Étiquette : allemand


  • Helga M. Novak | en automne



    Chevaux de przewalski
    Source






    IM HERBST



    Wehmut treibt mich
    den verlausten Mähnen
    der Pferde zu folgen
    über gemähtes Tun
    über versengte Heide
    über mooskahlen Stein
    die Fohlensprünge
    das tolle Scharren
    der Hufe verklungen
    in Geisternebeln
    harren sie stumm
    lauschend dem Wind
    die Köpfe gesenkt
    die kurze Brücke
    der Sonnenkugel
    verlockt sie nicht
    zu wilden Spielen
    Wehmut treibt mich
    den verlausten Mähnen
    der Pferde zu folgen
    im Herbst







    EN AUTOMNE



    une langueur me pousse
    à suivre les pouilleuses crinières
    des chevaux
    dans l’œuvre des faux
    dans les landes calcinées
    dans la roche chauve de mousse
    les cabrioles des poulains
    le piétinement fougueux
    des sabots évanoui
    dans les brumes spectrales
    ils attendent muets
    à l’affût du vent
    têtes baissées
    la courte passerelle
    de la balle solaire
    ne les incite pas
    aux jeux sauvages
    une langueur me pousse
    à suivre les pouilleuses crinières
    des chevaux
    en automne




    Helga M. Novak, Chaque pierre orpheline, Éditions Hochroth, Paris, 2013, pp. 22-23. Anthologie bilingue conçue par Dagmara Kraus. Traduction de l’allemand par Élisabeth Willenz avec une illustration de Ladislaja de Layre. Ouvrage publié avec le concours du Goethe-Institut Paris.






    Chaque pierre orpheline





    ___________________________
    NOTE d’AP : à la fin de sa vie, Helga M. Novak a résidé alternativement entre Legbąd (Pologne), Francfort-sur-le-Main et Berlin (Rüdersdorf) où elle est décédée le 24 décembre 2013 (elle est donc décédée dans le pays brandebourgeois de son enfance). Le fonds d’archives de Helga M. Novak a été légué en mars 2013 aux Archives littéraires allemandes (Deutschen Literaturarchiv) de Marbach am Neckar (district de Ludwigsburg). Ce fonds comprend ses textes et manuscrits, mais aussi sa correspondance (notamment sa correspondance avec Günter Grass et Wolf Biermann). Le troisième volume de son autobiographie (Im Schwanenhals, « Dans le col de cygne ») a été publié chez Schöffling & Co. (Francfort-sur-le-Main) en septembre 2013.




    HELGA M. NOVAK


    Helga M. Novak en 1971
    © PICTURE-ALLIANCE / DPA
    Source




    ■ Helga M. Novak
    sur Terres de femmes

    Lettre à Médée (poème extrait du recueil C’est là que je suis)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    un autre poème extrait du recueil Chaque pierre orpheline



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Les Carnets d’Eucharis)
    une autre poème extrait du même recueil (+ une notice biographique)
    → (sur le site des éditions Hochroth)
    la page de l’éditeur sur Chaque pierre orpheline
    → (sur Recours au poème)
    Helga M. Novak par Pascale Trück
    → (sur Terre à ciel)
    Helga M. Novak : c’est là qu’elle est, par Sophie g. Lucas
    → (sur le site de Blandine Longre)
    un autre poème extrait de Chaque pierre orpheline






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  • Sarah Kirsch | Grünes Land



    Le kaki sera la seule couleur qui reste
    Ph., G.AdC






    GRÜNES LAND



    Die Koppeln die verstreuten zusammen-
    Gewürfelten Höfe zusammengezimmerten
    Schuppen kunstlos schmucklos nach Jahren
    Erkennt man den Stil Anbauten an
    Anbauten herzloses nützliches Blech
    Vollgestopft derzeit mit mannshohen Rollen
    Blendenden Strohs allenthalben geschleppt
    Aus der fruchtbaren Marsch noch sind die
    Tore geöffnet durchsichtig liegt alles
    Vor mir ich werde winterlang wissen
    Was die grüngestrichenen Kästen verbergen
    Wenn mein Kirchspiel in Regen und Sclamm fällt
    Feldgrau die einzige Farbe noch ist.







