Blog

  • Rouges de Chine 13





    13_grenades_235






       Te souviens-tu
       du goût des grenades
       de sang
       au seuil
       de l’été

       le vent a emporté
       les graines
       douces-amères
       et les fruits ont roulé
       dans les rizières

       nues







    D.R. Photo et texte : G.AdC/angèlepaoli
    Édition et mise en pages : Yves Thomas



    Retour à la Première de couverture de Rouges de Chine
    Retour au répertoire de octobre 2008

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • 2008 : Année Pierre Garnier



    Fly_pgarnier_recto_2







    2008, ANNÉE PIERRE GARNIER



        Les 80 ans de Pierre Garnier (né le 9 janvier 1928 à Amiens) continuent de faire l’objet d’un très grand nombre de manifestations commémoratives, comme celle annoncée sur l’affiche ci-dessus (lectures publiques et publications promues pour la plupart d’entre elles par le Conseil régional de Picardie). Occasion est donnée de balayer quelques idées reçues qui continuent de courir sur le poète Pierre Garnier et de replacer au devant de la scène littéraire son épouse, la « poète spatialiste » Ilse Garnier (née en 1927).

        À trop vouloir définir Pierre Garnier comme « poète spatialiste » et « initiateur du spatialisme », on en arrive le plus souvent à faire l’impasse sur la dernière période (tenue par Alain Marc pour « la plus haute, belle et forte ») de la création du poète. Une période représentée par une « poésie linéaire épurée » qui contrebalance et parachève la « poésie visuelle » des périodes antérieures. Ce dont rend déjà compte, et ce dès 1968, l’ouvrage Perpetuum mobile, publié aux éditions Gallimard.

        L’autre remarque porte sur Ilse Garnier. Accoler systématiquement le nom d’Ilse Garnier à celui de Pierre Garnier, c’est oublier qu’Ilse Garnier est une poète à part entière et que, depuis 1979 (date de publication du premier recueil signé du seul nom d’Ilse Garnier, Blason du corps féminin), Ilse Garnier a publié une vingtaine de recueils poétiques sous son nom.

        À signaler enfin tout particulièrement, en cette année Pierre Garnier 2008, la publication, en mai 2008, de l’ouvrage 1916, La Bataille de la Somme, poème de Pierre Garnier illustré par l’artiste irakienne expatriée Sausen Mustafova (=>diaporama).




    PIERRE GARNIER


    Pierre Garnier NB
    D.R. Ph. Olivier Engelaere




    ■ Pierre Garnier
    sur Terres de femmes

    [île, poème de la mer]
    [Dans les fenêtres l’eau tourne] (extrait de Perpetuum mobile)
    [Les soldats sont venus]




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    le site Présentation lectures d’Alain Marc (vidéo d’Alain Marc lisant Pierre Garnier)





    Retour au répertoire du numéro d’octobre 2008
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Jean-Pierre Chambon | Détour par la Chine intérieure

    «  Poésie d’un jour  »




    Chambon_imagePh., G.AdC







    DÉTOUR PAR LA CHINE INTÉRIEURE



    Sur la terrasse
    d’un pavillon cossu, j’essaie de lire
    par-dessus son épaule la lettre que le poète chinois
    compose d’un pinceau habile pour un ami lointain
    ou le mémoire qu’il rédige sur ce qu’il a noté
    au cours de ses voyages dans les contrées du sud.
    […]
    Lorsqu’il sort de son ermitage
    pour contempler au bord du ravin
    le clignement des lucioles, il me semble
    être là encore, dans la nuit infinie
    où sa méditation s’abîme, si proche que je crois
    distinguer l’éclat de ses yeux dans la lueur
    de la lune, entendre son raclement de gorge
    et les mots qu’il marmonne entre ses dents,
    là, à travers les âges incalculables superposés
    à ma vie et les espaces sans borne qui me séparent
    de lui et dont s’est merveilleusement abolie la distance.
    Je me sens alors englué à la poussière du monde
    et déjà picoté par le grain des mots à venir.
    Empli de forces et de visions, je remonte enfin
    chez moi : je vais écrire.




