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  • Nathalie Riera | page aphone où tout est voix






            Ne rien d-voiler de plus que l-horizon de l-
            Ph., G.AdC





    Page aphone où tout est voix qui ne peut s’élever ni sombrer mais ouïr le sable s’écouler entre les syllabes sur la table où tu me dégrafes me tournes vers l’horizon où touffus les soupirs en sont comme grisant A des carrefours du poème écrire la route qui mène vers plus ou moins de rond-point/nœuds/bretelles/déserts Suivre le poème écrire à fond de train sur le sol sans pierres


    poivre et terre pêle-mêle bouches et cuisses le tout en haut le tout proche veulent frémir au secret du mot qui est ne jamais vieillir aux lèvres qui ruminent mais surgir sur la page où simplement ne rien dévoiler de plus que l’horizon de l’instant sur la table où tu raffoles de formes et de couleurs sel et sucre ronds et triangles des passions


    trèfle et résille de lumière brève sur la grève/brin de jaune/clair et net ne pas craindre le froid dans le fond mauve des hivers ni même l’imprévisible à contre-jour l’irréparable voir l’amour quand parler devient vœu de silence où tu me dégrafes se refaire un cœur avec art brut les étreintes des mots muscles/joncs/archets des éclairs brefs au bout du jour ses traits vifs vertes ses herbes et d’or les pourtours

    Justement l’amour





    Nathalie Riera
    © Nathalie Riera, texte inédit







    NATHALIE RIERA


    Natahlie Riera
    Image, G.AdC



    ■ Nathalie Riera
    sur Terres de femmes

    [elle a pleuré imploré la main absente] (extrait de Paysages d’été)
    Carnet de campagne II (extrait de Puisque beauté il y a)
    [dévêtue la main] (extrait de Feeling is first)
    Variations d’herbes (note de lecture d’AP)
    in angulo (extrait de Variations d’herbes)
    Là où fleurs où flèches



    ■ Voir aussi ▼

    Les Carnets d’Eucharis (le site de Nathalie Riera)



    décembre 2009
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  • Ophélie Jaësan, Iceberg memories

    Ophélie Jaësan, Iceberg memories, roman,
    Actes Sud, Collection un endroit où aller, 2009.







            Fontana_-_Concetto_spaziale
           Lucio Fontana
              Concetto spaziale, 1960
              Huile sur toile, 166 x 90 cm
              Museo di arte moderna e contemporanea
              di Trento e Rovereto
              Source



    ROUGE LACÉRATION



        « Tous les détails comptent ». Tous, depuis le Concetto spaziale (1960, Rovereto) de Lucio Fontana choisi pour la jaquette de couverture, écho à « la toile lacérée » qui orne le mur du salon d’Augusto Ortega. Tous, depuis le romancier argentin Ernesto Sábato ―&nbspà qui est emprunté l’exergue sur lequel s’ouvre le roman polyphonique d’Ophélie Jaësan, Iceberg memories ―, écho paratextuel au personnage d’Ernesto Sábato. « Tous les détails comptent » pour Mona. Jusqu’au « papier beige et rose, jauni » qui recouvre les murs de la chambre dans laquelle elle se trouve. Jusqu’au « miroir ébréché » abandonné là sur un rebord de cheminée, qui renvoie à ce vide incompréhensible sur lequel se porte l’effort de mémoire de Mona.

        Livrée aux hallucinations cauchemardesques qui l’assaillent ― ces visions terrifiantes qui continuent de lui arracher des cris pendant son sommeil ―, Mona tente péniblement, en s’arrimant désespérément aux objets qui l’entourent, de reconstituer les événements auxquels elle a été confrontée. Remontent alors, à la surface de sa mémoire, les souvenirs glacés des sévices qu’elle a subis. Torture. Viol. Engloutissement. De la terreur qu’elle a vécue. Attentats. Disparition de sa sœur Luisa. Enlèvement d’Ernesto, le compagnon de Luisa. Luisa et Ernesto, Augusto et Mona. Tous quatre opposants au régime dictatorial de l’Argentine des années noires.

