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  • Lalla




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    Lalla ou le chant des sables
    aux éditions Terres de femmes



    Lalla_113


    tirage de tête limité à 80 ex. numérotés sur rives tradition vélin
    vignette originale de Guidu Antonietti di Cinarca



    avant-propos de Cécile Oumhani




    Qui est cette jeune femme qui a traversé les heures étourdie de couleurs et de voix ? La glycine, les tomettes rouges, les azulejos si familiers ont-ils fini par émousser la conscience que Lalla a d’elle-même ? Elle se met en route, quittant le cocon de l’habitude et ces présences quotidiennes où elle risquerait si facilement de se perdre. Rompre, partir et aller droit devant soi, sans fléchir…. Lalla le fait aussi résolument qu’elle laisse son nom au seuil de ce qui fut sa maison, répondant au désert qui l’appelle, à l’immensité où elle espère rejoindre ce qu’elle est et qu’elle ne connaît pas encore. Elle devient la parente des martinets, ivres du ciel, éprise du froissement des ailes des pipistrelles, attentive au vide, aux ténèbres comme à la lumière. Elle poursuit sa quête dans la steppe, interrogeant les étoiles si loin dans leurs hauteurs glacées. Lorsque vient la rencontre avec un jeune pâtre, il n’est plus besoin du langage des mots pour se comprendre et partager les nourritures de la terre. Car elle ne fuit pas les humains, même si elle s’abandonne à la solitude d’une marche sans fin. N’est-ce pas eux qu’elle retrouve à travers d’étranges constructions sommeillant dans le sable comme autant de traces des chemins disparus qu’elle foule à son tour ? Elle explore la steppe en même temps que le passé, éprouvant le silence jusqu’à rejoindre ces sonorités subtiles où bruisse le minéral. Défaite peu à peu du leurre des apparences, il lui est donné d’entendre ce qui s’élève comme un chant cosmique, le « maqâm des sables » où Lalla accède à un autre mode d’être.

    Avec Lalla ou le chant des sables, Angèle Paoli invite ses lecteurs vers des sols à la fois nouveaux et anciens où la conscience de soi se fond dans l’universel. Car à travers ce monde aux demeures de pisé, elle nous laisse entrevoir l’essence de l’être, au-delà des limites qui inscriraient un commencement ou une fin. L’expérience de Lalla touche si profondément par une clarté donnée à nos sens, l’extase d’un ravissement, la certitude d’une voie possible.

    Cécile Oumhani





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  • 17 juillet 1944 | Élisabeth Chabuel, 7 44

    Éphéméride culturelle à rebours

    «  Poésie d’un jour
     »



    Chabuel





    Samedi 17 juillet


    J’entends l’histoire
    La mère l’enfant
    Épargnés
    Les parents les amis
    Le père
    Ordre de les épargner
    Uniforme caparaçon à ses hommes
    Dans langue à eux Vocifère Deux syllabes Deux
    Les épargner Ordre
    Et aussitôt abaissent leurs canons
    Eux et filent doux
    Les épargner Ordre Et disparaître
    Mais dilapident leurs possessions
    Brisent l’abri La porte
    La table Renversent Tout Sens dessus dessous
    Souillent la citerne Plus D’eau
    À grands bruits Parlent
    S’esclaffent dans langue à eux
    Puis ce qui reste Trois fois rien De victuailles
    Et emportent avec eux le jambon
    Uniforme caparaçon parti Et ses hommes
    La vie reprend dans bois buvard
    Cris Et chants Froissements d’aile Et pieds furtifs
    La mère l’enfant
    Épargnés
    Les parents les amis
    Le père
    Se taisent
    Ne pleurent pas Ne rient pas Ne s’étreignent pas
    Se regardent d’un air gauche L’œil vide
    Prostrés La mère l’enfant
    Les parents les amis
    Le père
    On se tait On ne sait plus rien Se dire
    Rien se parler Se dire Un mot
    Courage
    Se dire : Pas pour aujourd’hui !
    En rire : Pas pour aujourd’hui !
    Se dire : Que je me pince pour y croire ! Non
    Comme si le cercle ouvert
    Fil rompu
    Et plus de début
    Pour repartir
    De début Pour repartir
    Encore
    Encore
    La mère l’enfant
    Les parents les amis
    Le père


    Élisabeth Chabuel, 7 44, K édition, 2008, pp. 30-31.




