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  • Umberto Saba | Oiseau en cage

    «  Poésie d’un jour  »



    Libre dans la piece
    Image, G.AdC






    UCCELLO DI GABBIA


    Tenorino di grazia egli le strofe
    non sa dell’usignuolo e non ha il cuore
    caldo del merlo.

    Pago a due foglie di radicchio, in gabbia,
    dov’è nato non mette angoscia; libero
    per la stanza mi viene, e a quelle, incontro.

    I miei risvegli sono un poco meno
    tristi per lui che alla finestra i passeri
    richiama: aeree zuffe. Ed io dal letto
    la sua nessuna meraviglia godo.


    Umberto Saba, « Dieci poesie per un canarino », Quasi un racconto (1951), in Il Canzoniere, Einaudi tascabili, Torino, 2004, p. 560.






    OISEAU EN CAGE


    Tenorino di grazia il ne sait pas, lui,
    les strophes du rossignol et il n’a pas le cœur
    ardent du merle.

    Repu avec deux feuilles de chicorée, en cage,
    où il est né, il ne fait pas naître d’angoisse : libre
    dans la pièce il vient à ma rencontre ou vers elles.

    Mes réveils sont un peu moins
    tristes grâce à lui qui appelle à la fenêtre les passereaux :
    aériennes échauffourées. Et moi, de mon lit,
    je jouis de ce rien merveilleux.


    Umberto Saba, Presque un récit [1951], in Il Canzoniere, Bibliothèque de L’Âge d’homme, 1998, page 568. Traduction de René de Ceccatty.






    UMBERTO SABA


    Umberto-saba
    Source




    ■ Umberto Saba
    sur Terres de femmes


    9 mars 1883 | Naissance d’Umberto Saba
    25 août 1957 | Mort de Umberto Saba (notice bio-bibliographique + article sur Ernesto)
    Ecco, adesso tu sai (poème extrait de Choses dernières)
    Donna
    Notte d’estate
    Parole
    Poesia
    Trieste
    22 août 1862 | Umberto Saba, Couleur du temps




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur Internet Culturale)
    Umberto Saba. The Poetry of a Life (dossier de l’exposition qui s’est tenue au Palazzo Costanzi de Trieste du 8 avril 2003 au 30 juin 2003)
    → (sur le site de Libération)
    Umberto Saba, chansonnier de la langue italienne, par Mario Cifali (28 décembre 2012)
    → (sur YouTube)
    La libreria del poeta di Elena Bizjak Vinci e Stelio Vinci

    Pour plus d’informations sur la vie et l’œuvre d’Umberto Saba,
    se rendre sur le site cronologia.it (site en italien)





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  • 17 novembre 1906 | Naissance de Mario Soldati

    Éphéméride culturelle à rebours


    Le 17 novembre 1906 naît à Turin Mario Soldati.






        
    Mario Soldati
    Source







    La double formation, littéraire et artistique, de Mario Soldati ― études de lettres à l’université de Turin et Institut supérieur des Beaux-Arts de Rome ―, ainsi que son séjour à l’université Columbia à New York, le préparent à une double carrière d’écrivain et de cinéaste.

    De retour en Italie en 1931, Mario Soldati réalise de nombreux scénarios. Mais il s’impose vraiment en 1940 avec Piccolo mondo antico (Petit monde d’autrefois/Le Mariage de minuit) puis, en 1942, avec Malombra. Dans le monde des lettres, après la publication de Salmace, recueil de nouvelles édité en 1929, il faut attendre l’après-guerre pour retrouver l’écrivain avec la publication, en 1941, de La verità sul caso Motta (La Vérité sur l’affaire Motta), L’amico gesuita (L’Ami jésuite, 1943), A cena col commendatore (Le Festin du commandeur, 1950), Le lettere da Capri (Les Lettres de Capri, 1954), Le due città (Les Deux Villes, 1964).






    LES LETTRES DE CAPRI


    Les Lettres de Capri sont le récit de la double aventure amoureuse d’un couple d’Américains. Harry Brant, fonctionnaire du gouvernement américain et Jane son épouse, mènent à Rome des aventures parallèles. Tandis que Harry tombe amoureux de Dora ― une belle Romaine qui déchaîne en lui une passion charnelle contraire à ses mœurs puritaines ―, Jane tombe amoureuse du bel Aldo. Chacun, épris de son rêve italien, continue de vivre aux côtés de l’autre en espérant ne pas être découvert. Une double confession naît de ces aventures : celle de Jane et celle de Harry.

    Construites sur l’opposition puritanisme (couple américain) et paganisme (couple latin), Les Lettres de Capri alternent récit, échanges épistolaires et confession. D’une beauté dense et violente.





