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  • Jean-Charles Vegliante | Incontri, Seguito da Altre Babeli | Rencontres, suivi d’Autres Babel

    << Poésie d'un jour

     

     

     

     

    FBIS

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     " Écoute, c’est le lent murmure du temps qui ronge "

    Photo : G.AdC 

     

     

       Povria

                                          (una risposta)

     

    No, Antonella, la polvere non sale, cade
    esattamente come piccole pietre o foglie
    staccate dall’autunno che anche noi insidia
    e insidioso attende all’alternativa futura
    dei vivi, al rinnovo della macchina natura.
    Senti, è il rumorio lento del tempo che rode
    come un’acqua torrida su levigata pietra
    o lieve ronzio di turbine giù nell’orecchio:
    e come in fondo tutto va cadendo nel vuoto.
    C’è nulla o vuoto o caduta universale dei
    gravi, anche delle cose leggere, la polvere
    per esempio che soffice ricopre le spine
    e le foglie e tutto attutisce dell’esistente.
    Stiamo sospesi nell’attesa della caduta.

                               ( A. Anedda, Historiae, 2018)

     

    Jean-Charles Vegliante,« Incontri (Sfiorarsi) » in Incontri, Seguito da Altre Babeli, Interno Poesia Editore, 2023, p.37

     

     

    Povria

                                               (une réponse)

    Non, Antonella, la poussière ne s’élève pas, elle tombe
    exactement comme de toutes petites pierres ou des feuilles
    détachées par l’automne qui nous menace aussi
    et menaçant s'occupe de l’alternative future
    des vivants, le renouveau de la machine nature.
    Écoute, c’est le lent murmure du temps qui ronge
    comme une eau caniculaire sur une pierre polie
    ou le léger ronflement de turbines là-bas dans l’oreille:
    et comme au fond, tout finit par tomber dans le vide.
    Il n’y a rien ou le vide ou la chute universelle des
    corps, mais aussi des choses légères, la poussière
    par exemple qui duveteuse recouvre les épines
    et les feuilles et amortit tout ce qui existe.
    Nous sommes suspendus dans l’attente de la chute.

     

                                          (A. Anedda, Historiae, 2018), p. 37

     

    VEGLIANTE

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Jean-Charles Vegliante,« Rencontres( s'effleurer)» in Rencontres, suivi de Autres Babel, Interno Poesia Editore, 2023, p.37,
    traduction inédite d'Angèle Paoli.

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    Jean-Charles Vegliante
    Source

    ■ Jean-Charles Vegliante
    sur Terres de femmes ▼

    → Celle qui dort… (extrait des Oublies)
    → [Au fond de moi est un animal sauvage] (extrait d’Où nul ne veut se tenir)
    → [La lente] [L’étourdie] [L’Africaine]
    → Fenêtre (extrait de Trois cahiers avec une chanson)
    → Où nul ne veut se tenir (lecture de Joëlle Gardes)
    Trois cahiers avec une chanson suivi de Source de la Loue, L’Atelier du Grand Tétras, Collection Glyphes, 2020,
    Fragments de la chasse au trésor, Tarabuste éditeur, 2021
    In Memoriam Y.T: Giovanni Pascoli (1855-1912), Canti di Castelvecchio, 1903

    ■ Voir aussi ▼

             → (sur Recours au Poèmeune notice bio-bibliographique sur Jean-Charles Vegliante (+ 6 poèmes choisis)
    →     →https://www.leparoleelecose.it/?p=46381

  • Catherine Soullard | Je ne serai pas toujours là

    Catherine Soullard | Je ne serai pas toujours là
    Éditions Marie Romaine 2023
    Lecture d’Angèle Paoli

     

     

     

    Le défi est dans l'écriture

    Catherine-Soullard

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ph. Tous droits réservés: source 

     

     

     