    ____________________________________
    NOTE D’AP : ma rencontre avec Élisabeth Chabuel, au Marché de la poésie 2008, est pur hasard. C’est par Cécile (Cécile Clozel) et Katherine (Katherine Flament) que j’ai fait la connaissance d’Élisabeth. Je ne connaissais pas Élisabeth. Elle partageait avec Cécile une petite table, perdue entre deux rangées de stands. J’ai reconnu Cécile (Elle est debout sur mes paupières), j’ai reconnu Katherine ― K édition. Le passé m’a sauté au visage. Toute une époque a refait subitement surface. Avec Cécile et Katherine, il y avait Élisabeth. Et, devant cette jeune femme souriante et sereine, un livre énigmatique, posé en pile sur la table. J’ai commencé à feuilleter 7 44 et à le lire. Élisabeth m’a présenté son poème. Un poème qui raconte la « survie de L’enfant, La mère, Le père, Les parents, Les amis, pendant une guerre ». Une performance d’écriture, réalisée en juillet 2004 pour la librairie Mosaïque à Die. Pour commémorer les événements de juillet 1944, dans le Vercors.

        Autre particularité : Élisabeth est traductrice. La littérature albanaise est son domaine. Elle a déjà traduit cinq romans, dont trois de Besnik Mustafaj (Actes Sud et Albin Michel), et deux recueils de poésie : l’un de Preç Zogaj (Terre sans continent, L’Esprit des Péninsules, 1995), l’autre de Din Mehmeti, poète albanais du Kosovo (Il est temps, Buchet-Chastel, Collection Poésie, 2006).






    ÉLISABETH  CHABUEL


    Chabuel portrait
    Source





    ■ Élisabeth Chabuel
    sur Terres de femmes

    Et ils sont (extrait)
    Intime violence
    [on ne pense pas au présent] (extrait des Passagers)
    Veilleur (note de lecture d’AP)
    Je (extrait du Veilleur)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Le Moment






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  • TdF n° 6 ― mai 2005



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    SOMMAIRE DU MOIS DE MAI 2005



    Terres de femmes ― N° du mois d’avril 2005
    Apollinaire/Mai
    Edoardo Sanguineti/je t’explore, ma chair
    L’art spirite par Marielle Lefébure (Chroniques de femmes)
    Vera Pavlova/Ce n’est pas moi
    Jean Kahn Dessertenne/Dictée
    Paul Éluard/Je t’aime
    5 mai 1921/Lancement du N° 5 de Chanel
    Marina Tsvétaïeva/Cessez de m’aimer
    Ongle et oncle d’Arnaut Daniel (sextine)
    Erotic Sextin (note de lecture d’Angèle Paoli sur La Chapelle Sextine d’Hervé Le Tellier [dessins de Xavier Gorce])
    Sandro Botticelli/La Naissance de Vénus par Marielle Lefébure (Chroniques de femmes)
    Andrée Chedid/Les nuages
    Les « mutations poétiques » de jsld par Angèle Paoli (Chroniques de femmes)
    Mina Loy/L’amour est des corps
    Piero della Francesca/La Madonna del parto (extrait de Nous nous connaissons déjà d’Anne-Marie Garat)
    12 mai 1957/Mort d’Erich von Stroheim
    13 mai 1944/Création de la Bachiana Brasileira n° 7
    Chjam’è rispondi
    Ana Nuño/Sextina de mis muertos
    Danse libre (Angèle Paoli)
    Vagues en dérive (sextine)[Angèle Paoli]
    Yves Bonnefoy/Vrai nom
    Carole Darricarrère/Imagine qu’un matin…
    Antoine Emaz/Soirs
    16 mai 1926/Freud renonce à participer au mouvement psychanalytique
    Le pin wollemi par Marielle Lefébure (Chroniques de femmes)
    17 mai 1927/Les Nymphéas de Monet à l’Orangerie
    17 mai 1960/Mort de Jules Supervielle
    Catherine Pozzi/À la déesse qui m’a donné une pomme que je ne méritais pas
    Muna llena (Angèle Paoli)
    Saint-John Perse/Vents
    19 mai 1929/Ludwig Mies van der Rohe à Barcelone
    Carole Darricarrère/Les doubles jeux du (Je) [note de lecture d’Angèle Paoli]
    Mario Luzi/En mer
    Joan Miró/Étreintes
    Florence Pazzottu/Attendu qu’il arrive…
    Béatrice Libert/Très souvent
    Lucienne Desnoues par Marielle Lefébure (Chroniques de femmes)
    Juan Ramόn Jiménez/LA PAZ
    25 mai 2001/Mort du photographe Alberto Korda
    Pablo Neruda/Le potier
    Guy Goffette/Je me disais aussi…
    Natalie Clifford Barney/C’était, je me rappelle…
    Le bleu est par-dessus les toits (Angèle Paoli)
    Love Train (Angèle Paoli)
    28 mai 1966/Michel Polnareff, « La Poupée qui fait non »
    Antonella Anedda/mai, nuit
    30 mai 1901/Récitation de « L’Offrande à la Nature » de Anna de Noailles par Sarah Bernhardt
    Noirs bambous (MCS/Angèle Paoli)
    Sayers Peig, une grande conteuse irlandaise par Marielle Lefébure (Chroniques de femmes)
    Terres de femmes ― N° du mois de juin 2005