    LES LETTRES DE CAPRI




    20



    En tant qu’homme de cinéma, je dois déclarer qu’à première vue le récit de Harry me parut riche d’idées, de traits piquants et même d’éléments dramatiques, mais j’eus aussi l’impression que pour obtenir le financement d’un producteur, fût-il exceptionnellement cultivé et dénué de préjugés, une refonte complète aurait été nécessaire.

    Aussitôt ma lecture achevée, j’écrivis à Harry dans ce sens-là. J’ajoutai que son histoire m’avait impressionné, qu’il devait la finir et m’en envoyer la conclusion au plus vite. Dans quelques mois, je serais de retour à Rome et j’aurais sûrement quelque chose à lui proposer. Nous travaillerions ensemble et nous tirerions de là un sujet de film.

    Non que j’eusse grand espoir d’arriver à tourner un film avec des personnages d’une psychologie si compliquée, si anormale, pour ne pas dire folle. Je comptais simplement réussir à vendre le sujet, étant donné la possibilité d’insérer dans la distribution deux grands acteurs américains, et de faire gagner ainsi quelques millions à Harry.

    Toutefois je ne fis pas allusion, dans ma lettre, à ce programme minimum. Je ne voulais pas le décourager de terminer son récit. Je ne lui dis même rien des contradictions et des absurdités que j’avais cru noter dans son texte et qui me faisaient presque mettre en doute la véracité de cette histoire. Comment était-il possible, par exemple, que sa femme et lui se fussent laissé affoler par ce mystérieux coup de téléphone, au point de partir pour Capri et d’aller faire à don Raphaël cette scène absurde ? D’ailleurs le coup de téléphone lui-même ne me plaisait pas beaucoup. L’individu, d’après Harry, avait prononcé de vagues menaces, mais n’avait pas demandé d’argent. Alors pourquoi toute cette agitation ?

    Quant au personnage (appelons-le ainsi) de don Raphaël, j’étais sûr que Harry et Jane avaient exagéré dans les deux sens : en le jugeant trop diabolique, et ensuite trop saint. La vérité, il fallait la chercher entre les deux. Don Raphaël n’était pas capable du chantage qu’ils avaient craint, mais il n’était pas capable non plus de cette profonde humanité et de cette humilité qui les avaient émus jusqu’à l’enthousiasme. Très probablement don Raphaël, s’étant aperçu qu’il avait affaire à deux déséquilibrés, à deux fous (pouvait-il les voir autrement ?) avait estimé inutile de s’indigner, prudent au contraire de se montrer patient, et sage, en tout cas, de se tirer d’intrigue le plus vite possible, avec quelques bonnes paroles. Les lettres, il ne les avait pas, bien sûr. Mais il avait devant lui deux Américains et, étant donné sa position de maire fraîchement élu, il devait à tout prix effacer en eux jusqu’au plus léger doute quant à son intégrité, pour éviter qu’à l’avenir, par des conversations, ils ne communiquassent leurs soupçons à d’autres. Ce résultat, il l’avait pleinement obtenu par son serment devant le crucifix, par ses larmes, par sa mansuétude et sa douceur.

    Et les lettres ? Où avaient-elles fini par échouer ? Était-il bien vrai que le beau jeune homme ne les avait jamais reçues ? Le coup de téléphone pouvait être un tour de sa façon… Sur ce point là, j’étais moins optimiste que Harry et Jane.

    Et qu’était-il arrivé, entre Harry et Jane ? Pourquoi Harry avait-il quitté Paris et son poste à l’Unesco pour vivre misérablement via Margutta, avec Dorothée ? Ils avaient donc divorcé, en fin de compte ? Harry, quand je l’avais revu, m’avait semblé lié à cette femme pour le reste de ses jours. Il avait l’air d’un homme ruiné, désespéré, d’un homme à la dérive. Que s’était-il donc produit ?



    Mario Soldati, Les Lettres de Capri [Le lettere da Capri], Librairie Plon, 1956 ; Le Livre de Poche, 1977, pp. 333, 334, 335. Traduit de l’italien par Paul-Henri Michel.





    ■ Mario Soldati
    sur Terres de femmes

    6 avril 1947 | Mario Soldati, Les Lettres de Capri



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  • Élisabeth Chabuel | Intime violence

    «  Poésie d’un jour  »

    Ciel de nuit noire
    Aquatinte numérique, G.AdC






    INTIME VIOLENCE



    1


    Ciel étoilé
    Ciel d’étoiles étoilé
    ciel de nuit noire
    et sol crisse blanc
    Ciel noir et nuit d’hiver
    Dis oui
    Froid sur la peau me cingle la figure
    et les doigts dans la glace
    M’aveuglent
    cristaux de bruine




    2


    M’a dit

    Accepte
    ou passe ton tour
    Dis oui ou renonce




    3


    M’a dit : Accepte
    Qu’un mot à dire M’a dit
    ou geste Signe du regard
    Hausser le sourcil
    Sourire Et dans l’œil Petit faisceau
    Petit faisceau pique la chair
    Ou geste de bouche
    Petit faisceau pique la chair
    Petit faisceau Et salivera




    4


    Ciel étoilé
    Ciel d’étoiles étoilé
    ciel de nuit noire
    et sol crisse blanc
    Ciel noir et nuit d’hiver
    Froid sur la peau me cingle la figure
    et les doigts dans la glace
    M’aveuglent
    cristaux de bruine
    Givrent mes membres



    Élisabeth Chabuel, Intime violence, La Petite Fabrique, 38760 Varces, 2009. Empreinte Élisabeth Bard.






