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  • Fernando Pessoa | [Hommes de barre !]



    [HOMMES DE BARRE !]




    Hommes de barre ! hommes des machines ! hommes des mâts !
    Eh-eh-eh-eh-eh-eh-eh !
    Peuple à casquette, peuple en chemise de tricot,
    Peuple à la poitrine brodée d’ancres et de bannières croisées !
    Peuple tatoué ! peuple à pipe ! peuple du bastingage !
    Peuple bruni par tant de soleil, hâlé par tant de pluie,
    La pureté aux yeux de tant d’immensité devant eux,
    La hardiesse au visage de tant de vents qui l’ont battu sans relâche !
    Eh-eh-eh-eh-eh-eh-eh !
    Hommes qui avez vu la Patagonie!
    Hommes qui êtes passés par l’Australie !
    Qui avez rempli vos yeux de côtes que jamais je ne verrai !
    Qui avez touché terre sur des terres où jamais je n’irai !
    Qui avez acheté des objets grossiers dans les colonies à la proue des brousses !
    Qui avez fait tout cela comme si ce n’était rien,
    Comme si c’était naturel,
    Comme si la vie était cela,
    Comme si là ne s’accomplissait pas même un destin !
    Eh-eh-eh-eh-eh-eh-eh !
    Hommes de la mer d’aujourd’hui! Hommes de la mer passée !
    Commissaires de bord ! esclaves des galères ! combattants de Lépante !
    Pirates du temps de Rome ! Navigateurs de la Grèce !
    Phéniciens ! Carthaginois ! Portugais élancés de Sagres
    Pour l’aventure indéfinie, pour la Mer Absolue, pour réaliser l’Impossible !
    Eh-eh-eh-eh-eh-eh-eh !
    Hommes qui avez élevé des stèles, qui avez nommé des caps!
    Hommes qui avez négocié pour la première fois avec des noirs !
    Qui les premiers avez vendu les esclaves des terres nouvelles !
    Qui avez donné le premier spasme européen aux négresses stupéfaites !
    Qui avez rapporté l’or, le verre, les bois odorants, les flèches,
    Des côtes explosées de verdure !
    Hommes qui avez saccagé de tranquilles villages africains,
    Qui avez fait fuir ces races au bruit des canons,
    Qui avez tué, volé, torturé, gagné
    Les prix de Nouveauté offerts à ceux qui, tête baissée,
    Se jettent sur le mystère des mers nouvelles ! Eh-eh-eh-eh-eh!
    Vous tous en un seul, vous tous en vous tous comme en un,
    Vous tous mélangés, entrecroisés,
    Vous tous sanglants, violents, haïs, redoutés, sacrés,
    Je vous salue, je vous salue, je vous salue !
    Eh-eh-eh-eh ! Eh-eh-eh-eh ! Eh-eh-eh-eh-eh-eh-eh !
    Eh-lahô-lahô-laHO-lahà-à-à-à !


    Je veux partir avec vous, partir avec vous,
    Avec vous tous à la fois
    Partout où vous êtes allés !
    […]



    Fernando Pessoa, Ode maritime, poème d’Álvaro de Campos, Éditions Unes, 2016, pp. 20-21. Traduit du portugais et accompagné par Thomas Pesle.





    Ode maritime.gif 2




    FERNANDO PESSOA


    Vignette Pessoa
    Vignette de Almada Negreiros (D.R. éditions Unes)




    ■ Fernando Pessoa
    sur Terres de femmes

    [Ce soir l’orage a roulé] (extrait du Gardeur de troupeaux)
    Les Îles Fortunées
    Sous un ciel bas et sombre
    Ulysse
    13 juin 1888 | Naissance de Fernando Pessoa
    13 juin 1930
    14 septembre 1931
    29 janvier 1932
    11 juin 1932





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  • Nicolas Pesquès, La Face nord de Juliau, treize à seize

    par Angèle Paoli

    Nicolas Pesquès, La Face nord de Juliau, treize à seize,
    éditions Flammarion,
    Collection Poésie/Flammarion, 2016.



    Lecture d’Angèle Paoli


    JAUNE de Juliau, inépuisable. Jusqu’au vertige.
    Aquatinte numérique, G.AdC






    DE L’OR COMME DANS ORIGINE



    Lire la poésie de Nicolas Pesquès comme on lirait une longue suite poétique d’un genre nouveau s’inventant sous les yeux de la lecture dans la continuité d’une temporalité sans accroc. Plus encore, dans la continuité du fleuve Juliau, en passant par toutes les étapes du « jaune », depuis les origines de la création en 1988 (volumes un à dix, publiés par l’éditeur André Dimanche) jusqu’au dernier volume (treize à seize), qui vient de voir le jour, tout comme le précédent (onze, douze), dans la collection Poésie/Flammarion. Vingt-huit ans de vie partagée entre le poète et sa colline. Entre le poète et son œuvre unique. Une histoire de passion amoureuse.

