Étiquette : 2018


  • Geneviève Bertrand | Dire et redire




    DIRE ET REDIRE


    « Dans le dire, rien n’est jamais assez dit
    qui n’aspire à être redit, mais autrement ». E. Jabès




    Je dis
    la falaise déchirée
    son visage ridé
    pierres éboulées
    laissant le roc à la nue-verticale
    Falaise engendrée du vide
    secrète       abrupte       sauvage

    Je dis
    sa cicatrice toujours à vif à l’ouest du jour
    Scarification
    Traces infimes               Traces infirmes
    Roulement de pierres
    Éboulis de mémoire

    L’espace fendu
    s’ouvre au visage de l’absence

    Infirmité d’amour
    retenu à cette vie tenace

    nommée euphorbe et térébinthe

    Je dis
    la roche friable et grise
    dissoute par la brûlure acide d’une larme

    Je dis
    l’écriture glissée sous la peau
    la peau égratignée de ronces

    Je recopie le paysage
    mot à mot
    jusqu’à l’enfouir dans mes cellules


    Écrire comme une transfusion d’âme




    Geneviève Bertrand, À bouche décousue, éditions Unicité, Collection Poètes francophones planétaires, 2018, pp. 53-54-57. Monotype sur papier couverture et intérieur : Bruno Danjoux.






    Geneviève Bertrand  A bouche décousue 3





    GENEVIÈVE BERTRAND


    Geneviève Bertrand
    Source




    ■ Geneviève Bertrand
    sur Terres de femmes


    [Traversée de l’herbe nue]
    Voyage au pays des papesses…
    → (dans l’anthologie Terres de femmes)
    [L’araignée règne sur l’enfance]



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions unicité)
    la fiche de l’éditeur sur À bouche décousue
    → (sur Cursives 74)
    un entretien avec Geneviève Bertrand (entretien mené par Odette et Michel Neumayer, mars-juin 2009) + une bibliographie
    → (sur Dépositions, le Blog d’Olivier Bastide)
    Geneviève Bertrand/Une idée de la poésie (+ une bio-bibliographie)





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  • Anne Malaprade | Négatif, inspiration | Tirage, expiration




    Négatif, inspiration





    […]





    6. Femme incertaine



    Elle scotomise, petits arrangements avec le réel, bifurcations vers l’impossible, l’art et la diplomatie, maladresses, résistances : elle contraint la langue à ne pas voir, elle cache l’oubli dans le vaste palais, elle ment sur les chiffres (elle confond les chiffres dans les nombres), de même elle ne saura jamais expliquer la différence entre métonymie et synecdoque. Son père l’a giflée au nom d’homère depuis elle ne retrouve plus le visage d’ulysse : il se confond sur terre avec celui du prince de h[o]mbourg.

    Elle en reste à l’évidence. Elle se fâche. C’est à la fois simple et compliqué. Elle croit savoir ce qu’elle veut dire mais elle ne trouve plus les références, elle perd les pages, elle cherche des heures dans les romans jaunes, elle lit les notes et les appendices, elle recopie les préfaces, elle se promène autour du livre, elle le visite rarement, elle multiplie les croisements en mont et en aval, elle ouvre ses yeux dans leurs yeux mais rien n’y accède personne ne cède. Les autres avec pondération organisent leurs pensées en phrases. La forme classique éconduit les doutes : ils ont l’art, l’intelligence, la manière, ils composent, ils exposent, ils paraissent satisfaits, ils dorment ils mangent ils baisent ils enseignent.

    Elle prend la tangente. Voyage géométriquement, emprunte les diagonales, construit des hauteurs, tombe toujours de plus haut, tourne avec circonférence, heurte les rayons. Elle copie elle recopie elle photocopie elle entasse les malles sont pleines elle écoute elle répète c’est une prof perroquet. Elle ne cesse de perdre ses vélos, elle crève sur du verre, elle pressent le choc, un piéton une voiture quelque chose fait qu’on glisse, déjà son corps ne vibre plus. Pavés. Elle a tellement peur de perdre ses jambes et la tête. Elle trouve des clés mais les serrures sont montées à l’envers, les poignées, les poignets, le corps et les choses, mais que faire de tous ces signes serpents sifflés. Lorsqu’elle doit expliquer elle tourne auprès mot clé le mot sur le bout d’une langue, elle ne sait pas si elle peut entrer dans le concept elle essaie un conte. Elle a très peur de barbe-bleue. Elle est l’une de celles qui veulent découvrir le secret derrière la porte. Elle est celle qui est morte, qui pourrit, celle que personne ne pleure, la sœur de, la sœur qui, la sœur à venir, la sœur menacée menaçante. Sœur participe, le passé le présent, dans une langue autre on inventerait le participe futur l’épouvante du siècle.






