Étiquette : 2003


  • Bernard Bretonnière | [Mon père mon héros]


    [MON PÈRE MON HÉROS]






    Mon père deux maisons pas les mêmes livres
    pas les mêmes horaires pas les mêmes occupations mon père                              deux vies.

    Mon père tombé amoureux de ma mère il y a cinquante-cinq ans à Berck-Plage

    ça dure.

    Mon père feu dans la cheminée onze mois sur douze toujours sa règle de trois : deux bûches d’abord

    la troisième posée dessus au milieu
    – ou sa règle de six quand les bûches sont plus petites :

    trois          plus deux          plus une.

    Mon père pas cuisiner mais effiler des haricots beurre

    écosser des petits pois

    cuire des betteraves dans le diable

    sait le faire.

    Mon père  écaillant  vidant  chaque poisson qu’il pêche : une éthique.

    Mon père rural.

    Mon père il est cap’ de déclamer des tirades entières de Phèdre du Cid de Cyrano de Bergerac des poèmes d’Alfred de Vigny de José-Maria de Heredia des pages de latin et des pages de grec il est cap’

    et de chanter des paillardes avec vingt-cinq couplets.

    Mon père d’où il sort ses antiquailles soi-disant familiales : « Faut-y qu’les femmes soient si tant tellement garces

    pour faire des soupes si tant tellement
    chaudes »
    « Qui boit en mangeant sa soupe

    quand il est mort, il n’y voit goutte »
    se souvient plus

    j’ai retrouvé c’est Rabelais.

    Mon père mon héros son sourire si doux
    mon père se plaisant à citer ses classiques :
    « Donne-lui tout de même à boire dit mon père. »




    Bernard Bretonnière, Pas un tombeau, suite de proses rapides pour dire un père, éditions Le Dé bleu, 2003 ; rééd. éditions l’œilébloui, 2014, pp. 17-18.






    PAS-UN-TOMBEAU



    BERNARD BRETONNIÈRE


    Bernard Bretonnière  Guidu
    Source




    ■ Bernard Bretonnière
    sur Terres de femmes


    Ça m’intéresse de savoir (extraits)
    Inoubliables et sans nom (extraits)
    [Je suis cet homme à la triste figure] (extrait de Je suis cet homme, fiction suprême)




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur le site des éditions l’œilébloui)
    la fiche de l’éditeur sur pas un tombeau
    → (sur le site des éditions l’œilébloui)
    une notice bio-bibliographique sur Bernard Bretonnière





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  • Philippe Denis | [Il est des pages qui nous expriment]


    [IL EST DES PAGES QUI NOUS EXPRIMENT]




    Il est des pages qui nous expriment.
    Certaines – témoins de nos fatigues –
    resteront blanches ; d’autres – témoins
    de notre paresse – seront celles où,
    par négligence, nous aurons triomphé.



    Journée de grand vent.
    On peut prendre toutes les directions.

    *

    Sur ces chemins habitués à nos pas,
    à nos précautions, nous nous sommes surpris
    à saluer une idée qui allait en sens inverse.



    […]



    Sortir pour vérifier que le monde est là,
    sur le chemin du retour faire comme s’il
    n’avait jamais été

    s’en remettre, une fois pour toutes, à la
    rêverie.




    Philippe Denis, Nugæ, éditions La Dogana, Collection Poésie, 2003, pp. 32, 33, 36. Avant-propos (« La pauvreté, le surcroît ») d’Yves Bonnefoy. In Chemins faisant, poèmes 1974-2014 choisis par l’auteur, éditions Le Bruit du temps, 2018, pp. 210, 211, 214.





