Étiquette : 2013


  • Alain Fabre-Catalan | [À l’orée des branches basses]



    Tes mains vides épargnent la couleur des jours
    Ph., G.AdC







    [À L’ORÉE DES BRANCHES BASSES]




    À l’orée des branches basses, à demi-mot se consument les fruits avides de l’oubli tombés dans la nuit blanche de l’herbe. Tes mains vides épargnent la couleur des jours dont l’avenir ne gardera qu’un simple entrelacs de lignes.


    Sur le penchant des heures, inépuisable est le gisement du silence dans le soir qui déborde vers l’autre rive. Un peu d’espoir consommé dans le retrait de l’aube, tu te destines à reprendre le large vers l’inconnu, sur le versant de la phrase qui te porte au-devant du poème.


    Sur la page promise au rejaillissement de la langue, tu sondes le vide dans un surcroît de paroles, ce creuset où le monde ne cesse de paraître et de disparaître, surgissant et se dérobant tout à la fois.




    Alain Fabre-Catalan, Vertiges, Les Lieux-Dits éditions, Cahiers du Loup bleu, 2013, s.f.






    Vertiges





    ALAIN FABRE-CATALAN


    Alain Fabre-Catalan




    ■ Alain Fabre-Catalan
    sur Terres de femmes

    Le silence des pierres



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Recours au poème)
    une page consacrée à Alain Fabre-Catalan (notice bio-bibliographique + 5 poèmes)
    → (sur Exigence : Littérature)
    une lecture de Vertiges par Françoise Urban-Menninger
    Demeure nomade, le blog d’Alain-Fabre-Catalan
    le site de la Revue Alsacienne de Littérature, créé par Alain Fabre-Catalan





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  • Marie-Ange Sebasti |
    [Un chemin de silence a gonflé ton chargement de mots]






    Voici la place qui retiendra tes mots
    Ph., G.AdC







    [UN CHEMIN DE SILENCE A GONFLÉ
    TON CHARGEMENT DE MOTS]





    Un chemin de silence a gonflé
    ton chargement de mots

    Tu rêves de l’étape
    où tu le poseras

    Voici la place
    qui retiendra tes mots

    Voici le lieu bruissant
    qui les allègera de tous leurs sens
    pour agrémenter ses palabres

    Mais vient le vent qui t’en détourne



    Marie-Ange Sebasti, Cette parcelle inépuisable, Jacques André éditeur, Collection Poésie XXI, 2013, page 34.







    MARIE-ANGE SEBASTI


    Sebasti
    Image, G.AdC




    ■ Marie-Ange Sebasti
    sur Terres de femmes

    une fiche bio-bibliographique [BIO-BIBLIO] sur Marie-Ange Sebasti
    → une petite anthologie poétique de
    Marie-Ange Sebasti
    Cette parcelle inépuisable (note de lecture d’AP)
    Demain (extrait de Marges arides)
    → « 
    Notre héritage n’est pas forteresse »
    [On voudrait partager sans parole] (extrait de La Connivence du marchand de couleurs)
    Parlemente (extrait de La Porte des lagunes)
    Plage d’encre (extrait de Haute plage)
    Quand les îles pouffent de rire (extrait de Presque une île)
    Rue natale (extrait de La Caravane de l’orage)
    Une petite vieille en noir (extrait de Paroles pour une île)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Ils étaient partis
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Marie-Ange Sebasti (+ un extrait de Paroles pour une île et de Corse, dans le chalut des jours)
    → (avec Monique Pietri)
    Bastia à fleur d’eau
    → (avec Monique Pietri)
    Villes éphémères (note de lecture d’AP)
    → (avec Monique Pietri)
    Garder infatigablement les yeux ouverts (extrait de Villes éphémères)





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  • Muriel Stuckel | [Demeure précaire]



    Toi l’absolu du verbe Qui nous épies en silence Tout au bout de la ligne
    Ph., G.AdC







    [DEMEURE PRÉCAIRE]




    Demeure précaire
    Toi qui infuses
    L’ivresse de l’élan


    À peine si t’anime
    Le désir de la durée


    Seul le jaillissement
    Se rêve profondeur
    De l’instant perpétuel


    Demeure poésie
    Toi l’absolu du verbe


    Qui nous épies en silence
    Tout au bout de la ligne


    L’élan y sera notre mesure




    Muriel Stuckel, L’Insoupçonnée ou presque, éditions Voix d’Encre, 2013, page 98. Peintures Laurent Reynès. Préface Bernard Noël.







    Muriel Stuckel, L'Insoupçonnée ou presque, Voix d'encre, 2013.