    ÉLISABETH  CHABUEL


    Chabuel portrait
    Source





    ■ Élisabeth Chabuel
    sur Terres de femmes

    Et ils sont (extrait)
    Veilleur (note de lecture d’AP)
    Je (extrait du Veilleur)
    [on ne pense pas au présent] (extrait des Passagers)
    17 juillet 1944 | Élisabeth Chabuel, 7 44
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Le Moment




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  • Route grande

    Le billet de Nestor

    Le billet hebdomadaire de Nestor (6)






    BONHOMMIE ATROCE DES BATISSEURS
    Ph., G.AdC






    ROUTE GRANDE



         *** La loi se disperse, nulle migration n’attise ta paume, l’aveuglante. La route des cicatrices s’épuise en clairières. Le dehors est sans fissure, la force seulement pressentie. Inhabité s’achève l’incendie, à l’aube étroite.
         Qui dissout ton sillage, que nul n’a saisi ni guéri, pas même celui de trop loin surgi dans la fête consommée ?
         Nous le SAVIONS, veilleurs de l’imposture, dépeupleurs chassés sur la même grève, oublieux des parapets, des ralenties, de ces retraites dans le dédoublement qui fut…
         Je t’imagine, à la nuque intacte du sommeil, reniant un à un tes mirages. Je revois tes doigts dilatant, caniculaires, les digues anciennes, la bonhommie atroce des bâtisseurs, le flux qui déferle, à l’embrasure multipliée, rouge au front de l’hiver durable. Derniers haleurs, mais de quel poids face aux paresses sans signes qui furent nôtres, et jusqu’aux attraits de celle, offerte, en qui nous choisîmes de ne jamais recommencer ?
         Puis d’autres aborderont l’immense mouillage que prépare le déclin des remous et des rives, alors que l’écueil sans cri nous rassemble, et les pressent, dans ce reversement des gorges en friche.
         Quand repartons-nous ?










        

    *** Il crut au sommeil, au jour sans contour, à d’autres choses sans nom. Il crut à la dispersion en son centre. Il rêva du silence comme défi. Son envol, pour qui s’en souviendra, s’épuisa en fêtes lancinantes, avec ces doubles qui, eux, revinrent, mais de si loin que la grande discordance demeura…
         Fin de partie perdue, torpeur des mots, échange dernier pressentant, machinal, sa pénombre, mais que sûrs comme peut-être jamais ils appelèrent chance, au-delà du balbutiement qui s’appesantira sur elle.
         Non pas le jour distant, le jour compté, mais celui dont jusqu’aux chairs, à l’aune du LIEU vous mesurez l’inadaptable feinte.



    André Rougier
    D.R. Texte André Rougier


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  • Sylvie Fabre G. | L’au-dehors




    Blanc (piero 6) 200 x 142 cm 2008 cp - 2
    Anne Slacik, Blanc (Piero 6), 2008
    huile et pigments sur toile de coton, 200 x 142 cm
    avec l’aimable autorisation de reproduction d’Anne Slacik
    Tous droits réservés






                                 L’AU-DEHORS



    Pour Anne Slacik



         Tu vis comme vit l’arbre de Piero
          dans l’au-dehors
          qui n’a pas d’âge
          qui ne connaît pas le monde
          mais est possédé par sa lumière
          elle est si vaste qu’on l’appelle le ciel

          l’arbre prononce son nom et
          il neige du feuillage
          des souffles et des branches
          qui disparaissent dans la voix bleue
          sûrement le paradis
          le jour où tout sera vrai

          fugace est l’arbre
          une apparition, personne ne crie
          douceur amère de la solitude
          quand sur la colline passe la couleur
          tu dis c’est un signe
          il y a assez de vert et tu attends

          peut-être l’arbre vole ou est-ce toi
          qui rêve son envol et sent ses racines
          un peu de terre
          de l’eau et beaucoup d’air
          qu’emporte l’air, dans l’irréel
          brûle le feu de la présence

          le nuage pleure, le tronc se dresse
          et avec lui tout le perdu
          rochers et grotte, fleuve et forêts
          bêtes et hommes en détresse
          droits dans la langue
          de la vision qui t’emporte

          mots et regard font du silence
          avec un geste qui tout efface
          pour faire surgir de la blancheur
          de l’abandon, de la mémoire
          l’arbre parle en toi
          de l’au-dehors

          tu es dedans
          le paysage avec arbre de Piero
          le monde est loin, l’azur est là
          un nulle part dans l’espace de la couleur
          où vibre le temps
          qui l’expire et nous inspire.


