| Voir aussi : – (sur Terres de femmes) Anne Slacik par Sylvie Fabre G. : Anne, la sourcière. |
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| Voir aussi : – (sur Terres de femmes) Anne Slacik par Sylvie Fabre G. : Anne, la sourcière. |
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HAÏKUS DE PRISON
L’odeur d’oignon
chevauche l’odeur d’urine
bientôt la soupe du soir
(p.9)
Cette nuit quelqu’un a hurlé
qu’on l’étranglait
personne ne sait si c’est vrai
(p.10)
Les mouches se font rares
le kirghize les attrape
et les mange
(p. 13)
En pleine nuit il y a eu un silence
ça a réveillé
tout le monde
(p. 15)
Sur la grisaille hostile du ciel
les barbelés dessinent
une touche d’humanité
(p. 19)
Aube terreuse
odeurs de ménagerie et de mort
nous avançons vers l’air frais
(p. 52)
Ce matin le pain des paysannes
avait un goût d’orties et de sciure
on a encore changé de région
(p. 53)
En rang cinq par cinq
le rideau noir de la forêt
se rapproche trop vite
(p. 68)
Un autre mélèze qui tombe
l’éclipse des projecteurs
ne dure qu’un instant
(p. 69)
Juste avant le matin le voleur chinois
se met à hurler
il a cru qu’il était mort
(p. 85)
Lutz Bassmann, Haïkus de prison, Collection « Chaoïd », Éditions Verdier, 2008.
| Voir/écouter aussi : – (sur YouTube) quelques haïkus de prison ; – (sur Poezibao) Haïkus de prisons de Lutz Bassmann, par Tristan Hordé ; – le site Lutz Bassmann ; – (sur le site du Magazine littéraire) Le porte-voix de Volodine. |
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![]() D.R. Ph., Estel
pas l’inertie autre rythme pas se figer autre flux
pas un temps platine liquide d’a parte fourmillements picotements pas de jelly crispation mors aux dents
vous avez été là et ça circule binage ça vit plantage arrosage
ça ruisseau taille ou cascade
pas de temps entre mort livres amie-i-s juste un temps et différent jardin
rien n’est à sauver
tout est
à vivre
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| ■ Voir aussi ▼ → Semenoir, le blog de Maryse Hache → (sur Poezibao) Maryse Hache [in Fiches bio-bibliographiques] |
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| DANIELLE FOURNIER ![]() Source ■ Danielle Fournier sur Terres de femmes ▼ → (dans la galerie Visages de femmes) un Portrait de Danielle Fournier (+ un autre poème extrait du même recueil) → Le chaos des flammes → ton prénom → Danielle Fournier | Luce Guilbaud, Iris (extrait) → Danielle Fournier | Luce Guilbaud [Dis-moi plutôt ce qui nous réunit](autre extrait d’Iris) → Danielle Fournier | Luce Guilbaud, Iris (note de lecture d’AP) → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) Pas de mots dans les mots ■ Voir | écouter aussi ▼ → (sur L’île, l’infocentre littéraire des écrivains québécois) une notice bio-bibliographique sur Danielle Fournier → (sur Voix d’ici, répertoire audio de la poésie québécoise) deux extraits du recueil Il n’y a rien d’intact dans ma chair, dits par Danielle Fournier → (sur remue.net) Rencontre avec Danielle Fournier (soirée enregistrée le 4 décembre 2012 à la Mairie du 2e arrondissement, Paris) |
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DANS LES EAUX DU GLACIER ORIGINEL
« Dans les eaux du glacier originel j’étais limpide jusqu’à ce que la lune m’ordonne de paraître et que la tempête vienne s’allonger sur mon corps Impétueux comme l’ivresse des première fontes mon cri n’est pas parvenu aux scarabées volants Je l’ai étouffé dans le sable On entendait autre chose que l’écho et le râle des oiseaux On voyait autre chose que les eaux éplorées et la tornade de l’horizon. » Aïcha Arnaout, Fragments d’eau et autres poèmes, Al Manar, Collection Méditerranées, 2003, page 21. Traduction d’Abdellatif Laâbi. |
| AÏCHA ARNAOUT ![]() Ph. D.R. ■ Aïcha Arnaout sur Terres de femmes ▼ → Être et désêtre → La traversée du Blanc → Aïcha Arnaout, Alain Gorius | La fontaine ■ Voir aussi ▼ → (sur le site des éditions Al Manar) une fiche sur le recueil Fragments d’eau |
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Le 24 juin 2005 meurt à Montpellier le poète occitan Max Rouquette, né à Argelliers, village de l’arrière-pays montpelliérain, le 8 décembre 1908.