    Jean-Pierre Chambon, Détour par la Chine intérieure [extrait], Le Petit Livre amer, Voix d’Encre, 2008, s.f. Gouaches de Nadia Dib.








    JEAN-PIERRE CHAMBON


    Jean-Pierre Chambon  en vignette





    ■ Jean-Pierre Chambon
    sur Terres de femmes


    [À partir de l’inaliénable singulier] (extrait de Tout venant)
    Des lecteurs (extrait)
    Des lecteurs (lecture d’AP)
    L’Écorce terrestre (lecture de Cécile A. Holdban)
    L’Écorce terrestre (lecture d’AP)
    [Je touche le grain du silence] (extrait de L’Écorce terrestre)
    [Fleurs dans la fleur]
    Noir de mouches (extrait)
    Le Petit Livre amer (note de lecture de Sylvie Fabre G.)
    Fragments d’un règne (poème extrait du Roi errant)
    [Sur le papier la lumière](extrait de Sur un poème d’André du Bouchet)
    Tout venant (lecture de Sylvie Fabre G.)
    Un écart de conscience, II (extrait)
    Zélia (lecture d’Isabelle Lévesque)
    L’invention de l’écriture (extrait de Zélia)
    Jean-Pierre Chambon | Michaël Glück, Une motte de terre (lecture de Sylvie Fabre G.)
    Jean-Pierre Chambon | Michaël Glück, Une motte de terre (extraits)
    Jean-Pierre Chambon | Marc Negri, Fleuve sans bords (note de lecture d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions L’Amourier)
    une bio-bibliographie de Jean-Pierre Chambon
    → (sur le site de l’éditeur Voix d’Encre)
    la page consacrée au Petit Livre amer





    Retour au répertoire du numéro d’octobre 2008
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  •     Rodica Draghincescu, Blé blanc (l’artdurien)

    «  Poésie d’un jour  »




    Depuis_mon_absence_je_mabsente_je_n
    Triptyque photographique, G.AdC






    BLÉ BLANC (L’ARTDURIEN) 1



    je ne vois rien quand je
    ne vois rien je ne vois rien c’est le
    rien qui me voit quand je
    ne vois rien je vois comment le
    rien me voit je
    suis « rienne » depuis
    mon absence je m’absente je ne ressens pas
    je suis plus que l’inexistence
    j’obéis au rien blanc et froid je suis un
    rien de neige je neige des petits riens de la mémoire
    sur les grands riens de l’oubli j’apprends l’oubli
    de l’où est-il ? de l’où est-elle?
    je n’oublie pas où je neige
    je suis le blé blanc du regard
    dans lequel il y a quelque chose là où il n’y a rien
    tout me suit partout nous nous suivons l’un l’autre
    on est des riens de deux genres : M et F
    (je neige de la direction F et lui de la direction M)
    nous nous neigeons nous neigeons
    ensemble autour du rien neigeant
    je n’ai rien à déclarer pas de corps pas de sang
    pas de nom je me nomme sans m’appeler
    je m’appelle « rienne » ou « rien-rien »
    autrement pas de nom pas de « pas » et pas de pas
    je ne viens pas je ne retourne pas je ne fais rien
    je fabrique des riens sans mérite
    je n’ai pas de nom ni de têtes pour des noms
    pas de tête pour la nommer tête
    rien à déclarer sauf ma tête absente
    (dans ma tête absente il y a
    de la neige ou du blé blanc
    et dans la neige des mots neigés
    âgés de tout ce qu’ils ne peuvent pas faire
    mais courageux de ne rien dire et fiers de leur blé blanc)
    enfin rien rien à déclarer
    excusez-moi


    Stuttgart, 5 janvier 2003


    Rodica Draghincescu, Blé blanc (l’artdurien), édition bilingue français-allemand, Éditions TranSignum, Paris, mars 2007. Livre d’artiste. Conception du livre : Wanda Mihuleac.






