Étiquette : 2006


  • Pentti Holappa | Tu jettes l’ancre



    TU JETTES L’ANCRE




    Au fil de l’eau le vent soupire, toi.
    Dans ton sommeil mon tramail prend à
    son piège les pensées égarées, les bancs de poissons de l’âme
    sur le drap il reste le coquillage de tes formes,
    musique résonnante. Ici ta main touche
    les roseaux de la rive, une guipure de mousse
    dérivante, le tombeau d’une souche noyée,
    et vite tu souffles une vague coiffée d’écume.
    Le gris, l’or, le brun. Ces couleurs
    qui font luire ton corps. Tu ouvres encore
    tes yeux vers le matin, mais sans le savoir
    tu jettes l’ancre dans la vase profonde.



    Pentti Holappa, Locataire Ici-Bas, 1983 in Les Mots longs, Poèmes 1950-2003, Éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 1997 ; édition augmentée 2006, page 82. Traduit du finnois par Gabriel Rebourcet.







    Pentti Holappa






    PENTTI HOLAPPA


    Pentti Holappa portrait
    D.R. Ph. Jean-Marc de Samie
    Source : cipM



    ■ Pentti Holappa
    sur Terres de femmes

    La matière est langage



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Esprits Nomades)
    une page sur Pentti Holappa
    Le site Pentti Holappa





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  • Ludovic Janvier | Terre et ciel Aveugles crachés




    TERRE ET CIEL
    AVEUGLES CRACHÉS





    Il pleut sur le toit comme sur le monde
    l’averse entraîne hier avec demain
    on ne sortira plus de cette heure innombrable
    pleuvoir est un pluriel qui tombe
    sur toutes les figures espérant encore
    bouches ouvertes contre les carreaux
    bruit de la pluie long troupeau
    qui cingle et tranche dans l’horizon
    tordu bleu sur fond de jardin
    puis forcément retour à la case prison
    pleuvoir enfonce une punition
    dont la faute reste à venir
    front malade on retient le cri
    pendant que la pluie croule aux toitures
    terre et ciel aveugles crachés
    improbable soleil espérance

    que c’est loin voir le jour



    Ludovic Janvier, La Mer à boire, Éditions Gallimard, 1987 ;
    Collection Poésie/Gallimard, 2006, page 20. Préface de Chantal Thomas.








    Ludovic Janvier, La Mer à boireLUDOVIC JANVIER


    Ludovic-janvier
    Source



    ■ Ludovic Janvier
    sur Terres de femmes

    À la racine
    On quittera toujours la mer
    Rivière et Rêverie
    Sous ton cri





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  • Jeudi 11 décembre 1969 | Lettre de Paul Celan à Ilana Shmueli

    Éphéméride culturelle à rebours




    11. 12. 69




    Ilana, chérie,



    Ta lettre « factuelle », ce matin. Puis, à midi, à la radio, la nouvelle annoncée de façon alarmiste du bombardement de Damas par des avions israéliens. Ce n’est que dans l’après-midi que la nouvelle s’est révélée exagérée ; auraient été « bombardés », d’après Le Monde, des cibles militaires en Syrie. J’ai toujours toutes ces choses présentes à l’esprit, quand je pense, quand je pense à toi, à vous tous en Israël.

    Ainsi donc tu fais de la magie — oui, Ilana, fais de la magie. (Je savais moi aussi en faire, autrefois.) Et fais aussi apparaître par un tour de magie le mot qui doit tomber du tambour de la loterie, choisis ce mot, je le mettrai à la place de ce « Deut » qui m’a déplu dès que je l’ai écrit. Tu écris avec moi, n’est-ce pas, alors viens avec cela également, avec ce mot. Ou bien dois-je absolument abolir le tambour de la loterie, l’évacuer ?

    Je voudrais pouvoir te gratifier, Ilana, de beaucoup, de tout.

    C’est de tes lettres que je vis, alors ne renonce pas à les écrire !

    Quelles sont ces significations qui auraient changé ? — Je n’ai pas bien compris ces lignes de ta lettre. Ou bien t’ai-je blessée de quelque manière ? Dis-le-moi sans ambages.