          Sylvie Fabre G.
          D.R. Texte inédit
          Sylvie Fabre G. pour Terres de femmes






    UN SEUL VOYAGE



          Nous naissons de la terre mais la matière du ciel nous habite. Nous avons souvenir de l’eau, de la lumière et notre mémoire est aussi le premier regard, vision portée là-bas, si loin. Il n’y a qu’un seul voyage et il est de commencement.

          La direction à suivre, Anne Slacik nous l’indique, par une ligne de couleurs qui nous rend au lieu d’origine, suspendu espace, île d’un pays au Sud, îletalie, où le sol donne sa forme à l’arbre, arrache le blanc au vert, rend les figures de l’air et de la mer en bleu mouillé. Pâleur mêlée de brun, délicats papiers où nous flottons, rêvant l’ombre impalpable du temps. Nous sommes dans la continuité où chaque élément prend sa place par le geste du peintre. Le souffle passe de l’un à l’autre. Qui peut dire si c’est la vague ou le nuage, la feuille ou l’averse qui fait l’étreinte si légère ? Les yeux se posent et le corps tout entier sent la vibration.

          Passer à l’étendue et à la profondeur demande autres rives : les toiles et leur dimension pour grandir dans la beauté. Deux ailes battent, ocre ou violet, dans le bleu sombre. Un corps de silence et de solitude se détache. Le jour s’éloigne, il s’échappe de la main en bleu d’outre mer, d’outre vie. Le mystère est d’ombre Tolède, résonance sourde. Nous sommes à l’intérieur de nous. Revenant à l’horizontal, le chiffre trois inscrit la position et l’équilibre en petits tableaux.

          Il ne reste qu’à pénétrer le plus intime : le livre peint a sa chambre. Point de rencontre en quinze élans : à chacun son énergie et sa révélation. La calligraphie fleurit singulière dans une couleur singulière. Elle se déploie dans la ferveur et le retrait, complémentaires. Nous avons envie d’ouvrir les mains comme les yeux et de sentir l’enlumination. La réalité du poème, mots et questions, par la grâce du peintre, a trouvé sa forme.


    Sylvie Fabre G.
    D.R. Texte Sylvie Fabre G.






    ■ Sylvie Fabre G.
    sur Terres de femmes

    Sylvie Fabre G. par Sylvie Fabre G. (auto-anthologie poétique comprenant plusieurs extraits de L’Approche infinie)
    [À l’orée] (poème issu du recueil L’Intouchable)
    L’Intouchable (note de lecture d’Isabelle Raviolo)
    [C’est un matin doux et amer](poème issu du recueil L’Autre Lumière)
    Dans l’attente d’un prolongement qui se meurt (note de lecture d’AP sur Corps subtil)
    La demande profonde
    L’Approche infinie (note de lecture d’AP)
    Frère humain (note de lecture d’AP)
    Frère humain (note de lecture d’Isabelle Raviolo)
    [La pensée va, et vient à ce qui revient] (poème issu du recueil Frère humain)
    Celle qui n’était pas à sa fenêtre (extrait issu du recueil Le Génie des rencontres)
    Lettre des neiges éternelles (extrait de La Maison sans vitres)
    Piero, l’arbre (autre extrait de La Maison sans vitres)
    Retournement du chant [hommage à Maurice Benhamou] (autre extrait de La Maison sans vitres)
    Le rêveur d’espace [hommage à Claude Margat] (autre extrait de La Maison sans vitres)
    Pays perdu d’avance (note de lecture d’AP)
    [Plus forte que la forêt] (poème issu du recueil Tombées des lèvres)
    Tombées des lèvres (note de lecture d’AP)
    Tombées des lèvres (note de lecture d’Isabelle Raviolo)
    [Bien sûr le chant s’apaise dans le soir] (poème issu du recueil La Vie secrète)
    Quelque chose, quelqu’un
    Trouver le mot (poème issu du recueil L’Autre Lumière)
    Maison en quête d’orient (poème issu du recueil Les Yeux levés)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Sylvie Fabre G. (+ poème issu du recueil L’Approche infinie)
    Caroline Boidé, Les Impurs, par Sylvie Fabre G.
    Jean-Pierre Chambon, Le Petit Livre amer, par Sylvie Fabre G.
    Jean-Pierre Chambon | Michaël Glück, Une motte de terre par Sylvie Fabre G.
    Patricia Cottron-Daubigné, Visage roman, par Sylvie Fabre G.
    Pierre Dhainaut, Après, par Sylvie Fabre G.
    Alain Freixe, Vers les riveraines, par Sylvie Fabre G.
    Emmanuel Merle, Ici en exil, par Sylvie Fabre G.
    Emmanuel Merle & Thierry Renard, La Chance d’un autre jour, Conversation (lecture de Sylvie Fabre G.)
    Angèle Paoli, Lauzes, par Sylvie Fabre G.
    Pierre Péju, Enfance obscure, par Sylvie Fabre G.
    Pierre Péju, L’État du ciel, par Sylvie Fabre G.
    Pierre Péju, L’Œil de la nuit, par Sylvie Fabre G.
    Fabrice Rebeyrolle, un peintre gardien du feu, par Sylvie Fabre G.
    Erwann Rougé, Passerelle, Carnet de mer, par Sylvie Fabre G.
    Fabio Scotto, La Peau de l’eau, par Sylvie Fabre G.
    Roselyne Sibille, Entre les braises, par Sylvie Fabre G.
    Jean-Marie de Crozals & Sylvie Fabre G. | [La montagne bascule]
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    L’au-dehors
    → (dans les Chroniques de femmes)
    L’Amourier | Le Jardin de l’éditeur par Sylvie Fabre G.
    → (dans les Chroniques de femmes)
    Anne Slacik par Sylvie Fabre G. : Anne, la sourcière
    → (dans les Chroniques de femmes)
    Ludovic Degroote | Retisser la trame déchirée, par Sylvie Fabre G.
    → (dans les Chroniques de femmes)
    Une terre commune, deux voyages