    « colline ma

    vulve béante » (in « J » 11)

    L’œuvre impose par l’extériorité stable de son titre. La Face nord de Juliau jamais ne varie. Elle est là, dans sa permanence solide et fiable, qui vient à notre rencontre par le biais de « l’écre » du poète. Mais, avec l’écriture, s’immisce une variation sur le même, formes couleurs approches points de vue. Jusqu’à voir surgir des éclairages inattendus, drainant dans leur sillage d’autres méthodes d’apprentissage et d’autres réflexions, d’autres interrogations et doutes d’où naît l’« intranquillité ». Celle du lecteur et celle du poète. D’autres personnages surviennent, pense-bêtes du poète : lièvre perdrix épervier taupe ver… in « J » 11, 12 et… 13. Et d’autres « formules ». Suivre ainsi le poète dans le cheminement de sa pensée, dans son parcours poétique, dans son obstiné tête-à-tête avec la colline, dans ses tentatives douloureuses de dire Juliau, de l’appréhender en profondeur et en nudité, en crudité (ou à cru ?), de pourchasser « l’hypnotiseuse » jusque dans ses moindres retranchements, c’est se joindre au plus près à l’aventure provocatrice d’une écriture, se fondre en elle, adhérer à la démarche du poète et à son propos. Dans une constance partagée jusque dans l’épreuve que représente la lecture d’un texte aussi singulier et aussi rebelle. Avec fidélité et admiration.

    Avec le « tunnel » de Juliau onze et douze, inscrit dans le noir de la nuit, la cécité et le deuil, à quoi il faut adjoindre l’expérience de la mutité, le poète s’était confronté au travail de composition/détournement qui se joue au cœur de « la chambre noire de la langue ». Avec en permanence cette idée que retourner aux origines de Juliau est nécessaire pour que s’opère la séparation qui préside à sa reconnaissance. Paradoxe de la double hélice qui vrille sur elle-même, entraînant le mouvement de flux et de reflux de la marée. L’écriture de « J » 12 se clôt sur ces « bouts de prose comme la vie. Bouleversés à chaque instant. Jaune transitoire, rayé de j. Éclats de tendresse avec du silence. » Telle pourrait être l’une des multiples définitions de l’écriture de l’ensemble des recueils.

    Avec pour transition entre les différents volumes, cette ouverture de « J » 14 :

    « Longtemps, je n’ai pas écrit la colline. La vie aura précédé. Plus longtemps encore écrire aura déjoué l’avènement de l’écart. Il aura fallu ce jaune, cette transmissibilité.

    M’écrire au noir pour que ce soit un jaillir, pour le retour de la vraie nuit. N’écrire que si la colline devient. »

    Le désir de « j », « jaune aux joues » retrouvé, l’aventure reprend et nous voilà à l’orée de La Face nord de Juliau, 13 à 16. Le nouveau recueil s’échelonne de 2009 à 2012. En trois temps pour « J » 13 : « Prologue » (2009) / « Le Grand Pense-Bête » pour 2010 / « Les Formules, deuxième séquence » pour 2011. À la complexité temporelle de la composition — l’année 2011 s’échelonne sur plusieurs sections, débordant sur « J » 14 et « J » 15 — s’ajoute une curiosité qui attire et attise l’attention. « J » 15 est vide. Or, nous sommes toujours en 2011, comme le précise la table des matières. La mutité est-elle à nouveau à l’œuvre, dès début janvier 2012, et pour quelques semaines encore ? Une seule page et deux mots, séparés par un fort interlignage, formant une énigme. Affirmative. Un constat irréfutable, commun à tous :


    « nous



    sommes »


    Séparés, nous sommes, en effet, de manière irréversible. Seule la poésie. « L’autre écriture. » Une rencontre. « L’entreprise d’une vie. » Et pour « troisième voie », le poème.