    MURIEL STUCKEL


    Muriel Stuckel 3




    ■ Muriel Stuckel
    sur Terres de femmes

    Dans la césure de tes poèmes (extrait de L’Insoupçonnée ou presque)
    La poétique des failles chez Muriel Stuckel (Chronique d’Isabelle Raviolo)
    [Sous le pas d’une ombre vive] (autre extrait de L’Insoupçonnée ou presque)
    [Ce n’est pas tant] (extrait d’Eurydice désormais)
    Le risque de la poésie (extrait d’Eurydice désormais)
    [Sous la courbe de la phrase] (extrait de Du ciel sur la paume)
    [Trop vif le soleil] (extrait de Petite Suite Rhénane | Kleine Rhein-Suite)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    La poésie échappée



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Voix d’encre)
    la fiche de l’éditeur sur L’Insoupçonnée ou presque



    ■ Notes de lecture de Muriel Stuckel
    sur Terres de femmes

    Jacques Estager, Douceur
    Gunvor Hofmo, Tout de la nuit est sans nom
    Stéphane Sangral, Circonvolutions





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  • Brina Svit, Visage slovène

    par Angèle Paoli

    Brina Svit, Visage slovène,
    Gallimard, Collection Blanche, 2013.



    Lecture d’Angèle Paoli




    Ja-Gombrowicz
    Source








    “PORTRAIT DE GROUPE AVEC « GOMBRO, OU VICE VERSA »”




    Peut-être faudrait-il commencer par « Gombro » ? Witold Gombrowicz. Gombrowicz en Argentine. « Personnage » central vers lequel confluent tous les « visages slovènes », comme autant de constellations qui ramènent continûment au seul visage non slovène de l’ouvrage de Brina Svit : Visage slovène. Le visage polonais de « Gombro ». Gombrowicz pour qui Brina Svit nourrit une tendresse toute particulière. Peut-être le « polaco » perdu au milieu des Slovènes est-il l’unique, le singulier, LE visage parmi les visages ? Celui qui émerge, solitaire, au milieu des personnalités multiples que le kaléidoscope de portraits fait surgir au cours des déambulations de la narratrice dans Buenos Aires. Et dont elle tente de saisir l’identité. « Gombro, en anti-héros, éminence grise, alter ego ». Celui sur lequel Brina Svit a envie de tout savoir : de la vie, de son exil, de son retour en Europe, de son roman Ferdykurke, du travail de traduction dont il a fait l’objet, de l’échec qui a suivi ; de ses amours et de sa mort. Celui qu’elle confie avoir « embarqué » dans son dernier livre, lui, ce Polonais qui n’a rien à voir avec les Slovènes, si ce n’est l’exil qui le conduit, comme tant d’autres, mais pas pour les mêmes raisons, jusqu’en Argentine.

    Existe-t-il un visage slovène, interroge Brina Svit tout au long de « l’album photo » qu’elle déroule sous nos yeux de lecteurs ? Existe-t-il un visage qui porte la marque de la slovénité ? Comment définir cette identité slovène et peut-elle se décrypter à la seule lecture des visages ? Du pluriel au singulier (le singulier du titre), les visages se déclinent en effet à travers le voyage entrepris par la narratrice, à l’autre bout du monde. À travers les images qu’elle réalise des regards qu’elle va insérer dans son livre et du dialogue que celles-ci nouent avec le texte.

    « J’ai besoin de connaître l’image qui va aller avec le texte : parce que le texte dépend de la photo qui l’accompagne, ils sont liés, l’un interroge l’autre, le texte tâchant de voir ce qu’on ne voit pas avec les yeux et la photo fixant pour toujours ce moment précis de la vie qui ne se reproduira plus jamais. »

    Recherche méthodique (avec prises de notes sur des carnets, documents — lettres et correspondances multiples —, photographies) à travers le « labyrinthe d’identités qu’est Buenos Aires », d’une singularité constituée d’une succession plurielle. Car ce qui intéresse l’écrivain slovène, c’est « l’histoire qui s’inscrit sur nos visages. » Avec, greffé sur les autres visages par incrustations successives, le visage étranger de « Gombro ». Cousu avec les autres, le visage du Polonais compose avec eux un récit singulier, dont le genre ne porte pas de nom et ne peut être défini comme un roman. « Indéfinissable », Visage slovène est cependant défini par la narratrice comme « un texte en mouvement », vibrant d’une « tension érotique entre les lignes, entre les individus, c’est-à-dire entre mes personnages et moi », écrit Brina Svit. Un « portrait de groupe avec Gombro, ou vice versa. »

    Avec à son bord « Gombro » — le dandy antimilitariste débarqué un 22 août 1939 à Buenos Aires et coupé pour bon nombre d’années de ses origines par l’entrée en guerre de l’Europe —, « l’histoire de mes visages peut commencer », écrit l’écrivain slovène/française à la fin du premier chapitre. « Déserteur », donc, l’écrivain polonais, « émigré volontaire » et non émigré politique, et peu porté par l’idéologie nationaliste dont se réclament la plupart des Slovènes réfugiés à Buenos Aires. Pas davantage porté par le combat anticommuniste de l’émigration politique polonaise. « Gombro » qui ne se sent concerné par aucune idéologie identitaire et qui construit sa polonité en individualiste, lucide et solitaire.

