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Le 10 septembre 1897 naît à Billom dans le Puy-de-Dôme Georges, Albert, Maurice, Victor Bataille, fils de Joseph-Aristide Bataille, syphilitique et aveugle, et de Marie-Antoinette Tournadre.
De son enfance on ne sait que peu de choses : les souvenirs qu’il en a sont rares dès l’instant qu’ils n’intéressent pas de près ses parents (rares du moins sont ceux qu’ils donnent). Pas de souvenirs de jeux ; pas de souvenirs d’amitié. Rien qui associe de quelque façon que ce soit l’enfance au merveilleux. Même la ville terrifie : terrifiantes sont les architectures industrielles, avec leurs cheminées d’usine, « entre le ciel sinistrement sale et la terre boueuse empuantie des quartiers de filature et de teinturerie ». Cependant, quelque souvenir qu’il évoque de cette enfance, il ne semble pas qu’on ne puisse pour finir le rapporter aux terreurs suscitées en lui par l’affligeante infirmité de son père (il ne semble pas qu’on puisse d’aucune façon faire de Georges Bataille un enfant qui en fût indemne). Ce serait sans doute le cas lorsque, s’ennuyant à l’étude du lycée où il était pensionnaire, il dit s’être adonné aux délices de l’automutilation : « J’avais saisi mon porte-plume, le tenant dans le poing droit fermé, comme un couteau, je me donnai de grands coups de plume d’acier sur le dos de la main gauche et sur l’avant-bras. Pour voir […] pour voir encore : je voulais m’endurcir contre la douleur. » (Cette douleur « tentée » n’est-elle pas d’une façon ou d’une autre associable à celle qu’endurait son père ?) Il y a toutefois plus grave, plus « malade » (« malade » à mesure qu’obsèdent les terreurs associées à l’infirmité paternelle) ; Bataille ne l’a jamais écrit aussi crûment mais il a été longtemps convaincu que son père s’était livré sur lui à des avances obscènes (incestueuses et pédérastes ; il aurait même parlé plus tard de « viol ») ; celles-ci auraient eu lieu dans la cave de la maison rémoise, une cave réelle, à laquelle on accédait par un long et étroit escalier « à la Piranèse », par ailleurs associée à des terreurs durables et récurrentes : celles des rats et des araignées, par exemple, qu’il ne perdit jamais. Tout au plus dira-t-il dans un texte prudemment intitulé Rêve qu’il revoit son père « avec un sourire fielleux et aveugle étendre des mains obscènes » sur lui (« ce souvenir me paraît le plus terrible de tous »). Longtemps il est resté convaincu, jusque tard dans sa vie, que son père avait eu des gestes « déplacés » sur l’enfant qu’il était (« Ça me fait l’effet de me rappeler que mon père étant jeune aurait voulu se livrer à quelque chose sur moi d’atroce avec plaisir. ») Cette idée ne l’a quitté que des années plus tard, quand on lui a fait valoir, rationnellement que, infirme, il n’était pas possible que son père descendît à la cave de l’habitation rémoise ; pas possible donc qu’il se soit livré là sur lui à quelque voie de fait que ce soit. S’il descendit à la cave, ce fut seul, et accompagné de ses seules terreurs ; il ne fait cependant pas de doute qu’a pu lui paraître « déplacé » et « obscène » tout geste tendre de l’infirme sur lui… Michel Surya, Georges Bataille, La Mort à l’œuvre, Librairie Séguier, 1987, pp. 26-27. EXTRAIT II 5. Du rire érotique à l’interdit Dès qu’il envisage l’érotisme, l’esprit humain se trouve devant sa difficulté fondamentale.
L’érotisme, en un sens, est risible…
L’allusion érotique a toujours le pouvoir d’éveiller l’ironie.
Même à parler des larmes d’Eros, je le sais, je puis prêter à rire… Eros n’en est pas moins tragique. Que dis-je ? Eros est avant tout le dieu tragique.
On sait que l’Eros des Anciens put avoir un aspect puéril : il avait l’aspect d’un jeune enfant.
Mais l’amour n’est-il pas, à la fin, d’autant plus angoissant qu’il prête à rire ?
Le fondement de l’érotisme est l’activité sexuelle. Or, cette activité tombe sous le coup de l’interdit. Il est inconcevable ! il est interdit de faire l’amour ! À moins de le faire en secret.
Mais si, dans le secret, nous le faisons, l’interdit transfigure, il éclaire ce qu’il interdit d’une lueur à la fois sinistre et divine : il l’éclaire, en un mot, d’une lueur religieuse. L’interdit donne sa valeur propre à ce qu’il frappe. Souvent, à l’instant même où je saisis l’intention d’écarter, je me demande si, bien au contraire, je n’ai pas été sournoisement provoqué !
L’interdit donne à ce qu’il frappe un sens qu’en elle-même, l’action interdite n’avait pas. L’interdit engage à la transgression, sans laquelle l’action n’aurait pas eu la lueur mauvaise qui séduit… C’est la transgression de l’interdit qui envoûte…
Mais cette lueur n’est pas seulement celle que l’érotisme dégage. Elle éclaire la vie religieuse toutes les fois qu’entre en action la pleine violence, celle qui joue à l’instant où la mort ouvre la gorge ― et termine la vie ― de la victime. Sacré !… À l’avance, les syllabes de ce mot sont chargées d’angoisse, le poids qui les charge est celui de la mort dans le sacrifice…
Notre vie tout entière est chargée de mort…
Mais, en moi, la mort définitive a le sens d’une étrange victoire. Elle me baigne de sa lueur, elle ouvre en moi le rire infiniment joyeux : celui de la disparition !… Si je ne m’étais, en ces quelques phrases, enfermé dans l’instant où la mort détruit l’être, pourrais-je parler de cette « petite mort », où sans vraiment mourir, je m’affaisserai dans le sentiment d’un triomphe !