    S’ouvre alors « J » 16. On entre en 2012. Ainsi l’indique à nouveau la table des matières. Dans cette ultime section du recueil, le poète délaisse la prose — et la forme journalistique — au profit des poèmes. Le poème d’ouverture annonce le thème de la « nudité » étroitement lié au projet de la recherche poétique et à son but :

    « Par nudités mutiques

    dédiées de longue date

    vient l’appel à revouloir

    à dévêtir

    l’extension du face à face »

    Mais la nudité est violence et pour que le combat avec « l’hypnotiseuse » soit loyal il faut en passer par l’acceptation de sa propre mise à nu et de la souffrance qui l’accompagne :

    « se sera répandue

    l’hypnotiseuse

    pour me nudifier

    et que le poème coule

    d’un seul j

    en acceptance de piqûre

    d’effroi »

    Le poète parviendra-t-il, grâce à « la force nue » qui se dégage de la concision de ses vers, mais aussi à force de volonté d’encerclement de cette nudité et de désossement, à satisfaire sa quête ? Dans sa confrontation exigeante avec le langage, réussira-t-il à « parler genêt » ? « Écrire sans accessoires ni chuchotements » est-il possible ? Jusqu’où ? Et si le langage, une fois de plus, s’absentait ? Faire face alors à l’angoisse de la mutité.

    Le poète affronte au plus près les complexités d’« écre » ; il les traverse, de ruptures en rêves, de déconstruction en re-construction. Pourtant, parfois s’imposent les images. Comme dans ces vers-aveu :

    « jamais été plus nus

    et si lointains

    de parole en parole

    abondance de pluriel

    brasero au milieu

    infini bivouac des corps »


    ou encore :


    « parfois l’image vient

    au lieu du mot

    la scène au lieu du verbe

    écrire abandonne le devenir… »


    En dépit de la « pression » qu’exerce sur le poète l’incorporation de « telles pensées », c’est sur le surgissement d’une image mystérieuse parce qu’inhabituelle chez Nicolas Pesquès — elle combine à la fois l’anaphore, la ternarité du rythme et la rime — que se ferme « J » 16 :

    « au croisement

    au firmament ».

    Mais peut-être faut-il revenir en arrière, du côté de « J » 13 ?

    La première séquence, qui se déroule comme un journal daté de juin à octobre (2009), occupe une vingtaine de pages. Plus ou moins développés, ces paragraphes ont la particularité d’être ponctués d’italiques. Parfois un seul mot attire le regard : « fabrique », « inventé », « yellow »… ; mais le plus souvent ce sont des intitulés entiers, à caractère récurrent. « Quitter la représentation sans quitter la colline. » / « S’extraire de la présentation » / « Qu’est-ce qu’on voit quand on lit ? »… Les infinitifs, souvent à valeur injonctive, sont autant de « cristaux théoriques semés ici et là. » Ce sont des « formules » qui « émaillent Juliau 13 ». Dans le prologue qui sert d’ouverture à la section, Nicolas Pesquès donne la raison de ce procédé. Il s’agit, à chaque apparition de ces marques, de revisiter l’interrogation sur le langage. Que fait le langage au paysage ? Ou inversement. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, encore et toujours. L’écriture de Juliau est une interrogation permanente sur la petite fabrique du langage. Inventer fabriquer. Chaque Juliau reprend le questionnement de l’ingénierie de l’écriture. Et le poète de jongler inlassablement avec ces multiples opérations pour poursuivre, dans un corps à corps avec l’écriture, l’aventure exigeante de Juliau. Et de s’étonner toujours des infinis rouages et mécanismes qu’elle met en place. Des déclencheurs inattendus qu’elle suscite. Où l’on retrouve JAUNE mais aussi Écre.

    Ainsi peut-on lire cet aveu : « Le mystère : on écrit un geste, et du jaune est là. »

    Pourquoi « Écre » ? Parce que seul écrire. Retrouver « le noyau de toute graphie », renouer avec l’« étymologie corporelle » de l’écriture, le corps étant absent.

    « Écre pour vaincre les résistances, les sabrer, les estomaquer ; son épée s’enfonce où écrire suffoque, éperonne et jure sa force, sa crise de oui, son outrance, son coup d’archet sur la moelle, à même la moelle. »

    Une seule méthode alors. Se déposséder du corps et du corps même des images. Les désosser de la « représentation ». Toute la difficulté est là, qui réside dans ce travail qui en appelle, pour pouvoir parvenir à ses fins, à la séparation. Se séparer du paysage et des images qu’il fait naître, est-ce chimère ? Sans doute car cela signifie aussi dégager l’écriture du cadre de la temporalité. Tenir tout cela à distance. « La colline peut-elle satisfaire ce vœu, elle, milieu de l’œil et de la phrase ? »

    Quelle réponse le poète propose-t-il à la question : Qu’est-ce qu’on voit quand on lit ?

