Étiquette : 2004


  • Mario Benedetti | [Sta solo fermo nella tosse]

    « Poésie d’un jour

    choisie par Joëlle Gardes



    [STA SOLO FERMO NELLA TOSSE]



    Sta solo fermo nella tosse.
    Un po’ prende le mani e le mette sul comodino
    per bere il bicchiere di acqua comprata,
    come tanti prati guardati senza dire niente,
    tante cose fatte in tutti i giorni.
    Intorno ha una cassettiera con lo specchio,
    due sedie scure, un armadio, l’incandescenza minuscola di una stufa.
    Dei centrini, la stampa di una natività con il rametto di ulivo,
    un taccuino, dei pantaloni, delle cose sue.
    Davanti il cielo che è venuto insieme a lui,
    gli alberi che sono venuti insieme a lui. Forse una ghiaia di giochi
    e dei morti, che sono silenzio, un solo grande silenzio, un silenzio di tutto.
    A volte l’acqua del Cornappo era una saliva più molle,
    un respiro che scivolava sui sassi.
    A volte tutto era l’uccellino del freddo disegnato sul libro di lettura
    vicino a una poesia scritta in grande da imparare a memoria.
    A volte niente, venire di qua a prendere il pezzo di cioccolato
    e la tosse, quella maniera della luce di far tremare le cose,
    gli andirivieni, il pavimento stordito dallo stare male.




    Mario Benedetti, « Per mio padre », Umana Gloria, Mondadori, Collana Lo Specchio, 2004, pp. 27-28.





    Umana gloria 3









    [IL SE TIENT IMMOBILE DANS SA TOUX]




    Il se tient seul immobile dans sa toux.
    Il prend un peu ses mains et les met sur la table de nuit
    pour boire le verre d’eau achetée,
    comme tant de prés regardés sans rien dire,
    tant de choses faites jour après jour.
    Autour de lui il y a une commode avec miroir,
    deux chaises foncées, une armoire, la minuscule incandescence d’un poêle.
    Des napperons, sur une gravure la nativité avec un rameau d’olivier,
    un carnet, des pantalons, des choses à lui.
    Devant le ciel venu en même temps que lui,
    les arbres venus en même temps que lui. Peut-être les graviers d’un terrain de jeux
    et des morts, qui sont silence, un seul grand silence, un silence de tout.
    Parfois l’eau du Cornappo était une salive plus douce,
    une respiration qui glissait sur les cailloux.
    Parfois tout était le petit oiseau du froid dessiné sur le livre de lecture
    à côté d’une poésie écrite en gros pour qu’on l’apprenne par cœur.
    Parfois, rien, venir prendre le bout de chocolat
    et la toux, cette façon qu’a la lumière de faire trembler les choses,
    les allées et venues, le sol assourdi par la maladie.




    Traduit de l’italien par Joëlle Gardes
    Traduction inédite
    pour Terres de femmes





    MARIO BENEDETTI


    Mario Benedetti portrait
    Source




        Mario Benedetti est né à Nimis (Udine) le 9 novembre 1955 et mort à Piadena (Cremona) le 27 mars 2020. Il a passé son enfance dans le Frioul avant de s’établir à Milan. Diplômé en esthétique, il a publié plusieurs recueils, I secoli della Primavera (Sestante, 1992), Umana gloria (2004), Pitture nere su carta (2009), Tersa morte (2013), ainsi qu’un volume de réflexion Materiali di un’identità (Transeuropa, 2010). Il a collaboré à l’Almanacco dello Specchio (Mondadori) et a traduit plusieurs poètes français (Benoît Conort, Michel Deguy, Yves Bonnefoy…). Prix Brancati 2014 pour Tersa morte.





    ■ Mario Benedetti
    sur Terres de femmes


    | [Ma tu lo sai che c’era?]





    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Recours au poème)
    une page sur Mario Benedetti (+ plusieurs poèmes extraits de Tersa morte, traduits par Jean-Charles Vegliante)
    → (sur Une autre poésie italienne)
    une page sur Mario Benedetti (+ plusieurs poèmes extraits de Pitture nere su carta)
    → (sur Poesia de Luigia Sorrentino)
    une page (en italien) sur Tersa morte de Mario Benedetti (+ plusieurs poèmes extraits de Tersa morte)
    → (sur Poesia de Luigia Sorrentino)
    Addio a Mario Benedetti (1955-2020)
    → (sur le site du Nouveau Recueil)
    In memoriam Mario Benedetti (PDF)



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  • Vera Pavlova | [Un testament]



    [Завещание]



    Завещание — план прожитой жизни.
    Над своим гробом не хочу слышать
    си-минорный прелюд Рахманинова, allegretto
    из Седьмой Бетховена, ничего из любимого
    Чайковского. Хочу: А-dur-ный фортепианный
    Моцарта, adagietto из Пятой Малера
    и Девятую Брукнера, часть третью.
    А впрочем, можешь завести, что хочешь:
    кто плачет, тот и заказывает музыку.