    Philippe Denis  Nugae




    PHILIPPE DENIS


    Philippe Denis
    Ph. Violaine Lison
    Source





    ■ Philippe Denis
    sur Terres de femmes


    [Ici, où je vis, en attente] (poème extrait de Cahier d’ombres)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site du cipM, centre international de poésie Marseille)
    une notice bibliographique sur Philippe Denis
    → (sur Wikipedia)
    une notice bio-bibliographique sur Philippe Denis





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  • Jean Tardieu | Complainte du verbe être




    CAILLOU BIS
    Ph., G.AdC







    COMPLAINTE DU VERBE ÊTRE




    Je serai je ne serai plus je serai ce caillou
    toi tu seras moi je serai je ne serai plus
    quand tu ne seras plus tu seras
    ce caillou.
    Quand tu seras ce caillou c’est déjà
    comme si tu étais n’étais plus,
    j’aurai perdu tu as perdu j’ai perdu
    d’avance. Je suis déjà déjà
    cette pierre trouée qui n’entend pas
    qui ne voit pas ne bouge plus.
    Bientôt hier demain tout de suite
    déjà je suis j’étais je serai
    cet objet trouvé inerte oublié
    sous les décombres ou dans le feu ou l’herbe froide
    ou dans la flaque d’eau, pierre poreuse
    qui simule un murmure ou siffle et qui se tait.
    Par l’eau par l’ombre et par le soleil submergé
    objet sans yeux sans lèvres noir sur blanc
    (l’œil mi-clos pour faire rire
    ou une seule dent pour faire peur)
    j’étais, je serai je suis déjà
    la pierre solitaire oubliée là,
    le mot seul sans fin toujours le même ressassé.




    Jean Tardieu, Un monde ignoré, 1974, in Œuvres, éditions Gallimard, Collection Quarto, 2003, page 1059.






    Tardieu montage




    JEAN TARDIEU


    Jean Tardieu 1
    Source




    ■ Jean Tardieu
    sur Terres de femmes


    Feindre de fuir… (extrait des Figures du mouvement)
    Le voyage (extrait de Jours pétrifiés)
    1er novembre 1903 | Naissance de Jean Tardieu





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  • Mohja Kahf | Hijab Scene #7



    HIJAB SCENE#7




    Hijab  7
    Source








    No, I’m not bald under the scarf
    No, I’m not from that country
    where women can’t drive cars
    No, I would not like to defect
    I’m already American
    But thank you for offering
    What else do you need to know
    relevant to my buying insurance,
    opening a bank account,
    reserving a seat on a flight?
    Yes, I speak English
    Yes, I carry explosives
    They’re called words
    And if you don’t get up
    Off your assumptions
    They’re going to blow you away




    Mohja Kahf, E-Mails from Scheherazad, University Press of Florida, 2003.





    Mohja Kahf  E-mails from Scheherazad






    SCÈNE AU HIJAB, n°7



    Non, je ne suis pas chauve sous le voile
    Non, je ne viens pas de ce pays
    où les femmes n’ont pas le droit de conduire
    Non, je n’aimerais pas quitter mon pays
    je suis déjà américaine
    Mais merci de me l’avoir proposé
    Que voulez-vous savoir de plus
    pour que je puisse souscrire une assurance
    ouvrir un compte en banque,
    réserver un billet d’avion ?
    Oui, je parle anglais
    Oui, je transporte des explosifs
    On les appelle des mots
    Et si vous ne vous débarrassez pas vite
    De vos préjugés
    Ils vont vous pulvériser



    Mohja Kahf, E-Mails from Scheherazad, 2003 in Je transporte des explosifs on les appelle des mots, Poésie & féminismes aux États-Unis, essai de Jan Clausen et anthologie bilingue de poèmes, éditions Cambourakis, collection Sorcières, 2019, pp. 194-195. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Oliv Zuretti & Meghan McNealy, Charlotte Blanchard, Gerty Dambury et le Collectif Cases Rebelles.





    Je transporte des explosifs on les appelle des mots





    MOHJA KAHF


    Mohja Kahf 3
    Source



    Mohja Kahf est née à Damas en 1967. Poétesse, féministe musulmane et militante du Syrian Non Violence Movement depuis le tout début du conflit armé en Syrie (2011), elle est arrivée avec ses parents aux États-Unis à l’âge de trois ans. Docteure en littérature comparée, elle est professeure d’anglais à l’Université de l’Arkansas et est l’auteure de nombreux articles sur les représentations de la femme musulmane dans la littérature (Western Representations of the Muslim Woman: From Termagant to Odalisque, Austin: University of Texas Press, 1999).

