Étiquette : 2017


  • Anne Teyssiéras | [Nos doutes étaient comme l’écume de la mer]




    [NOS DOUTES ÉTAIENT COMME L’ÉCUME DE LA MER]




    Nos doutes étaient comme l’écume sur la mer, répandue partout, étalée, allant et venant sur le sable gorgé de coquilles et de mousse.

    Notre anxiété était pareille à une nuée de criquets, si dense qu’elle voilait un moment le soleil et s’abattait dans un grand bruissement métallique sur les cultures et les jardins.

    Attachés aux jeux de la mort, la vague, la nuée, le vent tirant par les cheveux ce qui encombre son passage, renversant, entraînant, navrant, déracinant…

    L’un de nous intervenait : « Cessons de dire comment nous ressentons les choses, cela ne peut faire que les retourner. » L’une d’entre nous ajouta : « Écrire est dangereux. Les métaphores donnent de l’air mais font des trous dans la pensée. Il faut raccommoder les trous, colmater les brèches, combler les sillons pervers que font les images. En pure perte d’ailleurs. Nous n’échapperons pas à notre destinée. »



    Anne Teyssiéras, Un présent sans mémoire, 42, poèmes, Revue NUNC | Éditions de Corlevour, 2017, page 51.






    Anne Teyssiéras  Un présent sans mémoire 3





    ANNE TEYSSIÉRAS


    Anne Teyssiéras




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur La Cause Littéraire)
    une notice bio-bibliographique sur Anne Teyssiéras
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une notice bio-bibliographique sur Anne Teyssiéras
    → (sur le site des éditions de Corlevour)
    la fiche de l’éditeur sur Un présent sans mémoire





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  • Claudine Bohi | [brouillard n’est pas absence]




    [BROUILLARD N’EST PAS ABSENCE]




    brouillard n’est pas absence
    mais totalité de présence

    dentelle sur la nuit
    voile sur le mystère

    paradoxe de la lumière

    d’une joie que l’on ne comprend pas





    comme si le temps
    était devenu espace

    non pas visible
    mais informant la vision

    ouvrant les signes

    à ce qui les fait naître





    partout cette chair intouchable

    partout cette lumière
    qui ne se montre pas

    et partout le brouillard

    cette épaule invisible
    qui nous protège





    cette joie cette folie
    cette certitude incertaine

    cette indécision du désir

    et ce mot qui fait signe
    qui boit tout le brouillard d’un coup

    qui le fait nôtre



    Claudine Bohi, Éloge du brouillard, Les Lieux-Dits éditions, Collection Jour & Nuit, Strasbourg, 2017, pp. 50-51-52-53.




    CLAUDINE BOHI


    Claudine Bohi 2
    Source




    ■ Claudine Bohi
    sur Terres de femmes


    Secret de la neige (poème extrait de L’Enfant de neige)
    Et cette fièvre qui demeure
    [Duels de lumière] (poème extrait de La plus mendiante)
    Le funambule sans son fil (poème extrait de Même pas)
    Mère la seule (lecture d’Isabelle Lévesque)
    [je laisse tomber le mot maman] (poème extrait de Mère la seule)
    L’invisible (poème extrait de Mettre au monde)
    Naître c’est longtemps (lecture d’AP)
    Naître c’est longtemps (lecture de Philippe Leuckx)
    Corps levé (poème extrait de Naître c’est longtemps)
    [L’eau son puits étrange] (poème extrait d’On serre les mots)
    [à force de mots sur la peau] (poème extrait de Parler c’est caresser un corps)
    [La raison sort toujours de l’irrationnel] (poème extrait de Rêver réel)
    Une lumière de terre (poème extrait d’Une saison de neige avec thé)
    Claudine Bohi | Philippe Bouret, Cet enfant sans mot qui te commence (lecture d’AP)
    Claudine Bohi | Olivier Gouéry [Voici donc le matin]
    → (dans l’anthologie Terres de femmes)
    si ce n’est pas trembler




    ■ Voir aussi ▼


    → (dans la poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Claudine Bohi





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  • Philippe Leuckx, D’obscures rumeurs

    par Angèle Paoli

    Philippe Leuckx, D’obscures rumeurs,
    Éditions Pétra, Collection Pierres écrites/L’Oiseau des runes
    dirigée par Jeanine Baude, 2017.



    Lecture d’Angèle Paoli



    « UNE LECTURE DU MONDE »




    Par-delà le paysage des rues et des champs qui dessine ses formes dans le dernier recueil de Philippe Leuckx, c’est tout un paysage sonore qui se déplace d’une section à l’autre de D’obscures rumeurs. Un paysage en demi-teintes, jamais totalement noyé par les chagrins ou par la nostalgie d’un temps qui n’est plus, temps de l’enfance désormais inaccessible.