    « J’écris genêt et vous lisez sans passer par la couleur. Tous les j de l’histoire, superposés, surjaunis.
    On voit ce qu’on lit : la bouillie ou la synesthésie. »

    La question étant posée par trois fois, d’autres réponses parachèvent, qui donnent une autre tonalité. Peut-être même une autre coloration. Il y faut de la patience, un regard aiguisé, une capacité d’abstraction, une volonté de comprendre, de se saisir de, de prendre avec soi ce qui occupe le poète. L’on voudrait tout retenir, s’imprégner de chaque « formule », tant chaque phrase importe. On cherche appui sur les pense-bêtes. Mais ce n’est pas ce que souhaite le poète qui définit ces « objets » comme « des rapports d’étape… des poignées pour aller autrement, ailleurs, c’est-à-dire en tous sens dans la direction du cœur, centre désaimanté par attirance. » Les pense-bêtes émaillent le « GRAND PENSE–BÊTES » de 2010. Ils rajoutent une énigme vivante à l’énigme statique de Juliau. Un peu comme ces animaux menus que l’on trouve dans les grandes toiles de la Renaissance italienne et qui distraient un instant le regard, attirant l’œil loin du sujet essentiel que la peinture donne à voir. Cette vision des choses n’engage que moi, superposition d’images personnelles à celles que dés-invente Nicolas Pesquès. Divertissement. Peut-être suis-je en train de « papillonner » loin de l’esprit du texte, loin de la séparation essentielle et profonde dans laquelle le poète s’inscrit.

    Ainsi écrit-il le 13 novembre 2011, dans « FORMULES, deuxième séquence » :

    « Qâdash, en araméen signifie séparé, on le traduit aussi par saint

    c’est-à dire au secret, au fond des grottes, séparés vivants à main nue, animaux de nous-mêmes. »

    Comme Saint Jérôme, peut-être ? Le poème ne le dit pas. Mais c’est à lui que je pense. Autre divertissement.

    Me voici cependant ramenée à la préoccupation première de la séparation. Car « il n’y a de séparation que parce qu’il y a quelque chose qui veut être retrouvé, je veux dire inventé à nouveau pour avoir été tranché. »

    Ici j’interromps à nouveau le cours de ma lecture et je m’interroge. Nicolas Pesquès est-il un lecteur de Pascal Quignard ? À lire ces lignes, j’inclinerais à répondre oui. À penser du moins qu’il s’en rapproche. Que leurs préoccupations se rejoignent. Mais sans doute est-ce que moi qui m’éloigne à nouveau. Il me faut reprendre le chemin de lecture là où je l’avais laissé. Et retrouver le long cheminement de l’écriture de Nicolas Pesquès. Sa pérégrination inquiète dans la « lente variation des jaunes ». Définie comme « un apprentissage des sensations, des essais d’amour ». Comme un « gouffre ». Au fil des jours et des mois qui composent le recueil, je retrouve les animaux. Ils mêlent leurs traces, pointillés entre les paragraphes. Guêpe paon buse lièvre orbe pie… parsèment les pages, semis de signes qui ponctuent le propos le relancent, « encielle[nt] » la réflexion et la phrase. Et nourrissent ma jubilation. Celle-ci culmine avec la rencontre de notations comme celles-ci :

    « f de je quand la buse tourne » / « noir émotif où sont la taupe, le crapaud, à l’abri des consonnes » / « Queue de paon et la pente qui vient »…

    Et toujours revient l’obsession du commencement. Elle perdure, insiste, leitmotiv qui sous-tend la nécessité d’« écre », la contient dans la totalité de ces deux vers:

    « JAUNE, jaune de lettre, genêt intime

    ventre à colline, de l’or comme dans origine. »

    Mouvement de ressac de l’écriture sur elle-même, qui sans cesse ramène à « l’apparition première ». Liée à la disparition et au silence. JAUNE de Juliau, inépuisable. Jusqu’au vertige.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli







    Juliau 14 NICOLAS PESQUÈS


    Pesquès portrait

    Ph. © Jean-Marc de Samie




    ■ Nicolas Pesquès
    sur Terres de femmes


    Gilles Aillaud (extrait de Sans Peinture)
    après Privas. Nicolas Pesquès (I). « du geste une écriture », par Yves di Manno
    après Privas. Nicolas Pesquès (II). J9, Prémisses de lecture d’une « énigme intime », par Angèle Paoli
    Juliau//ascension face nord (lecture d’AP sur La Face nord de Juliau deux, trois quatre cinq, six)
    21 août 1995 | Nicolas Pesquès, La Face nord de Juliau trois, quatre (extrait)
    Comment recoller ce que la langue détache (extrait de La Face nord de Juliau, cinq)
    15 mai 1886 | Mort d’Emily Dickinson (+ extrait de La Face nord de Juliau, sept)
    La Face nord de Juliau, huit, neuf, dix (lecture d’AP)
    [Courir la pente] (extrait de La Face nord de Juliau, huit, neuf, dix)
    Intérieur nuit (Juliau 11)
    28 février | Nicolas Pesquès, La Face nord de Juliau (onze à seize)
    21-22-23 octobre 2013 | Nicolas Pesquès, La Face nord de Juliau dix-sept, dix-huit
    La caisse claire (journal d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    le site de Nicolas Pesquès
    → (sur Poezibao)
    La Face nord de Juliau, six, de Nicolas Pesquès (lecture d’Angèle Paoli)
    → (sur le site de la mél [Maison des écrivains et de la littérature]) une
    fiche bio-bibliographique sur Nicolas Pesquès