    Mohja Kahf a notamment publié deux recueils de poèmes : E-Mails from Scheherazad (2003), dont est extrait le poème ci-dessus, et Hagar Poems (Université de l’Arkansas Press, 2016).





    ■ Voir aussi ▼


    → (sur U.S. Studies Online)
    une page (en anglais) sur Emails from Scheherazad de Mohja Kahf
    → (sur fr.wikipedia)
    une bio-bibliographie de Mohja Kahf
    → (sur En attendant Nadeau)
    « Poétesses guerrières », par Jeanne Bacharach
    → (sur Poetry Foundation)
    une page sur Mohja Kahf






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  • Corse_3 Yves Bonnefoy | [De Caraco à l’île de Capraia]





    Capraia carte






    [DE CARACO À L’ÎLE DE CAPRAIA]*



    Voilà ce que je rêve, à ces carrefours, ou un peu après — et il s’ensuit que je suis troublé par tout ce qui peut favoriser l’impression qu’un lieu autre, et qui le demeure, se propose pourtant, avec même quelque insistance. Quand une route s’élève, me découvrant au loin d’autres chemins dans les pierres, avec des villages visibles ; quand le train se glisse dans une vallée resserrée, au crépuscule, passant devant des maisons où il arrive qu’une fenêtre s’éclaire ; quand le bateau suit d’assez près un rivage, où le soleil se prend à une vitre lointaine (et une fois c’était Caraco**, où l’on me dit que les chemins n’arrivaient plus, mangés depuis longtemps par les ronces), c’est vite en moi la très spécifique émotion, je crois approcher, je me sens requis à la vigilance. Comment se nomment ces villages, là-bas ? Pourquoi un feu sur cette terrasse, qui salue-t-on ainsi à notre bord, qui appelle-t-on ? Bien sûr, que j’arrive en un de ces lieux et l’impression d’avoir « brûlé » se dissipe. Non sans pourtant s’accroître parfois toute une heure à cause d’un bruit de pas ou de voix qui est monté jusqu’à ma chambre d’hôtel, à travers les persiennes closes.

    Et Capraia***, si longtemps l’objet de mes vœux ! Sa forme — une longue modulation de cimes et de plateaux — me semblait parfaite, et je ne pouvais en détacher mes yeux pour des minutes entières, surtout le soir, depuis qu’elle avait surgi de la brume le second jour du premier été, et tellement plus haut que je n’avais cru que se trouvait l’horizon. Or, Capraia appartenait à l’Italie, rien ne la reliait à l’île où j’étais moi-même, on disait aussi qu’elle était presque déserte : tout se prêtait donc à ce que ce nom, qui la réduisait à quelques bergers, à leur errance à jamais sur des tables rocheuses au ras du ciel dans le jasmin, l’asphodèle (quelques oliviers et caroubiers dans les creux), lui conférât une qualité d’archétype et en fît, pour ma pensée désirante, le vrai lieu. Ainsi pour quelques saisons, puis ma vie changea, je ne vis plus Capraia, je l’oubliais presque, et d’autres années passèrent. Après quoi il advint que je pris un bateau un matin à Gênes, allant en Grèce, et vers le soir, brusquement, je me sentis pousser à monter sur le pont et à regarder vers l’ouest, où paraissaient déjà, où allaient passer à droite de nous, et tout près, quelques rochers, un rivage. Un regard, un ébranlement intérieur : une mémoire en moi, plus profonde que la conscience, ou plus aux aguets, avait compris avant que je sache. Est-ce possible, mais oui, c’est Capraia par son autre bord, celui que je n’avais jamais vu, l’inimaginable ! Dans sa forme changée, ou plutôt annulée par notre proximité (car vraiment nous passions à cent mètres à peine du rivage), l’île avançait, s’ouvrait, se révélait — brève côte, terre de rien, on n’y voyait qu’un petit débarcadère, un chemin qui s’en éloignait, quelques maisons çà et là, une sorte de forteresse sur un à-pic — allait bientôt disparaître.

