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  • Jackie Plaetevoet | Poèmes inédits

    «  Poésie d’un jour  »











           

           Écailler le vernis, gratter jusqu’à la peau. Appréhender sa douceur ou l’épaisseur de sa rugosité. C’est là seulement, sous le derme que se tient l’âme et que le cœur transpire.

    ***

    Les cimes

    dessinent

    les entrailles du ciel

    là où gémit

    le monde

    là où ceux

    qui ont traversé la lumière

    pleurent en voyant

    le peu de cas

    que nous avons fait

    de la terre.

    ***

    Prendre l’air,

    jailli des formes

    coulé des blancs

    et des espaces

    presque ruisselé

    — salvateur —

    se laisser rincer

    par sa joie.





    Jackie Plaetevoet, poèmes inédits

    D.R. Texte Jackie Plaetevoet







    JACKIE PLAETEVOET



    ■ Jackie Plaetevoet
    sur Terres de femmes ▼


    [Je suis née sur une terre saignée] (poème extrait de La Brièveté d’être)
    → (dans l’anthologie Terres de femmes)
    Ras de la terre




    ■ Voir aussi ▼


    le site de Jackie Plaetevoet
    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Jackie Plaetevoet





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  • 13 juin 1888 | Naissance de Fernando Pessoa

    Éphéméride culturelle à rebours






        Le 13 juin 1888 naît à Lisbonne Fernando António Nogueira Pessoa.







    Le_moi_divis_de_pessoa_daprs__birat
    Montage photographique, d’après Biratan Porto,
    G.AdC

    Source







    PESSOA/TABUCCHI/ZANZOTTO



        EXTRAIT d’un entretien d’Andrea Zanzotto sur Fernando Pessoa, entretien réalisé par Antonio Tabucchi pour les Quaderni portoghesi (1977) :


    Q.P. : Encore à propos du problème du dédoublement. Dans l’une de vos préfaces suggestives à la traduction italienne du Secret Sharer de Conrad, vous concluiez ainsi : « Le capitaine et son double, jamais véritablement superposables, jamais véritablement dissociables, en dépit d’une prise de congé apparente, tous deux en proie à des courants de dérive, marquent quelque chose qui connote le monde, humain et non humain. » Il s’agit d’un discours à peine effleuré, mais riche en suggestions, qui sous-tend peut-être tout un discours susceptible d’être reconduit à certaines des positions de Lacan et des philosophes de la structure. Pourriez-vous brièvement l’expliciter sur le « patient » Pessoa ? Que connote donc le quadruple du poète portugais ?

    A.Z. : Dans cette phrase de mon introduction au récit de Conrad, je me référais justement aux lignes de discontinuité (si cette expression possède bien un sens), traversant non seulement la psyché, mais également le « monde » au sens large, et le langage en particulier, en tant que « zone de l’explication » et également de l’invention. Pessoa a ressenti très intensément les fêlures, les « barres » partageant la réalité selon ses différents niveaux et ordres ; il a voulu s’abandonner en elles, il a voulu de nombreux moi, de nombreux noms plus ou moins appropriés, sinon précisément pour ces « différences », du moins pour en signaler nettement la présence. Nous savons que la quadruplication de Pessoa est plus provisoire qu’il n’y paraît ; comme le démon évangélique, il nous fait comprendre qu’il se sent « légion ». Dans l’énigme de Pessoa, nous voyons des personnes parfaitement hallucinatoires jaillir de son inconscient pour le parer de moisissures (ou de bourgeons) dès sa plus tendre enfance, mais nous voyons de nombreux personnages parallèles, relativement mineurs en regard des autres hétéronymes plus consacrés, montrer continuellement le bout du nez, se superposer aux premiers et leur emboîter le pas. Il s’agit d’une foule de potentialités qui tendraient à mimer la vie/réalité entendue comme un puzzle où tout fragment peut posséder un nom sans que puisse se constituer le nom du « tout », sinon de brefs instants durant, vagues dans la précarité d’un orthonyme « porteur », même si non privilégié. Le « tout » est égal à chacune de ses parties. Une réalité impossible à ordonner, ni réductible à l’unité, à « un nom du Père », est justement ce qu’on pourrait démoniaquement appeler « Légion », et Pessoa se change donc en légion de noms. Qu’on songe à l’obscure angoisse mais également à la subtile perfidie de ne vouloir, ni pouvoir, appeler ces signes pseudonymes. Car, de fait, il semble que tout vienne justement se jouer autour du nom, des noms. Chez Pessoa, un moi divisé, ne pouvant pas même soupçonner le pseudonyme, se promène bras dessus bras dessous avec le superlogique « fingidor »*. Et, par ailleurs, chez les innombrables auteurs qui s’attribuèrent des pseudonymes […], combien de fausse conscience y avait-il véritablement, dans l’acceptation de ce terme ? Et que dire des romanciers, des « créateurs de personnages » introduits, qu’importe si [c’est] par des premières ou des troisièmes personnes verbales ?
        Plus que tout autre, Pessoa nous fait sentir que tout se joue autour du nom, du paradoxe de la nomination, et que la réalité, psychique ou non, s’avère pour nous fragmentée par des noms tendant à n’être jamais « communs », mais toujours et définitivement des noms propres, enclos dans « leur » être comme tout objet qui dans le monde primitif devient un dieu en se dénotant par un nom propre (ou par plusieurs noms propres, point tous connus, point tous dicibles). Apparaît à ce stade le rôle décisif du rapport social, dans lequel le moi et le monde peuvent « éventuellement » se retrouver, par-delà des barres, et dans le mouvement nom-verbe. »