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  • TdF n° 5 ― avril 2005



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    SOMMAIRE DU MOIS D’AVRIL 2005



    Terres de femmes ― N° du mois de mars 2005
    Laisses de mer (Angèle Paoli)
    Exposition Alfred Manessier (Amiens)
    1er avril 1924/Première à Vienne du Serviteur de deux maîtres, mis en scène par Max Reinhardt
    Bernard Noël/La Langue d’Anna
    18 mars 1950/3 avril 2005/Pierre Henry
    Apollinaire/Les dicts d’amour à Linda
    La chaumière des Trois Ourses par Élizabeth Flory (Chroniques de femmes)
    François Solesmes/Je choisis l’île
    La « Vénus hottentote » par Marielle Lefébure (Chroniques de femmes)
    5 avril 1932/Du carnet de voyage au journal intime
    6 avril 1327/Pétrarque fait la rencontre de Laure
    Maria Venezia/Prendi un labirinto
    7 avril 1872/Lettre de Gustave Flaubert à Laure de Maupassant
    Tarjei Vesaas/La Barque le soir
    8 avril 1954/La Comédie-Française à Moscou
    La galerie de Guidu
    Lou Andreas-Salomé/Mort et quintessence
    Kenneth White/Ici, sur l’île aux oiseaux
    9 avril 1872/Lettre de George Sand à Gustave Flaubert
    Le haïku sous le cerisier
    21 avril 2005/Barbara Carlotti
    10 avril 1979/Mort de Nino Rota
    Fabio Pusterla/Due rive
    Janko Messner/Nocturne
    Journées internationales par Marielle Lefébure (Chroniques de femmes)
    Fleur de sang (Angèle Paoli)
    Guy Goffette/Et si…
    Alain Jouffroy/Quoi ? L’éternité ?
    13 avril 1519/Naissance à Florence de Catherine de Médicis (+ Catherine de Médicis, la reine noire, par Angèle Paoli)
    Claude Louis-Combet/Noyau Central
    Fleur d’eau (Angèle Paoli)
    15 avril 1918/Publication de Calligrammes d’Apollinaire
    Silvia Baron Supervielle/Le marcheur séparé
    Ivresse du retour (Angèle Paoli)
    Nicolas Charlet/L’hémorragie lumineuse de l’âme
    17 avril 1696/Mort de la marquise de Sévigné
    Tahar Bekri/C’était le temps des jarres
    Démone et belladone (Angèle Paoli)
    Claudine Bohi/Une lumière de terre
    Théodore, roi de Corse par Marielle Lefébure (Chroniques de femmes)
    Stefan Zweig/La folie malaise (note de lecture d’Angèle Paoli sur Amok ou le Fou de Malaisie
    Marina Tsvétaiëva/Amazones
    Zoé Valdés/Portrait de la femme qui ne sait que faire de sa vie
    Renée Vivien/Atthis
    19 avril 2001/Décès d’André du Bouchet
    Antonella Anedda/S
    Fabio Pusterla/La fugitive
    21 avril 1930/Naissance de Silvana Mangano
    Guy Goffette/Jalousie
    Pier Paolo Pasolini/A na fruta
    23 avril 1983/Inauguration au Grand Palais d’une rétrospective Manet
    Cassiopée (Angèle Paoli)
    Caravanes (Angèle Paoli)
    Ergs et hamadas (Angèle Paoli)
    En français, langue est féminin
    La Corse, une lucidité à double tranchant
    Illusoire beauté par Marielle Lefébure (Chroniques de femmes)
    Je me suis donnée à vous…
    Mutations poétiques de Jean-Sébastien Leblond-Duniach
    Abdellatif Laâbi/Tu passes sans passer
    M’Richa (Angèle Paoli)
    Adonis/C’est l’heure de l’insomnie
    Terres de femmes ― N° du mois de mai 2005