    Pourtant, à l’annonce du titre, le lecteur pourrait s’attendre à de plus graves obscurités. Il n’en est rien, car tout se dit dans ces poèmes brefs avec une retenue qui baigne les gestes de jadis et le moindre relief dans une pénombre à peine mélancolique, « une lumière un peu assourdie » :

    « À peine un bruissement de cordes ».

    Des voix, des rumeurs imprécises bruissent dans la nuit, accompagnées parfois de la caresse de la pluie, effacement des berges et des rives au rythme de l’efflorescence des souvenirs. Quelquefois, au contraire, les rumeurs se font inquiétantes, qui « pèsent avec leur vrac d’ombres et l’éphémère tendu de ciel ». Mais rien qui s’appesantisse et vienne entraver durablement le « passant » pour qui « rien ne s’entreprend sans l’espoir d’y loger quelque amour, quelque solitude. »

    Lorsque se font plus vives les rumeurs de la rue et du monde ou les impatiences du cœur, le poète trouve dans la « douceur des vocables » — celle du « mot paix » — de quoi lutter contre la fureur des hommes, « contre le mur des balles ». Tant il est vrai que Philippe Leuckx est sensible à ce « peu » qui se loge dans les sonorités. Ainsi du poème intitulé « Gares » guidé par la profusion vibratile des [v] (labio-dentales voisées) :

    « Si vous voulez qu’une ville vive vite et veuille un

    peu de vous

    Vous fasse un peu de place

    Vous verse dans ses voix

    Vous irez de vous-même vous égarer dans ses gares

    Ses rumeurs »

    Ou ailleurs, par la profusion plus disséminée des syllabes grinçantes ou grognantes [GR] de « gré » / « gravats » / « gourmes » / « gares » / « égarés »…

    Agencement souple de sonorités qui agit comme une caresse — comme un baume — pour apaiser les plaies du monde. Le poète ouvre la voie, qui se « rempare » derrière la polysémie des mots. Ainsi berce-t-il « nos inquiètes présences ».

    Une vigilance sensible que le poète, dans sa générosité, offre en dédicace à ceux qui lui sont chers : Pour Maria, Pour Gaëtan, Pour Paolo/Pour Jean-Luc et Mo…

    De sorte que le poème, dans sa retenue discrète comme dans les souvenirs qui affleurent, devient don. Un don humble mais tangible qui permet du monde une « lecture » rassérénée et confiante.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli





    Philippe Leuckx  D'obscures rumeurs





    PHILIPPE LEUCKX


    Vignette PHILIPPE LEUCKX
    Ph. Christelle Dossche




    ■ Philippe Leuckx
    sur Terres de femmes


    [Le soir](poème extrait de Ce long sillage du cœur)
    Ce long sillage du cœur (lecture d’AP)
    [Il reste au-dessus du jour quelque vœu d’enfance](poème extrait de D’obscures rumeurs)
    [Laisse la nuit s’éclairer sous tes yeux](poème extrait de Doigts tachés d’ombre)
    [On ose à peine la lumière](poème extrait de L’Effeuillement des choses vers les confins)
    [On a vécu sous le verre] (poème extrait de L’imparfait nous mène)
    [J’assume mes greniers d’enfance](poème extrait de Maisons habitées)
    Le Mendiant sans tain (extraits)
    Nuit close (extraits)
    Poèmes du chagrin (lecture d’AP)
    [Tu marches dans ta ville] (poème extrait de Poèmes du chagrin)
    Piéton de Rome, 13 (poème extrait de Rome rumeurs nomades)
    [Parfois il est bon de s’égarer](poème extrait des Ruelles montent vers la nuit)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Petra)
    la fiche de l’éditeur sur D’obscures rumeurs





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  • Romain Fustier | [elle est elle]




    [ELLE EST ELLE]



    elle est elle / ton héroïne de chair
    que tu revois venant à ta rencontre
    sur le trottoir / allant sous les arbres
    de la contre-allée où son escalier

    donne / quinze ou seize ans plus tôt
    que tu combles tandis que tu repenses

    à ça/aux néons sur son visage

    qui éclaire le soir sur le boulevard /
    encore ta vie à distance / jeune fille
    qui sera ta jeune femme / ta vive
    de mouvement d’eau & de lumière

    pour traverser une fin de siècle morte
    & le début du suivant si moribond /

    ton amour ton amour dans la nuit



    Romain Fustier, Bois de peu de poids, hiver-printemps, partie 2, éditions LansKine, 2017, page 78.