    Bien entendu, tu peux faire virer l’argent à mon adresse — il faut seulement que tu le fasses virer à mon nom d’état civil — Paul Antschel —, c’est en effet ce nom qui figure sur mes papiers. Ou bien, peut-être est-ce le plus simple, à ma banque : Crédit Privé, 5 rue Louis-le-Grand, Paris 2e, compte n°80-306-071 (également au nom de Paul Antschel). Mais l’argent pour l’Angleterre, il est sans doute plus avantageux de le faire virer directement à Londres.

    Ilana, je me réjouis que ton travail porte ses fruits, que l’occasion te soit donnée d’élargir tes connaissances et qu’on t’estime. Et une fois à Londres, tu seras plus proche, plus facile à joindre. Je pense à ta santé, elle sera parfaite, je te le souhaite de tout cœur.

    Permets que je t’embrasse, maintenant aussi

    Paul



    Paul Celan | Ilana Shmueli, « lettre 56 », Correspondance (1965-1970) éditée par Ilana Schmueli et Thomas Sparr, Seuil, Collection La Librairie du XXIe siècle, 2006, pp. 98-99. Traduit de l’allemand par Bertrand Badiou.






    Paul Celan Ilana Shmueli





    ■ Paul Celan
    sur Terres de femmes

    23 novembre 1920 | Naissance de Paul Celan
    La main pleine d’heures
    Lob der Ferne
    Lointains
    Stimmen
    TANT D’ASTRES
    Tübingen, Jänner
    13 février | Paul Celan, Tout en un
    5 décembre 1960 | Lettre de Nelly Sachs à Paul Celan
    Correspondance Nelly Sachs | Paul Celan




    ■ Ilana Shmueli
    sur Terres de femmes

    [Écoute et regarde]
    Éjouissement dans la neige fraîche (+ notice bio-bibliographique)
    Incline-toi sur tes morts





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  • Tatiana Daniliyants | Dédicace



    ПОСВЯЩЕНИЕ




    Полюби, как то, что ты любишь:
    как камень, как лист, как ноябрь,
    как холоднь ый лист y хоподного дыхания,
    как оставленный на yтро глоток вина.
    Неyжели ты никогда не станень пной?
    Тoй чacтью мeня, что ты так любишь, как
    Песᴏк. Boлнy. Огᴏнь.







    DÉDICACE




    Aime comme ce que tu aimes :
    comme une pierre, une feuille, novembre,
    comme feuille froide au souffle froid,
    gorgée de vin laissée pour le lendemain.
    Se peut-il que tu ne deviennes jamais moi ?
    Cette part de moi que tu aimes comme
    Le sable. La vague. Le feu.




    Tatiana Daniliyants, Blanc | Белое [Moscou, 2006], édition bilingue, Éditions Alidades, Collection Petite bibliothèque russe, 2015, pp. 14-15. Poèmes traduits du russe par Irène Imart.






    TATIANA DANILIYANTS


    Tatiana
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Wikiwand)
    une fiche bio-bibliographique sur Tatiana Daniliyants
    → (sur le site des éditions Alidades)
    la fiche de l’éditeur sur Blanc / Белое de Tatiana Daniliyants





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Anamaría Mayol ǀ Árbol en algún bosque

    « Poésie d’un jour

    choisie par Silvia Guzzi




    ÁRBOL EN ALGÚN BOSQUE



    Tal vez antes de ser mujer
    fui árbol en algún bosque
    y mis ramas crecían hacia el cielo
    siempre intentado ver
    el horizonte

    y estuve allí por siglos
    enraizada
    aferrada a la tierra
    bebiendo el cielo
    habitada de pájaros y estrellas

    Tal vez antes de ser mujer
    disemine retoños
    dejé semillas
    y el viento fue mi amante
    en los silencios
    mi piel era corteza
    y mis colores símbolos
    del transcurso del tiempo
    en crecimiento

    A veces pienso en ello
    y el bosque
    no es un lugar extraño

    Tal vez antes de ser mujer
    fui árbol en algún bosque
    aún siento el latido de la tierra
    en mis venas
    y hay días que regresan los pájaros
    y anidan



    Anamaría Mayol, Poemas pájaros, Ediciones El Mono Armado, Buenos Aires, 2006, page 58.