     Je ne serai pas toujours là. Cette petite phrase banale, qui sonne comme une mise en garde ou du moins une adresse à l’autre, nous l’avons sans doute prononcée un jour ou l’autre dans une discussion avec un proche. Elle est le titre du dernier récit de Catherine Soullard, autrice au style impeccable, déjà présente dans Terres de femmes. Au moment où j’écris, je ne retrouve pas cette phrase et je ne sais plus à quel personnage l’attribuer. S’est-elle trouvée dans la bouche de Charles, vieil homme qui se sait arrivé en fin de parcours de sa vie ? L’aurait-il adressée à Adrien, dans un des dialogues qu’il partage avec le petit bonhomme de dix ans pour lequel il nourrit une grande affection ? Ou alors au cours d’une de ces joutes matinales qu’il conduit avec madame Simone qui a l’art de le provoquer tout en l’admonestant – gentiment – avant de trinquer avec lui ? Mais elle pourrait tout aussi bien surgir d’un appel au secours de Charles, enfant, à sa mère, cauchemar qui le propulse au chevet de son frère Marcel mourant, emporté par une maladie neurologique ? Peut-être vient-elle d’un tout autre personnage – ils ne sont pas si nombreux – ou encore de l’une de ces pensées que le vieil homme rumine à longueur de journée, pensées qui le traversent à l’improviste sans qu’il puisse les contrôler ? Peut-être la retrouverai-je alors même que je ne la cherche plus ? À moins que je ne l’aie inventée.

    Une phrase pourtant, assez proche de celle-ci, se trouve au chapitre 28. Une variante, en quelque sorte :
    « tu ne m’auras pas toujours ».

    D’apparence anodine, cette petite phrase survient dans un contexte enchevêtré, qui mène en quelques phrases de la mort du père de Simon à celle, antérieure, de sa mère. Au moment où il se trouve au chevet de son père mourant, Simon se replace dans le souvenir de la mort de sa mère quelques années auparavant. « Tes amis tu peux les voir tout le temps, mais moi, tu ne m’auras pas toujours ». C’est d’elle qu’il la tient. La voilà qui ressurgit à ce moment précis où son père va mourir. Dans ces deux moments-là, confronté qu’il est à la mort de ses parents, Simon fait l’expérience de ses propres limites et de ses incapacités à assumer son rôle auprès des siens. Non sans accès de lucidité. Ainsi du début de ce monologue intérieur du chapitre 35, au cours duquel Simon se débat face à son père mourant, puis s’en va, laissant la place à Nathalie:

    […] « il n’y a plus rien à faire, je le sens bien, je n’en peux plus, j’ai mal au ventre et faim, tellement faim, je meurs de mal au ventre, de faim et de honte, ça c’est moi, au top comme d’habitude, comment peut-on penser à manger quand son père est en train de mourir et pourtant je n’ai qu’une hâte, fuir, me coucher, dormir, Papa a perdu connaissance, à neuf heures moins le quart je l’embrasse, demande à l’interne de garde qu’on le soulage et je m’en vais, Nathalie viendra prendre le relais dès que je serai rentré pour garder Adrien. Voilà, j’ai déserté. Nathalie sera bientôt là et Nathalie, c’est moi. »

    Le récit de Catherine Soullard, brillante entomologiste du quotidien, ne raconte rien d’exceptionnel. Ses personnages ne sont pas des héros. Ce sont des humains, confrontés à l’ordinaire de leur vie. « Une vie, ça se vit », écrit Jean-Luc Nancy, cité en exergue. Elle se vit dans ces pages sous toutes ses dimensions, désirs, érotisme, sexe, violence, amour, innocence, atermoiements, colères, incertitudes, révoltes, crises, désespoir, cruauté… Catherine Soullard en grande observatrice, regarde ses personnages évoluer en quarante chapitres, dont certains très courts, dans la quasi-totalité-trivialité de l’existence. Elle prête à chacun, à tour de rôle, son propre regard. Un regard soucieux de précision (sinon pourquoi aurais-je choisi ce terme d’entomologiste ?), qui s’appuie sur les moindres détails, même les plus prosaïques mais c’est un regard tendre. Les scènes, portées par une écriture vive, colorée et contemporaine, sont parfois extravagantes, mais elles sont drôles et inattendues. C’est dire si l’autrice aime ses personnages qu’elle suit avec la plus grande attention dans leur cheminement, interrogations et doutes, et dans la mise en lumière – coups de projecteur – de certains moments clé de leur existence.