    GRANO BIANCO (L’ARTE DEL NULLA)



    io non vedo nulla quando non vedo nulla
    non vedo nulla è il
    nulla che mi vede quando io
    non vedo nulla e vedo come il
    nulla mi vede che sono il nulla
    dalla mia assenza
    io mi assento e non sento
    non sono che dell’inesistenza
    obbedisco al nulla bianco e freddo
    io sono un nulla di neve
    sono neve dei piccoli nulla della memoria
    sui grandi nulla dell’oblio
    io imparo l’oblio del dov’è lui?
    dov’è lei?
    io non dimentico o nevico
    sono grano bianco dello sguardo
    nel quale c’è qualcosa là dove non c’è niente
    tutto mi segue dappertutto noi ci seguiamo l’un l’altro
    siamo dei nulla di due generi : M e F
    (io nevico nella direzione F e lui nella direzione M)
    noi ci nevichiamo noi nevichiamo insieme
    attorno al nulla nevicante
    nulla da dichiarare né corpo né sangue
    né nome io mi nomino senza chiamarmi
    mi chiamo nulla o nullo-nullo
    altrimenti nessun nome nessun no e nessun né
    io non arrivo e non ritorno né faccio nulla
    fabbrico dei nonnulla senza materia
    nulla da dichiarare se non la mia testa assente
    (nella mia testa assente c’è
    della neve o del grano stinto
    secco per tutto ciò che non poterono fare
    ma orgoglioso di tacere e fiero del loro grano stinto)
    infine nulla di nulla da dichiarare
    scusatemi


    Traduit du français en italien par Andrea Galli.2






    WHITE WHEAT (ARTOFNOTHING)



    I see nothing when I see nothing
    I see nothing the
    nothing I see when I
    see nothing I see how the
    nothing sees me I am ‘no thing’
    since my absence I absent myself I am feeling nothing
    I am more than non-existence
    I obey the white, cold nothing I am a nothing of snow
    I snow little nothings from memory
    on big nothings of forgetting I am learning the forgetting of the where
    of the where is he? of the where is she?
    I do not forget where I snow or
    where I am the white wheat of gazing
    in which there is something there where there is nothing
    everything follows me everywhere we follow one another
    we are two-gender nothings: M and F
    (I snow in the F direction and he in the M direction)
    we snow on each other we
    snow together around the snowing nothing
    I have nothing to declare no body no blood
    no name I name myself without calling myself
    I am called ‘no thing’ or ‘nothing-nothing’
    otherwise no name, no not, no no
    I don’t come I don’t return I do nothing
    I made worthless nothings
    I have not name nor faces for names
    no face to name face
    nothing to declare except my absent face
    (in my absent face there is
    snow or white wheat
    and in the snow of snowed words
    aged with everything they cannot do
    but brave enough to say nothing and proud of their white wheat)
    finally nothing nothing to declare
    sorry


    Translated from French by Howard Scott, Montreal






    BLEDO BLANCO (EL ARTENADA)



    no veo nada cuando no veo nada
    no veo nada la
    nada me ve cuando no
    veo nada veo como la
    nada me ve soy nada
    desde mi ausencia me ausento no siento nada
    ya no soy una existencia
    obedezco a la nada blanca y fría soy una nada de nieve
    nievo pequeñas nadas de memoria
    en las grandes nadas del olvido aprendo el olvido del donde
    del donde está el ? del donde está ella ?
    no olvido donde nievo o/
    donde soy el bledo blanco de la mirada
    en el que hay algo donde no hay nada
    todo me sigue nos siguemos
    somos nadas de los dos géneros ; H y V
    (nievo en la dirección H y el en la dirección V)
    nos nevamos nosotros
    nevamos juntos alrededor de la nada nevando
    no tengo nada que declarar nada de cuerpo nada de sangre
    ni de nombre me llamo sin llamarme
    me llamo nada o nada-nada
    sino nada de nombre nada de no
    no vengo no miro atrás no hago nada
    fabrico nadas sin mérito
    no tengo nombre ni cabezas para nombres
    nada de cabeza para nombrar la cabeza
    nada que declarar salvo mi cabeza ausente
    (en mi cabeza ausente hay
    nieve y bledo blanco
    y en la nieve palabras nevadas
    anciana por todo lo que no pueden hacer
    pero bravos de no decir nada y fieles de su bledo blanco)
    en fin nada nada que declarar
    lo siento


