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  • TdF n° 9 ― août 2005



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    SOMMAIRE DU MOIS D’AOÛT 2005



    Terres de femmes ― N° du mois de juillet 2005
    Julian Searle Page et le Mulinu di Pendente par Angèle Paoli (Chroniques de femmes)
    zinzì (Angèle Paoli)
    José Ángel Valente | SUR le seuil
    7 août 1675 | Madame de Sévigné, « Ma bonne, votre commerce est divin »
    Nadine Manzagol | Insulaires
    Assises au bord du fleuve (Angèle Paoli)
    André Rochedy | Armez-vous des feuilles du rêve
    Salge (Angèle Paoli)
    Louis-René des Forêts | Une voix venue d’ailleurs
    Orgue et musique baroque dans les églises de Corse
    L’insularité vous donne à penser
    Terres de femmes ― N° du mois de septembre 2005



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  • TdF n° 8 ― juillet 2005



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    SOMMAIRE DU MOIS DE JUILLET 2005



    Terres de femmes ― N° du mois de juin 2005
    Jean-Pierre Faye | Je commence un pays
    La nuit chauve-souris (Angèle Paoli)
    Natalie Clifford Barney | Apophtegmes de l’Amazone
    Pluie d’été (Angèle Paoli)
    Jean Grosjean | Heureuse la nuit
    Montaigne | « Il ne peut y avoir discussion sans contradiction »
    ‘Round Midnight (Angèle Paoli)
    Mallarmé | Pli selon pli
    Paul Morand | Baisers
    Zoé Karèlli | Imagination du moi
    Marie Ferranti | Mort et résurrection d’une île ? (lecture d’Angèle Paoli de La Chasse de nuit de Marie Ferranti et Chasses de novembre par Angèle Paoli)
    Israël Eliraz | La Pierre
    Elle se regarde dans la glace (Angèle Paoli)
    Yves Bonnefoy | « Le dialogue d’angoisse et de désir »
    Envolées de vents (Angèle Paoli)
    Antoine Emaz | Je travaille et je vois, après
    Fabio Pusterla | Entre-deux
    Ellipse de la tragédie (Angèle Paoli)
    Terres de femmes ― N° du mois d’août 2005



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  • TdF n° 7 ― juin 2005



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    SOMMAIRE DU MOIS DE JUIN 2005


    Terres de femmes ― N° du mois de mai 2005
    Vénus Khoury-Ghata | Le caillou dans la main
    La jeune poésie algérienne d’aujourd’hui
    Andrée Chedid | L’Autre
    Kiki, Reine de Montparnasse (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Mireille Fargier-Caruso | Gorgée d’eau pour les lèvres sèches
    3 juin 1937 | Première exposition Michaux
    4 juin 1950 | « Je hais les dimanches »
    Nicolas Charlet | La Trilogie du bleu
    4 juin 1983 | Les Paravents de Genet aux Amandiers
    Geneviève Richard | Un figuier
    Pier Paolo Pasolini | El cuòr su l’aqua
    Maurice Scève | Tant je l’aimai
    6 juin 1968 | Henri Bosco, Grand Prix de l’Académie Française
    Les 750 ans de l’Abbaye de la Maigrauge par Marielle Lefébure (Chroniques de femmes)
    Valery Larbaud | Le masque
    Les avatars stercoraux de l’art (note de lecture d’Angèle Paoli sur De Immundo de Jean Clair, Galilée, 2004)
    8 juin 1945 | Mort de Robert Desnos
    Le Tasse | Comment l’amour vient aux bergers et bergères
    Joëlle Gardes | Madeleine B
    10 juin 1910 | Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci
    Mario Luzi | Il pensiero fluttuante della felicità
    Lettres des deux amants (note de lecture d’Angèle Paoli sur Lettres des deux amants, attribuées à Héloïse et Abélard, Gallimard, 2005)
    11 juin 1932 | Fernando Pessoa
    12 juin 1947 | Naissance de Lucky Luke
    Concert de l’ensemble vocal féminin Kantika
    13 juin 2005 | Mort de Eugénio de Andrade
    Yves Bonnefoy | Le myrte
    13 juin 1911 | Création de Petrouchka d’Igor Stravinski
    Hilla Rebay, la « Baronne » par Marielle Lefébure (Chroniques de femmes)
    Michel Butor | À fleur de peau
    Jean Tardieu | Feindre de fuir…
    Ovide | Pretium vitae
    17 juin 1915 | Publication de la Case d’Armons d’Apollinaire
    Henri Meschonnic | Un visage
    19 juin 1992 | Mort de Margherita Guidacci
    Tahar Ben Jelloun | L’Homme qui du désert
    Adonis | Île de pierres
    20 juin 2005 | Ouverture du Centre Paul Klee à Berne par Marielle Lefébure (Chroniques de femmes)
    Cesare Pavese | Lavorare stanca
    23 juin 1927 | Discours de réception de Paul Valéry à l’Académie française
    Valérie-Catherine Richez | Petit traité de tératologie fantasmagorique
    Andrée Chedid | L’Œil
    25 juin 1981 | Élection d’Yves Bonnefoy au Collège de France
    26 juin 1913 | Naissance d’Aimé Césaire
    Jacques Réda | La course
    27 juin 1945 | Nomination de Reynaldo Hahn à la direction de l’Opéra de Paris
    Bavardages voyageurs par Marielle Lefébure (Chroniques de femmes)
    Carole Darricarrère | Face à face avec mes mains
    Erri De Luca | Volti
    Nicolas Charlet | « Je suis hanté. L’Azur ! L’Azur ! »
    Parmi les lys d’eau, Alfea (Angèle Paoli)
    Eugénio de Andrade | Blanc sur blanc
    30 juin 1961 | Première de Salomé au Teatro Nuovo de Spoleto
    Terres de femmes ― N° du mois de juillet 2005



