Étiquette : 31


  • Mikaël Hautchamp | [Étreinte par un signe]


    [ÉTREINTE PAR UN SIGNE]

    Étreinte par un signe,

    avec la tour devenue livre, et la vallée devenue liane, avec la rumeur des tourments, le signe du secret gravé en pointillé dans le sable d’attente, elle passait par le rêve, le jeu de leur évolution, avec le sang des cathédrales, avec la plaine en colline, et le moteur devenu fronde, fougère du sérail, cahotant de reprise, avec un ciel de migraine, et ce recul des attentes, elle dansait le possible, la mue fréquente de leur monde, elle rêvait par sa danse le timbre du moment,

    avec le lieu devenu vide, et la vallée encore vallée, elle dansait les orbites, la crèche sans retour d’un rythme de spirale,

    elle était lionne, moteur à vif, prière de rails, voile d’un tissu décomposé, elle était bond, saut de la ligne, cheval d’attribut affublé de valises, quai d’ombre, poutre de seuil devenue rat, sirène d’avenir, regard baissé par la peur de déplaire, désir passé au crible des banquettes, des rebonds de combat, elle voyait par sa danse le jeu d’évolution que les rêves des autres portaient comme une offrande.



    Mikaël Hautchamp, Le Vol des oiseaux filles, 31, Cheyne éditeur, Collection Verte, 2019, pp. 48-49. Prix Max Jacob 2020.





    Mikaël Hautchamp  Le Vol des oiseaux filles 3



    MIKAEL HAUTCHAMP


    Mikaël Hautchamp portrait 2





    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de Cheyne éditeur)
    la page de l’éditeur sur Mikaël Hautchamp





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  • Mira Wladir | [mon corps est une femme]




    [MON CORPS EST UNE FEMME]




    mon corps est une femme
    couchée dans l’herbe immense

    ou ce monde
    échoué à la courbe d’une tige

    ou cette cosse chargée sur le dos minuscule
    des bêtes du fourré

    je bruis dans l’interstice

    de l’orge décimé
    sur le flanc d’une berge
    et l’éclat de la faux

    et l’éclat de l’eau claire
    dans l’ombre du fossé

    et la faux
    couchée là

    un grand corps
    dort
    dans la gravière

    nulle autre étreinte
    que l’haleine nocturne
    d’une bête endormie

    une lune très basse
    le couvre de blancheur
    on dirait qu’il voyage

    on se penche
    on voudrait le rejoindre et
    l’aimer

    […]



    Mira Wladir in revue de poésie contemporaine Contre-Allées, 31|32, automne-hiver 2012, pp. 50-52.




    MIRA WLADIR


    Mira Wladir 2
    D’après une photo de Claude Labarre
    (Bazoches, 8 juillet 2012)
    Source




    ■ Mira Wladir
    sur Terres de femmes

    [aux abords des bois](poème extrait de L’Exil des renards)
    [ce qui fut dérobé](poème extrait d’Équilibres équestres)
    [corps éparpillé](poème extrait de L’Invention de la légèreté)
    [peut-être] (poème extrait de Luisance) [+ notice bio-bibliographique]






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