    Traduit du français en espagnol par Patrick Cintas.




    ________________________________
    1. Ce poème a été interprété le 22 octobre 2008 par Hélène Martin au cours d’une soirée culturelle LE VERBE VOIX organisée par le Théâtre du Saulcy à Metz (en coréalisation avec le Théâtre Universitaire) autour d’Hélène Martin et de Rodica Draghincescu.
    2. Ce poème fait partie du recueil Rodica Draghincescu, Spine. Parole d’amore, Palomar, Bari. Préface de Fabio Franzin (à paraître en 2009).





    RODICA DRAGHINCESCU


    Rodica_draghincescu



    ■ Rodica Draghincescu
    sur Terres de femmes

    Rienne (lecture d’AP)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    EX(o)ilium
    → Interview de Cécile Oumhani par
    Rodica Draghincescu



    ■ Voir aussi ▼

    le site de Rodica Draghincescu
    l’e-magazine trimestriel Levure littéraire (édité par Rodica Draghincescu)






    Retour au répertoire du numéro d’octobre 2008
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes

  • Rodica Draghincescu, Blé blanc (l’artdurien)

    « Poésie d’un jour
    (Pour faire défiler les poésies jour après jour,
    cliquer sur les flèches de navigation)




    BLÉ BLANC (L’ARTDURIEN) *

    je ne vois rien quand je
    ne vois rien je ne vois rien c’est le
    rien qui me voit quand je
    ne vois rien je vois comment le
    rien me voit je
    suis « rienne » depuis
    mon absence je m’absente je ne ressens pas
    je suis plus que l’inexistence
    j’obéis au rien blanc et froid je suis un
    rien de neige je neige des petits riens de la mémoire
    sur les grands riens de l’oubli j’apprends l’oubli
    de l’où est-il ? de l’où est-elle?
    je n’oublie pas où je neige
    je suis le blé blanc du regard
    dans lequel il y a quelque chose là où il n’y a rien
    tout me suit partout nous nous suivons l’un l’autre
    on est des riens de deux genres : M et F
    (je neige de la direction F et lui de la direction M)
    nous nous neigeons nous neigeons
    ensemble autour du rien neigeant
    je n’ai rien à déclarer pas de corps pas de sang
    pas de nom je me nomme sans m’appeler
    je m’appelle « rienne » ou « rien-rien »
    autrement pas de nom pas de « pas » et pas de pas
    je ne viens pas je ne retourne pas je ne fais rien
    je fabrique des riens sans mérite
    je n’ai pas de nom ni de têtes pour des noms
    pas de tête pour la nommer tête
    rien à déclarer sauf ma tête absente
    (dans ma tête absente il y a
    de la neige ou du blé blanc
    et dans la neige des mots neigés
    âgés de tout ce qu’ils ne peuvent pas faire
    mais courageux de ne rien dire et fiers de leur blé blanc)
    enfin rien rien à déclarer
    excusez-moi

    Stuttgart, 5 janvier 2003

    Rodica Draghincescu, Blé blanc (l’art du rien), édition bilingue français-allemand, Editions TranSignum, Paris, mars 2007. Livre d’artiste. Conception du livre : Wanda Mihuleac.