    Andrea Zanzotto, Essais critiques, Librairie José Corti, 2006, pp. 210-211-212-213. Traduits de l’italien et présentés par Philippe Di Meo.




    ___________________________
    * « Fingidor » (« le simulateur » en portugais), c’est, entre autres, à travers ce qualificatif que Fernando Pessoa aimait à rendre compte de sa dérive hétéronymique.






    FERNANDO PESSOA


    Pessoa Guidu
    Image, G.AdC




    ■ Fernando Pessoa
    sur Terres de femmes


    [Ce soir l’orage a roulé] (extrait du Gardeur de troupeaux)
    Les Îles Fortunées
    [Hommes de barre !] (extrait d’Ode maritime)
    Sous un ciel bas et sombre
    Ulysse
    13 juin 1930
    14 septembre 1931
    29 janvier 1932
    11 juin 1932





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  • 12 juin 1925 | Première exposition Miró à Paris

    Éphéméride culturelle à rebours



        Du 12 au 27 juin 1925 a lieu, Galerie Pierre, 13 rue Bonaparte, à Paris, la première exposition Miró. Organisée par Jacques Viot. La préface du catalogue de l’exposition est signée par Benjamin Péret et l’invitation par tous les surréalistes. Sont exposés trente et une peintures et quinze dessins de Joan Miró. Dont Le Chasseur (1923-1924, toile acquise par André Breton lors de l’exposition et conservée aujourd’hui au MoMA) et La Ferme (1921-1922), qui sera achetée par Ernest Hemingway.






    Ferme_2
    Miró, La Ferme (1921-1922),
    Huile sur toile, 123,8 x 141,3 cm
    Ancienne collection Ernest Hemingway (La Havane)
    National Gallery of Art, Washington, D.C.






    LA FERME


        Commencée à Montroig — la montagne rouge —, poursuivie à Barcelone et achevée à Paris, cette toile « détailliste » témoigne du « bonheur d’atteindre dans le paysage à la compréhension du brin d’herbe. »
        « Ce qui m’intéresse par-dessus tout », déclare alors le peintre, « c’est la calligraphie d’un arbre ou des tuiles d’un toit, feuille par feuille, rameau par rameau ». De fait, ce qui frappe dans la toile de La Ferme, c’est, au tout premier plan, le maïs aux feuilles chantournées et l’eucalyptus exubérant, mains ramifiées lancées vers le ciel. Un ciel d’un bleu presque trop éclatant, qui fige la lune blanche dans l’espace immobile. C’est aussi l’époque où Miró se livre à un inventaire minutieux de l’univers de la ferme catalane de Montroig, propriété de ses parents où l’artiste aime à séjourner. De cet univers observé avec la plus grande précision, La Ferme offre un exemple ordonnancé. Où alternent intérieur et extérieur. Le cheval dans l’étable ou la fermière à son lavoir. Les dépendances offrent au regard leurs murs lézardés, grignotés par le temps ou donnent à voir leurs étagements secrets — échelles et escabeaux, étagères et poutres ; greniers et mansardes, chèvre et coq, lapins et tourterelles. Tous présentés de dos ou de profil. Jusqu’aux outils et aux menus objets laissés aux abords des sillons du potager et aux menus habitants de la Terre, dispersés entre les mottes de terre et les légumes en cours de germination.

        Fortement individualisés, ces détails, isolés les uns des autres et figés au cœur même de l’énumération qui les rassemble, se posent d’ores et déjà comme « signes plastiques purs ». L’inventaire de La Ferme signe la fin de l’époque réaliste de Joan Miró. Et annonce par la schématisation et la stylisation des objets, le répertoire poétique et onirique des formes de demain.


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli





    ■ Miró
    sur Terres de femmes

    21 janvier 1940 | Miró, Constellations
    Étreintes





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  • 11 juin 1899 | Naissance de Yasunari Kawabata

    Éphéméride culturelle à rebours



        Le 11 juin 1899 naît à Osaka Yasunari Kawabata.