    Et je fus alors pris de compassion. Capraia, tu appartiens à l’ici du monde, comme nous. Tu souffres de finitude, tu es dessaisie du secret, recule donc, efface-toi dans la nuit qui tombe. Et veille là, ayant établi avec moi d’autres liens, dont je ne veux rien savoir encore, car je reste requis par l’espérance, ou le leurre. Demain je verrai Zante, Céphalonie, beaux noms aussi et plus grandes terres, préservées par leur profondeur.



    Yves Bonnefoy, L’Arrière-Pays [éditions Albert Skira, 1972], I, Éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 1998-2003-2005, pp. 14-15-16-17.



    _________________
    NOTES d’AP :
    * choix d’extrait que je dédie à Odile Bombarde, maître de conférences au Collège de France, éditrice (avec Patrick Labarthe) du tome 1 de la Correspondance d’Yves Bonnefoy (Les Belles Lettres, 2018).
    ** Caraco ou Caracu, hameau abandonné (vers 1925) du village de Meria (Cap Corse).
    *** troisième île de l’archipel toscan en mer Tyrrhénienne (province de Livourne), entre l’Italie et le Cap Corse. Une île qu’Yves Bonnefoy a souvent observée depuis le Cap Corse, durant ses nombreux séjours à Porticciolo (marine de Cagnano), dans la demeure familiale de sa première épouse, Éliane Catoni, de l’été 1945 à l’été 1956. En 1767, l’île de Capraia fut conquise par Pasquale Paoli, mais demeura génoise lorsque la Corse fut cédée à la France par la république de Gênes (1768).






    Yves Bonnefoy  L'Arrière-Pays





    YVES BONNEFOY


    Bonnefoy
    Image, G.AdC




    ■ Yves Bonnefoy
    sur Terres de femmes

    → 25 juin 1981|
    Élection d’Yves Bonnefoy au Collège de France
    À la voix de Kathleen Ferrier
    L’Arrière-pays (lecture d’AP)
    « Le dialogue d’angoisse et de désir »
    Donner des noms
    Le myrte
    Les Raisins de Zeuxis
    Vrai nom
    Les Planches courbes : feuilleton pédagogique en 26 épisodes à l’usage des lycéens




    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site Université de tous les savoirs)
    écouter/voir la vidéo d’une conférence d’Yves Bonnefoy (La parole poétique) du 17 novembre 2000
    → (sur le site du Collège de France)
    une bio-bibliographie d’Yves Bonnefoy





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  • Françoise Matthey | [Une louve au souffle court]



    La félonie des cendres dérive vers une coulée d’oiseaux
    Ph., G.AdC





    [UNE LOUVE AU SOUFFLE COURT]




    Une louve au souffle court
    a suspendu son pas
    s’offre à la fébrilité de l’aube

    Éprise de ce fléchissement du temps
    la félonie des cendres dérive vers une coulée d’oiseaux

    J’oublie qu’hier encore j’avais froid

    J’embrasse ma part d’infini

    et que m’importe la confusion des siècles
    mes mains se tendent
    vers les pollens qui en savent
    ô combien plus
    que les arpèges du vent



    Françoise Matthey, Moins avec mes mains qu’avec le ciel, Poème, Éditions Empreintes, 2003, page 44.





    Françoise Matthey, Moins avec mes mains qu'avec le ciel





    FRANÇOISE  MATTHEY


    Françoise Matthey 3
    Source




    ■ Françoise Matthey
    sur Terres de femmes

    [À quoi bon ces colères] (extrait d’Avec la connivence des embruns)
    [Sur la berge du fleuve] (extrait de Comme Ophélie prenait dans l’eau sa force)
    [le milan] (extrait de Dans la lumière oblique)
    [C’est un genre de journée où l’on laisse tout tomber] (extrait de Pour qu’au loin s’élargisse l’estuaire)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Cultur@ctif)
    plusieurs pages sur Françoise Matthey



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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Pascal Commère | [Blanche, la gelée aux quatre coins]



    Mais qui suis-je au plus bas du monde
    Ph., G.AdC






    [BLANCHE, LA GELÉE AUX QUATRE COINS]




    Blanche, la gelée aux quatre coins — surprend le monde !