    GRANO BIANCO (L’ARTE DEL NULLA)

    io non vedo nulla quando non vedo nulla
    non vedo nulla è il
    nulla che mi vede quando io
    non vedo nulla e vedo come il
    nulla mi vede che sono il nulla
    dalla mia assenza
    io mi assento e non sento
    non sono che dell’inesistenza
    obbedisco al nulla bianco e freddo
    io sono un nulla di neve
    sono neve dei piccoli nulla della memoria
    sui grandi nulla dell’oblio
    io imparo l’oblio del dov’è lui?
    dov’è lei?
    io non dimentico o nevico
    sono grano bianco dello sguardo
    nel quale c’è qualcosa là dove non c’è niente
    tutto mi segue dappertutto noi ci seguiamo l’un l’altro
    siamo dei nulla di due generi : M e F
    (io nevico nella direzione F e lui nella direzione M)
    noi ci nevichiamo noi nevichiamo insieme
    attorno al nulla nevicante
    nulla da dichiarare né corpo né sangue
    né nome io mi nomino senza chiamarmi
    mi chiamo nulla o nullo-nullo
    altrimenti nessun nome nessun no e nessun né
    io non arrivo e non ritorno né faccio nulla
    fabbrico dei nonnulla senza materia
    nulla da dichiarare se non la mia testa assente
    (nella mia testa assente c’è
    della neve o del grano stinto
    secco per tutto ciò che non poterono fare
    ma orgoglioso di tacere e fiero del loro grano stinto)
    infine nulla di nulla da dichiarare
    scusatemi

    Traduit du français en italien par Andrea Galli.*




    WHITE WHEAT (ARTOFNOTHING)

    I see nothing when I see nothing
    I see nothing the
    nothing I see when I
    see nothing I see how the
    nothing sees me I am ‘no thing’
    since my absence I absent myself I am feeling nothing
    I am more than non-existence
    I obey the white, cold nothing I am a nothing of snow
    I snow little nothings from memory
    on big nothings of forgetting I am learning the forgetting of the where
    of the where is he? of the where is she?
    I do not forget where I snow or
    where I am the white wheat of gazing
    in which there is something there where there is nothing
    everything follows me everywhere we follow one another
    we are two-gender nothings: M and F
    (I snow in the F direction and he in the M direction)
    we snow on each other we
    snow together around the snowing nothing
    I have nothing to declare no body no blood
    no name I name myself without calling myself
    I am called ‘no thing’ or ‘nothing-nothing’
    otherwise no name, no not, no no
    I don’t come I don’t return I do nothing
    I made worthless nothings
    I have not name nor faces for names
    no face to name face
    nothing to declare except my absent face
    (in my absent face there is
    snow or white wheat
    and in the snow of snowed words
    aged with everything they cannot do
    but brave enough to say nothing and proud of their white wheat)
    finally nothing nothing to declare
    sorry

    Translated from French by Howard Scott, Montreal




    BLEDO BLANCO (EL ARTENADA)

    no veo nada cuando no veo nada
    no veo nada la
    nada me ve cuando no
    veo nada veo como la
    nada me ve soy nada
    desde mi ausencia me ausento no siento nada
    ya no soy una existencia
    obedezco a la nada blanca y fría soy una nada de nieve
    nievo pequeñas nadas de memoria
    en las grandes nadas del olvido aprendo el olvido del donde
    del donde está el ? del donde está ella ?
    no olvido donde nievo o/
    donde soy el bledo blanco de la mirada
    en el que hay algo donde no hay nada
    todo me sigue nos siguemos
    somos nadas de los dos géneros ; H y V
    (nievo en la dirección H y el en la dirección V)
    nos nevamos nosotros
    nevamos juntos alrededor de la nada nevando
    no tengo nada que declarar nada de cuerpo nada de sangre
    ni de nombre me llamo sin llamarme
    me llamo nada o nada-nada
    sino nada de nombre nada de no
    no vengo no miro atrás no hago nada
    fabrico nadas sin mérito
    no tengo nombre ni cabezas para nombres
    nada de cabeza para nombrar la cabeza
    nada que declarar salvo mi cabeza ausente
    (en mi cabeza ausente hay
    nieve y bledo blanco
    y en la nieve palabras nevadas
    anciana por todo lo que no pueden hacer
    pero bravos de no decir nada y fieles de su bledo blanco)
    en fin nada nada que declarar
    lo siento


    Traduit du français en espagnol par Patrick Cintas.