        Quatre voix s’entrecroisent et se relaient pour ramener à la surface, par-delà trente ans de silence, une mémoire familiale lourdement meurtrie, saccagée. Chaque voix à tour de rôle rejoint le devant de la scène pour prendre en compte, à travers sa propre histoire, le poids du passé et de l’autre. Le poids de la mort. Les voix des femmes s’entrelacent autour de celle, quatre fois récurrente, de Mona, pilier du roman et point de rencontre des récits de Luisa, de Katia et de Lisa. Ainsi, chaque voix reconstitue et reconstruit l’histoire dont toutes quatre sont issues, à deux générations d’intervalle.

        C’est avec la voix de Mona que s’ouvre Iceberg memories. Mona, qui occupe le centre du quatuor qu’elle compose avec sa sœur Luisa et avec Katia et Lisa, ses filles. Les voix verticales alternent ainsi avec les voix horizontales. Passé et présent se confondent, tressant autour de chacune des femmes son réseau serré de tragédies et de fêlures, de silences oppressants et de terreur. La voix de Luisa ramène les événements longtemps en arrière et s’éteint sur « l’heure arrêtée » de l’enlèvement d’Ernesto. La voix de Katia, qui revient sur le passé de sa mère, confie : « Je connais mal ma mère, son enfance argentine, l’histoire de ses parents, de sa rencontre avec mon père ». Katia qui conclut, quelques pages plus loin : « Nous n’en aurons jamais fini avec le passé. Avec les morts, les démons. Aucun exorcisme, aucune psychanalyse, aucun médicament ne pourront les faire déserter nos corps. » C’est aussi ce que dit Lisa, Lisa la fugueuse, qui ne trouve ailleurs, ― jusqu’à Buenos Aires où elle se rend, en quête de réponses ―, que « son éternelle absence ». Lisa qui sait que « les morts reviennent, mais pas seulement les morts, les vivants aussi ». Qui « reviennent pour obtenir des réponses » et « leurs regards sont comme des coups ». Lisa qui connaît par cœur la Quinzième poésie verticale de Roberto Juarroz, dont le recueil-talisman lui a été offert par sa mère. Lisa qui comprend ― trop tard, au moment où elle apprend la mort de son père ― le combat qu’ont mené ses parents, « dès 1973, après l’avènement de Cámpora, avec les Jeunesses péronistes ».

        C’est aussi avec Mona que se clôt le roman. Mona dont la mort d’Augusto a ramené auprès d’elle ses deux filles. Mona qui vient de mettre le feu à toutes les feuilles qu’elle a noircies de ses phrases. Dernier geste inventé pour conjurer le passé et rompre définitivement les fils qui la relient à l’Argentine de sa jeunesse. Et enfouir ainsi, avant de mourir, « le silence assourdissant » qu’elle porte encore en elle.

        Un très beau quatuor, rouge lacération, très abouti. À la fois prenant et bouleversant.


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli





    OPHÉLIE JAËSAN


    Portrait de Ophelie Jaesan
    Image, G.AdC




    ■ Ophélie Jaësan
    sur Terres de femmes

    Ophélie Jaësan, Le Pouvoir des écorces (note de lecture)
    → (dans l’anthologie Terres de femmes)
    Une branche de bois vert





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  • Dominique Sorrente |
    J’écris comme on décide par fragments

    «  Poésie d’un jour  »




        Femme o- le cypr-s s-oriente
        Ph., G.AdC







         J’ÉCRIS COMME ON DÉCIDE PAR FRAGMENTS




        J’écris comme on décide par fragments. Le temps

        d’une lettre cachée qui me retourne vers ma naissance.


        Le monde, sous cette main, est une mise à feu multipliée.


                                                                *


        Jeux d’infinis miroirs : que deviendra, dans tout ce dédale,
        la sentinelle apocryphe ?


                                                                *


        Tu es l’ouverte dans le mensonge comateux qui se donne,
        une traduction improbable tentée avec ses yeux bandés.


                                                                *


        À force d’en finir, le soir tressaille l’origine.
        À force de commencer, le mot partout se bâtit
        une bibliothèque.


                                                                *


        Mais dans le brouhaha de la fête obligée, à heures fixes,
        des applaudissements en mécanique, qui parmi nous sait
        encore observer le grain de sable qui donnera l’alerte ?


                                                                *


        Volant de l’un à l’autre, la poussière passionnée, le jeu
        mystérieux des anges qui se dénouent sur ton corps.


                                                                *


        Femme où le cyprès s’oriente, vent de la poussière, vent de la vie première, rythme,
        là-bas, sans généalogie où l’impossible amour roule sa pierre
        en souriant.



