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  • Cécile Oumhani, Temps solaire, III

    «  Poésie d’un jour  »



         Encre sombre en eau claire
          Ph., G.AdC





                TEMPS SOLAIRE, III       (extrait)



          Nous avions taillé
          Des chemins de silex
          Ouvert des bouquets de pin
          Au mépris de la cendre
          Serré entre nos doigts
          Le viatique des cimes
          Offrande d’herbes sèches
          À la certitude du jour
          Nous allions
          Impatients de l’échappée
          Et de l’oubli des sources


          À nos yeux pensifs
          Intense en sa couleur
          La mer était
          Contrée de flammes
          Adonnée à un temps de miroirs


          Le jardin
          Blancheur de cendres
          À nos pas égarés
          Puis l’étreinte
          Grâce de la cascade
          À nos corps défaits
          Et ce murmure de l’eau
          Contour au visage des choses


          Le fil de notre marche
          Se disperse
          Encre sombre en eau claire
          Et ce nous-mêmes
          Rendu trop fluide
          À l’aspérité du jour
          Restent quelques objets
          Et tremblée
          L’esquisse à peine rêvée


    Cécile Oumhani, Temps solaire, III, Voix d’encre, octobre 2009, s.f. Gravures de Myoung-Nam Kim.






    CÉCILE OUMHANI


    Cecile_oumhani



    ■ Cécile Oumhani
    sur Terres de femmes

    Interview de Cécile Oumhani par Rodica Draghincescu
    (+ Bio-bibliographie)

    Aux prémices du sable
    [Dès l’aube ils s’interpellent]
    Éclats de rêves
    Le Café d’Yllka (note de lecture)
    [j’ai marché dans l’ignorance] (poème extrait de La Nudité des pierres)
    Ne craignons pas la nuit
    La Nudité des pierres (lecture d’Isabelle Lévesque)
    Rêves de draps (extrait de Mémoires inconnues)
    Touching land (poème extrait de Passeurs de rives)
    [S’abandonner au sommeil] (extrait de Tunisie, Carnets d’incertitude)
    Avant-propos de Lalla ou le chant des sables d’Angèle Paoli
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Manhattan redux
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    Cécile Oumhani, « Seuils possibles », Revue Confluences Méditerranée n° 22, été 1997



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site Babelmed)
    « Cécile Oumhani, à la croisée des mots et des imaginaires »
    → (sur le site Babelmed)
    “Plus loin que la nuit”, entretien de Cécile Oumhani avec Nathalie Galesne (2 décembre 2007)
    → (sur le site Babelmed)
    Méditerranée / Panorama de la littérature tunisienne de langue française, par Jalel El Gharbi
    → (sur Encres vagabondes)
    un entretien de Cécile Oumhani avec Brigitte Aubonnet (novembre 2007)
    → (sur le site de Rafik Darragi)
    Nocturnes (la nuit dans l’œuvre de Cécile Oumhani)
    → (dans la Poéthèque du Printemps des poètes) une
    fiche bio-bibliographique sur Cécile Oumhani
    → (sur Levure Littéraire n° 7)
    Sous le « bleuté des plis de la nappe », d’admirables ciselures (note de lecture d’AP sur L’Atelier des Strésor de Cécile Oumhani)



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  • Joël Bastard | Le visage de Mah

    «  Poésie d’un jour  »


    Derri-re nous s--teint le monde.
    Source






    Derrière nous s’éteint le monde. À la pointe du pied se fait le nouveau. À nouveau l’étincelle. La disparition est en marche, chargée d’images inertes. Algazelles et autres espérances animalières portées à bout de bras comme des linges abandonnés, tombants, nuques lâches ! À la pointe du verbe se fait la phrase qui s’avance. À la pointe du corps pour l’au-delà du corps. Derrière nous s’éteint le monde. S’éteint le verbe et s’éteignent les corps.



    À la pointe de l’encre,  du papier.  Une disparition chargée d’images inertes. Écrire encore. À la pointe. Être au temps de la pointe. Dans sa durée.