« Quand la presse languedocienne découvre Max Rouquette, dans les dernières années de sa vie ou à l’occasion des nombreux hommages posthumes qui lui sont rendus, elle ne peut s’empêcher de s’étonner elle-même de le découvrir si tard. Un grand écrivain « si peu connu, si peu reconnu 1 », un « inconnu célèbre… auquel on prête tardivement l’oreille dans la région 2 ». L’autocritique faisant rapidement place à la recherche de bonnes raisons, on les trouve du côté de l’écrivain, si discret, si peu parisien, si extérieur aux cénacles littéraires. Mais quand on le rencontre, on découvre que Max Rouquette n’est ni effacé ni inconscient de sa valeur. On s’étonne de son amabilité « aristocratique » ou « britannique » sous laquelle « perce une presque sèche détermination 3 ». Puis, très vite, on trouve la faille : son choix de langue. Écrire en occitan, est-ce bien raisonnable 4 ? Max Rouquette attend la question, comme tous les écrivains occitans. Lui, depuis qu’il a commencé à écrire, au début des années vingt, il a la réponse : « Moi, fils de vignerons d’Argelliers, j’ai écrit pour ces gens à qui on a inculqué la honte d’être occitans, de parler une des plus vieilles et plus belles langues d’Europe. J’ai voulu leur rendre leur dignité et si c’était à refaire, je le referais. 5 »
Il a traversé plusieurs déserts dans sa longue carrière d’écrivain, une des plus longues et des plus solides qui soit. Il a connu le mépris de la même presse qui l’encense (relativement) aujourd’hui. Il a la plume acérée et le regard lucide. « La liberté de la presse, écrivait-il en 1982, c’est le monopole inconditionnel de la censure… Nous en savons quelque chose dans notre région où l’occitan et ceux qui le défendent n’ont droit qu’au silence quand ce n’est pas à l’insulte ou au mépris. 6 »
Dans Les Roseaux de Midas, journal d’écrivain publié en 1990, qui rassemble des notes de 1948 à 1987, la figure centrale est celle du Phrygien Midas. Max Rouquette est hanté depuis sa jeunesse par cette fable du roi aux mains d’or et aux oreilles d’âne. Il en donne une version très personnelle, plusieurs fois remaniée et méditée : Midas représente l’écrivain, torturé par un secret dont il se délivre en creusant un trou dans la boue, jusqu’à ce que l’eau affleure, et, la bouche contre terre, il confie son secret au « grand fleuve limpide qui mêle ses eaux à celles du temps. » Les roseaux à l’entour bruissent, mais peu importe ce qu’ils disent ou ne disent pas à tous les vents. C’est dire qui importe. C’est « écrire chaque jour, non pour publier, seulement pour soi, faire jaillir l’eau pour ne pas tarir la source… » Mais Max Rouquette publie, n’a jamais cessé de publier. Et les pages ont « plus de langues, dit-il, que les milliers de langues des roseaux du roi. 7 »
Claire Torreilles, « Les Roseaux de Midas » in Europe n° 950-951, juin–juillet 2008, pp. 179-180 ; p. 192.
1. J. Vilacèque, Midi-Libre, 24 septembre 2000.
2. V. Hernandez, La Gazette de Montpellier, octobre 1993.
3. V. Hernandez, op. cit.
4. S’il n’avait pas écrit en occitan… « Il est vain de se dire que peut-être il aurait été Gracq ou Giono, un de ces écrivains qui puisent dans leur terre et irriguent le monde. A lui les prix, sans doute, le Nobel peut-être… » (J. Vilacèque, Midi Libre, 25 juin 2005). Ecrire dans une langue qui meurt, cela ne facilite pas la diffusion, surtout quand on connaît l’incapacité des chambres d’échos parisiennes à rendre compte d’autres voix que les leurs. » (Pierre Serre, La Gazette de Montpellier, 12-18 mai 2006).