    Romain Fustier
    Source




    ■ Romain Fustier
    sur Terres de femmes


    [chambre d’hôte]
    [la sensation de flotter sur la lagune] (extrait de Bois de peu de poids été-automne partie 1)
    [un petit air de printemps] (extrait de Jusqu’à très loin)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions LansKine)
    la fiche de l’éditeur sur Bois de peu de poids hiver-printemps de Romain Fustier
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une notice bio-bibliographique sur Romain Fustier
    → (sur le site de la revue & des éditions Contre-allées)
    une notice bio-bibliographique sur Romain Fustier
    → (sur Terre à ciel)
    une page sur Romain Fustier





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  • Marie-Hélène Prouteau, La Ville aux maisons qui penchent

    par Angèle Paoli

    Marie-Hélène Prouteau, La Ville aux maisons qui penchent,
    Suites nantaises,

    éditions La Chambre d’échos, 2017.



    Lecture d’Angèle Paoli



    LE POINT DE LUMIÈRE QUI LIBÈRE L’ÉCRITURE




    S’approprier l’espace d’une ville nécessite un patient apprentissage. Cet apprivoisement progressif, Marie-Hélène Prouteau la Bretonne, venue enfant de sa Beauce d’adoption pour vivre à Nantes, le revit par l’écriture. Suites nantaises, La Ville aux maisons qui penchent offre un parcours poétique varié, drainé par le regard sensuel de l’écrivain, un regard aiguisé tout à la fois par la beauté changeante de la lumière de l’eau et par celle de la pierre. Par la magie de leur fusionnement. Mais aussi par les fantômes du passé que la lecture vagabonde à travers la ville éveille. Un univers qui apparie habilement une réflexion profonde à la rêverie flâneuse.

    On entre dans la ville par touches progressives. Couleur mouvement formes Histoire silhouettes. Mais de plain-pied d’emblée avec la couleur saisissante du blanc. « C’est une ville de pierres blanches ». Cette définition rythme par trois fois le chapitre introductif « Éveil ». En ouverture d’abord, dans l’épilogue enfin avec une précision d’importance : « C’est une ville de pierres blanches tranchées au fer ». Entre-deux, à mi-parcours, la phrase est complétée par l’expansion : « Cette couleur en majesté semble vêtir le cœur de Nantes d’une quiétude rare. » Ainsi la ville de Nantes marie-t-elle avec élégance et sérénité les contraires et les contradictions qui la caractérisent.

    Les phrases introductives de chaque début de chapitre sont la plupart du temps des phrases nominales dans lesquelles prédomine la question du lieu. Une sorte de sésame ouvre la voie à la réflexion de la promeneuse qui accompagne le lecteur dans sa déambulation vagabonde.

    « Une marche le long de la Loire, boulevard de Sarrebruck » / « Île de Nantes, les Anneaux de Buren » / « Hauteurs de la Butte Sainte-Anne »… D’autres fois, au contraire, les têtes de chapitres sont amorcées par une tournure impersonnelle ou par une formule plus générale, lesquelles laissent place à la surprise et à l’imprévu : « Il y a des jours où les dernières nouvelles semblent colportées par un diable ricanant de ses dents noires » / « Il arrive que la poésie descende dans la rue » / « L’envie vient soudain de rouvrir le livre 1945 de Michel Chaillou »…

    Quel que soit le paysage qui se déroule sous nos yeux, ce qui frappe sous la plume de Marie-Hélène Prouteau, c’est l’intemporalité de cet univers très particulier baigné par les eaux millénaires de la Loire. Le temps vécu ici est un hors-temps qui met à égalité toutes les distances et tous les âges. Passé et présent se côtoient se mêlent s’enchevêtrent, bercés par « le sentiment de l’eau » et les berges mouvantes du fleuve. Un mouvement continu de nuages d’oiseaux de roselières de fluctuantes ondulations de « palpitations de la marée » fait du temps nantais un temps qui échappe à toute préhension brutale et définitive. D’autant plus insaisissable le temps nantais que se télescopent deux temps antithétiques. Le temps de la Terre et le temps de l’Homme : « Le temps de la terre va lentement, tandis que le temps humain file comme un bolide », écrit la poète dans le très beau chapitre « Il y a des mers qui chantent en nous ». C’est sans doute que Nantes, définie comme « la princesse des mélanges », n’en finit pas de marier à loisir les éléments, air/terres/eaux, jonglant habilement avec les matériaux naturels – tuffeau, roseaux et sables — et les matériaux inventés par les hommes, imprimant au paysage des métamorphoses inattendues. Lesquelles suggèrent à l’écriture, de manière spontanée, des métaphores marines ou navales. Ainsi en est-il du pont Tabarly qui assume pleinement la magie du fusionnement mer/air/pierre :

    « Ce n’est pas un pont, c’est un bateau suspendu magiquement dans les airs. » Quant au promeneur-spectateur, le voilà embarqué, « voyageur en transit » dans une « croisière immobile ».

