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  • Le vertige veille


    Instables a cappella
    (avant-propos)


    Chjama è rispondi

    Instable_10_mouture_dfinitive

    Instable 10.
    Le vertige veille

    À trop vouloir fixer les vertiges
    il ne reste que les rails
    mais le vertige veille
    boursouflure dorée
    qu’aucun diapason n’arrête
    il s’enfle et se gonfle
    subtil beignet de chair
    ses cratères
    échappent à la chape
    des plaques
    aux zébrures
    acouphènes
    des ans


    D.R. Image et texte : G.AdC/angèlepaoli


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  • Canari (Haute-Corse) Loin d’Ophélie




    Loin_dophlie_2
    Ph., G.AdC
    Source




    LOIN D’OPHÉLIE

        Soleil du torrent gorgé de lumière, je m’illusionne de fraîcheur dans les reflets d’eau. Ondulations-miroitements de la peau sous l’ombrage, ronds de lucioles. Un dytique glorieux, ondoyant acrobate, gesticule pattes en croix, menues libellules or lullaby papillons des eaux émeraude. Le chant de la cascade rythme ma rêverie docile. Seules les guêpes ivres n’ont pas droit de cité sur la roche brûlante et lisse avide de rondeur. Le soleil glisse sous les eaux claires, vasques ombreuses qui appellent aux nonchalances. Dérives du désir, je hume la sérénité du lieu, ocelles mouvantes de lumière bercée par le plumetis d’un vent qui passe, friselis léger. Je lis. Une fourmi vagabonde arpente les veines bleues vibrantes sous la peau, moire chaude enivrée de soleil. Le ramage effilé des bruyères, hampes feutrées, s’allie aux mains offertes du figuier. Je savoure sauvage l’heure tiède, la rumeur fidèle de l’eau qui court de roche en roche, le plaisir rond de la sève d’été. Je plonge loin du corps de la tendre Ophélie, loin de ses pleurs enfouis sous la mousse, le temps de disparaître sous la fraîche lourdeur de l’écume et de goûter encore au bouillonnement régulier de la cascade qui court sous le soleil.

    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli



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  • 29 août 1862/Naissance de Maurice Maeterlinck

    Éphéméride culturelle à rebours




         Le 29 août 1862 naît à Gand (Belgique) Maurice Maeterlinck.




    Maeterlinck
    Source




        Issu d’une vieille famille flamande, Maurice Maeterlinck se passionne très tôt pour la nature et la poésie. En contact avec les milieux littéraires parisiens (dont le salon de Mallarmé), le poète-philosophe belge d’expression française accède à la notoriété poétique avec le recueil des Serres chaudes (1889), encensé par Octave Mirbeau. Suivent une série de drames ― La Princesse Maleine (1889), Les Aveugles et L’Intruse (1890), Pelléas et Mélisande (1892), Ariane et Barbe-bleue (1902).
        À partir de 1896, année de publication des Douze chansons, il ne cessera de rédiger des ouvrages sur la vie des animaux : La Vie des abeilles (1901), La Vie des termites (1926), La Vie des fourmis (1930).
        Davantage connu pour son œuvre dramatique, Maurice Maeterlinck est considéré comme le plus grand représentant du symbolisme au théâtre. Cet « homme du Nord très positif, chez qui ― selon André Gide ― le mysticisme est une manière d’exotisme psychique », voit l’ensemble de son œuvre récompensée en 1911 par le Prix Nobel de littérature.




    EXTRAIT DE LA VIE DES FOURMIS

    Communications et orientation

        Comment les fourmis presque aveugles, rencontrant dans leur nid une sœur de leur race mais d’une autre famille, savent-elles qu’elles ont affaire à une étrangère ? C’est un des problèmes les plus compliqués et les plus obscurs de la fourmilière. Une patiente et ingénieuse myrmécologue, Mlle Adèle Field y a consacré des années sans parvenir à le résoudre d’une manière tout à fait satisfaisante. D’après ses expériences, le sens olfactif, qui chez la fourmi domine tous les autres, réside principalement dans les sept derniers articles de son funicule qui est l’extrémité de ses antennes. Chacun de ces articles est consacré à une odeur particulière ; par exemple l’odeur du domicile est perçue par le dernier segment, le pénultième discerne l’âge des ouvrières dans les colonies formées de diverses familles de la même espèce, et l’antépénultième capte le fumet dont la fourmi imprègne le chemin qu’elle parcourt. Quand on enlève le dernier segment, elle entre dans n’importe quelle fourmilière et s’y fait massacrer, quand on coupe l’antépénultième, elle ne retrouve plus sa piste. Dans un autre article se localisent les effluves de la reine-mère ; l’ouvrière qu’on en prive ne s’occupe plus de la pondeuse ni de la progéniture. Une autre articulation est réservée à l’odeur spécifique ; lorsqu’on la supprime, on peut mêler les espèces les plus différentes sans qu’elles se battent, etc.
        Notez que l’odeur du domicile n’est pas le même que l’odeur de l’espèce ; la première est assez variable et dépend de l’âge des habitants et d’autres circonstances, la seconde est presque indélébile. L’odeur héréditaire est encore différente, c’est l’odeur maternelle que toute fourmi porte depuis l’œuf jusqu’à la mort et qu’il ne faut pas confondre avec l’odeur de la reine qui peut ne pas être la mère de la fourmi en question.
        Mais il serait téméraire de limiter aux antennes le sens olfactif des fourmis […]
    Ajoutez à tout ceci la vie des odeurs dans la mémoire des fourmis. Elle est également variable. En certains cas elle persiste durant une dizaine de jours, en d’autres durant trois mois, en d’autres encore, notamment quand il s’agit de l’odeur héréditaire, elle se maintient pendant plus de trois ans. Ajoutez-y enfin les mélanges et les superstitions inévitables, ajoutez-y surtout le rôle électrique, magnétique et peut-être éthérique et psychique que jouent ces inépuisables organes et vous voyez à quelles incroyables complications aboutissent les moindres investigations dans ce petit monde que nous croyons beaucoup plus simple, plus rudimentaire, plus déshérité, plus dénué d’intérêt et d’imprévu que le nôtre.