    Tout se noue autour de Charles – « bon pied bon œil » – en dépit de son grand âge (quatre-vingts ans) et se dénoue avec sa mort au chapitre quarante. Entre temps, difficile de dire combien, mais probablement quelques mois, il nous est donné de découvrir certains aspects du caractère et de la personnalité du vieil homme confit dans ses habitudes ; de ses goûts, gourmandise, grimaces et obsessions. Le train-train est réglé par les sorties dans le quartier et orchestré par madame Simone. Ces deux-là ont tout du vieux couple maître/servante, dans ses contrastes et sa diversité. Remis au goût du jour, vocabulaire inclus, par la talentueuse autrice. Ainsi, mise à part une sortie en famille quelque part en Sologne, la vie de Charles est-elle soumise à une série de rituels, du jour et du soir. Mais n’en est-il pas de même pour nombre de personnes vivant leur solitude au jour le jour, dont l’essentiel est construit sur ces cérémonials du quotidien ?

    En revanche, nous ne saurons ni le nom du vieil homme ni quel fut son métier. Peut-être a-t-il eu des liens avec les métiers de l’édition. De ses rêves d’ailleurs, il n’en a que pour Marseille. Il s’y rend quelques fois et c’est toujours le même bonheur des lieux aimés, des odeurs retrouvées. Il a horreur des voyages, de la fureur mercantile de l’époque, de l’absurdité des usages modernes, y compris ceux du sport. Des amours, nous découvrirons qu’il a aimé deux femmes – Esther et Marthe. Marthe dont il a été un amant de passage et qu’il retrouvera plus tard. Marthe, mer, Marseille. Une même folie, une même passion. Avec Marthe, il avait caressé le rêve d’avoir un fils. Et ce fils, il l’aurait appelé Marcel, comme son petit frère défunt. Mais Charles a l’art de faire rater les moments de bonheur. Et ce rêve-là n’a jamais pris corps.

    Nous apprendrons que Marthe s’est tuée dans un accident de voiture avec son mari. Qu’elle laisse une fillette, Nathalie. Les personnages entrent en scène progressivement, comme dans une pièce de théâtre, dans l’alternance des chapitres. L’angle de vue changeant ainsi avec le regard. Les personnages se découvrent au fur et à mesure, pris dans les liens qui les réunit, le temps du récit. Ainsi en est-il jusqu’au dénouement. En somme, un récit de la vie de tous les jours, animé par ses drames, ses morts, ses ruptures, ses amours et ses joies minuscules.

    Alors ? Quoi d’autre ? Ici, dans Je ne serai pas toujours là, le défi est dans l’écriture. Une écriture savamment forgée par le regard et par l’analyse cinématographiques, avec ses cadrages – la fenêtre – ses inserts – photo miroir canne mouchoir – qui sont autant d’objets familiers, chargés de la magie du pouvoir de transmission d’un univers à l’autre ; ses fondus enchaînés qui font passer sans transition autre qu’une virgule, d’un moment à un autre, d’un discours intérieur à un autre, de la pensée aux gestes. Des gestes aux regards ; du présent au passé. Le brouillage temporel est total, qui glisse sans rupture du vécu actuel au retour en arrière. Avec un éclairage privilégié sur les souvenirs d’enfance. Catherine Soullard manie en virtuose analepses et prolepses.

    « Une route serpente à travers un paysage, le monde sort des eaux, originel, inviolé, le cliché noir et blanc date d’une dizaine d’années, le grain est épais, il avait dû grimper pour avoir ce pont de vue… il avait déclenché, ses traits se détendent, son regard s’échappe, se répand sur les collines… »

    Ou alors, du présent au futur, par anticipation :