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  • Françoise Ascal | [Carnet, 2004]





    Transmigration des bleus
    Aquatinte numérique, G.AdC






    [CARNET, 2004]
    (extrait)




    Connaîtrai-je un moment de vraies « relevailles » (comme on dit d’une accouchée) ? ou bien désormais suis-je vouée à la descente — jusqu’au trou.

    Une émotion débordante : pas de mots. Et c’est justement cette absence de mots qui fait lever le désir — rayonnant — d’écrire.

    La nature : somptueusement indifférente. C’est cela qui m’apaise. « Je » n’est plus au/un centre. Il prend place dans un ensemble plus vaste, continûment vivant et renaissant, sans « états d’âme ». Jamais je ne projette sur la nature la moindre pensée anthropomorphique. La nature n’a pas souci d’envelopper l’humain, mais elle l’enveloppe de fait, dans une unité du vivant.

    Jamais encore il ne m’était arrivé de prendre mon stylo et de le trouver si desséché qu’il était impossible d’écrire. Vidé de son encre, inutilisé depuis trop longtemps. Cela m’a blessée comme un symbole.
    Suis devenue cette femme non irriguée par les eaux vitales. Recroquevillée sur ses petites souffrances, sur ses jambes raides, ses angoisses de mort, sa maladie, son inaptitude.

    Invité par B., j’ai réouvert ce cahier, tâchant de renouer le fil — sans jugement sur ce qui vient, juste pour retrouver la posture, l’accueil, le geste de la main.

    Gratitude pour ces moments « parfaits » : la lumière, les voix des trois petites filles de la maison voisine, un bref son de toux du vieux monsieur dans son potager, une scie au loin qui vrille la ligne d’horizon cachée, la dentelure d’une fougère à deux mètres de mon regard, le goût de ce petit cigare extrait de la boite bleu indigo, l’écho des paroles de A., hier, le baiser de B. déposé sur ma joue endormie, ce matin.

    Ne pas lâcher ce fil.
    Ne pas lâcher le bleu diffus des myosotis traversant les générations — père semant tes graines à larges poignées, vois ici se déployer la transmigration des bleus.

    Un oiseau est venu frapper la fenêtre en plein vol. Après quelques minutes d’égarement, il est reparti, haut vers le ciel, laissant sur la vitre une empreinte d’ailes largement déployées et quelques duvets minuscules.
    Un oiseau transparent, immatériel, m’accompagne en creux.
    Je le laisse s’ébattre en moi.
    Qu’il remue les mots emmurés dans mon corps.



    Françoise Ascal, Un bleu d’octobre, Carnets 2001-2012, Éditions Apogée, 2016, pp. 33-34-35.







    Unbleud'octobre





    FRANÇOISE ASCAL


    Francoise Ascal par Michel Durigneux
    Ph. © Michel Durigneux
    Source





    ■ Françoise Ascal
    sur Terres de femmes


    [longtemps j’ai mâché | vos grains de grès](extrait d’Entre chair et terre)
    [Carnet, 2011] (autre extrait d’Un bleu d’octobre)
    Des voix dans l’obscur (note de lecture d’AP)
    [tu aurais voulu l’oublier] (extrait de Des voix dans l’obscur)
    Levée des ombres (note de lecture d’AP)
    Lignées (note de lecture d’AP)
    [Je ferme les yeux et laisse le mot venir] (extrait de Lignées)
    Noir-racine précédé de Le Fil de l’oubli (note de lecture d’Isabelle Lévesque)
    L’Obstination du perce-neige et Variations-prairie (lectures d’AP)
    Rouge Rothko
    16 juillet 1796 | Françoise Ascal, La Barque de l’aube | Camille Corot
    5-10 août 2017 | Françoise Ascal, L’Obstination du perce-neige




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Apogée)
    la fiche de l’éditeur sur Un bleu d’octobre
    → (sur La Pierre et le Sel)
    une note de lecture d’Isabelle Lévesque sur Un bleu d’octobre
    → (sur le site de la mél)
    une fiche bio-bibliographique sur Françoise Ascal





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Corinne Hoex, L’Été de la rainette

    par Philippe Leuckx

    Corinne Hoex, L’Été de la rainette,
    Le Cormier, Bruxelles, 2016.