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  • Pause d’été de Terres de femmes jusqu’au 16 juillet inclus







        Ce premier temps de pause d’été sera mis à profit :

        – par moi-même pour me concentrer sur mes travaux d’écriture personnels ou les finaliser aux fins d’édition. Un de mes récits-poèmes inédit (Lalla ou le chant des sables, avant-propos de Cécile Oumhani, tirage de tête limité à 80 ex. numérotés sur Rives Tradition Vélin) vient d’ailleurs d’être publié par la maison d’édition Terres de femmes (en cours de création) : l’annonce officielle sera faite lors de la Ghjurnata Libri Aperti (« Journée Livres Ouverts ») qui se tiendra dans mon village le 15 juillet prochain et où seront présents 28 auteurs corses. Un autre de mes manuscrits inédits est en cours de lecture chez deux éditeurs continentaux (premiers échos très positifs).
        Dans l’agenda chargé de ces prochains jours, la « journée de réflexion » sur les filières culturelles en Corse (élaboration d’une stratégie régionale de développement et professionnalisation des acteurs des filières du livre), organisée à Ajaccio sur l’initiative de l’ADEC [Agence de développement économique de la Corse] et de la Direction de l’Action culturelle de la Collectivité Territoriale, la soirée Jean-Philippe Toussaint dans l’Espace Orenga de Gaffory à Patrimonio, les divertissements et spectacles d’été à l’organisation desquels je participe en tant que conseillère municipale. Mais mieux vaut ne pas trop parler des piles de livres en attente de lecture et qu’alimente chaque jour mon facteur…

        – par le webmestre-éditeur de TdF (Yves, qui est aussi mon agent littéraire) pour se concentrer sur le nécessaire travail de maintenance de cette « hénaurme » machine éditoriale qu’est devenue la revue Terres de femmes : mise à jour des notices bibliographiques, mise à jour et/ou finalisation des index et répertoires, homogénéisation graphique et typographique de l’ensemble des notes, suppression des notules périmées, vérification et enrichissement des liens et corrélats, etc. Eh oui, vous vous en doutez, derrière tout cela, il y a un « pro » de l’édition, et surtout de l’édition encyclopédique, puisqu’il a notamment dirigé Encarta France, du temps de la Belle Epoque de cette encyclopédie ;

        – par le directeur artistique de TdF (Guidu) pour renouveler ou compléter, si nécessaire, l’iconographie.


        Durant cette période, tous vos courriers, courriels et commentaires seront lus, et, s’il y a lieu, mis en ligne. Dans la mesure du possible, je vous répondrai. Un deuxième temps de pause est d’ores et déjà prévu à partir du 27 juillet. Ce temps de pause sera, lui, un temps consacré à mes enfants, qui seront tous présents dans la maison familiale.