    « Charles marche en direction du parc, le dépasse, traverse le boulevard extérieur, se retrouve sur les quais de la Seine… il a faim tout d’un coup, cette sensation presque oubliée le ravit, c’est comme un grand trou à l’intérieur qui l’aspire, il rêve d’œufs à la coque, de mouillettes de baguette croustillante tartinées de beurre salé, d’un verre de bordeaux et d’une tarte aux pommes tiède et craquante… » « il coupe par le boulevard pour tâcher de rentrer chez lui avant le départ de madame Simone. Il s’excusera pour tout, dira comme d’habitude qu’il a présumé de ses forces, qu’il ne sait pas ce qu’il a en ce moment, qu’il n’est pas facile, il s’en rend bien compte, sans doute l’âge ajoutera-t-il pour la faire réagir, et ça ne manquera pas… Deux heures et demie, il faut se hâter, ce sera du Château d’Arcins, son régal, il en boira trois verres, avant d’aller s’étendre tout habillé… »

    La dernière anticipation, chapitre 39, est issue d’un cauchemar terrible qui précède la mort de Charles. Charles, mu par une jalousie qu’il a tenue cachée, est pris d’une bouffée de meurtre sur la personne de David, le premier grand amour de Nathalie. Tout se déroule en une seule et unique phrase, très longue, ponctuée de virgules:

    « L’étrangler, le poignarder, l’assommer, ou, l’assommer c’était sans doute la façon la plus raisonnable de procéder… il faudra pulvériser son air fragile, son masque d’enfant triste, le terrorise, qu’il se montre enfin tel qu’il est, inconsistant et égoïste… j’aplatirai ses yeux au fond des orbites tout au fond du miroir de la loge, j’entends le petit craquement gluant comme des cartilages de poisson qu’on brise… »

    Tout se brouille, se mélange dans cette vision où rivalisent le bleu et le rouge, où David et Nathalie se rejoignent dans l’esprit déréglé de Charles, David dans la mise à mort, elle dans la séduction et le désir. La folie de Charles est à son paroxysme. Les actes imaginés s’enchaînent dans une succession ininterrompue, d’un seul souffle. Les futurs alternent avec les présents. Dans ce moment de terreur et de bataille avec lui-même, le « vieux fou » égaré appelle sa mère au secours. Une dernière fois.

    Et l’on retrouve dans le bref chapitre de clôture, sous le regard de madame Simone, les deux couleurs qui ont essaimé le récit de leur rencontre et de leur lutte, le rouge et le bleu. Le bleu l’emporte, pour lequel Charles avait une grande prédilection:

    « Dans la chambre sur la moquette chinée la vieille épée plantée était brisée en plusieurs morceaux, l’extrême pointe était plantée dans la dernière fiche de Simon barrée de deux parallèles rouges entre lesquelles on lisait quatre mots écrits en grand et au stylo bleu Ni chaussures ni chaussettes. »

    Magnifique, ce récit à la fois très construit et très enlevé, doit à la grande maîtrise de l’écriture son caractère bouleversant.

     

    ANGELE NB

     Angèle Paoli / D.R. Texte angelepaoli

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    CATHERINE  SOULLARD

    Productrice à France Culture pendant quinze ans, Catherine Soullard (née à Paris le 11 novembre 1955) est critique de cinéma
    (notamment pour la revue Secousse) et l'auteure des romans Palmito d'Évian (Calmann-Lévy, 2005), Bouchère (Calmann-Lévy, 2006), 
    Les Asperges (Le Passage, 2010), Mal dedans (éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2011)
    et Vous avez Jupiter dans la poche (éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2015).

    ■ Catherine Soullard
    sur Terres de femmes ▼

    → Vous avez Jupiter dans la poche    (note de lecture d’AP)

    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions du Rocher) la fiche de lecture consacrée à Johnny de Catherine Soullard
    → (sur YouTube) un court extrait de Johnny Guitar de Nicholas Ray
    → (sur YouTube) Peggy Lee. Live Kinescope 1954. Featuring Johnny Guitar & Hallo Shampoo
    → (sur le site du ciné-club de Caen) une fiche-cinéma sur Johnny Guitar de Nicholas Ray

  • Éric Sautou | Grand Saint Vincent

    <<Poésie d'un jour

     

     

     

    Pluie_Fotor

     

     

     

     

     

     

     

     

     " l’eau n’est jamais si profonde (si noire)" 

    Ph;: G.AdC 

     