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  • TdF n° 45 ― août 2008



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    SOMMAIRE DU MOIS D’AOÛT 2008



    Terres de femmes ― N° du mois de juillet 2008
    Catherine Soullard/Johnny tendresse (note de lecture d’Angèle Paoli sur Johnny de Catherine Soullard)
    Gabrielle Althen, Sans titre
    Kimonos de Saisons de Véronique Agostini
    26 août 1914/Naissance de Julio Cortázar
    Eugenio Montale/Nel Sonno
    28 août 1749/Naissance de Goethe
    Geneviève Vidal-de Guillebon/Exil
    29 août 1862/Naissance de Maurice Maeterlinck
    Loin d’Ophélie (Angèle Paoli)
    31 août 1811/Mort de Louis-Antoine de Bougainville
    Terres de femmes ― N° du mois de septembre 2008



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  • Joëlle Gardes, Dans le silence des mots

    Joëlle Gardes, Dans le silence des mots, Poésie,
    Collection Accents graves/Accents aigus,
    Éditions de l’Amandier, 2008.



    Lecture d’Angèle Paoli


    Deux_volets_latraux_
    Ph., G.AdC






    TOUT RESTE À DIRE


        C’est sans doute dans la scansion du recueil, au plus secret de son rythme intérieur, que se lit la beauté sobre de la poésie de Joëlle Gardes. Triptyque, Dans le silence des mots combine sans rupture, poétique de la prose et poésie dans une même tonalité, une même unité de langage et de sens. Mélancolique et chaude, une même voix scande les affleurements de la souffrance, sur la crête des vagues et du temps.

        Au centre du recueil, Paysages intimes ― errances / vagabondages en « des scènes désertes où nous n’avons pas de rôle à jouer » ― cède « au vent qui rend fou » le soin « de dire la fureur cachée /de réveiller ceux qui se défont dans la tendresse des choses ». La voix qui parle, voix lucide et triste, s’attache à faire surgir « sous le sourire la pluie des larmes ». Et à dire, derrière les décors de pierre rose et d’oliviers ― « éclats de vie » et de couleurs ―, la vacuité d’un présent sans attache.

        De part et d’autre du panneau central, deux volets latéraux : Dans le silence des mots et Le soleil ni la mort. C’est dans le premier volet que se dit le plus explicitement l’importance accordée au rythme. Et à la scansion. La scansion « classique » du vers sert d’assise architectonique à l’organisation du recueil. Sept textes intitulés « scansion » jalonnent Dans le silence des mots et alternent avec les poèmes numérotés ― de 1 à 5 / de 1 à 3 / de 1 à 4. Et l’on progresse, sans tension ni rupture, du désir exprimé d’effacement de toute émotion (« dans le silence des mots ») à la peur du « silence éternel », du bonheur passé dans l’insouciance et dans le rire au « désespoir inconsolable » d’une femme meurtrie, livrée à l’abandon. Et l’on progresse jusqu’au « tout reste à dire » qui scelle l’agonie.

        Pourtant, tout au long des poèmes, quelque chose filtre de cette émotion qui résiste à se dire. Une émotion gémelle, celle de la lectrice que je suis, gagne en force le silence des mots qui résistent ou se trompent. Disparaissent sous le poids des clichés qui figent ou celui de l’oubli qui efface. « L’écriture est sans empreinte », dit la voix. Elle est pourtant la seule issue. « Jour après jour l’écriture dessine la seule continuité/la seule nécessité. »

        Le deuxième volet du triptyque, Le soleil ni la mort, est construit selon le même principe (informulé) de scansion. Une scansion, silencieuse, soumise à la bienheureuse fusion des contraires. Scansion en creux, intériorisée. Un diminuando qui tend à l’effacement. Soleil et mort mêlent uniment leur voix. L’inconsolable, celle que jadis l’odeur du pin ou le claquement du volet suffisaient à apaiser, s’étonne un matin du « grand vide que le monde ne demande qu’à remplir ».

        « Le temps est entré en elle et c’est déjà celui de la mort ».


