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  • Chiara De Luca | [L’avresti detto laggiù]

    « Poésie d’un jour

    choisie par Silvia Guzzi




    Avresti detto laggiù
    Ph., G.AdC







    [L’AVRESTI DETTO LAGGIÙ]



    L’avresti detto laggiù
    dov’erano scheletri le ombre
    il battito nelle orecchie tamburi
    il fiato grevi respiri stranieri
    al passo inconsueto del buio
    che più non sapevi capire

    l’avresti detto nella rossa prigione
    che un giorno di nuovo avresti varcato
    il confine proibito del tuo quartiere
    e i palazzi avrebbero infine cessato
    di vacillare l’asfalto di sprofondare;

    l’avresti detto laggiù
    che il mondo sarebbe riemerso
    dal principio avresti imparato
    il rapido braille della luce
    sul foglio spianato del giorno,

    la fitta grafia degli steli scarniti
    sotto la pelle fredda del palmo
    le aste e i cerchi della corteccia
    muti e antichi lungo la schiena

    — mentre l’erba s’inchina
    al vento in reverenza
    il riflesso del ponte s’inarca
    nel lago sconfitto dal sole —

    l’avresti mai detto sott’acqua
    che l’acqua ti avrebbe restituita
    e nell’inverno ti saresti trovata
    sulla riva in piedi a guardarla…



    Chiara De Luca, “Elegia per Simone Cattaneo” in Alfabeto dell’invisibile, Samuele Editore, collana Scilla, 2015, pp. 116-117. Prefazione di Claudio Damiani.







    Chiara De Luca, Alfaabeto dell'invisible







    [L’AURAIS-TU DIT LÀ-BAS]



    L’aurais-tu dit là-bas
    où les ombres étaient squelettes
    le battement dans les oreilles tambours
    le souffle lourdes respirations étrangères
    au pas inaccoutumé des ténèbres
    que plus tu ne savais comprendre

    l’aurais-tu dit dans la rouge prison
    qu’un jour tu aurais à nouveau traversé
    la frontière interdite de ton quartier
    que les maisons auraient enfin cessé
    de vaciller l’asphalte de se noyer ;

    l’aurais-tu dit là-bas
    que le monde aurait surgi encore
    du plus profond que tu aurais appris
    le braille rapide de la lumière
    sur la feuille aplanie du jour,

    la graphie serrée des hampes incarnées
    sous la peau froide de la paume
    les verges et les cercles de l’écorce
    muets et antiques le long du dos

    — tandis que l’herbe s’incline
    au vent en révérence
    le reflet du pont se cambre
    dans le lac défait par le soleil —

    l’aurais-tu jamais dit sous l’eau
    que l’eau t’aurait rendue
    et dans l’hiver tu te serais trouvée
    sur la rive debout à la regarder…



    Traduit de l’italien par Silvia Guzzi.





    _____________________________________

    Silvia Guzzi est traductrice de l’italien, de l’espagnol et de l’anglais. Après avoir obtenu sa licence en traduction avec distinction, à l’Institut Libre Marie-Haps de Bruxelles, avec un mémoire de traduction commentée du roman Temblor de Rosa Montero, elle a suivi une formation au Centre européen de traduction littéraire dirigé par Françoise Wuilmart.

    Elle traduit des poètes italiens, ainsi qu’une poète argentine, et ses traductions ont été accueillies sur les revues numériques Terre à ciel et Terres de femmes, et sur le site de poésie internationale de Chiara De Luca. Elle a traduit avec Lorena Cosimi le surtitrage de la pièce de théâtre La Boucherie de Job du dramaturge italien Fausto Paravidino. Elle a également traduit un roman, de nombreux ouvrages en sciences humaines et catalogues d’art. Son site internet : www.traductions.it







    CHIARA DE LUCA


    Chiara De Luca 3





    Née à Ferrare le 1er mars 1975, Chiara De Luca est licenciée es-lettres modernes et littérature étrangère de l’Université de Pise. Elle a aussi fréquenté l’École européenne de traduction littéraire de Magda Olivetti à Florence, et le master en traduction littéraire pour l’édition à l’Université de Bologne, où elle a obtenu un doctorat en littératures européennes avec une thèse sur l’œuvre de jeunesse de R.M. Rilke. Elle écrit des poèmes, des romans et des critiques littéraires, et traduit de l’anglais, du français, de l’allemand, de l’espagnol et du portugais.

    En 2008, elle a fondé les Edizioni Kolibris, une maison d’édition indépendante qui se consacre à la traduction et à la diffusion de la poésie étrangère contemporaine. Elle dirige le blog A margine dei versi de critique de textes poétiques et le site international Iris di Kolibris, consacré à la traduction de poèmes, au bilinguisme et à la littérature de la migration, et qui accueille les contributions de nombreux poètes, traducteurs et éditeurs de différentes nationalités. Elle collabore également à la rubrique « Officina Poesia » de Nuovi Argomenti et au mensuel Poesia. Pour le site du festival Parco Poesia, que dirige Isabella Leardini, elle est responsable d’une rubrique entièrement consacrée à la jeune poésie internationale et, pour la revue péruvienne Vallejo & Co., d’une rubrique sur la poésie italienne contemporaine. En collaboration avec le poète canadien Gray Sutherland, elle dirige la rubrique « Gray Ink » d’Iris di Kolibris, consacrée à la traduction en anglais de poètes italiens contemporains.



    ■ Voir aussi ▼

    le site de Chiara De Luca
    → (sur le site de Chiara De Luca) un autre poème extrait d’Alfabeto dell’invisibile, traduit en français par Silvia Guzzi
    → (sur traductions.it) un autre poème extrait d’Alfabeto dell’invisibile, traduit en français par Silvia Guzzi
    → (sur Poesia, le blog de Luigia Sorrentino)
    Chiara De Luca, “Alfabeto dell’invisibile” : “Ferrara, la voce silenziosa delle pietre”, di Matteo Veronesi
    → (sur Nuova Provincia)
    Chiara De Luca, Poesie per Ferrara





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