     

    son enfance

    c’est un moment
    de l’hiver
    où neige la neige regarde

    j’ai effacé
    de la main sur la vitre

    à l’affût comme Dieu

    *

    la barque (seule)
    vient alors à la lumière sur l’eau (seule)
    je laisse alors aller ma main sur l’eau (seule)

    -pouvoir enfin l’y reposer

    *

    lance les pierres dans l’eau noire (toujours là avec soi)
    l’eau n’est jamais si profonde (si noire)
    j’entends

    et je vois

    *

    l’eau où tremblent encore
    de si tendres
    reflets
    d’arbres les arbres
    du tas de feuilles mortes saison

    *

    plombs et mousses pris au lacet
    dans le bois noir où je m’égare il y a
    ici et là je m’y attends

    *

    à demi-jour
    à peu de mots près
    lumière aux fenêtres
    des bois
    ma vie est la plus seule
    ma vie est la plus seule
    et de plus en plus seul se serrer ça ne me suffit pas

    *

    il n’est attendu de personne il apparaît pour rien

    *

    l’animal est blessé (l’abattre)

    c’est toujours là où revenir c’est à l’écart
    je nage
    nu à l’écart

    et les voix que j’entends je les entends moins fort

    *

    l’animal sur le dos
    les yeux grands ouverts ( son poil est dru tâché de sang)
    les arbres aussi
    qui n’ont pas de musique
    vides comme moi
    (comme moi sans repos)
    et l’étang lui aussi
    est resté silencieux

    *

    je bats
    de mon bâton l’herbe haute et je reviens chez moi

    le limon se soulève
    une dernière
    fois

     

     

    Grand saint vincent

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Éric Sautou, « Le Pont noir » in Grand Saint Vincent, La vignette de couverture est de Frédéric Limagne, Éditions Unes 2023, pp.9, 10, 11, 12.

     

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    É R I C   S A U T O U

    Sautou 2
    Ph. Sébastien Solidon
    Source

    ■ Éric Sautou
    sur Terres de femmes ▼

    → Beaupré (lecture d’AP)
    → À son défunt (lecture d’AP)
    → [Lire les poèmes] (extrait des Jours viendront)
    → La vie éternelle, I (extrait d’Une infinie précaution)
    → [comme le héron je descends de ma fenêtre] (extrait des Vacances)
    → La Véranda (lecture d’AP)
    → [assise et seule assise] (extrait de La Véranda)
    Son enfance, Faï fioc, 2021 pp.25, 27, 29,

    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Éric Sautou
    → (sur Terre à cielune page sur Éric Sautou
    → (sur le site des éditions Flammarion) la fiche de l’éditeur sur Beaupré

  • TdF sommaire du mois d’octobre 2023 / N° 225

                  

            TDF octobre 23

     

     

     

     

     

     

     

     

    Image: G.AdC

     

     

    ♦ SOMMAIRE DU MOIS D'OCTOBRE 2023  ♦

    Cartouche du N°225 de Terres de femmes / octobre 2023

     

    Maryse Gandolfo | Je m'en irai, à pas glissés, vers le soleil

    TATIANA DANILIYANTS, L’ÉTREINTE DE LA RIVIÈRE | В обьяmuяx peku

    Yekta | À l’article de la naissance

    26 octobre 2022 | Mort de Pierre Soulages | Pierre, Christian Bobin

    Pierre Cendors | Les Hauts Bois

    Antoine Carrot | Silence habit

    Christel Visée | Les mots d'Adama

    Paul Valéry | Au commencement sera le soleil

    Raluca Maria Hanea | Disparition initiale | Lecture d'Angèle Paoli

    James Sacré | De la matière autant que du sens

    Étienne Rouziès | La Montée

    James Sacré I De la matière autant que de sens

    Christian Viguié | Nature morte avec page blanche, ombre et corbeaux

    Claudine Bohi | Anne Slacik |Parfois l'un d'entre nous

    Vignale, le jardin partagé | Les ricochets poétiques d'Angèle et Marie.T | Lettre N° 17

    Paul-Henry Vincent | Coule de source

    Marie Dufon-Roche | Oser vouloir | Georgina Bazé, une femme dans l'Histoire | Lecture d'Angèle Paoli

