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  • Brut de décoffrage

    Journal




    Toussaint_2008_en_corse_de_linterie
    Ph., G.AdC




    BRUT DE DÉCOFFRAGE

         La fin des vacances de la Toussaint a une odeur bien particulière. Odeur des premières grosses pluies, terres gorgées d’eau et feuilles jaunies, alourdies dans les rigoles. Odeur des derniers raisins que chacun grappille au passage sur la treille. Odeurs des départs. Le village, tiré un instant de sa torpeur, se vide à nouveau de ceux qui sont venus honorer leurs morts. Les visages familiers, surpris au détour de la ruelle dès le début des vacances, disparaissent jusqu’à la prochaine étape. D’autres surgissent, inattendus, au hasard de la toile.

        Lui, Martin M., « le toubib », je l’avais rencontré un été, à Alep, sur la terrasse du vieil hôtel Baron. Il baroudait à moto, sur les routes de Syrie, avec ses amis italiens à la recherche, comme lui, de sites archéologiques encore peu explorés. Ils arrivaient de Mari, tout chargés de poussière et d’histoire. Nous attendions, pour poursuivre notre voyage vers Palmyre, que notre fille soit rétablie des fièvres qui la clouaient à la chambre. La terrasse du vieil hôtel Baron, havre de fraîcheur nocturne, emplie des rumeurs de la ville, nous avait rapprochés. Il s’était occupé de la jeune malade et nous avait rassurés par ses soins bienveillants. Le soir, à la veillée, il racontait les pistes et les ruines, il racontait aussi les enfants soignés au passage par l’un ou l’autre médecin du groupe. Je lui parlais de mon grand-père corse, qui avait résidé dans la citadelle, du temps où la Syrie était sous mandat français. Ensemble nous avions commenté les photos du hall de réception, celle d’Agatha Christie ou de Sir Lawrence, qui avaient séjourné dans l’hôtel. Nous commentions aussi les fréquentes coupures d’eau et d’électricité, représailles de la Turquie contre les Kurdes tout proches. Je me souviens de ces soirées qui ont marqué ma mémoire de leur saveur d’enchantement. Un jour, Martin est reparti avec la promesse de nous écrire, ce qu’il fait de temps en temps. Samedi dernier, en rentrant de ma visite au tombeau familial, une lettre de Martin m’attendait. Une lettre écrite sur le pouce. Et pourtant… Je vous la copie ci-dessous telle que je l’ai lue, « brut de décoffrage ».

    Angèle Paoli




        […] « L’infirmier me dit : il faut que tu ailles voir Mme B, elle ne va pas du tout.
    Elle habite dans une petite maison entourée d’un terrain en friche. Je sonne et au bout d’un moment elle apparaît, vêtue d’une robe de chambre molletonnée et de pantoufles. Le tout en lambeaux. De sa porte s’échappe une odeur qui fait reculer. Dans son couloir des excréments et de l’urine. J’apprendrai plus tard qu’elle conservait ses merdes depuis des mois dans un grand seau en fer émaillé, le tout à 25°, chauffage à fond. Son visage est rongé d’un cancer bénin mais avec ses yeux déments, elle fait peur. Je recule car ses mains sont recouvertes d’une matière brune et qu’elle sent très mauvais. Je lui propose l’aide ménagère ou un séjour à l’hôpital mais elle m’envoie sur les roses :
    « Tout va bien, je ne vous paierai pas, partez ».
    C’est ce que je fais. De retour à mon bureau, je téléphone aux services sociaux de la mairie.
    L’assistante sociale me dit qu’elle ne peut rien faire et que tout ça l’ennuie et qu’on n’a qu’à se débrouiller avec l’infirmier. Alors je me mets en colère (comme toujours) et lui dit que c’est SA responsabilité et qu’elle est payée avec l’argent public pour faire ce genre de choses… Cette garce trouve un truc imparable, elle avoue qu’elle n’est pas assistante sociale et pour finir elle se déclare incompétente dans tous les domaines et pleure presque. Avouer qu’on est un con, c’est un éclair de lucidité qui me désarme.
    Donc je me décide à faire son travail et pour ça j’appelle le Maire car il me faut la police et un témoin (un conseiller municipal en l’occurrence). Le maire me promet le tout pour 14H.
    Nous voilà tous à son portail, moi qui sonne et mes complices cachés derrière le mur comme au théâtre.
    La pauvre vieille apparaît finalement, je lui dis de m’ouvrir, qu’il faut qu’on parle. Elle est dans le même habit merdeux que la veille et pue tout autant. Elle m’ouvre et je vais me placer entre elle et la porte de sa maison car si elle s’enferme il faudra casser la porte à la hache, et ce sera encore des complications administratives. Mes complices font alors leur apparition: police, témoin et brancardiers. Le cirque commence.
    Je lui dis qu’il faut la mettre à l’hôpital car “je le veux”.
    Elle hurle, appelle sa mère, “vous n’avez pas honte de faire ça à une pauvre vieille…”
    Dans un mouvement désespéré, elle s’agrippe au policier avec ses mains pleines de merde.
    L’agent manque de vomir et appelle au secours comme un enfant peureux arqué vers l’arrière, n’osant même pas la toucher. Les brancardiers la chopent avec des gants en plastique et la renversent sur le brancard où ils l’attachent avec un drap. Puis on part tous en cortège pour l’hôpital, où il faut remplir des papiers et faire un rapport médical sur les “motivations” de l’hospitalisation. Je fais ce que j’ai à faire quand derrière moi on amène la vieille sur son brancard. Elle m’appelle.
    “Docteur”,
    J’approche.
    “Docteur, vous êtes un salaud” !
    Je lui réponds “oui, je sais ça depuis longtemps.”
    Elle ajoute “Un jour vous aussi vous crèverez comme ça”
    “Oui, je sais ça aussi”.
    Nous nous quittons en souriant tous les deux.

