Étiquette : 2002


  • Salah Stétié, Le Voyage d’Alep, XII


    Alep 1
    Citadelle d’Alep
    Source




    LE VOYAGE D’ALEP, XII




    Sur les plateaux, le printemps grave est d’herbe pure. Nul arbre, ici, pour limiter le rêve. Les lignes douces des collines me brûlent. Une noirceur gagne les dunes mauves.

    La terre est rousse et mal verdie souvent. Trésor du géologue. Elle est grosse de mystère et de clés. Elle échappe à sa toison domestique. Qu’elle est belle de couleur intégrale !

    Les villages de la paix dorment dans la lumière fraîche. Nul bruit n’en vient. Nul prophète ne les a dénoncés. L’homme même est accordé au silence.

    Partout l’œil touche une pensée prochaine. Et la lumière est toute pénétrée d’ombre…

    Des nuages me traversent, pleins d’oiseaux. Une fraîcheur débouche de la nuit. Les forces nues du monde chantent.

    Ici, tout pousse l’homme à partir. Tout l’incite à ne jamais s’attacher.

    Cela commence.

    Le jour se referme à regret sur l’origine.



    Salah Stétié, Le Voyage d’Alep, XII, éditions Fata Morgana, 2002 ; 2017 (nouvelle édition), pp. 29-30. Dessins de Jean Capdeville. In En un lieu de brûlure, éditions Robert Laffont, Collection Bouquins, 2009, page 807.







    Alep 2
    Citadelle d’Alep
    Source




    [ALEP EXISTE-T-IL ENCORE ?]



    Alep existe-t-il encore ? J’entends parler de la vieille, très vieille ville autour de son cœur de grès doré et de merveilleuse pierre grise et rosâtre, cette hautaine citadelle, que le soleil et la lune, puissants messagers astraux, venaient chaque jour et chaque nuit lécher de leur langue immatérielle comme une chatte son chaton préféré sous la main suzeraine des divinités d’antan, du Dieu d’après.

    […]

    Alep a reçu des tonnes d’obus, des tonneaux débordant de roquettes tous les jours pendant des années plus nocives et dévastatrices que les siècles. Des avions syriens ont rasé la ville, la tendre ville des hommes, des femmes et des enfants autant qu’ils ont pu le faire. Combien d’années ces siècles ? Sept, bientôt huit. […] Je pleure désormais en relisant ces quelques pages que j’ai écrites jadis dans le bonheur de vivre l’Orient et Alep en particulier dans leur splendeur. La splendeur n’est rien, rien, si elle ne signifie pas en son sein le beau et possible rayonnement de l’homme.

    Le Tremblay-sur-Mauldre, le 11 août 2017.



    Salah Stétié, avant propos de la nouvelle édition (2017) du Voyage d’Alep, pp. 10-11.





    Alep montage




    SALAH STÉTIÉ (1929-2020)


    Salah Stétié portrait
    Source




    ■ Salah Stétié
    sur Terres de femmes


    Méditation sur la mort d’une figue (extrait de Fiançailles de la fraîcheur)
    Mes oiseaux, mes enfants (autre extrait de Fiançailles de la fraîcheur)
    Tranchant de l’aube
    Une lampe sous l’orage (contribution de Nathalie Riera sur En un lieu de brûlure, éditions Robert Laffont, Collection Bouquins, 2009)




    ■ Voir aussi ▼


    le site officiel de Salah Stétié





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  • Giuseppe Conte | Alle origini


    Boubat 2
    « Riaverti così, sentire
    in me che tu sei simile
    al vento e agli anemoni.
    Alle origini. »

    Édouard Boubat (1923-1999)
    Lella, Bretagne, 1947

    Source







    ALLE ORIGINI



    Riaverti così, sentire
    in me che tu sei simile
    al vento e agli anemoni.
    Alle origini. Riaverti
    dopo il tempo dell’abbandono
    dopo gli oltraggi e l’odio
    senza pentimenti, senza perdono.

    Sono stato lontano da te
    per anni come uno che
    vuole essere solo, più
    solo di un muro diroccato
    più immobile di un sasso
    che non lambisce il mare.
    Poi abbiamo incominciato a viaggiare.
    Dove ci siamo incontrati,
    anima? In che piazza di
    città, in che prato,
    in riva a che torrente?

    E ora sei qui, da sempre
    simile al vento, ai fiori, ai vulcani.
    Alle origini.



    Giuseppe Conte, Dialogo del poeta e del messaggero [Arnoldo Mondadori Editore, “Il Nuovo Specchio”, Milano, 1992], in Giuseppe Conte, Poesie 1983-2015, Oscar Mondadori, Oscar Poesia, Milano, 2015, pagina 167.





    Giuseppe Conte  Dialogo del poeta 3










    AUX ORIGINES



    Te retrouver ainsi, sentir
    en moi que tu es pareille
    au vent et aux anémones.
    Aux origines. Te retrouver
    après le temps de l’abandon
    après les outrages et la haine
    sans repentir, sans pardon.