    Laurence Bouvet | Dans le tremblement du seuil 

    Lucebert | Tout est dans le monde

    Christian Bobin | Les poètes sont des monstres

    Jean-Louis Bernard | Héritage du souffle

    D'une rive à l'autre | Quand les poètes traduisent les poètes  Direction Marie-Christine Masset | Lecture d'Angèle Paoli

    Carine Adolfini | Les Cloisons Souples

    Clément Bollenot | Ici l'horizon 

     TdF sommaire du mois de  septembre 2023 / ( N°224 ) 

    Cartouche du sommaire du mois de septembre 2023 ( N° 224) 

                            

     ♦  Voir le  →  répertoire chronologique de tous les numéros

  • Terres de femmes n° 225―octobre 2023

    CLIQUER SUR LA PHOTO
    pour accéder au SOMMAIRE
    du numéro du mois d'octobre 2023

     

     

     

    TDF octobre 23

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Image: G.AdC

    Responsable de la rédaction :  Angèle Paoli
    Coordination éditoriale et mise en pages :  Yves Thomas  ( † 2021 ) 
    Direction artistique et mise en images : Guidu Antonietti di Cinarca:  ( G. AdC ) 
     
     

     

     

  • Maryse Gandolfo | Je m’en irai, à pas glissés, vers le soleil

    <<Poésie d'un jour

     

     

     

    Maryse

    Portrait de Maryse au blouson vert , par → Pierre  Ambrogiani
    (Collection Maryse Gandolfo)   
    Source Drouot

     

     

     

     

     

    Je regarde longtemps couler
    le sang pâle des nébuleuses
    de mon pauvre corps étoilé
    Ah ! que mon âme est malheureuse

    Et je m’en vais crucifiée
    en costume de mi-carême
    sans personne à qui me fier
    qu’on est malheureux quand on aime

    Les réverbères ont un air las
    les maisons sont brodées de lune
    mon malheur vient de ce que le
    couleur de mes cheveux est brune.

    Je cherche un étang de rêve
    où m’endormir près du couchant
    que t’importera si je crève
    et que le monde est donc méchant

    Je regarde longtemps couler
    le sang pâle des nébuleuses
    de mon pauvre corps étoilé
    Ah ! que mon âme est malheureuse

    Octobre 1950

     

    Maryse Gandolfo, Je m’en irai à pas glissés, vers le soleil… Poésie, Livre de gratitude et d’amitié
    conçu par Louis Rama et composé par Marc Peyret, Imagineur à L’Isle-sur-Sorgue
    avec Hélène Jouanneau infographiste virtuose, 2021, Le Thor.

    MARYSE GONDOLFO

     

     

    Marseille 1940-1943, Maryse, passionnée de littérature, écrit. Notations brèves, presque des Haï-ku, des visions, des sensations.
    Un regard clair, jeté sur la ville, le port, les marins, les navires. Chanson d’une toute jeune femme à peine sortie de l’enfance à la découverte d’elle-même et du monde.
    C’est la guerre et pourtant tout est lumière, légèreté.

     

     

     

  • TATIANA DANILIYANTS, L’ÉTREINTE DE LA RIVIÈRE | В обьяmuяx peku

    <<Poésie d'un jour

     

     

     

    TROIS

     

     

     

     

     

     

     

    Image : G.AdC

     

     

    Tpoe

    Я в блуде, я блуждадаю,
    я забЫваю poднoe наpeчиe,
    я ceбя иe ломню и тeбя забЫваю,
    лицо близоcти, лицо дpугa.

    Я нe знаю,
    что пить и что ecть,
    куда идти, куда eхать,
    Эти cиниe цвeтЫ вЫпили вcю вoду.

    Пoмoги мнe, cepдцe !
    Пoмoги cвoeй cecтpe cмepтнoй,
    Пoмoги вЫcвoбoдитьcя на волю,
    Волю вeтpа, Волю пpавдЫ,
    Волю cинeгo, Волю зeлёнoгo.

     

    TROIS

    J’erre, dévoyée, adultère,
    j’oublie la langue de mes aïeux,
    je ne me connais plus et t’oublie,
    visage familier, visage ami.