    [UN TESTAMENT]



    Un testament est le schéma d’une vie achevée.
    Autour de mon cercueil je ne veux pas qu’on joue
    le prélude en si mineur de Rachmaninov, l’allegretto
    de la Septième de Beethoven, aucun air
    du bien-aimé Tchaïkovski. Je désire entendre
    la sonate pour piano en la majeur de Mozart,
    l’adagietto de la Cinquième de Malher
    et la Neuvième de Bruckner, troisième mouvement.
    Au demeurant, fais comme bon te semble :
    C’est à celui qui pleure de commander la musique.



    Vera Pavlova, L’Animal céleste, L’Escampette Éditions, 2004, page 45. Anthologie traduite du russe par Jean-Baptiste Para & Hugo Para.





    Вера Павлова


    Vera_pavlova_1
    Image, G.AdC



    ■ Vera Pavlova
    sur Terres de femmes

    Ce n’est pas moi (+ une notice bio-bibliographique)
    → (dans l’anthologie Terres de femmes)
    Je voudrais t’écrire une lettre…



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site Poetry Magazines)
    une interview de Vera Pavlova (« How do you relate to the expression: “women’s poetry”? »)
    → (sur le site de TV5 Monde)
    une courte interview de Vera Pavlova
    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes dits par Vera Pavlova
    → (sur vimeo.com)
    de nombreux poèmes dits par Vera Pavlova






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  • Issa Makhlouf | Au-delà de la vue



    AU-DELÀ DE LA VUE (extrait)



    L’aveugle dit : « Combien de solitude dans cet or ». Qui dit que l’aveugle ne voit pas ? Il voit, mais à sa manière. Il voit l’unité du métal et son isolement terrible. Métal qu’on arrache à la terre et aux pierres, comme on arrache à sa coquille et à son eau l’huître du fond des mers. C’est cette solitude qui met à nu les entrailles de la terre et le mouvement de l’univers. Et lui, cet or, est-il le cœur de l’univers, est-il le rayonnement muet devenu givre ? Ou bien est-il cette lueur lointaine non encore parvenue jusqu’à nous ? Nous, les enfants d’une terre oubliée.

    Et l’aveugle de se demander : pourquoi ne voir qu’avec les seuls yeux, ces deux boules douceâtres ? Pourquoi pas avec le corps entier ? N’est-ce pas le corps qui est le passage vers la poussière à travers les voies de ses doutes et de ses certitudes ? N’est-il pas cette écume évanescente, inutilement tombée dans ses abîmes ? À peine s’est-il posé la question que l’aveugle est déjà sûr de n’être sûr de rien.

    Son premier écrit était un poème, c’est-à-dire une simple tentative de capter le souffle du temps et de retourner vers des lieux perdus à jamais. C’est ainsi qu’il se mit à rêver à des villes lointaines qu’il ne verrait plus car sa cécité les recouvrirait de son ombre. À des mers où il ne s’embarquerait pas, celles-là mêmes que des dents de dauphins déchirèrent. Et à des auberges où il dormirait une nuit, jamais deux. À imaginer une mer, une plaine ou une montagne, à écouter même de la musique, parfois, dans le sentiment d’être sur le point de recueillir quelque chose qu’il ne pourra jamais exprimer. Car écriture et labyrinthe, écriture et miroirs, miroirs et masques, nuit et boussole, tout cela n’est que le reflet des choses, rien de plus.

    Convaincu qu’on n’invente plus rien de nouveau, qu’on ne fait que mettre au goût du jour des inventions passées et des destins entiers d’écriture, il avait davantage de plaisir à lire qu’à écrire. Quoiqu’il en fût, en écrivant et en racontant, il donnait l’impression de réciter des textes déjà lus, c’est- à-dire qu’en écrivant, il n’écrivait pas mais se souvenait. C’est pour cela qu’il s’autorisait à s’attribuer tous les textes qu’il voulait. Pourquoi diable réécrire les textes dont il eut désiré être l’auteur ? Il en était l’auteur, à coup sûr, mais comme écrites par une autre main. La main d’un autre.