    Poemas pajaros







    ARBRE DANS QUELQUE FORÊT



    Peut-être qu’avant d’être femme
    j’étais arbre dans quelque forêt
    et mes branches poussaient vers le ciel
    dans l’espoir fou de voir
    l’horizon

    plantée là des siècles durant
    enracinée
    accrochée à la terre
    buvant le ciel
    habitée d’oiseaux et d’étoiles

    Peut-être qu’avant d’être femme,
    je répandais des bourgeons
    semais des graines
    et avais le vent pour amant
    dans les silences
    ma peau était écorce
    et mes couleurs symboles
    du temps qui passe
    et grandit

    J’y pense parfois
    et la forêt
    ne m’est pas étrangère

    Peut-être qu’avant d’être femme
    j’étais arbre dans quelque forêt
    je sens encore le battement de la terre
    dans mes veines
    et il est des jours où les oiseaux reviennent
    et font leur nid.



    Traduit de l’espagnol (Argentine) par Silvia Guzzi.
    D.R. Traduction Silvia Guzzi
    pour Terres de femmes







    ANAMARÍA MAYOL


    Anamaria Mayol
    Source



    Anamaría Mayol est poète. Née à La Pampa (Argentine) le 7 mai 1953, elle habite depuis plus de vingt ans à San Martín de los Andes (Saint-Martin-des-Andes) dans la province de Neuquén (Patagonie), en Argentine. Elle est professeure d’histoire et de géographie. Elle a obtenu un master en gestion du territoire urbain et régional. Elle est spécialiste de l’évaluation de l’impact environnemental et consultante en matière d’environnement.

    Elle a publié dix recueils de poésie et en a autant d’inédits.

    Riconto, Ed. Fondo Editorial Pampeano FEP, 2000 Argentine ; Ventanas Rotas, Linaje Editores, Mexique, 2004 ; Poemas pájaros, Ed. el Mono Armado, 2006, Argentine ; De mares y de sombras, écrit avec José Manuel Maldonado Beltrán, Ed. el Mono Armado, 2007, Argentine ; Posiblemente Somos Memorias en la Piel, écrit avec Simón Zavala Guzmán, Centro de Artes y Letras de Ecuador, 2007 ; Informe sobre sombras y otoños, Ed. Mundo Gráfico, Pérou, 2007 ; Por eso las estrellas, Ed. Puentepalo et Ed. el Mono Armado Espagne-Argentine, 2007 ; No se trata de mí, Ed. el Mono Armado, Argentine, 2011 ; Para no espantar a los pájaros, Ed. el Mono Armado, Argentine, 2012 ; Rara especie el amor, Ed. La Grieta, 2014.

    Elle a contribué à plus de quarante anthologies de poésie et de contes, en Argentine, au Costa Rica, au Chili, en Colombie, en Equateur, au Nicaragua, au Mexique, au Pérou, au Porto Rico, en Uruguay, et a reçu des Prix, des Mentions et des distinctions dans différents concours littéraires nationaux et internationaux. Certains de ses textes sont traduits en anglais, catalan, français, portugais, arabe et suédois. Elle a été publiée dans des revues littéraires et des journaux dans plusieurs pays, notamment en Argentine, Colombie, Costa Rica, Chili, Equateur, Mexique, Pérou, Porto Rico, Uruguay. Elle a participé à de nombreuses rencontres nationales et internationales d’écrivains ainsi qu’à des Salons du livre où elle a présenté d’importants auteurs latino-américains.



    ■ Voir aussi ▼

    le site Poemario de mujeres où le poème ci-dessus est répertorié





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Luigi Cannillo | [L’horizon prépare de nouveaux réveils]



    Scipione 2
    Scipione (Gino Bonichi), Piazza Navona, studio, 1930
    Collection privée
    Source







    [L’ORRIZONTE PREPARA NUOVI RISVEGLI]


    XVI


    L’orizzonte prepara
    nuovi risvegli ancora privilegio
    cullarli nel silenzio
    nuovi scenari alla contemplazione
    Gli occhi restituiscono
    loro malgrado la visione al mondo,
    ne leggono il rovescio
    Senza parole potrò finalmente
    illuminare il nome in volo
    issato in tutto il suo clamore
    prima di ricondurlo al coro e alla quiete
    Sarà lo sguardo a richiamare
    a cenni paesaggi da terrazze
    ma tu che adesso non rispondi
    davanti a quella tela piangi o fuggi?