    Je ne sais plus
    que boire ni que manger,
    où aller où me rendre.
    Ces fleurs bleues ont bu toute l’eau.

    Aide-moi, mon cœur !
    Viens au secours de ta sœur mortelle,
    aide-moi à prendre mon envol
    à me remettre
    au gré du vent, au gré du vrai,
    au bleu du ciel, au vert.

    Tatiana Rivière.jpg 2

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

                                                     TATIANA DANILIYANTS, L’ÉTREINTE DE LA RIVIERE | В обьяmuяx peku  
                                            Traduit du russe par Irène Imart, Postface de Jean-Baptiste Para, Aquarelle de Tatiana Aliochina, Éditions Alidades 2023, pp. 32,33.

     

     

  • Yekta | À l’article de la naissance

      << Poésie d'un jour

     

     

     

    Virages obliques bis

     

     

     

     

     

     

     

    "des vertiges de paysages renversés"

    Aquatinte de →  G.AdC 

     

                                                                                                                                                            

     

     

    8.

    Les chemins dorment-ils en notre absence
    ou luttent-ils pour ne pas s’effacer

    rêvent-ils d’autres croisements
    des vertiges de paysages renversés
    de virages obliques
    de toute cette folie de tangentes

    ou creusent-ils seulement
    la direction vers leur vérité

    elle questionne et le dieu qui pense en paradoxes
    soulève le vent de sa réponse

    puissant désordre sans cœur et sans borne
    grande force éprise de dispersion

     

     

    Lune bleue

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Yekta, À l’article de la naissance, Dessins de LaOdina, Collection DUO L, La lune bleue -Trouées poétiques 2023, p.16

     

    YEKTA

     

     

     

     

     

     

     

     

    Yekta sur   →   Tdf 

    Voir aussi  →    Bio 

     

  • 26 octobre 2022 | Mort de Pierre Soulages | Pierre, Christian Bobin

              <<Éphéméride culturelle à rebours

     

                                                                                                                                                                          

    SOULAGES

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Source 

     

     

    Un an déjà que Pierre Soulages a quitté ce monde. Il est mort le 26 octobre 2022. Il aurait eu 102 ans le 24 décembre.

    Je cède la place à Christian Bobin et à Pierre, édité par les éditions Gallimard, en 2019.

     

    « Je me moque de la peinture. Je me moque de la musique. Je me moque de la poésie. Je me moque de tout ce qui appartient à un genre et lentement s’étiole dans cette appartenance. Il m’aura fallu plus de soixante ans pour savoir ce que je cherchais en écrivant, en lisant, en tombant amoureux, en m’arrêtant net devant un liseron, un silex ou un soleil couchant. Je cherche le surgissement d’une présence, l’excès du réel qui ruine toutes les définitions. Bach est plus que musicien. Soulages est plus que peintre. Rimbaud n’est poète que secondairement, comme les cendres qui retombent en papillons du volcan – ses poèmes. Je reconnais dans ces insensés ce qu’apprend avec effroi le nouveau-né, chaque fois que le visage de sa mère lui réapparaît, crevant la toile de l’air comme le lion le cercle de feu : il y a une réalité infiniment plus grande que toute réalité, qui froisse et broie et enflamme toutes les apparences. Il y a une présence qui a traversé les enfers avant de nous atteindre pour nous combler en nous tuant.