    Ainsi, dans chacun des chapitres consacré aux Slovènes auxquels elle rend visite et qu’elle rencontre dans les différents quartiers de Buenos Aires (Retiro et ses bas-fonds ; Lanús, dans la banlieue sud et sa Villa Eslovena…), vient s’insérer le visage de Gombrowicz, sur lequel la narratrice a recueilli à Paris toute une documentation, grâce au concours de son épouse québécoise, Rita Gombrowicz. Chaque chapitre apporte un trait de caractère nouveau, un détail, une anecdote, une réflexion. Une histoire qui permet de compléter progressivement le portrait de l’auteur de Ferdykurke. Parfois, au hasard d’une nouvelle rencontre, la narratrice imagine quels auraient pu être les propos du Polonais. Ainsi lorsqu’elle interroge « les yeux calmes et scrutateurs » de Julia Sarachu — poète argentine/slovène de La Plata —, la narratrice ne peut-elle s’empêcher d’évoquer la « conférence provocatrice » que le Polonais a prononcée Contre les poètes, dont « les vers ne plaisent à personne » et dont « la poésie versifiée est un monde factice et falsifié ». Revenant à Julia, la narratrice évoque les origines slovènes de son grand-père Rafael Vodopivec — « qui se dit communiste pour lui et non pour les autres » — et son goût pour une « poésie à l’usage quotidien et intime » dont la poète de La Plata est l’héritière.

    Peut-être est-il temps, par-delà le visage de Gombrowicz, d’aller à la rencontre des visages slovènes qui peuplent cette étonnante traversée littéraire et gravitent autour de l’exilé polonais ? Qui sont-ils donc, ces Slovènes qui ont choisi l’Argentine comme pays d’asile ? Quelles raisons les ont poussés à s’implanter dans cette partie du monde que borde la pampa ? Comment sont-ils arrivés jusque dans ce pays dont ils ne comprenaient pas la langue et où il n’y a ni montagnes, ni ruisseaux, ni tilleul dont raconter l’histoire ? Comment sont-ils parvenus à s’implanter ? À organiser une société la plus proche possible de celle qu’ils avaient quittée ou fuie ? Que reste-t-il, chez leurs descendants, de leur slovénité d’origine ? Sont-ils riches ou pauvres, guettés par la nostalgie du retour ou, au contraire, désireux de ne conserver du passé que ce qu’il faut de slovénité pour aller de l’avant dans la vie d’aujourd’hui ?

    Autant de questions, autant de visages. Autant de diversité dans les réponses. Arrivés par bateaux au moment où « le général Perón leur a donné par décret politique la permission d’immigrer en Argentine sans aucune restriction, à condition qu’il n’y ait pas de communistes parmi eux », les immigrés séjournaient à l’Hotel de Inmigrantes, le temps de trouver un logement et de trouver de quoi subvenir à leurs besoins. Il reste encore, parmi eux, quelques immigrés de la première génération, anciens collabos, « traîtres, réactionnaires », « anti-communistes fervents », de ceux qui avaient fui le pays » après la « débâcle » de la Seconde Guerre mondiale. Il y a aussi leurs enfants et petits-enfants, certains nés sur le sol argentin, mais pour la plupart issus de ces familles de domobranci qui avaient fait le choix de l’Allemagne (les domobranci faisaient partie de la « Garde nationale slovène, milice paramilitaire organisée par l’occupant allemand et soutenue par l’Église catholique pour combattre la résistance »). Ainsi en est-il de Rok Fink, chauffeur de taxi et « ambassadeur des Slovènes à Buenos Aires » ; ou de Lučka Potočnik, dont le père, domobranec de la première heure, s’est battu, dès son arrivée à Buenos Aires, pour que puisse advenir « le miracle slovène en Argentine ». Un miracle qui ne peut se produire qu’en sauvegardant « la langue, la culture, la religion ». En conservant « leur version de l’histoire », celle du combat qui assure « le sens de leur exil », le combat anticommuniste. En refusant donc de s’assimiler. Pour le vieux Matevž, c’est cela « rester slovène ». Pour sa fille, Lučka, héritière de ce passé, la seule patrie, la vraie, c’est celle de l’art. Et la seule réponse véritable, celle du silence. Pour nombre de Slovènes exilés à Buenos Aires, le rêve identitaire s’est réalisé à Lanús, dans la création de la Villa Eslovena, un paradis modeste surgi d’un lopin de terre de la pampa transformé en « structure urbaine parfaitement organisée ». Pour Andrej Repar, au contraire, l’engagement politique de ce fils de domobranec sera de toute autre nature. « Le poing levé ». Surveillé par la police comme militant de gauche, « fiché par l’émigration slovène comme révolutionnaire, éminemment hostile à l’idéologie national-catholique », Andrej Repar offre à la narratrice le regard pétillant d’un Slovène de gauche, marqué par les massacres perpétrés par la junte militaire en Argentine. Avec lui, elle se rend au parc de la Mémoire où sont gravés les noms de milliers de jeunes argentins torturés par les militaires puis jetés dans l’estuaire du Rió de la Plata.

