Étiquette : Alfred A. Knopf


  • Galway Kinnell | Vente aux enchères


    THE AUCTION



    My wife lies in another dream.
    The quilt covers her like a hill
    of neat farms, or map of the township
    that is in heaven, each field and pasture
    its own color and sufficiency,
    every farm signed in thread
    by a bee-angel of those afternoons,
    the tracks of her inner wandering.
    In this bed spooled out of rock maple plucked
    from the slopes above the farm, saints
    have lain side by side, grinding their
    teeth square through the winter nights,
    or tangled together, the swollen
    flesh finding among the gigantic
    sleep-rags the wet vestibule, jetting
    milky spurts into the vessel
    as secret as that amethyst glass
    glimpsed once overlaid with dust
    in the corner of an attic.



    Galway Kinnell, “The Auction”, I, When One Has Lived a Long Time Alone, Alfred A. Knopf Inc., New York, NY 10019, 1990, p. 12.






    Galway Kinnell  When One Has Lived a Long Time Alone







    VENTE AUX ENCHÈRES



    Ma femme se repose dans un autre rêve.
    L’édredon la recouvre, forme une colline
    aux fermes proprettes, évoque la carte d’un village
    au paradis : chaque champ, chaque pâturage,
    est doté de couleurs et de ressources siennes,
    chaque ferme signée du fil d’une tisseuse —
    ange-abeille de ces après-midi-là —
    suit le tracé de ses déambulations intérieures.
    Sur ce lit, fruit d’un érable à sucre abattu
    sur les pentes en amont de la ferme, des saints
    se sont allongés côte à côte, serrant très fort
    les dents pendant les nuits d’hiver,
    ou enchevêtrés l’un dans l’autre, la chair
    tumescente se frayant un chemin parmi d’infinis
    lambeaux de sommeil jusqu’au vestibule humide,
    faisant jaillir sa giclée lactée dans un vaisseau
    aussi mystérieux que ce verre améthyste
    aperçu un jour, tout recouvert de poussière,
    dans le coin d’un grenier.



    Galway Kinnell, Quand on a longtemps vécu seul, La Nouvelle Escampette éditions, Collection Poésie, 2017, page 27. Traduit de l’américain par Pascale Drouet.






    Galway Kinnel  Quand on a longtemps vécu seul






    GALWAY KINNELL


    Galway kinnell 2
    Source




    ■ Voir aussi ▼

    le site Galway Kinnell
    → (sur le site Poetry Foundation)
    une notice bio-bibliographique (en anglais) sur Galway Kinnell
    → (sur poets.org)
    une notice bio-bibliographique (en anglais) sur Galway Kinnell





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  • Mark Strand | 2002



    2002



    I am not thinking of Death, but Death is thinking of me.
    He leans back in his chair, rubs his hands, strokes
    His beard and says, “I’m thinking of Strand, I’m thinking
    That one of these days I’ll be out back, swinging my scythe
    Or holding my hourglass up to the moon, and Strand will appear
    In a jacket and tie, and together under the boulevards’
    Leafless trees we’ll stroll into the city of souls. And when
    We get to the Great Piazza with its marble mansions, the crowd
    That had been waiting there will welcome us with delirious cries,
    And their tears, turned hard and cold as glass from having been
    Held back so long, will fall, and clatter on the stones below.
    O let it be soon. Let it be soon.”



    Mark Strand, Man and Camel, Alfred A. Knopf, New York, 2007, p. 7.







    2002



    Je ne pense pas à la Mort, mais la Mort pense à moi.
    Elle se penche en arrière dans son fauteuil, se frotte les mains, caresse
    Sa barbe et dit : « Je pense à Strand, je pense
    Qu’un de ces jours, je sortirai, en agitant ma faux
    Ou bien en brandissant mon sablier vers la lune, et Strand apparaîtra
    En veste et cravate, et nous déambulerons ensemble
    Sous les arbres défeuillés dans la cité des âmes. Et quand
    Nous arriverons à la Grand-Place avec ses manoirs de marbre, la foule
    Qui nous y attendait nous accueillera avec des cris de liesse,
    Et leurs larmes, devenues aussi dures et froides que du verre pour avoir été
    Retenues si longtemps, tomberont et résonneront sur les pierres.
    Ô que cela vienne vite. Que cela vienne vite. »



    Traduction inédite de Thierry Gillybœuf.







    MARK  STRAND


    Mark Strand 2
    Photo credit: Timothy Greenfield
    Source




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Terre à ciel)
    Mark Strand, traduit par Cécile A. Holdban et Thierry Gillybœuf
    → (sur Ce Qui Reste)
    plusieurs poèmes de Mark Strand, traduits par Cécile A. Holdban
    → (sur le site de l’Academy of American Poets)
    Mark Strand, 1934-2014
    → (sur le site de Libération)
    « Mark Strand, un poète vers l’au-delà », par Philippe Lançon






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