    Comme un homme qui veut être seul
    je me suis tenu loin de toi
    pendant des années, plus seul
    qu’un mur effondré
    plus atone qu’une pierre
    que la mer n’asperge pas.
    Puis vint le temps du voyage.
    Où nous sommes-nous rencontrés,
    Âme ? Sur quelle place
    de nos villes, en quelle prairie,
    au bord de quel torrent ?

    Maintenant tu es là, depuis toujours
    semblable au vent, aux fleurs, aux volcans.
    Aux origines.




    Giuseppe Conte, « Aux origines », Dialogue du poète et du messager in Villa Hanbury & autres poèmes (anthologie), éditions L’Escampette, 2002, page 87. Traduit de l’italien par Jean-Baptiste Para. Préface de Jean-Baptiste Para.





    Giuseppe Conte  Villa Hanbury 2




    « Dialogue du poète et du messager (1992) est [le livre] d’une dépression, d’une crise. Le poète est la proie de la stupeur, du vide, du manque de substance. Il se sent plus seul/qu’un mur effondré/plus atone qu’une pierre. Il a tenté de se fuir, de se perdre. Tout sauf moi-même, voilà/ce que je voudrais être. Quand Psyché descend dans les mondes infernaux, il nous semble que notre âme nous quitte, que la vie même nous abandonne. Elle devient aride, souffrante, déserte. Le Dialogue du poète et du messager forme dans l’œuvre de Giuseppe Conte un pli synclinal. C’est un livre qui signe l’authenticité du parcours. Dans le mouvement du poème, le retour de l’âme messagère coïncide avec l’acceptation de la finitude, désormais reconnue comme le socle nécessaire de l’aspiration à l’infini. »

    Jean-Baptiste Para, préface de Villa Hanbury & autres poèmes, L’Escampette, 2002, pp. 9-10.




    GIUSEPPE  CONTE


    Giuseppe_conte
    Source




    ■ Giuseppe Conte
    sur Terres de femmes


    [La beauté est le polythéisme] (extrait du Manuscrit de Saint-Nazaire)
    Mer qui chante comme les cigales (poème extrait de Non finirò di scrivere sul mare)
    [Archéologue de mes jours] (poème extrait de L’Océan et l’Enfant)
    Je retourne où déjà j’ai été (autre poème extrait de L’Océan et l’Enfant)
    [Sur les coquelicots] (autre poème extrait de L’Océan et l’Enfant)
    Il poeta [poème extrait des Saisons] (+ notice bio-bibliographique)
    Proserpine (autre poème extrait des Saisons)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Pangea, rivista avventuriera di cultura & idee)
    Giuseppe Conte, il Walt Whitman della nostra letteratura (marzo 25, 2020)





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  • Jacques Ancet, Image et récit de l’arbre et des saisons

    par Angèle Paoli

    Jacques Ancet, Image et récit de l’arbre et des saisons
    [éditions André Dimanche, 2002],
    éditions Publie.net, 2018.



    Lecture d’Angèle Paoli




    HABITER L’ARBORESCENCE




    « L’arbre est invisible », écrit le peintre Alexandre Hollan, cité par Jacques Ancet en exergue à son ouvrage Image et récit de l’arbre et des saisons. De même, l’arbre dont Jacques Ancet fait le point focal de son récit et son sujet. L’arbre pourtant est là, depuis toujours, bien avant d’émerger dans l’histoire, identique à lui-même au cours des saisons. Maître de la permanence dans l’impermanence, il préexiste à la fenêtre depuis laquelle son image, un jour, va être saisie. Dès ce moment, tout change et l’arbre, capturé par l’image, entre dans la visibilité.

    « L’arbre est un geste venu de la terre et qui, obscur et clair tout à la fois, est une forme de paix, une figure constante de la beauté. »

    Comment donner à l’arbre toute son aura visuelle ? Toute sa sensualité ? Toute son existence ? Tenter de résoudre l’énigme de l’arbre, c’est ce vers quoi tend le poète. Telle est la quête à laquelle il s’attache. Pour le plus grand plaisir du lecteur : Image et récit de l’arbre et des saisons. Histoire d’une fascination.

    Raconter l’arbre, donc. Et pour ce faire, l’inscrire dans la double tension de l’image et du récit. Dans la lenteur temporelle inhérente à la narration, et dans le précipité qu’impose la vision. De la combinatoire savante de ces deux modes contradictoires de perception et d’écriture, s’invente l’arbre de Jacques Ancet, pris dans l’histoire naturelle des quatre saisons. Quatre saisons, quatre chapitres ou parties déclinées au fil de ces saisons, depuis le triomphe absolu du vert jusqu’au retour des couleurs d’automne et de « l’infime rousseur du feuillage ». Mais pas seulement.

