Étiquette : 2016


  • Diane Régimbald | [J’écris vie et mort]





    Partager les étages avec les ombres qui traversent les corridors
    « je ne renonce pas […] à partager les étages
    avec les ombres qui traversent les corridors »
    Ph., G.AdC







    [J’ÉCRIS VIE ET MORT]




    J’écris vie et mort — mes mains touchent aux parois du rêve.

    Je ne renonce pas à refaire l’appartement — à remettre la bibliothèque en état d’être lisible — à partager les étages avec les ombres qui traversent les corridors — reviens à la table creuse le territoire

    Je sors la corde du jeu la vois revenir de loin ses pas créent une suspension dans l’air un arrêt des gestes un retournement

    têtes penchées vers nos poitrines les tissus ne voilent plus rien

    le froid dessine des clairs-obscurs



    Diane Régimbald, « Dessin du jeu » in Sur le rêve noir, Collection Poésie, Éditions du Noroît, Montréal (Québec), 2016, pp. 48-49.






    Diane Régimbald, Sur le rêve noir




    DIANE  RÉGIMBALD


    Diane Régimbald 2
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Terre à ciel)
    une page sur Diane Régimbald (dont une notice biographique et une notice bibliographique)
    → (sur le site des éditions du Noroît)
    la page de l’éditeur sur Sur le rêve noir





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  • 30 août 2003 | Jeanine Salesse, À la méridienne

    Éphéméride culturelle à rebours




    CIEL ENVASÉ, PEU DE SOUFFLES





    Ciel envasé, peu de souffles : ce jour est piégé. Les pommes ballottent véreuses. Un ramier pose un galon au toit, deux ramiers, feston vite interrompu. Une musique sort avec bravoure du poste, n’entraîne personne sur ses trompettes. Rien ne bouge vraiment. La chatte noire se dirige sur trois pattes vers un espace riche en taupinières, le hume puis va s’écrouler sous les thuyas.

    Et voici des gouttes, pas très assurées. Le ciel ne sait plus quoi faire. Les mots non plus ne lèvent pas davantage que le gazon qu’on a semé. Rien ne rattrapera le lièvre amour.


    30/8/2003



    Jeanine Salesse, À la méridienne, Éditions Pétra, Collection Pierre écrites / L’Oiseau des runes dirigée par Jeanine Baude, 2016, page 75.






    Jeanine Salesse, A la méridienne







    JEANINE  SALESSE


    Jeanine Salesse
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature) une notice bio-bibliographique sur Jeanine Salesse
    → (sur le site de la revue Texture) une lecture d’À la méridienne, par Max Alhau





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  • 28 août | Gilles Ortlieb, Le Nom de Zante

    Éphéméride culturelle à rebours




    « De la petite ville de Zante perdue en Lettonie, à l’île de Zante, dans la mer Ionienne, de Sedan à Porto en passant par les tramways de Bruxelles en hiver, la campagne galloise en juillet et même certains quartiers de Paris hors saison : autant de déambulations rapportées, sans perdre de vue ce qui pourrait bien constituer leur mobile premier, “ces moments où l’on n’est plus qu’une surface sensible, impressionnable, en mouvement, l’œil un sténopé et la mémoire une camera oscura, à la pénombre encombrée — le diapason de la perception”. »





    LE NOM DE ZANTE (extrait)





    28 août. C’est jour de fête au cimetière de Smiltiņkalns : une liseuse de poèmes à hautes voix s’est adossée contre un cyprès, à deux pas d’une violoniste — qui se révèlera aussi bientôt cantatrice — officiant sous une petite laine ajourée, et d’un joueur de clavier qui tient à la fois de l’officier de marine et du pasteur protestant. Les habitants de Zante sont là, nombreux, leurs voitures garées pare-chocs contre pare-chocs sur la grand-route ; tous en arc de cercle devant la récitante, et la plupart des tombes ont été entretenues pour l’occasion, brossées, époussetées, fleuries. Ce cimetière très discret, à peine visible à l’entrée de la ville, a dû compter cet après-midi parmi les endroits les plus réconciliés de la planète. Les enfants mêmes s’y tenaient à carreau, appuyés contre l’un ou l’autre de leurs parents, en s’efforçant de dissimuler leurs impatiences et y parvenant le plus souvent.