    […]





    Tirage, expiration





    […]





    6. Femme incertaine



    copines au café rouge clair, écoute transversale
    rideaux en bois velours vocal        ne suis qu’appel
    rues dangereuses : laurel et hardy voisins hypocrites
    auraient trouvé une pantoufle de verre sur l’escalier hlm


    les corps travaillent les mains trient les gestes précis
    envoyer écrire poster dans l’urgence flèches et lettres
    empoisonnées, dit-elle, [ricine], enveloppées
    test positif : l’encre réagit sur la peau — elle est donc coupable
    si secrète


    à l’envers les familles s’éteignent, province, pendant que les enfants
    apprennent à l’endroit ce qui au cœur n’est pas centre — paris ?
    continuité du brouillage, corps plein déjà se vide
    vers ce quartier berlinois, il s’exile, dans son ventre à elle
    ça        saigne


    donnez-vous aux fables qu’accomplit le temps




    Anne Malaprade, Parole, personne, éditions isabelle sauvage, Collection présent (im)parfait, 29410 Plounéour-Ménez, 2018, pp. 27-28-87.






    Malaprade_18 2




    ANNE MALAPRADE


    Anne Malaprade 2
    Source




    ■ Anne Malaprade
    sur Terres de femmes

    Lettres au corps (note de lecture d’AP)
    Au conditionnel, dans la ferveur, quoique lente (extrait de Lettres au corps)
    Une presqu’île. Presqu’elle, presqu’il (extrait de Notre corps qui êtes en mots)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions isabelle sauvage)
    une notice bio-bibliographique sur Anne Malaprade
    → (sur le site des éditions isabelle sauvage)
    la fiche de l’éditeur sur Parole, personne d’Anne Malaprade





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  • Jean-Pascal Dubost | « prosains »




    ARIANE DREYFUS



    Il fut une fois la mise en danse sensuelle et sacrée d’une nue-bête-poète dans tout le grand bruit grammatical pris dans la bouche des autres où tout parle, le brin d’herbe, la fleur, le germe, l’élément, où tout est plein d’âmes (oui oui oui !) de doulce fureur et en transe de tous les termes afin, afin de jouir au souverain degré des contentemens suprêmes d’écrire au-dessus des mots, pour retomber sur ses mots —





    PERNETTE DU GUILLET



    Par cette imitante prose vite et clerement ne nous excusons point d’avoir le stylo tant fluant, et prenant grand soulas à ce, pour les vertus honorer de celle Gente Dame d’âge certes, beauté durable au malheur fidèle mais très-courtisée jusque dans la haainne de, jusqu’au décri public et jusqu’à l’orthographic déni, ja chi ja, ne nous excusons point, non mais puis quoi, d’écrire de la poésie —





    ANTJIE KROG



    Comme la liberté ça n’existe balle, ordonc, passer à l’acte poétique et que quelquement cela se fasse, faire que les poème soit une rafale de mots, et un acte utile de combat, et utile comme la pluie, et une arme d’assaut, et de défense contre les attaques, et d’attaques contre les défenses, et une arme de persuasion subliminale, car la poésie, hé, bien visée, ça peut faire mal —





    NATHALIE SARRAUTE



    Un café ; puis-je avoir un café s’il vous plaît ?; café !; café s’il vous plaît ; si vous m’apportez un café , je serai le plus heureux des hommes de cette planète ; un kawa ; ce sera un café ; auriez-vous l’amabilité de m’apporter un café ?; un café, ça ira ; si vous avez le temps, apportez-moi un café ; café, merci ; si ce n’est l’effet de votre bonté, servez-moi un café ; allons pour un café —





    LAMBERT SCHLECHTER



    Vinzou vas-y va, et va pas mou, fais-le fais, le murmure en proserie brute et toute et du sexe dans la plume à la main claviée du charroi vivant de l’écriture toujours sans rime ni réson mais comme un chien fou, va, va-moi, branle ta vieille grammaire, vide la question vide du sens, endélice-toi l’âme, et fais-en l’essay de toi-même en conte grivois, c’est-à-dire : pénètre le monde —



    Jean-Pascal Dubost, & Leçons & Coutures II, Éditions Isabelle Sauvage, Collection présent (im)parfait, 2018, pp. 34-35-51-79-83.