5. J. Vilacèque, Midi Libre, 1er février 2004.
6. Las Canas de Midàs / Les Roseaux de Midas, IEO, 1990.
7. Las Canas de Midàs / Les Roseaux de Midas, à la date du 12 juin 1976.
| MAX ROUQUETTE ![]() D.R. Ph. © Georges Souche Source Voir aussi : – le site Max Rouquette, poète, écrivain, homme de théâtre (site officiel mis en ligne en février 2008) ; – (sur Cardabelle, l’esprit d’une terre) Max Rouquette, l’enchanteur. |
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![]() D.R. Ph., Estel (où le chant sans l’organe) Une sonorité hante Une sonorité sur soi tourne et redouble Double et retourne N’articule jamais que son redoublé mutisme Une sonorité entre dans la danse Le poème cherche son mouvement dansé La danse cherche sa voix La danse du poème ne ressemble pas à la danse La danse du poème est sans virtuosité elle envoie un corps au corps et le corps chute La voix du poème est le corps chuté Chute du corps du poème Chute sécante L’enfant s’épouvante de n’être que l’avarice d’un maître Mise en coupe de la langue Traîtrise d’écrire Stagnation de la danse Articulation textuée Le poème naît à l’enfant avant qu’elle ne sache écrire La voix du poème naît d’un inajustement Voix non ajustée, non posée, née dans le non-posé de son inajustement, fondée par lui Voix dé/mise, qui échappe au chant, mais pas à la douleur de l’échappée Françoise Clédat, (où le chant sans l’organe), EtnaXios, L’Amourier, juin 2008, pp. 88-89. |
| Françoise Clédat est née le 2 septembre 1942 à Versailles (et non pas dans la Creuse, comme il est écrit ici ou là) et, dès l’âge de neuf mois, a passé toute son enfance dans la Creuse, où elle est retournée vivre « en poésie » après une longue carrière d’enseignante en banlieue parisienne. Principaux ouvrages de poésie : • Dilution de la lumière, Encres vives, 31770 Colomiers, 2000 • En tel détail recluse, Encres Vives, 31770 Colomiers, 2000 • La Langue de Méduse : pérennité des nymphes, Tarabuste Éditeur, 36170 Saint-Benoît-du-Sault, 2001 • Jardins de la petite morte, Éditions du Patrimoine, Prix de poésie des Jardins de Talcy 2002, in anthologie La Coupure du parc, Tarabuste et Monum, Saint-Benoît-du-Sault, 2003 • La Chambre de mon fils, Tarabuste Éditeur, 2004 • Le Gai Nocher, Tarabuste Éditeur, 2006 • EtnaXios, Éditions L’Amourier, 2008 • Une baie au loin (Turnermonpère), Tarabuste Éditeur, 2009 • L’Adresse, Tarabuste Éditeur, 2010 • L’Ange Hypnovel, Dernier Télégramme, 2010 • Petits déportements du moi, Tarabuste Éditeur, 2012 • Fantasque fatrasie, Tarabuste Éditeur, 2013 • Ils s’avancèrent vers les villes, Tarabuste Éditeur, 2017 • A ore, Oradour, Le phare du cousseix éditions, 2017 • Rivière et Alaskas, Tarabuste Éditeur, 2019 • Mi(ni)stère des suffocations, Tarabuste Éditeur, 2021 ■ Françoise Clédat sur Terres de femmes ▼ → L’Adresse de Françoise Clédat / Portrait d’Iseut en survivante [lecture de Marie Fabre] → Quoi de toi mort quand mort ? (extrait de L’Adresse) → La nuit de l’ange (lecture d’AP sur L’Ange Hypnovel) → L’Ange Hypnovel (extrait) → A ore, Oradour (lecture d’Isabelle Lévesque) → EtnaXios, autour de l’oiseau-fauve-vautour [lecture d’AP sur EtnaXios] → Gemelle [extrait d’Ils s’avancèrent vers les villes] → Ils s’avancèrent vers les villes (lecture d’AP) → Mi(ni)stère des suffocations (lecture d’AP) → [Se calmer. Reprendre souffle] (extrait de Mi(ni)stère des suffocations) → [Disparition] (extrait de Petits déportements du moi) → Rivière et Alaskas (lecture d’AP) → Une baie au loin (Turnermonpère) [lecture d’AP sur Une baie au loin (Turnermonpère)] → (maintenant je git)[extrait de Une baie au loin (Turnermonpère) → Du jour à personne → (dans l’anthologie Terres de femmes) Je vis une histoire d’amour → (dans la galerie Visages de femmes de Terres de femmes) le Portrait de Françoise Clédat (+ un extrait d’EtnaXios) |
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Ph., G.AdC ON QUITTERA TOUJOURS LA MER On quittera toujours la mer à reculons c’est toujours le même regret c’est la même lenteur debout qui vous déchire d’avec le pays chaque adieu vous retourne infiniment chaque pas qu’on pose hors de l’eau veut creuser jusqu’à l’eau encore Ludovic Janvier, La Mer à boire, éditions Gallimard, 1987 ; Collection Poésie/Gallimard, 2006, page 70. Préface de Chantal Thomas. Source ■ Ludovic Janvier sur Terres de femmes ▼ → À la racine → Rivière et Rêverie → Sous ton cri → Terre et ciel Aveugles crachés |
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Ph., G.AdC SÛREMENT JE VOUS TIENDRAI Sûrement je vous tiendrai serré presque à ma nuit me sera accordée une promesse vous serez dans toute chose graines et cris au fond de vous restent le vert charpente et forge enfance bandée jusqu’à l’écorchure. Esther Tellermann, Un nom d’homme, in Terre exacte, Flammarion, Collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves di Manno, 2007, page 242.
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| ■ Esther Tellermann sur Terres de femmes ▼ → Carnets à bruire → Corps rassemblé (lecture d’AP) → [Pour elle il voulut] (extrait de Corps rassemblé) → Éternité à coudre (lecture d’AP) → [Je sais vous me disiez de préférer l’ombre] (poème extrait du recueil Le Troisième) → Je t’ai vu (poème extrait de Contre l’épisode) → [Jours firent de toi ma teinture] → [Onde] (poème extrait du recueil Voix à rayures) → Première version du monde (lecture d’AP) → Sous votre nom (lecture de Matthieu Gosztola) → [Un mot encore] (poème extrait de Sous votre nom) → [Un écho un roman] (extrait d’Éternité à coudre) → [Puis se ferme | la porte] (poème extrait d’Un versant l’autre) → Voix à rayures ■ Voir aussi ▼ → (sur le site de la Maison des écrivains et de la littérature) une fiche bio-bibliographique sur Esther Tellermann → (sur Recours au poème) Une lecture d’Une odeur humaine d’Esther Tellermann par AP |
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