    Dominique Sorrente, « Le Je de Collioure », Empire du milieu intérieur, Journal, 2003, in Pays sous les continents, Un itinéraire poétique, 1978-2008, Éditions MLD, 22000 Saint-Brieuc, 2009, pp. 135-136.





    DOMINIQUE SORRENTE


    Domnique_sorrente
    Source



    ■ Dominique Sorrente
    sur Terres de femmes

    [À défaut de livre, au moins cette promesse de poème] (poème extrait d’Il y a de l’innocence dans l’air)
    C’est bien ici la terre (note de lecture de Laurence Verrey)
    C’est la terre
    Écueils
    [je suis celle qui se voue à la flamme]
    Le temps sans rideaux
    [L’humeur est passe-partout] (extrait de Tu dis : rejoindre le fleuve)
    Pays sous les continents
    [Les rideaux] (extrait des Gens comme ça va)
    Le Scriptorium/Portrait de groupe en poésie



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site du cipM)
    une notice bio-bibliographique (non mise à jour)
    → (sur le site du Scriptorium de Marseille)
    un Portrait de Dominique Sorrente






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  • Jean-Pierre Spilmont | Ici le soleil finit juste de se lever

    «  Poésie d’un jour  »





    Pourtant- le matin se l-ve ici comme il le fait - Shangha-
    Ph., G.AdC






    ICI LE SOLEIL FINIT JUSTE DE SE LEVER


    À Colette Nys-Mazure




        Où serons-nous demain ?


        Dans ce désert, peut-être, où les dieux n’ont jamais parlé ?


        Ils sont absents depuis si longtemps qu’on a lentement fini par les oublier.


        Il y a dans le monde des lieux où la lumière n’arrive pas.

        Des lieux d’exil où l’on se tient à distance pour oublier la lente défoliation des jours

        Pourtant, le matin se lève ici comme il le fait à Shanghaï, à Prague ou à Persépolis.

        Et l’on doit chaque matin renouer avec le désir.



        Ici, le soleil finit juste de se lever

        Un grand murmure vert accompagne le vent

        Quelle chanson montera en nous, doucement ? Quelle musique passera nos lèvres ?

        Nous chanterons à haute voix.

        Un homme se lèvera de son champ et ceux qu’il verra passer ne lui

        seront pas étrangers.


    *


        Il s’est levé ce matin un grand vent qui balaie les terrasses et fait battre les portes. un vent de plein hiver qui courbe la mince ligne d’arbres au pied des collines, loin de la route.
        Le pays se resserre comme un village après la pluie.
        Il s’offre, douloureusement. La lumière s’y mesure tout le jour aux quatre pans des toits offerts au dénuement du ciel.



        Ici monte une fumée qui détient des pouvoirs sur la mémoire des choses.
        L’horizon investit le regard. Il nous faut des demeures de terre et d’eau, ces abris de lumière, ces arbres, cette clarté pour choisir, enfin, non pas une île où accoster, mais l’infini mouvement des saisons. Leur voyage.
        Une vibration à peine perceptible se glisse entre les pierres.
        Lumière plutôt que mouvement.


    *



         Lumière encore.

        Miroir et mémoire de nos premiers balbutiements. Éclairant le lieu de nos amours comme celui de nos égarements et de nos fureurs.

        Lumière blanche. Implacable. Où vient s’inscrire, en creux, l’absence d’un invisible monde d’où seule pourrait naître, pourtant, la fragile fécondité de nos voix.

        Son pacte.         Sa fondation.

        Nécessairement provisoires.



    Jean-Pierre Spilmont, L’Incessant Tourment d’espérance in Lumière des mains suivi de L’Incessant Tourment d’espérance, Cadex Éditions, collection Marine, Russan – 30 190 Sainte-Anastasie, réédition augmentée, 2005, pp. 31-32-35. Photographies de Henri Maccheroni.






    JEAN-PIERRE SPILMONT

    Jean-Pierre Spilmont
    Source

    Voir aussi :

    – (sur le site des éditions Cadex)
    la fiche livre sur Lumière des mains de Jean-Pierre Spilmont ;
    – (sur Terres de femmes)
    Jean-Pierre Spilmont, Une saison flamande (note de lecture) ;
    le site consacré à Jean-Pierre Spilmont.



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  • Sandra Moussempès, Photogénie des ombres peintes

    Sandra Moussempès, Photogénie des ombres peintes,
    Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, 2009.