    Le_visage_insensible_dune_jeune_fem
    Ph. D.R. Mario Ambrosius
    (série Ma poupée japonaise, 2000)
    Source






    EXTRAIT DES BELLES ENDORMIES


        Le vieil Eguchi en était venu, dans cette maison, à penser que rien n’était plus beau que le visage insensible d’une jeune femme endormie. N’était-ce pas la suprême consolation que ce monde pouvait offrir ? La plus belle femme ne saurait dans le sommeil dissimuler son âge. Un jeune visage est agréable dans le sommeil, même si la femme n’est pas une beauté. Peut-être aussi ne choisissait-on dans cette maison que des filles agréables à voir dans leur sommeil. Eguchi se contentait de contempler de tout près le petit visage, et il lui semblait que sa propre vie et ses mesquins soucis de tous les jours se dissipaient mollement. Il suffirait sans aucun doute de prendre le somnifère et de s’endormir dans cet état d’esprit pour jouir de cette nuit bénie, mais le vieillard paisiblement tenait les yeux clos et restait immobile. Cette fille déjà lui avait permis de se ressouvenir de la femme de Kôbe, et il lui semblait qu’elle devait encore lui accorder quelque autre souvenir, dont le sommeil risquait de le frustrer.
        L’intuition subite que la jeune femme de Kôbe s’était, dès le retour de son mari après deux ans d’absence, trouvée enceinte, et le sentiment que cette intuition devait de toute nécessité être conforme à la réalité, s’était imposés au vieillard qui ne parvenait plus à s’en défaire. Son aventure avec Eguchi ne pouvait, pensait-il, avoir infligé ni honte ni souillure à l’enfant porté et mis au monde par elle. Le vieillard ressentait comme une bénédiction sa grossesse et son accouchement, dès lors qu’il les tenait pour certains. En cette femme vivait et se mouvait une jeune vie. Pour lui, c’était comme si, à cet instant, on lui avait fait connaître sa propre vieillesse. Mais pourquoi cette femme s’était-elle docilement abandonnée, sans répulsion ni réticence ? Comme si le vieil Eguchi n’avait pas vécu près de soixante ans déjà. Il n’y avait chez cette femme rien de vénal, ni rien de frivole. Eguchi s’était senti avec elle moins coupable en tout cas que là, dans cette maison, étendu aux côtés de la fillette endormie d’un sommeil suspect. Jusqu’à sa façon de se hâter, le lendemain matin, fraîche et dispose, pour retourner chez elle auprès de ses petits enfants, que le vieillard avait appréciée en la regardant de son lit. La pensée qu’il se pouvait qu’elle fût pour lui sa dernière femme jeune la lui avait rendue inoubliable, mais peut-être elle non plus n’avait-elle oublié le vieil Eguchi. Sans qu’ils en eussent été profondément blessés ni l’un ni l’autre, et dussent-ils en garder le secret toute leur vie, ni l’un ni l’autre sans doute n’oublierait jamais.
        Il était étrange malgré tout que, parmi les « Belles endormies », ce fût la petite apprentie qui eût, en ce moment, suscité chez le vieillard le souvenir distinct de la femme de Kôbe.


    Yasunari Kawabata, Les Belles Endormies, Éditions Albin Michel, 1970, pp. 74-75.





    Les_belles_endormies___kawabata





    YASUNARI KAWABATA


    Yasunari Kawabata
    Source



    ■ Yasunari Kawabata
    sur Terres de femmes

    17 octobre 1968 | Yasunari Kawabata, Prix Nobel de littérature (+ extrait de La Danseuse d’Izu)
    16 avril 1972 | Mort de Yasunari Kawabata (notice bio-bibliographique + extraits de Tristesse et beauté)



    Pour entendre Yasunari Kawabata dans un court extrait du
    Discours prononcé à Stockholm le 12 décembre 1968, cliquer ICI





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  • Esther Tellermann | Voix à rayures

    «  Poésie d’un jour  »


    Ph., G.AdC               

    VOIX À RAYURES


    Pour Henri                                  


    Chevauchons_nos_syllabes_dune_pas_2

    Dans le nom du troisième
    et sa boucle
    j’emplissais le monde
    d’épilobes
         de socles
    de gneiss  et de
    doubles reflets
    et sur l’ancienne mer
    là où l’homme
    avait pris la couleur
    j’attendais le faucon

    la ville de douze étoiles.






    Rêve maintient
    le rêve   si
    ne sommes trop lourds
          inventons
    une noce
    une couche animale
    à l’intérieur de la vague
                     si
    chevauchons    nos syllabes
    d’une passe
           à l’autre
    et nos rires     comme
    paquets d’émeraudes

    trouent le souvenir.