    Couv_dubost_18




    JEAN-PASCAL DUBOST


    Dubost-jean-pascal
    Source




    ■ Jean-Pascal Dubost
    sur Terres de femmes

    une lecture de & Leçons & Coutures II, par Gérard Cartier



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Isabelle Sauvage)
    une notice bio-bibliographique sur Jean-Pascal Dubost
    → (sur le site des éditions Isabelle Sauvage)
    la fiche de l’éditeur sur & Leçons & Coutures II





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  • Jean-François Mathé, Prendre et perdre

    par Marie-Hélène Prouteau

    Jean-François Mathé, Prendre et perdre,
    éditions Rougerie, 2018.



    Lecture de Marie-Hélène Prouteau


    « ÊTRE DANS CE QUI S’EN VA »




    Avec Prendre et perdre, Jean-François Mathé interroge la vie qui se défait, qui échappe. Le titre est hautement significatif. Deux verbes nus, à l’infinitif, alliant le geste d’action et celui de la privation. La préhension et le dessaisissement, d’un même mouvement. Voilà qui installe la dissonance au cœur de l’être. L’exergue, une citation d’Anise Koltz, « Marcher sans rien atteindre jusqu’à devenir chemin », vient affermir cette tonalité.

    C’est d’amenuisement de la vie qu’il est question dans ce recueil.

    « On passe la journée sans la vivre. »

    Une vie fatiguée qui, peu à peu, s’étrécit. L’expression « la vie en fuite » revient dans plusieurs vers.

    « […] il n’est ni rêve en tes nuits qui passent

    ni lumière dans ta lampe allumée. »

    La parole du poète se confronte à l’ombre portée de la mort et à celle de la vie qui s’éloigne. Ce peut être « [U]n reste de lumière ». Ou ces nombreux signes de la disparition qui l’accompagnent au quotidien. Telles les multiples expressions de la négation, « sans », « ne plus », « rien ». Ou les mots « manque », « vide » présents à chaque page. Le monde se capte dans un langage de la disparition.

    « Plus aucun appel de ce que tu avais pris d’une voix. »

    ou la venue de la mort dans le sommeil avec cette image :

    « Comme une barque avec la mort à son bord. »

    L’usage fréquent de l’imparfait fait magnifiquement ressortir l’élan, la force vive d’autrefois du poète. Mais aussi l’écart avec le présent :

    « Quand le souffle te manquait, le remplaçait

    l’indestructible volonté d’atteindre le sommet

    de la montagne » .

    Toujours chez le poète, l’évocation de choses simples se déploie avec une grande économie de moyens. Ainsi en est-il des images :

    « Quand l’arbre qui était en automne

    est désormais en toi ? »

    Le recueil constitué de trois parties « Vivre au bord », « Passages entre chien et loup », « Débuts de dénouements » est marqué par une oscillation entre la solitude, l’ennui des jours, et les souvenirs de moments heureux. Plusieurs poèmes sont dédiés à des personnes amies, poètes et créateurs. Irène Duboeuf, Cécile A. Holdban, Isabelle Lévesque, Marie-Josée Christien, Jean-François Agostini, Hervé Martin, Jean-Louis Guitard, Florence Saint-Roch, Lucien Wasselin, Jan dau Melhau, Nicole. Peu de mots et tout un monde :

    « Nous aimions regarder le ciel clair de l’été. »

    Quelques vers suffisent à évoquer la compagnie de l’ami au bord de la Méditerranée. Ou pour rappeler la présence de la femme aimée. Une simple métonymie, la robe, le corps. Concision et épure de la mémoire. C’est là que l’imparfait donne toute sa mesure. Regard de triste tendresse sur un bonheur de mélancolie, comme dans un film de Claude Sautet :

    « On avait versé du café dans les tasses

    et dans chacune maintenant

    tremblait un îlot de nuit

    que tu regardais

    comme quand tu attends les étoiles

    dans tes ciels nocturnes.

    Les autres riaient haut

    forts de la force de midi

    et de l’immortalité qu’ils croyaient y puiser. »

    Comment dire ce qui vient à manquer ? Comment dire ce qui est perdu ?

    Que sont devenus les signes du bonheur ? Point d’amertume pourtant, il ne s’agit pas de vouloir qu’ils soient là à nouveau. Mais il s’agit plutôt de demeurer dans un certain attachement à ce qui est perdu. La mélancolie traverse les vers. Les choses sont ainsi, nous n’y pouvons rien :

    « Il n’y a malheureusement pas de nuit

    pour masquer les chemins

    que l’on ne prendra plus. »

    Le sentiment de la perte inéluctable qui nous attend est présent mais tenu à distance. C’est ce regard lucide, sans pathos, tout de retenue qui est révélateur. Le jeu subtil sur les pronoms, « tu », « nous », vient dire par le menu cette identité fluctuante. Et nous ramène à notre destin commun à tous.

