Étiquette : 16


  • Béatrice Douvre | Poèmes en prose [Journal de Belfort]


    [LE VENT VERT, LE VENT JAUNE]



    Le vent vert, le vent jaune, le vent bleu de la nature, dôme éclairant de l’étendue étanchant les visages d’eaux. Des oiseaux crient de jour. Des reflets s’attardent aux yeux atroces des nuages. Tout s’enténèbre à l’orée vespérale, le dôme, le toit de tuile orange, la pluie argentée, les diamants de la main qui servent d’yeux aux sages, les petits dieux accroupis des images, les corolles qui se forment le soir.

    J’ai étudié, nocturne, les traductions des saints, un ange à mon épaule guidait ma main de pauvre. J’ai connu l’âge de la neige, de l’écorce de peau à la tache de terre.






    [VERDEUR ANGEVINE]




    Verdeur angevine le long des jeunes voûtes

    C’est le jour de mer au soleil mandoline

    C’est le petit mendiant en haillons d’or, les mains tendues vers les deniers virils

    C’est un chemin de pas qui mène à l’oiseau froissé

    C’est la voix tourmentée d’une petite fille aux yeux blonds, à la douceur allée

    C’est le ciel en beauté subite, luisant d’haleine d’anges, Dieu qui visite ses prairies

    C’est le joyau d’étoile épinglé au corsage, rose, or et blanc comme des seins pubères

    C’est jour de mer, les fontaines percent les villes aux toits de mûres noires ou d’oranges

    C’est mon amour pénombré dans la ville, courageux, l’avez-vous vu passer ? Il a du sel et des chemins sur le visage… un soleil bas tâché autour de la taille.



    Béatrice Douvre, « Poèmes en prose », 16, 24, Journal de Belfort, éditions de La Coopérative, 2019, pp. 125, 133.






    Journal-de-belfort 2



    BÉATRICE DOUVRE


    Douvre portrait 2
    D.R. Ph. Mathilde Bonnefoy




    ■ Béatrice Douvre
    sur Terres de femmes


    Nuit brisée
    l’Outrepassante
    Le vin, le soir




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions de la Coopérative)
    la fiche de l’éditeur sur Journal de Belfort
    → (sur La Pierre et le Sel)
    Béatrice Douvre, l’invisible est un miracle, par Pierre Kobel
    → (sur La Pierre et le Sel)
    Béatrice Douvre | Journal de Belfort par Pierre Kobel
    → (sur La République des livres)
    une lecture de Journal de Belfort par Jean-Charles Vegliante
    → (sur Recours au Poème)
    Chronique du veilleur (37) : Béatrice Douvre, par Gérard Bocholier






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  • Paolo Febbraro | [Di notte]



    La mort est sans abord
    « la mort est sans abord et nous laisse interdits »
    Ph., G.AdC








    [DI NOTTE]





    Di notte, la chiave nella toppa
    rientrando a passi fiochi, con i libri
    nel corridoio a bisbigliarmi
    un saluto, più saggio ognuno
    di chi tutti li ha letti;
    il bicchier d’acqua, il bagno, lo
    spazzolino e lo specchio, sempre
    letterario, a variare l’identica
    versione: e solo entrando
    in camera, sordo al tuo sonno
    piccolo e odoroso, immune
    dai tuoi zoccoli lasciati al buio
    per via, allora solo mi saprò
    indurevole, perso al mentre poiché
    la morte è inaccostabile e ci proibisce.

    A quanto so, così dovrebbe andare:
    la fine è rimanere, non spostare.





    Paolo Febbraro, « L’ospite », Il bene materiale, Libri Scheiwiller, Collana Prosa e poesia, Milano, febbraio 2008, pagina 71. In Traduzionetradizione, Quaderno internazionale di traduzione poetica, 16, Press Point, Abbiategrasso (Milano), settembre 2019, pagina 9.