    Tout au long de l’ouvrage, en effet – dont l’écriture talentueuse est d’une complexité et d’une richesse singulières – le récit se dédouble. Qui joue sur l’alternance entre la présence de l’arbre, son inscription dans le paysage – en caractères romains – et celle de l’homme qui l’observe de derrière la fenêtre de sa chambre – en italiques.

    L’arbre qui habite le récit s’inscrit dans un cadre. Rigoureux, géométrique, soumis aux règles de la composition picturale, photographique voire cinématographique : lignes de forces, points de fuite, angle de prise de vue, profondeur de champ… Diagonales / verticales / horizontales traversent l’espace, le régissent. En ordonnent le mouvement. Autour d’elles se répartissent les éléments constitutifs du décor, rural et sobre, soumis aux variations de la lumière et du temps : « l’arbre immobile, la ferme à gauche, l’herbe rase du pré, les pentes brumeuses de la montagne »  ; ou encore : « à gauche, au bord du pré, le triangle terre de Sienne d’un morceau de champ labouré, un peu plus haut le toit gris de la ferme, ses feuillages, son réservoir d’eau, ses dépendances… ». Qui dit tableau dit aussi couleur. Et la couleur dominante de la toile, quelle que soit la saison, c’est le vert. Dans toutes ses nuances, du plus clair au plus sombre. Du plus tendre au plus vif ou au plus ténébreux. « [V]ert tilleul, verveine, vert d’eau, vert cristal, vert amande… ». Un vert le plus souvent assorti de mauve. Tout une gamme chromatique de verts rythme non seulement les saisons mais aussi le récit. Il y a aussi le nuancier des bruns dans la géographie du tronc et de l’écorce ; le gris perle de la brume et du ciel. Le blanc ouaté de la neige qui brouille les contours. Et le rouge du tracteur qui ponctue de sa présence fidèle les mouvances de la nature. Les variations des couleurs sur l’arbre et sur la nature qui l’environne sont infinies, comme sont infinies les variations de la lumière à travers le feuillage, ses branches, ses rameaux, ses frondaisons luxuriantes ou au contraire raréfiées, en fonction des saisons, de l’orage et des vents. Mais aussi du moment, au cours de la journée. « Le matin est dans l’arbre ». Ou « L’arbre entre dans la nuit ».

    Tout ce qui semble immobile, tout ce qui semble immuable est soumis, pour peu que l’on y prête attention, à une multitude de menus changements, perceptibles par l’œil attentif. Qui est celui du narrateur et du poète. Comment rendre compte de métamorphoses aussi menues ? s’interroge le poète. Et « comment montrer les voix de l’arbre ? ». Bien sûr, il y a le pépiement assourdissant des oiseaux. Leurs roucoulements ne cessent de traverser le récit, parfois couverts par le surgissement imprévu d’un moteur. Ou par « l’écho paisible d’une cloche qui sonne l’heure. » Ainsi chaque « vision » s’accompagne-t-elle de notations sur les bruits. Mais il y a tant d’autres sons invisibles : murmures, « chuchotements, craquements, grincements parfois comme des rires, crissements, crépitements de pattes et d’ailes, froissements de feuilles… ». Comment rendre « visible » cette « chambre d’échos » ? Le regard ne s’égare-t-il pas dans ce « labyrinthe bruissant » ? Il arrive que la force aigüe des stridences, mêlée à toutes sortes d’autres rumeurs, brise « net le récit ». Mais l’arbre de Jacques Ancet retrouve son rythme propre ; les sons réintègrent l’image, la ramenant à « sa fixité première ». C’est un arbre-musicien, qui joue de tous les accords et de tous les instruments ; un chef d’orchestre inventif qui s’élance, les jours de grands vents, dans « des clameurs de fanfares » puis s’apaise dans les silences.

    Imprévues aussi, mais récurrentes, les entrées furtives dans le tableau, d’un chien, d’un chat, d’une pie. Ainsi le décor ou le paysage s’animent-ils soudain de couleurs fugitives, comme dans certaines toiles de maîtres flamands ou italiens que les menues présences animales viennent troubler parce qu’on ne les y attendait pas :

    « Alors, sur le chemin presque toujours désert, une silhouette vive (un enfant sans doute) est apparue, redonnant aux châtaigniers, à la barrière de bois, aux bûches empilées, au tracé presque abstrait qui les longe, une existence apparemment perdue depuis longtemps. Comme le vide du pré qu’un chat fauve traverse précautionneusement pour disparaître, à gauche, tandis qu’au même instant, surgie de la droite, une pie se pose dans un bref déploiement noir et blanc. »

    L’œil, sans cesse sollicité par l’abondance des détails dont il cherche à se saisir, interrompt parfois son « inventaire » lorsque surgit une voix. Mais à peine la voix s’estompe-t-elle, emportant avec elle les visages un instant imaginés, que le regard reprend de plus belle ses avantages, retrouve sa capacité à projeter sur « l’énigme des choses qui sont là », une « netteté encore plus grande ». De quelque nature que soit le bruit, il ne détourne jamais longtemps le regard. De derrière la vitre, le regard se pose ; pris dans l’embrasure de la fenêtre, il observe, mesure, soupèse les changements infimes qui se produisent au fil de la journée, et de ce changement infime qui naît dans l’image naît aussi le récit.

