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À la campagne, le 9 juin 1508.
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| ■ Érasme sur Terres de femmes ▼ → 27 octobre 1466 | Naissance d’Érasme |
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À la campagne, le 9 juin 1508.
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| Voir aussi : – (surBiblioObs) la Préface du Journal d’Hélène Berr par Patrick Modiano ; – (sur ObsVideo) le 2e extrait ci-dessus lu par Jérôme Garcin |
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Il y a douze ans, le 7 juin 2008, mourait à Rome le réalisateur italien Dino Risi.
Psychiatre de formation, Dino Risi, né à Milan le 23 décembre 1917 consacre ses loisirs au cinéma. D’abord assistant d’Alberto Lattuada avec qui il réalise Giacomo L’Idealista (1942), Dino Risi commence sa carrière de critique de la société contemporaine avec des documentaires et des courts-métrages imprégnés de la sensibilité néo-réaliste propre à cette époque. À partir de 1951, Dino Risi se fixe à Rome et se consacre entièrement à sa passion. Le premier grand succès personnel de Dino Risi est le film Poveri ma belli (Pauvres mais beaux) réalisé en 1956, dans lequel le réalisateur met en scène de jeunes Italiens confrontés aux nouvelles réalités économiques du pays. Suivent trois grandes fresques sur l’Italie du XXe siècle, prise dans ses contradictions : Una Vita difficile (1961), Il Mattatore (1962), La Marcia su Roma (1963). La rencontre avec de grands acteurs tels que Alberto Sordi (Il Vedovo, 1959), Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman (I Mostri, 1963), Nino Manfredi (Vedo Nudo, 1969) permettent à Dino Risi d’exploiter son goût pour la critique sociale, incisive et drôle avec des comédies raffinées partagées entre optimisme et mélancolie.
Avec les années 1970 s’ouvre la période la plus féconde de Dino Risi. En 1974, Dino Risi réalise Profumo di Donna (un de mes films cultes), comédie cruelle, emplie de dérision et de cynisme. Le rôle principal de Fausto est interprété par Vittorio Gassman. Officier aveugle et manchot, tyrannique et exubérant, Fausto poursuit de ses obsessions les femmes qu’il repère à leur parfum. Accompagné de Ciccio (Alessandro Momo), un jeune cadet que l’armée lui a procuré, Fausto, dont l’odorat est décuplé par sa double infirmité (qu’il doit à des maniements d’explosifs) n’a de cesse qu’il ne débusque toutes celles qui se présentent sur son passage. Film amer autour de la solitude, Parfum de femme culmine dans sa drôlerie avec la scène inoubliable sur la terrasse d’un petit restaurant qui surplombe la baie de Naples. De comique, le film évolue vers le tragique. Vittorio Gassman est récompensé par le Festival de Cannes 1975 où il reçoit le prix d’interprétation pour le rôle qu’il incarne. Un rôle très agressif que l’acteur s’est appliqué à concentrer dans son regard : « Je me suis efforcé, avec l’aide de Risi, de ne pas diffuser cette agressivité de manière technique dans le corps, dans la voix, et de la limiter au regard, celui d’un aveugle, en l’occurrence. Parce que, sur un écran, le regard est à la fois l’élément le plus frappant et le moins chargé de sens : la parole et l’ouïe constituent les vecteurs rationnels, sémiologiques, de la communication, alors que les yeux relèvent encore d’une zone mystérieuse. Les yeux sont comme des enfants, comme des fous… Et c’est, je crois, l’arme fondamentale au cinéma. »
Angèle Paoli D.R. Texte angèlepaoli |
| DINO RISI ■ Voir | écouter aussi ▼ → (sur YouTube) un extrait de Profuma di donna en version originale. Ci-dessous : ![]() |
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Ph., G.AdC
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| RENAUD EGO ■ Renaud Ego sur Terres de femmes ▼ → immigration zéro → Les mots le savent d’ailleurs (+ notice bio-bibliographique sur Renaud Ego) → « La naissance de l’art » [Georges Bataille] ■ Voir aussi ▼ → (sur Imperfetta Ellisse) Renaud Ego – Porte che danno sulla strada |
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Ph., G.AdC
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| GHYSLAINE LELOUP Image, G.AdC ■ Ghyslaine Leloup sur Terres de femmes ▼ → Les heures froides (poème extrait de Nuit chorale, son soleil sous les paupières) → Ghyslaine Leloup & Noël Roch, Bien à vous, Une correspondance (lecture d’AP) → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) Ils ont tenté de broyer mon esprit ■ Voir aussi ▼ → (sur Recours au Poème) une page sur Ghyslaine Leloup (+ cinq poèmes) → (sur Ce Qui Reste) « La grande fugue » de Ghyslaine Leloup |
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| Source
EXTRAIT D’AUTRES VOIX Non, laissez-la parler ! Laissez-la parler. C’est Agamemnon qui l’inspire.