    Joël Bastard, Le visage de Mah in Bakofè, Al Manar, Collection Poésie, 2009, page 41.





    Joelbastard




    ■ Joël Bastard
    sur Terres de femmes

    [Assis à côté, à la proue d’un navire] (extrait d’Une cuisine en Bretagne)
    Une cuisine en Bretagne (lecture d’AP)
    Bakofé
    Casaluna
    Chasseur de primes (lecture de Paul de Brancion)



    ■ Voir aussi ▼

    → le
    blog de Joël Bastard



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  • Nezend Begîxanî | Ici moi ailleurs

    «  Poésie d’un jour  »



    Dancing Peacock by Sadiq Toma
    Source






    ICI MOI AILLEURS


    Ombre blanche
    Entre ici et ailleurs

    Mon passé
    Installé
    Vers l’orient

    À l’aube
    Ma mère la recouvrait d’un voile de soleil
    Elle et les soufis méditaient
    Et les mollahs la craignaient

    À la nuit
    Melik Tawus*
    Glorieusement la tirait par la main
    Vers le dôme de la connaissance
    Et au matin les hommes
    S’inclinaient devant ses tresses

    Elle
    Comme Inanna**
    Dans le temple de la pureté
    Elle attendait Dumuzid***

    Mon présent
    Dans la gorge des soirées de paris
    Pâles
    S’égare
    Derrière le diamant de la logique
    Dans une nuit de solitude
    Et menace la mort
    Et s’accouple avec l’éternité

    Mon futur
    S’endort
    Entre ici et ailleurs
    Il rêve l’un et l’autre



    Nezend Begîxanî, in Dix poètes kurdes, Action Poétique, N° 197, septembre 2009, page 33.




    * « Ange-paon », ange suprême chez les Yezidis, communauté kurde non-musulmane, pratiquant une religion indo-iranienne très ancienne.
    ** Inanna, plus tard Ishtar, déesse de l’amour, de la fertilité et de la guerre chez les Sumériens.
    *** Dans la mythologie sumérienne, Dumuzid, le berger-roi, consort d’Inanna.





    DIX POETES KURDES




         Née en 1966, à Koysenceq, Nezend Begîxanî a fait une partie de ses études à l’Université de Paris-IV Sorbonne. Militante féministe, elle vit actuellement à Londres. Elle a publié deux livres de poèmes.






    ■ Voir aussi ▼

    → (sur YouTube)
    Nezend Begîxanî lisant certains de ses poèmes

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  • James Sacré | Le désir échappe à mon poème

    «  Poésie d’un jour  »


    Le desert ...
    Ph., G.AdC






    LE DÉSIR ÉCHAPPE À MON POÈME



    Le désir échappe à mon poème


    En repassant par des paysages déjà parcourus
    À cause que de la lumière manque, temps gris,
    L’éclat de pierres noires sur les pentes pétries de chaleur
    N’est plus rien qu’une étendue de caillasse terne.
    Entre Alnif et Tazzarine
    Dans le piedmont sud du djebel Sarho.

    Sijilmassa aussi a quasiment disparu
    On n’entend plus que des mots.
    Il y a des formes qui s’enferment dans les sables.

    Ce désir est un désert.




    James Sacré, Le désir échappe à mon poème, Al Manar, Collection Méditerranées, octobre 2009, page 32. Dessins de Mohamed Kacimi.