    Je le fis
    neige hospitalière
          craquelures
    jardins lavés
    d’Europe
    reste d’un chant ancien.
    Je le fis
    association de l’air
          sillon qui n’ensevelit

    dépose dans sa force.






    Là j’ai croisé
    Les eaux musicales.
    Brumes enveloppaient   nos promenades
    Nous étions
    rameurs     nous
    promenions l’archet
    sur les mondes creux
    devenus plus légers
    nous maintenions le rêve
    nous nous fîmes
               pluie
    pour sérier l’absence.







    Esther Tellermann, « Voix à rayures » [extrait], Le Poème Meschonnic, Revue littéraire Faire Part, 2008, pp. 161-162.






    ■ Esther Tellermann
    sur Terres de femmes


    Carnets à bruire
    Corps rassemblé (lecture d’AP)
    [Pour elle il voulut] (extrait de Corps rassemblé)
    Éternité à coudre (lecture d’AP)
    [Un écho un roman] (extrait d’Éternité à coudre)
    [Je sais vous me disiez de préférer l’ombre] (poème extrait du recueil Le Troisième)
    Je t’ai vu (poème extrait de Contre l’épisode)
    [Jours firent de toi ma teinture]
    [Onde] (poème extrait du recueil Voix à rayures)
    Première version du monde (lecture d’AP)
    Sous votre nom (lecture de Matthieu Gosztola)
    [Un mot encore] (poème extrait de Sous votre nom)
    Sûrement je vous tiendrai (poème extrait de Terre exacte)
    [Puis se ferme | la porte] (poème extrait d’Un versant l’autre)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de la Maison des écrivains et de la littérature) une
    fiche bio-bibliographique sur Esther Tellermann
    → (sur Recours au poème)
    Une lecture d’Une odeur humaine d’Esther Tellermann par AP





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  • 10 juin | Junichirô Tanizaki, La Clef




    Image, G.AdC    Plus_il_sera_scabreux_mieux_ce_se_2
    10 juin. […] Voilà ce que j’ai écrit le 8 : « Une moitié de moi-même déteste violemment mon mari, mais une autre moitié de moi l’aime tout aussi violemment. Nous ne sommes en réalité pas faits pour nous entendre. » Mais j’ajoute : « Pour autant je ne suis pas disposée à aimer quelqu’un d’autre. Je suis engluée dans de vieux idéaux de fidélité, et par nature incapable de les transgresser. » ― « Certes, cette façon perverse et insistante de me caresser m’est insupportable, mais, d’un autre côté, comme il est évident qu’il m’aime à la folie, je me sentirais coupable de ne pas le récompenser d’une manière ou d’une autre. » Moi qui ai reçu de mes défunts parents une très stricte éducation confucéenne, si j’ai pourtant été conduite à laisser mon pinceau médire de mon mari, c’est bien entendu parce que ligotée plus de vingt années durant par une morale désuète, je m’étais jusque là efforcée de faire taire ma frustration, mais aussi parce que je commençais à me rendre compte, obscurément, que je ferais finalement plaisir à mon mari en le rendant jaloux, et accomplirais ainsi les devoirs d’une vertueuse épouse. Mais à ce moment-là je me contente de dire que « je déteste violemment mon mari », que « nous ne sommes pas faits pour nous entendre », pour confesser aussitôt que « je ne suis pas disposée à aimer quelqu’un d’autre », et que je « suis par nature incapable de le trahir ». Peut-être, inconsciemment, avais-je alors déjà commencé à aimer Kimura, mais je l’ignorais. J’avais seulement laissé échapper bien malgré moi, non sans appréhension et de manière très indirecte, des mots susceptibles de rendre jaloux mon mari, comme preuve de mon dévouement.
        Le 13, je lus les phrases suivantes : « En me servant de la jalousie que je ressens envers Kimura, j’ai réussi à donner du plaisir à ma femme » ― « j’aimerais qu’elle comprenne qu’en s’efforçant de me stimuler ainsi, elle contribuera à son propre bonheur » ; ou encore : « Je voudrais qu’elle me rende jaloux à la folie » ― « Elle peut aller jusqu’à un certain point, passablement scabreux. Plus il sera scabreux, mieux ce sera » ― « Elle pourrait même aller jusqu’à me laisser plus ou moins soupçonner qu’elle ait pu franchir les limites. Je souhaite qu’elle aille jusque-là. » C’est alors que ma manière de considérer Kimura connut une brusque transformation. J’avais trouvé que mon mari avait l’esprit mal placé en lisant ce qu’il écrivait le 7 : « A tout le moins en ce qui concerne ma femme, […] peut-être est-elle persuadée de surveiller les deux jeunes gens, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’en réalité, elle aime Kimura », et je m’étais bien juré qu’il aurait beau m’y pousser, jamais je ne m’abaisserais à une telle indignité ; mais en l’entendant me dire: « Plus ce sera scabreux, mieux ce sera », un retournement s’opéra en moi. Je ne sais si mon mari a manœuvré en percevant que Kimura me plaisait avant même que j’en prenne conscience, ou si mon sentiment a pris naissance en réponse à ces manœuvres. Quoi qu’il en soit, même après que j’ai pris clairement conscience de mon intérêt croissant pour Kimura, je continuai à me leurrer moi-même, me persuadant que je m’« efforçais », « bien malgré moi », de me comporter ainsi. »