ÉLECTRE Il fait beau. Partout, dans la plaine, des hommes lèvent la tête et disent : « Il fait beau », et ils sont contents. Ô bourreaux de vous-mêmes, avez-vous oublié cet humble contentement du paysan qui marche sur sa terre et qui dit : « Il fait beau » ? Vous voilà les bras ballants, la tête basse, respirant à peine. Vos morts se collent contre vous, et vous demeurez immobiles dans la crainte de les bousculer au moindre geste. Ce serait affreux, n’est-ce pas ? Si vos mains traversaient soudain une petite vapeur moite, l’âme de votre père ou de votre aïeul ? — Mais regardez-moi : j’étends les bras, je m’élargis, et je m’étire comme un homme qui s’éveille, j’occupe ma place au soleil, toute ma place. Est-ce que le ciel me tombe sur la tête ? Je danse, voyez, je danse, et je ne sais rien que le souffle du vent dans mes cheveux. Où sont les morts ? Croyez-vous qu’ils dansent avec moi, en mesure ?
LE GRAND PRÊTRE Habitants d’Argos, je vous dis que cette femme est sacrilège. Malheur à elle et à ceux d’entre vous qui l’écoutent.
ÉLECTRE Ô mes chers morts, Iphigénie, ma sœur aînée, Agamemnon, mon père et mon seul roi, écoutez ma prière. Si je suis sacrilège, si j’offense vos mânes douloureux, faites un signe, faites-moi vite un signe, afin que je le sache. Mais si vous m’approuvez, mes chéris, alors taisez-vous, je vous en prie, que pas une feuille ne bouge, pas un brin d’herbe, que pas un bruit ne vienne troubler ma danse sacrée : car je danse pour la joie, je danse pour la paix des hommes, je dans pour le bonheur et pour la vie. Ô mes morts, je réclame votre silence, afin que les hommes qui m’entourent sachent que votre cœur est avec moi.
Elle danse. VOIX, dans la foule. Elle danse ! Voyez-la, légère comme une flamme, elle danse au soleil, comme l’étoffe claquante d’un drapeau — et les morts se taisent !
LA JEUNE FEMME Voyez son air d’extase — non, ce n’est pas le visage d’une impie. Eh bien, Égisthe, Égisthe ! Tu ne dis rien — pourquoi ne réponds-tu pas ?
ÉGISTHE Est-ce qu’on discute avec les bêtes puantes ? On les détruit ! J’ai eu tort de l’épargner autrefois ; mais c’est un tort réparable : n’ayez crainte, je vais l’écraser contre terre, et sa race s’anéantira avec elle.
LA FOULE Menacer n’est pas répondre, Égisthe ! N’as-tu rien d’autre à nous dire ?
LA JEUNE FEMME Elle danse, elle sourit, elle est heureuse, et les morts semblent la protéger. Ah ! Trop enviable Électre! Vois, moi aussi, j’écarte les bras et j’offre ma gorge au soleil !
VOIX, dans la foule. Les morts se taisent : Égisthe, tu nous as menti ! ORESTE Chère Électre ! JUPITER Parbleu, je vais rabattre le caquet de cette gamine. (Il étend le bras.) Posidon caribou caribon lullaby. La grosse pierre qui obstruait l’entrée de la caverne roule avec fracas contre les marches du temple. Électre cesse de danser. LA FOULE Horreur! Un long silence. LE GRAND PRÊTRE Ô peuple lâche et trop léger : les morts se vengent ! Voyez les mouches fondre sur nous en épais tourbillons ! Vous avez écouté une voix sacrilège, elle nous a séduits par se paroles empoisonnées ! À la rivière, la sorcière, à la rivière ! Au bûcher !