    Martin

    PS : As-tu lu Prisonniers du paradis d’Arto Paasilinna ?



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  • Rouges de Chine 19





    Le_vent_des_jours_292






       Le vent des jours
       s’est apaisé

       pluie de bambous
       droite lignée

       vibre et chante
       sur les étangs

       tendre rideau
       sureaux
       dansant

       le temps






    D.R. Photo et texte : G.AdC/angèlepaoli
    Édition et mise en pages : Yves Thomas



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  • Rouges de Chine 19





    Le_vent_des_jours_292






       Le vent des jours
       s’est apaisé

       pluie de bambous
       droite lignée

       vibre et chante
       sur les étangs

       tendre rideau
       sureaux
       dansant

       le temps






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  • Cesare Pavese dans la collection Quarto


    Cesare Pavese, Œuvres,
    Gallimard, collection Quarto, 2008.



    Lecture d’Angèle Paoli



    Pavese
    Image, G.AdC






    CESARE PAVESE DANS LA COLLECTION QUARTO,
    UNE ÉDITION ÉTABLIE ET PRÉSENTÉE PAR MARTIN RUEFF




    Le centenaire de la naissance de Cesare Pavese, né le 9 septembre 1908, est l’occasion pour les éditions Gallimard de publier dans la collection Quarto un volume rassemblant les œuvres majeures* du grand écrivain italien. Dirigé par Martin Rueff, cet ouvrage imposant comporte, outre une biographie très complète agrémentée de photos, de notes et d’extraits d’articles, une bibliographie commentée par Martin Rueff lui-même. Les œuvres sont présentées par ordre chronologique, depuis Travailler fatigue (1930-1935), recueil poétique traduit par Gilles de Van, jusqu’au Métier de vivre. Commencé en 1935, ce « journal d’écrivain », à la fois « cahier d’écriture et cahier de lecture », accompagne Cesare Pavese jusqu’au 17 août 1950, dix jours avant sa mort survenue le 27 août 1950.

    Intitulé Cesare Pavese, Œuvres, l’ouvrage s’ouvre sur « Portrait d’un ami » de Natalia Ginzburg. Texte par lequel Natalia Ginzburg ancre « la mélancolie voluptueuse du jeune homme qui n’a pas encore touché terre » dans la mélancolie de la ville qui était chère à Pavese. Turin. Natalia Ginzburg évoque les années de jeunesse turinoise en même temps que celles des amitiés qui avaient fini par ennuyer l’écrivain devenu célèbre. « Nous-mêmes qui étions ses amis, nous disait-il, nous n’avions plus de secret pour lui et nous l’ennuyions infiniment. » Elle évoque enfin cette nuit d’août où Pavese s’est donné la mort. « Aucun d’entre nous n’était là. Il a choisi pour mourir, un jour quelconque de ce mois d’août torride et il a choisi la chambre près d’un hôtel de la gare ; il a voulu mourir, dans la ville qui lui appartenait, comme un étranger ». Une mort annoncée bien des années auparavant dans Le paradis sur les toits (Travailler fatigue, Poésie/Gallimard, p. 157).

    Pour clore cet ouvrage, outre les pages consacrées à une importante bibliographie inspirée de l’irremplaçable bibliographie critique établie par Luisella Mesiano, Cesare Pavese di carta e di parole ; bibliografia ragionata e analitica (Alessandria, 2007), un dossier composé d’une interview donnée à la radio par Cesare Pavese, et d’un article d’Italo Calvino.