    JAMES SACRÉ


    James Sacré par le photographe Olivier Roller
    Ph. © olivier roller
    Source




    James Sacré
    sur Terres de femmes

    James Sacré, Le paysage est sans légende (lecture de Tristan Hordé)
    Dans le format de la page (poème extrait du Paysage est sans légende)
    Figure 42 (poème extrait de Figures qui bougent un peu)
    Je t’aime. On n’entend rien (poème extrait d’Un paradis de poussières)
    Parfois (poème extrait d’Un paradis de poussières)
    James Sacré, Lorand Gaspar | Dans les yeux d’une femme bédouine qui regarde



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur remue.net)
    James Sacré/Un paradis de poussières (article de Jacques Josse)
    → (sur Loxias) une
    bio-bibliographie de James Sacré
    → (sur le site de Jean-Michel Maulpoix)
    un article de James Sacré (« Une boulange de lyrisme critique »), texte paru dans la revue Le Nouveau Recueil (éditions Champ Vallon)
    → (sur Terres de femmes)
    | rouge | (Angèle Paoli)



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  • 13 octobre 1761 | Voltaire, Début de l’affaire Calas

    Éphéméride culturelle à rebours



    mais si un père de famille innocent est livré aux mains de l'erreur
    Ph., G.AdC






         Toulouse, le soir du 13 octobre 1761. Une honnête famille de commerçants protestants, marchands d’indiennes, la famille Calas soupe en son domicile de la rue des Filatiers. Jean Calas et sa femme, née Anne-Rose Cabibel, sont là avec deux de leurs fils : Marc-Antoine et Pierre […] Un hôte à souper : Gaubert Lavaysse, fils d’un avocat connu, ami des Calas, qui arrive de Bordeaux et n’a pas trouvé ses parents. Dernier personnage du drame, Jeanne Viguier, la servante, qui malgré sa foi catholique est depuis longtemps attachée aux Calas.
         On sait comment, à la fin de la soirée, Pierre Calas descendant accompagner son ami Lavaysse découvre le corps de son frère Marc-Antoine qui les avait quittés une heure auparavant. S’était-il pendu, ou avait-il était étranglé ? Dans le premier affolement les Calas veulent éviter qu’on parle de suicide. La foule s’attroupe et commence à murmurer que Marc-Antoine a été étranglé par les siens pour avoir voulu abjurer le protestantisme.



    L’Affaire Calas, Note de Jacques Van den Heuvel, in Voltaire, Mélanges, Éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1961, page 1412.






    TRAITÉ
    SUR LA TOLÉRANCE


    À L’OCCASION DE LA MORT DE JEAN CALAS
    (1763)