    Lecture de Philippe Leuckx



    [UN ÉTÉ 53]




    Sous la bannière épigraphique d’André Hardellet, ici convoqué pour une inventive recréation d’une définition de l’enfance (tirée de son répertoire : « clef rouillée que cachent les buis, celle qui forcerait toutes les serrures » in La Cité Montgol, Collection Poésie/Gallimard, 1998), la poète Corinne Hoex rameute celle, lointaine, qui a déjà marqué nombre de ses livres romanesques (Le Grand Menu, 2001 ; Ma robe n’est pas froissée, 2008). Faut-il la dire, cette enfance ? La taire ? La récrire ?

    La poète, au conditionnel présent, recrée un lieu, des usages (on coud ainsi beaucoup chez Pelote-Pénélope-Hoex) ; on a des sœurs en « tresses » et « l’enfant tend l’aiguille » de ses mots « à la lumière ».

    À cette époque-là (je vous parle « d’un temps que les moins de soixante-dix ans ne peuvent pas connaître » !), la table est essentielle : on n’a pas le droit de la quitter. Alors, on « joue » comme on peut : et si on disait que ce serait l’été ? Comme tout enfant qui sommeille dans le poète adulte, l’anaphore « Ce serait l’été » dévide la pelote des poèmes.

    Hoex brode bien sûr, dans tous les sens du terme (réinventer l’enfance, tramer la toile de ses textes etc.), coud, mots et mailles, et le dé – qui protège le doigt est « d’argent », « trop large » pour la gamine. « Vie cousue, décousue ». L’enfance, chez elle, ce sont « des voix sans corps ni visages ». Et, comme chez Hardellet, penchez-vous, lecteur, sur un puits et vous en recevrez, dit-il, toute la fraîcheur (!) au visage.

    L’enfance ? « Pâte de sommeil », méridiennes lourdes, temps enfoui, immobile, ENLISÉ.

    L’enfance ? « Mâche(r) le lait âcre de leurs tiges » de pissenlits « amers » !

    L’anaphore, bien sûr, de « Ce serait l’été » avec Irma qui prépare le poisson de famille, celui de l’oncle Armand, blagueur comme tout.

    Ce serait cette « rainette » qui, selon le même oncle, appelle à former un « vœu »…

    L’enfant de « sept ans » que l’on enjoint de « mieux écouter cette tourterelle »…

    Oui, un été 1953, un bel été ?



    Philippe Leuckx
    pour Terres de femmes
    D.R. Texte Philippe Leuckx






    Hoex-Rainette







    CORINNE HOEX


    Corinne Hoex
    Source




    ■ Corinne Hoex
    sur Terres de femmes

    Et surtout j’étais blonde (lecture de Philippe Leuckx)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Le Cormier)
    la fiche de l’éditeur sur L’Été de la rainette
    (sur espace livres & création)
    une fiche sur L’Été de la rainette





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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Martine – Gabrielle Konorski | Verticale



    VERTICALE



    Ainsi tu m’apparais
    dans le drap blanc
    dessiné sur ta peau

    Sous le soleil
    ta bouche de grenade
    écarquille mes yeux

    Ta main cueille la terre
    au creux de l’arbre
    aux pierres

    Ici il est écrit
    Possible         peut-être.



    Martine-Gabrielle Konorski, « Nos heures » in Une lumière s’accorde, Le Nouvel Athanor, Collection Ivoire, 2016, page 22. Préface d’Angèle Paoli. Postface de Claudine Bohi.






    Konorski  Une lumière s'accorde 2



    MARTINE KONORSKI


    Martine Konorski NB 2
    Ph. D.R. Pascal Therme
    Source





    ■ Martine – Gabrielle Konorski
    sur Terres de femmes


    [Les mots cognent] (extrait de Bethani)
    Bethani (lecture d’AP)
    Instant de Terres (lecture de Marie-Hélène Prouteau)
    « Un point ouvert » (extrait d’Instant de Terres)
    un autre poème extrait d’« Un point ouvert » (Instant de Terres)
    [Au versant de la pierre-écritoire] (extrait de Je te vois pâle… au loin)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    [Vissée à la plante des pieds]