    Junichirô Tanizaki, La Clef, in Œuvres, Bibliothèque de La Pléiade, vol. II, Éditions Gallimard, 1998, pp. 1115-1116.





    JUNICHIRŌ TANIZAKI

    Tanizaki

    Voir aussi :
    – (sur Terres de femmes)
    1er janvier ****/Junichirô Tanizaki, La Confession impudique ;
    – (sur Terres de femmes)
    9 octobre **** /Tanizaki, Journal d’un vieux fou (extrait + article).



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  • 8 juin 1903 | Naissance de Marguerite Yourcenar

    Éphéméride culturelle à rebours


    Le 8 juin 1903, naissance à Bruxelles de Marguerite de Crayencour, dite Marguerite Yourcenar.






    Etat_civil_my_2
    Image, G.AdC







    L’ACCOUCHEMENT



    L’être que j’appelle moi vint au monde un certain lundi 8 juin 1903, vers les 8 heures du matin, à Bruxelles, et naissait d’un Français appartenant à une vieille famille du Nord, et d’une Belge, dont les ascendants avaient été durant quelques siècles établis à Liège, puis s’étaient fixés dans le Hainaut. La maison où se passait cet événement, puisque toute naissance en est un pour le père et la mère et quelques personnes qui leur tiennent de près, se trouvait située au numéro 193 de l’avenue Louise, et a disparu il y a une quinzaine d’années, dévorée par un building.

    Ayant ainsi consigné ces quelques faits qui ne signifient rien par eux-mêmes, et qui, cependant, et pour chacun de nous, mènent plus loin que notre propre histoire et même l’histoire tout court, je m’arrête, prise de vertige devant l’inextricable enchevêtrement d’incidents et de circonstances qui plus ou moins nous déterminent tous. Cet enfant du sexe féminin, déjà pris dans les coordonnées de l’ère chrétienne et de l’Europe du XXe siècle, ce bout de chair rose pleurant dans un berceau bleu, m’oblige à me poser une série de questions d’autant plus redoutables qu’elles paraissent banales, et qu’un littérateur qui sait son métier se garde bien de formuler. Que cet enfant soit moi, je n’en puis douter sans douter de tout. Néanmoins, pour triompher en partie du sentiment d’irréalité que me donne cette identification, je suis forcée, tout comme je le serais pour un personnage historique que j’aurais tenté de recréer, de m’accrocher à des bribes de souvenirs reçus de seconde ou de dixième main, à des informations tirées de bouts de lettres ou de feuillets de calepins qu’on a négligé de jeter au panier, et que notre avidité de savoir pressure au-delà de ce qu’ils peuvent donner, ou d’aller compulser dans des mairies ou chez des notaires des pièces authentiques dont le jargon administratif et légal élimine tout contenu humain. Je n’ignore pas que tout cela est faux ou vague comme tout ce qui a été réinterprété par la mémoire de trop d’individus différents, plat comme ce qu’on écrit sur la ligne pointillée d’une demande de passeport, niais comme les anecdotes qu’on se transmet en famille, rongé par ce qui entre temps s’est amassé en nous comme une pierre par le lichen ou du métal par la rouille. Ces bribes de faits crus connus sont cependant entre cet enfant et moi la passerelle viable ; ils sont aussi la seule bouée qui nous soutient tous deux sur la mer du temps. C’est avec curiosité que je me mets ici à les rejointoyer pour voir ce que va donner leur assemblage : l’image d’une personne et de quelques autres, d’un milieu, d’un site, ou, çà et là, une échappée momentanée sur ce qui est sans nom et sans forme.



    Marguerite Yourcenar, Le Labyrinthe du monde, I, Souvenirs pieux, in Essais et mémoires, éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1991, pp. 707-708.