    Paolo Febbraro  Il bene materiale 2






    [AT NIGHT]





    At night, the key in the lock,
    creeping softly in, the books
    along the corridor whispering
    a welcome, each of them wiser
    than anyone who’s read them all ;
    the glass of water, bathroom,
    toothbrush, and the mirror still
    literary, making variations on a theme :
    and only when I go into the bedroom,
    deaf to your light and perfumed sleep,
    not tripping over your clogs
    abandoned in the dark, only then
    will I know how transitory I am,
    lost in the interim since death
    is unapproachable, forbiding.

    As far as I can tell, it goes like this :
    the end is staying, never moving.





    Paolo Febbraro, in Traduzionetradizione, Quaderno internazionale di traduzione poetica, 16, Press Point, Abbiategrasso (Milan), septembre 2019, page 9. Traduit de l’anglais par Adam Elgar.





    TTraduzionetradizione






    [DE NUIT]





    De nuit, la clé dans la serrure
    rentrant à pas feutrés, les livres
    dans le couloir me chuchotant
    un bonsoir, chacun d’entre eux plus sage
    que celui qui les a tous lus ;
    le verre d’eau, les toilettes, la
    brosse à dents et le miroir, toujours
    littéraire, jouant des variations sur un même
    thème : et seulement en entrant
    dans la chambre, sourd à ton sommeil
    léger et parfumé, sans craindre
    tes sabots délaissés là
    dans le noir, alors seulement je prendrai conscience
    que je ne suis que de passage, perdu dans l’instant puisque
    la mort est sans abord et nous laisse interdits.

    Pour autant que je sache, cela devrait se dérouler ainsi :
    la fin consiste à rester là, à ne pas bouger.




    Traduction en français inédite d’Angèle Paoli





    PAOLO FEBBRARO


    Paolo_febbraro Luigia
    Ph. Dino Ignani
    Source





    ■ Paolo Febbraro
    sur Terres de femmes


    [Di notte] (poème extrait de La danza della pioggia)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Italian Poetry)
    À Hiroshima (+ plusieurs poèmes extraits d’Il bene materiale)
    → (sur Poesia, di Luigia Sorrentino)
    Paolo Febbraro (autoritratto)





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  • Dominique Sorrente | [L’humeur est passe-partout]




    [L’HUMEUR EST PASSE-PARTOUT]




    L’humeur est passe-partout
    ou le couteau entre les dents,
    elle travaille dans le monde.

    Il y a silence et galopade,
    chariot dans le ciel,
    encre en coulée de métal.




    Les théories des chiffres
    n’essuieront pas cette sueur-là
    qui tremble dans l’entre-deux.

    Tu te demandes à quel tournant le fleuve te surprendra.




    Et puis enfin, midi frappe du poing
    parmi les fous et les muets.

    Tu craques l’étroite coquille
    où tu as laissé peu à peu toutes tes forces.

    À l’eau du fleuve
    les pierres blêmes
    de l’âge que tu n’as pas su grandir.

    À l’eau du fleuve,
    la buée qui épaissit le monde.

    La berge se tait au souvenir des sources.



    Dominique Sorrente, Tu dis : rejoindre le fleuve, Éditions Tipaza, Collection Métive 16, 06400 Cannes, 2014, pp. 9-10. Reproductions de peintures (5) d’Alain Boullet.






    Alain-Boullet-1ere-de-couv-web-2





    DOMINIQUE SORRENTE


    Domnique_sorrente
    Source



    ■ Dominique Sorrente
    sur Terres de femmes

    [À défaut de livre, au moins cette promesse de poème] (poème extrait d’Il y a de l’innocence dans l’air)
    C’est bien ici la terre (note de lecture de Laurence Verrey)
    C’est la terre
    Écueils
    J’écris comme on décide par fragments
    [je suis celle qui se voue à la flamme]
    Le temps sans rideaux
    Pays sous les continents
    [Les rideaux] (extrait des Gens comme ça va)
    Le Scriptorium/Portrait de groupe en poésie



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site du Scriptorium de Marseille)
    un Portrait de Dominique Sorrente




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