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Étiquette : 2016
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Ariane Dreyfus | [J’écris parce que je vais disparaître]
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Hervé Piekarski | Matin d’un jour d’orage
HERVE PIEKARSKI
Hervé Piekarski en pleine lecture
au centre culturel François-Villon
de Frontignan-la-Peyrade
le vendredi 28 mars 2008
Source
Hervé Piekarski est né à Marseille en 1955 et vit aujourd’hui à Montpellier. Son œuvre a vu le jour en 1984 sur l’initiative de Jean-Pierre Sintive aux éditions Unes (Ouest), qui ont publié huit ans plus tard (1992) le premier mouvement de L’État d’enfance. La collection Poésie/Flammarion a accueilli trois autres de ses ouvrages, du Gel à bord du Titanic (1996) à Limitrophe (2005). Après un silence de plus de dix ans (hors quelques lectures poétiques, notamment à Crest et à Frontignan en 2008), il a entrepris avec L’État d’enfance, II un nouveau cycle en poésie, qu’il dit « appelé à de futurs développements ».
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site des éditions Unes) la page de l’éditeur sur Hervé Piekarski
→ (sur le site du CipM) une fiche bio-bibliographique sur Hervé Piekarski
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» Retour Incipit de Terres de femmes -
Valérie Canat de Chizy, Je murmure au lilas (que j’aime)
par Isabelle LévesqueValérie Canat de Chizy, Je murmure au lilas (que j’aime),
Éditions Henry, Collection La Main aux Poètes, 2016.
Vignette de couverture d’Isabelle Clement.
Lecture d’Isabelle Lévesque
« Onirique approche du temps »
Ph., G.AdC
MOT PRONONCÉ OU SILENCE
Le verbe n’est pas seul : l’adresse florale compte – elle demeure. Au ciel du titre, Je murmure au lilas (que j’aime), on mesure l’attrait végétal et la douceur. Un long murmure octosyllabique, l’« e » faible répété, assourdi. Cette musique, quelle sera-t-elle ? Il manque un objet au verbe, la formulation syllabique du contenu du murmure. La parenthèse ne réduit pas la proposition relative à un détail, elle la valorise et la fait passer première au rang des motivations qui président au poème. L’entrée en matière, délicate et nuancée, nous retient, nous attire et nous fait entrer presque silencieusement dans le recueillement du livre.Le poème naît de sensations, en prose, il est soumis à ce qui est éprouvé et suscite : « J’écoute la musique de la pluie sur le métal ». Ce sont des notes infimes et multiples qui font passer d’un espace à l’autre, de la cuisine à « un jardin ». Le poème révèle le « silence » (mot répété quatorze fois pour quarante-trois fragments), un silence traversé d’images, légères, qui diffusent et portent vers l’intime, âme et cœur. Nous sommes invités à éprouver à notre tour, passant par les mots, les sensations et à agir, « je pèse le pour et le contre du silence », pour nous incarner comme se dédouble le poète. Téléportation sensible pour « plonge[r] dans la mer des songes », détournement d’un cliché pour une chute véritable dont le poème remonte le cours.Prose propice, le cheminement offert ouvre la perception visuelle et interroge celle des sons :
« Qu’est-ce qu’entendre ? À quoi ressemble le bruit d’un arbre dans le vent ? »