    Ailleurs, dans la banlieue élégante d’Hurlingham, la narratrice rencontre le couple modèle très british de Marjan et Pavla Eiletz, qui mène une vie confortable. Ces deux-là, qui répondent d’une seule et même voix, partagent la même bonne conscience et il est inutile, pour la visiteuse, de demander au vieux Marjan s’il ne craint pas de s’être trompé de jeunesse, lui qui s’est engagé très jeune, à dix-sept ans (en 1943), dans ce qu’il persiste à appeler la « coopération technique ». Un pur domobranec, qui aurait pu périr au moment de la « débâcle », et qui a pris la fuite via l’Argentine. C’est là, à Buenos Aires, qu’il a rencontré Pavla, arrivée par bateau à la même époque et hébergée avec sa famille à l’Hotel de Inmigrantes.

    Mais on rencontre aussi à Buenos Aires une autre famille d’émigrants qui n’a rien à voir avec la famille des émigrés politiques. Elle est constituée de tous ceux que la misère a contraints de fuir la Slovénie. Ainsi de Rafael Vodopivec, mécanicien et poète, qui a fui « le fascisme, la misère, l’italianisation forcée de la population slovène, la chicanerie permanente » et qui a débarqué à vingt-trois ans à dans la capitale argentine. Ainsi également de la famille Antonič, qui a fui « le fascisme et la misère dans les années trente. »

    Quant à Bojan Mozetič, son histoire — liée à celle de son père Franc Mozetič — est tout autre. Issu du cosmopolitisme triestin, élevé dans plusieurs langues par une mère tchèque de Prague et philosophe, Bojan nourrit une admiration infinie pour son viejo. Franc Mozetič, ingénieur en travaux publics, constructeur de ponts, militant antifasciste, engagé dans la résistance, est contraint de s’exiler pour pouvoir continuer à exercer son métier. Pour ce qui est de sa slovénité originelle, Bojan semble avoir repris « le flambeau » à la mort de son père. Une slovénité qu’il partage avec sa femme et ses fils, chacun à leur façon. Tournée davantage vers l’ouverture et vers l’élargissement de leur monde vers le monde. Ouverte à la multiplicité des cultures et au cosmopolitisme. Ce cosmopolitisme défendu par Cioran, autre écrivain qui nourrit la pensée de Brina Svit. Brina Svit qui met en exergue à son récit cette phrase de Cioran : « La sagesse est cosmopolite. » Un fil d’Ariane dont on peut aisément suivre la trace dans Visage slovène.

    Il y a enfin « Andrej Rot, alias Gandhi », cet Argentin slovène rencontré à Ljubljana, à qui la narratrice a une foule de questions à poser. Qu’en est-il de l’identité slovène mâtinée (« rabotée et arrondie ») de latinité argentine ? Qu’en est-il aujourd’hui de la relation entre slovénité et catholicisme ? La situation a-t-elle évolué ? Andrej Rot confie à la narratrice les déboires de son retour en Slovénie, en 1991. Un retour pourtant attendu et fêté en grandes pompes. Qui s’est soldé, après quelques mois de travail dans le nouveau journal dont il avait la direction, par un licenciement « pour manque de professionnalisme ». En réalité, ce qui est reproché au journaliste, c’est de n’être pas suffisamment « anticommuniste, pas assez radical avec les forces du passé ». Gandhi ou le témoignage de « l’envers du décor ».

    « Fascinée par les visages, par la vie qui s’y dépose et qu’on peut lire si on le sait », Brina Svit livre dans cette galerie de portraits une fresque passionnante, entièrement tissée d’histoires individuelles prises dans la camera oscura de l’Histoire. Et, si l’on sait lire entre les lignes, c’est le visage de Brina Svit qui apparaît et qui se dessine. D’abord ténu, en filigrane, puis de plus en plus précis. En surimpression sur le visage de sa mère, qui vient tout juste de mourir au moment même où elle décide de se lancer dans l’aventure de cet ouvrage. On y lit sa sympathie pour les partizani auprès desquels se battait son père dans la lutte contre les domobranci. Son anticléricalisme viscéral. Notamment dans le portrait de Škof Rožman, évêque et « personnage hautement controversé », dont elle n’hésite pas à dire qu’il aurait probablement applaudi, s’il avait été vivant, « l’idéal national-catholique et anticommuniste de la junte et approuvé la disparition des jeunes Argentins… ». On y lit son peu d’appétence pour la trilogie Église/famille/patrie. On y retrouve, en revanche, sa passion pour le tango et pour les hidalgos qui lui ont inspiré le personnage de Coco Dias (in Coco Dias ou la Porte Dorée). Sa vie de romancière et les personnages que la vie lui ont inspirés. On y trouve « Gombro » qui passe la sienne à vouloir se défaire de son identité, « à ne plus être un écrivain polonais, mais un écrivain tout court, c’est-à-dire lui, Witold Gombrowicz. » L’idéal de Brina.