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la Mél, Maison des écrivains et de la littérature) une
    fiche bio-bibliographique sur Sylvie Fabre G.
    → (sur le site des Éditions L’Amourier)
    une fiche bio-bibliographique sur Sylvie Fabre G.




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    novembre 2009
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  • Arnaud Beaujeu | « La lumière et les mots »

    «  Poésie d’un jour  »



    Cadenas6
    Ph. angèlepaoli







    LA LUMIÈRE ET LES MOTS




    Dans la fumée tu disparais, dans ses volutes blanches. Ton bras n’est que
    nuée, ton visage est immense, ton épaule s’efface au masque d’évidence


    Tu passes sous la croix dans l’herbe desséchée, contournes la chapelle,
    par le petit sentier, disparais dans les prés


    L’eau verte qui t’appelle, verte l’obscurité, et dans sa profondeur je
    t’aperçois perché à l’aplomb du rocher



    Dans le chaos des pierres, les galets la rivière, les arbres argentés, les
    roches la lumière, l’ombre le défilé. Dévalant le pierrier parmi les
    aubépines, le ciel a rétréci, le vallon s’est fermé


    crois-tu que je puisse traverser la rivière en suivant cette branche et
    jusqu’à ce rocher ?


    Entre un banc de galets et l’onde glacée



    Le cadenas rouillé sur la porte de bois ne se rouvrira pas
    la maison est fermée
    tu descends l’escalier une dernière fois
    le temps s’est arrêté dans le micocoulier
    et les voix se sont tues
    sur la pierre une date
    c’est en mil huit cent vingt que le temps fut scellé
    assis au bas des marches
    tu regardes le chien qui regarde les marches
    le chemin est laissé aux herbes à l’obscur
    aux mimosas bleutés
    tu t’en vas dans l’allée qui descend vers la mer
    où tout va s’oublier



    De ce feu dans la nuit l’ombre nous est donnée
    Par-dessous les étoiles ― nous franchissons le pont
    Quand nous nous retournons les braises s’enflamment




    Arnaud Beaujeu, « La lumière et les mots », in Revue NU(e) N° 42, « Anthologie », novembre 2009, pp. 36-37-38-39.




    ARNAUD  BEAUJEU


    Arnaud Beaujeu





    ■ Arnaud Beaujeu
    sur Terres de femmes


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    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Recours au poème)
    Arnaud Beaujeu, Fleur d’encre (+ une notice bio-bibliographique)



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  • Sylvie Durbec, Marseille, Éclats & quartiers

    par Angèle Paoli

    Sylvie Durbec, Marseille, Éclats & quartiers,
    Éditions Jacques Brémond,
    Remoulins-sur-Gardon (Gard), 2009.
    Dessins de l’auteur.



    Lecture d’Angèle Paoli




    Durbec Marseille 4








    LA GRANDE FLEUR OÙ S’ORIGINE L’ÉCRITURE



    Éclats & quartiers. Le sous-titre est déjà en lui-même une invite à la plongée dans la mémoire. Mémoire d’une ville, mémoire de Marseille. « Éclats & quartiers », cela claque comme le vent dans les vergues des bateaux amarrés, cela résonne en rafales de mistral sur le pavé de la ville. Les éclats se rassemblent, se rejoignent en quartiers, la ville a un visage. Un nom. C’est Marseille. Le Marseille de Sylvie Durbec, « maître d’histoires » depuis la haute enfance. Conteuse. Cela dérange aussi, peut-être. Car Sylvie Durbec, à la fois éprise de la blancheur mystique d’Emily Dickinson et des splendeurs d’Orient, place Marseille, Éclats & quartiers sous l’égide de la grande poète américaine. Et choisit pour exergue le fameux « Fame is a bee ».