    L’ÉCRITURE POÉTIQUE À L’ÉPREUVE DE LA DÉPOSSESSION




         Les ombres peintes qui peuplent une vie peuvent-elles être photogéniques ? Faut-il rendre aux ombres peintes leur photogénie originelle ? Faut-il au contraire s’en déprendre ? S’en séparer de manière radicale ?

         Dans son dernier ouvrage, Photogénie des ombres peintes, Sandra Moussempès interroge ombres et reflets, mirages du rêve-réel. Rencontres et échanges, fusion amoureuse et détachement, idylles et dérives, ruptures et naissances sont vus dans le flou de « la presqu’île du miroir photographique », au travers de la pellicule distanciée de la parodie et des verres inversés de la caméra optique.






    Lents reflets d-une fiction cosmique
    Ph., G.AdC





         Images captées dans le mouvement cinétique de l’écriture et de ses dérives naturelles, abîmes d’images, les ombres peintes de Sandra Moussempès clignotent/s’éclipsent d’une section à l’autre de son recueil, dans un labyrinthe énigmatique en sept chapitres. Prise entre les jeux et variations de la perception, l’entreprise poétique de Sandra Moussempès semble se situer à la croisée d’un désir soumis « aux lents reflets d’une fiction cosmique » et à sa dispersion en « prototypes d’absence ». Entre ces « bornes d’affrontement » naissent les « pièces détaillées » de ses poèmes, « éclats de film noir imprimés sur les murs ». Et les titres en italique – mais ne s’agit-il pas le plus souvent d’exergues ? –, qui introduisent la plupart de ces pièces, sont autant d’énigmes qui interrogent le lecteur et composent à eux seuls, à les lire à la suite, un autre poème.

         Sans doute faut-il alors, modestement, s’en remettre à l’exergue de Goethe, choisi pour introduire la dernière section du recueil, « Kyoto élégies (9) » : « Je vous en prie, ne cherchez rien derrière les phénomènes. Ils constituent leur propre leçon ».

         Ainsi l’écriture scarifiée de Sandra Moussempès tente-t-elle de capter le réel par de multiples procédés : le recours au vocabulaire technique de la photo, du cinéma, la juxtaposition cinétique d’images cocasses et de syntagmes nominaux déformés par « malentendus », les jokes et la parodie, les inversions de mots et associations d’idées ; tout un ensemble d’expressions qui détonnent, étonnent et détonent par la justesse de leur surgissement inattendu au cœur du discours.






    Flacons de m-moires sutur-es
    Ph., G.AdC




         Observatrice clinique à l’œil froid, détaché, « Méphista dé-charmée », collectionneuse de « flacons de mémoires suturées », découpeuse du réel au scalpel, Sandra Moussempès n’a de cesse que de se libérer du sentiment amoureux ― réduit à un simple phénomène d’attraction-répulsion ―, de sa fragrance trompeuse « eau de ronce », avec un humour acidulé et grinçant.

         Recueil de poèmes dédié à Virgile ― son fils ? ―, Photogénie des ombres peintes évoque pourtant la vie à venir et la création littéraire. Sandra Moussempès ne déclare-t-elle pas dans les deux derniers poèmes de l’ouvrage, dans « Conception » d’abord et dans « Nomenclature » ensuite : « Tout ce que j’attends tient dans mon ventre » et « J’incante à vos vies lexicales » ?

         Peut-être est-ce là – une fois dispersés et dissous, volontairement, tous les égrégores qui encombrent une vie, une fois écarté et défait tout frisson, tout désir – ce qui reste d’essentiel : « le liquide où se délie » son récit.


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli





    PHOTOGENIE DES OMBRES PEINTES S MOUSSEMPES







    SANDRA MOUSSEMPÈS


    Portrait_de_sandra_moussemps_ter
    Ph., G.AdC



    ■ Sandra Moussempès
    sur Terres de femmes

    Vestiges de fillette (poème Psaume X [Emily B. (Autour de « Wuthering Heights »)])
    Penny Prose (un autre poème issu de Vestiges de fillette)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Une histoire naturelle



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Libr-critique)
    [Dossier-entretien] Spectrographie de Sandra Moussempès
    → (sur le site du cipM), une
    fiche bio-bibliographique sur Sandra Moussempès
    → (sur le site de la Mél, Maison des écrivains et de la littérature) une
    fiche bio-bibliographique de Sandra Moussempès par elle-même
    le blog de Sandra Moussempès





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  • Déborah Heissler | loin




    Quand déferle un de ces nuages farouchement noirs sur le paysage
    Ph., G.AdC







             Loin                                 là-bas,    brusque   retour   de
                                                       mémoire.   Mon   amour    est
                                                       une   île.