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| Voir aussi : – la très belle fiche de la BnF sur Les Mouches. Fiche réalisée à l’occasion de l’exposition Sartre de 2005 ; – (sur Terres de femmes) 27 mai 1944/Création de Huis clos de Jean-Paul Sartre ; – (sur Terres de femmes) Rue des Blancs-Manteaux. |
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Photos, G.AdC
D.R.Texte angèlepaoli |
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Image, G.AdC SOMMAIRE DU MOIS DE JUIN 2009 ▪ Terres de femmes ― N° du mois de mai 2009 ▪ 1er juin 19.. | Ignazio Silone, Fontamara ▪ Camaïeux (Angèle Paoli) ▪ 3 juin 1943 | Création des Mouches de Jean-Paul Sartre ▪ Ghyslaine Leloup | La paix disent-elles ▪ Renaud Ego | Le Pli ▪ 7 juin 2008 | Mort de Dino Risi ▪ 8 juin 1942 | Hélène Berr, Journal ▪ 9 juin 1508 | Lettre d’Érasme à Thomas More ▪ Mario Benedetti | Anthologie poétique ▪ Jacques Ancet | L’égarement ▪ Alda Merini | Après tout même toi/Dopo tutto anche tu ▪ Murale I (Angèle Paoli) ▪ Murale II (Angèle Paoli) ▪ Murale III (Angèle Paoli) ▪ Murale IV (Angèle Paoli) ▪ Murale V (Angèle Paoli) ▪ Terres de femmes ― N° du mois de juillet 2009 |
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Image, G.AdC
Écrit à Davos en 1930 et publié la même année, le roman Fontamara — première œuvre littéraire d’Ignazio Silone — est qualifié par Luigi Russo de « poème épico-dramatique de la plèbe méridionale. » C’est la première fois en effet que la plèbe méridionale — celle des « cafoni » du mezzogiorno — assume le rôle de protagoniste dans un roman et se dote d’un visage. Ignazio Silone déclare dans la préface de Fontamara : « Le terme de cafone est, dans mon pays, aujourd’hui, tant à la campagne qu’à la ville, un terme d’offense et de mépris ; mais je l’emploie dans ce livre avec la certitude que, lorsque la douleur ne sera plus une honte dans mon pays, il deviendra un terme de respect, voire un terme honorifique. » De son vrai nom Secondo Tranquilli, Ignazio Silone est né à Pescina dei Marsi, dans la province de l’Aquila (Abruzzes), le 1er mai 1900. Il perd ses parents à l’âge de quatorze ans, à la suite du tremblement de terre survenu à Marsica.
CAPITOLO PRIMO
Il primo di giugno dell’anno scorso Fontamara rimase per la prima volta senza illuminazione elettrica. Il due di giugno, il tre di giugno, il quattro di giugno, Fontamara continuò a rimanere senza illuminazione elettrica. Così nei giorni seguenti e nei mesi seguenti, finché Fontamara si riabituò al regime del chiaro di luna. Per arrivare dal chiaro di luna alla luce elettrica, Fontamara aveva messo un centinaio di anni, attraverso l’olio di oliva e il petrolio. Per tornare dalla luce elettrica al chiaro di luna bastò una sera.
I giovani non conoscono la storia, ma noi vecchi la conosciamo. Tutte le novità portateci dai Piemontesi in settant’anni si riducono insomma a due: la luce e le sigarette. La luce elettrica se la sono ripresa. Le sigarette? Si possa soffocare chi le ha fumate una sola volta. A noi è sempre bastata la pipa.
La luce elettrica era diventata a Fontamara anch’essa una cosa naturale, come il chiaro di luna. Nel senso che nessuno la pagava. Nessuno la pagava da molti mesi. E con che cosa avremmo dovuto pagarla? Negli ultimi tempi il cursore comunale neppure era piú venuto a distribuire la solita fattura mensile col segno degli arretrati, il solito pezzo di carta di cui noi ci servivamo per gli usi domestici. L’ultima volta che il cursore era venuto, per poco non vi aveva lasciato la pelle. Per poco una schioppettata non l’aveva disteso secco all’uscita del paese. Egli era assai prudente. Veniva a Fontamara quando gli uomini erano al lavoro e nelle case non trovava che donne e creature. Ma la prudenza non è mai troppa. Egli era molto affabile. Distribuiva le sue carte con una risatella cretina, pietosa. Diceva: « Prendete, per carità, non ve l’abbiate a male, un pezzo di carta in famiglia può sempre servire. »
Però l’affabilità non è mai troppa. Alcuni giorni dopo un carrettiere gli fece capire, non a Fontamara (a Fontamara egli non metteva piú piede), ma giú nel capoluogo, che la schioppettata probabilmente non era stata diretta contro di lui, contro la sua persona, contro la persona di Innocenzo La Legge, ma piuttosto contro la tassa. Però se la schioppettata avesse colto in segno, non avrebbe ucciso la tassa, ma lui; perciò non venne piú, e nessuno lo rimpianse. Né a lui balenò mai l’idea di proporre al comune un’azione giudiziaria contro i Fontamaresi.