    Dans l’entretien radiophonique consenti à la Rai en 1950 (et paru dans la revue Aretusa), Pavese répond à la critique ― qui lui reproche d’être « passé de l’américanisme au néoréalisme polémique », puis au « régionalisme » ― en « parlant de son œuvre comme s’il s’agissait de celle d’un autre » et en réaffirme la « nature ambiguë ». C’est-à-dire :

    « l’ambition de fondre en une seule les deux aspirations qui s’y sont combattues dès le début : un regard ouvert vers la réalité immédiate, quotidienne, « rugueuse », et une réserve de professionnel, d’artisan, d’humaniste ; une familiarité avec les classiques comme s’ils étaient des contemporains, avec les contemporains comme s’ils étaient des classiques, en somme la culture entendue comme métier. »

    Dans son article intitulé « Pavese et les sacrifices humains », publié en 1966 dans la Revue des études italiennes, Italo Calvino affirme que la seule préoccupation obsédante de Pavese, celle vers laquelle converge sa création littéraire, c’est son intérêt pour les sacrifices humains. « Relier l’ethnologie et la mythologie gréco-romaine à son autobiographie existentielle et à sa production littéraire a été le programme constant de Pavese », durablement influencé par la lecture ancienne du Rameau d’or de Frazer.

    Entre les textes de Natalia Ginzburg et ceux d’Italo Calvino viennent s’insérer les œuvres de Cesare Pavese. Depuis le recueil poétique Travailler fatigue ― qui est suivi d’Essais critiques (1943) ― jusqu’au Métier de vivre. Chacune de ces œuvres est annoncée par une analyse de Martin Rueff, texte dans lequel l’auteur d’Icare crie dans un ciel de craie choisit de mettre l’accent sur une particularité de l’œuvre présentée. Un certain regard, le regard très personnel de Martin Rueff, oriente celui du lecteur, le conduit sur des voies inédites. Pour son plus grand bonheur. Ainsi du récit Par chez toi /Paesi tuoi (1939), traduit par Mario Fusco et introduit par Martin Rueff. Dans le texte liminaire à l’intitulé proustien ― « Nom de Pays : Le Pronom »―, Martin Rueff insiste sur la question du « pronom » et celle de la relation qu’il entretient avec le Pays. « Récit d’une confrontation entre la ville et les collines du Piémont », Par chez toi est aussi un récit anthropologique. Qui confère au motif récurrent de « l’astuce », la dimension nécessaire au « métier de vivre » et fait de ce motif « une image de la pensée ».

    Suivent les récits de La Plage (1942), Vacance d’août (1945), Le Camarade (1947), Dialogues avec Leucò (1947) ― « véritable chef-d’œuvre de beauté énigmatique », « qui porte les traces d’une fascination pour les grands instants du mystère où l’on échappe au temps » ―, Avant que le coq chante (1948), « diptyque politique » placé « sous le signe du reniement de Pierre », Le Bel Été (1949), triptyque construit autour du thème de la tentation (et de la sanction), La Lune et les feux (1949) ― « ample prose funèbre » dédiée à Constance Dowling (Connie) ― qui « offre un autoportrait de l’écrivain en Ulysse » de retour dans les Langhe. Et enfin, Le Métier de vivre (1935 -1950), « laboratoire secret de l’écriture » dans lequel s’élaborent « les concepts fondamentaux de sa poétique : l’image-récit, le symbole, le style, le mythe ».

    Plusieurs fois publié, Le Métier de vivre a été l’objet de coupes sombres dans ses versions précédentes (1952, 1958, 1962, 1977). Pour la présente édition, première édition intégrale à proprement parler, Martin Rueff a repris la nouvelle édition de Marziano Guglielminetti et Laura Nay, édition établie en 1990 à partir des feuillets manuscrits conservés au Centre Pavese de l’université de Turin. Une restitution qui contribue à mettre en lumière le « monolithe », ce « noyau mythique » auquel Cesare Pavese a travaillé toute sa vie.





    Laocoon_2
    Laocoon et ses fils
    Cour du Belvédère, musées du Vatican.





    Clore cette présentation sans évoquer l’éblouissante préface de Martin Rueff serait occulter une pièce maîtresse de cette « somme » considérable qu’est le Cesare Pavese, Œuvres. Car sous le titre mystérieux, « Laocoon monolithe » ― préface en quatre chapitres ― Martin Rueff met l’accent sur deux dimensions essentielles de la création Pavésienne : « le monolithe » et « Laocoon ».