          Dès que l’on entre dans le livre, entrée au scalpel puisqu’elle réclame le coupe-papier, les éclats réapparaissent. Éclats de papier, éclats de quartiers, poèmes et proses, éclats de lignes aussi qui enchevêtrent leurs géométries pour recréer autrement « la cité achélème », sous la pointe du poète-dessinateur.

    Six quartiers en tout, depuis le quartier Saint-Jérôme, quartier des tout commencements où l’enfant de la cité achélème des Tilleuls, s’éblouit des magnolias de rêves dont le nom à lui seul enrichit la misère ; jusqu’au quartier des îles, les îles du Frioul, visitées un jour de tempête avec le père. Initiée par celui qui tint promesse et fut « l’homme-fée » de ce jour, l’adulte écrit :

    « Un jour entier

    j’ai été poète du bord de mer

    et me suis baignée

    dans l’eau des commencements

    celle qui permet le poème ! »

    Entre le quartier de Saint-Jérôme et le quartier des îles, d’autres quartiers encore. Celui de La Viste, « Envers du monde » qui semble hésiter entre « montagne et désert », celui, mitoyen, de Saint-Antoine, que la conteuse convoque de ses incantations. Afin qu’il lui accorde de retrouver « la fille-maître des histoires », envolée et perdue au seizième étage de l’achélème de La Viste. D’errance en errance, d’un quartier l’autre, peuplé de ses images propres, ce qui subsiste de Marseille, « gâteau cassé sur la toile cirée du café des Voyageurs », ce sont les « éclats et quartiers de fruits et de billes jetés. »

    Pourtant la vie de la conteuse « s’ouvre ». La fleur de magnolia s’agrandit pour laisser venir des quartiers nouveaux. Celui de Vauban et de Notre-Dame-de-la-Garde, lourds de mauvais souvenirs ; celui de la Plaine, « radeau envasé » qui regorge de secrets de mystères et de morts. La Plaine et ses alentours qui transforment la petite fille en « indien des grandes plaines » et faiseuse de pluie. Viennent enfin les quartiers du Port et de la Joliette, jadis ouverts sur les ardeurs d’Orient et sur ses travailleurs de la mer ; aujourd’hui blessés et avilis par les verrues de notre temps.

    D’autres textes ― cinq au total ― qui oscillent entre prose autobiographique et poésie, prolongent ce voyage à travers les quartiers de Marseille. D’autres mots pour dire, à même la peau de l’enfant, le commencement de Marseille. Et fondre, en une grande déesse-mère, protectrice et prometteuse, les figures tutélaires de l’enfance – le père et ses mystères –, les chimères qui sculptent la ville et les rêves de la magicienne.

    Poème des origines où s’origine l’écriture, Marseille, Éclats & quartiers a été récompensé par le Prix Jean-Follain 2008.

    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    SYLVIE DURBEC


    Sylviedurbec
    Source




    ■ Sylvie Durbec
    sur Terres de femmes


    → (dans la galerie Visages de femmes)
    un court extrait de Marseille, Éclats & quartiers
    Carré music (extrait de Carrés)
    Conte oriental
    Sylvie Durbec | Déjanire Lucetta Frisa | Deianira
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Pour García Lorca, te quiero verde




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une notice bio-bibliographique sur Sylvie Durbec



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  • Valérie Brantôme | Il sognatore


    Il sognatore 2
    Collection privée
    Tous droits réservés





    IL SOGNATORE


    à Gabriella           



    Rêveur,
    quel archet
    trace l’échappée
    de tes yeux ?


    Ambre brune
    forgée de siècles,
    enchâssée
    en de sereines clairières
    d’améthyste,
    ce sont lourdes coupes
    ouvertes aux aubes pâles
    dans l’argile primitive du monde.


    La pierre, l’aimée
    aux pigments de lune,
    prononce tout bas
    son vœu de sagesse
    tandis qu’elle enfreint
    ― douce ―
    l’arc de ton cou.


    Rêveur
    que je ne quitte ―
    mes yeux loin
    du vacarme contigu
    de l’histoire,
    à leur tour
    prennent ce peu de toi,
    mèche à ton front,
    jusqu’à saigner d’encre
    dans le geste d’extirper
    un monde hors d’ici.



