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  • Alessandro Ceni | Mattoni per l’altare del fuoco

    «  Poésie d’un jour  »


    Semplicemente, in una radura nel bosco
    Ph., G.AdC





    MATTONI PER L’ALTARE DEL FUOCO



    XI


    Tu che non sei di questo mondo e sei nella polvere
    e siedi alla parte breve del tavolo
    estrai dalla tasca il bosco e dal bosco te stesso,
    coi tuoi pensieri stesi ad asciugare sul greto
    del fiume essiccato come cordicelle annodate
    da un bambino estivo, che raso sull’erba
    scocchi festuche marine alla terra e
    al passo dei tordi proietti la prua di pigne
    del promontorio nel ceduo del mare aperto,
    dove al medesimo intento le cieche aringhe
    migrano e sprofondano.
    Semplicemente, in una radura nel bosco,
    cucita alla fronda più alta la civetta inchioda
    alle loro piume come a peccati falangi d’uccelli,
    schiere di alati perduti, cori di rimprovero e di pianto
    mentre tu avvicinandoti alla nave spaziale
    giunta infine a riprenderti fai il gesto
    di estrarre anche questa cosa dalla tasca.



    XVII


    Io guardo questi alberi un’ultima volta,
    come sempre si guardano le cose, per ultime volte,
    al di fuori dei campi coltivati e
    su un suolo che per tutti era santo:
    dove le bestie tenevano assemblee di fidanzamenti
    all’apparire e al ritrarsi degli animali ibernanti,
    lo sparviero mutato in colombo la volpe in donna,
    e le anime dei defunti che emergevano
    in cerca di uova sessuate sulla fragile costa di un fiume:
    le gazze, allora, i ciuffi di piantaggine, le
    cavallette tra le erbe, d’ogni regione astronomica
    i voli interrotti degli uccelli di passo e le meteore
    nel mucchio di sementi del letto domestico e
    accanto agli altari del suolo e delle messi,
    dove sempre ti sei rivolto ad antenati indistinti
    e hai creduto di sentire le anime dei morti
    fluttuare confusamente nell’angolo oscuro della casa.






    XXVI depuis la cime d'un cyprès mystique
    Ph., G.AdC





    XXVI


    “Presto sarà l’inverno
    e il male che ci donammo
    da lungo tempo non colto
    maturerà appieno nell’ospizio del gelo.
    Forse la funebre uccella siberiana,
    colei nel cui utero già si dibatte e ride
    l’orrendo e sacro implume,
    dalla vetta di una mistica cipressa
    chiamando a raccolta i suoi
    contro il marmo del cielo
    lascerà cadere dal becco anche te
    e in questa mezza luce,
    in questa sospensione o suono
    come di revocata incursione aerea
    darà inizio alla neve”.
    Quando così ti parlo e gli altri
    in un denso fumo si rialzano
    si guardano attorno e lasciano la sala,
    sull’orlo dei tuoi occhi compare
    un glutine di torpida inconsistenza spirituale;
    perdi conoscenza.
    Presto sarà l’inverno e
    tu ancora non capisci che la caduta è eterna.


    Alessandro Ceni, Tre “Passaggi” da Mattoni per l’altare del fuoco, Jaca Book, Milano, 2002, p. 24 (XI), p. 35 (XVII), p. 53 (XXVI).





    BRIQUES POUR L’AUTEL DU FEU


    XI


    Toi qui n’es plus de ce monde
    toi qui es dans la poussière
    toi qui sièges à l’étroit de la table
    tu tires de ta poche le bois et du bois c’est toi que tu extrais
    avec tes pensées étendues à sécher sur la rive
    du fleuve asséché comme cordelettes nouées
    par un gamin l’été, au ras de l’herbe
    tu décoches des fétus de mer à la terre et
    au passage des grives tu projettes la proue des pignes
    du promontoire jusque dans le taillis de la mer ouverte,
    où, dans le même mouvement, migrent et plongent
    les harengs aveugles.
    Simplement, dans une clairière du bois,
    cousue au plus haut du feuillage la chouette cloue
    à leurs plumes comme aux péchés une foule d’oiseaux,
    cohortes de volatiles perdus, chœurs de reproches et de pleurs
    tandis que toi qui te rapproches du vaisseau spatial
    enfin rejoint pour te reprendre tu fais le geste
    d’extraire aussi cette chose de ta poche.






    Je regarde ces arbres une dernière fois
    Ph., G.AdC





    XVII


    Je regarde ces arbres une dernière fois,
    comme l’on regarde toujours les choses pour la dernière fois,
    par-delà les champs cultivés et
    sur un sol qui pour tous était sacré :
    où les bêtes tenaient leurs assemblées de fiançailles
    dans la venue et le repli des animaux hibernants,
    l’épervier changé en pigeon le renard en femme,
    où les âmes des défunts affleuraient
    à la recherche d’œufs sexués sur la fragile rive d’un fleuve :
    les pies alors, les touffes de plantain,
    les sauterelles dans l’herbe, de chaque région astronomique
    les vols interrompus des oiseaux de passage et les météores
    dans l’amas de semences du lit de la maison et
    à côté des autels du sol et des moissons,
    où tu t’es toujours tourné vers de vagues ancêtres
    et tu as cru sentir les âmes des morts
    flottant confusément dans l’angle sombre de la demeure.



    XXVI


    « Bientôt ce sera l’hiver
    et le mal que nous nous sommes faits
    de longue date laissé en friche
    mûrira pleinement dans l’asile du gel.
    Peut-être la funèbre oiselle sibérienne,
    ― dans son utérus déjà se débat et rit
    horrible et sacré l’oison déplumé ―
    depuis la cime d’un cyprès mystique
    battant le rappel des siens
    contre le marbre du ciel
    te laissera-t-elle tomber toi aussi de son bec
    et dans cette semi-lumière,
    dans ce suspens ou dans ce son
    semblable à un raid aérien annulé
    annoncera-t-elle le commencement de la neige. »
    Quand je te parle ainsi et que les autres
    dans un brouillard de fumée se lèvent
    regardent autour d’eux et quittent la salle,
    au bord de tes yeux apparaît
    un gluten de torpide inconsistance spirituelle ;
    tu perds connaissance.
    Bientôt ce sera l’hiver
    et toi tu ne comprends toujours pas que la chute est éternelle.


    Traduction inédite d’Angèle Paoli
    (gemellaggio poetico con l’Associazione Scriptorium di Marsiglia,
    Pistoia [Toscana], 24 aprile 2009)




    Note d’AP : la traduction que j’ai mise ci-dessus en ligne est celle que j’ai effectuée le vendredi 24 avril 2009 au cours d’un atelier interactif de traduction, dans la Salle Bigongiari de la Bibliothèque San Giorgio de Pistoia, à l’occasion d’un jumelage poétique entre la commune de Pistoia et le Scriptorium de Marseille. La traduction du premier fragment (XI) a été publiée dans Semicerchio, rivista di poesia comparata, XL, Casa editrice Le Lettere, Firenze, dicembre 2009, p. 32. D’autres extraits de Mattoni per l’altare del fuoco, traduits par Valérie Brantôme, ont été publiés dans la revue L’Arsenal, n° 5, mars 2011.






    ALESSANDRO CENI

    ALESSANDRO CENI


    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Toscana oggi)
    une notice bio-bibliographique sur Alessandro Ceni
    → (sur Terres de femmes)
    Limon de haut vertige | Limo d’alta vertigine (un de mes poèmes traduit par Alessandro Ceni)


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