    « Monolithe » ? Le terme revient à plusieurs reprises sous la plume de Pavese pour parler de l’unité de son œuvre et de l’obsession du noyau que l’écrivain cherche à rejoindre, quelle que soit la forme que prend son récit.

    « Je n’ai pas de doutes sur la fondamentale et durable unité de ce que j’ai écrit et de ce que j’écrirai ; je ne parle pas d’une unité biographique ou de goût, car elle est sans intérêt, mais de celle des thèmes, des intérêts vitaux, je parle de l’entêtement monotone de celui qui a la certitude d’avoir atteint dès le premier jour le monde véritable, le monde éternel, et qui ne peut que tourner autour de ce gros monolithe, en détacher des morceaux, les travailler et les étudier sous tous les éclairages possibles. »

    Cette unité, qui touche tout créateur, l’écrivain doit la chercher dans un ailleurs qui plonge dans l’enfance ― « qui nous précède à la fois parce qu’elle vient avant nous, parce qu’elle nous suit et parce qu’elle nous dépasse » ―, écrit Martin Rueff. L’œuvre entière de Pavese est régie par cette tension vers le « monolithe » et par l’interrogation obsédante du comment articuler les œuvres entre elles, poèmes et récits, comment donner à l’œuvre « complète » son unité de construction, sa cohérence unificatrice. Cette obsession ― qui aboutira au geste final du suicide comme aboutissement suprême de cette quête ― passe par la recherche incessante de la forme dont l’unité est assurée par la répétition monotone des images, du symbole ou du mythe.

    Ainsi lit-on dans Le Métier de vivre, à la date du 9 novembre 1937 :

    « La répétition dans mes nouveaux poèmes n’a pas une raison musicale mais constructive. Observer comme les phrases-clés dans ceux-ci sont toujours au présent, et comme les autres, même si elles sont au passé, convergent vers elles. Je veux dire qu’il m’arrive dans ces poèmes de saisir une réalité actuelle, non narrative mais évocatrice, où il arrive quelque chose à une image, où cela arrive maintenant, étant donné que l’image est élaborée maintenant par la pensée et qu’elle est vue en train d’agir et d’enfoncer ses racines dans la réalité.

    Le mot ou la phrase répétés ne sont pas autre chose que le nerf de cette image, un nerf, construit de fond en comble comme un échafaudage, le pivot grâce auquel l’imagination tourne sur elle-même et se soutient précisément comme un gyroscope qui existe seulement dans le présent, en action, et puis tombe et devient un quelconque morceau de fer. » (p. 1425)

    Réflexion que l’on retrouve bien des années plus tard, en janvier 1950, dans Littérature et Société :

        « Tout écrivain authentique est superbement monotone, dans la mesure où son œuvre est marquée par un moule toujours repris, par une loi formelle de l’imagination qui transforme les matériaux les plus divers en figures et en situations qui sont toujours à peu près identiques ».

    Quant à la figure du Laocoon, Cesare Pavese y fait allusion quelques jours avant sa mort, le 21 août 1950, dans une lettre adressée à Tullio et Maria Cristina Pinelli :

    « Je suis comme Laocoon ; je m’enguirlande artistiquement de serpents et me fais admirer ― mais de temps en temps, je m’aperçois de l’état où je suis, alors je secoue les serpents, je leur tire la queue, et eux ils serrent et mordent. »

    Semblable au Laocoon troyen de L’Énéide, Pavese incarne la malédiction tragique. « Conscience lucide », il est celui « qui voit pour les autres » sans pour autant parvenir à s’en faire entendre ni parvenir à se voir lui-même. Pavese, comme Laocoon, offre le « spectacle de la nature humaine livrée à la plus grande douleur ». Une douleur du corps et de l’âme dont le Laocoon d’Hagesandros, maître d’œuvre du groupe mis au jour dans l’aire de la Domus Aurea à Rome le 14 janvier 1506, « tend à Pavese la triple énigme de son miroir de marbre ». Énigme de la détresse ― concentrée dans la représentation du cri de Laocoon ; énigme du stoïcisme, celle de la souffrance de Laocoon que « nous voudrions pouvoir supporter » comme la supporte « ce grand homme »**, celle de Pavese qui écrit à la date du 21 mars 1950 du Métier de vivre : « Résigne-toi. Le stoïcisme, c’est cela qui compte. » Énigme de l’œuvre d’art dont l’« homme-colline » du Laocoon guide la réflexion théorique de Pavese sur l’obsédante question du monolithe et sert de modèle à sa création: « Quelle forme choisir ? Quelle forme donner à mes textes ? À mon œuvre ? Et encore quelle forme donner au rapport de mes œuvres ? » Sans cesse nourries par le débat esthétique ouvert par Lessing*** sur l’imitation de l’art, les « tensions fondamentales de Pavese trouvent leur écho dans le Laocoon ». « Un effort consubstantiel à son destin et à son œuvre, et qui ne cessera qu’avec son suicide. »