    Attendant
    la houle grande du printemps, la foule
    des orges qui épieront. Des quatre pieds, comme figure
    toute gloire drapée de boue et d’or. Et qu’importent
    les mouches affairées dans le trop-plein d’air moite — ô dissidentes !
    Mais qui suis-je au plus bas du monde ? Anxieux
    de l’herbe qui tarde en sa pousse fébrile, résigné
    dans l’attachement fier au finage illusoire.



    Pascal Commère, « Songe du petit cheval déplacé en terre franque », Bouchères, Obsidiane, 2003, in Des laines qui éclairent, Une anthologie, 1978-2009, Obsidiane & Le temps qu’il fait, 2012, page 286.








    PASCAL COMMÈRE


    Commere
    Source




    ■ Pascal Commère
    sur Terres de femmes


    [La courbe des fumées là-bas] (poème extrait de Territoire du Coyote)
    Territoire du Coyote (note de lecture d’AP)
    Mémoire, ce qui demeure (note de lecture d’AP)
    Lettre de la mère (extrait de Mémoire, ce qui demeure)
    Sur la poussière
    [Crayonné paysage] (poème extrait de « Sur une ligne de crête en Toscane »)



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur Terre à ciel)
    une page consacrée à Pascal Commère (nombreux extraits + notice bibliographique)
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Pascal Commère
    → (sur le site de France Culture)
    Pascal Commère dans Ça rime à quoi de Sophie Nauleau (émission du 13 mai 2012)





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  • Philippe Beck, Dans de la nature, 87

    «  Poésie d’un jour »


    Dizaine « Philippe Beck » sur TdF


    Agenda culturel :
    « Philippe Beck, un chant objectif aujourd’hui »
    (Colloque de Cerisy – 26 août | 2 septembre 2013)







    Vicky Neumann
    Vicky Neumann, Sin Título,
    De La Época Retratos De Familia,

    Huile et encaustique sur toile, 1997
    100 x 80 cm.
    Source






    87





    Dès lors, chaman est environnemental ?
    Il chante passages fatals
    sur grande écharpe de lumière,
    épylles de danseurs fiers et
    les échelles de Muette.
    J’appelle Muette celle qui crée
    des chamans censés faire la toilette.
    M. a un silence ouvert.
    La Séparée, muette, autorise
    une entrée dans la société —
    Muette est petite anature de loin.
    Toile de fond vert-de-gris,
    franches futures lueurs,
    infertiles étangs de possibilités,
    elle mérite une optique.
    Rétribution de p.a.l.
    aide le détourisme
    et du coup la saisie des plis mouvants
    de société. L’aura rustique est utile.
    Muette, la petite anature de loin,
    plisse les bâtiments, les rues, les décrets,
    éclaire le triste qui est la matière de chaman.
    Lumière bouche cousue passe
    par l’eau régulièrement versée.
    La jarre est une aire.




    Philippe Beck, Dans de la nature, Éditions Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, 2003, page 99.







    Philippe Beck, Dans de la nature







    PHILIPPE BECK

    Philippe Beck




    ■ Philippe Beck
    sur Terres de femmes

    Boustrophes, « Variation XIII »
    Chambre à roman fusible [XXXIV. « Fermeture-phénomène »]
    De la Loire [Vague de pierre 36]
    Lyre d’& XIV (extrait de Lyre Dure)
    Les murs capitonnés (extrait de Poésies didactiques)
    Les variations poétiques de Philippe Beck ou le tempo universel du monde (chronique de Sylvie Besson)
    Poésies premières (lecture de Tristan Hordé)
    Pages vertes (un extrait de Rude merveilleux, in Poésies premières)
    Pré-journal II (extrait de Un journal)
    Rêve (poème extrait de Chants populaires)
    Suie (poème extrait de Chants populaires)
    [Tout a lieu] (poème extrait de Aux recensions)
    22 octobre 2005 | Philippe Beck, Un journal
    28 janvier 2006 | Philippe Beck, Un journal