    On y trouve l’écriture de Brina Svit. Sa voix bien à elle, souple, enlevée, émouvante. Légère même lorsqu’elle parle de sujets graves et douloureux. Une sorte de frémissement passionné court tout au long des pages, qui rend chaque visage attachant. Avec, en médaillon au-dessus de cet arbre généalogique d’un genre nouveau, les visages de « Gombro » et de Brina. Une fois le livre refermé revient à l’esprit la dédicace réconciliatrice mise en exergue de Visage slovène :

    « À tous mes visages slovènes, sans exception… ».



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli







    Brina Svit, Visage slovène, Gallimard, Collection blanche, 2013.




    BRINA SVIT


    Brina Svit denim
    Brina Svit,
    photographie de Philippe Matsas





    ■ Brina Svit
    sur Terres de femmes


    Cela s’appelle l’aurore (Coco Dias ou la Porte Dorée) [lecture d’AP]
    Coco ou le désarroi de Brina
    Conversation privée avec Brina Svit
    Le Dieu des obstacles (lecture d’AP)
    Les incertitudes du désir (Une nuit à Reykjavík) [lecture d’AP]
    Turris eburnea (Moreno + bio-bibliographie)[lecture d’AP]
    Nouvelles définitions de l’amour (lecture d’AP)
    Petit éloge de la rupture (lecture d’AP)
    Un cœur de trop [lecture d’AP]
    Rue des Illusions perdues (Con brio) [lecture d’AP]
    → (en commentaires sur Terres de femmes)
    Mort d’une Prima Donna slovène
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    Portrait de Brina Svit (+ extraits de Moreno, Un cœur de trop, Coco Dias ou la Porte Dorée)






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  • Anise Koltz | [Qu’ai-je emprunté à la chair maternelle ?]



    Avec mon dernier soupir je rendrai l’alphabet photocollage
    Photocollage, G.AdC







    [QU’AI-JE EMPRUNTÉ À LA CHAIR MATERNELLE ?]




    Qu’ai-je emprunté
    à la chair maternelle
    qu’ai-je moi-même inventé ?


    L’attraction de la terre m’a happée
    je vis clouée au sol
    je ne garde rien
    en mémoire
    de ma provenance


    Avec mon dernier soupir
    je rendrai l’alphabet




    Anise Koltz, Galaxies intérieures, Éditions Arfuyen, Collection « Les Cahiers d’Arfuyen », n°211, 2013, page 73.







    Anise Koltz, Galaxies intérieures




    ANISE KOLTZ


    ANISE KOLTZ
    Source




    ■ Anise Koltz
    sur Terres de femmes


    L’Ailleurs des mots
    Automne (extrait du Cirque du soleil)
    Béni soit le serpent
    [Dans mes poèmes] (poèmes extraits d’Un monde de pierres)
    [Gémeau] (poème extrait de Soleils chauves)
    Je me transforme (poème extrait de Je renaîtrai)
    [Je suis l’impossible du possible] (poème extrait de Pressée de vivre)
    Ouverte (poème extrait de Je renaîtrai)
    Les soleils se multiplient (poème extrait du Cri de l’épervier)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    une page consacrée à Galaxies intérieures d’Anise Koltz





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  • Marie-Josée Desvignes | [au-dessus du vide]



    Puis une pleine lumière, aveuglante,
    Ph., G.AdC







    [AU-DESSUS DU VIDE]



    au-dessus du vide – des nuits durant — se laisser porter par le charroi des larmes rouges au milieu du corps — infinies — terrifiantes — apaisantes — dans l’abandon, se vider — dans l’angoisse expier… douleur, fatigue — Échappées hors du temps — évasion poétique
    Toujours plus présentes, matérielles, nombreuses, envahissantes — mon lit-navire emporté par ces vagues rugissantes – monde intérieur turbulent
    Un soir de février — tout est revenu… clair — pur — limpide, au milieu du sel — des larmes — une première vague — une première lueur, puis une pleine lumière, aveuglante, puis de nouveau l’ombre durant quelques jours et — enfin !




    Marie-Josée Desvignes, Requiem, Cardère éditeur, 2013, page 101.