    Issa Makhlouf, « Au-delà de la vue », Mirages, Éditions José Corti, 2004, pp. 32-33-34. Traduit de l’arabe (Liban) par Nabil El Azan.






    Mirages






    ISSA MAKHLOUF


    Makhlouf
    Ph. © Thierry Rambaud/
    IMA



    ■ Issa Makhlouf
    sur Terres de femmes

    Issa Makhlouf, Lettre aux deux sœurs (note de lecture d’AP)
    L’écriture sourit à la mort (extrait d’Une ville dans le ciel)
    Les pluies des amants (autre extrait d’Une ville dans le ciel)
    l’incipit de Lettre aux deux sœurs
    Celui qui part, laissons-le partir (extrait de Lettre aux deux sœurs + notice bio-bibliographique)
    Où es-tu ? (extrait de Leurs rêves endormis flottent sur les vagues)



    ■ Voir aussi ▼

    le site officiel d’Issa Makhlouf
    → (sur Terres de femmes)
    « Les traversées poétiques d’Andrée Chedid »






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  • Geoffrey Squires, Sans titre (extrait)



    L’espace entre deux champs
    Ph., G.AdC






    UNTITLED, III, excerpt



    There are all small places
    not worthy of a name


    some outcrop or hillock
    the gap between two fields


    and no one has thought to name them
    give them some name
    which we could know them as
    remember them by







    SANS TITRE, extrait




    Ce sont de petits endroits
    qui ne méritent pas de nom


    certains affleurements ou monticules
    l’espace entre deux champs


    et personne n’a songé à les nommer
    à leur donner un nom
    par lequel nous pourrions les connaître
    nous souvenir d’eux




    Geoffrey Squires, Sans titre [Untitled III, 2002, in Untitled and other Poems 1975-2002, Wild Honey Press, Bray, Ireland, 2004], édition bilingue, Éditions Unes, 2013, pp. 38-39. Traduit de l’anglais (Irlande) et préfacé par François Heusbourg.







    Geoffrey Squires







    Squires-Groborne---Sans-titre---tirage-de-tete
    Source






    ____________________________________________________
    NOTE d’AP : les éditions Unes, fondées en 1981 par Jean-Pierre Sintive, ont été reprises en 2013 par François Heusbourg.





    GEOFFREY SQUIRES


    Geoffrey Squires et François Heusbourg
    Geoffrey Squires et son éditeur français François Heusbourg
    sur le podium du Marché de la Poésie
    (samedi 8 juin 2013)
    Source




    ■ Geoffrey Squires
    sur Terres de femmes

    [The sound changes as it moves] (extrait de Paysages et silences)
    [L’obscurité nous a mis à la dérive encore] (extrait de Pierres noyées)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de North Carolina State University)
    un autre extrait de Untitled III





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  • Lorine Niedecker | [I grew in green]



    [I GREW IN GREEN]




    I grew in green
    slide and slant
          of  shore  and  shade
                Child-time  —  wade
    thru weeds





    I grew in green
    Stanza 19 of Lorine Niedecker’s “Paean to Place” (fac-similé)
    Source





    Maples to swing from
    Pewee-glissando
             sublime
                      slime-
    song



    Grew riding the river
    Books
              at home-pier
                       Shelley could steer
    as he read



    I was the solitary plover
    a pencil
             for a wing-bone
    From the secret notes
    I must tilt



    upon the pressure
    execute and adjust
              In us sea-air rhythm
    “We live by the urgent wave
    of the verse”




    Lorine Niedecker, “Paean to Place” from Collected Works, University of California Press, Berkeley and Los Angeles, 2002 ; 2004 (first paperback printing), pp. 264-265. Edited by Jenny Penberthy.






    Lorine Niedecker, Collected Works







    [J’AI VÉCU DANS LE VERT]




    J’ai vécu dans le vert
    oblique et bas
           de berge et d’ombre
                     Enfance à barboter
    dans les herbes



    Érables pour se balancer
    Glissando du gobe-mouche-
           vibrante
                     voix
    de vase



    Grandi en courant la rivière
    Livres
           sur notre débarcadère
                       Shelley à la barre
    lisait



    J’étais le pluvier solitaire
    un porte-plume
           pour os d’aile
    À partir des notes secrètes
    je dois voguer



    sur la poussée
    j’adapte et j’exécute
           En nous le rythme air-mer
    « Nous vivons sous l’urgente levée
    du vers »




    Lorine Niedecker, « Louange du lieu » in Louange du lieu et autres poèmes (1949-1970), Éditions José Corti | Prétexte, Série américaine, 2012, pp. 167-168. Traduit par Abigail Lang, Maïtreyi & Nicolas Pesquès.