    Le paysage mental est restitué avec une grande sobriété. L’arbre. Le jardin. La maison, parfois vidée de ses hôtes.

    Les tollés du monde ne disparaissent pas, pour autant :

    « les nuits les plus noires maculées de la boue de nos rêves. »

    La présence des oiseaux est là comme la basse continue de ce chant. Incarnation vivante, ailée de la vie, ils traversent le poème. Deviennent « ciseaux tendres qui ne se ferment que pour s’ouvrir ». Ils font contrepoint à la mort de l’enfant d’amis du poète. Ou à sa présentation en « Icare déplumé ».

    Il s’agit d’apprendre « à vivre légèrement appuyés à la mort », dit Jean-François Mathé. D’entrer en résonance avec ce qui est de l’ordre de la privation. Avec la vie qui, peu à peu, déserte. Mais rien de neuf ici sous le soleil, c’est le lot commun à tous.

    Le poète choisit ainsi d’éviter tout éclat, tout débordement lyrique. Élégance et pudeur, tout est là. Pour une mélopée à voix basse.

    En lisant Jean-François Mathé, il me semblait entendre une autre voix, lointaine, celle de Tarjei Vesaas. Une même résolution, au soir de la vie, pour atténuer la douleur :

    « Être dans ce qui s’en va. »



    Marie-Hélène Prouteau
    D.R. Marie-Hélène Prouteau
    pour Terres de femmes







    Jean-François Mathé  Prendre et perdre




    JEAN-FRANCOIS MATHÉ


    JF-Mathe
    Source




    ■ Jean-François Mathé
    sur Terres de femmes



    [J’aurais voulu dire | et je n’ai pas dit] (extrait de Prendre et perdre)
    [Il aurait mieux valu] (extrait de Retenu par ce qui s’en va)
    Vu, vécu, approuvé. (lecture d’AP)
    [J’ai demandé à l’horizon] (extrait de Vu, vécu, approuvé.)
    Retenu par ce qui s’en va (lecture d’Isabelle Lévesque)
    [Je me défais des songes] (extrait du Temps par moments)
    [Ce qui a le moins pesé] (extrait de La Vie atteinte)
    [Le paysage né de la dernière pluie] (autre extrait de La Vie atteinte)




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Jean-François Mathé
    → (sur Recours au Poème)
    un entretien de Gwen Garnier-Duguy avec Jean-François Mathé




    ■ Autres chroniques et lectures (25) de Marie-Hélène Prouteau
    sur Terres de femmes

    Chambre d’enfant gris tristesse
    La croisière immobile
    Anne Bihan, Ton ventre est l’océan
    Jean-Claude Caër, Alaska
    Jean-Louis Coatrieux, Alejo Carpentier, De la Bretagne à Cuba
    Marie-Josée Christien, Affolement du sang
    Yves Elléouët, Dans un pays de lointaine mémoire
    Guénane, Atacama
    Luce Guilbaud ou la traversée de l’intime
    Cécile Guivarch, mots et mémoire en double
    Denis Heudré, sèmes semés
    Jacques Josse, Liscorno
    Martine-Gabrielle Konorski, Instant de Terres
    Ève de Laudec & Bruno Toffano, Ainsi font…
    Philippe Mathy, l’ombre portée de la mélancolie
    Monsieur Mandela, Poèmes réunis par Paul Dakeyo
    Daniel Morvan, Lucia Antonia, funambule
    Daniel Morvan, L’Orgue du Sonnenberg
    Yves Namur, Les Lèvres et la Soif
    Jacqueline Saint-Jean ou l’aventure d’être au monde en poésie
    Dominique Sampiero, Chante-perce
    Dominique Sampiero, Où vont les robes la nuit
    Ronny Someck, Le Piano ardent
    Pierre Tanguy, Ma fille au ventre rond
    Pierre Tanguy, Michel Remaud, Ici même





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  • Emmanuel Merle, Démembrements

    par Angèle Paoli

    Emmanuel Merle, Démembrements,
    éditions Voix d’Encre, 2018.
    Peintures Philippe Agostini.



    Lecture d’Angèle Paoli


    « DES MAINS | SUR DES ÉPAULES COMME LA NAISSANCE D’UNE AILE »






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    Philippe Agostini,
    in Emmanuel Merle, Démembrements,
    éditions Voix d’Encre, 2018, page 18.






    Les couleurs sont là :

    « contenues, déguisées,

    un feu couvant sous l’aube encore à venir. »

    Fondus de vert pâle, de gris, filets de bleu, écorces de beige clair. Des traces peut-être qui s’éclairent d’une limaille de jaune ici, de rose là. Cela danse entre les pages puis soudain se densifie, pelotes d’algues ou haies qui s’enchevêtrent. La lumière peut-elle se frayer un espace, pour quel chemin d’attente ?