    Amicizia a tutti è @ dopu

    Angèle Paoli



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    Canari (Haute-Corse)
    Ph., G.AdC




  • Livre d’artiste de Véronique Agostini
    sur un poème d’Angèle Paoli (juin 2008)




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    Véronique Agostini,
    linogravure sur un suminagashi
    (encres flottantes)
    Boîtier cartonné
    (première de couverture)






    À L’APLOMB DU MUR BLANC



    Pas un crayon ici pas une lime pas
    une lame seulement des
    mots sans rime            en attente
    de déraison — attente
    veillée entrecoupée de
    sommeil sans rêve ombres au bord
    des voix diffuses dans le feu
    attente — de réveil — enroulée je dessine
    les cercles du matin dans la lumière blonde
    funambule des deux rives du temps
    couchée à même le sol
    onglet du mètre — en attente de —
    sa hauteur 34 fois 6
    2 fois 17
    éclairages sur rampe






    Vronique_franghju_3_2
    Première et dernière de couverture
    ont été réalisées en encres flottantes






    l’araignée du soir
    divague à l’aplomb
    du mur blanc






    Vronique_franghju_1_2






    porte étroite fermée
    sur sa transparence (même)
    rumeur sombre mugissement des vagues
    encre minérale ciel — Ô — noire
    toute chose dérobée invisible
    vaste vaisseau de nuit              en attente d’étoiles
    éclats diffractés dans la flamme
    le froid me prend au rebours du réveil
    bris de mots avalés par le feu



    Au matin les derniers brûlages de l’hiver
    montent dans l’air enneigé du
    printemps.





    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli







    Impression sur Ingres d’Arches MBM
    (12 exemplaires numérotés et signés par les auteures)





    À L’APLOMB DU MUR BLANC


    Véronique Agostini


    Pour toute commande, se rendre sur le
    site des éditions Les Aresquiers, ou sur le site de la Galerie Michelle Champetier (52, Avenue Saint-Jean – 06400 Cannes).


    Voir aussi :

    – le site de
    Véronique Agostini



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  • TdF n° 44 ― juillet 2008



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    Image, G.AdC




    SOMMAIRE DU MOIS DE JUILLET 2008



    Terres de femmes ― N° du mois de juin 2008
    EtnaXios, autour de l’oiseau-fauve-vautour de Françoise (Clédat) (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Livre d’artiste de Véronique Agostini sur un poème d’Angèle Paoli (juin 2008)
    17 juillet 1944/Elisabeth Chabuel, 7 44
    Angèle Paoli, Lalla ou le chant des sables aux éditions Terres de femmes
    Federico García Lorca/La nonne gitane
    Vitaliano Trevisan, I quindicimila passi (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Claude Ber/Je dis mer
    Fabio Scotto/China sull’acqua… (traductions croisées)
    Joëlle Gardes, Dans le silence des mots (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Terres de femmes ― N° du mois d’août 2008



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  • EtnaXios, autour de l’oiseau-fauve-vautour
    de Françoise Clédat

    Françoise Clédat, EtnaXios,
    L’Amourier éditions,
    Collection Ex cætera, 2008.


    Franoise_et_angle_march_de_la_pos_2
    Angèle Paoli et Françoise Clédat (à droite)
    Marché de la Poésie, Paris, vendredi 20 juin 2008
    D.R. Ph. Sylvie Fabre G.





    AUTOUR DE L’OISEAU-FAUVE-VAUTOUR



        Naxios. De Naxos, qui inspire à Françoise Clédat le titre de son récit poétique EtnaXios, l’auteure ne garde que le souvenir de la disparition d’Empédocle. Naxos, Naxos en Sicile, lieu de la chute autolytique du poète présocratique, dans la bouche de l’Etna, en 424 avant notre ère. « Empédocle a exactement soixante ans quand il se précipite dans la bouche de l’Etna ». Des poèmes d’Empédocle, parvenus à l’enfant, il ne reste que quelques bribes, fragments numérotés des Purifications :

    148
    Enveloppe mortelle, terre.
    149
    Air, rassembleur de nuages.
    152
    Vieillesse du jour.
    153
    Baubô.