    « Mais comment montrer des variations aussi infimes, raconter l’imperceptible, l’infini passage de la vie, la seule histoire qui vaille d’être racontée ? »

    Entre l’arbre et l’homme assis à sa table de travail ou debout dans l’encadrement de la fenêtre, la relation est étroite. Parfois même leurs silhouettes se confondent. Une même « immobilité relative » les parcourt, « main qui écrit, feuilles qui bougent ». Une même verticalité fait se superposer leur ombre les jours de soleil. Entre eux deux, les affinités sont nombreuses, même si elles échappent pour partie au regard. Ils appartiennent « au même monde : celui de l’entre-deux et du passage dont ils sont en quelque sorte les témoins ou les gardiens ». « [U]n lien invisible » court de l’un à l’autre que « l’organisation de la pièce » où l’homme écrit, « les couleurs, la lumière même, laisse deviner. » Il arrive parfois que la fenêtre soit ouverte. Le paysage pénètre alors dans la chambre, comme la jeune femme qui vient d’y faire son entrée. Ensemble, la jeune femme, le décor de la chambre, l’appui de fenêtre et le paysage extérieur se fondent en une nouvelle toile, comme brouillés par les tremblements de lumière dans les branches de l’arbre ou par les jeux de reflets dans la vitre. Ainsi apparition et disparition sont-elles presque simultanées et il ne reste de ce moment du récit qu’une fenêtre « vide ». Car le récit se nourrit du moindre détail, de la moindre variation de lumière ou du moindre effluve de vent. Mais il se brise, aussi bien, au moindre détour. Le monde extérieur qui s’organise autour du point d’ancrage qu’est l’arbre motive le récit ; c’est lui qui en est le moteur :

    « C’est le vent qui, aujourd’hui, porte le récit dans l’image »

    Le récit se trame et se tisse dans sa relation à l’image. Il semble parfois s’interrompre ou perdre le fil de sa trajectoire, détourné qu’il est de son objet par les digressions et les « interférences ». Il lui faut alors « réintroduire son ordre et, avec lui, le paysage encore indécis ». Une fois retrouvée la géométrie de l’espace, son « tissage polychrome », le récit peut reprendre à partir et autour de l’axe fondateur qu’est l’arbre.

    Il semble parfois que le couple dont les corps se rejoignent et s’éprouvent sur le grand lit de la chambre investissent de leur désir « l’arborescence bruissante » qui jouxte la fenêtre. Une sorte de mimétisme s’empare des amants. À moins que ce ne soit l’inverse. Et que l’arbre, prompt à se métamorphoser en vaisseau de haute mer, se mue soudain en amant fougueux :

    « Alors, une fois de plus, les yeux reprennent leur trajet sinueux, patient, glissant le long d’une branche dont la courbure évoque un bras à moitié tendu, prêt à faire saillir ses biceps, se perdant plus haut dans un fouillis de ramilles jaillies en éventail d’un seul nœud pareil à un poing serré, sautant plus bas jusqu’au balancement d’un rameau auquel, parmi la profusion vert sombre, pendent inertes et fauves deux ou trois feuilles sèches, écho et présage d’une saison à la fois révolue et prochaine. »

    Et, comme en écho, sur l’autre page :

    « Ces froissements, ces chuchotements au cœur de la pénombre, ce bruissement intermittent, inquiétant presque dans son anonymat, est-ce celui des feuilles, des corps, ou des unes et des autres, frôlés, caressés, troublés par la force invisible (le vent, le désir) qui les traverse, les métamorphose, avant de les laisser oubliés, immobiles, solitaires, dans leurs propres limites ?

    Ainsi va le récit de Jacques Ancet. Récit de poète, écrit dans une prose éblouissante. Ainsi va-t-il, dans ses entremêlements inattendus et ses choix imprévus ; dans ses interrogations et ses énigmes ; dans sa beauté qui s’éprouve dans la lenteur. Récit inépuisable comme l’arbre qui le porte tout au long de ces pages. L’arbre rendu à sa visibilité inouïe. « À l’éblouissement de la première fois. »


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Jacques Ancet  Image et récit




    JACQUES ANCET


    Jacques Ancet
    Source




    ■ Jacques Ancet
    sur Terres de femmes


    [Le chant du même oiseau n’a pas cessé de me poursuivre] (extrait de Huit fois le jour)
    Dans l’indéfini (extrait de Chronique d’un égarement)
    L’égarement
    L’identité obscure (extrait du chant 9 de L’Identité obscure)
    [Je cherche] (extrait de L’Âge du fragment)
    Je reviens
    [On dit quelqu’un] (extrait des Travaux de l’infime)
    On voit toujours (extrait de Puesto que él es este silencio)
    Oublier l’heure (extrait de Chronique d’un égarement)
    L’âge du fragment (extrait de La Vie, malgré)
    [Mais c’est parce qu’il est tard] (extrait de Voir venir Laisser dire)
    14 juillet | Jacques Ancet, Comme si de rien
    10 décembre 2001 | Jacques Ancet, Un morceau de lumière
    4 novembre 2012 | Jacques Ancet [Sous le bruissement du sang, tweet]