« Se si potessero sequestrare e vendere i pidocchi », aveva suggerito una volta, « senza dubbio un’azione di giustizia darebbe importanti risultati. Ma anche se fosse lecito sequestrarli, poi, chi li ricomprerebbe ? »
La luce doveva essere tagliata al primo gennaio. Poi al primo marzo. Poi al primo maggio. Poi si disse : « Non sarà piú tolta. Sembra che la regina sia contraria. Vedrete che non sarà piú tolta. » E al primo giugno fu tagliata.
Le donne e i bambini che erano in casa furono gli ultimi ad accorgersene. Ma noi che tornavamo dal lavoro — quelli che erano stati al mulino e tornavano per la strada rotabile, quelli che erano stati alla contrada del cimitero e tornavano giú dalla montagna, quelli che erano stati alla cava di sabbia e tornavano costeggiando il fosso, quelli che erano stati a giornata e tornavano un po’ da tutte le parti — a mano a mano che si faceva scuro e vedevamo le luci dei paesi vicini accendersi e Fontamara sbiadirsi, velarsi, annebbiarsi, confondersi con le rocce, con le fratte, con i mucchi di letame, capimmo subito di che si trattava. (Fu e non fu una sorpresa.)
Per i ragazzi fu anzi motivo di baldoria. Da noi i ragazzi non hanno spesso motivo di baldoria e quando càpitano, povere creature, ne approfittano. Così quando arriva una motocicletta, quando due asini si accoppiano, quando si incendia un camino.
Arrivati al paese trovammo in mezzo alla via il generale Baldissera che gridava e imprecava. […] Ignazio Silone, Fontamara, Oscar Mondadori, Biblioteca Gli Oscar, 1973, pp. 33-34-35.
CHAPITRE UN
Le premier juin de l’année passée, Fontamara, pour la première fois, resta sans lumière électrique. Le 2 juin, le 3 juin, le 4 juin, Fontamara continua à rester sans lumière électrique. Il en fut de même les jours suivants, les mois suivants ; tant et si bien que Fontamara se réhabitua au régime du clair de lune. Pour passer du clair de lune à la lumière électrique, Fontamara avait mis une centaine d’années. Pour revenir de la lumière électrique au clair de lune, un soir fut suffisant.
Les jeunes ne connaissaient pas l’histoire, mais nous, les vieux, nous la connaissons. Toutes les nouveautés que les Piémontais nous ont apportées en soixante-dix ans se ramènent, en définitive à deux : la lumière électrique et les cigarettes. La lumière électrique, ils nous l’ont reprise. Les cigarettes ? Puissent-elles étouffer ceux qui les fument : pour nous, la pipe a toujours suffi.
La lumière électrique, à Fontamara, était devenue elle aussi un fait naturel, comme le clair de lune, en ce sens que personne ne la payait. Personne ne la payait depuis des mois. Et avec quoi l’aurions-nous payée ? Les derniers temps, le facteur rural n’était même plus venu distribuer l’habituelle note mensuelle portant mention des arriérés, l’habituel morceau de papier dont nous nous servions à des fins domestiques. La dernière fois que le facteur était venu, peu s’en fallut qu’il n’y laissât la peau. Un coup de fusil, en effet, manqua le laisser raide mort à la sortie du pays.
Il était la prudence même. Il venait à Fontamara quand les hommes étaient aux champs et, dans les maisons, ne trouvait que les femmes et les enfants. Mais l’on n’est jamais trop prudent. Il était l’amabilité même. Il distribuait ses petits papiers avec un rire niais et compatissant. Il disait :
— Prenez, je vous en prie, et sans rancune, un morceau de papier, ça peut toujours servir dans une maison.