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Recours au Poème)
    une recension d’Une lumière s’accorde, par Isabelle Lévesque
    → (sur Levure Littéraire)
    des extraits de Je te vois pâle… au loin (+ une notice bio-bibliographique)
    → (sur Les Carnets d’Eucharis)
    d’autres extraits de Je te vois pâle… au loin (+ une notice bio-bibliographique)
    → (sur le site Robert le Diable, carnet de curiosités littéraires)
    une notice bio-bibliographique sur Martine – Gabrielle Konorski





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  • Yann Miralles | [qui n’a pas vu ces visages]



    [QUI N’A PAS VU CES VISAGES]




    qui n’a pas vu ces visages
    (dans le film)
    offrant à la fois
    la crasse qui les écrase et le halo
    de lumière
    qui les fait infinis

    qui n’a pas vu
    ces personnages tenant du sous-
    prolétaire et du prophète

    (archétypes se cherchant corps
    et clochards à l’orée de la gloire) —

    qui n’a pas vu cela
    ne sait pas qu’ici
    la parole se fait chair
    et le terrain vague page
    d’évangile

    le terrain vague de ton visage :
    je tutoie
    comme le fait la caméra
    qui le fixe
    dans le plan
    ses cheveux en proie au vent
    qui souffle
    les creux et bosses
    toutes les aspérités
    de sa face
    où la lumière
    afflue / se diffuse
    comme ses paroles (ou comment
    filmer
    le discours sur la montagne)
    qui viennent du trou
    noir de la bouche remuant —
    tes paroles
    parvenant
    jusqu’à nous
    l’infini
    pour les siècles des siècles



    Yann Miralles, Des terrains vagues, Variations, Éditions Unes, 2016, pp. 24-25. Vignette de couverture de Jérémy Liron.






    Yann Miralles, Des terrains vagues







    YANN MIRALLES


    Yann Miralles
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de BLDD)
    une fiche sur Des terrains vagues, Variations
    → (sur Ta résonance de Martin Ritman)
    un entretien avec Yann Miralles
    → (sur Terre à ciel)
    plusieurs poèmes de Yann Miralles (+ un mini-entretien de Cécile Guivarch avec Yann Miralles)
    le site des éditions Unes





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  • Jean-Pierre Lemaire | [Ne te hâte pas de regagner la surface]



    [NE TE HÂTE PAS DE REGAGNER LA SURFACE]




    Ne te hâte pas de regagner la surface
    où tout s’oublie si vite. Ici, avec moi
    et les pauvres qui voient le monde par-dessous
    tu n’es pas loin de son entrée. Sois fidèle au jugement
    pour être fidèle à la grâce. Et si tu suffoques
    dans les angles des villes cristallisées
    les fumées d’or qui font vaciller le soleil
    baisse-toi : l’air frais se trouve près du sol
    Tu as été fouillé à la frontière
    et tu attends le reste de tes bagages
    mais moi qui n’ai rien, je t’offre d’échanger
    tes ailes de cire avec mes mains percées
    tes raisons avec mon silence
    une fausse innocence avec le vrai pardon



    Jean-Pierre Lemaire, « Au pied de l’arc-en-ciel », Visitation, Éditions Gallimard, Collection blanche, 1985 (prix Max-Jacob 1986 | médaille de bronze de l’Académie Française) [ouvrage épuisé] in Jean-Pierre Lemaire, Le Pays derrière les larmes, poèmes choisis, Éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 2016, page 154. Préface de Jean-Marc Sourdillon.






    Jean-Pierre Lemaire, Le Pays derrière les larmesNOTE d’AP : sur les vingt-deux suites de poèmes qui composent le volume anthologique Le Pays derrière les larmes, sept sont extraites du recueil Visitation (Gallimard, Collection blanche, 1985, prix Max-Jacob 1986, recueil épuisé) : « La rivière et la route », « Accompagnement », « Le sursis », « À découvert », « Au pied de l’arc-en ciel », « Album », « L’habit de noces », le recueil Visitation comportant lui-même douze suites de poèmes.






    JEAN-PIERRE LEMAIRE


    Jeanpierre-lemaire
    Source



    ■ Jean-Pierre Lemaire
    sur Terres de femmes

    Giotto (poème extrait de L’Intérieur du monde + une notice bio-bibliographique)
    [La terre est invisible] (autre poème extrait de L’Intérieur du monde)
    [Pendant la tempête](poème extrait des Marges du jour)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Recours au Poème)
    plusieurs poèmes de Jean-Pierre Lemaire
    → (sur Ce Qui Reste)
    plusieurs poèmes inédits de Jean-Pierre Lemaire





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  • Vénus Khoury-Ghata | [Bras tendus vers le haut]



    [BRAS TENDUS VERS LE HAUT]




    Bras tendus vers le haut nous ramassions tous les rebuts du ciel
    Nuages troués
    Étoiles pétrifiées de la taille d’un caillou
    Et parfois un ange élevé au grain que la mère plumait pour la fête