Source de méditation et de rêverie, le poème procède par glissements. Porosité du temps, une sensation réveille l’enfance, c’est que les fondations s’établissent sur elle. La rêverie est ancrée, elle s’éloigne ensuite d’un horizon restreint, elle creuse un espace intérieur pour y accueillir le monde extérieur, abolir les barrières entre la vie animale et même végétale. Dialoguer sans mots avec le chat :
« Le silence, c’est voir les pupilles du chat se dilater, et comprendre ce qu’il dit sans avoir besoin de parler. »
Et dialoguer aussi, comme l’annonçait le titre, avec le lilas familier. Un fragment nous révèle le discours tenu :
« Je murmure au lilas que je l’aime. Son parfum embaume de tous côtés. »
Alors le secret, le murmure, toute trame de douceur, se tissent avec le fil des mots. L’instant unit. Au présent, le lien établi par tous les sens.Onirique approche du temps, quelque chose en soi qui se libère, pour accueillir « une plaine en hiver et les moutons de l’océan au loin. » Le chemin du poème à voix basse permet cette approche du réel.La rêverie mène vers ce « monde du silence » que révéla le film du commandant Cousteau : « [u]ne raie, un requin. Un coup de mâchoire. Sans bruit. Le sang attire d’autres prédateurs. » Le danger n’est pas écarté, il peuple l’univers intérieur comme s’accomplissent les miracles murmurés. « Une palme s’ouvre, translucide », temps de silence pour que naisse le monde. « Ouvrir », le verbe répété, infinitif et entier, résonne comme injonction douce et respiration d’eau, elles correspondent aux battements du cœur. Remontée vers notre origine de silence et d’eau. Le livre intègre le chemin vers ce premier cri fondateur : rupture, « il neigeait » comme coton, l’enveloppe traversée depuis le point silencieux du néant. Il a fallu cet arrachement : effort du cri, « planté comme un couteau », entrée en vie.Parfois celle qui écrit revit cette traversée douloureuse lorsqu’un regard (un mot ?) se plante en elle, plaie vive, le père relevé revient d’un sommeil trop long et perce la membrane fine – de trépas à vie. Le dialogue s’établit aussi avec les ombres chères, ce qui survit.Au lilas, le murmure du père retourné au silence « comme une césure », il existe tout près alors que les images gisent d’un passé tranché qui revient hanter vivre. « De tes doigts naissent des bourgeons », écrivait Valérie Canat de Chizy dans Poetry 1.Au milieu de la neige, les lames des chirurgiens qui extraient, coupent pour que la vie soit – l’ambiguïté des couteaux-scalpels, vie/mort annexés. Par la peau l’extérieur et l’intérieur communiquent. Le poème serait-il cette frêle membrane entre vie et mort, qui unit celui qui n’est plus à celle qui écrit ? « [P]aroles inaudibles ». L’amour alors, comme réponse puisque l’âme est logée dans le corps de ses lettres. Chemin blanc de neige, hôpital, traversée de couloir et le corps invisible ou transparent de l’enfant qui « marchait », « passant au travers des regards ». En ce livre se mêlent la vie quotidienne (et blessée), le rêve et l’impossible réparation de quelque chose qui a été coupé dès naître. Le blanc le couvre, le blanc le libère puisqu’il se pare d’antinomiques attraits, mot prononcé ou silence.Le livre se clôt sur la peau percée par les aiguilles d’un temps né : le corps n’est plus protégé.
Isabelle Lévesque
D.R. Isabelle Lévesque
pour Terres de femmes
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1. Valérie Canat de Chizy, Poetry, Éditions Jacques André, 2015. À propos de ce livre, nous renvoyons à notre article.