    Cet attrait éprouvé pour les petites villes et les coins perdus s’explique-t-il seulement par l’illusion que l’on pourra facilement en faire le tour ou l’inventaire sans rien ou presque laisser de côté ? Et pourtant. Pour être menu, l’objet apparaît bientôt aussi insondable qu’une mégapole d’Amérique latine. On peut nommer ce qu’on voit et, ce faisant, dire aussi peu que rien de ce qu’un village contient : le vieil homme au chat (celui que j’ai aperçu ce matin, alors qu’il sortait de la dernière maison du patelin a perdu, m’a-t-on dit, sa femme il y a moins d’un mois), la volumineuse vache cannelle, les deux chiens errants croisés plus tôt dans l’après-midi, les rouleaux de foin aplatis, l’épicerie du village (des villages, plutôt, car elle dessert visiblement plusieurs localités alentour, à en juger par certaines affluences soudaines sur son parking), laquelle paraît vouloir compenser la pauvreté de ses rayonnages par un soin maniaque dans la présentation et le rangement ; sans compter le musée de la guerre, respectivement construit et gardé par M. Ilgvars et son chien Alfa, aux vitrines débordantes de photographies, de plans de batailles et de mouvantes lignes de front, en sus des répliques sauvegardées — depuis le sac en papier huilé dans lequel les Allemands emballaient leurs morts jusqu’aux boîtes de ration ou savonnettes pour la soldatesque, jusqu’aux bombes à fragmentation et hélices d’avion.

    Dimanche 29 août, dans une lumière de plus en plus voilée de fin d’été. Le silence dominical a ceci de particulier qu’il ne diffère en rien, pour ainsi dire, de celui qui enveloppe le tout-venant des autres journées. […]



    Gilles Ortlieb, « Le nom de Zante », I in Et tout le tremblement, éditions Le Bruit du temps, 2016, pp. 98-99.






    Gilles Ortlieb, Et tout le tremblement







    GILLES  ORTLIEB


    Olivier Roller Gilles Ortlieb
    Gilles Ortlieb par Olivier Roller
    Source




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Le Bruit du temps) une notice bio-bibliographique sur Gilles Ortlieb
    → (sur le site des éditions Le Bruit du temps) la fiche de l’éditeur sur Et tout le tremblement





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  • Corse_3 Étienne Orsini | [J’ai longtemps cru qu’ailleurs était un nom de lieu]




    [J’AI LONGTEMPS CRU QU’AILLEURS ÉTAIT UN NOM DE LIEU]




    J’ai longtemps cru qu’ailleurs
    Était un nom de lieu

    Avant d’avoir
    À ne plus t’appeler




    Les maisons se rapprochent
    Parfois miment une étreinte
    Le village n’advient pas




    Les pensées nous plaquent
    Faces contre ciel
    En bas, ce grouillement d’orteils
    C’est la vie des hommes



    Étienne Orsini, Répondre aux oiseaux, Pippa éditions, Collection Kolam Poésie, 2016, pp. 64-65. Dessins de Pierre Lancelin.






    Orsini, Répondre aux oiseaux







    ÉTIENNE ORSINI


    Orsini




    ■ Étienne Orsini
    sur Terres de femmes


    [Je voudrais pleuvoir] (extrait de Débusquer des soleils)
    [J’ai laissé filer des rivages] (extrait de Gravure sur braise)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Recours au poème) une notice bio-bibliographique sur Étienne Orsini
    → (sur le site des éditions Pippa) la page de l’éditeur sur Répondre aux oiseaux







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  • Jean-Claude Pinson | Gagarine de la marine




    GAGARINE DE LA MARINE




    Littoriny (littorini), bigorneaux

    littorini’s lubie qui a saisi Baudelaire à Moscou. Voulait absolument y déguster des bigorneaux. Besoin de recharger son organisme en magnésium, paraît-il.
    On a eu beau lui dire qu’on n’était pas en Bretagne, pas à Tharon-Plage, qu’il mélangeait les cartes, etc. Rien n’y a fait.
    Et évidemment, de bigorneaux, à Moscou, niet, zéro. D’iceux pas la moindre corne pointant à l’horizon son périscope.
    Pas de quoi broyer du noir. Mais pas non plus d’autre solution que de se rabattre sur le mot et sa traduction. Séance lexicographique à mâchouiller des mots, bidouiller des étymologies. Dont il ressort, grosse déception, que ce n’est même pas un mot russe, mais latin. Un mot savant venu de Littré et non du slavon.