    Ponts passerelles phares tours, tout un ensemble de cables et de haubans, de constructions maritimes et de décors futuristes, contribuent à brouiller l’espace et d’un même trait à biffer les perspectives temporelles :

    « À cent vingt mètres de haut, le changement d’échelle comprime d’un coup l’espace et le temps ».

    De sorte qu’à « la verticale des eaux » surgissent d’un seul regard « les Anneaux de Buren, la statue de Louis XVI, les tramways, la Cité radieuse du Corbusier, le monument dédié aux Cinquante Otages, la Tour L.U. » Et derrière les constructions inventions créations, ce sont les hautes figures des hommes qui ébauchent leurs statures.

    Des noms font irruption au détour des quais des squares des jardins des chantiers, des chemins de halage, des contrées bordant l’estuaire. Certains connus d’autres moins ou connus des seuls Nantais. D’autres, encore, anonymes, esclaves sans visage autre que celui de l’extrême souffrance à laquelle ils furent livrés, enfermés dans les soutes des navires négriers ou jetés par-dessus bord. Toute la misère d’une époque remonte à la surface qui draine avec elle les malheurs qui rongent notre propre époque. Derrière les esclaves de jadis mangés par le scorbut et avalés par les vagues, les naufragés de Lampedusa « nous mettent face à nous-mêmes ». Implacable zeugma qui prolonge la passerelle entre hier et aujourd’hui et renouvelle ces « effroyables traversées en mer d’indifférence. » Une indifférence qui n’a cependant pas atteint le peintre William Turner dont la présence à Nantes en 1826 marque encore les esprits. Certaines toiles évoquées par Marie-Hélène Prouteau en sont le témoignage. Nantes, Chantiers Navals, vers 1826. Ou encore The Slave Ship. Lorsque, quelques années plus tard, il peint cette toile, Turner fait fusionner le port de Margate avec le souvenir qu’il a gardé du quai de la Fosse à Nantes : « Turner nous met au cœur d’un typhon, dans une vision d’enfer. Une apocalypse de formes et de couleurs », écrit Marie-Hélène Prouteau, ajoutant un peu plus loin : « Est-ce l’eau qui s’enflamme ou le ciel qui se noie ? » Le fusionnement des éléments — leur brouillage incessant — est déjà à l’œuvre sur la palette du grand peintre. Il semble interagir comme un fil conducteur qui guide partout interrogations et réflexions de la poète.

    Au fur et à mesure que s’écoule le temps de la lecture, nombre de fantômes « viennent à notre rencontre ». Des lieux et des hommes. Inscrits dans l’histoire de la « ville aux maisons qui penchent » ou venus d’ailleurs. Les Ducs de Bretagne, bien sûr, en leur Château qui accueille l’exposition « En guerres ». On y croise l’histoire de Marie-Anne Keravec dont l’historiographie mentionne qu’elle a perdu ses quatre fils au cours de la Grande Guerre. Marie-Hélène Prouteau s’attarde sur chacun avec un même regard, généreux et vigilant. Elle accorde une semblable importance ou un semblable intérêt au SDF et aux musiciens des rues sommés de disparaître ; aux hommes uniformément gris d’Isaac Cordal en leur installation prémonitoire, à Maximilien Siffait et à ses Folies, à Rodolphe Bresdin et à ses rêveries fantastiques. Aux enfances de Dostoïevski que font revivre les toiles d’Olga Boldyreff — « Promenade dans le monde étrange de Dostoïevski » — ou aux évocations, tristes, de Michel Chaillou, à partir de la relecture de 1945.

    « Il y avait ce chagrin, vieux de soixante ans, si palpable dans le grain de sa voix… », confie Marie-Hélène Prouteau avant de poursuivre sa quête vers d’autres rencontres. Celle notamment de l’éditeur nantais de La Part commune, « occupé », en ses déambulations, « à saisir l’esprit poète » ; ou celle de l’écrivain pragois Karel Pecka dont le livre — Passage — présent dans la devanture d’une librairie nantaise, draine avec lui les souvenirs d’un voyage de 1984 en même temps que ceux d’une époque marquée par la « camisole du quotidien totalitaire ».