    Chapitre Premier

    Histoire abrégée de la mort de Jean Calas



         Le meurtre de Calas, commis dans Toulouse avec le glaive de la justice, le 9 mars 1762, est un des plus singuliers événements qui méritent l’attention de notre âge et de la postérité. On oublie bientôt cette foule de morts qui a péri dans des batailles sans nombre, non seulement parce que c’est la fatalité inévitable de la guerre, mais parce que ceux qui meurent par le sort des armes pouvaient aussi donner la mort à leurs ennemis, et n’ont point péri sans se défendre. Là où le danger et l’avantage sont égaux, l’étonnement cesse, et la pitié même s’affaiblit ; mais si un père de famille innocent est livré aux mains de l’erreur, ou de la passion, ou du fanatisme ; si l’accusé n’a de défense que sa vertu ; si les arbitres de sa vie n’ont à risquer en l’égorgeant que de se tromper ; s’ils peuvent tuer impunément par un arrêt, alors le cri s’élève, chacun craint pour soi-même, on voit que personne n’est en sûreté de sa vie devant un tribunal érigé pour veiller sur la vie des citoyens, et toutes les voix se réunissent pour demander vengeance.
         Il s’agissait, dans cette étrange affaire, de religion, de suicide, de parricide ; il s’agissait de savoir si un père et une mère avaient étranglé leur fils pour plaire à Dieu, si un frère avait étranglé son frère, si un ami avait étranglé son ami, et si les juges avaient à se reprocher d’avoir fait mourir sur la roue un père innocent, ou d’avoir épargné une mère, un frère, un ami coupables.
         Jean Calas, âgé de soixante et huit ans, exerçait la profession de négociant à Toulouse depuis plus de quarante années, et était reconnu de tous ceux qui ont vécu avec lui pour un bon père. Il était protestant, ainsi que sa femme et tous ses enfants, excepté un, qui avait abjuré l’hérésie, et à qui le père faisait une petite pension. Il paraissait si éloigné de cet absurde fanatisme qui rompt tous les liens de la société, qu’il approuva la conversion de son fils Louis Calas, et qu’il avait depuis trente ans chez lui une servante zélée catholique, laquelle avait élevé tous ses enfants.
         Un des fils de Jean Calas, nommé Marc-Antoine, était un homme de lettres : il passait pour un esprit inquiet, sombre et violent. Ce jeune homme, ne pouvant réussir ni à entrer dans le négoce, auquel il n’était pas propre, ni à être reçu avocat, parce qu’il fallait des certificats de catholicité qu’il ne put obtenir, résolut de finir sa vie, et fit pressentir ce dessein à un de ses amis ; il se confirma dans sa résolution par la lecture de tout ce qu’on a jamais écrit sur le suicide.
         Enfin, un jour, ayant perdu son argent au jeu, il choisit ce jour-là pour exécuter son dessein. Un ami de sa famille et le sien, nommé Lavaisse, jeune homme de dix-neuf ans, connu pour la candeur et la douceur de ses mœurs, fils d’un avocat célèbre de Toulouse, était arrivé à Bordeaux la veille ; il soupa par hasard chez les Calas. Le père, la mère, Marc-Antoine leur fils aîné, Pierre leur second fils, mangèrent ensemble. Après le souper on se retira dans un petit salon : Marc-Antoine disparut ; enfin, lorsque le jeune Lavaisse voulut partir, Pierre Calas et lui étant descendus trouvèrent en bas, auprès du magasin, Marc-Antoine en chemise, pendu à une porte, et son habit plié sur le comptoir ; sa chemise n’était pas seulement dérangée ; ses cheveux étaient bien peignés : il n’avait sur le corps aucune plaie, aucune meurtrissure.
         On passe ici tous les détails dont les avocats ont rendu compte : on ne décrira point la douleur et le désespoir du père et de la mère ; leurs cris furent entendus des voisins. Lavaisse et Pierre Calas, hors d’eux-mêmes, coururent chercher des chirurgiens et la justice.
         Pendant qu’ils s’acquittaient de ce devoir, pendant que le père et la mère étaient dans les sanglots et dans les larmes, le peuple de Toulouse s’attroupa autour de la maison. Ce peuple est superstitieux et emporté ; il regarde comme des monstres ses frères qui ne sont pas de la même religion que lui. C’est à Toulouse qu’on remercia Dieu solennellement de la mort de Henri III, et qu’on fit serment d’égorger le premier qui parlerait de reconnaître le grand, le bon Henri IV. Cette ville solennise encore tous les ans, par une procession et par des feux de joie, le jour où il massacra quatre mille citoyens hérétiques, il y a deux siècles. En vain six arrêts du conseil ont défendu cette odieuse fête, les Toulousains l’ont toujours célébrée comme les jeux floraux.
         Quelque fanatique de la populace s’écria que Jean Calas avait pendu son propre fils Marc-Antoine. Ce cri, répété, fut unanime en un moment ; d’autres ajoutèrent que le mort devait le lendemain faire abjuration ; que sa famille et le jeune Lavaisse l’avaient étranglé par haine contre la religion catholique : le moment d’après on n’en douta plus ; toute la ville fut persuadée que c’est un point de la religion chez les protestants qu’un père et une mère doivent assassiner leur fils dès qu’il veut se convertir.
         Les esprits une fois émus ne s’arrêtent point. On imagina que les protestants du Languedoc s’étaient assemblés la veille; qu’ils avaient choisi, à la pluralité des voix, un bourreau de la secte; que le choix était tombé sur le jeune Lavaisse ; que ce jeune homme, en vingt-quatre heures, avait reçu la nouvelle de son élection, et était arrivé de Bordeaux pour aider Jean Calas, sa femme et leur fils Pierre, à étrangler un ami, un fils, un frère.
         Le sieur David, capitoul de Toulouse, excité par ces rumeurs et voulant se faire valoir par une prompte exécution, fit une procédure contre les règles et les ordonnances. La famille Calas, la servante catholique, Lavaisse, furent mis aux fers.