    Vous auriez quand même pu vous en douter, a dit Leo. D’ailleurs, vous confondez : Linné, pas Littré.

    et en effet ça sonne très lettré, littorina littorea. Un nom très classe pour une bestiole très ordinaire, cagouille des rivages, qu’on préfère imaginer en petit cosmonaute des bords de mer, en Gagarine de la marine, plutôt qu’en centurion romain.

    On l’a même baptisé Bigarine (Bigarine), inventant pour Alissa Nikolaiëvna une histoire où, échappant de justesse à la voracité des tourne-pierres, il ferme à double tour son opercule et, barricadé dans sa pas spatiale capsule, s’en va pour cent ans de solitude explorer les trous noirs de sa mémoire animale vieille de six cents millions d’années



    Jean-Claude Pinson, Alphabet cyrillique, Éditions Champ Vallon, Collection recueil, 01350 Ceyzérieu, 2016, page 164.







    Pinson, Alphabet cyrillique





    JEAN-CLAUDE PINSON


    Jean-Claude Pinson
    Source





    ■ Jean-Claude Pinson
    sur Terres de femmes


    [Bucoliques feuillées] (extrait de )
    (lecture d’AP)
    Pastoral (lecture d’AP)
    Poéthique (lecture d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Champ Vallon)
    la page de l’éditeur sur Jean-Claude Pinson
    le site officiel de Jean-Claude Pinson







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  • Geneviève Raphanel | [Et dans ta main]




    III [– ET DANS TA MAIN]




    Et dans ta main
    tu montrais
    la fleur de cognassier

    et dans tes poches
    plumes et cailloux
    et chacun de leur nom

    le ciel suspendait les hirondelles

    les poissons
    glissaient sous les péniches
    les mariniers saluaient
    le temps

    le temps
    comme le calendrier de la bible
    ou une vivante
    mythologie




    Des oiseaux
    passent derrière les fenêtres
    mon père
    suit leur vol

    de très près

    et dit que la distance
    n’existe pas

    Je vis soudain
    l’abricotier en fleurs
    disparu depuis longtemps

    J’entendis les martinets
    crier la lumière

    Sépultures et visions
    dans le bouillonnement
    de la pluie
    Couronnes au fil de l’eau
    laissées pour compte

    petites personnes
    glougloutantes
    le tonnerre les maintient
    à mains nues
    accrochées
    aux feuilles des saules




    Des trous
    on dirait trop remplis
    d’air ou de mots
    ou d’images
    douloureuses à soi-même

    on les a écartées
    tout le jour

    elles reviennent le soir

    Surgissaient-ils
    d’une forêt obscure
    des mots non
    familiers démons
    soudain à l’oreille
    des mots dépenaillés
    on n’en cherchait
    même pas le sens

    Et les dépenaillés
    eux dormaient-ils
    dans quelque grange
    Ou par peur
    étaient-ils restés
    enfermés dans le bois
    peur d’en sortir
    ou qu’on les fasse sortir

    les mots
    les morts
    et tant d’autres ombres



    Geneviève Raphanel, « III – Et dans ta main », Temps d’ici et de là-bas, éditions Rougerie, 2016, pp. 40-41-42-43.