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» Retour Incipit de Terres de femmes -
Patrick Argenté | Forêt
PATRICK ARGENTÉ
Source
■ Voir aussi ▼
→ (sur Terre à ciel) une page sur Patrick Argenté
→ (sur le site de Jacques André Éditeur) la page de l’éditeur sur Le Vol des ombres de Patrick Argenté
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» Retour Incipit de Terres de femmes -
Agota Kristof | Des routes hurlantes
AGOTA KRISTOF
Source
■ Agota Kristof
sur Terres de femmes ▼
→ Clous (lecture de Martine Konorski)
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site des éditions Zoé) la page de l’éditeur sur Clous d’Agota Kristof
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» Retour Incipit de Terres de femmes -
Ghyslaine Leloup | Les heures froides
GHYSLAINE LELOUP
Image, G.AdC
■ Ghyslaine Leloup
sur Terres de femmes ▼
→ La paix disent-elles (+ une notice bio-bibliographique sur Ghyslaine Leloup)
→ Ghyslaine Leloup & Noël Roch, Bien à vous, Une correspondance (lecture d’AP)
→ (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) Ils ont tenté de broyer mon esprit
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site des éditions Unicité) la page de l’éditeur sur Ghyslaine Leloup
→ (sur Recours au Poème) une page sur Ghyslaine Leloup (+ cinq poèmes)
→ (sur Ce Qui Reste) « La grande fugue » de Ghyslaine Leloup
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Varlam Chalamov, Cahiers de la Kolyma et autres poèmes
par Angèle PaoliVarlam Chalamov, Cahiers de la Kolyma et autres poèmes,
nouvelle édition augmentée de 34 poèmes inédits en français,
Éditions Les Lettres Nouvelles-Maurice Nadeau, 2016.
Traduits du russe par Christian Mouze.
Lecture d’Angèle Paoli
VARLAM CHALAMOV
Source
■ Varlam Chalamov
sur Terres de femmes ▼
→ Pour la poésie (poème extrait de Cahiers de la Kolyma et autres poèmes)
■ Voir aussi ▼
→ le site officiel Varlam Chalamov (en russe)
→ (sur le site des éditions Maurice Nadeau) la fiche de l’éditeur sur Cahiers de la Kolyma
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Jeanne Bastide | [comme si le temps]
Encre de Nadège Lepot
(Première de couverture du Jour se déplie de Jeanne Bastide)
Source
[COMME SI LE TEMPS]
comme si le temps une fois encore se retirait
arrive la lumière de toute part
tu aurais voulu dire quelque chose de simple
une évidence
l’évidence ne s’impose que dans le bleu du ciel
dans le grain de sable
tu voudrais que ton regard s’écoule — fleuve tranquille — le
long de l’horizon
l’horizon recule — toujours
le vide l’absorbe
l’avenir durera longtemps
tout le temps que le silence aura la tête penchée sur le passé
ne reste que le point d’interrogation
Jeanne Bastide, Le jour se déplie, poèmes, Éditions Domens, Collection « Littérature », 2016, page 23.
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Ishikawa Takuboku | [Pour la première fois depuis longtemps]
« Même la tristesse de ce jour où la poitrine me fait mal,
comme une cigarette à l’arôme délicat,
j’ai peine à l’abandonner. »
Ph., G.AdC
[POUR LA PREMIÈRE FOIS DEPUIS LONGTEMPS]
Pour la première fois depuis longtemps,
d’un coup j’ai ri aux éclats ——
La drôlerie de cette mouche se frottant les mains.
Même la tristesse de ce jour où la poitrine me fait mal,
comme une cigarette à l’arôme délicat,
j’ai peine à l’abandonner.
Ce moi d’il y a un instant,
qui désirait faire du tapage,
je m’en attendris.
Ishikawa Takuboku, Le Jouet triste, Arfuyen, 2016, page 76. Traduit du japonais par Jérôme Barbosa et Alain Gouvret.
ISHIKAWA TAKUBOKU
Le Jouet triste (lecture d’AP)
■ Ishikawa Takuboku
sur Terres de femmes ▼
→
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site des éditions Arfuyen) les pages de l’éditeur sur Ishikawa Takuboku
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» Retour Incipit de Terres de femmes -
Varlam Chalamov | Pour la poésie
VARLAM CHALAMOV
Source
■ Varlam Chalamov
sur Terres de femmes ▼
→ Cahiers de la Kolyma et autres poèmes (lecture d’AP)
■ Voir aussi ▼
→ le site officiel Varlam Chalamov (en russe)
→ (sur le site des éditions Maurice Nadeau) la fiche de l’éditeur sur Cahiers de la Kolyma
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