    MARGUERITE YOURCENAR


    Yourcenar 2
    Image, G.AdC





    ■ Marguerite Yourcenar
    sur Terres de femmes


    25 novembre 1968 | Sortie en librairie de L’Œuvre au noir de Marguerite Yourcenar
    6 mars 1980 | Marguerite Yourcenar, première femme élue à l’Académie française
    8 août 117 | Hadrien, empereur de Rome (extrait de Mémoires d’Hadrien)
    [La mer, cet été-là] (extrait d’Un homme obscur)




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    le Centre international de Documentation Marguerite Yourcenar
    le portail des associations yourcenariennes
    le site Voix d’auteurs ou cliquer ICI

    On peut aussi écouter une interview de Josyane Savigneau sur Marguerite Yourcenar en cliquant
    ICI





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  • Julien Bosc | (Et toi, qui es-tu ?)

    «  Poésie d’un jour  »



    Et ma solitude
    Ph., G.AdC






    (ET TOI, QUI ES-TU ?)




    Serti par des racines d’héliotropes blancs et mauves, un échange ― aux confins du désir :
    ― Que regardes-tu ?
    ― Le dais d’ombre par-dessus les pliures de la mémoire.
    ― Que vois-tu ?
    ― Rien. La nuit. Une citadelle. Un pont de pierre. Des fougères orange ou jaunes le long d’un chemin. Le ciel violet du couchant. L’erg silencieux. Une très grande tristesse. Ta solitude. La mienne. Rien. La nuit.
    ― Comment est la nuit ?
    ― Claustrée, butinée par les abeilles.
    ― Et la citadelle ?
    ― Désertée.
    ― Et le pont de pierre ?
    ― Ouvert de part en part, délié du présent par la mortelle blessure.
    ― Et les fougères ?
    ― En javelles, fauchées par des grêlons de miel.
    ― Et le couchant, le ciel violet ?
    ― Et l’erg silencieux ?
    ― Sans cesse mouvant quoique immuable ?
    ― Et la très grande tristesse ?
    ― Amnésique, repliée sur elle-même, en boule.
    ― Et ma solitude ?
    ― Semblable à la mienne.
    ― Et la tienne ?
    ― Sans égale.
    ― (Et toi, qui es-tu ?
    ― La question à laquelle ni toi ni moi ne pouvons répondre.)



    Julien Bosc, Je n’ai pas le droit d’en parler, Atelier La Feugraie, Collection L’Allure du chemin, dirigée par Jean-Pierre Chevais et Alain Roger, 14770 Saint-Pierre-la-Vieille, 2008, pp. 26-27.







    Bosc Feugraie





    JULIEN BOSC


    Julien Bosc
    Source



    Né en 1964 à Boulogne-Billancourt. Ethnographe (spécialiste de la sculpture africaine et plus particulièrement de la statuaire lobi), Julien Bosc a publié deux textes aux éditions L’Éther vague/Patrice Thierry (maison d’édition toulousaine reprise par les éditions Verdier après la mort de Patrice Thierry en 1998) : L’Oculus (récit, 1991), Préludes (nouvelles, 1995) ; aux éditions Détroits, Distraction (1999) ; aux éditions Unes, Pas (1999) ; aux éditions Rehauts, Maman est morte (2012) ; chez Approches-éditions, Tout est tombé dans la mer (2014) ; aux éditions la tête à l’envers, De la poussière sur vos cils (2015) ; aux éditions Quidam, Le Corps de la langue (2016. Préface de Bernard Noël) ; aux éditions Potentille, La Coupée (2016) ; à l’Atelier de Villemorge, Le Verso des miroirs (2018) ; aux éditions la tête à l’envers, Elle avait sur le sein des fleurs de mimosa (2018) ; aux éditions faï fioc, La Demeure et le lieu (2019) ; aux éditions Collodion, Goutte d’os (2020. Préface de Françoise Clédat). Vient de paraître, en juin 2020, aux éditions le Réalgar : Le coucou chante contre mon cœur, ultime recueil posthume.
    Julien Bosc a fondé en 2013 et dirigé les éditions Le phare du Cousseix. Il est décédé le 26 septembre 2018 à Croze (Creuse).




    ■ Julien Bosc
    sur Terres de femmes


    Le coucou chante contre mon cœur (lecture d’AP)
    [Nous pourrions dire une forêt] (extrait du Coucou chante contre mon cœur)
    [Hormis les lèvres où mourir] (extrait de De la poussière sur vos cils)
    La Demeure et le Lieu (lecture d’AP)
    [marcher chaque jour] (extrait de La Demeure et le Lieu)
    [Nue-pâle sous sa toilette de satin noir] [extrait d’Elle avait sur le sein des fleurs de mimosa]
    Elle avait sur le sein des fleurs de mimosa (lecture d’AP)
    Goutte d’os (lecture d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Julien Bosc
    le site des éditions la tête à l’envers
    le site des éditions Le phare du cousseix
    → (sur Terre à ciel)
    Hommage à Julien Bosc, par Isabelle Lévesque





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  • 7 juin 1973 | Louis Guilloux, Grand Prix de Littérature de l’Académie Française

    Éphéméride culturelle à rebours



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        Le 7 juin 1973, le romancier breton Louis Guilloux (né le 15 janvier 1899 à Saint-Brieuc où il décèdera le 14 novembre 1980) se voit décerner le Grand Prix de Littérature de l’Académie Française. Déjà récompensé en 1949 par le prix Renaudot pour Le Jeu de patience, Louis Guilloux avait reçu en 1967 le Grand Prix national des Lettres pour l’ensemble de son œuvre.