    Maurice Maeterlinck, La Vie des fourmis, Fasquelle Éditeurs, 1930, pp. 129-130.





    Voir/écouter aussi :
    – (sur le site du musée provincial Félicien-Rops de Namur) une
    fiche-audio sur Maeterlinck ;
    – (sur Terres de femmes)
    30 avril 1902/Création de Pelléas et Mélisande de Debussy.



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  • Geneviève Vidal-de Guillebon | Exil

    «  Poésie d’un jour  »



    Spilliaert
    Léon Spilliaert (1881-1946),
    Vertigo, Escalier magique, 1908
    Encre de Chine, aquarelle et crayon, 64 x 48 cm
    Museum voor Schone Kunsten, Oostende, Belgique





    EXIL


    IV


    Exil
    que ce choix
    de m’évader toujours

    une promesse me lie
    qui ne m’asservit qu’à
    l’ivresse d’être

    si bien que le vertige du vide
    me porte    et
              m’allège

    si bien
    qu’à tire- d’ailes
              j’explore les nervures de l’air

    In-
    visible voilure
    qui m’entraîne
    je ne sais où

    Ex-
    ils    qui me ramènent
              à la source


    Geneviève Vidal-de Guillebon, Le Nombre de la lumière, Jacques André Éditeur, 2008, page 41.





    Vertigo
    D.R. Ph. Eric Le Parc,
    Vertigo, 22 décembre 2007

    Source





    GENEVIÈVE VIDAL



    ■ Geneviève Vidal
    sur Terres de femmes

    Exil
    Loger Lumière
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Vie donner/nommer



    ■ Voir aussi ▼

    le site de Geneviève Vidal
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Geneviève Vidal
    → (sur le site de la Bibliothèque royale de Belgique)
    Léon Spilliaert dans les collections de la Bibliothèque royale de Belgique
    → (sur le blog de Viviane Lamarlère)
    Léon Spilliaert ou la lumière d’Ostende





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • 28 août 1749 | Naissance de Goethe

    Éphéméride culturelle à rebours


    Le 28 août 1749 naît à Francfort-sur-le-Main Johann Wolfgang von Goethe.






    Goethe_dans_la_campagne_romaine
    Johann Heinrich Wilhelm Tischbein (1751 – 1829),
    Goethe dans la campagne romaine, 1787
    Huile sur toile, 164 x 206 cm
    Städel Museum, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.







    Extrait du Discours de Paul Valéry en l’honneur de Goethe
    Discours prononcé en Sorbonne, le 30 avril 1932, à l’occasion de la commémoration du centenaire de sa mort
    (Weimar, le 22 mars 1832).




    Ce qui me frappe dans Goethe, avant toute chose, c’est cette vie fort longue. L’homme du développement, le théoricien des actions lentes et des accroissements successifs (qui se combine curieusement en lui avec le créateur de Faust, qui est l’impatience même), a vécu tout le temps qu’il fallut pour éprouver maintes fois chacun des ressorts de son être ; pour qu’il fît de soi-même plusieurs différentes idées, et qu’il s’en dégageât et se connût toujours plus vaste. Il obtint de se trouver, de se perdre, de se reprendre et reconstruire, d’être diversement le Même et l’Autre ; et d’observer en soi-même son rythme de changement et de croissance. Un changement d’amplitude presque séculaire, par la substitution insensible des goûts, des désirs, des opinions, des pouvoirs de l’être, fait songer qu’un homme qui vivrait assez obstinément éprouverait successivement toutes les attractions, toutes les répulsions, connaîtrait, peut-être, toutes les vertus ; à coup sûr, tous les vices ; épuiserait enfin, à l’égard de toute chose, le total des affections contraires et symétriques qu’elle peut exciter. Le Moi répond, après tout, à tout appel ; et la Vie n’est au fond que possibilité.