        Au cœur de cet ouvrage de Françoise Clédat (paru pour la Xe fête des Amis de l’Amourier, à Coaraze, du 6 au 8 juin 2008), le thème/thrène de la disparition. Celle du père, porteuse de toutes les disparitions à venir, annoncée dès l’exergue signé Rémy T : Enfant, j’ai beaucoup cherché mon père… À l’origine d’EtnaXios, la disparition du père. Le père absent va mourir sans avoir parlé à l’enfant. Chercher à reconstituer l’histoire mutique du père, c’est, paradoxalement, rendre possible la parole. La parole même (1) et (2), celle dans laquelle viennent s’insérer les récits de la « femme oiseau (figures de la dis/parution 1) » et de la « femme sans tête (figures de la dis/parution 2) ».

        Le reproche que l’enfant adresse à son père, « Tu vas mourir »… /« Nous n’aurons pas parlé », qui ouvre le prologue et le scande, puis se prolonge à travers le récit, évolue vers l’amenuisement final ― « Tu vas/ Nous n’aurons » ― sur lequel il se clôt.

        De ce père absent, l’enfant cherche à reconstruire le passé. De la dis/parition à la dis/parution ― (de l’un vers l’autre visage tendu/ la parution se retourne en dis/parution/ la biographie en autobiographie) ―, les souvenirs, photos de familles et de couples ― Joseph Grampa Phot ―, récits et chronologies des temps de guerre, structurent la remontée dans le temps du récit-poème d’EtnaXios. Kasimir Malevitch au Salon des Indépendants, printemps 1914 ; dernier discours de Jaurès, 25 juillet 1914 ; « développement sans précédent du rôle de l’artillerie dans les combats », automne/hiver 1914. Les événements s’assemblent, sous « l’entêtant jeu de langue de l’enfant » qui tente de saisir « À partir de quoi le temps s’articule. Non charnière d’un avant et d’un après. Mais déploiement d’un futur voué à n’être que du passé /Sur quoi on se retourne ». De même la recherche d’images fondatrices permet-elle à l’enfant le passage de la dis/parition à la dis/parution. Moineau pendu et grenouilles, cadavres, qui « font l’objet d’une première mise en scène confidentielle ». « Oiseaux décapités » que l’enfant retrouve plus tard dans « la série des femmes décapitées qui hantent l’œuvre de Max Ernst ». Ainsi le « roman-collage » de Ersnt, La Femme 100 têtes, devient-il la Femme sans tête (Baubô) dans EtnaXios. Et le poème d’Eluard, La Parole, écrit au retour des tranchées, s’inscrit-il pour l’enfant dans la « série fondatrice » : « Vieillarde = femme sans tête = femme oiseau = la parole même ».

        Sous-titré (figures de la dis/parution 2), le chapitre IV d’EtnaXios est celui de la chute annoncée dès le prologue. Liée à la voix, au chant, au poème, au lai inventé pour le père, au chant de Laurie Anderson pour William S. Burroughs, aux Volcano Songs de Meredith Monk, la chute obsède l’enfant d’EtnaXios: « Chute du corps du poème », « (Chute dans le chant de la voix non exercée pour le chant) », chute d’Empédocle qui « prend congé de ses enfants » en se précipitant dans le cratère du volcan, chute de l’oiseau. Et « juste avant la chute, dans le dépliement des ailes entendre se déplier le nom Vautour ».

        Rêves enfantins, collages et inventions, découpages audacieux, associations d’images et de mots, glissements imperceptibles ― de la conversation à la conservation, des vocalises au volcanisme, de la transe à l’ou-trance ― et jeux de langage (dont, en premier lieu, l’anacyclique EtnaXios/soiXante), le récit-poème d’EtnaXios, joue sur la réversibilité. « Réversibilité de l’ignorance » qui inspire à l’enfant ces mots : « toi, ignorant du futur où tu ne seras pas qui est mon présent sur le point de passer, moi, ignorante du passé qui est ton présent où je ne fus pas », réversibilité du sexe ― « De féminine et maternelle qu’elle était, la légende du vautour se retourne en masculin et paternel ». À l’inversion du temps ― enfance et vieillesse, visages et masques ― s’ajoute l’inversion image/langage : « esilaérevêrelesilaéregamilesilaérevêrel » (le rêve réalise l’image réalise le rêve) ou « vice versa je rêve ». Histoire et préhistoire ― aller vers l’une ou vers l’autre ― relèvent de la même expérience. Ce qui a été perdu annonce un futur périssable et l’avenir sera perdu à son tour dans le même mouvement de relecture du temps. « Rêver sa préhistoire/comme fin de sa propre histoire/telle qu’elle ne manquera pas de se réaliser ».