        Fils d’un artisan cordonnier de Saint-Brieuc (actif militant socialiste), Louis Guilloux, lecteur passionné de Rousseau, de Vallès et de Romain Rolland, se lance très tôt dans l’écriture. Mais refuse de s’engager dans un parti politique. Son professeur de philosophie, George Palante, grand admirateur de Kant et de son ouvrage Critique de la raison pure, lui inspire le personnage de Cripure, présent dans Le Jeu de patience et dans Le Sang noir.

        Publié en 1935, Le Sang noir, vaste construction fondée sur « la technique de l’entrecroisement », est une œuvre inclassable, un kaléidoscope littéraire qui, selon Albert Camus, « mêle à des fantoches misérables des créatures d’exil et de défaite ». Une œuvre qui « se situe au-delà du désespoir et de l’espoir ».






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    EXTRAIT DU SANG NOIR


        Je vais vous raconter une anecdote tragique. C’était un soir, à Paris, en…
        Il se souvint tout à coup que l’année en question était celle où il avait quitté Toinette et un instant il se cacha les yeux derrière la main.
        Puis, d’une voix haletante, il continua son récit. C’était un soir de printemps, et il flânait sur le boulevard Saint-Michel. Il pouvait être neuf heures. Il allait s’asseoir à la terrasse d’un café, quand deux coups de feu éclatèrent derrière lui. En un clin d’œil le boulevard s’était vidé. Un tout petit homme, un Chinois très mince, courait de toutes ses forces au beau milieu de la chaussée, poursuivi par les agents. De temps en temps il se retournait et tirait à travers la poche de son veston, fendait l’air et bondissait comme un chat furieux. De sa main, qui ne tirait pas, il maintenait le pan de son veston gris pâle. Ses souliers, jaune clair, battaient l’air comme des oiseaux mécaniques. Les agents le saisirent enfin, ils s’abattirent presque tous ensemble sur lui et le couchèrent au pied d’un arbre, sans un cri. Il ne devait plus avoir, hélas ! de cartouches, mais il ne lâchait pas son revolver. Deux agents lui tenaient les épaules, un autre avait appuyé son genou sur sa poitrine, un quatrième s’efforçait de lui arracher son arme et répétait d’une voix basse « Donne ton feu, donne… lâche-le. » Mais il résistait toujours. Alors sans doute lui tordirent-ils les poignets, car le malheureux ― « le courageux » ― se mit à pousser des cris de rat. Et l’arme roula par terre. Un agent fourra le revolver dans sa poche. Alors, sûrs désormais que leur victime n’était plus dangereuse, ils le relevèrent et se mirent à le frapper. Deux agents le maintenaient debout par les épaules bien qu’il fût déjà évanoui et que le sang ruisselât sur sa figure ; les autres cognaient à coups de poing et aussi à coups de pied. Un inspecteur en civil avec une grosse tête ronde et noire répéta : « Allez-y ! Allez-y ! C’est de la viande ! » Entre leurs mains le malheureux devint une loque sanglante. Sa tête ballait de droite et de gauche comme celle d’un mannequin. Peut-être était-il déjà mort…
        Cripure respira, et reprit :
        ― Ils cessèrent enfin de le frapper et le traînèrent vers le poste. Sa longue chevelure noire étalée sur son front semblait avoir trempé dans l’eau. Son pantalon avait glissé, découvrant ses jambes maigres et nerveuses. Alors… Mais alors seulement, un petit homme fluet se dégagea de la foule et s’approcha en sautillant du sinistre cortège. C’était un bon petit bourgeois de chez nous, quelque chose comme un employé de banque ou un rond-de-cuir quelconque. Il portait un complet noir à bon marché, des manchettes en celluloïd, une fausse perle à sa cravate. Mais il avait une canne et un chapeau de paille et la canne, il la brandissait déjà…
        « Je le vis enfin arriver tout près du cortège et la canne se levant toute droite en l’air s’abattit, oui, d’un coup, sur le visage en sang du moribond. Voilà », acheva Cripure. Et il y eut un long silence.


    Louis Guilloux, Le Sang noir, Éditions Gallimard, 1935 ; Gallimard, Collection folio, 1980, pp. 329-330.