    8 novembre 2009


    Valérie Brantôme
    D.R. Texte inédit
    Valérie Brantôme pour Terres de femmes




    ■ Valérie Brantôme
    sur Terres de femmes

    Sels



    ■ Voir aussi ▼

    le site enjambées fauves



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  • André Breton, Lettres à Aube

    par Angèle Paoli

    André Breton, Lettres à Aube,
    éditions Gallimard, Collection Blanche, 2009.



    Lecture d’Angèle Paoli


    ANDRE BRETON LETTRES A AUBE






    « TU ES LA PETITE AUBE DE MES RÊVES »




    Viennent de paraître dans la prestigieuse collection Blanche des Éditions Gallimard, les lettres d’André Breton à sa fille Aube. Un très beau livre que l’on peut, avant de le lire, feuilleter pour le plaisir, en vagabondant d’une carte postale à l’autre ou en s’attardant sur les dessins-rébus d’André Breton, ses poèmes, et sur le délié de son écriture fine qui court sur le verso des cartes qu’il a choisies avec soin pour sa fille.

    Présentées et éditées par Jean-Michel Goutier, les Lettres à Aube ― complétées en fin d’ouvrage par des notes ainsi que par une postface de J.-M.G. Le Clézio ― couvrent vingt-huit années, de 1938 à 1966. Et l’on découvre, avant même de pénétrer au cœur de cette correspondance à une seule voix, une photo d’Aube, enfant, dans les bras de son père. Datée de l’automne 1940, la photo a été prise alors que Breton était réfugié à la Villa Air-Bel de Marseille. Née le 20 décembre 1935, Aube Breton, fille d’André Breton et de Jacqueline Lamba ― l’inspiratrice de L’Amour fou (1937) ― , est alors âgée de cinq ans. C’est une très jolie demoiselle aux longs cheveux d’or, une fée, qui ressemble étonnamment à son père.





    Portrait d'André Breton avec sa fille Aube, 1940
    Source





    La première carte postale adressée à « Mademoiselle Aube Breton », est postée de La Havane (Cuba). Datée de 1938, elle est signée Ada, surnom que la petite Aube, alors âgée de trois ans, a donné à son père. La dernière carte postale datée, postée de Bretagne, est adressée à Aube Elléouët. Elle porte la date du 6 mai 1966, date qui précède de quelques mois la mort d’André Breton, survenue à Paris le 28 septembre 1966. Deux autres cartes postales suivent, les deux dernières, signées André-Elisa. Postées de Bretagne, elles portent le cachet de la poste : Mai 1966.

    Les Lettres à Aube, vingt-six ans de la correspondance d’un père à sa fille, se déroulent depuis la toute petite enfance du petit oiseau bien aimé jusqu’à l’âge adulte. Entre ces deux dates butoir (1938-1966) viennent s’intercaler d’autres lettres adressées à Yves Elléouët ― appelé par Breton l’Alouette ―, qu’Aube a épousé à l’âge de vingt ans. Qu’elles viennent de l’étranger, de Saint-Cirq Lapopie, de Paris ou de Bretagne, partout court l’écriture fine et élégante d’André Breton, partout courent aussi les formules d’une tendresse infinie qui ouvrent et ferment chacun des courriers. « Chère petite fée Aube » ; « Ma petite Aube en fleurs » ; « Mon petite ange » ; « Mon soleil levant » ; « Mon petit chéri ». Et plus tard, « Chers Oiseaux de mer » ; « Chers petits zèbres  » ; « Très chers petits vous deux ». Et encore « Un baiser sur tes deux yeux » ; « Au revoir, ma petite lionne » ; « J’embrasse l’Aube et l’Alouette ». Et le lecteur découvre, attendri, les soins attentifs que le père porte à l’enfant absente, les conseils qu’il lui dispense pour qu’elle s’améliore en orthographe ou en calcul, les inquiétudes qui l’habitent lorsque le silence de sa fille se fait trop long. Car si la voix qui domine ces lettres est bien celle d’André Breton, celle de la petite Aube se fait entendre en contrepoint derrière le ton qui caractérise chacune des missives de son père. Ainsi de celle-ci, datée du 24 août 1951, dans laquelle aux reproches de l’un répondent en écho les réprimandes de l’autre :

    « Ma petite Aube, autant que je me rappelle ― il y a déjà longtemps ― tu m’as écrit une lettre de réprimandes et c’était même la première ― tiens, tiens, tiens ― que je recevais de toi. Je me suis dit qu’une semaine ou deux allait se passer et que tu atténuerais cela d’une gentillesse comme tu en as souvent : mais non, rien. Bon… ».

    La lettre précédente, datée du 28 juillet 1951, commençait ainsi:

    « Mon Aube chérie, tu sais bien que rien ne m’attriste plus moi-même que d’avoir ― et surtout par lettre quand tu es en vacances ― à t’adresser des semblants de reproches. »

    La suivante, datée du 6 septembre 1951 :

    « Ma belle Aube,

    Enfin une lettre de toi où je te retrouve. J’étais resté un peu consterné depuis l’enveloppe de ton écriture qui n’apportait qu’un certificat médical sans le moindre bonjour ».