        Enfance et vieillesse se rejoignent sous le même masque obsédant-hideux et les mots s’agglutinent dans leur insoumission pour former une nouvelle chaîne de caractères.

    « La peau se désolidarise
    superflueboursouflasquefanonne
    doublementonnependilleplisse
    hercyneprofonde
    s’entrefriperavinedevantderrièrenuquecolentrecolnévénaevus
    nielleuseniellure… »

        L’« intermède » du « Lai de peau » se termine en aparté sur un aphorisme curieux :

        (La vieillesse est une animale étranglée qui s’insoumet à l’étranglement).

        À ce constat il convient de céder. « Céder à l’instance obscure qui lie grenouilles mortes et oiseaux décapités à la figure de celle qui, portant sa propre mort en elle, met ce qui lui reste de force à la représenter ».

        Récit-poème de l’effacement, EtnaXios est un récit-poème du provisoire. Le temps d’une relecture du temps, l’écriture rend possible juxtaposition des contraires, assemblages et réversibilités. « Provisoirement » réconciliée avec « sa nature animale », la femme-oiseau-fauve-vautour peut revêtir « le masque du poète ». Et sous le masque du fauve-vautour dire l’impossible. « La chose du risque ».

    « Provisoirement ».


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli




    Etnaxios





    ■ Françoise Clédat
    sur Terres de femmes

    La nuit de l’ange (lecture d’AP sur L’Ange Hypnovel)
    L’Ange Hypnovel (extrait)
    A ore, Oradour (lecture d’Isabelle Lévesque)
    (où le chant sans l’organe) (extrait de EtnaXios + notice bio-bibliographique)
    Gemelle [extrait d’Ils s’avancèrent vers les villes]
    Ils s’avancèrent vers les villes (lecture d’AP)
    L’Adresse de Françoise Clédat | Portrait d’Iseut en survivante (note de lecture de Marie Fabre)
    Quoi de toi mort quand mort ? (extrait de L’Adresse)
    Mi(ni)stère des suffocations (lecture d’AP)
    [Se calmer. Reprendre souffle] (extrait de Mi(ni)stère des suffocations)
    [Disparition] (extrait de Petits déportements du moi)
    Une baie au loin (Turnermonpère) [lecture d’AP]
    (maintenant je git)[extrait de Une baie au loin (Turnermonpère)
    Du jour à personne
    → (dans l’anthologie Terres de femmes)
    Je vis une histoire d’amour
    → (dans la galerie Visages de femmes de Terres de femmes)
    le Portrait de Françoise Clédat (+ un extrait de EtnaXios)





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  • Terres de femmes ― Récapitulatif du mois de juin 2008