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Esprits Nomades)
    une page Jacques Ancet
    Lumière des jours, le blog de Jacques Ancet





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  • Jean-Pierre Siméon | [Chaque pli du matin]


    [CHAQUE PLI DU MATIN]



    Chaque pli du matin
    chaque froissement du réveil
    c’est cela
    parfums sous la mort même
    qui nous retient
    ce fragile gréement de l’air
    qui fait passer les corps
    sur l’autre bord de la folie
    où l’on s’efface
    où peut-être bien l’on s’efface tout à fait
    pour n’être l’un à l’autre
    qu’une mer lointaine
    et sa rumeur

    rumeur jalouse
    dont le poème dit l’essor
    amour contraire
    à tout ce qui se répand
    sans être

    et la rumeur encore est le poème



    Jean-Pierre Siméon, « Éveil », Fresque peinte sur un mur obscur, Cheyne éditeur, 2002, in Lettre à la femme aimée au sujet de la mort et autres poèmes, Éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 2017, page 93. Préface de Jean-Marie Barnaud.






    Jean-Pierre Siméon  Lettre à la femme aimée et autres poèmes





    JEAN-PIERRE SIMÉON


    Jean-Pierre Siméon
    Source




    ■ Jean-Pierre Siméon
    sur Terres de femmes


    On voudrait tenir le feu entre ses dents (autre poème extrait de Fresque peinte sur un mur obscur)
    [Tandis que j’écris ce poème tu dors] (poème extrait de Lettre à la femme aimée au sujet de la mort)
    Retour du refoulé poétique (nrf n° 641)




    ■ Voir aussi ▼


    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Jean-Pierre Siméon





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  • Jean-Pierre Lemaire | [La terre est invisible]



    [LA TERRE EST INVISIBLE]




    La terre est invisible
    et les animaux embarqués gémissent.
    Même le jour, ils rêvent
    de branches pour les oiseaux,
    de feuilles pour les girafes,
    d’une terre meuble où les éléphants
    laissent leurs empreintes.
    Chaque aube défait la tapisserie.
    Dieu est toujours au-delà des nuages ;
    parfois, de nuit, dans l’arche
    où nous aurons connu l’intérieur du monde.



    Jean-Pierre Lemaire, « Noé » in L’Intérieur du monde, Cheyne éditeur, 2002 ; rééd. 2007, page 32.






    Jean-Pierre Lemaire, L'Intérieur du monde






    JEAN-PIERRE LEMAIRE


    Jeanpierre-lemaire
    Source



    ■ Jean-Pierre Lemaire
    sur Terres de femmes

    Giotto (autre poème extrait de L’Intérieur du monde + une notice bio-bibliographique)
    [Ne te hâte pas de regagner la surface] (poème extrait de Visitation)
    [Pendant la tempête](poème extrait des Marges du jour)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Recours au Poème)
    cinq poèmes de Jean-Pierre Lemaire
    → (sur e-litterature.net)
    une lecture de L’Intérieur du monde par Françoise Urban-Menninger





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Patrizia Valduga | [Il cuore sanguina]



    [IL CUORE SANGUINA]




    Il cuore sanguina, si perde il cuore
    goccia a goccia, si piange interiormente,
    goccia a goccia, cosí, senza rumore,
    e lentamente, tanto lentamente,
    si perde goccia a goccia tutto il cuore
    è il pianto resta qui, dentro la mente,
    non si piange dagli occhi, il pianto vero
    è invisibile, qui, dentro il pensiero.




    Patrizia Valduga, Requiem, XV (Marsílio, 1994 ; Giulio Einaudi editore, Collezione di poesia 311, 2002, pagina 19), in Dopo la lirica, Poeti italiani 1960-2000, a cura di Enrico Testa, Giulio Einaudi editore, 2005, pagina 349.








    [LE CŒUR SAIGNE]




    Le cœur saigne, le cœur se perd
    goutte à goutte, on pleure intérieurement,
    goutte à goutte, ainsi, sans bruit,
    et lentement, si lentement,
    goutte à goutte le cœur se perd tout entier
    et les larmes restent ici, au-dedans de l’esprit,
    on ne pleure pas avec les yeux, les vraies larmes
    sont invisibles, ici, au-dedans de la pensée.