    * Ce poème sera interprété demain soir (mercredi 22 octobre 2008) par Hélène Martin au cours d’une soirée culturelle organisée par le Théâtre du Saulcy à Metz (en coréalisation avec le Théâtre Universitaire) autour d’Hélène Martin et de Rodica Draghincescu.
    ** Ce poème fait partie du recueil Rodica Draghincescu, Spine. Parole d’amore, Palomar, Bari. Préface de Fabio Franzin (à paraître en 2009).





    Voir/écouter aussi :
    RODICA DRAGHINCESCU
    – le
    site de Rodica Draghincescu ;
    – le poème Blé blanc (l’artdurien)
    dit par Jean-Luc Kockler.



    Retour au répertoire d’octobre 2008
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Mathieu Riboulet, L’Amant des morts

    par Angèle Paoli

    Mathieu Riboulet, L’Amant des morts,
    Éditions Verdier, 2008.



    Lecture d’Angèle Paoli



    Jusqu_sa_mort
    Ph., G.AdC






    HOC EST CORPUS MEUM, HIC EST MUNDUS



    Tout commence avec le père. Avec le commerce sexuel d’un père avec son fils, tout juste adolescent. Un père bûcheron de la Creuse, à la sex/sensualité brute, quasi primitive. C’était arrivé un jour, au petit matin, sur le carreau de la cuisine, et le fils, que son père bichonnait depuis sa naissance, s’était laissé prendre sans réticence. De ce premier « adoubement » et des cérémonies qui suivirent avec le père mais aussi, sous ses yeux, avec d’autres bûcherons du crû, date ce « besoin de sueur séchée, de salive, de sperme venu du fond des temps » auquel Jérôme ne va cesser de répondre tout au long de L’Amant des morts, dernier roman de Mathieu Riboulet.

    De gamin creusois « grandi sur le plateau » entre une mère désœuvrée et vide et un père régi par des forces animales dévastatrices, ancestrales, Jérôme devient ce « joli brin de garçon » dont le déhanchement étrange subjugue. Pas seulement les hommes, tous les hommes, mais aussi ses tantes jumelles, Alix et Constance Mondeville chez qui Jérôme débarque, un beau jour, rue de Liège.

    Commence alors à Paris, dans le « triangle d’or » ― Saint-Lazare, Clichy, les Batignolles ―, une vie partagée entre le confort semi-bourgeois que lui offrent ses tantes et leur affection admirative emplie d’un désir interdit, son travail régulier et sérieux dans leur commerce de cartons d’emballage, et son destin d’homosexuel lumineux. Dont le corps désirable et souple se livre sans façon aux désirs les plus sombres des amants de passage. « On en était là, avec lui ». « Voilà, c’était l’amour. Quoi d’autre ? Pour Jérôme, rien qu’un peu de commerce dans la journée pour oublier les risques insensés de la nuit. »

    Jusqu’au moment où la maladie fait irruption dans la vie de Jérôme. Qui recueille La Biquette mourante ― « d’où s’échappe, formant filet puis flaque et bientôt mare, une sécrétion comme seule la part obscure de l’humain peut en générer, et la douleur stupide à l’entêtant parfum de sueur de la peur » ―, la soigne avec des gestes débordants de tendresse, la protège de sa présence réconfortante. Jusqu’à sa mort. Dès lors se glisse en Jérôme une force invincible qui irradie de « tous ses pores », « un flux de désir intense », acte de foi qui passe par le don total du mystère du corps et de soi : « prenez, ceci est mon corps, ceci est le monde, ceci est à vous. »

    De cette offrande athée naît la communion exaltée de Jérôme avec le monde des siens. Celui des Séropos s’immolant, au cours d’une scène à la flamboyance médiévale, sur les tombes du Père-Lachaise. Offrande ultime qui fait de lui, pour longtemps encore, le porte-parole et le messager glorieux de ses semblables. L’amant des morts.