    Voltaire, Traité sur la tolérance, in Mélanges, Éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1961, pp. 563-564-565.






    VOLTAIRE


    VOLT AIRE -
    Image, G.AdC



    ■ Voltaire
    sur Terres de femmes

    21 novembre 1694 | Naissance de Voltaire
    14 mars 1764 | Lettre de Madame du Deffand à Voltaire
    28 décembre 1765 | Lettre de Madame du Deffand à Voltaire
    5 octobre 1770 | Lettre de Madame du Deffand à Voltaire
    30 mai 1778 | Mort de Voltaire




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  • 12 octobre 1492 | Cole Swensen, Mort de Piero della Francesca

    Éphéméride culturelle à rebours




         Le 12 octobre 1492 meurt à Borgo San Sepolcro, son village natal en Toscane, Piero della Francesca.








    Piero della Francesca  La Flagellation du Christ
    Piero della Francesca
    La Flagellation du Christ, 1455–1460,
    Huile et tempera sur panneau de bois, 58,4 cm × 81,5 cm
    Galleria Nazionale delle Marche, Urbino

    Source









    October 12, 1492 : The Death of Piero della Francesca and the Error in Perspective




                                  a child
    the size of the
    palm of the
                            hand the size of

                            slightly
    bent rays
                                  ― sill, tile, altar, all
    architecture ends in the face of Christ
                                                         is a city
                                                         says
                                                         you cannot make it come to life
    unless it’s properly off
    even into twisted unto huge
    in the corner of the apse       a monstrous grace

    from the Earth
    looks safe.




    Cole Swensen, Such Rich Hour [1955], University of Iowa Press, 2001, page 86.







    Le 12 octobre 1492 : La Mort de Piero della Francesca et l’Erreur de Perspective




                                  Un enfant
    de la taille d’une
    paume
                            de main de la taille

                            des rayons
    légèrement courbes
                                                 ― seuil, tuile, autel, toute
    l’architecture converge sur le visage du Christ
                                                                        est une ville
                                                                        dit :
                                                                        on ne peut pas lui donner vie
    sauf à la fausser convenablement
    même immensément tordue
    dans le coin de l’abside          une grâce monstrueuse

    depuis la Terre
    a l’air sûr.




    Cole Swensen, Si riche heure, Librairie José Corti, 2007, page 98. Traduit de l’anglais par Maïtreyi et Nicolas Pesquès.



    COLE SWENSEN

    Portrait de Cole Swensen
    Image, G.AdC





    ■ Cole Swensen
    sur Terres de femmes


    17 août 1427 | Cole Swensen, Première mention des Bohémiens en Europe
    L’acte du verre
    Le nôtre (lecture d’AP)
    If a garden of Numbers (extrait de Le nôtre)
    Une expérience simple…
    Une trilogie française (lecture de Nicolas Pesquès)




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes inédits de Cole Swensen dits par l’auteure
    → (sur en.Wikipedia)
    une notice sur Cole Swensen
    → (sur poets.org)
    plusieurs poèmes de Cole Swensen dits par l’auteure
    → (sur le site de Poetry Foundation)
    plusieurs poèmes de Cole Swensen dits par l’auteure
    → (sur YouTube)
    Cole Swensen : interview in The Continental Review




    ■ Piero della Francesca
    sur Terres de femmes


    Yves Bonnefoy | Une silencieuse ordalie
    Erri De Luca, Piero della Francesca
    [Anne-Marie Garat, I] Piero della Francesca | La Madonna del Parto
    [Anne-Marie Garat, II] Piero della Francesca | La Madonna del Parto
    Michaël Glück, L’Enceinte
    Mario Luzi | Près de la reine de Saba
    Angèle Paoli | [Te souviens-tu de la Madonna del Parto ?]
    Bernard Simeone | Madonna del Parto