    Traduction inédite d’Angèle Paoli






    PATRIZIA VALDUGA


    Patrizia_valduga
    Source




    Née le 20 mai 1953 à Castelfranco Veneto (Treviso), Patrizia Valduga vit aujourd’hui à Milan. Traductrice de John Donne, Molière, Crébillon fils, Mallarmé, Valéry, Shakespeare, Kantor, Céline, Cocteau… elle dirige durant un an la revue Poesia (1988). Elle est l’auteur d’un nombre important de recueils : Medicamenta (Guanda, 1982), Medicamenta e altri medicamenta (Einaudi, 1989), Donna di dolori (Mondadori, 1991), Requiem (Marsílio, 1994), Corsia degli incurabili (Garzanti, 1996), Cento quartine e altre storie d’amore (Einaudi, 1997), Prima antologia (Einaudi, 1998), Quartine. Seconda centuria (Einaudi, 2001), Lezione d’amore (Einaudi, 2004), Il libro delle laudi (Einaudi, 2012).

    « L’œuvre poétique de Patrizia Valduga frappe par le contraste que forme une thématique d’une extrême violence, qui tend à leur point de rupture les pôles d’Eros et de Thanatos dans une atmosphère de passion funèbre, et un très grand raffinement dans le choix des formes classiques dont la rigueur rehausse la violence du poème : tercet dantesque, quatrain, mais aussi huitain ou sonnet. La violence charnelle, la dégradation et l’obscène sont contenus dans un corset de formes pures et traditionnelles qui rappellent à la fois les protocoles sadiens, la dépense de Bataille, Les Lois de l’hospitalité et, plus encore, les œuvres récentes de Bernard Noël ou de Franck Venaille… » (Martin Rueff, in Po&sie, n° 110, « 1975-2004 | 30 ans de poésie italienne », 2, Belin, 2005, page 357).





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  • Guy Bellay | [Mère sédentaire] [Des femmes de ma famille]



    [MÈRE SÉDENTAIRE]



    Mère sédentaire, qui depuis ma naissance tiens la maison en ordre comme si chaque jour était celui du dernier inventaire,

    c’est quand je reviens près de toi que j’erre. Ton attente est la même depuis si longtemps que tu ne touches plus la terre.

    Quand, à tes côtés, je frottais mes semelles sous les tas de feuilles mortes, je ne savais pas que cet ennui était le meilleur de ce que tu pouvais m’offrir.






    [DES FEMMES DE MA FAMILLE]



    Des femmes de ma famille, je me souviens avec joie de deux :

    la noire, à la parole et au cœur précipités, celle qui taillait des pains si bien calés entre ses seins que c’était vraiment le meilleur d’elle qu’elle distribuait, au fond de sa gargote obscure, à des tueurs à fronts de taureau, retour de l’abattoir ;

    et l’affectueuse, belle à tout savoir, qui m’appela pour la dernière fois et me promit des joies de légende, lumineuse sur son grand lit arrêté dans l’ombre de sa chambre, comme sur une charrette de blé un soir de moisson, belle d’avoir à léguer cette lumière de fin d’été, belle et apaisée, comme si elle vivait la perfection dans son étrange abandon.

    Par ces femmes, à peine approchées, je fus sauvé de la sécheresse.



    Guy Bellay, La liberté, c’est dehors, éditions Saint-Germain-des-Prés, 1984 (préface de Georges Mounin), in Guy Bellay, Les Charpentières, Anthologie 1960-1984, éditions le dé bleu, 2002, pp. 100-101.








    Guy Bellay, Les Charpentières






    GUY BELLAY


    Bellay Guy
    Ph. D.R. Michel Durigneux
    Source




    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur Un nécessaire malentendu)
    un autre poème de Guy Bellay, extrait de Restez, je m’en vais (1975 ; repris in Les Charpentières)
    → (sur Traversées)
    In memoriam Guy Bellay, par Bernard Bretonnière
    → (sur Mobilis)
    In memoriam Guy Bellay, par Bernard Bretonnière
    → (sur le site de la Maison de la Poésie de Nantes)
    une notice bio-bibliographique sur Guy Bellay (+ un poème de Guy Bellay : « Mets-toi nue » [Bain public II, éditions P.-J. Oswald, 1968 in Les Charpentières, éditions le dé bleu, 2002, page 31], lu par Daniel Biga)
    → (sur le site de Pierre Perrin)
    une recension des Charpentières





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  • 14 décembre 2001 | Mort de W.G. Sebald

    Éphéméride culturelle à rebours





    Portrait de SEBALD
    Image, G.AdC







    Le 14 décembre 2001 meurt l’écrivain et essayiste allemand Winfried Georg Maximilian Sebald. Victime d’un accident cardiaque au volant de sa voiture sur une petite route de la campagne anglaise, près de Norwich (dans le Norfolk), il disparaît brutalement à l’âge de cinquante-sept ans. Il laisse derrière lui une œuvre singulière, dont la prose, reconnaissable entre toutes, s’accompagne de photographies en noir et blanc prises par l’auteur.