    Observatrice attentive de la misère des hommes ainsi que de leurs multiples talents, la poète ne cesse d’interroger ce que nous sommes et où vont nos désirs. Les pages de La Ville aux maisons qui penchent convoquent les fantômes, ceux qui nous accompagnent, où que nous soyons. Pour peu que nous leur accordions quelque attention, ils s’en viennent à nous. La sensibilité de Marie-Hélène Prouteau les éveille autant qu’elle éveille nos consciences endormies.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Marie-Hélène Prouteau  La Ville aux maisons qui penchent  Suites nantaises







    MARIE-HÉLÈNE PROUTEAU


    Marie-helene-prouteau
    Source




    ■ Marie-Hélène Prouteau
    sur Terres de femmes


    Le cœur est une place forte (lecture d’AP)
    L’Enfant des vagues (lecture d’AP)
    La Petite Plage (lecture d’AP)
    Nostalgie blanche. Livre d’artiste avec Michel Remaud
    Voir Pont-Aven (extrait de Madeleine Bernard, La Songeuse de l’invisible)
    [Monde des limbes pris dans les houles] (extrait de La Vibration du monde)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions La Chambre d’échos)
    la fiche de l’éditeur sur La Ville aux maisons qui penchent
    → (sur La Pierre et le Sel)
    La Ville aux maisons qui penchent (lecture de Pierre Kobel)
    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Marie-Hélène Prouteau




    ■ Chroniques et lectures (26) de Marie-Hélène Prouteau
    sur Terres de femmes


    Chambre d’enfant gris tristesse
    La croisière immobile
    Anne Bihan, Ton ventre est l’océan
    Jean-Claude Caër, Alaska
    Jean-Louis Coatrieux, Alejo Carpentier, De la Bretagne à Cuba
    Marie-Josée Christien, Affolement du sang
    Guénane, Atacama
    Luce Guilbaud ou la traversée de l’intime
    Denis Heudré, sèmes semés
    Jacques Josse, Liscorno
    Martine-Gabrielle Konorski, Instant de Terres
    Ève de Laudec & Bruno Toffano, Ainsi font…
    Jean-François Mathé, Prendre et perdre
    Philippe Mathy, l’ombre portée de la mélancolie
    Monsieur Mandela, Poèmes réunis par Paul Dakeyo
    Daniel Morvan, Lucia Antonia, funambule
    Daniel Morvan, L’Orgue du Sonnenberg
    Yves Namur, Les Lèvres et la Soif
    Jacqueline Saint-Jean ou l’aventure d’être au monde en poésie
    Dominique Sampiero, Chante-perce
    Dominique Sampiero, Où vont les robes la nuit
    Ronny Someck, Le Piano ardent
    Pierre Tanguy, Ma fille au ventre rond
    Pierre Tanguy, Michel Remaud, Ici même





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  • Bernard Perroy | Nuit du proche et du lointain




    Rachid Koraïchi
    Encre de Rachid Koraïchi
    in Bernard Perroy, Je n’ai d’autre désir, page 37.








    NUIT DU PROCHE ET DU LOINTAIN
    (extrait)







    Nuit de palmes, encore,

    nuit de mains tendues
    vers le ciel étoilé,

    nuit prête à nous attirer
    vers tout ce qui dure

    qu’enlumine
    ou brouille

    tout ce qui passe…





    Nuit du proche
    et du lointain,

    quand le matin approche
    et que l’on ose

    ouvrir ses lèvres
    pour un premier sourire.





    Nuit du vent chaud
    sur nos tempes,

    nuit douce
    et pourtant

    elle enfante
    l’inquiétude première

    de tous les hommes
    à laquelle je joins

    mon cri.





    […]



    Bernard Perroy, « I – Nuit du proche et du lointain » in Je n’ai d’autre désir, éditions Al Manar | Alain Gorius, 2017, pp. 10-12-15. Encres de Rachid Koraïchi.






    Bernard Perroy





    BERNARD PERROY


    Bernard Perroy
    Source




    ■ Bernard Perroy
    sur Terres de femmes

    [Tu marches] (extrait de Cœur à cœur)
    Bernard Perroy & Cédric Merland | [Je m’émerveille du feu]




    ■ Voir aussi ▼

    le site de Bernard Perroy
    le site de Rachid Koraïchi





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  • Bernadette Engel-Roux | [Tu es venue, tu repars]




    Hollan-b2_0484-copie (1)
    Fusain d’Alexandre Hollan
    in Bernadette Engel-Roux, Ce vase plein de lait







    Tu es venue, tu repars
    Tu as pu rire réunie, tu seras éparse et muette




    Qu’elle se soit éloignée pour susciter tant de présence est d’une étrange et douloureuse douceur. La lumière était entrée avec elle comme un grand rire. Ils virent tout autour s’élever les murs de la maison. L’air passe à travers les arbres où elle a mis tant d’enfants. Lorsqu’il se tient debout, le soir, sur le seuil d’où ils repartent, elle retient blottie dans ses bras d’homme la chaleur de ses transparentes épaules. Nos morts nous aiment si longuement.

    C’est le poids d’un oiseau dans ses bras, d’un rocher dans son cœur. Il la voudrait tellement, encore, maintenant, toute d’air et de lumière, comme quand elle laissait ses foulards dans les branches et son rire dans l’air. C’est du ciel dans du ciel qu’elle déplace autour d’elle, il habite le pays dont elle lui a fait don, s’y oublie — quand, un fouet le cingle : maintenant ? ce rocher dans son cœur, dans sa paume ce souffle d’oiseau qui s’en va, qu’il suivrait, n’était ce rocher dans son cœur.