                                                       L’image   est   fixe.   Le   soleil
                                                       du matin sur les pierres.  Des
                                                       monceaux  légers  de  feuilles
                                                       sèches.  Des  fumées  qui pas-
                                                       sent rapidement dans  le  jar-
                                                       din.    L’air   d’un   blanc   déjà
                                                       cru  qui  devient  éblouissant
                                                       quand    déferle    un    de   ces
                                                       nuages   farouchement  noirs
                                                       sur  le  paysage.

             Puis                                 ces   brefs  passages  de  pluie
                                                       sur  les  feuilles  avec  le  bois
                                                       usé  par  le  temps,  les  bruits
                                                       de   journaux   qu’on   froisse.
                                                       Le   vent   qui   traîne  sur    le
                                                       perron   de   grosses    feuilles
                                                       d’aristoloche desséchées.





    Déborah Heissler

    D.R. poème extrait (pp. 19-20) de « KAIMAMIRU | ENTREVOIR »
    in Comme un morceau de nuit, découpé dans son étoffe
    paru chez Cheyne Éditeur en octobre 2010
    avec l’aimable autorisation de Cheyne Éditeur
    et de Déborah Heissler pour Terres de femmes

    Note d’AP : la mise en page est conforme à celle du tapuscrit original
    et non pas à celle de la publication définitive, mais le principe de mise en page
    sur deux colonnes est le même.







    DÉBORAH HEISSLER



    Image, G.AdC



    ■ Déborah Heissler
    sur Terres de femmes

    « Des pas dans la neige » (poème extrait de Sorrowful Songs)
    Sorrowful Songs (note de lecture d’AP)
    La protection des pierres
    Déborah Heissler, Près d’eux, la nuit sous la neige (note de lecture)
    sur l’herbe sèche ce jour (poème inédit)
    → (dans la galerie Visages de femmes) le poème « 
    Errance »



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Wikipedia)
    l’article consacré à Déborah Heissler
    → (sur le site du Scriptorium)
    un autre poème extrait (page 21) de Comme un morceau de Nuit, découpé dans son étoffe (+ un avant-propos de Dominique Sorrente)
    → (sur Regard au pluriel de Christine Bauer)
    un autre poème extrait (pp. 24-25-26) de Comme un morceau de Nuit, découpé dans son étoffe
    le blog de Déborah Heissler



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  • TdF n° 61 ― décembre 2009



    LOGO DEC 2009
    Image, G.AdC




    SOMMAIRE DU MOIS DE DÉCEMBRE 2009



    Terres de femmes ― N° du mois de novembre 2009
    Brigitte Gyr/au plus gris du corps Anthologie poétique Terres de femmes (18)
    Déborah Heissler/loin Anthologie poétique Terres de femmes (19)
    Sandra Moussempès, Photogénie des ombres peintes (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Jean-Pierre Spilmont/Ici le soleil finit juste de se lever
    Dominique Sorrente/J’écris comme on décide par fragments
    Ophélie Jaësan, Iceberg memories (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Nathalie Riera/page aphone Anthologie poétique Terres de femmes (20)
    Ostia – Le billet de Nestor (9)
    France Burghelle Rey/Lumière du poème Anthologie poétique Terres de femmes (21)
    Solitude des seuils (Angèle Paoli)
    10 décembre 1921/Anatole France, Prix Nobel de Littérature
    Rodica Draghincescu/EX(o)ilium Anthologie poétique Terres de femmes (22)
    12 décembre 1821/Naissance de Gustave Flaubert
    Mireille Fargier-Caruso/On a vingt ans Anthologie poétique Terres de femmes (23)
    Confins d’empire – Le billet de Nestor (10)
    Sapphô/L’adieu
    Le Lion des Abruzzes chez Cousu Main
    Valérie Rouzeau/Dans le vent d’hiver Anthologie poétique Terres de femmes (24)
    17 décembre 1934/Salomé dans L’Âge d’homme de Michel Leiris
    Edith Azam/IL RESTERA MON SIGNE Anthologie poétique Terres de femmes (25)
    19 décembre 1851/Mort de William Turner
    Béatrice Libert/Attente Anthologie poétique Terres de femmes (26)
    il gattopardo – Le billet de Nestor (11)
    Marielle Anselmo, Jardins (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Béatrice Machet/Un autre jour… la vie <Anthologie poétique Terres de femmes (27)
    25 décembre/Valérie Rouzeau, Quand je me deux
    Sylvie Durbec/Pour García Lorca, te quiero verde Anthologie poétique Terres de femmes (28)
    Elisa Biagini/Da una crepa Anthologie poétique Terres de femmes (29)
    Vaghe stelle dell’Orsa… – Le billet de Nestor (12)
    La terre s’évade (Angèle Paoli)
    Cécile Oumhani/Manhattan redux Anthologie poétique Terres de femmes (30)
    Terres de femmes ― N° du mois de janvier 2010