    Son œuvre, composée d’un recueil de poèmes D’après Nature (1988) et de plusieurs textes en prose — Vertiges (1990), Les Émigrants (1992), Les Anneaux de Saturne (1995), Austerlitz (2001), Campo Santo (2003) — connaît à sa mort un succès considérable qui vaut à l’auteur d’être traduit dans plus d’une trentaine de langues et de faire de lui un « phénomène » littéraire.

    Dans Austerlitz, « le plus romanesque » de ses récits, selon certains critiques, Sebald retrace la vie de Jacques Austerlitz, architecte et érudit, en proie à l’obsession d’un passé confisqué par l’Histoire et dont il porte néanmoins le poids. Tout en mêlant fiction et non fiction, le portrait d’Austerlitz se construit autour du mystère de ses parents, de son propre exil et de ses racines juives.





    EXTRAIT d’AUSTERLITZ



    Mais pour en revenir à mon histoire… C’est après cette promenade dans les jardins de Schönborn, de retour à l’appartement, que Věra me parla pour la première fois avec de plus amples détails de mes parents, de leurs origines, pour autant qu’elle les connaissait, de l’existence qu’ils avaient eue et de l’anéantissement de celle-ci, au bout de quelques années. Ta mère Agáta, ainsi commença-t-elle, je crois, dit Austerlitz, en dépit de sa manière taciturne et quelque peu mélancolique, était une femme qui avait tout à fait confiance en la vie et se montrait parfois insoucieuse. Elle était en cela exactement comme son père, le vieil Austerlitz, qui possédait à Sternberg une manufacture de fez et de pantoufles fondée du temps de la domination autrichienne et avait l’air de passer outre à tous déboires et contrariétés. Un jour qu’il était en visite ici, je l’entendis parler de l’essor respectable qu’avait pris son activité, depuis que les gens de Mussolini portaient ces couvre-chefs à demi-orientaux, et dire qu’il avait du mal à les produire en quantité suffisante pour l’exportation en Italie. Agáta elle aussi, confortée par la reconnaissance acquise plus rapidement qu’elle n’avait espéré dans sa carrière de chanteuse d’opéra et d’opérette, croyait que tôt ou tard les choses finiraient par s’arranger, alors que Maximilian, en dépit de cette nature enjouée qu’il partageait avec elle, depuis que je le connaissais, précisa Věra, dit Austerlitz, était persuadée que les parvenus arrivés au pouvoir en Allemagne et les foules et les corporations proliférant à l’infini sous leur férule, qui lui faisaient littéralement horreur, comme il disait souvent, avaient succombé à une rage de conquête et de destruction aveugle, orchestrée autour d’une formule magique, ce mot de « mille » que le chancelier du Reich, ainsi qu’on pouvait l’entendre à la radio, ne cessait de répéter dans ses discours. Mille, dix mille, vingt mille, mille fois mille et des milliers et des milliers : tel était le refrain martelé aux Allemands d’une voix éraillée pour leur chanter leur propre grandeur, mais aussi la fin qui les attendait. Néanmoins, dit Věra, poursuivit Austerlitz, Maximilian ne croyait en aucune façon que le peuple allemand avait été mené à sa perte ; bien plus, selon lui, partant des aspirations individuelles et de l’état d’esprit régnant dans les familles, il s’était lui-même radicalement refondé en se coulant dans ce moule pervers ; et il avait ensuite engendré ces dignitaires nazis que Maximilian tenait tous pour des bons à rien et des têtes brûlées, pour servir de porte-parole symboliques aux instincts profonds qui l’agitai[en]t. Věra se rappelait, dit Austerlitz, une anecdote que Maximilian racontait à l’occasion : un jour, au début de l’été 1933, après une réunion syndicale à Teplice, il avait pris la voiture pour pousser un peu plus avant dans l’Erzgebirge ; et là, dans le jardin d’une auberge, il était tombé sur un groupe de randonneurs qui avaient acheté toutes sortes de provisions du côté allemand, entre autres de nouveaux bonbons sur lesquels étaient coulée, en pâte de sucre et donc fondant effectivement sur la langue, une croix gammée couleur framboise. À la vue de cette confiserie nazie, avait dit Maximilian, il avait soudain réalisé que maintenant les Allemands réorganisaient la totalité de leur production, depuis l’industrie lourde jusqu’à la fabrication d’articles aussi vulgaires, non par contrainte extérieure mais, chacun dans son domaine, par enthousiasme pour le soulèvement national. Věra raconta encore, dit Austerlitz, qu’à plusieurs reprises Maximilian était allé en Allemagne et en Autriche pour se faire une idée plus précise de l’évolution générale, et elle se souvenait, qu’à peine rentré de Nuremberg il lui avait décrit l’accueil faramineux que cette ville avait réservé au Führer, venu assister au congrès du parti nazi. Des heures déjà avant son arrivée, toute la population de Nuremberg et des foules venues de partout, non seulement de Franconie et de Bavière mais aussi des contrées les plus éloignées du pays, du Holstein et de Poméranie tout autant que de Silésie et de Forêt-Noire, s’étaient massées en rangs serrés, brûlant d’impatience, tout le long du trajet que devait emprunter le cortège officiel, jusqu’à ce qu’enfin, au milieu d’une liesse délirante, apparaisse la cavalcade motorisée des lourdes Mercedes, qui se frayèrent un chemin dans la ruelle étroite, fendant la mer des visages extasiés et des bras tendus, tétanisés. Maximilian lui avait expliqué, dit Věra, que dans cette foule qui ne faisait plus qu’un seul être agité d’étranges convulsions et soubresauts, il s’était senti comme un corps étranger qui allait incessamment être broyé et expulsé. De la place de l’église Saint-Laurent où il se trouvait, il avait vu le cortège s’acheminer lentement, à travers la marée humaine, vers la Vieille-Ville dont les maisons à pignons pointus ou biscornus, avec leurs grappes d’habitants aux fenêtres, faisaient songer à un ghetto désespérément surpeuplé dans lequel enfin, avait dit Maximilian, le sauveur tant attendu faisait son entrée triomphale.