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli




    ________________________________

    * Œuvres publiées du vivant de l’auteur.
    ** Gotthold Ephraim Lessing (« le plus éminent critique d’art allemand » du XVIIIe siècle), Laocoon. Des frontières de la peinture et de la poésie, 1766 ; Hermann, éditeurs des sciences et des arts, 1997, page 44.
    *** Lessing est le premier à remettre en question le principe de l’ut pictura poesis, rhétorique selon laquelle la poésie serait une manière parlante de peinture et la peinture une sorte de poésie muette. Principe qui, selon Lessing, fausse les interprétations critiques. À partir du groupe du Laocoon, Lessing établit une distinction entre art poétique et art pictural.






    Pavese Quartoi





    CESARE PAVESE


    Cesare Pavese





    ■ Cesare Pavese
    sur Terres de femmes



    9 septembre 1908 | Naissance de Cesare Pavese
    L’Idole et autres récits (note de lecture d’AP)
    Lavorare stanca (+ courte notice bio-bibliographique)
    1er novembre 1935 | Cesare Pavese, Le Métier de vivre
    Semplicità
    Tu as un sang, une haleine
    Jean-Pierre Ferrini, Le Pays de Pavese (note de lecture d’AP)





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  • Lorand Gaspar | Depuis tant d’années…

    «  Poésie d’un jour  »
    choisie par Christiane Parrat


    Ciel_et_mer
    Ph., G.AdC






    DEPUIS TANT D’ANNÉES…


                                                                      pour Arpád Szénes


    Depuis tant d’années je lave mon regard
    dans une fenêtre où ciel et mer
    depuis toujours sont sans s’interrompre
    où leurs vies sont un, sont innombrables
    sont une fois encore dans mon âme
    un champ magnétique d’épousailles
    une goutte de lumière-oiseau.

    Depuis tant d’années je lave mon regard
    à la première couleur si fraîche
    sur les lèvres humides de nuit
    d’être la peau et d’être la pierre
    où mes doigts rencontrent le secret,
    ce savoir qu’ils sont et celui qui est
    des tonnes infinies de lumière.
    Du plus pâle au tranchant du plus sombre
    sans s’interrompre entre sang et pensée
    entre feuille pinceau étendue
    corps de liquide musique à jamais ―


    Lorand Gaspar, Cahier Lorand Gaspar, éditions Le Temps qu’il fait, Cahier Seize, sous la direction de Daniel Lançon, avril 2004, page 71.*




    ______________________________
    NOTE d’AP : ce poème a été publié en 2001 dans la collection Poésie/Gallimard : Lorand Gaspar, Sidi-Bou-Saïd, Patmos et autres poèmes, p. 43.






    Loran_gaspar_le_temps_qu_il_fait





    CAHIER LORAND GASPAR ― QUATRIÈME DE COUVERTURE


        « À la fin des années soixante, en pleine émergence des littératures contemporaines, un homme qui écrivait en hongrois dès l’âge de onze ans, décide, une dizaine d’années après l’achèvement de ses études de médecine en France, de rédiger ses réflexions de chirurgien et ses premiers poèmes en français. Des pages du futur Quatrième état de la matière paraissent à Londres et à Bruxelles et l’auteur est bientôt révélé à Paris. Depuis, les reconnaissances culturelles n’ont pas manqué, lui donnant rendez-vous avec l’histoire des Lettres françaises, et avec de nombreux lecteurs.
        Ce volume se voudrait l’illustration du parcours de ce Magyar vivant dans le monde arabe et en France, ayant porté très haut la relativité culturelle heureuse tout en étant resté constamment fidèle à ce qu’il y a de plus optimiste dans la relation de la francité à l’universalité possible. Lorand Gaspar attire dans la langue française le poème hongrois, grec, allemand ou anglais, la réflexion italienne, de même ses traducteurs l’introduisent-ils dans leurs nations littéraires. À rebours d’un cosmopolitisme fruit d’éclectismes qui ne sont bien souvent que des positions de confort socio-intellectuel, l’auteur maintient l’exigence d’un chant du monde en des lieux de souffrance, quotidienne, privée ou collective, position que l’on sait si difficile à tenir. »