    Si Soulages est bientôt centenaire, c’est signe d’une élection. Mourir à seize ans eût été le même signe, à cet âge où le très jeune Jean-Baptiste Chassignet écrit son chef-d’œuvre, Le mépris de vie et consolation contre la mort, flagellant le seizième siècle pour ensuite n’écrire et ne vivre qu’infiniment peu, et mal. La lumineuse vieillesse comme la radicale jeunesse sont deux manières de serrer dans un poing de fauconnier l’éclair de l’éternel. Les images se multiplient comme des plaies d’Égypte, changent la fontaine ardente de nos yeux en écrans plasma. Ces épiphanies industrielles dont la fascination nous dépossède de nos puissances rêveuses sont aveugles. Pour voir, réellement, concrètement, surnaturellement voir, je trouve un appui dans la tribu outrenoire, auprès de ces guerriers couverts de boue. Même loin, ils sont proches. Même absents, ils me parlent. Ces dinosaures de goudron du musée Fabre à Montpellier, je sens encore la chaleur qu’ils dégagent, comme le remuement lactaire, embousé, généreux d’une étable la nuit, quand mesdames les vaches soupirent leur vie, à faire trembler les cordes de l’univers. Le cheptel anti-électronique de Soulages, les bisons, les aurochs qu’il peint à même nos yeux, il me suffit de penser à eux pour que la magie colorée des modernes apparaisse pour ce qu’elle est: de tristes jeux d’enfant abandonné. Impossible de s’éprouver abandonné dans un tableau de Pierre. On est enfin devant quelqu’un. Et ce quelqu’un, c’est nous.

    La plus belle salle d’exposition pour tes outrenoirs, ce n’est pas le Louvre qui s’apprête à te donner une de ses salles – mais un garage pourri dans un village de campagne. Cet atelier où un ouvrier hors d’âge ausculte des moteurs asthmatiques, et le sol bruni de crasse, avec la calligraphie dorée des huiles de vidange. Ta peinture travaille à réparer, restaurer, relancer le flux de la vie, à faire que rien ne rouille, pas même la rouille. Cette image de toi traîne les livres : tu as une cinquantaine d’années. Tu es dans ton atelier-garage. Tu travailles pour ton compte. Pour l’instant tu apparais debout, perplexe, méfiant, penché sur la flaque noire d’un tableau en cours, les bras ballants. Tu cherches l’origine de la panne, l’endroit où l’éclair s’est perdu dans la nuit de l’enfance après en avoir surgi. Tu cherches à ce que rien ne finisse jamais, jamais, jamais. L’œuvre faite, Pierre, c’est la mort. La peinture achevée, le livre fini. Mais le lecteur vient et réécrit le livre, mais le regardeur vient et repeint le tableau. Il y avait assez d’air entre les mots, assez de nuit sur la toile pour que quelqu’un se saisisse – en lisant, en voyant- de sa propre vie inachevée, du nom du dieu dans le ventre du silence, encore non formé – battant. Je te raccompagne dans ton garage, Pierre. Le soleil touche de son pied nu une tache d’huile. L’exposition commence. Je vais te venger du Louvre.

     

    Pierre

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Christian Bobin, Pierre, Éditions Gallimard 2019, pp.7, 8, 18, 19, 32, 33.

    Voir aussi Christian Bobin sur  →  Tdf 

     

     

     

  • Pierre Cendors | Les Hauts Bois

               <<Poésie d'un jour

     

     

     

    CYPRES

     

     

     

     

     

     

     

    Ph.: G.AdC

     

     

     

     

    Octobre
    sous la vouture nuageuse du vent
    nos lents respirs de lumière

    Dans ce silence de l’après vent
    ce silence d’un instant
    qui se fait plaine
    ce qui est muet
    reprend le souffle

     

     

     

    Marcher
    sous le couvert du silence
    marcher comme marche le rêveur
    dans le sommeil du dormeur
    comme le danseur
    en contemplation marche
    au bord des mondes
    sous le rideau qui se lève

    Parler j’y renonce
    parler se met à dire
    ce qui est rompu
    le feu se tait
    et dans l’ombre
    agrandie des yeux
    écoute comme écoute
                une profondeur

     

     

    Hauts bois

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pierre Cendors, « Le premier jour» | « Les Hauts bois » in Les Hauts Bois, Isolato, 2013, pp. 14, 32, 33.

     

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    PIERRE   CENDORS

    Cendors 2
    Source

    ■ Pierre Cendors
    sur Terres de femmes ▼

    → L’intime du large (autre extrait de Chant runique du vide)
    → Les Fragments Solander (note de lecture d’AP)
    → Le Voyageur sans voyage (extrait)
    Les Hauts Bois, Isolato

    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Éclats d’encre) la fiche de l’éditeur sur Chant runique du vide de Pierre Cendors
    → Endsen, le blog de Pierre Cendors