    Luigi Cannillo, Cieli di Roma, LietoColle, collana Aretusa, 2006, pagina 26.






    Cieli di Roma








    [L’HORIZON PRÉPARE DE NOUVEAUX RÉVEILS]


    XVI


    L’horizon prépare
    de nouveaux réveils privilège encore
    à bercer dans le silence
    de nouveaux décors pour la contemplation
    Les yeux restituent
    malgré eux au monde la vision,
    ils en lisent l’envers
    sans paroles je pourrai enfin
    illuminer le nom en vol
    hissé dans toute sa clameur
    avant de le reconduire au chœur et au calme
    Ce sera le regard qui appellera
    par des signes des paysages sur des terrasses
    mais toi qui maintenant ne réponds pas
    devant cette toile pleures-tu ou t’enfuis-tu ?



    Luigi Cannillo, Ciels de Rome (extraits) in « 7 poètes italiens d’aujourd’hui », Inuits dans la jungle, numéro 5, 2014, page 40. Traduction de Jean Portante.






    Inuits 5





    LUIGI CANNILLO


    Luigi Cannillo
    Source




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions LietoColle)
    une lecture (en italien) de Cieli di Roma par Maria Grazia Calandrone (recension publiée dans la revue Poesia – settembre 07)






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  • Bernard Perroy | [Tu marches]



    Dans la profondeur du silence (1)
    Ph., G.AdC







    [TU MARCHES]



    Tu marches
    D’un bout à l’autre du monde
    Ton pas
    Martèle ton désir




    Tes mains
    Tes yeux
    Voyagent d’escale en escale
    À la recherche du souffle




    Tu le devines certains soirs
    En ses pépites d’or
    Chaque fois que tu t’assois
    Dans la profondeur du silence







    Perroy







    En chemin
    Étincelles du vent parmi les feuilles

    Le passé déjà
    Se laisse convaincre
    Par les caresses du lendemain




    Frère Bernard Perroy, « D’escale en escale » in Cœur à cœur, éditions Al Manar | Alain Gorius, Collection Méditerranées, 2006, pp. 74-76-78-80. Encres de Chine de Rachid Koraïchi.







    Bernard Perroy Rachid Koraïchi





    BERNARD PERROY


    Bernard Perroy
    Source




    ■ Bernard Perroy
    sur Terres de femmes

    Nuit du proche et du lointain (extrait de Je n’ai d’autre désir)
    Bernard Perroy & Cédric Merland | [Je m’émerveille du feu]



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Al Manar)
    une page sur Cœur à cœur de Bernard Perroy
    → (sur L’oiseau de feu du Garlaban)
    plusieurs textes de Bernard Perroy
    le site de Bernard Perroy





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  • Sylvie Nève | [Bacchus cœur nu]




    Gemmes
    Source







    [BACCHUS CŒUR NU]



    Bacchus cœur nu que
    j’aime
    lèvre-pied griffes chues
    gemmes
    faste ses fesses que
    j’aime
    faune mon faune si
    lène
    seiche aeschne chat sans
    gêne
    ses griottes en mes grottes
    siennes
    ses abricots sur ma motte
    s’y frottent m’y pique
    dard-dard

    nuques à cru mon cœur
    queuu queuu que
    j’aime
    glauconies et rubis
    germent
    louve grenouille loutre
    chienne
    gémir acquiesce hoque
    tant j’aime
    tête bêche dard-dard nos
    bête tête arbre ardre nos

    gemmes



    Sylvie Nève, Érotismées, Atelier de l’Agneau, 2006, pp. 19-20. Dessins de Mireille Désidéri.