    W. G. Sebald, Austerlitz [Austerlitz, Carl Hanser Verlag, 2001], Actes Sud, 2002, pp. 199-200-201-202. Traduit de l’allemand par Patrick Charbonneau.







    Austerlitz, Actes Sud





    ■ W. G. Sebald
    sur Terres de femmes

    W. G. Sebald, Campo Santo (note de lecture d’AP)
    4 décembre | W.G. Sebald, Les Émigrants
    18 mai 1944 | Naissance de W. G. Sebald







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  • Mark Strand | 2002



    2002



    I am not thinking of Death, but Death is thinking of me.
    He leans back in his chair, rubs his hands, strokes
    His beard and says, “I’m thinking of Strand, I’m thinking
    That one of these days I’ll be out back, swinging my scythe
    Or holding my hourglass up to the moon, and Strand will appear
    In a jacket and tie, and together under the boulevards’
    Leafless trees we’ll stroll into the city of souls. And when
    We get to the Great Piazza with its marble mansions, the crowd
    That had been waiting there will welcome us with delirious cries,
    And their tears, turned hard and cold as glass from having been
    Held back so long, will fall, and clatter on the stones below.
    O let it be soon. Let it be soon.”



    Mark Strand, Man and Camel, Alfred A. Knopf, New York, 2007, p. 7.







    2002



    Je ne pense pas à la Mort, mais la Mort pense à moi.
    Elle se penche en arrière dans son fauteuil, se frotte les mains, caresse
    Sa barbe et dit : « Je pense à Strand, je pense
    Qu’un de ces jours, je sortirai, en agitant ma faux
    Ou bien en brandissant mon sablier vers la lune, et Strand apparaîtra
    En veste et cravate, et nous déambulerons ensemble
    Sous les arbres défeuillés dans la cité des âmes. Et quand
    Nous arriverons à la Grand-Place avec ses manoirs de marbre, la foule
    Qui nous y attendait nous accueillera avec des cris de liesse,
    Et leurs larmes, devenues aussi dures et froides que du verre pour avoir été
    Retenues si longtemps, tomberont et résonneront sur les pierres.
    Ô que cela vienne vite. Que cela vienne vite. »



    Traduction inédite de Thierry Gillybœuf.







    MARK  STRAND


    Mark Strand 2
    Photo credit: Timothy Greenfield
    Source




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Terre à ciel)
    Mark Strand, traduit par Cécile A. Holdban et Thierry Gillybœuf
    → (sur Ce Qui Reste)
    plusieurs poèmes de Mark Strand, traduits par Cécile A. Holdban
    → (sur le site de l’Academy of American Poets)
    Mark Strand, 1934-2014
    → (sur le site de Libération)
    « Mark Strand, un poète vers l’au-delà », par Philippe Lançon






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  • Olivier Larronde | Amours



    AMOURS



    Sans noms, la géographie des nuages manipule nos presqu’îles, d’une stabilité dérisoire.

    Un sage et beau pays peu imaginatif se laisse transformer par elle qui passe le temps à se déformer pour lui, comme pour d’autres.



    Olivier Larronde, « En prose », Rien voilà l’ordre, L’Arbalète, 1961, in Œuvres poétiques complètes, précédées de Villon adore rire, par Jacques Roubaud et de Brève vie d’Olivier Larronde, par Jean-Pierre Lacloche, Le Promeneur | Éditions Gallimard, 2002, page 118.








    Olivier Larronde, Œuvres poétiques complètes





    OLIVIER LARRONDE


    Olivier Larronde
    Source



    ■ Olivier Larronde
    sur Terres de femmes

    Vendange



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Les Trompettes Marines)
    Olivier Larronde ou le dernier poète maudit, par François Reibel
    → (sur La Pierre et le Sel)
    « Olivier Larronde, poète maudit » (un dossier établi par Jean Gédéon)
    → (sur écrits-vains.com)
    « Olivier Larronde ou l’archange poète » (article de Joë Ferami)




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