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  • Les Aguets

    Le billet de Nestor

    Le billet hebdomadaire de Nestor (1)






    Les Aguets 2
    D.R. Ph. angèlepaoli





    LES AGUETS


    (pour Bob)




         Il n’y a plus de ténèbres aux seuils, de feu aux moissons, de tourmente aux remparts. La roue seule tourne, jusqu’aux lies. La vipère, gueuse, gerbeuse, enfin transperce des masques l’enjeu, des doutes le fiel. L’éclair qui l’enchâsse nous rajeunit. Il fut tel que tu t’imagines.


         Tienne l’heure âpre, l’opaque gagé sur ses seules crues, lui en qui luit la proue, ni assourdie ni déliée, qui forge des graines les sédiments et les surprises…


                   C’est l’éloignement qui te déchire, pas ses phases, cet horizon
                        qui accueille le Même comme surprise, jamais comme filiation…


         Tu dis cela comme s’il n’y avait pas eu le départ, les années de silence et ces pertes mesurées à l’aune des temps, puis les figures de cire, dans cette paix pire que toute guerre, cernée de feux follets, rongées par les creux, muettes à force de louanges, de souhaits…


         Je voudrais que cette nuit qui sans toi s’ébruite se fasse enfin transparente comme l’exil, toi qui toujours sus qu’un seul nid rarement suffit à tout souiller, du passeur du lac comme de l’écorce des proies…


         L’avènement de l’humain exige pour sûr l’abandon et le départ, mais aussi l’ancre et la racine, l’assurance d’avoir forgé, la joie d’avoir soupesé, l’agilité d’enfin pressentir les autres comme ceux à qui l’on confiera désormais le gîte du monde…



    André Rougier
    D.R. Texte André Rougier


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  • Attente immobile | Immobile attesa (Angèle Paoli)

    Traduction inédite de Ghjilormu Capirossi



    Elle file croupe rebondie droit devant elle longe le muret contourne touffes d-immortelles buisson d-euphorbes
    Ph., G.AdC

    Elle file croupe rebondie
    droit devant elle
    longe le muret contourne
    touffes d’immortelles
    buisson d’euphorbes
    ecbalies élatères







    ATTENTE IMMOBILE



    Le vent dans les pins
    musarde au soleil
    joue contre la chaleur de l’automne
    attente immobile dans la lumière voilée


             fusil à l’épaule chasseurs à l’affût
             les sangliers ont tout dévasté
             meurtrie la terre révulsée

             bêtes tapies
             les silencieuses
             seule l’odeur de musc

             que disent les hommes
             regards obscurs d’où rien ne filtre
             attente immobile dans la lumière voilée


    je suis le tracé fil d’une fourmi
    ― silencieuse d’un silence autre ―
    elle avance droit devant
    pas même ralentie
    fétu de paille qu’elle hisse
    à bout de mandibules
    je suis la minuscule
    qui file son chemin
    pleine vitesse
    sans ivresse

    comment peut-elle se diriger
    poutre qui obstrue la vue

    [peut-être ― mais que sais-je d’elle ―
    ses yeux lenticulaires
    sont-ils munis de loupes articulées
    mobiles grossissantes]

    comment peut-elle distinguer
    son chemin parmi les mille chemins
    ouverts

    elle file croupe rebondie
    droit devant elle
    longe le muret contourne
    touffes d’immortelles
    buisson d’euphorbes
    ecbalies élatères
    pas d’hésitation

    fourmi moissonneuse
    pourquoi chercher si loin
    ce que tu peux te procurer
    à tes portes

    c’est là qu’elle se rend
    droit devant décidée
    à ce trou de muraille grise
    où s’affairent
    mille sanspareilles
    de son clan

    fétu de paille tendu
    droit devant
    indifférente
    au monde
    elle s’engouffre
    disparaît