Georges Bataille, Les Larmes d’Eros, Jean-Jacques Pauvert, 1961-1971 ; Éditions 10|18, U.G.E., 1985, pp. 91-92. |
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![]() Jean-Honoré Fragonard (1732–1806) Le Baiser volé, 1756–61 Huile sur toile, 48,3 x 63,5 cm The Metropolitan Museum of Art, New York City Source Lettre LXVI LE VICOMTE DE VALMONT À LA MARQUISE DE MERTEUIL Vous verrez, ma belle amie, en lisant les deux lettres ci-jointes, si j’ai bien rempli votre projet. Quoique toutes deux sont datées d’aujourd’hui, elles ont été écrites hier, chez moi, et sous vos yeux : celle à la petite fille, dit tout ce que nous voulions. On ne peut que s’humilier devant la profondeur de vos vues, si on en juge par le succès de vos démarches. Danceny est tout de feu ; et sûrement à la première occasion, vous n’aurez plus de reproches à lui faire. Si sa belle ingénue veut être docile, tout sera terminé peu de temps après son arrivée à la campagne ; j’ai cent moyens tout prêts. Grâce à vos soins me voilà décidément l’ami de Danceny ; il ne lui manque plus que d’être Prince. Il est encore bien jeune, ce Danceny ! Croiriez-vous que je n’ai jamais pu obtenir de lui qu’il promît à la mère de renoncer à son amour ; comme s’il était bien gênant de promettre, quand on est décidé à ne pas tenir ! Ce serait tromper, me répétait-il sans cesse : ce scrupule n’est-il pas édifiant, surtout en voulant séduire la fille ? Voilà bien les hommes ! Tous également scélérats dans leurs projets, ce qu’ils mettent de faiblesse dans l’exécution, ils l’appellent probité. C’est votre affaire d’empêcher que madame de Volanges ne s’effarouche des petites échappées que notre jeune homme s’est permises dans sa lettre ; préservez-nous du couvent ; tâchez aussi de faire abandonner la demande des lettres de la petite. D’abord il ne les rendra point, il ne le veut pas, et je suis de son avis ; ici l’amour et la raison sont d’accord. Je les ai vues ces lettres, j’en ai dévoré l’ennui. Elles peuvent devenir utiles. Je m’explique. Malgré la prudence que nous y mettrons, il peut arriver un éclat ; il ferait manquer le mariage, n’est-il pas vrai, et échouer tous nos projets Gercourt ? Mais comme, pour mon compte, j’ai aussi à me venger de la mère, je me réserve en ce cas de déshonorer la fille. En choisissant bien dans cette correspondance, et n’en produisant qu’une partie, la petite Volanges paraîtrait avoir toutes les premières démarches, et s’être absolument jetée à la tête. Quelques-unes des lettres pourraient même compromettre la mère, et l’entacheraient au moins d’une négligence impardonnable. Je sens bien que le scrupuleux Danceny se révolterait d’abord ; mais comme il serait personnellement attaqué, je crois qu’on en viendrait à bout. Il y a mille à parier contre un, que la chance ne tournera pas ainsi ; mais il faut tout prévoir. Adieu, ma belle amie ; vous seriez bien aimable de venir souper demain chez la maréchale de *** ; je n’ai pas pu refuser. J’imagine que je n’ai pas besoin de vous recommander le secret, vis-à-vis de madame de Volanges, sur mon projet de campagne ; elle aurait bientôt celui de rester à la ville : au lieu qu’une fois arrivée, elle ne repartira pas le lendemain ; et si elle nous donne seulement huit jours, je réponds de tout. De… ce 9 septembre 17**. Pierre Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses [1782], lettre LXVI, Garnier-Flammarion, 1989, pp. 135-136. |
| CHODERLOS DE LACLOS Source ■ Pierre-Ambroise Choderlos de Laclos sur Terres de femmes ▼ → 4 octobre 17** | Les Liaisons dangereuses → 5 septembre 1803 | Mort de Choderlos de Laclos (+ un extrait d’Une liaison dangereuse, Lettres de La Haye, de Hella S.Haasse) |
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Aujourd’hui 9 septembre, date anniversaire de la mort de Mallarmé (9 septembre 1898).
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STÉPHANE MALLARMÉ![]() Image, G.AdC ■ Mallarmé sur Terres de femmes ▼ → Mallarmé | Pli selon pli → 28 janvier 1888 | Lettre de Stéphane Mallarmé à Michel Baronnet → 29 mai 1912 | Création de L’Après-midi d’un faune → 21 mars 1914 | Première audition de Trois poèmes de Stéphane Mallarmé de Debussy ■ Voir aussi ▼ → (sur le site de l’Alliance française) La mort de Stéphane Mallarmé (extraits du Journal de Julie Manet en date du 11 septembre 1898). ![]() Berthe Morisot, Julie [Manet] rêveuse, 1894 Huile sur toile, 65 x 54 cm Collection privée (après la mort de Berthe Morisot [1895], Stéphane Mallarmé devint tuteur de Julie Manet). |
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