    En dehors du sujet épineux des études, un autre leitmotiv court dans les Lettres à Aube. Celui de la négligence d’Aube vis-à-vis de son grand-père qui vit seul en Bretagne. Louis Breton se plaint à son fils de ce qu’Aube l’oublie et André Breton rappelle souvent sa fille au devoir qui est le sien :

    « je t’en prie, n’oublie pas de donner des nouvelles à ton grand-père ».

    Comme dans toute correspondance, les Lettres à Aube sont construites sur l’absence ou le silence, la séparation et les retrouvailles. Entre ces deux espaces tendus par l’attente, il y a la vie. Les événements qui en composent le visage. Avec ses voyages, ses rencontres entre amis, ses tracasseries financières ou judiciaires, ses plaisirs ― la maison de Saint-Cirq et les projets d’aménagement du jardin ―, les collections de papillons auxquels tous deux, le père et la fille, sont attachés.

    Ce qui frappe dans les Lettres à Aube, et qui perdure une fois les lettres lues et le livre refermé, c’est l’amour indéfectible qu’André Breton porte à sa fille, un amour qui s’inscrit dans la continuité de L’Amour fou.

    « Tu es la petite Aube de mes rêves ». Pour qui il écrit, « sur une feuille de papier découpée, non datée, glissée sous la porte de l’atelier d’Aube et Yves, à l’étage situé au-dessus de celui d’André et Elisa, rue Fontaine » :

             Rien que de l’herbe
             ― pour que
             ma petite Aube
             y fasse passer
                               le printemps


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli




    _______________________
    Note d’A.P. : la suite de la Correspondance d’André Breton paraîtra à compter de 2016 (cinquante ans après la mort de l’écrivain). Dans le testament de Breton, exception avait été faite pour les lettres adressées à sa femme et à sa fille Aube.






    ANDRÉ BRETON


    Breton
    Image, G.AdC




    ■ André Breton
    sur Terres de femmes



    29 novembre 1948 | Lettre d’André Breton à Aube
    16 janvier 1922 | André Breton, « L’Esprit nouveau »
    7 octobre 1926 | André Breton, Nadja
    28 septembre 1966 | Mort d’André Breton




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Terres de femmes)
    Yves Elléouët, Dans un pays de lointaine mémoire (lecture de Marie-Hélène Prouteau)
    le remarquable site Arcane 17 de Fabrice Pascaud
    → (sur le site de L’Express)
    des extraits des Lettres à Aube
    → le site
    d’Yves Elléouët
    → (sur Le Chasse-clou, le blog de Dominique Hasselmann)
    André Breton a-t-il dit place


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  • Marielle Anselmo | Les îles



    quelques mots pour aller entre les îles approcher la vérité de tous les jours
    Image, G.AdC





    LES ÎLES


    rester
    une nuit
    ici


    entre les étoiles


    splendeurs intimes
    du ventre nocturne




                   *




    ces étoiles si belles
    dans le ciel
    sont-elles
    pour toi ou pour moi ?


    jeune fille des îles
    tu as volé mon cœur

    dit la chanson

    jeune fille de Samos
    tu as fait de mon cœur

    quarante-deux morceaux
    dit la chanteuse
    et celle qui la rapporte


    étoiles
    dit la chanson
    la plus simple
    ne m’insultez pas
    tandis que je dis ma peine



    et cette nuit qui ne veut pas s’éteindre




                    *




    les quelques mots
    que je sais dans ta langue

                    étoiles
                    pain
                    poisson
                    amour
                    eau
                    mer
                    clair de lune
                    jour
                    nuit

    quelques mots
    pour aller
    entre les îles

    approcher
    la vérité
    de tous les jours


    les premiers mots de la langue

    Marielle Anselmo, cycle « Les îles », 1, in Jardins, Tarabuste, Collection DOUTE B.A.T., décembre 2009, pp. 65-66-67.




    Notes d’A.P. :
    – Le cycle « Les îles » (1&2) est d’abord paru dans Le Jardin d’essai, N°29/30 (Paris, 2003) et dans Migraphonies, n° 4. Il a été traduit en arabe par le poète syrien Saleh Diab (quotidien Al Quds al Arabi, Londres, 6 novembre 2007) ;
    – d’autres poèmes de Marielle Anselmo ont été tout récemment publiés dans l’anthologie poétique de la revue Nu(e), n° 42, novembre 2009, pp. 5-11.





    MARIELLE ANSELMO


    ■ Marielle Anselmo
    sur Terres de femmes

    Marielle Anselmo, Jardins (note de lecture)
    → (dans la Galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Marielle Anselmo par Guidu Antonietti di Cinarca (+ un extrait de Voir le jour, Revue NU(e), N° 42)

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