    […]

    Du ciel dans les pages du livre au ciel sur le jardin, pâle et léger… Petite femme, si menue, posée sur le lit comme une feuille, détachée, qui se rétracte à épuiser le peu de sève qu’elle a encore pour ce sourire qu’elle veut offrir — et pourtant quelque chose de jeune, de frais, contredit l’âge qu’on lui sait, un air, un ciel bleu autour d’elle : elle nous y tient dans sa grâce. Elle me visite ce matin d’août.



    Bernadette Engel-Roux, Ce vase plein de lait, Voix d’encre, 2017, s.f. Fusains d’Alexandre Hollan.






    Bernadette Engel-Roux, Ce vase plein de lait





    BERNADETTE ENGEL-ROUX


    Bernadette Engel-Roux
    Source




    ■ Bernadette Engel-Roux
    sur Terres de femmes


    [Cirques de ciel sur les cirques de roches] (extrait de Hauts sont les Monts)
    5 décembre 2004 | Bernadette Engel-Roux, Aubes
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    [Les taupes sont de fines émietteuses]
    Le nom des choses [Une lecture de Jacques Réda, extrait]




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Voix d’encre)
    la fiche de l’éditeur sur Ce vase plein de lait
    → (sur le site de la Mél)
    une fiche bibliographique sur Bernadette Engel-Roux
    → (sur La Pierre et le Sel)
    Bernadette Engel-Roux | l’exigence du vivre (article de Roselyne Fritel)




    ■ Notes de lecture de Bernadette Engel-Roux
    sur Terres de femmes


    Jean-Claude Pirotte, À Saint-Léger | suis réfugié
    Olivier Rolin, Extérieur monde
    José-Flore Tappy, Tombeau
    Jean-Loup Trassard, Causement





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  • Kevin Gilbert, Le Versant noir

    par Joëlle Gardes

    Kevin Gilbert, Le Versant noir,
    Le Peuple est légendes et autres poèmes,

    édition bilingue, Le Castor Astral, 2017.
    Traduit de l’anglais (Australie) par Marie-Christine Masset.
    Avant-propos d’Eleanor Gilbert.
    Introduction de Kevin Gilbert.



    Lecture de Joëlle Gardes



    Le Versant noir est le titre du deuxième poème de ce beau et puissant recueil. Il donne son nom à l’ensemble, sous-titré Le Peuple est légendes et autres poèmes. C’est la voix de son peuple opprimé, celui des Aborigènes d’Australie, que Kevin Gilbert y fait entendre. Comme il l’explique dans une introduction, qui succède à l’avant-propos d’Eleanor Gilbert (l’un comme l’autre donnent des indications précieuses sur le travail du poète), « Le Versant noir peut être considéré comme un ensemble de portraits oraux d’opprimés, de patriotes, de libérateurs, criant leurs souffrances et leur détermination dans les vents du temps ». « Le versant noir, dit le poème, est le juste versant », car c’est celui de la couleur noire, la couleur de la peau de ceux dont ni les droits ni même l’existence n’ont été reconnus. En 1988, l’Australie a fêté le bicentenaire de l’établissement de la colonie et c’est à cette occasion que le recueil a été rassemblé. C’est contre les ordres du roi George qu’elle s’était établie sans qu’aucun traité n’ait été signé avec les indigènes, terra nullius, terre de personne, si bien que les Aborigènes, privés de tout, ne reconnurent jamais la colonisation. Même si une restitution partielle de leur terre eut lieu, certes tardivement, à partir de 1976, même si la fiction juridique de terra nullius a été rejetée, le mot d’ordre a longtemps été « l’Australie aux blancs », et l’on connaît la triste histoire des enfants arrachés à leur famille pour être assimilés, en quelque sorte blanchis. Une reconnaissance symbolique a eu lieu en 2008 lorsque le Premier ministre s’est excusé pour le tort commis aux Aborigènes. Kevin Gilbert (1933-1993) était mort depuis des années.

    Kevin Gilbert était membre de la nation aborigène Wiradjuri, l’un des 250 groupes qui occupaient l’Australie avant la colonisation. Sur la tragique situation de son peuple, il a écrit de nombreux ouvrages de dénonciation. The Blackside est le premier de ses ouvrages traduit en français. Il faut remercier pour cette traduction le Castor Astral et surtout la traductrice, Marie-Christine Masset.