    LORAND GASPAR


    Lorand_gaspar_portrait




    ■ Lorand Gaspar
    sur Terres de femmes


    [Le jour enflé de fatigue cherche nos failles] (extrait de Sol absolu)
    Linaria
    Voici des mains
    James Sacré, Lorand Gaspar | Dans les yeux d’une femme bédouine qui regarde




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de l’IMEC)
    une notice bio-bibliographique sur Lorand Gaspar





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  • Rouges de Chine 18





    18_le_temps_a_effac_269






       Le temps a effacé le temps

       les dieux ont déserté nos cieux

       brûlés lares
       oubliés          enfouis

       le temps a obliqué
       sur nos vies






    D.R. Photo et texte : G.AdC/angèlepaoli
    Édition et mise en pages : Yves Thomas



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  • Rouges de Chine 18





    18_le_temps_a_effac_269






       Le temps a effacé le temps

       les dieux ont déserté nos cieux

       brûlés lares
       oubliés          enfouis

       le temps a passé
       sur nos vies






    D.R. Photo et texte : G.AdC/angèlepaoli
    Édition et mise en pages : Yves Thomas



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  • 2 novembre 1808 | Naissance de Jules Barbey d’Aurevilly

    Éphéméride culturelle à rebours



         Le 2 novembre 1808 naît à Saint-Sauveur-le-Vicomte, dans la presqu’île du Cotentin, Jules Barbey d’Aurevilly.







    Cotentin
    Ph. angèlepaoli







        Barbey par son père, dont la famille est connue dans tout le pays depuis le XVIe siècle, Barbey d’Aurevilly est, par sa mère, le petit-fils de Louis Ango, bailli de Saint-Sauveur, réputé pour son autorité d’homme à la poigne de fer.
        « Lord Anxious », comme l’auteur d’Une vieille maîtresse (1851) se baptisera lui-même plus tard, explique ses crises d’angoisse par le fait même de sa naissance :
        « Je suis venu au monde un jour d’hiver sombre et glacé, le jour des soupirs et des larmes, que les Morts dont il porte le nom ont marqué d’une prophétique poussière… Oui ! J’ai toujours cru que ce jour répandrait une funeste influence sur ma vie et sur ma pensée. »
        Surnommé par ses contemporains « connétable des lettres » en raison des attaques virulentes contre les fausses valeurs que ceux-ci défendaient, Barbey d’Aurevilly s’est toujours affirmé « catholique et romancier sans rien abdiquer de son tempérament ».
        De sa période de très grande fécondité datent L’Ensorcelée (1854), Le Chevalier Des Touches (1864), Un prêtre marié (1865). Suivront Les Diaboliques (1874) et une Histoire sans nom (1882).