    Logo_tdf_juin_2008
    Image, G.AdC



    SOMMAIRE DU MOIS DE JUIN 2008


    Terres de femmes ― Sommaire du mois de mai 2008
    François Cheng/Rose d’indigo
    2 juin 1740/Naissance du Marquis de Sade
    3 juin 1910/Naissance de Wilfred Thesiger
    Christine Bonduelle/ambivalences
    6 juin 1910/Naissance de Dorothy Carrington
    7 juin 1973/Louis Guilloux, Grand Prix de Littérature de l’Académie Française
    Julien Bosc/Et toi, qui es-tu ?
    8 juin 1903/Naissance de Marguerite Yourcenar
    10 juin/Junichirô Tanizaki, La Clef
    Esther Tellermann/Voix à rayures
    11 juin 1899/Naissance de Yanusari Kawabata
    12 juin 1925/Première exposition Miró à Paris
    13 juin 1888/Naissance de Fernando Pessoa
    Jackie Plaetevoet/Poèmes inédits
    Francesco Scarabicchi/Sarai di me l’unica luce ancora
    15 juin 1767/Italo Calvino, Le Baron perché
    Pierre Michon, Vie de Joseph Roulin (article d’Angèle Paoli)
    Henry Miller/O Lake of Light
    Mina Loy/Pétunia blanc
    18 juin 1933/Lettre d’Anaïs Nin à Antonin Artaud
    Dylan Thomas/Le vœu et le feu de la prière me brûlent
    20 juin 1912/Isadora Duncan conviée par Paul Poiret à la fête de Bacchus
    Florence Pazzottu/À contre-pente
    Esther Tellermann/Sûrement je vous tiendrai
    Ludovic Janvier/On quittera toujours la mer
    Françoise Clédat/(où le chant sans l’organe)
    24 juin 2005/Mort de Max Rouquette
    Aïcha Arnaout/Dans les eaux du glacier originel
    Danielle Fournier/toi
    Maryse Hache/pas l’inertie
    Lutz Bassmann/Haïkus de prison
    Anne Slacik et Marie-Laure Gobat à Tavel
    Patti Smith/Wilderness



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  • patti smith | wilderness

    «  Poésie d’un jour  »


    Patti_smith_why_not_productions_2
    Crédit photo Why Not Productions/Cinéma du Panthéon
    Source





    WILDERNESS


    Do animals make a human cry
    when their loved one staggers
    fowled dragged down
    the blue veined river

    Does the female wail
    miming the wolf of suffering
    do lilies trumpet the pup
    plucked for skin and skein

    Do animals cry like humans
    as I having lost you
    yowled flagged curled
    in a ball

    This is how
    we beat the icy field
    shoeless and empty handed
    hardly human at all

    Negotiating a wilderness
    we have yet to know
    this is where time stops
    and we have none to go





    ANIMAUX SAUVAGES


    Est-ce que les animaux crient comme les humains
    quand leurs êtres aimés chancellent
    pris au piège emportés par l’aval
    de la rivière aux veines bleues

    Est-ce que la femelle hurle
    mimant le loup dans la douleur
    est-ce que les lys trompettent le chiot
    qu’on écorche dans l’écheveau de sa chair

    Est-ce que les animaux crient comme les humains
    comme t’ayant perdu
    j’ai hurlé j’ai flanché
    m’enroulant sur moi-même

    Car c’est ainsi
    que nous cognons le glacier
    pieds nus mains vides
    humains à peine

    Négociant une sauvagerie
    qui nous reste à apprendre
    là où s’est arrêté le temps
    là où il nous manque pour avancer


    Patti Smith, Présages d’innocence, Christian Bourgois éditeur, 2007, pp. 96-97. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jacques Darras.





    Patti_smith
    Illustration de couverture :
    Photo © Patti Smith





        « Présages d’innocence est le premier recueil de poèmes de Patti Smith depuis plus de dix ans. Il constitue un accomplissement majeur de la part d’une artiste qui a transcrit sa vision du monde dans des hymnes puissants, des ballades et des paroles de chansons. Elle s’inscrit ainsi dans la grande tradition des troubadours, des artisans et des artistes qui font écho au monde qui les entoure par une voix unique et incantatoire. Ses influences sont aussi éclectiques que saisissantes : Blake, Rimbaud, Picasso, Arbus et John Appleseed. Et ses poèmes sonnent comme des oracles des temps modernes. » (Quatrième de couverture de Présages d’innocence)







    PATTI SMITH


    Autoportrait_patti_smith_2
    © Patti Smith


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur YouTube)
    Patti Smith à la Fondation Cartier
    → (sur YouTube)
    Patti Smith (accompagnée au piano par sa fille Jesse) lisant des extraits de The Waves de Virginia Woolf (soirée du 28 mars 2008 à la Fondation Cartier, jour-anniversaire de la mort de Virginia Woolf)
    → (sur le site de France 2)
    Patti Smith, artiste complète, par Laure Narlian
    → le
    site de Patti Smith
    Patti Smith MySpace page



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