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  • Brigitte Gyr | au plus gris du corps




    Ph., G.AdC






    AU PLUS GRIS DU CORPS



    à l’intérieur de soi
    gît la menace de
               l’arbre
    ses racines qui
    creusent
               sa terre
    comme une langue
    creuse
                 la gorge


    … sa parole de
    feuille        à peine éclose
    déjà            éteinte
    jour et nuit
    maintient
                         la terreur
    souterrain
    en devenir de
    sous-langue


    au-dessus
                l’espace froissé
    de rides jaunes
    la tentation de déterrer
    ce qui se pense
    au plus gris du corps




    Brigitte Gyr
    D.R. Texte extrait de l’ensemble inédit Parler  nu* (août 2009)
    Brigitte Gyr/Terres de femmes




    ______________________________________
    * NOTE d’AP : depuis la mise en ligne de ce poème (décembre 2009) sur Terres de femmes, le recueil Parler nu a paru aux éditions Lanskine (novembre 2011) et a obtenu le Prix de poésie Charles-Vildrac de la SGDL 2012.






    BRIGITTE GYR


    Brigitte Gyr



    ■ Brigitte Gyr
    sur Terres de femmes

    Incertitude de la note juste (lecture de Mireille Fargier-Caruso)
    Parler nu (lecture de Cécile Oumhani)
    [Pleinement écloses enfin] (extrait d’Avant je vous voyais en noir et blanc)
    [quand tu as décidé d’en finir] (extrait d’Incertitude de la note juste)
    [une frontière se tisse de non-dits] (extrait de Parler nu)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Brigitte Gyr
    → (sur le site des éditions Lanskine)
    une page sur Parler nu de Brigitte Gyr


    Note d’AP : depuis 2006, Brigitte Gyr a publié le recueil Une pierre au soleil (2008) aux éditions Signum (lithographies de Danielle Loisel) et le recueil Parler nu aux éditions Lanskine (novembre 2011).



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  • Terres de femmes ― Sommaire du mois de novembre 2009





