawrence, mais celle-ci n’est pas anglaise, mais australienne.






    L'age d'homme Leiris
    Sur la première de couverture :
    Lucas Cranach l’Aîné,
    Judith et Holopherne, apr. 1537
    Huile sur panneau de bois, 75,2 x 51 cm
    Vienne, Kunsthistorisches Museum





    ■ Michel Leiris
    sur Terres de femmes

    18 janvier 1931 | L’Afrique fantôme
    5 avril 1932 | Du carnet de voyage au journal intime
    Glossaire j’y serre mes gloses [P]
    Léna



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Terres de femmes)
    30 avril 1902 | Création de Pelléas et Mélisande de Debussy (avec Mary Garden)
    → (sur Terres de femmes)
    8 mai 1907 | Création française de Salomé de Richard Strauss
    → (sur Terres de femmes)
    30 juin 1961 | Première de Salomé au Teatro Nuovo de Spoleto



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  • Valérie Rouzeau | Dans le vent d’hiver


    Et je jure après le soleil l’essieu la lune Comme un chauffeur routier international
    Ph., G.AdC





    DANS LE VENT D’HIVER


    Dans le vent d’hiver feuille de route
    Tombe la neige en papillons sombres pare-brise
    Tombe une fille petits pieds percés pare-choc
    Et je jure après le soleil l’essieu la lune
    Comme un chauffeur routier international.




    Valérie Rouzeau
    D.R. Texte inédit
    Valérie Rouzeau/Terres de femmes






    VALÉRIE ROUZEAU

    Valérie Rouzeau- photo Michel Durigneux
    D.R. Ph. Michel Durigneux
    Source




    ■ Valérie Rouzeau
    sur Terres de femmes

    [J’aime aller dans la rue avec en tête un chant] (extrait de Sens averse)
    une fiche bio-bibliographique sur Valérie Rouzeau
    À me bercer (extrait de Va où)
    Nous nous serions perdus (poème de jeunesse)
    Oie rêve à l’azur (note de lecture sur Apothicaria)
    25 décembre | Valérie Rouzeau, Quand je me deux
    Quand je passerai
    Vrouz (lecture de Tristan Hordé)
    [Tout s’écaille] (extrait de Vrouz)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le portrait de Valérie Rouzeau (+ un extrait de Va où)


    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le tiers livre)
    un dossier de 34 pages sur Valérie Rouzeau, réalisé par l’équipe de la médiathèque municipale Jacques-Thyraud de Romorantin-Lanthenay [texte de présentation d’Angèle Paoli] (PDF)
    → (sur le site Lieux-dits)
    une page consacrée à Valérie Rouzeau (nombreuses photographies)
    → (sur le site des Découvreurs de poésie)
    un article de Thierry Guichard sur Pas revoir, paru dans Le Matricule des Anges (Numéro 027 – août-septembre 1999)
    → (sur le site de Libération)
    Valérie Rouzeau disant des extraits de Pas revoir (L’Idée Bleue, 1999)

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  • Le Lion des Abruzzes

    chez Cousu Main



    « Un récit poétique dans les rues de Rome,
    un récit onirique troublant et sensuel. »

    (Caroline Leboucq)





    Cavaliere en nb





    Vient de paraître
    chez Cousu Main



    Le Lion des Abruzzes



    par Angèle Paoli



    Photographies de
    Guidu Antonietti di Cinarca






    IMGP0018 BIS







    IMGP0004 BIS







    IMGP0028 BIS







    IMGP0017 BIS



    12 pages nouées par un ruban.
    ISBN : 2-918958-00-0
    6 € (franco de port)
    Chèques à l’ordre de Cousu Main
    11, rue Bourguet
    84000 Avignon
    http://editionscousumain.blogspot.fr


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