    « La couleur, c’est la lumière

    qui revient sans cesse, fidèle,

    généreuse, ouverte comme une main. »

    Une main ? La main tendue du peintre Philippe Agostini. Peut-être. « La main balbutie » son langage. Elle entrouvre pour le poète une issue vers la lumière. Elle lui fait don de notes neuves, pour une possible respiration. Car le recueil d’Emmanuel Merle, Démembrements, est le lieu de « l’indicible ». Celui d’une parole brisée. Où dominent termes en négatifs ou mots en écho à ces termes, disséminés dans les poèmes. Déraciner / désassembler / dépareiller / décomposer / défaire / déliter / déchirer / détacher / désagréger / découdre / désolidariser / décentrer …

    La violence qui se dit est celle de corps détruits, défaits, dépecés, équarris, disjoints, corps de suppliciés martyrisés par leurs bourreaux, corps défunts dont les membres ont été dispersés. Ensevelis. Cette vision d’enlisement, d’où vient-elle ? Issue de quelle effrayante réalité ?

    « Je me retourne : tous ont du sable

    jusqu’aux épaules, peinent à tourner

    la tête, vocifèrent pourtant. »

    Ailleurs, « Ces gens dans la rue, du bois flotté ».

    Le corps du poète lui-même se trouve disloqué. Devenu étranger à lui-même. Séparé de sa personne. Meurtri par un impitoyable héautontimoroumenos.

    « Mon corps est un pays démembré, un assemblage

    désolidarisé », écrit le poète dans « L’ennemi intime ».

    Ou encore, plus loin, dans la section « Démembrements, 5 » :

    « J’observe le lent délitement du corps.

    Ma main, déchirée, boursouflée,

    recroquevillée par l’hésitation devant le monde,

    ne m’appartient presque plus,

    c’est la griffe d’un que je ne connais pas. »

    Comment, dès lors, respirer quand tout se désagrège autour de soi, que nous ne reconnaissons plus le monde dans lequel nous nous mouvons, et qui continue pourtant d’exister alors même que nous n’existons plus en lui ?

    Nous ? Oui, nous. Le pronom personnel court d’un poème à l’autre, Emmanuel Merle incluant ainsi chacun de nous dans le monde où nous évoluons. Chacun est associé au poète dans cet univers déliquescent qu’ensemble nous occupons sans toutefois nous y rencontrer, sans toutefois nous y reconnaître. La douleur et la stupeur du poète sont aussi les nôtres. Qu’est-il arrivé ? Que s’est-il passé ? Quelque chose s’est produit dont il ne reste que signes épars. Emmanuel Merle nous associe à son chant noir. Ainsi dans cette première strophe des « Lointains » (I) :

    « Le fleuve est noir qui descend

    les temps modernes, nous nous maintenons

    à la surface en battant des bras,

    cherchant de nos yeux à moitié aveugles

    les bras des autres. »

    Le regard que le poète pose sur le monde est à l’identique de celui qu’il pose sur lui-même ou sur les autres. Un monde réduit en lambeaux, en loques, en lanières ; les êtres y sont réduits à l’état de « palimpsestes | et pelures d’oignon. » Du passé englouti, il reste l’étreinte d’une indicible nostalgie :

    « Il y a bien longtemps qu’il n’y a plus

    de projet commun. Le temps est parti. »

    Que dire de plus, sinon que « [l]e cœur est décentré » ?

    Et au cœur de cette déréliction, qu’en est-il de l’autre ? La vision anaphorique sur laquelle s’ouvre le recueil est celle du constat d’un enlisement général :

    « Il n’y a plus rien

    que des corps inhabités, des équations d’être

    ensevelies

    […]

    Il n’y a plus rien

    que des pluies de ravine sur les visages

    dépareillés

    […]

    Il n’y a plus de figure,

    je vais encore et je te cherche. »

    Le poète s’interroge. L’autre est-il le bourreau ou le supplicié ? Un danger ou un espoir ? « Est-ce un récif ? Est-ce un amer ? » Il arrive que l’autre soit un naufragé identique à soi-même, perdu, abandonné, éparpillé. Et que, de cet abandon même, naisse l’échange, un instant de partage :

    « Nous nous adossons au vent,

    nous nous regardons. »

    Dans sa solitude et dans son errance, le poète se regarde sans comprendre. Comment se recomposer ? Comment reconstituer un corps désintégré ? Quels gestes accomplir ? Quels mots dénicher pour que nous puissions nous reconnaître, reconnaître ce qui fut et qui laisse chacun sur la route, comme éperdu et désœuvré ? Abasourdi et hébété, le poète regarde ses mains. Désolidarisées de sa personne, elles agissent indépendamment de lui. Comme par automatisme. Sans son accord. Elles accomplissent les gestes appropriés, mais absurdes. Obéissantes, elles se meuvent sans réfléchir, comme par détachement de la personne auquelle elles appartiennent.