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli





    Dans_le_silence_des_mots_bis






    JOËLLE GARDES


    Jolle_gardes_2
    Source



    ■ Joëlle Gardes
    sur Terres de femmes

    « Les arcanes subtils d’une relation triangulaire » (La Mort dans nos poumons) [note de lecture d’AP + bibliographie]
    Et si la profondeur n’était que… (extrait de Dans le silence des mots)
    Jardin sous le givre (note de lecture d’AP + extrait)
    [Matinée de printemps précoce](extrait de L’Eau tremblante des saisons)
    [Le regard tourné vers l’intérieur ou l’ailleurs] (extrait de La Lumière la même)
    Méditations de lieux (note de lecture)
    Ostinato e chiaroscuro (Ruines) [note de lecture d’AP + extrait]
    [Tota mulier in utero] (extrait d’Histoires de Femmes)
    31 mai 1887 | Naissance de Saint-John Perse (Joëlle Gardes, Saint John-Perse, Les rivages de l’exil, biographie)
    Trentième anniversaire de la mort de Saint-John Perse/20 septembre 1975 (chronique de Joëlle Gardes)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Hôpital



    ■ Voir aussi ▼

    le site de Joëlle Gardes
    → (sur Terres de femmes)
    7 mai 1748 | Naissance d’Olympe de Gouges (note de lecture sur Joëlle Gardes, Olympe de Gouges, Une vie comme un roman)






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  • Fabio Scotto | China sull’acqua… (traductions croisées)

    «  Poésie d’un jour  »


    Mondine_orientale_3
    Source






    CHINA SULL’ACQUA


    China sull’acqua
    la mondina orientale
    immersa nel fango
    estrae dal torbido
    i chicchi saporiti
    lumache o lombrichi
    Mentre dietro si stende
    un sentiero infinito
    fin dove l’occhio si perde
    e lascia il corpo all’acqua
    il campo alle termiti
    il cielo alle sue stelle




    Traductions croisées/Crossed translations





    PENCHÉE SUR L’EAU


    Échine penchée sur l’eau
    la repiqueuse orientale
    pataugeant dans la fange
    tire de l’eau trouble
    les grains savoureux du riz
    des limaces ou des lombrics
    Pendant que derrière elle fuit
    à perte de vue
    un sentier infini
    qui laisse à l’eau le corps
    le champ aux termites
    le ciel à ses étoiles

    Traduction d’Eric Brogniet





    BENT OVER WATER


    Back bent over the water
    the woman of the paddy-fields
    is immersed in mud,
    drags-up from cloudy pools
    tasty grains
    snails or worms
    While behind her a road
    extends infinitely
    to where the eye loses itself
    leaving the body to water
    the countryside to termites
    the sky to its stars

    Traduction de Fiona Sampson





    BENT OVER WATER


    Bent over water
    the girl in the paddy field
    drowned in mud
    is weeding the gunk
    for tasty grains
    snails and earthworms
    Meanwhile, behind her, an infinite
    path stretches out
    just to where sight gets lost
    leaving her body to the water
    the field to its termites
    the sky to its stars

    Traduction de Martin Harrison





    BENT OVER WATER


    Bent backed over eastern water
    the gleaner trudges
    through deep ooze
    draws ruffled pools
    sharp-flavoured rice-beads
    slugs, invertebrates
    While behind her extends
    a road so long the eye
    is lost at the vanishing point
    leaving the body in the water
    the field to the termites
    the sky to its stars

    Traduction de George Szyrtes





    BENT OVER WATER


    Sliding toward the tide, she,
    the exotic stinger stuck in mud
    pulls the disturbed current
    the flavourful seeds
    earthworms or slugs
    Hanging behind them an infinite
    Path folds out
    till lost by the eye
    and leaves the body to float
    the fields to termites
    the sky to its stars

    Traduction de David Applefield




    PENCHÉE SUR L’EAU


    Penchée sur l’eau
    la repiqueuse orientale
    plongée dans la boue
    dégage de l’eau trouble
    les grains savoureux
    limaces ou lombrics
    Pendant que derrière elle
    se déploie un sentier infini
    à la fin duquel l’œil se perd
    et laisse son corps à l’eau
    le champ aux termites
    le ciel à ses étoiles

    Traduction de Carole David


    Fabio Scotto, in La Traductière, Revue franco-anglaise de poésie et art visuel, N° 26, juin 2008, pp. 192-193.





    Traductire_2





    INCLINADA SOBRE EL AGUA


    El espinazo inclinado sobre el agua
    la sembradora oriental
    chapotea en el fango
    saca del agua turbia
    los sabrosos granos de arroz
    babosas o lombrices
    Mientras que detrás de ella huye
    hasta perderse de vista
    un sendero infinito
    que deja al agua el cuerpo
    el campo a las termitas
    el cielo a sus estrellas.