    EXTRAIT D’UNE VIEILLE MAITRESSE


    IX

    La robe rouge



        Quand M. de Marigny arracha Vellini à une mort certaine si elle fût restée quelques secondes de plus sur le rebord où elle s’était placée,― car pour bien comprendre le danger qu’elle avait couru, il faut se représenter la Vigie ayant pour base une anfractuosité de falaise qui continue, sous le pied de cette tour élevée, de surplomber la mer d’une grande hauteur, ― il était deux heures d’après-midi, et le temps, brumeux le matin, avait contracté, sous une fraîche brise de nord-est, la pureté et la clarté du cristal. Le soleil levé derrière Barneville, ― maintenant sur Saint-Georges, ― frappait obliquement la plate-forme où venait de se passer une scène bien étrangère aux mœurs calmes de ces rivages. Cette scène passionnée, dont le théâtre s’était trouvé entre le ciel, la terre et l’eau, devait n’avoir, à ce qu’il semblait, d’autres témoins que Dieu et les goélands qui étaient passés sur la tête de Ryno et de Vellini, et qui, effrayés de leurs voix, étaient montés plus hauts de quelques coups d’aile. Par un hasard inaccoutumé sur ces plages, longées par quelque brick tirant vers Cherbourg ou par les bateaux-côtiers occupés à la pêche, il n’y avait pas le triangle d’une seule voile en mer. Aucun être vivant ne se montrait plus dans les mielles, pas même le douanier, que le froid de la saison (déjà avancée) avait fait rentrer dans son trou de sable. Tout était désert. Ce n’était pas l’heure des jambes nues des pêcheurs de crevettes et de homards, qui ne vont à la mer que quand elle est basse et quand les rochers sont découverts. Personne n’avait donc aperçu, de près ou de loin, ce groupe étrange qui s’agitait sur la plate-forme : personne, ― excepté le seul être qui pût y prendre garde et en souffrir.
        Hermangarde, après avoir écrit une longue lettre à sa grand-mère, avait sonné et demandé où était M. de Marigny. Pouvait-elle être jamais longtemps sans son Ryno ? Sa femme de chambre lui ayant dit que monsieur était sorti depuis une heure : « C’est bien, ― répondit Hermangarde, ― je le trouverai, » et elle prit la résolution de sortir.
         « Madame aura froid et madame est souffrante, ― lui objecta sa femme de chambre, tout en lui, passant sa pelisse bleuâtre.
        ― Je m’envelopperai bien, ― répondit gaiement Hermangarde. Et elle ramena sur sa tête son capuchon ouaté, par-dessus lequel elle noua son mouchoir brodé, de peur du vent.
        ― C’est une imprudence, ― fit encore la femme de chambre. ― Madame veut-elle au moins que je l’accompagne ?
        ― Non ! ― répondit Hermangarde, ― restez. » Et elle sortit seule, comme elle le faisait souvent sur cette côte où tout le monde la connaissait et l’aimait, et où le respect qu’on avait pour elle protégeait suffisamment sa solitude.
         « Par où prendrais-je pour le trouver ? » se dit-elle quand elle eut refermé la grande porte de la cour, brunie par les pluies. Elle alla d’abord vers le petit pont, du côté de Barneville. Puis en s’avançant et ne voyant personne, elle revint sur son chemin, et, passant au pied des escaliers adossés au mur de sa demeure, elle se dirigea vers la falaise, que Marigny, ainsi qu’elle, préférait à toutes les promenades d’alentour. Il y avait à peu près sept cents pas du manoir de Flers à la falaise, et on les faisait sur les galets qui bordaient le havre. Comme ce jour-là n’était pas grande marée, elle put poser ses pieds, sans les mouiller, sur ces galets couverts de coquillages. Ayant dépassé la ligne des dernières maisons de Carteret qui regardent ce havre tranquille, elle trouva sous les dunes, qui se prolongent en chaîne jusqu’à la falaise, un vieux matelot qui raccommodait des filets assis dans la carcasse pourrie d’une barque hors de service et tirée à la grève. Il travaillait par la force de l’habitude, car il était plus d’à moitié aveugle, et de plus, il avait la face tournée vers la mer, dont ses narines de bronze aspiraient le vent mordant.
        « Bonjour, père Griffon, » lui dit-elle. Elle possédait cette mémoire qui fait aimer les reines. Il n’y avait pas un mendiant, pas un pêcheur, pas un ramasseur de varech sur cette plage, qu’elle n’eût pu appeler par son nom.
        « Est-ce que vous n’auriez pas vu passer mon mari ? ― ajouta-t-elle.
        ― Les coups de vent, la poudre et l’âge, ― répondit le vieux matelot, ― ne m’ont pas laissé beaucoup d’yeux. Mais j’crais que j’ai vu filer M. de Marigny du côté de la falaise, il y a une heure, avec ses chiens.
        ― Comme la mer se retire, ― pensa-t-elle, il sera probablement allé du côté de notre niche bien-aimée. »
        Elle désignait par là un creux de rocher dans le bas de la montagne, où ils avaient ensemble passé bien des heures. Ils y venaient voir la mer quand elle se retire après le plein, comme un grand filet qu’on reploie. Ils y étaient à l’abri du vent et de la pluie. La roche y formait des sièges grossiers, sculptures naturelles où ils s’asseyaient pour causer et lire ; Hermangarde pour travailler à quelque ouvrage de broderie, tandis que Marigny abattait à coups de fusil des goélands et les mouettes, que ses chiens allaient chercher au loin dans le flot. Cet angle profond, leur niche, était précisément placé au coude que formait la falaise, au-dessus de la Vigie. Au moment où Hermangarde arrivait de ce côté, son regard errant fut attiré par le rouge, au soleil, de la robe d’une femme qui parut toute droite, dans l’embrasure de deux créneaux, le dos tourné à l’abîme, comme si elle eût eu peur, tout en l’affrontant. Presque au même instant, les bras d’un homme entourèrent cette femme et deux têtes disparurent derrière les créneaux. De si loin, elle ne pouvait juger quelle était cette robe rouge, mais de quelle distance n’eût-elle pas reconnu Ryno ?


    Jules Barbey d’Aurevilly, Une vieille maîtresse, Éditions Robert Laffont, Collection Bouquins, 1981, pp. 243-244-245.