    Marie-Josée Desvignes, Requiem






    MARIE-JOSÉE DESVIGNES


    Marie-Josée Desvignes (1)
    Source




    ■ Marie-Josée Desvignes
    sur Terres de femmes

    [La langue m’a perdue] (extrait de Langue interdite, langue a-mère)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur La Cause Littéraire)
    une fiche bio-bibliographique sur Marie-Josée Desvignes
    → (sur La Cause Littéraire)
    une note de lecture de Cathy Garcia sur le recueil Requiem
    → (sur le site de Cardère éditeur) un extrait de Requiem [PDF]





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  • Claude Louis-Combet, Suzanne et les Croûtons

    Claude Louis-Combet, Suzanne et les Croûtons,
    L’Atelier contemporain, 2013.



    Lecture d’Angèle Paoli





    Eros Thanatos
    Ph., G.AdC








    PAR-DELÀ L’OBSCÈNE ET LA DÉRISION ORIGINELLE




    Une petite écriture fine, légèrement inclinée vers la droite, court sur une trentaine de pages. Quelques ratures, à peine, viennent émailler le texte, ici ou là. Trois fois répété, trois fois souligné, le nom de Suzanne impose sa voix injonctive :

    Suzanne ! Suzanne ! Suzanne !

    On est au chapitre 8 de ce « brouillon » d’auteur, repris à l’identique quelques pages plus loin, comme un écho soutenu en écriture italique, par le récit lui-même. Ainsi se présente, sous forme d’un miroir textuel, le récit de Claude Louis-Combet, Suzanne et les Croûtons. La même petite écriture fine précise, dans la vignette de la première de couverture, que Suzanne et les Croûtons s’inspire du Livre de Daniel, récit biblique apocryphe. Connu le plus souvent sous le titre « Suzanne et les vieillards », l’épisode du Livre 13 est ici transformé en une vision tout autre. La « chaste Suzanne » des origines, symbole du désir masculin, surprise dans sa nudité par des vieillards libidineux, mise à mal par leur soif de vengeance et sauvée in extremis par l’intercession du jeune prophète Daniel, s’abandonne consentante — sous la plume complice de Claude Louis-Combet — aux désirs lubriques d’une armada de croûtons flapis. « Non pour l’édification des croyants, mais pour la mise en valeur et le soulagement des fantasmagories du sexe ».

    « Dérision », « fabulation grotesque », « érotique et fantasmatique », telles sont les expressions employées par Claude Louis-Combet pour qualifier son récit. Empruntant au topos de la culture occidentale, — depuis la Suzanne au bain d’Albrecht Altdorfer jusqu’à celle de Théodore Chassériau en passant par la Suzanne au bain et La Chaste Suzanne des peintres Véronèse, Tintoret, Gentileschi (Artemisia), Rembrandt, Rubens, Moreau…, le récit s’éloigne de l’archétype biblique pour créer une fable moderne de l’outrance, où le désir carnavalesque des croûtons, tout en grimaces hallucinées et en folie, explose à la face du lecteur.

    En une quarantaine de pages, l’auteur de Blesse, ronce noire et d’Ôo, ménageant le suspens, fait monter la tension par paliers jusqu’à la déflagration finale, apocalypto-cosmique. C’est d’abord une « attente infinie » qui met les pensionnaires « encasernés » dans la « Clinique du Confluent » — établissement qui tient à la fois de la maison de retraite et du bordel — en état de frénésie permanente. Vidés de leur esprit et de leur substance, les vieillards lubriques, occupés à des masturbations sans retenue ni pudeur, attendent la venue de Suzanne, leur « pôle unique d’attraction et de fixation ». Chacun, en ce qu’il lui reste de conscience et de « for intérieur », espère de la belle qu’elle saura rendre à son corps décharné, l’éphémère jaillissement de sève et l’explosion de vie dont il est depuis longtemps privé. Cet « Avent », auquel la bande de compères — ex-ripailleurs invétérés — se prépare activement et frénétiquement, ne saurait tarder. D’autant qu’il a été claironné par le « doyen et souverain seigneur, Rex Veterum », le plus que centenaire ci-devant « Roi des Flapis ».

    Incarnation du désir masculin portée au paroxysme, préfiguration du baptême pour l’Église, la Vierge des vierges (elle est cependant mariée, épouse du riche Joakim) est ici figure de rédemption. Investie dans la nouvelle de Claude Louis-Combet d’une mission thérapeutique susceptible de ranimer, pour un temps, les malheureux vieillards, Suzanne, s’exposant sans pudeur à un exhibitionnisme forcené, excitant le voyeurisme exacerbé des « croûtons », participe du désir puissamment fantasmé qui convulsionne les corps de ses amants. Nue et offerte, béante, Suzanne offre sa chair écartelée par ses caresses et ses orgasmes. Tandis que de l’autre côté de la vitre qui la sépare des vieillards – la claustra de Tintoret ou les frondaisons qui masquent dans la peinture la présence ricanante des deux vieillards —, les « croûtons » pantelants feulent leur désir.