    je la suis du cœur je lis
    en minuscule fourmi miroir
    les questions qui m’habitent
    pourtant que sait-elle
    du but ultime de la vie
    rien qui puisse lui murmurer
    que la mort l’attend
    au détour du chemin

    c’est faux de dire qu’elle avance
    droit devant elle zigzague et titube
    sans plainte progresse par menus détours
    enjambe les herbes sèches sansobstacle
    agile petite créature obstinée qui déambule
    à ras du désert pierreux du chemin

    pouvoir suivre la lilliputienne tout le temps que dure sa course infatigable
    je me laisse bercer par le vent pan de robe relevé sur les genoux
    questions sans réponses tiédeur des caresses qui louvoient sur ma peau
    mes yeux d’enfant ma voix de petite fille ― dit-elle ― pour lui parler de la fourmi
    de ses vagabondages éphémères

    peut-être faut-il retrouver en soi l’enfance qui dort

    un lys mauve-rose hisse sa hampe
    au-dessus du talus
    attente immobile dans la lumière voilée


    26 septembre 2009


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    IMMOBILE ATTESA



    Ne i pini l’ambata
    vugheghja à u sole
    si ne ghjoca di a vampatella di l’auturnu
    immobile attesa né a luce vellata


             fucile in spalla cacciadori appustati
             i cignali hanu sbaccaghjatu tuttu
             terra pesta è stravolta

             animali appiattati
             ne u silenziu
             solu u muscheghju

             dicenu pocu l’omi
             sguardi bughjosi induve nulla s’avvede
             immobile attesa né a luce vellata


    seguitu a striccia d’una furmicula
    ― muta d’un altru silenziu ―
    viaghja dirittu dirittu
    mancu impaghjata
    da a pula che inalza
    di punta à a so mendibula
    sò a mastarucula
    chi sfila a sò strada
    a tavuletta
    senza ebbrezza

    cumu s’avviessi
    cu un tale cantellu davant’à l’ochji

    [magaru ― ma chi possu savè ―
    i sò ochji lenticulari
    sò pruvisti di lente d’ingrandimentu
    articulate è mobile]

    cumu distinguissi
    a sò strada tra e mille strade
    aperte

    sfila groppa attundata
    capavanti
    fiancheghja a muretta
    cunturneghja i ciuffi di murze
    e macchje di patelli
    e di schizzetti
    null’ esitazione

    furmicula falciadora
    perche cercà cusì luntanu
    a pruvista che t’hai
    a manu di u tò purtellu

    eccu induve si rende
    capavanti
    versu sta crepa di muretta grisgia
    induve s’affaccendanu
    mille tercane
    di a sò parentella

    pula tesa
    capavanti
    sprimurata
    di l’Universu
    s’infila
    sparisce

    a seguitu da u core leghju
    in minghjula furmicula spechju
    e quistione chi mi stuzzicanu
    eppuru chi savessi ella
    di a finalità di a vita
    nulla chi li sussuressi
    che Falcina l’aspetterebbe
    a a torta di a strada

    e falsu di dì ch’ella viaghja
    capavanti ella trafurcineghja
    senza lagni voga a piccule avvincule
    incavalcheghja e fruscule secche senz’imbattu
    astuta mastarucula ostinata chi vucatonda
    a rasu di u disertu petricosu di a strada

    pudè seguità a lillipuziana tuttu u tempu che dura u sò percorsu infiachevule
    mi lasciu begulà da u ventu lembu di vestitu alzatu à i ghjinochji
    quistione senza risposte di l’allusinghi tepidi chi burdeghjanu ‘nant’à a mo pella
    i mò ochji di ciucci à mò voce zitellina – dice – pè parlali di a furmicula
    di e sò vogulere effimere

    magaru bisogna à ritruvà in sè a zitellina chi dorme

    un alisu malvu rusulatu pesa à sò asta
    di sopra a u ripale
    immobile attesa né a luce vellata


    Traduit en corse par Ghjilormu Capirossi
    D.R. Traduction inédite

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  • Book Project International