    Raphanel 2






    GENEVIÈVE  RAPHANEL


    Geneviève Raphanel
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Geneviève Raphanel
    → (sur Recours au Poème)
    une notice bio-bibliographique sur Geneviève Raphanel (+ 10 poèmes choisis)







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  • Marcel Migozzi | [Quand tu plonges ton visage]




    [QUAND TU PLONGES TON VISAGE]




    Quand tu plonges ton visage au cœur
    Des étoiles du seringa en fleur,
    Tu redeviens l’enfant de mai, le mois
    De la Marie dont tu as divorcé
    Depuis l’adolescence, alors
    Tu respires un parfum de vagin encensé
    De chair heureuse d’être en fleur,
    Le passé t’offre une autre vie
    Quand tu fermes les yeux, amen.



    Marcel Migozzi, Des jours, en s’en allant, Éditions Pétra, Collection Pierres écrites/L’Oiseau des runes dirigée par Jeanine Baude, 2016, page 55.






    Marcel Migozzi






    MARCEL MIGOZZI


    Marcel migozzi




    ■ Marcel Migozzi
    sur Terres de femmes

    Comment savoir si ton visage te ressemble ? (poème extrait de À qui le corps ?)
    Des heures froides (lecture d’AP)
    [Depuis trois jours vieillir est dépassé] (poème extrait de Des heures froides)
    je dis ce que je vois
    [Voici que maintenant…] (poème extrait de Vers les fermes, ça fume encore)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Marcel Migozzi
    → (sur le site du cipM)
    une fiche bio-bibliographique sur Marcel Migozzi
    → (dans La Gazette du Basilic, 6)
    un entretien d’Alain Freixe avec Marcel Migozzi







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  • Marie-Claire Bancquart | [Une ville aimée luit et crie]




    [UNE VILLE AIMÉE LUIT ET CRIE]




    Une ville aimée luit et crie

    passagère
    sa
    langue de bruits

    nous en voudrions un glossaire
    direct, piaffant, gonflé de souvenirs :
    appels de marchés, passages de tanks,
    sonnettes des autobus autrefois,
    couinage des urgences,
    le tout traversé par une petite flûte au travail.


    Répertoire demeuré seul, une fois notre langue perdue,
    les peuples survivants partageraient
    notre espéranto d’existence.


    Le mot non. J’en inverse les lettres. C’est toujours non.

    Pour aller
    contre sa boucle
    je caresse une branche
    dans toute sa longueur.


    J’écris une lettre à je ne sais qui
    une lettre pour je ne sais où.

    J’annonce qu’à l’automne
    il ne faut pas ignorer les branches
    qui jouent magnifiquement leur partition de cuivres.

    Des nouvelles si importantes, au milieu des guerres,
    des catastrophes,
    c’est à faire savoir.

    Sur l’enveloppe :
    Pour X, dans n’importe quel pays triste.




    Marie-Claire Bancquart, « En célébration du vivant » in Tracé du vivant, Arfuyen, Collection « Les Cahiers d’Arfuyen » volume 229, 2016, pp. 59-60-61.







    Marie-Claire Bancquart, Tracé du vivant






    MARIE-CLAIRE BANCQUART


    Bancquart Guidu
    Image, G.AdC





    ■ Marie-Claire Bancquart
    sur Terres de femmes


    Intervalle (poème extrait d’Avec la mort, quartier d’orange entre les dents)
    Buis
    Liturgique (poème extrait de Dans le feuilletage de la terre)
    Ressac (autre poème extrait de Dans le feuilletage de la terre)
    [Ces gants anciens] (poème extrait de De l’improbable)
    [Habiter l’herbe et le trèfle] (poème extrait de Figures de la Terre)
    Figures de la Terre (lecture d’AP)
    Impostures (lecture d’AP)
    [Comment vivre dans une maison sans jardin] (poème extrait de Qui vient de loin)
    [Qu’avez-vous fait] (poème extrait de Terre énergumène)
    [Il y a du jeu] (poème extrait de Tracé du vivant)
    [Toi, l’herbe] (poème extrait de Violente vie)
    Violente vie (lecture d’AP)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    En Angleterre (poème inédit)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    portrait de Marie-Claire Bancquart (+ un poème issu du recueil La Mort, quartier d’orange entre les dents)



    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Arfuyen)
    la page de l’éditeur sur Tracé du vivant de Marie-Claire Bancquart
    le site personnel de Marie-Claire Bancquart







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  • Violaine Guillerm | [La vague devient vague]




    [LA VAGUE DEVIENT VAGUE]




    La vague devient vague. Tous les êtres s’y baignent.