    Dans les textes ici rassemblés défilent plusieurs personnages, réels ou symboliques, qui prennent la parole comme Oncle Paddy :

    Je suis Paddy le noir. Je cueille le raisin

    Et j’attrape les lapins

    D’un extrême à l’autre

    Du bon jus de fruits sur mes mains une semaine

    L’autre des intestins puants de lapins

    ou à qui il s’adresse comme « Hugh Ridgeway / Chrétien / Sobre / Noir / Décédé » (« Hôpital Taree »). Ou bien encore, il décrit les souffrances de tel ou tel, humble ou plus connu pour son engagement, comme « Sur la mort d’une patriote », celle de l’activiste Pearl Gibbs :

    debout en force les patriotes et les prophètes

    vont parler comme Pearl l’a fait pour

    la vie précieuse la justice le peuple

    Parfois, c’est un traître à la cause qui est invectivé ou durement critiqué :

    Regarde-le mon frère

    Regarde l’arriviste noir

    […]

    Léchant souriant mentant

    Suçant les Blancs…

    Quand les enfants pleurent

    Et meurent jours et nuits

    Cette poésie engagée, militante, aux antipodes de ce qui se pratique chez nous, donne un choc salutaire. Jamais didactique, elle est parfois élégie, éloge, diatribe, poème d’amour, discours pour les droits de l’homme, mais aussi souvent récit. Ceci nous rappelle également que la poésie n’est pas simplement méditation et qu’elle a besoin de chair.

    « Kiacatoo » décrit l’attaque d’un camp et le massacre des habitants, « Le désir de Gularwundul », la mort d’une petite fille faute de « l’eau propre / coulant directement / d’un robinet dans un bidon », qui avait pourtant été promise. Les déplorables conditions de vie ou de survie sont largement évoquées, d’autant plus intolérables quand elles ont lieu sur le terrain même des missions qui devraient lutter contre elles :

    Bien sûr la mission où je vis c’est un dépotoir

    De vieilles cabanes que les chiens reniflent

    Des bébés noirs qui meurent dans les ordures

    L’homme blanc est alors pris à partie : Homme blanc

    Reviens voir l’entaille

    Que tu as faite dans la poitrine

    De la terre en coupant la tête du Noir

    Ces poèmes pratiquement sans couleurs autres que le noir et le blanc, réalistes et symboliques, ne montrent aucun pathos mais expriment une immense colère devant le « rapt du pays / le vol et les privations ». Dans cette écriture sobre et précise, de temps à autre, une image apparaît, saisissante : « votre style / votre botte coloniale masque / votre patte fourchue. »

    Outre l’émotion que l’on ressent devant ces textes retenus mais puissants, l’intérêt naît des réalités et des légendes évoquées. Les termes aborigènes foisonnent, opportunément expliqués par les notes de la traductrice : le bora, lieu d’initiation sacrée, les instruments de musique, les kylles et le dijeridoos, le coolamon, petit ustensile qui sert à transporter l’eau…

    Le Temps-des-Rêves, Dreamtime, qui renvoie à l’âge d’or perdu, « parti y a longtemps », est plusieurs fois rappelé, par exemple dans « L’atelier de mon père », ou dans « Corroboree » : le titre du poème désigne la cérémonie permettant l’interaction des Aborigènes avec ce Temps. Le colon a détruit les légendes, comme celle du Bunyip, créature mythique dont la proie favorite est la femme, la « lubra », il a rompu le lien avec le sacré. C’est un des reproches que le poète lui adresse dans « Le Peuple est légendes » :

    Tue la légende

    Massacre-la

    Avec ton athéisme

    Ton hypocrisie fraternelle

    […]

    Pour

    Former le moule d’un homme

    À ton niveau et à ton image

    Homme blanc

    ou dans « Renversement » :

    l’avidité et la haine sont à présent la règle

    Où jadis toute vie sacrée

    était aimée

    Compassion et colère naissent de la description de la femme, la lubra, contrainte à « vendre [s]a chatte pour un dollar » (« L’autre versant de l’histoire »), afin de faire vivre ses enfants ou du Jacky, le noir qui abandonne la dignité de son peuple et qui boit pour oublier, comme l’ont fait et le font la plupart des autochtones dans les pays colonisés, à commencer par les Indiens :

    Donne-moi une petite pièce pour du pinard

    Frère

    […]

    Je ne suis pas ivre par choix, je suis un Noir

    Frère

    Si je voulais être ivre par choix

    Frère

    Et me coucher dans le caniveau

    Pas parce que je suis un homme noir,

    Mais par choix

    Alors tu aurais le droit de ricaner avec mépris.