    Sylvie Nève, Erotismées







    SYLVIE NÈVE


    Sylvie Nève
    Source



    ■ Sylvie Nève
    sur Terres de femmes<

    Le Désert (extrait de Bande de Gaza)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Ode à Oum Kalthoum



    ■ Voir aussi ▼

    le blog de Sylvie Nève





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  • Martino Baldi | [Je l’ai tué, je ne l’ai compris que plus tard]




    JE L’AI TUÉ, JE NE L’AI COMPRIS QUE PLUS TARD]
    Image, G.AdC








    [D’AVERLO UCCISO L’HO CAPITO TARDI]




    D’averlo ucciso l’ho capito tardi.
    È stato necessario qualche giorno
    per notare l’assenza e interrogarsi
    sulla questione, trovare le risposte,
    stendere il regesto, denunciare il fatto.
    Non l’ho ucciso per caso: questo sia chiaro.
    Il colpo era premeditato nei particolari.
    Restava da decidere il momento giusto.
    L’ho ucciso perché non mi ha lasciato
    nient’altro da ammazzare: morti i suoi padri
    i suoi nonni e anche gli zii. I suoi fratelli:
    morti. Tutti prima che generasse me.
    E a cosa serve un uomo se non può
    esercitare il suo diritto a uccidere?
    Così ho deciso: prima o poi
    sarebbe morto da solo, tanto valeva
    farlo con le mie mani,
    per innestare in una vita grigia
    almeno un mito. Quello del parricida.







    [JE L’AI TUÉ, JE NE L’AI COMPRIS QUE PLUS TARD]




    Je l’ai tué, je ne l’ai compris que plus tard.
    Il m’a fallu quelques jours
    pour remarquer l’absence et m’interroger
    sur la question, trouver des réponses,
    dérouler le regeste, dénoncer le fait.
    Je ne l’ai pas tué par hasard : que ce soit clair.
    Le coup était prémédité dans tous ses détails.
    Il restait à choisir le bon moment.
    Je l’ai tué parce qu’il ne m’a rien laissé
    d’autre à assassiner : morts, ses pères,
    ses grands-pères et même ses oncles. Ses frères :
    morts. Tous, avant qu’il ne m’engendre moi.
    À quoi sert un homme s’il ne peut
    exercer son droit de tuer ?
    J’ai donc décidé : tôt ou tard
    il serait mort de lui-même, alors autant
    le faire de mes mains,
    pour au moins greffer un mythe
    dans le gris d’une vie. Celui du parricide.




    Martino Baldi, Capitoli della commedia [Edizioni Atelier, 2006,
    Collana Parsifal, « Puro e folle » – n°14] | Chapitres de la comédie, in Revue Phœnix (n°12 – décembre 2013. Numéro spécial Prix Léon-Gabriel Gros), pp. 22-23. Traduit de l’italien par Valérie Brantôme.







    Couv-phoenix12 1







    MARTINO BALDI


    Martino Baldi
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur enjambées fauves)
    Scripta volant ~ Martino Baldi (un autre extrait de Chapitres de la comédie de Martino Baldi)
    → (sur le site de la Revue Phœnix)
    une fiche bio-bibliographique sur Martino Baldi
    → (sur le site de la Revue Phœnix)
    la page consacrée au Prix Léon-Gabriel Gros





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  • Habib Tengour | [Aujourd’hui, je voyage libre]






    [AUJOURD’HUI, JE VOYAGE LIBRE]



    Aujourd’hui, je voyage libre
    J’ai décoré mes narines de menthe fraîche
    et semé mon rêve de graines de melon
    Un canari perché sur mon rire à guetter nos randonnées

    Tu as allumé une cigarette
    Ronde des marchandises à domestiquer le désir

    La rue se vide de sang
    La nuit tombe dans l’arcane d’un cri
    Tu n’as rien à craindre de ton ombre




    Habib Tengour, « J’ai rêvé dans ta chevelure arcane » in L’Arc et la Cicatrice, ENAL, Alger, 1983 ; L’Arc et la Cicatrice, précédé de Cahier d’Etude 1, Éditions de la Différence, Collection Clepsydre, Paris, 2006, page 70.





    HABIB TENGOUR


    Habib_Tengour
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Habib Tengour






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