Étiquette : 1955


  • Nikolaï Zabolotski | L’adieu aux amis


    Harmes Vvedensky
    Daniil Harms (1905-1942) et Alexandre Vvedenski (1904-1941),
    fondateurs, avec Nikolaï Zabolotski, de l’Oberiou,
    groupe de poètes du modernisme russe








    L’ADIEU AUX AMIS




    Avec vos chapeaux à larges bords, vos longues vestes
    Vos carnets de poèmes,
    Vous vous êtes dispersés en poussière
    Comme font les lilas passé le temps des fleurs.

    Vous reposez dans ce pays sans forme préconçue
    où tout se rompt, se mêle, se désagrège,
    où le tertre funéraire tient lieu de ciel,
    Où l’orbite de la lune est immobile.

    Là, dans une autre langue, un idiome brumeux,
    Chante un synode d’insectes aphones,
    Là, une petite lanterne à la main,
    Le bonhomme-scarabée complimente ses amis.

    Cette paix vous est-elle douce, camarades ?
    Avez-vous tout bien confié à l’oubli ?
    Maintenant vos frères sont les racines et les fourmis,
    Les brins d’herbes, les soupirs, les colonnes de poussière.

    Vos sœurs maintenant sont les œillets sauvages,
    Les thyrses de lilas, les copeaux, les poules de passage…
    Votre langue n’a plus la force de se rappeler
    Le frère que vous avez laissé là-haut.

    Sa place n’est pas encore sur ce rivage
    Où vous avez disparu, légers, comme des ombres,
    Avec vos chapeaux à larges bords, vos longues vestes,
    Vos carnets de poèmes.

    1952*



    Nikolaï Zabolotski, La Fille laide et autres poèmes (1955), traduit du russe par Jean-Baptiste Para et Léon Robel, revue Europe, revue littéraire mensuelle, n° 986-987, juin-juillet 2011, page 250. Traduction revue in Nikolaï Zabolotski, Le Loup toqué, anthologie poétique 1926-1958, éditions La rumeur libre, Collection La Bibliothèque, 2015, pp. 149-150.



    __________________________
    * Poème écrit en souvenir de Daniil Harms et d’Alexandre Vvedenski (fondateurs, en 1928, avec Nikolaï Zabolotski, de l’Oberiou, Association pour l’art réel), dix ans après leur mort.






    Europe  André du Bouchet



    NIKOLAÏ ZABOLOTSKI


    Nikolaï Zabolotski
    Source




    ■ Nikolaï Zabolotski
    sur Terres de femmes


    Poète (poème extrait du Loup toqué)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de l’Encyclopædia Universalis)
    une notice bio-bibliographique sur Nikolaï Zabolotski, par Claude Kastler
    → (sur En attendant Nadeau)
    Zabolotski : un oubli réparé, par Christian Mouze
    → (sur Œuvres ouvertes)
    Nikolaï Zabolotski | Testament
    → (sur Les Hommes sans Épaules)
    une page sur Daniil Harms






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  • Burns Singer | [That numerous stranger dipped in my best disguise]




    [THAT NUMEROUS STRANGER]



    That numerous stranger dipped in my best disguise
    Worms his way back over the green hills
    Which winds have shaped from beaten miracles
    And which old thunderstorms and well baptise.
    He cuts across it home. His light denies
    The dark it boats of, and his step fulfils
    The courage of the grassblade that he kills
    Dead of the spot he reaches as he dies.
    All silence enters him but leaves no trace.
    Who is that man who walks without a face
    On less than water, on a single word,
    On a mere air that whistles its absurd
    Jubilant anthem in an elegy’s place
    Under the agony and is overheard?





    [CET ÉTRANGER MULTIPLE]



    Cet étranger multiple noyé dans mon meilleur déguisement
    Serpente sur le chemin du retour par les vertes collines
    Que les vents ont sculptées à coups de miracles
    Et que de vieux orages et des puits baptisent.
    Il coupe à travers pour rentrer chez lui. Sa lumière nie
    Les ténèbres dont elle se vante, et son pas honore
    Le courage du brin d’herbe qu’il tue net
    Sur le lieu qu’il atteint en mourant.
    Tout le silence entre en lui mais ne laisse aucune trace.
    Qui est cet homme qui marche sans visage
    Sur moins que de l’eau, sur une parole unique,
    Sur un simple air qui siffle son absurde
    Antienne jubilatoire en un lieu élégiaque
    Et qui, à l’agonie, est entendu par hasard ?



    Burns Singer, Sonnets pour un homme mourant, XXXXVIII, [Sonnets for a Dying Man, Botteghe Oscure, Quaderno XVI, Roma, 1955], édition bilingue, Éditions Obsidiane, 89500 Buzzy-le-Repos, 2017, pp. 92-93. Traduit de l’anglais par Anthony Hubbard et Patrick Maury. Préface de Patrick Maury.






    Burns Singer  Sonnets 2





    BURNS  SINGER


    Burns Singer
    Source




    ■ Burns Singer
    sur Terres de femmes

    [To see the petrel cropping in the farmyard] (autre extrait de Sonnets pour un homme mourant)




    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site de la revue Secousse)
    une notice bio-bibliographique sur Burns Singer et d’autres extraits de Sonnets pour un homme mourant [PDF]
    → (sur La Cause Littéraire)
    une recension de Sonnets pour un homme mourant par Didier Ayres
    → (sur Dailymotion)
    Patrick Maury (Revue Secousse) lit des extraits de Sonnets pour un homme mourant de Burns Singer
    → (sur le site des Lettres françaises)
    Poésies de toutes les latitudes, par Françoise Hàn [PDF]





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