    Lorine Niedecker, Louange du lieu





    LORINE NIEDECKER


    Niedecker Lorine
    Source



    ■ Lorine Niedecker
    sur Terres de femmes

    Louange du lieu et autres poèmes (note de lecture de Sylvie Besson)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions José Corti)
    une page sur Louange du lieu et autres poèmes de Lorine Niedecker
    le site Lorine Niedecker
    → (sur poets.org)
    “Who Was Lorine Niedecker?”, by Elizabeth Willis
    → (sur Electronic Poetry Center)
    une page sur Lorine Niedecker
    → (sur Poetry Foundation)
    Paean to Place, by Lorine Niedecker





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  • Lionel Ray | [Tu serais un arbre calme]




    Feuille à feuille
    Ph., G.AdC






    [TU SERAIS UN ARBRE CALME]



    Tu serais un arbre calme
    modulant feuille à feuille des syllabes
    éparses, étranger aux heures,
    par un clair après-midi de juillet.


    Tu serais l’étreinte de l’eau
    et du vent, si proche du chant,
    à l’embouchure de quelque fleuve secret,
    si frêle aussi à l’horizon d’une voix


    Qui cherche le chemin pressenti.
    Tu serais ce que tu n’as jamais dit,
    jamais vu ni rêvé ni pensé,


    Tantôt fouet tantôt silence,
    souriant miroir où quelquefois passent,
    sur fond d’enfance, des images légères.




    Lionel Ray, « Illisible visage », Syllabes de sable, Gallimard, 1996, in Comme un château défait, Éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 2004, page 160. Préface d’Olivier Barbarant.






    Lionel Ray, Comme un château défait,





    ______________________________________
    NOTE d’AP : le numéro 20 de la revue Siècle 21 (printemps/été 2012, 224 pages) propose un dossier sur Lionel Ray (« Lionel Ray : Le lyrisme bien tempéré »), autour de la Journée Lionel Ray qui s’est tenue le 17 mai 2011 à l’Université Paris-Sorbonne).





    LIONEL RAY


    Ray Kobel
    Lionel Ray au festival Voix Vives
    de Méditerranée en Méditerranée (Sète)
    le 27 juillet 2010
    Ph. : Pierre Kobel
    Source





    ■ Lionel Ray
    sur Terres de femmes

    Navigation interstellaire (poème extrait d’Entre nuit et soleil)
    Résurrection (poème extrait de Souvenirs de la maison du Temps)
    Tu cherches la lettre perdue (autre poème extrait de Syllabes de sable)
    Viatique



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Lionel Ray
    → (sur le site de Patrick Raveau)
    une note de lecture de Patrick Raveau sur Comme un château défait
    → (sur enjambées fauves)
    un autre poème extrait de Comme un château défait
    → (sur le site de Poésie/première)
    une page sur Lionel Ray
    → (sur La Pierre et le Sel)
    « Lionel Ray, poète lyrique à trois têtes », une contribution de Jean Gédéon





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  • Corse_3 André Ughetto | En Corse



            Neige Jour Mer
            Triptyque photographique, G.AdC




        


         


          E

          N

     

          C

          O

          R

          S

          E,

         les plus beaux monuments

      ne sont pas sortis de la main des

    hommes. Ils  sont l’œuvre de la nature

      inspirée, prodigue en ses contrastes.

    Ce morceau d’Alpes immergées, entre sa

       base et ses sommets, a construit les plus

    altières murailles, places-fortes de l’invisible,

       citadelles au défi de l’humain.

        Le pont de nos regards y joint la neige

    à la mer. La lampe du jour révèle en

      tournoyant les feux de diamants

       successifs. Un dieu à son enclume

        ouvrage, avec un serein

          acharnement, tous

           les masques de la

                beauté.




    André Ughetto, Rues de la forêt belle, Le Taillis Pré, 2004, page 200. Frontispice de Pierre Dubrunquez.





    André Ughetto  Rues de la forêt belle




    ANDRÉ UGHETTO


    André Ughetto
    Source




    ■ André Ughetto
    sur Terres de femmes


    Ligne de faîte (poème extrait de La poésie tient parole)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Terre à ciel)
    une page sur André Ughetto







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