    Mais cette quantité de durée qui forme Goethe abonde en événements de première grandeur, et pendant cette longue présence, le monde lui offre à contempler, à méditer, à subir, et parfois à écarter de son esprit, un grand nombre de faits considérables, une catastrophe générale, la fin d’un Temps et le commencement d’un Temps.

    Il naît dans une époque, dont nous savons aujourd’hui qu’elle fut délicieuse. Il s’élève dans ce siècle de plaisirs et d’encyclopédie, où, pour la dernière fois, les conditions les plus exquises de la vie civilisée se sont trouvées réunies. L’élégance, le sentiment, le cynisme s’y voient à demi confondus. On voit s’y développer à la fois ce qu’il y a de plus sec et de plus tendre dans l’âme. Les salons mêlent aux dames les géomètres et les mystes. On remarque un peu partout la curiosité la plus vive et déjà la plus libre, l’irritation joyeuse des idées, la délicatesse dans les formes. Goethe prit assurément sa bonne part de douceur de vivre […]

    Le sentiment tout-puissant d’être une fois pour toutes possède Goethe. Il lui faut tout, il faut qu’il ait tout connu, tout éprouvé, tout créé. Et c’est en quoi il est prodigue de tout ce qu’il est ; il prodigue ses apparences et ses produits de variété ; mais il retient jalousement ce qu’il pourrait être : il est avare de son lendemain. La vie, après tout, ne se résume-t-elle pas dans cette formule de paradoxe : la conservation du futur ? […]

    Il faut donc tout à Goethe. Tout, et de plus, être sauvé. Car Faust DOIT être sauvé.


    Paul Valéry, Variété IV [1938], Éditions Gallimard, Collection Blanche, 1960, pp. 100-107.



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  • La marelle des jeux


    Instables a cappella
    (avant-propos)


    Chjama è rispondi

    Instable_9_dernire_mouture

    Instable 9.
    La marelle des jeux

    Elle nécessite une longue abnégation
    l’écriture du silence

    dans la marelle des jeux
    seules persistent encore les cases
    le palet a glissé effaçant chiffres et lettres
    sous les grillages d’acier

    emmurement glacé
    des mots


    D.R. Image et texte : G.AdC/angèlepaoli


    >>> SUITE (Instable 10)
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  • L’œil acier du cyclone


    Instables a cappella
    (avant-propos)


    Chjama è rispondi

    Instable_8_dernire_mouture

    Instable 8.
    L’œil acier du cyclone

    Le couperet du temps
    est tombé sur les toits
    dentelures dorées
    qui gisent au fond des flots
    crénelés
    l’œil acier du cyclone
    perce
    les profondeurs-échancrures
    tracées
    dans un faisceau glacial
    de lumière
    oubliée


    D.R. Image et texte : G.AdC/angèlepaoli


    >>> SUITE (Instable 9)
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  • Volumen oublié


    Instables a cappella
    (avant-propos)


    Chjama è rispondi

    Instable_7dernire_mouture

    Instable 7.
    Volumen oublié

    Une page du temps est tournée
    la littérature d’antan effacée
    seul un faisceau de lumière rosée
    irrigue encore quelques feuillets
    de vieux volumen oublié
    roulés déroulés enroulés
    papyrus calames encriers sont rangés
    dans les vieux coffres du grenier
    le rouge et le noir du passé
    littérature démodée
    se sont pour toujours
    dérobés


    D.R. Image et texte : G.AdC/angèlepaoli


    >>> SUITE (Instable 8)
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  • Eclipses de seins


    Instables a cappella
    (avant-propos)


    Chjama è rispondi

    Instable_6_dernire_mouture


    Instable 6.
    Eclipses de seins

    Vérité illusoire du faux
    violines pupilles diffractées
    elliptiques rondeurs primaires
    grains de sureau mauves à croquer
    éclipses de seins croissants lunaires
    aréoles du temps
    dilaté


    D.R. Image et texte : G.AdC/angèlepaoli


    >>> SUITE (Instable 7)
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  • Chemin d’écharpe noire


    Instables a cappella
    (avant-propos)


    Chjama è rispondi

    Instable_5_dernire_mouture

    Instable 5.
    Chemin d’écharpe noire

    Do ré mi fa sol la si do
    Saltimbanque des nuages
    tu passes au-dessus des eaux
    tu files dans les airs nouveaux
    ton chemin d’écharpe noire
    te conduit dans le ciel lacté
    fluide pinceau d’azur mage
    saltimbanque des nuages
    tu cours sur des touches d’eau
    ré mi fa sol la si do


    D.R. Image et texte : G.AdC/angèlepaoli


    >>> SUITE (Instable 6)
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