    LOUIS GUILLOUX


    Louis Guilloux
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la Société des Amis de Louis Guilloux)
    une bibliographie sur Louis Guilloux





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  • 6 juin 1910 | Naissance de Dorothy Carrington

    Éphéméride culturelle à rebours



        Le 6 juin 1910, naissance à Perrotts Brook (North Cerney, Gloucestershire), près de Cirencester, de Frederica Dorothy Violet Carrington, dite Dorothy Carrington.






    Dorothy_carrington
    Mim Hain, Collage.
    Source






    LA CORSE, UN RÊVE FABULEUX



        Dorothy Carrington découvre pour la première fois la Corse en juin 1948, lorsqu’elle débarque du « Ville d’Ajaccio », qui vient d’accoster sur le quai de l’Herminier :

    « Je n’oublierai jamais mon arrivée à Ajaccio, à l’aube. Je revois encore la Corse surgir de l’eau comme un rêve fabuleux. La ville était ravissante, sortie d’un conte. Ce fut un véritable choc. […] ».

        À l’origine de sa venue dans l’île, la rencontre à Londres de Jean Cesari dont les récits enflamment son imagination. Dès lors, elle brûle de se rendre sur le terrain pour aller à la découverte de toutes ces choses étranges qui vont la tenir en haleine tout au long de sa vie.

        Installée à Ajaccio avec son troisième mari, le peintre surréaliste Sir Francis Rose, elle arpente l’île infatigablement, recueille récits et traditions, coutumes et croyances, creuse les données de l’histoire, se passionne pour les sites mégalithiques dont l’île n’a pas encore exploré les secrets, ouvre de nouvelles voies à l’archéologie. Pendant que son époux s’adonne à la peinture, Lady Rose s’attelle à ce qui va devenir un véritable travail d’ethnologue. Confrontant lectures, témoignages, expériences vécues, Lady Rose participe à des congrès, donne des conférences et se consacre à la rédaction de ses ouvrages. En 1971, son livre Granite Island, a Portrait of Corsica (Corse, île de granit, pour l’édition française chez Arthaud, 1980) est récompensé par le prix W.H. Heinemann Award. En 1993, elle reçoit le prix de la Napoleonic Society of America pour son ouvrage Napoléon et ses parents.

        Dorothy Carrington a reçu le titre de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en 1986. Celui de Membre de l’Empire Britannique lui a été décerné par Son Altesse Elizabeth II en 1995. Nommée docteur honoris causa de l’Université de Corte en 1991, la Région Corse lui a attribué le prix spécial du jury pour l’ensemble de son œuvre sur l’île.

        Lady Rose s’est éteinte le vendredi 25 janvier 2002 à Ajaccio, dans son domicile du Cours Napoléon. Conformément à ses désirs, elle a été inhumée dans le cimetière marin des îles Sanguinaires. Face à la mer.





    DOROTHY CARRINGTON : SÉLECTION BIBLIOGRAPHIQUE


    Trésors oubliés des églises de Corse (en collaboration avec Geneviève Moracchini), Paris, Hachette, 1959.
    This Corsica : a Complete Guide, Londres, Hammond & Hammond, 1962.
    Granite Island, a Portrait of Corsica, Londres, Longman Group Limited, 1971 (nombreuses rééditions chez Penguin books). Édition française : Corse, île de granit, Paris, Arthaud, 1980 (rééd. 1987, 1999 et 2003 sous le titre La Corse). Traduction française de Madeleine Cheyrouze.
    La Corse, des Lumières à la révolution, Ajaccio, Maison de la Culture, 1979.
    Sources de l’histoire de la Corse au Public Record Office de Londres, avec 38 lettres inédites de Pascal Paoli, Ajaccio, La Marge, 1985.
    Napoleon and his parents on the threshold of history, Londres, Viking, 1988.
    Napoléon et ses parents au seuil de l’histoire, Ajaccio, Éditions Alain Piazzola/La Marge, 1993.
    The Dream-Hunters of Corsica, Londres, Weidenfeld and Nicolson, 1995. Édition française : Mazzeri, finzioni, signadori : aspects magico-religieux de la culture corse, Ajaccio, Éditions Alain Piazzola, 1998, rééd. 2004. Adaptation de l’anglais par l’auteur et traduction de Roland Muraccioli.
    La Constitution de Pascal Paoli, 1755, Ajaccio, La Marge, 1996.
    Portrait de Charles Bonaparte d’après ses écrits de jeunesse et ses mémoires, Ajaccio, Éditions Alain Piazzola, 2001.





    ■ Dorothy Carrington
    sur Terres de femmes

    Vendredi saint à Sartène. Le Catenacciu. Extrait de Dorothy Carrington, La Corse, Arthaud, 1980


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Annales historiques de la Révolution française)
    Dorothy Carrington (Frederica Lady Rose) 6 juin 1910‑25 janvier 2002, par Émile Ducoudray




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