    LOGO TDF NOVEMBRE 2009(2)
    Image, G.AdC




    SOMMAIRE DU MOIS DE NOVEMBRE 2009


    Terres de femmes ― Sommaire du mois d’octobre 2009
    1er novembre 1917/Julien Gracq, Le Roi Cophetua
    Alda Merini/Mare
    Midis – Le billet de Nestor (4)
    Marie-Hélène Lafon, L’Annonce (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Le chant de la noria (Angèle Paoli)
    Guillevic, Carnac traduit en corse par Francescu-Micheli Durazzo
    Cordesse, Notes d’esprit
    Béatrice Bonhomme-Villani/Un lacis de sang et d’ombre Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme » (3)
    Nelly Roffé/Argia Printemps des poètes 2010 –« Couleur femme » (4)
    7 novembre 1910/Mort de Léon Tolstoï
    Marta Grundwald/je te montrerai comment je traverse la rue Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme » (5)
    a mezzanotte (Angèle Paoli)
    Circulades – Le billet de Nestor (5)
    Speluncatu (Angèle Paoli)
    11 novembre 1516/La Saint-Martin de Leonardo
    Marielle Anselmo/Les îles Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme » (7)
    André Breton, Lettres à Aube (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Valérie Brantôme/Il sognatore Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme » (8)
    Sylvie Durbec, Marseille, Éclats & quartiers
    Arnaud Beaujeu, La lumière et les mots
    Sylvie Fabre G./L’au-dehors Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme » (9)
    Route grande – Le billet de Nestor (6)
    Élisabeth Chabuel/Intime violence
    17 novembre 1906/Naissance de Mario Soldati
    Umberto Saba/Oiseau en cage
    Marie-Ange Sebasti/Ils étaient partis Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme » (10)
    18 novembre 1975/Lettre de Jean-Jacques Pauvert à Jean Carrière
    Isabelle Raviolo/Ô mère Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme » (11)
    Maria Maïlat/Recommencement Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme » (12)
    20 novembre 1989/Mort de Leonardo Sciascia
    Florence Noël/autant revivre en mon jardin Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme » (13)
    Jean-Pierre Ferrini, Le Pays de Pavese (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Samira Negrouche/Il se peut Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme » (14)
    Marcel Migozzi/Comment savoir si ton visage te ressemble ?
    Timeo Danaos et dona ferentes – Le billet de Nestor (7)
    Fang (Angèle Paoli)
    23 novembre 1920/Naissance de Paul Celan
    Ophélie Jaësan/Une branche de bois vert Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme » (15)
    Myriam Montoya/J’irai encore Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme » (16)
    25 novembre 1959/Mort de Gérard Philipe
    Gabriela Mistral/Désolation
    Joëlle Gardes/Hôpital Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme » (17)
    Wahiba Khiari, Nos Silences (note de lecture d’Angèle Paoli)
    29 novembre 1948/Lettre d’André Breton à Aube
    Cerbères – Le billet de Nestor (8)
    Terres de femmes ― Sommaire du mois de décembre 2009



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  • Cerbères

    Le billet de Nestor

    Le billet hebdomadaire de Nestor (8)






    CERB-RES
    Ph., G.AdC






    CERBÈRES



        *** Trêves, souffles maquillés dans l’habitude des villes – vous rêvant des nuits, là-bas, entre acier et roues…
        Ire, vent salubre sur les détours, j’avance vers l’horizon recomposé, dans l’intimité sans soumission du jour qui se perd, j’avance, poignard à la hanche vers la grande odeur salée, j’avance vers la défaite devinée, j’avance en me jouant des visages furtifs ou inépuisables, j’avance sans compter, sans oublier, j’avance pour qu’après, bien après, vous renforciez le pacte…


        *** Tu t’enfermais dans des villes barbouillées de collines. L’heure était aux promesses. On te prêtait une intensité fluviale, des mains furtives, que sais-je encore…
        Tu rayonnais, jusque dans l’argile, de danses écarquillées. Au-dessus des marais, l’aube semblait durable.
        Tu souriais, tu laissais faire. On ne t’avait rien proscrit, les reflets étaient encore hauts, tu ne tenais qu’à travers leurs jeux, t’ouvrant aux seuls dangers, de crue en crue, trop près des chutes…
        Puis tu es reparti. Certains reconnaîtront leur sang, puis s’oublieront dans le quêteur prêt à tout rompre, sur l’autre orgueil des routes.
        On parlera de ton secret. Les femmes se l’arracheront, avec ta chasteté, l’immense.
        Retrouvons-nous après le partage, habillés de nos seuls vœux, avant que le monde ne t’éveille, hésitant, entre les ors et les pages…

        *** Les fêtes ont cessé de remuer. Les portes ne donnent que sur l’ombre apprise, riveraine, engloutie, là où il attend, entend, de tous métiers l’exclu, tantôt le brisement, tantôt la succession d’îles ou le déclin des fables.
        N’appelez pas clarté ce soleil en sursis, au-dessus du lent recueillement de ses cascades. Que d’autres mains désormais l’égrènent, la paume ouverte, loin de toute contamination.
        Ces montées, ces rencontres, le bourgeonnement aux carrefours, ces proliférations chaudes dans son sillage… Qui lui parla de faute, d’intouchables merveilles ? Menteurs, il n’en sut rien, ou alors ― tant il nous ressemble ― celui qui s’égrène partout, et en plein jour, l’a rendu aux grandes pauvretés de ce feu…
        Il s’en souvient à peine, fort de son incommensurable enfance, de ces mouvements d’avant le renouvellement des mers.
        Par les voies inséparables, toujours loin des parois, ses jeux attisés
            Sur ce front, à l’orée du monde, où d’une brûlure fascinée il divise
                  Son silence.


    André Rougier
    D.R. Texte André Rougier


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