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    (sur remue.net) un dossier consacré à Philippe Beck
    → (sur le site du Centre Atlantique de Philosophie)
    une page consacrée à Philippe Beck
    → (sur Lyrikline)
    Philippe Beck dit deux de ses poèmes





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  • Francesco Scarabicchi | [Sarai di me l’unica luce ancora]

    «  Poésie d’un jour  »



    Pioggia persa
    Ph., G.AdC







    [SARAI DI ME L’UNICA LUCE]



    « Sarai di me l’unica luce ancora,
    i passi che cammino senza affanno,

    un sentiero che sceglie il verde e il Monte,
    la pioggia appena persa, i suoi torrenti

    che rasentano il grano, gli alti cardi,
    una luna gentile che si attarda

    all’angolo più umile del cielo. »




    Francesco Scarabicchi, Missive (7), L’esperienza della neve, Donzelli editore, Collana Poesia, Roma, 2003, pagina 101.





    Francesco Scarabicchi  L'esperienza della neve








    [TU SERAS DE MOI L’UNIQUE LUMIÈRE]



    « Comme hier, tu seras de moi l’unique lumière,
    la marche que j’entreprends sans perdre haleine,

    un sentier qui choisit le vert et le Mont,
    la pluie à l’instant égarée, ses torrents

    qui frôlent le blé, les hauts chardons,
    une lune gracieuse qui s’attarde

    dans l’angle le plus effacé du ciel. »



    Traduit de l’italien par Angèle Paoli




    FRANCESCO  SCARABICCHI


    Francesco scarabicchi
    Source




    Né à Ancone le 10 février 1951, Francesco Scarabicchi a passé toute son enfance à Grottammare (province d’Ascoli Piceno dans les Marches) avant de retourner dans sa ville natale, où il vit toujours.

    Avec Franco Scataglini, Massimo Raffaeli et le poète Gianni D’Elia, Scarabicchi est à l’origine (au début des années 1980) du projet culturel et de la revue radiophonique Residenza, qui vise à mettre un terme à la diaspora des talents régionaux vers les grandes zones urbaines et à promouvoir une poésie et un art ancrés et recentrés dans les « lieux de résidence », qui ne soient plus à la périphérie des lieux de poésie.

    Depuis 1982, il a publié une vingtaine de recueils de poèmes, dont La porta murata (Residenza, 1982), Il viale d’inverno (L’Obliquo, 1989), Il prato bianco (L’Obliquo, 1997 ; rééd. Einaudi, 2017), L’esperienza della neve (Donzelli, 2003), Il segreto (L’Obliquo, 2007), L’ora felice (Donzelli, 2010), Nevicata (avec des eaux-fortes de Nicola Montanari, Liberilibri, 2013).

    En collaboration avec le peintre brescian Giorgio Bertelli, il a réalisé, parmi d’autres ouvrages, Via Crucis (Sestante, 1994) et Diario di Càlena (Stamperia dell’Arancio, 1995). Traducteur d’Antonio Machado et de Federico García Lorca pour les éditions Taccuino spagnolo (L’Obliquo, 2000), Francesco Scarabicchi est aussi l’auteur de monographies consacrées aux peintres Ernesto Treccani, Valeriano Trubbiani et Giorgio Bertelli.

    En 2017, il a été le lauréat du Premio Nazionale Letterario Pisa, section Poésie.




    ■ Francesco Scarabicchi
    sur Terres de femmes


    Sixième prélude (extrait d’Un oubli de neige)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur La punta della lingua)
    un entretien (en italien) de Francesco Scarabicchi avec Valerio Cuccaroni





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