    Voyeurisme et exhibitionnisme, éros et thanatos, mort et résurrection, profane et sacré, tout le récit est tendu par ces antagonismes qui s’entremêlent avec la plus grande dextérité, sous la plume ouvragée de Claude Louis-Combet. Ainsi le récit, construit sur le suspense, s’épanouit-il, semblable à une fleur vénéneuse qui ne craint pas d’exhiber les splendeurs qu’elle recèle dans les secrets de sa chair. Jusqu’à l’apothéose finale, inattendue.

    Il faut une plume éminemment experte, trempée dans la flamboyance d’une écriture recherchée — pas de retenue chez Claude Louis-Combet, qui use en abondance d’adjectifs et d’adverbes, et scande en orfèvre le rythme de ses phrases — pour faire de ce récit bref un bijou ciselé avec art. Une eau-forte à la manière de Jacques Callot, une vision à la Jérôme Bosch. Si l’obscène est présent dans les gestes et les grimaces des vieillards — maintenant le lecteur au bord du malaise —, il est transcendé par la beauté convulsive de Suzanne qui draine un rêve puissant. Celui de redonner vie à ces déchets humains flaccides ; de faire que leur chair retrouve, comme par miracle, la force vive qui était jadis la leur. Seule Suzanne, dont le nom murmuré entre les lèvres comme le chant d’une source lointaine, peut, par sa générosité et par le don absolu qu’elle fait d’elle-même, secourir l’âme en perdition des « croûtons ». Vision « révélatrice » que celle que Claude Louis-Combet fait surgir à partir des images bibliques, revisitées et réinterprétées. Révélatrice des désirs enfouis de la terrible humanité des vieillards, retranchée derrière les cloisons mortifères des hospices où ils attendent la mort, la vision de Claude Louis-Combet puise sa sève dans les involutions de son écriture. C’est là, dans ce creuset volcanique, que le rêve se fait chair. Par-delà l’obscène et par-delà la dérision originelle.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli







    Louis-Combet, Suzanne et les Croûtons






    CLAUDE LOUIS-COMBET


    Claude Louis-Combet
    Eric Toulot, Portrait de Claude Louis-Combet




    ■ Claude Louis-Combet
    sur Terres de femmes

    Bethsabée à jamais
    Celle par qui la ténèbre arrive (note de lecture d’AP)
    Depuis le temps que la chair s’épure
    Hiérophanie du sexe de la femme
    Isula, insula
    « J’écris du désir comme du désert »
    Mala Lucina
    Noyau central
    Le Nu au transept (note de lecture d’AP)
    Radeau de la première femme, III (extrait de Dérives)
    Résurgences





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  • Gérard Bocholier | Pourpre



    POURPRE
    Ph., G.AdC







    POURPRE



    Les morts sentent-ils encore

    Le blond désir des tilleuls

    La houle des œillets roses

    Qui enchantait les allées



    Non l’âme ne peut pas perdre

    La beauté que tu révèles

    Ton sang se teint dans la vigne

    De la pourpre qu’elle aimait




    Gérard Bocholier in Couleurs, Lumière, Thαumα, Revue de Philosophie et de Poésie, n°11, La Compagnie des Argonautes, septembre 2013, page 115.







    GÉRARD BOCHOLIER


    Gerard-bocholier




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une bio-bibliographie de Gérard Bocholier






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  • Sabine Huynh, Les Colibris à reculons

    par Sabine Péglion

    Sabine Huynh, Les Colibris à reculons,
    Éditions Voix d’encre, 2013.
    Craies noires de Christine Delbecq.



    Lecture de Sabine Péglion


    [MOTS VOLÉS… MOTS ENVOLÉS… MOTS VAGABONDS]




    Mots volés… Mots envolés… Mots vagabonds


    « De haut en bas en bandes

    ou en zigzags solitaires »


    Ces mots en poèmes, rassemblés dans ce recueil de Sabine Huynh, ponctué des superbes et déchirantes craies noires de Christine Delbecq, « migrent », « tombent », « semant des cicatrices-ratures / de batailles amours familles », nous entraînent, nous retiennent. Ils nous parlent de l’être, ce qui le fonde, ce qui l’ancre au monde, du lien, de l’attachement, de la re / co / naissance.

    Filiation dans un lien, dans un lieu, où les odeurs, les saveurs, les sons, les couleurs vont laisser leurs empreintes. Ces riens impalpables qui nous fondent « cet arôme de riz gluant », « son or entre les dents noires », ce « thé aux pétales de lotus », ces « conciliabules des ombres », un jour disparaissent.
    L’exil, le déracinement, prennent place.


    Mais comment construire, avancer, grandir quand la perte ronge, quand « l’oisillon se perd / les signaux s’égarent / les souvenirs s’estompent », quand la saveur de vivre vous quitte, « éventail imprimé (déchiré) », quand la seule terre que l’on porte en soi, seul bagage contre l’oubli, « ce Viêt-Nam de timbres-poste » devient mortifère ou disparaît ?