    Traduction en espagnol de Myriam Montoya
    (traduction inédite)
    D.R. Texte Myriam Montoya/L’Oreille du Loup
    pour Terres de femmes






    ■ Fabio Scotto
    sur Terres de femmes


    A Riva | Sur cette rive (note de lecture)
    Regard sombre (extrait de A riva | Sur cette rive)
    Le Corps du sable (note de lecture)
    Je t’embrasse les yeux fermés (poème issu du recueil Le Corps du sable)
    Ces paroles échangées (poème issu du recueil L’intoccabile)
    [Il volto avvolto dalle fiamme s’abbruna] (poème issu du recueil La nudità del vestito)
    Tra le vene del mondo (extrait de La Grecia è morta e altre poesie)
    La Peau de l’eau (lecture de Sylvie Fabre G.)
    Venezia — San Giorgio-Angelo (extrait de La Peau de l’eau)
    “Musée Thyssen Bornemisza Madrid”, Jacob Isaacksz Van Ruisdael
    Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid (onze « poèmes peints » traduits par Angèle Paoli)



    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de l’écrivain Claude Ber)
    un dossier Fabio Scotto (dimanche 27 février 2011)





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  • Claude Ber | Je dis mer

    «  Poésie d’un jour  »



    Je_te_donne_mer_tu_me_donnes_bahr
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    JE DIS MER


    Découpe 16


    Je dis mer. La mer dit bahr. Elle dit sama ciel bahr mer. Et tangue. Entre deux bleus. Entre deux langues. Ici où la rime se nomme océan. Bahr, cette mer étrangère avec son sourcil de vague tâtant la terre de son œil. Scrutant l’entier de la terre de cet œil qui avance. Puis rétracte sa pupille. Se retire dans son cœur de mer. Et bat mer bahr mer bahr. Puis revient à grands ourlets de lèvres blanches. Se plisse. Enfle. Roule enroule à terre entre ses dents d’écume successive. Bahr, elle se nomme bahr. Et moi je ne suis plus moi mais ana. Ana sous ce ciel où la nuit tombe comme une main qui se retourne. Et ma main se retourne avec lui. Yed main sama ciel. Main double à deux mers et à deux mains. Je te donne mer, tu me donnes bahr. Donne-moi un mot cela seulement qui se donne sans se perdre. Et nous aurons chacun deux mots en main. Deux mains en mot. La mer comme une main et les mains aussi libres et larges que la mer. Main bahr yed mer.



    Claude Ber, La mort n’est jamais comme, Ed. Via Valeriano-Léo Scheer, 2003 ; rééd. éditions de l’Amandier, 2006, page 54. Rééd. éditions Bruno Doucey, Collection Soleil noir, 2019. Prix international de la poésie francophone Ivan Goll 2004.






    Claude Ber  La-mort-n’est-jamais-comme




    CLAUDE BER


    Claude-BER  ©-Adrienne-Arth NB
    Ph.© Adrienne Arth
    Source




    ■ Claude Ber
    sur Terres de femmes


    Épître Langue Louve (note de lecture d’AP)
    Il y a des choses que non (note de lecture d’AP)
    In memoriam (extrait d’Épître Langue Louve)
    La mort n’est jamais comme (note de lecture d’AP)
    Les mots, le vent, les herbes racontent (extrait de Mues)
    Sinon la transparence (extrait du recueil Sinon la transparence)
    [Toujours la langue veut dire] (extrait du recueil Il y a des choses que non)
    Vues de vaches (note de lecture d’AP)
    Claude Ber, Pierre Dubrunquez, L’Inachevé de soi (note de lecture)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    le miel à la bouche




    ■ Voir aussi ▼


    le site de l’écrivain Claude Ber





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  • Vitaliano Trevisan, I quindicimila passi

    Vitaliano Trevisan, Les Quinze mille pas,
    éditions Verdier, Collection Terra d’altri, 2006.
    Prix Campiello France 2008.



    DANS LE LABYRINTHE BOSCHIÉRIEN


        Lequel d’entre nous n’a jamais joué, enfant, à compter les pas qui séparaient la maison de l’école et l’école de la maison ou, à l’autre bout de la rue, la maison et l’école de la boutique de la marchande de bonbons ? Lequel d’entre nous n’a pas, comme Thomas Boschiero, voix narrative essentielle des Quinze mille pas, fait et défait, refait cent fois, mille fois sa valise en se demandant s’il parviendrait jamais à composer la « valise idéale », celle qui lui éviterait de renoncer à partir ? Lequel d’entre nous ne s’est pas surpris à pester encore et encore contre les « terres gastes » qui déparent les abords des villes et les no man’s land industriels qui les envahissent comme pour mieux les défigurer ? Lequel d’entre nous n’a pas songé un jour aux modalités de sa disparition et jusqu’à celles de son suicide ? Telles sont les questions obsédantes qui harcèlent en boucle le narrateur Boschiero, l’entraînant sans cesse davantage dans une spirale qui l’ « encarcère » et que rien, en apparence, ne peut arrêter.