    « Comment vas-tu récupérer tes mains ? », s’inquiète le poète dans « Tes mains savent ».

    Ce que le poète cherche et espère, c’est d’abord un espace où vivre, l’air étant devenu irrespirable et le présent, englouti sous ses décombres, méconnaissable. Associée à l’espace, la lumière. Une lumière d’aube, liée à l’insouciance de l’enfance et à la couleur. C’est en elle que gît encore une once d’espoir :

    « […] La couleur, c’est la lumière

    qui revient sans cesse, fidèle,

    généreuse, ouverte comme une main.

    Il y a une magie de la lumière :

    elle est notre rêve réalisé sur la terre,

    notre espérance toujours renouvelée. »

    Poussé par son désir de reconstitution de l’être entier, par son désir de recomposition de ce qu’il fut au temps de l’enfance, le poète cherche un lieu où renouer avec « le premier langage » ; où retrouver les mots, des mots qui puissent rapprocher « les lointains » que nous sommes devenus. Peut-être alors sera-t-il possible de recoudre ensemble les existences dépareillées ?

    « Nous sommes bien les lointains, nous sommes

    si loin les uns des autres, et, malgré tout,

    les mots, comme des bois flottés,

    drossés contre la hanche de l’espérance,

    écoutés et prononcés, savent encore

    clairement s’embraser, éclairer l’autre rive. »

    À la recherche de l’unité perdue, le poète se souvient. « Remembrer ». Se souvenir de ce que nous avons été, de l’unité des corps en accord avec le monde, « arbre indéfait » :

    « J’étais cet enfant dans l’arbre, ramassé

    sous les branches, embrassé par le grand corps

    écartelé de la ramure […] »

    Dans sa quête douloureuse, le poète aspire à un renouveau possible. Quelque chose qui le confierait à son « aube nouvelle ».

    Répondant à ton appel, je te nomme, poète. Depuis tes poèmes, je dis ton nom. Je le murmure avec tes mots. Je te lis et veux te faire don des miens. Je noue pour toi « aile » « main » « visage » « couleur » « lumière ». Comme toi, je voudrais que la lumière efface la nuit de « la forêt enténébrée » ; je voudrais que dans la paume soit rassemblé « l’épars » ; que mes mains rejoignant un instant les tiennes, soient « des mains | sur des épaules comme la naissance d’une aile. »



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Emmanuel Merle Philippe Agostini  Démembrements





    EMMANUEL   MERLE


    Vignette Emmanuel Merle





    ■ Emmanuel Merle
    sur Terres de femmes


    Cet ancien lieu (poème extrait de Démembrements)
    Amère Indienne
    [Cape Cod]
    Le Chien de Goya (lecture d’AP)
    Ici en exil (lecture de Sylvie Fabre G.)
    [Le rouge] (extrait de Dernières paroles de Perceval)
    Dernières paroles de Perceval (lecture d’Isabelle Lévesque)
    Dernières paroles de Perceval (lecture d’AP)
    ils attendent ce qui (extraits du Grand Rassemblement)
    Migrant (extrait d’Habiter l’arbre)
    [Je me discerne davantage dans le miroir de la couleur](extrait des Mots du peintre)
    [Ramper sur la glace](extrait de Nord, seul point cardinal)
    [Tout est matière, sauf ma décision] (extrait de Olan)
    Tourbe (lecture d’AP)
    [Il n’y a plus d’arbres] (extrait de Tourbe)
    [Une promesse, dis-tu]
    Emmanuel Merle & Thierry Renard | La Chance d’un autre jour, Conversation (lecture de Sylvie Fabre G.)
    Emmanuel Merle & Thierry Renard | [Jour de pluie ici aussi]




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de la mél [Maison des écrivains et de la littérature])
    une fiche bio-bibliographique sur Emmanuel Merle
    → (sur le site des éditions Voix d’Encre)
    la page de l’éditeur sur Démembrements





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  • Frédéric Tison | [Eaux grèges]




    GREGE
    Ph., G.AdC







    [EAUX GRÈGES]



    EAUX GRÈGES, baves, lumières sales
    Où tu t’en vas. Silhouette grave,
    Tu sais les amitiés de sable, tu sais
    Les buées — Tu sais les portes tristes,
    La ville cybernétique, les rues
    De glace et les vitrines où pâles
    Les silhouettes sont fables ;
    Et tes mains sont des îles,
    Nefs tes sueurs rouges et tes traces :
    Tu es sous les masques, tu es
    Le passant à l’écume de zinc et de miroir.