    Les mots seront progressivement blancs, hissés de couleurs comme ça qui se posent. Et au creux, miroiter. Particulièrement. Sur un coin d’heure. Dans un bruit de fracture et d’eau, vibrant, vibrant, nos cris de survivants. La vague tente, contraint, fleurit. Une grandeur, une candeur, quelle cohue, co-errance.

    Mille corps devenus, qui sourient près du neutre, soupiraient. Ta bouche à ma bouche, qui te détoure et aussi me détoure. Point contre point, quelques bonds. Flottaison. Tant de fleurs. Nos réelles approximations. Elle s’étend, la ligne, et tu ne l’étrécis. Entre les points et les points, au presque, propice, l’invention qui jouait, jouait comme une éternité.

    Comme de petits moteurs, le cousu des cascades, toi et moi non diminués de la mer. Revêches, adaptées, nos mains amadouées. Rose cri. Bijou clair. Clair rouge offert. Rouge strette.

    L’heure sonnait. Tout était dense, opaque, en bruine.
    Les orteils gigotent.
    Encore ce souffle, les herbes à travers la pierre, nos bouches mues, des murs à nouveau anciens.



    Violaine Guillerm, Note étrangère, Éditions Isabelle Sauvage, Collection présent (im)parfait, 29410 Plounéour-Ménez, 2016, pp. 17-18.







    Note étrangère





    VIOLAINE GUILLERM


    Violaine Guillerm
    Source



    ■ Violaine Guillerm
    sur Terres de femmes

    [seulement me voilà] (extrait de Scordatura)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Isabelle Sauvage)
    la page de l’éditeur sur le recueil Note étrangère







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  • Odile Massé, Sortir du trou (extrait)





    Sortir du trou

    Planche hors texte de Jean-Claude Terrier
    in Odile Massé, Sortir du trou,
    L’Atelier contemporain, François-Marie Deyrolle éditeur, 2016








    SORTIR DU TROU (extrait)




    N’y a-t-il pas ici quelque tige, quelque rameau, quelque bourgeon annonciateur de choses à venir ?


    Je comptais les visages, les comptais sur les doigts de mes mains, sur les doigts de mes pieds, j’ajoutais des doigts aux doigts comme les visages affluaient, et ils paraissaient innombrables, les visages de mes morts, innombrables les souvenirs que j’avais d’eux, innombrables et terriblement doux.
    J’avais envie d’être, moi aussi, visage parmi les visages.
    Parfois il me semblait apercevoir au loin mon reflet, l’un des visages de ma jeunesse — mais bientôt je disparaissais, et la ronde reprenait son cours.


    et moi, où donc me trouvais-je à présent
    en quelle partie de ma mémoire
    en quelle partie de mon corps
    où donc étais-je moi-même et comment le savoir


    À quoi bon, disais-je, à quoi bon savoir que le trou est à l’intérieur de moi, si je ne sais ni le jour ni l’heure ? À quoi bon être où je suis puisque je ne sais qui je suis ? […]



    Odile Massé, Sortir du trou, L’Atelier contemporain, François-Marie Deyrolle éditeur, 2016, pp. 38-39-40-41. Dessins de Jean-Claude Terrier. Lecture d’Emmanuel Laugier.






    Odile Massé, Sortir du trou





    ODILE  MASSÉ


    Odile Massé
    Source




    ■ Odile Massé
    sur Terres de femmes

    [Il fait chaud] (extrait de L’Envol du guetteur)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur lelitteraire.com)
    une lecture de Sortir du trou d’Odile Massé par Jean-Paul Gavard-Perret
    → (sur le site des éditions L’Atelier contemporain)
    la page de l’éditeur sur Sortir du trou d’Odile Massé
    → (sur le site des éditions L’Atelier contemporain)
    d’autres extraits de Sortir du trou d’Odile Massé [PDF]







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