    Roman aux tonalités riches et complexes, L’Amant des morts est porté à son plus haut degré de ciselure par une écriture exigeante et un phrasé incantatoire. Qui tiennent en suspens sur la ligne de crête du récit. Une prise de risque parfaitement maîtrisée par Mathieu Riboulet.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli







    MATHIEU RIBOULET


    Mathieu Riboulet
    Source




    ■ Mathieu Riboulet
    sur Terres de femmes

    Septembre 1972 | Mathieu Riboulet, Entre les deux il n’y a rien
    9 mai 1978 | Mort d’Aldo Moro in Mathieu Riboulet, Entre les deux il n’y a rien
    Passé le pont (extrait de Nous campons sur les rives)
    [Le sexe ça n’est pas séparé du monde] (extrait d’Entre les deux il n’y a rien)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Terres de femmes)
    29 septembre 1571 | Naissance de Caravage (+ un extrait des Œuvres de miséricorde de Mathieu Riboulet)






    Retour au répertoire du numéro d’octobre 2008
    Retour à l’ index des auteurs
    Retour à l’ index des « Lectures d’Angèle »


  • Rouges de Chine 12





    12_le_long_des_couloirs_114_3






       Le long des couloirs
       invisibles
       l’esprit se glisse

       il dessine

       patientes
       calligraphies
       de l’éphémère

       les dentelles
       du temps
       défunt







    D.R. Photo et texte : G.AdC/angèlepaoli
    Édition et mise en pages : Yves Thomas



    Retour à la Première de couverture de Rouges de Chine
    Retour au répertoire de octobre 2008

    » Retour Incipit de Terres de femmes

  • Rouge de ChineRouges de Chine 12





    12_le_long_des_couloirs_114_3






       Le long des couloirs
       invisibles
       l’esprit se glisse

       il dessine

       patientes
       calligraphies
       de l’éphémère

       les dentelles
       du temps
       défunt







    D.R. Photo et texte : G.AdC/angèlepaoli
    Édition et mise en pages : Yves Thomas



    Retour à la Première de couverture de Rouges de Chine
    Retour au répertoire de octobre 2008

    » Retour Incipit de Terres de femmes

  • Rouges de Chine 11





    11_toi_qui_sais_160






                   Toi qui sais
                   la couleur du lilas

                   parle-moi de la vie
                   avant-coureuse
                   d’ivresses

                   apprends-moi
                   la lenteur des signes
                   du dehors

                   délie-moi
                   des rêves insensés
                   de l’iris

                   sans mémoire







    D.R. Photo et texte : G.AdC/angèlepaoli
    Édition et mise en pages : Yves Thomas



    Retour à la Première de couverture de Rouges de Chine
    Retour au répertoire de octobre 2008

    » Retour Incipit de Terres de femmes

  • Rouge de ChineRouges de Chine 11





    11_toi_qui_sais_160






                   Toi qui sais
                   la couleur du lilas

                   parle-moi de la vie
                   avant-coureuse
                   d’ivresses

                   apprends-moi
                   la lenteur des signes
                   du dehors

                   délie-moi
                   des rêves insensés
                   de l’iris

                   sans mémoire







    D.R. Photo et texte : G.AdC/angèlepaoli
    Édition et mise en pages : Yves Thomas



    Retour à la Première de couverture de Rouges de Chine
    Retour au répertoire de octobre 2008

    » Retour Incipit de Terres de femmes