    Frédéric Tison, « Cinquième heure, Sexte, » III, in Aphélie suivi de Noctifer (2015-2017), Collection Les Hommes sans Épaules, Librairie-Galerie Racine, 2018, page 53.






    Tison 2018





    FRÉDÉRIC TISON


    FTison





    ■ Frédéric Tison
    sur Terres de femmes

    Le Dieu des portes (lecture d’AP)
    [Est-ce là moi cette tête détachée… ?] (extrait du Dieu des portes)



    ■ Voir aussi ▼

    le blog de Frédéric Tison
    → (sur Les Hommes sans Épaules)
    une notice bio-bibliographique sur Frédéric Tison (+ un entretien de Jean de Rancé avec Frédéric Tison)





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  • Béatrice Marchal | [Ce que tu as cru voir courir à vive allure]




    [CE QUE TU AS CRU VOIR COURIR À VIVE ALLURE]



    Ce que tu as cru voir courir à vive allure
    au-dessus de la plaine en touffes sombres
    n’était pas des nuages
    à laisser disparaître au loin,
    c’est, ne te méprends pas, une mer agitée
    de vagues qui gonflent s’effondrent
    sans fin se recomposent
    en formes nouvelles,
    lave en fusion pâte à levain, pétries
    travaillées jusqu’au cœur selon le rythme
    de la vie qui t’invite, au risque de
    t’entraîner t’emporter dans ses bourrasques,
    n’était ce bel arbre sur le rivage,
    qui t’offre, tourné vers le large,
    son tronc à enlacer.




    Béatrice Marchal, Un jour enfin l’accès, suivi de Progression jusqu’au cœur, éditions L’herbe qui tremble, 2018, page 88. Encres d’Irène Philips. Prix Louise-Labé 2019.






    Béatrice Marchal  Un jour enfin l'accès




    BÉATRICE MARCHAL


    Béatrice Marchal  portrait
    Source




    ■ Béatrice Marchal
    sur Terres de femmes


    Dans l’écho de pas anciens (poème extrait d’Élargir le présent)
    [Ce sera l’hiver] (poème extrait de L’Ombre pour berceau)
    Un jour enfin l’accès suivi de Progression jusqu’au cœur (lecture d’Isabelle Lévesque)
    [Quelle part de soi a-t-elle sombré] (poème extrait de Résolution des rêves)
    Au pied de la cascade (lecture d’Isabelle Lévesque)






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  • Jean-Christophe Belleveaux | Er Riadh et Teluk Dalam




    ER RIADH



    dans le dépouillement de la poussière, l’évidence de la route et de son terme éclabousse : friperie à même le sol, lentilles séchées, sacs ventrus d’épices et de graines, pois cassés, moutons, vent de sable, murs blancs

    l’innocence et la faute indissolubles : une seule huile pour la lampe





    TELUK DALAM



    on se tient dans l’impermanence, l’avéré d’un cargo au port, l’odeur forte des poissons qui sèchent sur le sol, soi-même un morceau parmi les couleurs, c’est bien peu, c’est une vie qui s’emplit de ce qu’elle est, qu’on ne sait dire le plus souvent



    Jean-Christophe Belleveaux,
    Territoires approximatifs, éditions Faï fioc,
    54200 Boucq, 2018, pp. 78-79.







    Jean-Christophe Belleveaux  Territoires approximatifs






    JEAN-CHRISTOPHE BELLEVEAUX



    Jean-Christophe Belleveaux
    Source




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une notice bio-bibliographique sur Jean-Christophe Belleveaux






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  • Jakub Kornhauser | Carré noir sur fond blanc I (Malevitch)





    Carré noir sur fond blanc
    Kazimir Malevitch, Carré noir sur fond blanc, 1915
    Huile sur toile, 79,5 × 79,5 cm
    Musée d’Etat russe, Saint-Pétersbourg, Russie. (BRIDGEMAN ART)
    Source







    CZARNY KWADRAT NA BIAŁYM TLE I (MALEWICZ)