    « un jour

    le passé ne revient plus »

    […]

    « ces images naïves

    leur seul trésor celé

    la tristesse même »


    Il faut affronter la rupture, l’après,

    « la nuit inquiète / sans repos / de l’exil », l’affronter dans « l’immensité » de la découverte, des « mots pour dire » :


    « comme un colibri

    je vole dans tous les sens

    sans répit

    portée par le souffle

    de nouveaux chants »


    Répondre dès lors à l’appel du monde, l’ailleurs pour un ici perdu, trouver l’ouverture pour combler les blessures.


    « avec abandon tendons les bras

    vers les heures assoiffées de l’été »


    L’oiseau peut retrouver un souffle, « vite, un arbre, pour me dire où je suis », apaiser son vol, se poser sur la terre d’une page, explorer le territoire des mots, « voler sous terre et creuser les cieux ». L’écriture apparaît, dès lors, comme une terre à défricher, à désirer, à conquérir. Explorer le désert, la « zone à part ».


    « Perdant pied dans ton ombre

    j’écris

    comme si ma vie en dépendait »


    Il faudra traverser encore la nuit, sortir du gouffre,


    « Avaler le passé

    de ce vieux tableau

    pendu dans le salon sombre »


    pour parvenir au jour.


    Le futur peut s’installer dans langue,


    « demain

    écrit après demain ».


    L’assonance en [i] domine le dernier poème,

    « Rien sauf le temps

    à lire ce soir

    hier à grains

    lisse aujourd’hui

    écrit après-demain


    Rien sauf le vent

    à dire ce soir

    hier en fuite

    aujourd’hui dévidé

    demain tissé

    dans le temps liquide


    Rien que le vent

    et mon cœur qui bat. »


    En elle s’inscrit « le cri » d’une vie nouvelle, celle donnée, celle d’une « renaissance ». Le recueil de Sabine Huynh, plus qu’une « topologie de l’exil », nous offre un chant d’espoir.



    Sabine Péglion
    9 octobre 2013
    D.R. Texte Sabine Péglion
    pour Terres de femmes







    Sabine Huynh, Les Colibris à reculons





    SABINE HUYNH


    Sabine Huynh 2
    Ph. Anne Collongues
    Source



    ■ Sabine Huynh
    sur Terres de femmes

    Avec vous ce jour-là / Lettre au poète Allen Ginsberg (lecture d’AP)
    Les Colibris à reculons (lecture d’Isabelle Lévesque)
    Kvar lo (note de lecture d’Isabelle Lévesque)
    Kvar lo (lecture d’AP)
    [Au fond de ta gorge] (extrait de Kvar lo)
    La Mer et l’Enfant (lecture d’AP) [+ Notice bio-bibliographique sur Sabine Huynh]
    [Pourquoi toujours ma voix se brise avec ces mots] (extrait de Tu amarres les mots)
    Parler peau (lecture d’AP)
    [sans attaches] (extrait de Parler peau)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Là où elle naît
    Sabine Huynh | Roselyne Sibille, La Migration des papillons (extrait)



    ■ Voir aussi ▼

    la fiche des éditions Voix d’encre sur Les Colibris à reculons
    → (sur le site de CCP)
    une recension des Colibris à reculons par Ludovic Degroote
    presque dire (le site de Sabine Huynh)





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  • Tomi Kontio | [Tu portes ton manteau beige]



    Tu t'es détachée du cadre de la fenêtre
    Ph., G.AdC








    [SINULLA ON SE BEIGE TAKKISI]



    Sinulla on se beige takkisi,
    kopisevat korot,
    joita en kuule ikkunan läpi,
    aurinkoa pääskysten läpi.


    Sinä lähdit,
    keittiön ikkunassa on sormenjälkiä,
    auringossa pääskysten jälkiä.
    Pidän sinua lähelläni.


    Sinä lähdit
    irtosit ikkunan puitteista
    kuin auringon valo.
    Irtosit minuun.







    [TU PORTES TON MANTEAU BEIGE]



    Tu portes ton manteau beige,
    le bruit des talons,
    que je n’entends pas à travers la fenêtre,
    un peu de soleil à travers les pigeons.


    Tu es partie, il y a des traces de doigts sur la vitre de la cuisine,
    au soleil des traces des pigeons.
    Je te garde près de moi.


    Tu es partie
    tu t’es détachée du cadre de la fenêtre
    comme la lumière du soleil.
    Tu t’es détachée en moi.




    Tomi Kontio, Sans nom tu serais lumière | Ilman Nimeä Olisit Valoa, édition bilingue, Fédérop, 2013, pp. 74-75. Préface et traduction (du finnois) de Gabriel Rebourcet.






    TOMI KONTIO


    Vignette TOMI KONTIO




    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site des editions fédérop)
    une page sur Tomi Kontio
    → (sur Lyrikline)
    Plusieurs poèmes dits par Tomi Kontio (+ une notice bio-biblographique)






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