    JULES BARBEY D’AUREVILLY


    Jules_barbey_daurevilly_par_laurent
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site La Lettrine)
    une note de lecture d’Anne Sophie Demonchy sur Une vieille maîtresse





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  • 1er novembre 1903 | Naissance de Jean Tardieu

    Éphéméride culturelle à rebours



    Jean Tardieu Guidu
    Image, G.AdC







    Le 1er novembre 1903 naît Jean Tardieu à Saint-Germain-de-Joux, dans l’Ain, le « pays des fleuves cachés ». Il est le fils de Victor Tardieu, artiste peintre issu d’une famille de soyeux lyonnais, et de Caroline Luigini, harpiste issue d’une famille de musiciens de Modène, élève de Saint-Saëns. Alexandre Luigini, le père de Caroline et le grand-père de Jean Tardieu, a été compositeur et chef d’orchestre à l’Opéra de Lyon avant de devenir directeur de la musique à l’Opéra-Comique.






    DISPARUUUUUUU !



    Tenez, Monsieur : regardez-moi bien. Vous me voyez encore, vous croyez que je suis Monsieur Untel ? Né à tel endroit ? Qui a tel âge ? Tel métier ? … Eh bien, regardez-moi attentivement, Monsieur : je suis en train de devenir personne, même pas un numéro, une idée, une abstraction, une petite vapeur, un pfouh, un pouh-pouh ! un pfuit ! un zzzzzzz !… J’étais un « individu », un « citoyen », je m’appelais : Monsieur… heu… heu… Ah ! … Monsieur comment ? Comment donc !… […] Vous voyez, je ne peux même plus retrouver mon nom, le nom de ce quidam ! Je, tu, il, moi, lui, vous, untel ! … Oh, oh, c’est le symptôme ! C’est ça ! Voilà la crise ! la crise finale ! Je vais disparaître, je vous le dis, je vais disparaître ! … Je vais dis-pa-raî-tre dans la foule !… Regardez-moi encore une fois : dans un instant, pfuitttt ! … j’aurai disparu dans la foule, entendez-vous ? […] Dis-pa-ru… disparuuuuuuu !…



    Jean Tardieu, Poèmes à jouer, 1960, in Œuvres, Éditions Gallimard, Collection Quarto, 2003, page 851.





        En décembre 1927, Jean Tardieu rejoignait son père au Tonkin afin d’y remplir ses obligations militaires. Jean Tardieu écrivit alors son premier texte sur la peinture, « Wang Wei* ou la disparition bienheureuse ».





    Wang_wei
    Source





    WANG WEI OU LA DISPARITION BIENHEUREUSE



    Lorsque au sud de la Chine, sur les pentes des montagnes qui bordent l’antique province du Yunnan, s’avancent les écrans de brouillard où joue et meurt tour à tour le soleil, ta pensée n’est pas loin, ô Wang Wei, voué à l’espace et aux profondeurs qui donnent le vertige.

    Près d’ici, sur la plaine des rizières inondées, au-dessus des champs où la maison d’automne laisse à nu la multitude moutonnante des tombeaux, s’érige à contre-jour, sombre et cerné d’un trait d’or, un pagodon dédié au génie du village. Gracile. Immense. Non loin de là se tasse en frissonnant un rideau de bambous.

    Toi seul saurais, ô peintre, ennemi de l’Ignorance et de l’Illusion, tracer légèrement, pour fond de cet appui solide, l’insaisissable dégradation des brumes jusqu’aux limites imaginaires de l’horizon, jusqu’aux confins des siècles sans mémoire et de l’azur infini.

    Toi seul pourrais d’un pinceau effilé, propre à la fois au dessin et à l’écriture, accompagner jusqu’au seuil bienheureux de l’Exil, l’insensible disparition de tant de lourdeur, de tant de masse et de tant de souffrance, au fond des fluidités, au fond des vapeurs de
    ce qui n’est pas.

    * Wang Wei, poète et peintre chinois du VIIIe siècle.


    Jean Tardieu, Le Fleuve caché, 1928-1933, in Œuvres, Éditions Gallimard, Collection Quarto, 2003, page 74.




    JEAN TARDIEU



    Jean tardieu 2
    Source




    ■ Jean Tardieu
    sur Terres de femmes


    Complainte du verbe être (poème extrait d’Un monde ignoré)
    Feindre de fuir…
    Le voyage





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  • Rouges de Chine 17





    17_tu_laisses_au_seuil_180_bis_3






       Au seuil de la maison
       tu laisses

       les mots appris
       sur d’autres rivages

       la mort
       n’a d’autre visage

       que celui
       de tes pas

       sur les pas
       disparus






    D.R. Photo et texte : G.AdC/angèlepaoli
    Édition et mise en pages : Yves Thomas



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