        Pour ma part, toutes ces élucubrations, névrotiques à n’en pas douter, ne sont pas pour me surprendre. Elles sont miennes et m’habitent occasionnellement. Sournoisement tapies sous les méandres de mon imaginaire, elles se déclarent un beau jour, et se répandent, de plus en plus délirantes, jusqu’à rendre invivable le quotidien. De sorte que les interrogations multiples auxquelles Thomas Boschiero soumet ici son moi tourmenté, je les reconnais comme faisant aussi partie intégrante de ma personnalité. Et je dois dire que les voir se dérouler sous la plume de Trevisan, c’est absolument jubilatoire. Ainsi, l’épisode de la fameuse valise a déclenché en moi un fou rire inextinguible. J’ai ri des plus exaspérantes mésaventures boschiériennes, ri des infortunes mentales du narrateur, sans cesse assailli par d’insolubles contradictions. Elles m’emplissent d’une hilarité sans pareille. Elles devraient pourtant m’arracher des larmes, tant le récit, proche dans son inspiration grinçante des récits de Thomas Bernhard (je pense notamment à Extinction), penche du côté du tragique de l’existence. De la non-existence. De la dévorante et beckettienne vacuité humaine. De l’insoutenable solitude. Thomas se bat/débat, avec/contre le « vide parfait », intolérable de sa vie ; avec/contre lui-même et son moi divisé, avec/contre son frère évaporé dans la nature au lendemain de la disparition de leur sœur, déclarée morte au bout de dix années d’infructueuses supputations et recherches ; avec/contre son quotidien pesant, ses comptes à tenir, ses biens et propriétés à faire semblant de gérer ; avec/contre les hideurs de la merdique ville de Vicence (Vénétie), dont l’architecture palladienne est anéantie sous une diarrhée de boutiques de vêtements et « une hystérie de la chaussure typique de notre époque ». Avec/contre son essai sur le suicide. « Pourquoi ne pas limiter mon essai sur le suicide dans la province de Vicence à un essai sur le suicide par pendaison dans la province de Vicence ? ».

        Heureusement pour ce pauvre acariâtre de Thomas, le notaire Strazzabosco veille. « Dans la répugnante étude de la piazza Castello » à Vicence, à quinze mille pas de la maison de Thomas. Strazzabosco ! je n’ai pas encore mis la main sur ce vocable « Strazza  ». Maléfique ! En tout cas, maléfique ou pas, le notaire Strazzabosco prospère : il propose, jongle, place, déplace, vend et achète. Gère les propriétés laissées en l’état par le frère disparu, la sœur morte. Quel lien y a-t-il entre les deux événements ? Entre la disparition totale, irréversible de la sœur et celle, provisoire peut-être, du frère, que la supposée liaison de sa sœur avec un médecin de la ville a rendu fou de jalousie. Jusqu’à en faire un meurtrier ? Thomas passe et repasse toutes ces questions dans sa tête, mais le patrimoine familial l’encombre et il vit la disparition de son frère comme une volonté de le ligoter dans sa minable ville de Vicence, de l’assigner à demeure et de l’empêcher d’en partir. Seuls l’intéressent vraiment les livres laissés en pile sur la table de travail du frère, ses notes sur le peintre Francis Bacon, le manuscrit inachevé de La Maison dans le parc dans la maison. Mais ce qui l’obsède davantage encore, c’est le chef-d’œuvre du frère, le labyrinthe-refuge de la tour de la maison de la strada Commenda, miroir de son propre labyrinthe intérieur.

        Perdu dans les obsessions et délires de sa forêt mentale (le « bosco » n’apparait-il pas dans le nom de trois personnages : Boschiero, Strazzabosco, Magnabosca ?), Thomas Boschiero se réfugie dans le compte-rendu précis et rigoureux, méthodique, de sa folie. Jusqu’au coup de théâtre final qui boucle le récit et le renvoie au prologue initial.

        Outre la construction circulaire (« cyclopédique ») très aboutie des Quinze mille pas, ce qui surprend dans cet admirable récit, c’est l’enchevêtrement des voix, leur incessante superposition, leur entrelacement travaillé. De ces incises à emboitements multiples qui ponctuent le déroulement de la pensée ― dit-il, pensais-je, pensa-t-il… ― chaque assertion, reprise, renforcée par la pensée concomitante de l’autre, suscite le trouble du lecteur. Qui en vient à se demander qui parle vraiment, du narrateur ou de son frère. Parfois même d’un troisième personnage. Peut-être est-ce une même et unique voix, scindée en deux, en trois, sous l’effet d’une schizophrénie envahissante ? Peut-être est-ce la même fêlure obsédante qui se dit et se déroule spirale après spirale, d’une voix l’autre ? Peut-être n’y a-t-il en définitive qu’un seul et même personnage, supplanté sans cesse par les différents masques qui en déforment le visage ?

        Vitaliano Trevisan excelle dans la mise en abîme des actions et des hommes. De même que « les actions littéraires d’un seul tenant nous échappent », de même « les hommes d’un seul tenant font défaut ». Admirablement traduit par Jean-Luc Defromont, Les Quinze mille pasprix Campiello France 2008 ― a tout du thriller existentiel : personnages borderline pour un récit grinçant.