    Les larmes de la mère n’étaient pas dues à la honte ni à la désapprobation des voisins
    la mère pleurait le plein d’une bassine pour laver nos pieds prêts à s’échapper
    nous étions plus grands que la maison
    les cils des filles atteignaient la cime des arbres
    les garçons partageaient la volubilité du lierre et sa capacité à enjamber la haie

    Maudits les murs qui ne savent pas retenir les enfants



    Vénus Khoury-Ghata, Où vont les arbres ?, Mercure de France, 2011 in Les mots étaient des loups, poèmes choisis, Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 2016, page 195. Préface de Pierre Brunel.






    Vénus Khoury-Ghata, Les mots étaient des loups




    VÉNUS KHOURY-GHATA


    KHOURY-GHATA-VENUS
    Source




    ■ Vénus Khoury-Ghata
    sur Terres de femmes


    C’était novembre (autre poème extrait d’Où vont les arbres ?)
    Compter les poteaux (poème extrait des Obscurcis )
    Ils sont deux figuiers (poème extrait de Quelle est la nuit parmi les nuits)
    Le caillou dans la main (poème extrait de Quelle est la nuit parmi les nuits)
    [Pénurie de vie] (poème extrait de Demande à l’obscurité)
    [Les pluies ont dilué le pays]
    31 août 1941 | Vénus Khoury-Ghata, Marina Tsvétaïeva, mourir à Elabouga
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Les cheveux rouges de la mère
    → (dans la galerie Visages de femmes) le Portrait de
    Vénus Khoury-Ghata (+ un poème extrait de Quelle est la nuit parmi les nuits)





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  • Antoine Raybaud | Lied



    LIED, II
    (extrait)




    Dyonisos 1 : matinale





    La légèreté
    des cascades dégorgeant
    de leur source, lé-

    gèreté de l’homme,
    mais plus légère la danse
    des mailles de l’eau

    aérienne, aimant
    la pesanteur s’en défaire,
    allégée de sa

    chute, d’un bond haute
    à ses échelles d’aube, aux
    drisses d’ipomées

    voile hissée de
    la légèreté liquide
    vibrante aux manœuvres




    2 : méridienne





    Le torrent qui danse
    le scintillant qu’un coude
    du roc emprisonne,

    truite contre la
    pierre noire, une impatience
    frémit, étincelle,

    bondit jusqu’au noir
    miroir, tain de granit comme
    un lait de violettes

    où sombre la rose
    de midi dans la touffeur
    du jour pourrissant___

    remonter aux sources
    d’ondoiements frais de l’incom-
    mencement de tout !




    3 : nocturne





    Je lève les yeux,
    des mers lumineuses roulent
    là-haut,___ silence

    ___nuit,___fracas
    mortellement silencieux,
    scintillante lente-

    ment jusqu’à moi une
    constellation descend,
    j’épelle des signes,

    ___nécessité,
    je t’aime,___ éternité,
    je serai ton oui,

    tu ne grondes plus,
    un retable pur, je t’aime
    ___éternité



    Antoine Raybaud, « Lied, II » in Stimmen, Arfuyen, Collection Les Cahiers d’Arfuyen, volume 227, 2016, pp. 72-73-74. Préface de Salah Stétié. Postface de Jean-Claude Mathieu.







    Antoine Raybaud, Stimmen





    ANTOINE RAYBAUD


    Raybaud_Marseille_2011-2
    Antoine Raybaud, Marseille (été 2011)
    D.R. Ph. Sylviane Dupuis
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site d’Alain Paire)
    Antoine Raybaud, Aix-en-Provence et Genève, par Alain Paire





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  • Ève de Laudec | De tous ces mots



    Traces éphémères
    Ph., G.AdC







    DE TOUS CES MOTS




    De tous ces mots flanchés
    Flanqués       blancs et cousus
    Des saillies pressenties au cœur du cœur
    Et de mon immanence
    De ces éclats de vivre

    À l’asphyxie des gouffres
    De ces indépendances écartelées
    De mes je       de mes nous
    De mes autres
    Et de l’instant perçu
    Des émois transhumance
    De tous ces petits riens aux traces éphémères

    Fugitive noueuse
    Je me suis engendrée




    Ève de Laudec
    D.R. Texte inédit Ève de Laudec
    pour Terres de femmes






    ÈVE DE LAUDEC


    Eve de Laudec Ph
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    l’emplume et l’écrié (le site personnel d’Ève de Laudec)
    → (sur le site de la revue Ce Qui Reste)
    plusieurs poèmes d’Ève de Laudec





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