    (« Pas choisi »)

    Mais au-delà de leur aspect circonstantiel, ce sont toutes les formes d’oppression qui sont dénoncées. Le présent quasi constant, l’absence de repères historiques précis, en dehors de quelques poèmes, soustraient le texte à un enracinement trop précis, anecdotique, et lui confèrent une valeur universelle. Et la forme est ici essentielle. Dans la simplicité des mots et des phrases, la densité, la brutalité de ces poèmes nous bouleversent, nous arrachent un moment à nos conformismes et à nos égoïsmes de nantis. La belle et fidèle traduction, au plus près de l’original, de Marie-Christine Masset permet de saisir toute la dure saveur du texte et sa portée.

    Le recueil se termine sur le poème « Arbre », mais, plus qu’un poème de clôture, il ouvre magnifiquement sur une forme d’espoir :

    Je suis l’arbre

    la terre dure affamée

    la corneille et l’aigle

    le soleil la gun et la mer

    je suis l’argile sacrée

    qui forme le sol

    les herbes les vignes et l’homme

    je suis toutes choses crées

    je suis toi

    et tu n’es rien

    mais par moi l’arbre

    tu es



    Joëlle Gardes
    D.R. Texte Joëlle Gardes
    pour Terres de femmes






    Versant-noir-325x462.jpg 2




    KEVIN GILBERT


    Kevin Gilbert
    Source




    ■ Kevin Gilbert
    sur Terres de femmes ▼

    → The Blackside (poème extrait du Versant noir)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Le Castor Astral)
    la fiche de l’éditeur sur Le Versant noir





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  • Souad Labbize | [J’ai pisté tes traces]




    [تعقّبتُ آثارك]



    تعقّبتُ آثارك

    بعضُ العلامات

    على الثلج المتراكم من الليل

    الرغبةُ كانت أسرع من ساقيَّ

    أنفاسي المحمومة

    كانت تذيب

    أثر خطواتكِ






    [J’AI PISTÉ TES TRACES]



    J’ai pisté tes traces
    quelques indices
    sur la neige d’une nuit
    le désir courait plus vite
    que mes jambes
    mon haleine fiévreuse
    faisait fondre
    l’empreinte de tes pas



    Souad Labbize, Brouillons amoureux, Éditions des Lisières, 2017, pp. 54-55. Traduit en arabe par Mais-Alrim Karfoul et Souad Labbize.







    Souad Labbize  Brouillons amoureux





    SOUAD LABBIZE


    Souad Labbize
    Source




    ■ Souad Labbize
    sur Terres de femmes


    Baluchon d’exil, 23 (extrait de Je franchis les barbelés)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions des Lisières)
    la fiche de l’éditeur sur Brouillons amoureux





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  • Philippe Leuckx | [Il reste au-dessus du jour quelque vœu d’enfance]




    [IL RESTE AU-DESSUS DU JOUR QUELQUE VŒU D’ENFANCE]




    Il reste au-dessus du jour quelque vœu d’enfance
    Quand aux talus nous plongions sans voir
    Le feu d’alouettes ni la patience d’herbes
    Le simple déroulement du temps, l’odeur de fête



    Les murs ne me reconnaissent plus et de la grange
    Me reste le froid glacial quand portes ouvertes
    L’hiver montait jusqu’aux échelles
    De gerbes
    Là le souvenir grimpe à peine
    Peine trop haute



    La lumière sait notre juste place entre le vent de braise
    Et la poussière des noms épelés en vain
    Et combien éventés
    La fête sera pour plus tard et les gestes d’hier
    Rameuteront l’inquiète blessure d’un pays tanné de soirs.



    Philippe Leuckx, « II Ces cordes obscures » in D’obscures rumeurs, Éditions Pétra, Collection Pierres écrites/L’Oiseau des runes, 2017, pp. 35-36-37.






    Philippe Leuckx  D'obscures rumeurs





    PHILIPPE LEUCKX


    Vignette PHILIPPE LEUCKX
    Ph. Christelle Dossche




    ■ Philippe Leuckx
    sur Terres de femmes


    [Le soir](poème extrait de Ce long sillage du cœur)
    Ce long sillage du cœur (lecture d’AP)
    D’obscures rumeurs (lecture d’AP)
    [Laisse la nuit s’éclairer sous tes yeux](poème extrait de Doigts tachés d’ombre)
    [On a vécu sous le verre] (poème extrait de L’imparfait nous mène)
    [On ose à peine la lumière](poème extrait de L’Effeuillement des choses vers les confins)
    [J’assume mes greniers d’enfance](poème extrait de Maisons habitées)
    Le Mendiant sans tain (extraits)
    Nuit close (extraits)
    Poèmes du chagrin (lecture d’AP)
    [Tu marches dans ta ville] (poème extrait de Poèmes du chagrin)
    Piéton de Rome, 13 (poème extrait de Rome rumeurs nomades)
    [Parfois il est bon de s’égarer](poème extrait des Ruelles montent vers la nuit)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Petra)
    la fiche de l’éditeur sur D’obscures rumeurs





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