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Image, G.AdC
    Vitalino_trevisan____jappuyai_sur_2 EXTRAIT : JE VEUX MOURIR MOI AUSSI

        Je marchais de mon pas cadencé habituel. Ni rapide ni lent. Sans lourdeur, léger. Je comptais mentalement tout en pensant, concentré pour ne pas perdre le rythme ; attentif à maintenir en équilibre, sur le fil d’un temps à quatre temps, les trois variables ― penser marcher compter ― de façon à en faire des constantes. Maintenant j’y suis, pensais-je, maintenant je suis arrivé. Il ne reste que quelques pas, pensais-je, puis je serai à la fin du Corso. Je n’avais pas du tout envie d’aller chez le notaire Strazzabosco, pensais-je, alors si je dois vraiment y aller, autant que ce soit aujourd’hui, que ce soit le plus tôt possible. Tout de suite, tout de suite, maintenant, maintenant, immédiatement et qu’on en finisse. Vendre le plus tôt possible au meilleur prix possible, voilà ce que je vais lui dire, pensais-je. Je liquide tout, mon cher Strazzabosco, parce que moi je ne veux plus en entendre parler. Je ne veux plus entendre parler de maisons, ni de terrains, et encore moins de participations financières, lui dirai-je, pensais-je. Je ne laisserai rien derrière moi. Je n’ai pas d’amis, pensais-je, j’en avais, mais maintenant je n’en ai pas. Des femmes, je n’en ai jamais eu ; la famille, c’est comme si je n’en avais pas. Personne ne m’appelle jamais au téléphone, sauf pour les questions d’argent ou pour me casser les couilles. Seul le type du gaz me rend visite, le facteur avec les relevés de comptes bancaires, et les témoins de Jéhovah, ces derniers représentant les seuls êtres humains auxquels j’adresse la parole après parfois des semaines de silence presque parfait. Vous le savez qu’on mourra tous ? me disent-ils; vous le savez que le monde finira ?, et que quand il finira, le monde, il n’y aura de pitié pour personne ? Je le sais, dis-je, c’est une évidence: le monde finira, un beau jour les hommes, finalement, finiront et s’éteindront. La race humaine est destinée à disparaître, dis-je, ça ne fait pas un pli. Mais vous, vous pourriez vous sauver, disent-ils. Mais moi, je ne veux pas du tout me sauver, dis-je, moi je veux finir, je désire m’éteindre. Du reste, j’ajoute, je n’ai pas tellement le choix : que je le désire ou ne le désire pas, somme toute, ça ne fait aucune différence. L’humanité a choisi la voie de la destruction, disent-ils, elle s’est éloignée de Dieu et chute dans l’abîme. Oui, dis-je, oui, elle chute dans l’abîme, la tête la première dans le gouffre, avec la science en guise de lest. Nous sommes tous en train de chuter à une vitesse telle que nous ne nous rendons même pas compte que nous chutons. Mais vous, vous pourriez vous sauver, disent-ils, tenez, regardez, prenez ces opuscules, regardez, lisez et ainsi de suite. Non, dis-je, je n’en veux pas de vos opuscules. Et puis moi, dis-je, je ne veux pas du tout me sauver. Je n’ai aucune intention de me sauver, dis-je aux témoins de Jéhovah ; je veux mourir moi aussi. Je veux finir moi aussi comme tous les autres. Je fais partie moi aussi de l’humanité, dis-je, et donc il est tout à fait juste que je finisse moi aussi en même temps que le reste de l’humanité. À ce stade, d’habitude, les bons témoins, qui voyagent toujours deux par deux, peut-être pour se donner du courage, peut-être parce que comme ça, ils peuvent se contrôler l’un l’autre, sont désorientés et commencent à s’embrouiller. Ils se mettent à bredouiller quelque chose du style : mais vous ne pouvez pas vous réjouir de la fin du monde. Vous ne pouvez pas croire à la fin du monde, désormais prochaine, et ne pas vous en inquiéter. Non seulement je ne m’en inquiète pas, dis-je, mais au contraire, l’idée qu’un jour ou l’autre tout prendra fin me tranquillise. Hourra, je pense, un jour finalement la mémoire ne sera plus, et je m’endors tranquille. J’étais parvenu à la fin du Corso. Je tournai à droite. Au bout de quelques pas (neuf), j’entrai dans la cour du palazzo Bonin Longare, poursuivis tout droit (vingt et un autres pas en tout) et m’arrêtai devant l’entrée de l’étude Strazzabosco; je tirai de ma poche le carnet, effectuai un petit calcul mental et notai : maison étude Strazzabosco 15 000 pas.
         J’appuyai sur la sonnette.


    Vitaliano Trevisan, Les Quinze mille pas, Éditions Verdier, Collection « Terra d’altri » dirigée par Martin Rueff, 2006, pp.138-139-140. Traduit de l’italien par Jean-Luc Defromont.