Mais l’on n’est jamais trop aimable. Quelques jours plus tard, un charretier lui fit comprendre, non point à Fontamara même (il n’y mettait plus les pieds, à Fontamara) mais au chef-lieu de la vallée, que le coup de fusil n’était probablement pas dirigé contre lui, contre sa personne, la personne d’Innocenzo La Loi, mais bien plutôt contre la taxe. Cependant, si la balle avait frappé dans le mille ce n’est pas la taxe qu’elle aurait tuée mais le facteur ; il cessa donc de venir à Fontamara et personne ne s’en plaignit. Et il ne lui vint point à l’esprit de traduire en justice les gens de Fontamara.
Si l’on pouvait saisir et vendre les poux, avait-il dit un jour, une action en justice donnerait à coup sûr de bons résultats. Mais en admettant même qu’il soit licite de les mettre sous séquestre, qui donc, ensuite, serait disposé à les acheter?
La lumière devait être coupée le 1er janvier. Puis le 1er mars, puis le 1er mai. Puis on s’est dit : « On ne la coupera plus. Il paraît que la Reine est contre. Vous verrez qu’on ne la coupera plus. » Et le 1er juin elle fut coupée.
Les femmes et les enfants restés au foyer furent les derniers à s’en apercevoir. Mais nous qui revenions du travail — qui rentrait du moulin par la grand-route, qui redescendait des champs environnant le cimetière, qui s’en revenait de la carrière de sable en longeant le fossé, qui surgissait un peu n’importe où après avoir fini sa journée — au fur et à mesure que l’obscurité tombait, que nous voyions s’éclairer les villages voisins et Fontamara s’effacer, s’embuer, se confondre avec les roches, les buissons, les tas de fumier, nous comprîmes tout de suite de quoi il s’agissait. Bref, nous fûmes surpris sans l’être.
Les gamins virent là une occasion de s’amuser. Chez nous, les gamins n’ont pas beaucoup d’occasions de se divertir et lorsqu’il s’en présente une, les pauvrets, ils en profitent. Ainsi quand passe une motocyclette ou un couple d’ânes, quand survient un feu de cheminée.
Arrivés au pays, nous trouvâmes au beau milieu de la rue le général Baldissera qui criait et lançait des imprécations. […]
Ignazio Silone, Fontamara, Les Cahiers Rouges, Éditions Grasset, 1967, pp. 37-38-39-40. Traduction de Jean-Paul Samson et Michèle Causse. Préface de Maurice Nadeau. |
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SOMMAIRE DU MOIS DE MAI 2009
▪ Terres de femmes ― Sommaire du mois d’avril 2009
▪ 1er mai 1912/Egon Schiele en prison
▪ 2 mai 1772/Naissance de Novalis
▪ Dominique Sorrente/Je t’envoie ma chanson des jours bleus
▪ 3 mai 1928/Création de Siegfried de Jean Giraudoux
▪ 4 mai 1976/Mort d’Henri Bosco
▪ Martine Broda/à tant marcher vers la lumière
▪ Piero Bigongiari/Nice Pisa
▪ Isles d’Europe à L’Isle-sur-Sorgue
▪ 7 mai 1253/Lettre de Frère Guillaume de Rubrouck à Louis, roi des Français
▪ H.D. (Hilda Doolittle), Les murs ne croulent pas
▪ Ghjacumu Thiers/Invilippu
▪ 10 mai 1950/Lettre de Simone de Beauvoir à Nelson Algren
▪ Claude Ber/Vues de vaches (note de lecture d’Angèle Paoli)
▪ Angélique Ionatos/Ké prassinizo
▪ Jean Gabriel Cosculluela/Lumière
▪ Jeanine Baude/C’est affaire de corps
▪ Christophe Tarkos/Termes
▪ W. G. Sebald, Campo Santo (note de lecture d’Angèle Paoli)
▪ Shankhya Ghosh/Le nom
▪ Le temps palpite (Angèle Paoli)
▪ Jeux de plis (Angèle Paoli)
▪ Paolo Fabrizio Iacuzzi/« Come fu la tua infanzia ? »
▪ 23 mai 1445/Andrea Mantegna « pictore »
▪ Cheval blanc au miroir (Angèle Paoli)
▪ Mercedes Roffé/Naître à nouveau
▪ Pierre Michon, Les Onze (note de lecture d’Angèle Paoli)
▪ 28 mai 2004/Mort d’Étienne Roda Gil
▪ 29 mai 1958/Mort de Juan Ramón Jiménez
▪ Sylvie Durbec/Conte oriental
▪ Sandro Penna/Un’estate
▪ Terres de femmes ― Sommaire du mois de juin 2009
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