    VERT PAYS



    Les enclos et dispersées jetées
    De bric et de broc les fermes et construites à la diable
    Les hangars sans art et sans luxe des années après
    On découvre le style appentis ajoutés
    Aux appentis utile tôle sans cœur
    Bourrée par ces temps jusqu’à la gueule de balles de paille aveuglante
    Et de la taille d’un homme remorquées partout
    Dans les polders fertiles pour l’instant encore les
    Portes sont ouvertes tout est transparent
    Devant moi je saurai la longueur d’hiver
    Ce que cachent les grands caissons peints en vert
    Quand ma paroisse succombera à pluie et gadoue
    Et que le kaki sera la seule couleur qui reste.




    Sarah Kirsch, Chaleur de la neige | Schneewärme [Schneewärme, Deutsche Verlags-Anstalt GmbH, Stuttgart, 1989], édition bilingue allemand/français, Le dé bleu, Collection planète bleue, 1993, pp. 18-19. Poèmes traduits par Jean-Paul Barbe.




    ______________________
    NOTE d’AP : Jean-Paul Barbe a reçu le Prix Gérard de Nerval 1993 (Prix de traduction littéraire de la Société des gens de lettres de France) pour sa traduction du recueil Schneewärme.





    SARAH  KIRSCH (1935-2013)


    KIRSCH (1)
    Source




    Sarah Kirsch est née en 1935 à Limlingerode dans le Harz. Après des études de biologie à Halle, elle entre au Literatur-Institut de Leipzig où, de 1963 à 1965, elle est l’élève du grand poète de l’ex-RDA Georg Maurer. Elle publie dans les années soixante — souvent en collaboration avec son mari le poète Rainer Kirsch — reportages, livres pour enfants et poèmes. Son œuvre poétique manifeste, dès cette époque, un style très particulier et une prédilection pour certains thèmes tels que l’amour et la nature. Au cours des années soixante-dix, sa vision du monde se problématise et son originalité se renforce, en particulier — mais pas seulement — à cause de la conjoncture politique : en novembre 1976, elle co-signe la lettre de protestation rédigée par les intellectuels connus de l’ex-RDA à la suite de la mesure de déchéance de sa citoyenneté prise à l’encontre du poète et chanteur Wolf Biermann ; en janvier 1977, elle est exclue du SED (Parti Communiste de l’ex-RDA) ; en août, elle gagne Berlin-Ouest où elle séjournera ensuite avant de se fixer à la campagne au bord de la Mer du Nord. Le recueil de 1973 Zaubersprüche (Formules magiques) révèle déjà les qualités qui s’affirmeront ensuite dans Rückenwind (Vent arrière) (1976), Drachensteigen (Cerf-volant) (1979), La Pagerie (1980), Erdreich (Terre) (1982), […] Schneewärme paru en 1989, […] Erlkönigs Tochter (Fille du Roi des Aulnes), paru en 1992. Dans ces poèmes, comme dans les recueils de prose impressionniste, cynique et tendre à la fois, que Sarah Kirsch publie par ailleurs, on trouvera une attention au monde faite de retenue et de ferveur, de fusion et de déréliction, d’assomption et de rébellion face aux grandes inquiétudes du siècle, telles la nature qui bascule, la paix qui chancelle, l’amour qui pâlit. […]

    Jean-Paul Barbe, Chaleur de la neige | Schneewärme, Préface (extrait), Le dé bleu, Collection planète bleue, 1993, pp. 7-8.



    ■ Sarah Kirsch
    sur Terres de femmes

    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Sarah Kirsch (+ deux autres poèmes : un poème extrait de Terre | Erdreich et un autre de Chaleur de la neige | Schneewärme)



    ■ Voir aussi ▼

    Sarah Kirsch, une grande voix poétique s’éteint
    la fiche de l’éditeur sur Chaleur de la neige
    → (sur pip [project for innovative poetry] blog)
    une notice bio-bibliographique (en anglais) sur Sarah Kirsch
    → (sur fr.wikipedia)
    une notice bio-bibliographique sur Sarah Kirsch





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