    VOGLIO MORIRE ANCH’IO


        Camminavo con il mio solito passo cadenzato. Né veloce né lento. Non pesante, leggero. Contavo mentalmente mentre pensavo, concentrato per non perdere il ritmo; attento a tenere in equilibrio, sul filo di un tempo di quattro quarti, le tre variabili ― pensiero passo conto ― in modo da renderle costanti. Ormai ci sono, pensavo, ormai sono arrivato. Mancano ancora pochi passi, pensavo, poi sarò alla fine del Corso. Di andare dal notaio Strazzabosco non ho affatto voglia, pensavo, e allora, se proprio devo andarci, allora che sia oggi, che sia il più presto possibile. Subito, subito, adesso, adesso, mi dicevo, e subito, adesso, immediatamente e che sia finita. Vendere il piú presto possibile al migliore prezzo possibile, questo gli dirò, pensavo. Liquido tutto, caro Strazzabosco, dirò al notaio Strazzabosco, perché io non ne voglio piú sapere. Di case non voglio piú saper nulla, di terreni neanche, di partecipazioni finanziarie men che meno, gli dirò, pensavo. Non mi lascierò dietro niente di niente. Amici non ne ho, pensavo, ne avevo, ma ora non ne ho. Donne non ne ho mai avute ; parenti è come se non ne avessi. Al telefono non mi chiama mai nessuno, se non per questioni di denaro o per spaccarmi il cazzo. A farmi visita viene solo l’uomo del gas, il postino con gli estratti conti e i testimoni di Geova, questi ultimi, in pratica, gli unici esseri umani ai quali io rivolga la parola a volte dopo settimane di silenzio quasi perfetto. Lo sa che moriremo tutti ?, mi dicono; lo sa che il mondo finirà ?, e che quando finirà il mondo non ci sarà pietà per nessuno ? Lo so, dico, la cosa è evidente : il mondo finirà, gli uomini, un bel giorno, finalmente, finiranno, si estingueranno. La razza umana è destinata a sparire, dico, su questo non c’è da discutere. Ma lei potrebbe salvarsi, dicono. Ma io non voglio affatto salvarmi, dico, io voglio finire, desidero estinguermi. Del resto, aggiungo, non c’è mica tanta scelta : che io lo desideri o non lo desideri, tutto sommato, non fa alcuna differenza. L’umanità ha scelto la strada della destruzione, dicono, si è allontanata da Dio e precipita nell’abisso. Sí, dico, si, precipita nell’abisso, a capofitto nel burrone, la scienza come zavorra. Stiamo precipitando a una velocità tale che non ci rendiamo neanche conto di precipitare. Ma lei potrebbe salvarsi, dicono, ecco, guardi, prenda questi opuscoli, guardi, legga e via cosí. No, dico, i vostri opuscoli non li voglio. Non li leggerei, ecco, tanto vale che li buttiate via, non li voglio i vostri opuscoli. Poi, dico, io non voglio affatto salvarmi. Di salvarmi, dico ai testimoni di Geova, non ho nessuna intenzione ; voglio morire anch’io. Voglio finire anch’io come tutti gli altri. Faccio parte anch’io dell’umanità, dico, dunque è piú che giusto che anch’io finisca insieme al resto dell’umanità. A questo punto, di solito, i buoni testimoni, che viaggiano sempre a due, forse per farsi coraggio, forse perché cosí si possono controllare a vicenda, sono presi dal disorientamento e cominciano a ingarbugliarsi. Cominciano a farfugliare qualcosa tipo : ma lei non può essere felice della fine del mondo. Lei non può credere alla fine del mondo, ormai prossima, e non preoccuparsi. Non solo non mi preoccupo, dico, anzi, l’idea che un giorno o l’altro tutto avrà fine mi tranquillizza. Evviva, penso, un giorno finalmente non ci sarà piú la memoria, e mi addormento tranquilla. Ero alla fine del Corso. Girai a destra. Fatti pochi passi (nove), entrai nel cortile di palazzo Bonin Longare e proseguii diritto per un totale di altri ventuno passi e mi fermai davanti all’ingresso dello studio Strazzabosco. Estrassi dalla tasca il taccuino, feci una piccola somma a mente e annotai : casa studio Strazzabosco 15 000 passi.
       &nbsp Suonai il campanello.


    Vitaliano Trevisan, I quindicimila passi, Giulio Einaudi editore, 2002 ; Einaudi Stile libero, 2007, pp. 140-141-142.





    ■ Vitaliano Trevisan
    sur Terres de femmes

    13 février 1989 | Vitaliano Trevisan, Il Ponte



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  • Federico García Lorca | La nonne gitane

    «  Poésie d’un jour  »




    LA NONNE GITANE Les_sept_oiseaux_du_prisme



    Silence de chaux et de myrte.
    Mauves dans les herbes fines
    Sur une toile jaune paille
    la nonne brode des giroflées.
    Volent dans le lustre gris
    les sept oiseaux du prisme.
    Tel un ours panse en avant
    loin de là grogne l’église.
    Comme elle brode ! Quelle grâce !
    Sur la toile jaune paille
    elle aimerait bien broder
    des fleurs à sa fantaisie.
    Quel tournesol ! Quel magnolia
    de faveurs et de clinquant !
    Quels safrans et quelles lunes
    sur la nappe de l’autel !
    Cinq oranges en compote
    cuisent dans l’office proche :
    ce sont les plaies du Christ
    cueillies près d’Almeria.
    Dans le regard de la nonne
    galopent deux cavaliers.
    Une rumeur dernière et sourde
    lui décolle la chemise,
    la vue des monts et des nuées
    dans les lointains arides
    fait qu’alors son cœur se brise,
    son cœur de sucre et de verveine.
    oh, quelle plaine escarpée
    sous l’éclat de vingt soleils !
    Quelles rivières soulevées
    entrevoit sa fantaisie !
    Mais à ses fleurs elle s’applique
    tandis que debout dans la brise
    l’éclat du jour joue aux échecs
    par les fentes de la jalousie.