    Pochód przedmiotów : żelazka, kieliszki, buty. Tym razem to nie miasto, raczej jakieś magazyny wśród pól. Ludzie bez twarzy, gdzieniegdzie czerwone domy i salwy śmiechu. Wstawaj, krzyczą, przynieś to wreszcie! Szybko układam konserwy jedne na drugich, wszystko się wali. Próbuję jeszcze raz, ale okazuje się, że muszę schwytać susły, które zagnieździły się w kotłowni. Nie mam pojęcia, gdzie jest kotłownia, chcę zapytać dziadka, ale śpi. Szukam okna, żeby się rozejrzeć, ciemno. Beton i kominy, gnijące makiety osiedli : próbuję odcyfrować rozkład jazdy, jest poplamiony rosołem. Manifestanci trąbią, zostawiają białe ślady. Mam świadomość nocy, którą opiewają sztandary z wełny. Huk konserw budzi dziadka i noc, pochód krąży wokół magazynu.





    CARRÉ NOIR SUR FOND BLANC I (MALEVITCH)



    Cortège d’objets : fers à repasser, verres, chaussures. Cette fois-ci, ce n’est pas une ville, plutôt des entrepôts parmi les champs. Des gens sans visage, çà et là des maisons rouges et des salves de rires. Lève-toi, crient-ils, tu nous l’apportes, enfin ! Vite j’empile les conserves, les unes sur les autres, tout s’écroule. J’essaie encore une fois, mais il s’avère que je dois attraper les loirs qui se sont nichés dans la chaufferie. J’ignore où se trouve la chaufferie, je veux demander à grand-père mais il dort. Je cherche une fenêtre pour essayer d’y voir quelque chose, il fait noir. Du béton et des cheminées, des maquettes de lotissements qui pourrissent : j’essaie de déchiffrer les horaires, la fiche est tachée de bouillon. Les manifestants klaxonnent, laissent des traces blanches. J’ai conscience de la nuit que célèbrent des bannières de laine. Le fracas des conserves réveille grand-père et la nuit, le cortège tourne autour de l’entrepôt.



    Jakub Kornhauser, « Le carré blanc/ Biały kwadrat », La Fabrique de levure, Éditions LansKine, Collection « Ailleurs est aujourd’hui », Domaine Polonais, 2018, pp. 38-39. Traduction et introduction d’Isabelle Macor.






    Jakub Kornhauser  La Fabrique de levure 2






    JAKUB   KORNHAUSER



    Jakub Kornhauser
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions LansKine)
    la fiche de l’éditeur sur La Fabrique de levure






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  • François Rannou | [Voix tombées derrière le mur]




    [VOIX TOMBÉES DERRIÈRE LE MUR]



    Voix tombées derrière le mur. D’un coup, nous
    en éveil, parlent de quoi ? Qui ? L’air trop haut, perdu, jamais ne
    brûle. Passent de l’autre côté,
    disparaissent, reviennent les
    rumeurs lointaines des
    télés par les
    fenêtres ouvertes.

    Ton corps contre moi serré. Eux
    de l’autre côté reviendront toujours
    sous d’autres visages. Tes doigts palpent la
    rugosité arrondie des bosses de béton, la fraîcheur
    mouillée lisse de ta peau aspirée entre
    mes lèvres.

    Serrure sans clé, la route entravée sent
    l’orage. Parabole de nos deux corps. Ouverts
    aux limites closes du temps barré, accélérant la poussée des herbes
    plates rêches jusqu’à nos reins.

    Soudain plus doucement, comme une brûlure, les cuisses tremblent.
    Les nuages roulent. L’os écume.

    La route trop droite, longtemps. À un moment,
    les virages et les mots conduisent le courant, laissent
    une cicatrice sur ta bouche. Ton visage efface
    vite ses traces, les lignes obliques au-dessus
    de l’usine renversent le paysage, « roule sans
    penser à rien ». Ton silence d’après n’étouffe pas
    le nom glissant sous tes paupières.

    Sur la route principale les camions filent vers
    la carrière. Au loin, moteur lancinant des moissons. Puis
    on ne voit plus le goudron. Sous les phares, la
    ligne de sable, celle d’un récit vitres
    ouvertes qui de l’intérieur se
    défroisse
    continument.




    François Rannou, « Next Station, III » in La Pierre à 3 visages (d’Irlande), Éditions LansKine, Collection Poéfilm, 2018, pp. 28-29.





    François Rannou  La Pierre à 3 visages (d'Irlande)






    FRANÇOIS RANNOU


    François Rannou
    Source




    ■ François Rannou
    sur Terres de femmes

    Sylvie Fabre G. | Une terre commune, deux voyages [chronique de Sylvie Fabre G. sur La Pierre à 3 visages (d’Irlande)]



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions LansKine)
    la fiche de l’éditeur sur La Pierre à 3 visages (d’Irlande)





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