    Marseille/XIIes Rencontres de l’édition de création






    Book Project





    Book Project International
    Marseille



    COURS D’ESTIENNE D’ORVES (à deux pas du vieux port)


    XIIes Rencontres les 10 et 11 octobre 2009


    Créées en 1997, les Rencontres Internationales de l’édition de création ont pour objectif annuel la réunion d’une cinquantaine d’éditeurs et artistes/éditeurs de bibliophilie contemporaine. La manifestation s’adresse au grand public et aux professionnels, notamment lors de la matinée professionnelle qui est organisée le samedi matin et qui réunit des responsables de fonds publics de bibliophilie contemporaine français et étrangers, à la rencontre des éditeurs invités.


    Les éditions les Aresquiers seront heureuses de vous accueillir lors de ces rencontres.


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  • 9 octobre 1970 | Mort de Jean Giono

    Éphéméride culturelle à rebours



         Dans la nuit du 8 au 9 octobre 1970 meurt Jean Giono. Il est enterré dans le cimetière de Manosque.






    C'était un petit clocher. Les abat-son de bois rongés de vents et de pluies permettaient de se glisser facilement dans l'habitacle des cloches.
    Ph. angèlepaoli







    EXTRAIT DU HUSSARD SUR LE TOIT



    VII



         Il était encore nuit quand Angelo passa à travers la lucarne. Tournée vers l’est, elle découpait cependant du côté des étoiles éteintes un petit rectangle gris clair. Angelo attendit le lever du jour, accroupi contre le petit mur.
         Toujours la même aurore blanche.
         Au-delà des longues toitures du couvent s’élevait une tour carrée surmontée d’une pique qui devait être une sorte de paratonnerre ou une ancienne hampe de drapeau. Angelo n’avait pas encore poussé jusque-là. Il le fit aux premiers rayons du soleil.
         C’était un petit clocher. Les abat-son de bois rongés de vents et de pluies permettaient de se glisser facilement dans l’habitacle des cloches. De là, une échelle descendait jusqu’à des escaliers en spirale qui finalement aboutissaient à une porte ; qui s’ouvrit. Elle donnait sur les bas-côtés d’une église.
         Le soleil levant qui frappait dans les vitraux du haut de la voûte éclairait tous les signes d’un déménagement hâtif. Le maître-autel avait été dépouillé de tous ses candélabres et de toutes ses lingeries ; la porte même du tabernacle était ouverte. Dans la nef, les bancs étaient entassés contre un pilier. De la paille, des chiffons qui avaient dû servir à des emballages, des planches hérissées de clous, et même un marteau et un rouleau de fil de fer traînaient sur le parquet.
         La sacristie était vide. De là, un portillon donnait sur un cloître. Il encadrait le jardin de buis et de laurier où, le jour d’avant, Angelo avait vu s’agiter la confrérie. Tout était paisible. La hauteur des murs entretenait là une fraîcheur propice aux parfums des verdures.
         En arrivant au coin de la galerie qui faisait le tour du jardin, Angelo aperçut à l’autre bout un corps étendu sur les dalles. Il avait tellement l’habitude des cadavres qu’il s’approchait nonchalamment quand le corps se redressa, s’assit, puis se mit debout. C’était une vieille nonne. Elle était ronde comme une barrique. Deux griffes de petites moustaches noires agrafaient sa bouche de chaque côté.
         « Qu’est-ce que tu veux ? dit-elle.
         ― Rien, dit Angelo.



    Jean Giono, Le Hussard sur le toit, in Œuvres romanesques complètes, IV, Éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1977, pp. 380-381.





    JEAN GIONO

    Jean_gionoafp
    Source



    Voir aussi :

    – (sur Terres de femmes)
    22 mars | Jean Giono, Le Grand Troupeau
    – (sur Terres de femmes)
    24 février 1925 | Jean Giono, Naissance de l’Odyssée
    – le très beau site
    Jean Giono, le Voyageur immobile


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