    Federico García Lorca, Romancero gitan, Seghers, Collection Poètes d’aujourd’hui, 1973, pp. 135-136. Traduction d’Armand Guibert.







    À José Moreno Villa


    LA MONJA GITANAQuels_safrans_et_quelles_lunes




    Silencio de cal y mirto.
    Malvas en las hierbas finas.
    La monja borda alhelíes
    sobre una tela pajiza.
    Vuelan en la araña gris,
    siete pájaros del prisma.
    La iglesia gruñe a lo lejos
    como un oso panza arriba.
    ¡ Qué bien borda ! ¡ Con qué gracia !
    Sobre la tela pajiza,
    ella quisiera bordar
    flores de su fantasía.
    ¡ Qué girasol ! ¡ Qué magnolia
    de lentejuelas y cintas !
    ¡ Qué azafranes y qué lunas,
    en el mantel de la misa !
    Cinco toronjas se endulzan
    en la cercana cocina.
    Las cinco llagas de Cristo
    cortadas en Almería.
    Por los ojos de la monja
    galopan dos caballistas.
    Un rumor último y sordo
    le despega la camisa,
    y al mirar nubes y montes
    en las yertas lejanías,
    se quiebra su corazón
    de azúcar y yerbaluisa.
    ¡ Oh!, qué llanura empinada
    con veinte soles arriba.
    ¡ Qué ríos puestos de pie
    vislumbra su fantasía !
    Pero sigue con sus flores,
    mientras que de pie, en la brisa,
    la luz juega el ajedrez
    alto de la celosía.





    FEDERICO GARCÍA LORCA


    Lorca_par_aguijarro
    Source



    ■ Federico García Lorca
    sur Terres de femmes

    Croix (poème extrait de Suites)





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  • Lalla ou le chant des sables







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    Lalla ou le chant des sables
    aux éditions Terres de femmes


    récit-poème



    Lalla_113_2


    tirage de tête limité à 80 ex. numérotés sur rives tradition vélin
    photo originale de Guidu Antonietti di Cinarca



    avant-propos de Cécile Oumhani





        Qui est cette jeune femme qui a traversé les heures étourdie de couleurs et de voix ? La glycine, les tomettes rouges, les azulejos si familiers ont-ils fini par émousser la conscience que Lalla a d’elle-même ? Elle se met en route, quittant le cocon de l’habitude et ces présences quotidiennes où elle risquerait si facilement de se perdre. Rompre, partir et aller droit devant soi, sans fléchir…. Lalla le fait aussi résolument qu’elle laisse son nom au seuil de ce qui fut sa maison, répondant au désert qui l’appelle, à l’immensité où elle espère rejoindre ce qu’elle est et qu’elle ne connaît pas encore. Elle devient la parente des martinets, ivres du ciel, éprise du froissement des ailes des pipistrelles, attentive au vide, aux ténèbres comme à la lumière. Elle poursuit sa quête dans la steppe, interrogeant les étoiles si loin dans leurs hauteurs glacées. Lorsque vient la rencontre avec un jeune pâtre, il n’est plus besoin du langage des mots pour se comprendre et partager les nourritures de la terre. Car elle ne fuit pas les humains, même si elle s’abandonne à la solitude d’une marche sans fin. N’est-ce pas eux qu’elle retrouve à travers d’étranges constructions sommeillant dans le sable comme autant de traces des chemins disparus qu’elle foule à son tour ? Elle explore la steppe en même temps que le passé, éprouvant le silence jusqu’à rejoindre ces sonorités subtiles où bruisse le minéral. Défaite peu à peu du leurre des apparences, il lui est donné d’entendre ce qui s’élève comme un chant cosmique, le « maqâm des sables » où Lalla accède à un autre mode d’être.

        Avec Lalla ou le chant des sables, Angèle Paoli invite ses lecteurs vers des sols à la fois nouveaux et anciens où la conscience de soi se fond dans l’universel. Car à travers ce monde aux demeures de pisé, elle nous laisse entrevoir l’essence de l’être, au-delà des limites qui inscriraient un commencement ou une fin. L’expérience de Lalla touche si profondément par une clarté donnée à nos sens, l’extase d’un ravissement, la certitude d’une voie possible.






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    ISBN : 978-2-953261-90-5
    Dépôt légal : juillet 2008
    © Terres de femmes, 2008
    20217 Canari (Haute-Corse)




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